Texte intégral
Travailleuses, travailleurs, camarades et amis
A quatre jours des élections régionales, Raffarin, qui est ce soir à Lyon, et ses ministres se démènent pour convaincre les électeurs qu'il ne s'agit que d'une consultation régionale et que la politique du gouvernement ne devrait pas y être mise en cause. Ces Messieurs ne se font donc pas d'illusions sur l'opinion de l'électorat populaire vis-à-vis de leur politique depuis deux ans. Ils craignent un vote sanction et ils ont raisons de le craindre.
Oui, il faut sanctionner ce gouvernement, exécutant des basses oeuvres du grand patronat dont la prétendue "politique de réforme" se résume à une succession de coups contre les travailleurs et les classes populaires. Attaques contre les retraites, attaques contre les minima sociaux, attaques contre la Sécurité sociale. Le dernier en date des projets gouvernementaux est de doubler les prélèvements de la CRDS, la contribution au remboursement de la dette sociale. On fait payer toujours plus les assurés alors que la prise en charge diminue. Le gouvernement a réduit les impôts des plus riches alors qu'à travers la hausse des impôts locaux, le poids de la fiscalité a augmenté pour les plus pauvres.
Il gaspille les finances publiques pour arroser le grand patronat au point que le déficit du budget s'emballe. Du coup, le gouvernement diminue encore plus ce qui devrait aller aux hôpitaux, aux écoles, à la recherche scientifique et aux transports en commun.
C'est une politique criminelle qui conduit à la dégradation de services publics indispensables, voire vitaux pour la population. Les hôpitaux sont débordés, les classes sont surchargées dans les quartiers populaires et on ferme des bureaux de poste ou des gares. Les crèches, les garderies manquent pour les mères qui travaillent. Comme manquent des locaux adaptés et des éducateurs spécialisés pour les handicapés. L'état lamentable des maisons de retraites a été dramatiquement illustré avec les 15.000 morts de cet été. Et pourtant, malgré le scandale soulevé par la défaillance criminelle de l'Etat, les directeurs des maisons de retraite tirent de nouveau la sonnette d'alarme pour l'été qui vient et affirment que rien n'a été fait car le financement n'a pas suivi les promesses.
Quant aux transports en commun, soit ils sont scandaleusement insuffisants, soit ils sont chers pour ceux qui sont contraints d'habiter loin de leur lieu de travail et constituent un lourd prélèvement.
Tout cela, c'est le monde à l'envers : l'argent public va aux intérêts privés et le gouvernement demande aux services publics de se financer eux-mêmes en devenant rentables ! Faut-il que les malades soient rentables pour qu'on les soigne et les enfants rentables pour qu'on les éduque ? La rentabilité, c'est la fin du service public. C'est une régression sociale considérable. Alors pas un centime de l'Etat ou des collectivités locales ne devrait aller aux entreprises privées ! L'argent des impôts devrait être consacré, dans son intégralité, aux besoins collectifs, c'est-à-dire aux services publics !
Et puis, s'en prendre aux services publics, c'est attaquer, directement, les travailleurs, les classes populaires, les plus pauvres. Car ce sont eux qui en ont un besoin vital. Ce sont eux qui n'ont pas de quoi se faire soigner dans des cliniques privées ou de placer leurs enfants dans des écoles privées qui, lorsqu'elles sont de qualité, coûtent cher. Les services publics doivent au moins aider à surmonter les inégalités creusées par le système économique capitaliste. Mais la politique du gouvernement aggrave les dégâts du système, avec un mépris ouvert pour les classes populaires.
Le gouvernement se propose, par exemple, d'imposer un contrôle renforcé sur les chômeurs et d'instaurer des sanctions progressives contre ceux qui seraient jugés ne pas être efficaces dans leur recherche d'emplois.
Pour les ministres de ce gouvernement, si on est chômeur, ce serait pour bénéficier indûment de l'allocation chômage au lieu de travailler. Comme si 3 millions de chômeurs officiellement recensés, en fait 6 millions si on tient compte des 3 millions qui n'ont que des emplois précaires et qui sont en fait des chômeurs par intermittence, étaient tous des fainéants et des fraudeurs, préférant un revenu misérable à un salaire normal et régulier.
