Texte intégral
Travailleuses, travailleurs, camarades et amis
Un million d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté ! Voilà le chiffre rapporté par toute la presse depuis deux jours. Un enfant sur dix vit dans un logement dégradé, est exclu de toute forme de loisirs qui demande une dépense d'argent et est condamné dès son jeune âge à prendre un retard scolaire qui va croissant. Un enfant sur dix n'a pratiquement pas accès aux soins les plus élémentaires et n'est pas assuré de manger chaque jour à sa faim. Et ceci, dans ce pays, un des pays les plus riches du monde !
Au-delà des drames individuels qui conduisent une famille ou une mère seule dans une situation qui ne leur permet pas d'assurer un minimum convenable à leurs enfants, il y a une raison bien plus générale pour toutes et tous : la pauvreté qui résulte du chômage. Un licenciement souvent au départ, puis l'effort désespéré pour trouver du travail et ne retrouver qu'une activité précaire ou rien du tout. Puis la plongée dans la pauvreté dont on n'arrive pas à sortir car les minima sociaux ne permettent que de survivre.
Et, pendant que s'accroît dans le pays, le nombre de pauvres, la machine à fabriquer des chômeurs continue à tourner à plein régime.
Depuis le début de la semaine, on a beaucoup parlé d'Air Littoral dont on a fait lanterner les travailleurs jusqu'au dernier moment, de promesses mensongères en faux espoirs, pour leur annoncer brutalement qu'ils vont tous être licenciés, des manoeuvres jusqu'aux pilotes, en passant par les hôtesses de l'air.
Et en parlant de licenciement dans le transport aérien, comment ne pas être révolté par le cynisme de Seillière ? Le groupe financier de cet homme était l'actionnaire majoritaire de la compagnie Air Liberté. Il s'est débarrassé de sa part lorsqu'il a estimé qu'elle n'était plus assez profitable. De repreneur en repreneur, cela a abouti à la fermeture de cette entreprise et au licenciement de 4.200 travailleurs, sans parler des filiales. C'est cet homme qui a osé déclarer, hier, qu'il est "scandalisé" par la grève des aiguilleurs du ciel. Pour ce baron bourgeois, ruiner la vie de milliers de personnes c'est normal, c'est dans l'ordre des choses. Mais qu'une catégorie de travailleurs ose se servir de la grève, la seule arme dont ils disposent, pour se défendre, c'est scandaleux pour lui. Eh bien, j'espère, je souhaite que Seillière ait bien d'autres raisons d'être scandalisé et par des grèves bien plus amples, et sur des objectifs qui fassent vraiment mal au grand patronat qu'il représente !
Et en même temps qu'Air Littoral, combien d'autres grandes entreprises réduisent leurs effectifs, procèdent à des licenciements collectifs, quant elles ne ferment pas complètement une usine ? Votre région est marquée par les licenciements à Alstom, mais Peugeot diminue aussi les effectifs et renvoie les intérimaires. Dans combien d'entreprises les travailleurs attendent, la peur au ventre, l'annonce d'un plan de licenciement qui les transformera en chômeurs et fera basculer toute leur vie et celle de leur famille ?
Et les commentateurs économiques et les hommes politiques de répéter que, si les patrons licencient, c'est qu'ils n'ont pas le choix et que la compétition internationale leur impose des économies sur les salaires. Les fieffés menteurs !
Regardez donc la bataille boursière qui oppose les deux trusts pharmaceutiques, Sanofi et Aventis, le premier voulant acheter le second. Comme tous les patrons, ils expliquent d'habitude à leurs travailleurs qu'il n'y a pas assez d'argent pour maintenir les effectifs ou pour augmenter les salaires. Mais leur guerre de communiqués actuelle s'adresse aux actionnaires. Et pour les convaincre, chacun annonce le pourcentage à deux chiffres de la progression de ses profits !
Pour tenter de séduire les actionnaires d'Aventis, Sanofi publie des pages dans les quotidiens pour se vanter d'une progression de 18 % de ses profits l'an dernier et d'une augmentation de 21 % des dividendes distribués à ses heureux actionnaires. Oh, ce ne sont pas de petits actionnaires ! Les deux principaux sont le pétrolier Total et le groupe L'Oréal. Et L'Oréal est la copropriété du trust Nestlé et de Madame Bettencourt, la plus grande fortune du pays !
Oui, de l'argent, ces trusts en ont. Pour acheter Aventis, Sanofi est prête à mettre sur la table plus de 50 milliards d'euros en action ou en cash. Une telle somme permettrait à boucher le trou officiel de la Sécurité sociale pour les quatre ans à venir ! Mais au lieu de puiser dans les profits du trust pharmaceutique pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, on fait l'inverse : on vide les caisses de la Sécurité sociale en payant cher les médicaments vendus par Sanofi et ses semblables.
Mais cinquante milliard, cela représente, aussi, le salaire annuel, charges comprises, de près de 3 millions de salariés payés 1200 euros par mois. !
Rien que cette somme, dépensée par un seul grand trusts simplement pour en acheter un autre, ce qui n'a aucune utilité pour la société, permettrait d'assurer pendant un an le salaire de tous les chômeurs officiellement recensés ! Et on ose nous dire qu'il n'y a pas d'autre moyen de combattre le chômage que de distribuer encore plus d'argent à ces groupes industriels "pour les inciter à créer des emplois". On se moque de nous !
Eh bien, oui, il est révoltant qu'un conseil d'administration puisse user et abuser comme il veut de la richesse sociale créée par l'activité de dizaine de milliers de travailleurs ! Mais qu'est-ce donc, ce droit exorbitant des conseils d'administration des grands groupes industriels et financiers sur l'économie, si ce n'est pas la dictature ? Et une dictature de la pire espèce car elle permet à la poignée d'individus qui l'exercent, de pousser au chômage des milliers de travailleurs, de transformer une ville en désert industriel, simplement pour faire grimper de quelques points le prix d'une action et la fortune de ceux qui en possèdent.
La principale raison de la présence des listes LO-LCR dans ces élections est de dénoncer cette dictature économique ! Elle est de dire qu'il est vital que les travailleurs, que la population, puissent contrôler ces entreprises, vérifier d'où vient leur profit et à quoi il est utilisé, afin de pouvoir s'opposer à tous les choix nuisibles pour la société !
Il faut aussi que s'exprime dans ces élections une condamnation claire de la politique du gouvernement et des mesures anti-ouvrières qui se succèdent sans interruption. Les unes suppriment ou dénaturent les quelques lois qui protègent les travailleurs. Les autres aggravent les conditions des chômeurs. L'allocation chômage a été supprimée pour 180.000 chômeurs. La durée d'attribution de l'allocation spécifique de solidarité a été réduite. L'accès des intermittents du spectacle aux indemnités chômage a été limité. Chacune de ces décisions pousse de dizaines de milliers de femmes et d'hommes vers la pauvreté ou l'incertitude de l'avenir.