Et, au lieu d'aider les chômeurs victimes de licenciements collectifs, le gouvernement préfère en radier 265.000 de l'allocation chômage.
Alors, comment s'étonner que des centaines de milliers de femmes et d'hommes basculent dans la misère ? Comment s'étonner que, même d'après les statistiques officielles, un million d'enfants vivent en-dessous du seuil de pauvreté ? Comment s'étonner qu'il y ait une hausse sans précédent de la fréquentation des Restos du coeur et que certains d'entre eux soient obligés d'arrêter leur activité car ils sont débordés par la demande ? Comment s'étonner que la jeunesse ouvrière commence sa vie active en galérant de petits boulots en contrats précaires, interrompus par de longues périodes de chômage ? Comment s'étonner que ceux d'entre eux qui n'ont pas le soutien de leur famille plongent dans la pauvreté et que, parmi les sans-domicile fixe, il y ait de plus en plus de jeunes ?
Et, comment s'étonner que, dans bien des familles ouvrières, la date couperet du 15 mars où les expulsions deviennent légalement possibles, a été vécue dans l'angoisse ? La menace pèse sur des milliers et des milliers de familles ouvrières, car bien souvent, il suffit que l'un des deux parents perde son travail pour que payer le loyer deviennent problématique. D'autant plus que les loyers s'envolent dans les grandes villes et il devient de plus en plus difficile pour des familles aux revenus modestes de trouver un logement convenable à un prix abordable.
Eh bien, oui, il faudrait d'ailleurs, impérativement, obliger les promoteurs à construire des logements convenables à un prix abordable. Il faudrait déjà que la loi obligeant les municipalités à construire des quotas de logements sociaux soit respectée. Pour expulser une famille qui ne peut plus payer son loyer, on sait mobiliser huissier et policiers. Pourquoi ne voit-on jamais la police intervenir pour obliger une municipalité à construire le nombre de logements sociaux qu'elle est tenue de construire ?
J'ajouterais qu'être convenablement logé étant un besoin vital, la construction de logements devrait être un service public. Au lieu d'arroser les patrons à fonds perdus sous prétexte de les inciter à créer des emplois, l'Etat devrait embaucher directement pour construire et entretenir un parc suffisant de logements corrects et à bon marché. Cela réduirait réellement le chômage en satisfaisant un besoin social criant.
En face de la pauvreté qui monte dans les classes populaires, il y a les profits élevés réalisés par les grandes entreprises et les dividendes encore plus élevés distribués aux actionnaires. Il suffit de lire, ces dernières semaines, les pages de bilan des sociétés dans les quotidiens. Ces publicités financières en disent bien plus long que les discours mensongers des dirigeants politiques. Car, souvent, ces entreprises, qui augmentent fortement leurs profits et plus fortement encore le montant des dividendes distribués aux actionnaires, les augmentent plus que leur chiffre d'affaires ! Ce qui signifie en clair que le taux de profit, donc l'exploitation des travailleurs, augmente. Et un quotidien économique peut annoncer aujourd'hui triomphalement, en première page : "Les entreprises du CAC 40 soignent leurs actionnaires". "Elles leur verseront 17 milliards d'euros de dividendes", en hausse de 16 % par rapport à l'année précédente.
Et les salariés paient doublement l'enrichissement des actionnaires. Ils paient par des licenciements collectifs ! Ils paient par une exploitation accrue car le pouvoir d'achat de ceux qui gardent leur emploi stagne ou recule, alors que, dans la production, le rythme du travail devient toujours plus intense.
Et, tout cela, pourquoi ? Pour multiplier les batailles boursières à travers lesquelles les grandes sociétés qui ne savent plus quoi faire de leur argent se rachètent les unes les autres. Le trust pharmaceutique Sanofi propose la somme faramineuse de 50 milliards d'euros, cinq fois le déficit de la Sécurité sociale, pour racheter son concurrent Aventis. Et pendant que, pour convaincre les actionnaires, les dirigeants de Sanofi invoquent, dans leurs publicités, l'intérêt des malades, Raffarin fait le camelot pour leur compte en invoquant, lui, "l'intérêt national". Mais ces opérations n'aboutissent à rien d'utile pour la société, et encore moins pour les salariés.