Sous le vocable de "réforme de la retraite", le gouvernement a allongé la durée de cotisation nécessaire pour percevoir une retraite plus faible. La prétendu "réforme de la sécurité sociale" en préparation se traduira par des réductions supplémentaires des prestations versées aux assurés et probablement par une augmentation de la CSG. Et tant pis pour la fraction la plus pauvre de la population, celle qui, aujourd'hui, bien souvent n'a même pas de quoi cotiser à une mutuelle et qui verra demain ses possibilités d'accès aux soins encore plus diminuées !
Et tout cela, pourquoi ? Pour que le gouvernement puisse se servir des caisses de la Sécurité sociale et accorder en permanence des exonérations de charges sociales au patronat et pour qu'il ait de quoi distribuer, à l'occasion, des cadeaux électoraux, du genre du milliard et demi d'exonérations de cotisations sociales qu'il vient de donner aux restaurateurs.
La Sécurité sociale serait largement équilibrée si elle ne payait pas une partie des dépenses que l'Etat devrait prendre en charge, comme les infrastructures hospitalières. Si on supprimait toutes les exonérations sur les charges patronales et s'il y avait moins de chômage, il n'y aurait pas de trou de la Sécurité sociale !
Même l'approche des élections ne freine pas le rythme des mesures et n'atténue pas le langage provocateur, cynique à l'égard des classes populaires
La droite au gouvernement vise l'électorat le plus anti-ouvrier, le plus stupide, à qui ça plaît qu'on traite les chômeurs de fainéants et les ouvriers de gens trop bien payés pour ce qu'ils font.
Oui, le chômage est une catastrophe sociale majeure !
Pas un travailleur qui ne sache, qui ne ressente ce que la menace du chômage représente. Quel travailleur ne se souvient pas de la fermeture de l'usine Moulinex et des 2900 ouvrières et ouvriers jetés à la rue après plus de trente ans de travail pour la plupart d'entre eux. Les autorités avaient alors promis la reconversion. Plus de deux ans après, 300 seulement des licenciés ont trouvé un emploi stable. Et ceux qui n'ont même pas trouvé un emploi précaire, arrivent ces jours-ci en fin de droits et seront réduits au RMI.
Tous les travailleurs sont des chômeurs en sursis. C'est en jouant sur cette crainte que les patrons imposent la précarité, les bas salaires, la flexibilité des horaires de travail.
Et les Chirac, les Raffarin ont le culot de débuter l'année en proclamant que l'emploi est leur premier souci ! Et le Parti socialiste dit qu'il veut faire de l'emploi un des axes de sa campagne électorale ! Mais ces grands partis se relaient au pouvoir depuis 25 ans ! Quand ce n'est pas l'un qui gouverne, c'est l'autre. Qu'ont-ils donc fait pour vaincre le chômage ? Rien. Absolument rien. Ils se sont contentés de justifier et d'encourager les agissements du grand patronat et de justifier leur propre politique.
De tous ces gouvernements, celui de Chirac-Raffarin est certainement le gouvernement le plus anti-ouvrier, le plus réactionnaire que le pays ait connu depuis longtemps. Mais c'est le gouvernement de la gauche plurielle qui lui a servi de tremplin pour revenir au pouvoir et partir de plus haut à l'attaque des classes populaires. Bien des mesures anti-ouvrières décidées par le gouvernement de droite ont été préparées dans les ministères de la gauche. La liste des médicaments à dérembourser présentée par Mattéi, a été élaborée par les services de Martine Aubry.
Et chaque travailleur peut faire le constat à partir de sa propre vie, celle de sa famille, de son entourage, de son atelier ou de son bureau, que la situation des travailleurs se dégrade sans discontinuité depuis 25 ans, quel que soit le gouvernement.
La gauche peut relayer la droite, puis la droite relayer la gauche, l'évolution générale va toujours dans le même sens. La vie devient sans cesse plus difficile, la menace du chômage permanente, le pouvoir d'achat stagnant ou en diminution, même pour ceux qui ont du travail. L'avenir est de plus en plus bouché pour les jeunes.
Les élections régionales constitueront une occasion de condamner cette politique. Il ne faut pas la laisser passer.
Le Parti socialiste voudrait que l'écoeurement devant la politique de la droite s'exprime par un vote en faveur de ses listes. Mais ce serait une démarche de dupes car le Parti socialiste, lorsqu'il était au gouvernement, a mené lui aussi une politique en faveur des possédants.
La gauche et la droite n'ont pas le même langage car elles ne s'adressent pas au même électorat. Mais, une fois au gouvernement, elles gèrent les affaires du pays dans l'intérêt du grand patronat.
Les listes LCR-LO sont les seules qui permettent d'exprimer le rejet non seulement de la droite et de ses hommes, mais aussi de sa politique. Elles sont les seules à offrir aux électeurs un véritable choix social et politique. Un vote, même massif, en faveur de ces listes ne suffira pas en lui-même pour changer le rapport des forces entre les travailleurs et le patronat. Mais il permettra aux électeurs des classes populaires de se prononcer sur une politique qui soit à l'opposé de celle qui est mené depuis 25 ans.
Le fil conducteur de la politique de tous les gouvernements depuis 25 ans consiste à prendre aux travailleurs, aux classes populaires, pour redistribuer au grand patronat et à la bourgeoisie.
Il faut une politique qui, au contraire, prenne aux riches pour réduire les inégalités, mettre fin au chômage, à la précarité, pour assurer aux travailleurs et aux retraités des revenus qui permettent de vivre convenablement.
Depuis 25 ans, les gouvernements en place organisent sur le plan légal l'offensive du patronat contre la classe ouvrière.
Il faut opposer à cela une politique qui vise à unifier les travailleurs autour d'objectifs correspondant aux intérêts communs du monde du travail. Il le faut pour engager la contre-offensive de la classe ouvrière.
Il faut opposer au chômage une politique volontariste, ayant pour objectif de prélever, sur les profits patronaux et sur les richesses accumulées par la classe possédante dans l'exploitation, de quoi redonner des emplois à tous ceux qui n'en ont pas.
Il faut rendre publics, et accessibles au contrôle de toute la population, les comptabilités des grandes entreprises ainsi que les comptes en banque de leurs principaux actionnaires. Il faut supprimer le secret commercial et le secret bancaire. Il faut aussi interdire les licenciements collectifs, sous peine de réquisition des entreprises qui licencieraient quand même.
Depuis 25 ans, on freine la part du budget accordée aux hôpitaux, à la recherche, aux écoles, aux transports collectifs, aux services publics, aux budgets sociaux.
Il faut, au contraire, une politique qui supprime toute aide, toute subvention aux entreprises privées, afin qu'avec l'argent ainsi économisé, l'Etat ait les moyens financiers de faire face à ses obligations sociales. Car l'argent distribué aux patrons en subventions, en dégrèvements d'impôt, en diminutions de charges sociales, sous prétexte de les inciter à créer des emplois, ne les a jamais incités à cela. La preuve, c'est que le chômage reste à un haut niveau depuis 25 ans, malgré les sommes astronomiques empochées par les patrons.
Eh bien, c'est tout cet argent distribué en pure perte que l'Etat devrait utiliser autrement. Il faut embaucher et former du personnel hospitalier au lieu d'imposer au personnel notoirement insuffisant des horaires déments. Il faut des maisons de retraite modernes, avec du personnel qualifié, en fonction des besoins.
Il faut des crèches, des maternelles, en nombre suffisant dans les quartiers populaires. On supprime des postes d'enseignants, en particulier dans les écoles des quartiers populaires et dans les lycées techniques, alors que c'est précisément là qu'il faut ouvrir des classes supplémentaires, embaucher des enseignants et des éducateurs, afin de diminuer un peu l'immense handicap des enfants des classes laborieuses dès leur plus jeune âge. C'est dire que je suis solidaire des enseignants et des ATOS qui appellent à une grève nationale pour le 12 mars. Et je suis solidaire des étudiants en grève contre la réduction draconienne des postes aux concours nationaux. Il n'y a pas trop d'enseignants, il n'y en a pas assez
Depuis 25 ans, on fait des cadeaux fiscaux non seulement aux entreprises, en diminuant l'impôt sur les sociétés, mais même aux riches en tant qu'individus. On a diminué l'impôt sur les hauts revenus, on en a abaissé la tranche supérieure. Mais, pendant ce temps-là, on a maintenu, voire aggravé les prélèvements sur les classes populaires, la CSG, la taxe d'habitation ou les impôts indirects.
Il faut au contraire imposer lourdement le profit des industriels, le revenu du capital et les grandes fortunes, afin que l'Etat puisse, par exemple, construire des logements corrects mais à la portée de salaires ouvriers. C'est tout de même une honte que l'on revienne cinquante ans en arrière et que des centaines de milliers de familles ouvrières soient mal logées et que beaucoup ne s'en sortent que grâce aux Restos du coeur !
Depuis 25 ans, tous les gouvernements, qu'ils soient de gauche, qu'ils soient de droite, prétendent qu'on ne peut pas mener une autre politique que celle qu'ils mènent.
Eh bien, si ! Mais à condition d'opposer à une politique subordonnée aux intérêts du grand patronat, une politique donnant la priorité aux intérêts des classes populaires.
Il n'y a aucun moyen de mettre fin aux maux de la société, à commencer par ce que représente le chômage pour des millions de travailleurs, sans réduire la dictature économique des plus riches sur la société.
Si, malgré leur différence de langage avec les partis de droite, les partis de gauche mènent la même politique au gouvernement, c'est que, fondamentalement, ils pensent que l'organisation économique et sociale actuelle est la meilleure, voire la seule possible.
Eh bien, pas nous ! L'organisation économique et sociale actuelle est fondamentalement injuste, inégalitaire, irrationnelle, anachronique. En fonctionnant comme une immense pompe à profit, exploitant la majorité des hommes et la majorité de la planète au profit d'une petite minorité de riches, elle fait régresser l'humanité au lieu de la faire progresser. L'accroissement même de la production et de la productivité accroît les inégalités. Plus il y a de richesses, plus il y a de pauvres. Plus la société accroît sa capacité de produire de la nourriture, des vêtements, des médicaments, des logements, plus il y a de femmes, d'hommes et d'enfants mal nourris ou affamés, condamnés aux taudis et pas soignés, même pour des maladies qu'on sait soigner.
Oui, nous sommes communistes et nous pensons que la société capitaliste n'est pas fondamentalement améliorable dans son fonctionnement. Les tares de cette société, dénoncées par beaucoup, de l'inégalité entre pays riches et pays pauvres jusqu'aux menaces que la course au profit fait peser sur l'environnement naturel, ne découlent pas d'une déviance particulière du capitalisme, que l'on peut corriger, mais du capitalisme lui-même.
Les intérêts des patrons et des ouvriers, les intérêts des riches et des pauvres, sont irréconciliables. Personne ne peut représenter à la fois les intérêts de la grande bourgeoisie et ceux des travailleurs. Le prétendre, c'est servir les intérêts de la grande bourgeoisie.
Eh bien oui, c'est en raison de cette conviction fondamentale que les partis de droite mais aussi les grands partis dits de gauche nous haïssent. Les dirigeants du Parti socialiste, notamment les Hollande, Fabius, Strauss-Kahn, ne nous pardonnent pas d'offrir aux travailleurs une autre perspective que l'acceptation résignée des licenciements et des bas salaires.
Ils ne nous pardonnent pas de dénoncer leur complicité profonde, sociale, avec les partis de droite et leur servilité vis-à-vis du patronat, même maintenant qu'ils sont dans l'opposition.
Avez-vous entendu les dirigeants du Parti socialiste, qui prétendent s'opposer aux mesures réactionnaires du gouvernement, s'engager, dès que la gauche reviendra au pouvoir, à supprimer immédiatement toutes les mesures prises par la droite ? Les avez-vous entendu dire qu'ils annuleront les lois Raffarin et les lois Balladur sur la retraite ? Les avez-vous entendu dire qu'ils ramèneront la durée de cotisation retraite à 37 ans et demi pour tous ?
Les avez-vous entendu dire qu'ils exigeront le remboursement par le patronat de toutes les aides versées par le gouvernement de droite afin que cet argent soit consacré à créer des emplois dans les services publics ?
Non, bien sûr que non ! Car le Parti socialiste, même dans l'opposition, reste responsable à l'égard du grand patronat et de ses intérêts, et pas à l'égard de la population.
Alors, les élections régionales permettront au moins de montrer que l'électorat populaire rejette la politique anti-ouvrière qu'elle soit menée par la droite comme aujourd'hui ou par la gauche comme hier.
Et puis, ces élections permettront d'envoyer au Conseil régional des femmes et des hommes qui y représenteront les intérêts du monde du travail.
Les candidats de la liste LCR-LO s'engagent à assurer la transparence des décisions prises, dans la mesure où eux-mêmes seront au courant.
Les conseillers régionaux LCR-LO soutiendront toutes les mesures qui iront un tant soit peu dans l'intérêt des travailleurs et de la population. Ils s'opposeront à toute subvention, à toute aide aux patrons. Leur programme, c'est que l'argent des collectivités publiques doit être utilisé pour améliorer les services publics et pour y embaucher le personnel nécessaire, des écoles à la voirie, en passant par les transports collectifs.
En votant pour la liste Lutte ouvrière - Ligue communiste révolutionnaire ici, dans la région, vous ferez aussi un geste politique à l'échelle du pays.
Le vote pour ces listes sera un vote de rejet contre la droite, mais aussi un désaveu de la gauche, et il sera clair que ce rejet et ce désaveu viennent des travailleurs. Il sera clair qu'il s'agit d'une contestation de la politique patronale.
Le rejet des partis qui se sont déconsidérés au gouvernement s'exprimera de toute façon. Il s'est exprimé, tout le monde s'en souvient, le 21 avril 2002. Mais, justement. Il ne faut pas que ce rejet soit canalisé au profit du Front national et de Le Pen. Cet homme est un ennemi résolu du monde du travail.
Le Front national aura tout naturellement les votes de l'extrême droite et de toute une partie de la droite réactionnaire de ce pays. Encore qu'il n'est pas dit, étant donné le caractère particulièrement anti-ouvrier, particulièrement sécuritaire du gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkozy, que l'électorat le plus réactionnaire n'hésite pas entre le Front national et la droite gouvernementale.
Mais le véritable problème politique n'est pas de savoir comment se départagera l'électorat traditionnel de l'extrême droite, entre le Front national et le camp chiraquien. Le véritable problème, c'est qu'une partie des travailleurs écoeurés, des chômeurs désespérés et qui ne voient plus de différence entre la politique de la gauche et celle de la droite, pensent que pour se faire entendre, le moyen le plus efficace, c'est de voter pour Le Pen. Ils pensent que ce serait une vengeance, parce que cela ferait peur à tous. Eh bien, ils se trompent lourdement.
Car si Le Pen gêne les politiciens de droite dont le Front national risque de prendre les places, il ne fait pas peur au grand patronat car les patrons savent qu'il sera aussi servile à leur égard que le sont les politiciens de la droite et de la gauche. Ses slogans contre "l'insécurité sociale" ne servent qu'à attirer l'électorat populaire afin de le gruger au profit du grand patronat.
Avez-vous entendu Le Pen s'engager à prendre dans les profits patronaux pour mettre fin au chômage ? Bien sûr que non ! Car Le Pen ne veut surtout pas toucher à la richesse des riches. L'avez-vous entendu promettre la suppression de la CSG pour les travailleurs ? Non, c'est l'impôt sur les grandes fortunes qu'il veut supprimer !
Son programme social, c'est supprimer les charges sociales patronales. Mais cela signifie que les assurés, les salariés devront payer plus.
Alors, pour ce qui est de sa politique sociale, Le Pen mènera la politique que mène Raffarin aujourd'hui, en l'aggravant si c'est possible. Il est comme les autres : il piétinera les plus faibles pour enrichir les plus riches.
Et, en plus, il fait au patronat le cadeau de diviser les travailleurs en dressant ceux du privé contre ceux du public, les travailleurs français contre les travailleurs immigrés.
Eh bien, les travailleurs n'ont certainement pas intérêt à se laisser diviser car, français ou immigrés, avec ou sans-papiers, du secteur privé ou du secteur public, nous sommes une seule et même classe ouvrière, et c'est ensemble que nous sommes assez forts pour nous défendre contre la bourgeoisie et contre tous ses laquais politiques, qu'ils soient de gauche, de droite ou d'extrême droite !
Nous sommes la seule alternative au Front national qui soit indiscutablement dans le camp des classes populaires car nous combattons, non seulement la politique du gouvernement, mais aussi la politique du patronat.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : contester le pouvoir absolu et incontrôlé des grands groupes industriels et financiers sur l'économie.
Eh bien oui, il faut supprimer le secret commercial et bancaire ! Il faut que la population puisse accéder librement à toutes les informations concernant la vie des entreprises. Il faut que chaque travailleur, que chaque employé puisse rendre publiques les informations qu'il détient, qu'ils puissent s'organiser pour mettre en commun ces informations éparses, afin que la collectivité puisse intervenir, s'opposer à des décisions néfastes.
Un contrôle collectif sur les entreprises montrerait que les plans de licenciements ne sont pas une nécessité, mais un choix artificiel des patrons, et qu'il est possible de faire autrement. Les grands groupes industriels ont assez d'argent pour maintenir leur salaire à tous, quitte à répartir le travail.
Seuls un contrôle et une surveillance permanente des grandes entreprises par la population pourraient éviter, aussi, tous ces cas de corruption ou tous ces cas de détournement que révèlent tous les scandales où sont mouillées de grandes entreprises, des ministres, des députés, des notables de grandes villes. Après l'affaire Juppé, l'actualité judiciaire passe à celle des lycées d'Ile-de-France. Le juge d'instruction évoque un véritable "pacte de corruption" unissant les deux principaux partis de droite mais aussi, le PS pour prélever leur part sur les contrats juteux accordés aux entreprises pour la construction ou la rénovation des lycées de la région. La liste des inculpés tient du bottin mondain. Et encore, il manque un nom, car celui-là est protégé par sa fonction à l'Elysée. Mais pour quelques noms connus par les scandales, combien d'autres que l'on ne connaît pas, ou pas encore ? Et comment savoir qui sont les corrompus et qui ne l'est pas ?
Mais s'il y a des corrompus, c'est qu'il y a des corrupteurs, ces grandes entreprises qui ont les moyens d'acheter un ministre ou un député comme elles se payent un haut cadre.
Alors, bien sûr, notre programme ne peut pas s'appliquer sans la participation active, consciente d'un grand nombre de travailleurs et de travailleuses. Cette participation ne surgira pas automatiquement du résultat des élections régionales, fût-il particulièrement important pour les listes d'extrême gauche. Mais un large vote en faveur d'un tel programme sera une façon, pour le monde du travail, d'exprimer ses choix sociaux, son opposition au fonctionnement actuel aberrant de cette société. Et si ce vote en faveur des listes LO-LCR est important, cela contribuera à encourager tous les opprimés à préparer une lutte d'ensemble pour imposer un tel plan.
C'est pourquoi je vous demande de voter pour la liste Lutte ouvrière - Ligue communiste révolutionnaire et de nous aider dans cette campagne. Si, dans votre région comme dans les autres, s'affirme un courant qui se retrouve dans les idées et dans le programme politique que nous défendons, soyez-en sûrs, cela comptera pour l'avenir !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 19 février 2004)
Un million d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté ! Voilà le chiffre rapporté par toute la presse depuis deux jours. Un enfant sur dix vit dans un logement dégradé, est exclu de toute forme de loisirs qui demande une dépense d'argent et est condamné dès son jeune âge à prendre un retard scolaire qui va croissant. Un enfant sur dix n'a pratiquement pas accès aux soins les plus élémentaires et n'est pas assuré de manger chaque jour à sa faim. Et ceci, dans ce pays, un des pays les plus riches du monde !
Au-delà des drames individuels qui conduisent une famille ou une mère seule dans une situation qui ne leur permet pas d'assurer un minimum convenable à leurs enfants, il y a une raison bien plus générale pour toutes et tous : la pauvreté qui résulte du chômage. Un licenciement souvent au départ, puis l'effort désespéré pour trouver du travail et ne retrouver qu'une activité précaire ou rien du tout. Puis la plongée dans la pauvreté dont on n'arrive pas à sortir car les minima sociaux ne permettent que de survivre.
Et, pendant que s'accroît dans le pays, le nombre de pauvres, la machine à fabriquer des chômeurs continue à tourner à plein régime.
Depuis le début de la semaine, on a beaucoup parlé d'Air Littoral dont on a fait lanterner les travailleurs jusqu'au dernier moment, de promesses mensongères en faux espoirs, pour leur annoncer brutalement qu'ils vont tous être licenciés, des manoeuvres jusqu'aux pilotes, en passant par les hôtesses de l'air.
Et en parlant de licenciement dans le transport aérien, comment ne pas être révolté par le cynisme de Seillière ? Le groupe financier de cet homme était l'actionnaire majoritaire de la compagnie Air Liberté. Il s'est débarrassé de sa part lorsqu'il a estimé qu'elle n'était plus assez profitable. De repreneur en repreneur, cela a abouti à la fermeture de cette entreprise et au licenciement de 4.200 travailleurs, sans parler des filiales. C'est cet homme qui a osé déclarer, hier, qu'il est "scandalisé" par la grève des aiguilleurs du ciel. Pour ce baron bourgeois, ruiner la vie de milliers de personnes c'est normal, c'est dans l'ordre des choses. Mais qu'une catégorie de travailleurs ose se servir de la grève, la seule arme dont ils disposent, pour se défendre, c'est scandaleux pour lui. Eh bien, j'espère, je souhaite que Seillière ait bien d'autres raisons d'être scandalisé et par des grèves bien plus amples, et sur des objectifs qui fassent vraiment mal au grand patronat qu'il représente !
Et en même temps qu'Air Littoral, combien d'autres grandes entreprises réduisent leurs effectifs, procèdent à des licenciements collectifs, quant elles ne ferment pas complètement une usine ? Votre région est marquée par les licenciements à Alstom, mais Peugeot diminue aussi les effectifs et renvoie les intérimaires. Dans combien d'entreprises les travailleurs attendent, la peur au ventre, l'annonce d'un plan de licenciement qui les transformera en chômeurs et fera basculer toute leur vie et celle de leur famille ?
Et les commentateurs économiques et les hommes politiques de répéter que, si les patrons licencient, c'est qu'ils n'ont pas le choix et que la compétition internationale leur impose des économies sur les salaires. Les fieffés menteurs !
Regardez donc la bataille boursière qui oppose les deux trusts pharmaceutiques, Sanofi et Aventis, le premier voulant acheter le second. Comme tous les patrons, ils expliquent d'habitude à leurs travailleurs qu'il n'y a pas assez d'argent pour maintenir les effectifs ou pour augmenter les salaires. Mais leur guerre de communiqués actuelle s'adresse aux actionnaires. Et pour les convaincre, chacun annonce le pourcentage à deux chiffres de la progression de ses profits !
Pour tenter de séduire les actionnaires d'Aventis, Sanofi publie des pages dans les quotidiens pour se vanter d'une progression de 18 % de ses profits l'an dernier et d'une augmentation de 21 % des dividendes distribués à ses heureux actionnaires. Oh, ce ne sont pas de petits actionnaires ! Les deux principaux sont le pétrolier Total et le groupe L'Oréal. Et L'Oréal est la copropriété du trust Nestlé et de Madame Bettencourt, la plus grande fortune du pays !
Oui, de l'argent, ces trusts en ont. Pour acheter Aventis, Sanofi est prête à mettre sur la table plus de 50 milliards d'euros en action ou en cash. Une telle somme permettrait à boucher le trou officiel de la Sécurité sociale pour les quatre ans à venir ! Mais au lieu de puiser dans les profits du trust pharmaceutique pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, on fait l'inverse : on vide les caisses de la Sécurité sociale en payant cher les médicaments vendus par Sanofi et ses semblables.
Mais cinquante milliard, cela représente, aussi, le salaire annuel, charges comprises, de près de 3 millions de salariés payés 1200 euros par mois. !
Rien que cette somme, dépensée par un seul grand trusts simplement pour en acheter un autre, ce qui n'a aucune utilité pour la société, permettrait d'assurer pendant un an le salaire de tous les chômeurs officiellement recensés ! Et on ose nous dire qu'il n'y a pas d'autre moyen de combattre le chômage que de distribuer encore plus d'argent à ces groupes industriels "pour les inciter à créer des emplois". On se moque de nous !
Eh bien, oui, il est révoltant qu'un conseil d'administration puisse user et abuser comme il veut de la richesse sociale créée par l'activité de dizaine de milliers de travailleurs ! Mais qu'est-ce donc, ce droit exorbitant des conseils d'administration des grands groupes industriels et financiers sur l'économie, si ce n'est pas la dictature ? Et une dictature de la pire espèce car elle permet à la poignée d'individus qui l'exercent, de pousser au chômage des milliers de travailleurs, de transformer une ville en désert industriel, simplement pour faire grimper de quelques points le prix d'une action et la fortune de ceux qui en possèdent.
La principale raison de la présence des listes LO-LCR dans ces élections est de dénoncer cette dictature économique ! Elle est de dire qu'il est vital que les travailleurs, que la population, puissent contrôler ces entreprises, vérifier d'où vient leur profit et à quoi il est utilisé, afin de pouvoir s'opposer à tous les choix nuisibles pour la société !
Il faut aussi que s'exprime dans ces élections une condamnation claire de la politique du gouvernement et des mesures anti-ouvrières qui se succèdent sans interruption. Les unes suppriment ou dénaturent les quelques lois qui protègent les travailleurs. Les autres aggravent les conditions des chômeurs. L'allocation chômage a été supprimée pour 180.000 chômeurs. La durée d'attribution de l'allocation spécifique de solidarité a été réduite. L'accès des intermittents du spectacle aux indemnités chômage a été limité. Chacune de ces décisions pousse de dizaines de milliers de femmes et d'hommes vers la pauvreté ou l'incertitude de l'avenir.
Sous le vocable de "réforme de la retraite", le gouvernement a allongé la durée de cotisation nécessaire pour percevoir une retraite plus faible. La prétendu "réforme de la sécurité sociale" en préparation se traduira par des réductions supplémentaires des prestations versées aux assurés et probablement par une augmentation de la CSG. Et tant pis pour la fraction la plus pauvre de la population, celle qui, aujourd'hui, bien souvent n'a même pas de quoi cotiser à une mutuelle et qui verra demain ses possibilités d'accès aux soins encore plus diminuées !
Et tout cela, pourquoi ? Pour que le gouvernement puisse se servir des caisses de la Sécurité sociale et accorder en permanence des exonérations de charges sociales au patronat et pour qu'il ait de quoi distribuer, à l'occasion, des cadeaux électoraux, du genre du milliard et demi d'exonérations de cotisations sociales qu'il vient de donner aux restaurateurs.
La Sécurité sociale serait largement équilibrée si elle ne payait pas une partie des dépenses que l'Etat devrait prendre en charge, comme les infrastructures hospitalières. Si on supprimait toutes les exonérations sur les charges patronales et s'il y avait moins de chômage, il n'y aurait pas de trou de la Sécurité sociale !
Même l'approche des élections ne freine pas le rythme des mesures et n'atténue pas le langage provocateur, cynique à l'égard des classes populaires
La droite au gouvernement vise l'électorat le plus anti-ouvrier, le plus stupide, à qui ça plaît qu'on traite les chômeurs de fainéants et les ouvriers de gens trop bien payés pour ce qu'ils font.
Oui, le chômage est une catastrophe sociale majeure !
Pas un travailleur qui ne sache, qui ne ressente ce que la menace du chômage représente. Quel travailleur ne se souvient pas de la fermeture de l'usine Moulinex et des 2900 ouvrières et ouvriers jetés à la rue après plus de trente ans de travail pour la plupart d'entre eux. Les autorités avaient alors promis la reconversion. Plus de deux ans après, 300 seulement des licenciés ont trouvé un emploi stable. Et ceux qui n'ont même pas trouvé un emploi précaire, arrivent ces jours-ci en fin de droits et seront réduits au RMI.
Tous les travailleurs sont des chômeurs en sursis. C'est en jouant sur cette crainte que les patrons imposent la précarité, les bas salaires, la flexibilité des horaires de travail.
Et les Chirac, les Raffarin ont le culot de débuter l'année en proclamant que l'emploi est leur premier souci ! Et le Parti socialiste dit qu'il veut faire de l'emploi un des axes de sa campagne électorale ! Mais ces grands partis se relaient au pouvoir depuis 25 ans ! Quand ce n'est pas l'un qui gouverne, c'est l'autre. Qu'ont-ils donc fait pour vaincre le chômage ? Rien. Absolument rien. Ils se sont contentés de justifier et d'encourager les agissements du grand patronat et de justifier leur propre politique.
De tous ces gouvernements, celui de Chirac-Raffarin est certainement le gouvernement le plus anti-ouvrier, le plus réactionnaire que le pays ait connu depuis longtemps. Mais c'est le gouvernement de la gauche plurielle qui lui a servi de tremplin pour revenir au pouvoir et partir de plus haut à l'attaque des classes populaires. Bien des mesures anti-ouvrières décidées par le gouvernement de droite ont été préparées dans les ministères de la gauche. La liste des médicaments à dérembourser présentée par Mattéi, a été élaborée par les services de Martine Aubry.
Et chaque travailleur peut faire le constat à partir de sa propre vie, celle de sa famille, de son entourage, de son atelier ou de son bureau, que la situation des travailleurs se dégrade sans discontinuité depuis 25 ans, quel que soit le gouvernement.
La gauche peut relayer la droite, puis la droite relayer la gauche, l'évolution générale va toujours dans le même sens. La vie devient sans cesse plus difficile, la menace du chômage permanente, le pouvoir d'achat stagnant ou en diminution, même pour ceux qui ont du travail. L'avenir est de plus en plus bouché pour les jeunes.
Les élections régionales constitueront une occasion de condamner cette politique. Il ne faut pas la laisser passer.
Le Parti socialiste voudrait que l'écoeurement devant la politique de la droite s'exprime par un vote en faveur de ses listes. Mais ce serait une démarche de dupes car le Parti socialiste, lorsqu'il était au gouvernement, a mené lui aussi une politique en faveur des possédants.
La gauche et la droite n'ont pas le même langage car elles ne s'adressent pas au même électorat. Mais, une fois au gouvernement, elles gèrent les affaires du pays dans l'intérêt du grand patronat.
Les listes LCR-LO sont les seules qui permettent d'exprimer le rejet non seulement de la droite et de ses hommes, mais aussi de sa politique. Elles sont les seules à offrir aux électeurs un véritable choix social et politique. Un vote, même massif, en faveur de ces listes ne suffira pas en lui-même pour changer le rapport des forces entre les travailleurs et le patronat. Mais il permettra aux électeurs des classes populaires de se prononcer sur une politique qui soit à l'opposé de celle qui est mené depuis 25 ans.
Le fil conducteur de la politique de tous les gouvernements depuis 25 ans consiste à prendre aux travailleurs, aux classes populaires, pour redistribuer au grand patronat et à la bourgeoisie.
Il faut une politique qui, au contraire, prenne aux riches pour réduire les inégalités, mettre fin au chômage, à la précarité, pour assurer aux travailleurs et aux retraités des revenus qui permettent de vivre convenablement.
Depuis 25 ans, les gouvernements en place organisent sur le plan légal l'offensive du patronat contre la classe ouvrière.
Il faut opposer à cela une politique qui vise à unifier les travailleurs autour d'objectifs correspondant aux intérêts communs du monde du travail. Il le faut pour engager la contre-offensive de la classe ouvrière.
Il faut opposer au chômage une politique volontariste, ayant pour objectif de prélever, sur les profits patronaux et sur les richesses accumulées par la classe possédante dans l'exploitation, de quoi redonner des emplois à tous ceux qui n'en ont pas.
Il faut rendre publics, et accessibles au contrôle de toute la population, les comptabilités des grandes entreprises ainsi que les comptes en banque de leurs principaux actionnaires. Il faut supprimer le secret commercial et le secret bancaire. Il faut aussi interdire les licenciements collectifs, sous peine de réquisition des entreprises qui licencieraient quand même.
Depuis 25 ans, on freine la part du budget accordée aux hôpitaux, à la recherche, aux écoles, aux transports collectifs, aux services publics, aux budgets sociaux.
Il faut, au contraire, une politique qui supprime toute aide, toute subvention aux entreprises privées, afin qu'avec l'argent ainsi économisé, l'Etat ait les moyens financiers de faire face à ses obligations sociales. Car l'argent distribué aux patrons en subventions, en dégrèvements d'impôt, en diminutions de charges sociales, sous prétexte de les inciter à créer des emplois, ne les a jamais incités à cela. La preuve, c'est que le chômage reste à un haut niveau depuis 25 ans, malgré les sommes astronomiques empochées par les patrons.
Eh bien, c'est tout cet argent distribué en pure perte que l'Etat devrait utiliser autrement. Il faut embaucher et former du personnel hospitalier au lieu d'imposer au personnel notoirement insuffisant des horaires déments. Il faut des maisons de retraite modernes, avec du personnel qualifié, en fonction des besoins.
Il faut des crèches, des maternelles, en nombre suffisant dans les quartiers populaires. On supprime des postes d'enseignants, en particulier dans les écoles des quartiers populaires et dans les lycées techniques, alors que c'est précisément là qu'il faut ouvrir des classes supplémentaires, embaucher des enseignants et des éducateurs, afin de diminuer un peu l'immense handicap des enfants des classes laborieuses dès leur plus jeune âge. C'est dire que je suis solidaire des enseignants et des ATOS qui appellent à une grève nationale pour le 12 mars. Et je suis solidaire des étudiants en grève contre la réduction draconienne des postes aux concours nationaux. Il n'y a pas trop d'enseignants, il n'y en a pas assez
Depuis 25 ans, on fait des cadeaux fiscaux non seulement aux entreprises, en diminuant l'impôt sur les sociétés, mais même aux riches en tant qu'individus. On a diminué l'impôt sur les hauts revenus, on en a abaissé la tranche supérieure. Mais, pendant ce temps-là, on a maintenu, voire aggravé les prélèvements sur les classes populaires, la CSG, la taxe d'habitation ou les impôts indirects.
Il faut au contraire imposer lourdement le profit des industriels, le revenu du capital et les grandes fortunes, afin que l'Etat puisse, par exemple, construire des logements corrects mais à la portée de salaires ouvriers. C'est tout de même une honte que l'on revienne cinquante ans en arrière et que des centaines de milliers de familles ouvrières soient mal logées et que beaucoup ne s'en sortent que grâce aux Restos du coeur !
Depuis 25 ans, tous les gouvernements, qu'ils soient de gauche, qu'ils soient de droite, prétendent qu'on ne peut pas mener une autre politique que celle qu'ils mènent.
Eh bien, si ! Mais à condition d'opposer à une politique subordonnée aux intérêts du grand patronat, une politique donnant la priorité aux intérêts des classes populaires.
Il n'y a aucun moyen de mettre fin aux maux de la société, à commencer par ce que représente le chômage pour des millions de travailleurs, sans réduire la dictature économique des plus riches sur la société.
Si, malgré leur différence de langage avec les partis de droite, les partis de gauche mènent la même politique au gouvernement, c'est que, fondamentalement, ils pensent que l'organisation économique et sociale actuelle est la meilleure, voire la seule possible.
Eh bien, pas nous ! L'organisation économique et sociale actuelle est fondamentalement injuste, inégalitaire, irrationnelle, anachronique. En fonctionnant comme une immense pompe à profit, exploitant la majorité des hommes et la majorité de la planète au profit d'une petite minorité de riches, elle fait régresser l'humanité au lieu de la faire progresser. L'accroissement même de la production et de la productivité accroît les inégalités. Plus il y a de richesses, plus il y a de pauvres. Plus la société accroît sa capacité de produire de la nourriture, des vêtements, des médicaments, des logements, plus il y a de femmes, d'hommes et d'enfants mal nourris ou affamés, condamnés aux taudis et pas soignés, même pour des maladies qu'on sait soigner.
Oui, nous sommes communistes et nous pensons que la société capitaliste n'est pas fondamentalement améliorable dans son fonctionnement. Les tares de cette société, dénoncées par beaucoup, de l'inégalité entre pays riches et pays pauvres jusqu'aux menaces que la course au profit fait peser sur l'environnement naturel, ne découlent pas d'une déviance particulière du capitalisme, que l'on peut corriger, mais du capitalisme lui-même.
Les intérêts des patrons et des ouvriers, les intérêts des riches et des pauvres, sont irréconciliables. Personne ne peut représenter à la fois les intérêts de la grande bourgeoisie et ceux des travailleurs. Le prétendre, c'est servir les intérêts de la grande bourgeoisie.
Eh bien oui, c'est en raison de cette conviction fondamentale que les partis de droite mais aussi les grands partis dits de gauche nous haïssent. Les dirigeants du Parti socialiste, notamment les Hollande, Fabius, Strauss-Kahn, ne nous pardonnent pas d'offrir aux travailleurs une autre perspective que l'acceptation résignée des licenciements et des bas salaires.
Ils ne nous pardonnent pas de dénoncer leur complicité profonde, sociale, avec les partis de droite et leur servilité vis-à-vis du patronat, même maintenant qu'ils sont dans l'opposition.
Avez-vous entendu les dirigeants du Parti socialiste, qui prétendent s'opposer aux mesures réactionnaires du gouvernement, s'engager, dès que la gauche reviendra au pouvoir, à supprimer immédiatement toutes les mesures prises par la droite ? Les avez-vous entendu dire qu'ils annuleront les lois Raffarin et les lois Balladur sur la retraite ? Les avez-vous entendu dire qu'ils ramèneront la durée de cotisation retraite à 37 ans et demi pour tous ?
Les avez-vous entendu dire qu'ils exigeront le remboursement par le patronat de toutes les aides versées par le gouvernement de droite afin que cet argent soit consacré à créer des emplois dans les services publics ?
Non, bien sûr que non ! Car le Parti socialiste, même dans l'opposition, reste responsable à l'égard du grand patronat et de ses intérêts, et pas à l'égard de la population.
Alors, les élections régionales permettront au moins de montrer que l'électorat populaire rejette la politique anti-ouvrière qu'elle soit menée par la droite comme aujourd'hui ou par la gauche comme hier.
Et puis, ces élections permettront d'envoyer au Conseil régional des femmes et des hommes qui y représenteront les intérêts du monde du travail.
Les candidats de la liste LCR-LO s'engagent à assurer la transparence des décisions prises, dans la mesure où eux-mêmes seront au courant.
Les conseillers régionaux LCR-LO soutiendront toutes les mesures qui iront un tant soit peu dans l'intérêt des travailleurs et de la population. Ils s'opposeront à toute subvention, à toute aide aux patrons. Leur programme, c'est que l'argent des collectivités publiques doit être utilisé pour améliorer les services publics et pour y embaucher le personnel nécessaire, des écoles à la voirie, en passant par les transports collectifs.
En votant pour la liste Lutte ouvrière - Ligue communiste révolutionnaire ici, dans la région, vous ferez aussi un geste politique à l'échelle du pays.
Le vote pour ces listes sera un vote de rejet contre la droite, mais aussi un désaveu de la gauche, et il sera clair que ce rejet et ce désaveu viennent des travailleurs. Il sera clair qu'il s'agit d'une contestation de la politique patronale.
Le rejet des partis qui se sont déconsidérés au gouvernement s'exprimera de toute façon. Il s'est exprimé, tout le monde s'en souvient, le 21 avril 2002. Mais, justement. Il ne faut pas que ce rejet soit canalisé au profit du Front national et de Le Pen. Cet homme est un ennemi résolu du monde du travail.
Le Front national aura tout naturellement les votes de l'extrême droite et de toute une partie de la droite réactionnaire de ce pays. Encore qu'il n'est pas dit, étant donné le caractère particulièrement anti-ouvrier, particulièrement sécuritaire du gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkozy, que l'électorat le plus réactionnaire n'hésite pas entre le Front national et la droite gouvernementale.
Mais le véritable problème politique n'est pas de savoir comment se départagera l'électorat traditionnel de l'extrême droite, entre le Front national et le camp chiraquien. Le véritable problème, c'est qu'une partie des travailleurs écoeurés, des chômeurs désespérés et qui ne voient plus de différence entre la politique de la gauche et celle de la droite, pensent que pour se faire entendre, le moyen le plus efficace, c'est de voter pour Le Pen. Ils pensent que ce serait une vengeance, parce que cela ferait peur à tous. Eh bien, ils se trompent lourdement.
Car si Le Pen gêne les politiciens de droite dont le Front national risque de prendre les places, il ne fait pas peur au grand patronat car les patrons savent qu'il sera aussi servile à leur égard que le sont les politiciens de la droite et de la gauche. Ses slogans contre "l'insécurité sociale" ne servent qu'à attirer l'électorat populaire afin de le gruger au profit du grand patronat.
Avez-vous entendu Le Pen s'engager à prendre dans les profits patronaux pour mettre fin au chômage ? Bien sûr que non ! Car Le Pen ne veut surtout pas toucher à la richesse des riches. L'avez-vous entendu promettre la suppression de la CSG pour les travailleurs ? Non, c'est l'impôt sur les grandes fortunes qu'il veut supprimer !
Son programme social, c'est supprimer les charges sociales patronales. Mais cela signifie que les assurés, les salariés devront payer plus.
Alors, pour ce qui est de sa politique sociale, Le Pen mènera la politique que mène Raffarin aujourd'hui, en l'aggravant si c'est possible. Il est comme les autres : il piétinera les plus faibles pour enrichir les plus riches.
Et, en plus, il fait au patronat le cadeau de diviser les travailleurs en dressant ceux du privé contre ceux du public, les travailleurs français contre les travailleurs immigrés.
Eh bien, les travailleurs n'ont certainement pas intérêt à se laisser diviser car, français ou immigrés, avec ou sans-papiers, du secteur privé ou du secteur public, nous sommes une seule et même classe ouvrière, et c'est ensemble que nous sommes assez forts pour nous défendre contre la bourgeoisie et contre tous ses laquais politiques, qu'ils soient de gauche, de droite ou d'extrême droite !
Nous sommes la seule alternative au Front national qui soit indiscutablement dans le camp des classes populaires car nous combattons, non seulement la politique du gouvernement, mais aussi la politique du patronat.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : contester le pouvoir absolu et incontrôlé des grands groupes industriels et financiers sur l'économie.
Eh bien oui, il faut supprimer le secret commercial et bancaire ! Il faut que la population puisse accéder librement à toutes les informations concernant la vie des entreprises. Il faut que chaque travailleur, que chaque employé puisse rendre publiques les informations qu'il détient, qu'ils puissent s'organiser pour mettre en commun ces informations éparses, afin que la collectivité puisse intervenir, s'opposer à des décisions néfastes.
Un contrôle collectif sur les entreprises montrerait que les plans de licenciements ne sont pas une nécessité, mais un choix artificiel des patrons, et qu'il est possible de faire autrement. Les grands groupes industriels ont assez d'argent pour maintenir leur salaire à tous, quitte à répartir le travail.
Seuls un contrôle et une surveillance permanente des grandes entreprises par la population pourraient éviter, aussi, tous ces cas de corruption ou tous ces cas de détournement que révèlent tous les scandales où sont mouillées de grandes entreprises, des ministres, des députés, des notables de grandes villes. Après l'affaire Juppé, l'actualité judiciaire passe à celle des lycées d'Ile-de-France. Le juge d'instruction évoque un véritable "pacte de corruption" unissant les deux principaux partis de droite mais aussi, le PS pour prélever leur part sur les contrats juteux accordés aux entreprises pour la construction ou la rénovation des lycées de la région. La liste des inculpés tient du bottin mondain. Et encore, il manque un nom, car celui-là est protégé par sa fonction à l'Elysée. Mais pour quelques noms connus par les scandales, combien d'autres que l'on ne connaît pas, ou pas encore ? Et comment savoir qui sont les corrompus et qui ne l'est pas ?
Mais s'il y a des corrompus, c'est qu'il y a des corrupteurs, ces grandes entreprises qui ont les moyens d'acheter un ministre ou un député comme elles se payent un haut cadre.
Alors, bien sûr, notre programme ne peut pas s'appliquer sans la participation active, consciente d'un grand nombre de travailleurs et de travailleuses. Cette participation ne surgira pas automatiquement du résultat des élections régionales, fût-il particulièrement important pour les listes d'extrême gauche. Mais un large vote en faveur d'un tel programme sera une façon, pour le monde du travail, d'exprimer ses choix sociaux, son opposition au fonctionnement actuel aberrant de cette société. Et si ce vote en faveur des listes LO-LCR est important, cela contribuera à encourager tous les opprimés à préparer une lutte d'ensemble pour imposer un tel plan.
C'est pourquoi je vous demande de voter pour la liste Lutte ouvrière - Ligue communiste révolutionnaire et de nous aider dans cette campagne. Si, dans votre région comme dans les autres, s'affirme un courant qui se retrouve dans les idées et dans le programme politique que nous défendons, soyez-en sûrs, cela comptera pour l'avenir !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 19 février 2004)