Mais la multiplication de ces opérations financières représente la menace d'une nouvelle crise financière ! Cette économie qui enrichit les parasites et écrase celles et ceux qui créent les richesses est vraiment folle. Elle entraîne la société à l'abîme et il faut absolument la changer !
Les élections régionales qui viennent ne changeront pas le sort des travailleurs et des classes populaires. Aucune élection en elle-même ne permet cela. Mais ces élections permettent de montrer l'écoeurement des classes populaires devant la politique anti-ouvrière, réactionnaire du gouvernement actuel, sans dédouaner pour autant le Parti socialiste qui, pendant les cinq ans du gouvernement Jospin, a préparé le terrain pour la droite.
La politique du gouvernement actuel est ouvertement dirigée contre le monde du travail. Eh oui, la droite est plus cynique, mais, au fond, sur le plan économique et social, c'est la continuité de la même politique. Car bien des mesures de l'actuel gouvernement ont été préparées, voire commencées, sous la gauche, que ce soit l'attaque contre les retraites, les augmentations de la CSG, le forfait hospitalier, le déremboursement des médicaments ou les privatisations.
Au moment des élections, chacun s'adresse à son électorat. La gauche tient un langage destiné aux salariés, la droite cherche, au contraire, à plaire à la fraction réactionnaire de l'électorat, à ceux qui n'ont que mépris pour le salariat et qui aiment qu'on leur parle d'ordre et de propriété. Mais, une fois au pouvoir, les uns comme les autres mènent la politique exigée par le grand patronat.
Voilà pourquoi la LCR et LO présentent en commun une liste qui défend intégralement les intérêts politiques et sociaux du monde du travail.
On dit souvent que le vote en faveur de notre liste, de la liste LCR-LO, est un vote protestataire. Eh bien oui, il s'agit aussi d'un vote de protestation, même s'il ne s'agit pas seulement de cela.
Et c'est une protestation venant clairement du monde du travail qui en a assez d'être exploité et opprimé par le grand patronat ; assez de vivre sous la menace perpétuelle du chômage ; assez d'être trompé, grugé par les politiciens !
Mais nous défendons aussi, dans ces élections, une politique concrète, totalement opposée aussi bien à la politique que mène le gouvernement actuel qu'à la politique qu'a menée le gouvernement Jospin auparavant.
L'axe fondamental de notre politique, c'est qu'il ne faut pas laisser aux grands groupes industriels et financiers le pouvoir sans contrôle qu'ils exercent sur l'économie. Car ces grands groupes ne sont préoccupés que par leurs profits et par les dividendes de leurs actionnaires. Leur laisser ce pouvoir sur l'économie, c'est accepter qu'ils puissent fermer des usines, licencier en masse, délocaliser, sans se préoccuper des conséquences sociales de leurs décisions.
Ici même, dans la région lyonnaise, des centaines d'emplois sont menacés. Mercck se prépare à fermer une de ses unités. Rodia Organique supprime plus de 100 postes. Et l'inquiétude est grande chez Farma, ex-Aventis, sans parler de toutes les autres entreprises dont ma camarade, Marie-Christine Pernin, vient de parler. Alors oui, ce sont des irresponsables !
Il faut que la population puisse contrôler ce que projettent et ce que font les grandes entreprises. Et pour cela, il faut annuler tout ce qui, dans la loi, s'oppose à la transparence sur les projets à venir et sur les décisions des grandes entreprises. Oui, il faut supprimer le secret industriel et bancaire, le secret des affaires.
Pour canaliser le mécontentement à son profit, le Parti socialiste prétend que, pour sanctionner le gouvernement, il faut voter socialiste. Mais le Parti socialiste s'engage-t-il seulement à annuler immédiatement, s'il revenait au pouvoir, toutes les mesures prises par le gouvernement contre la population ?
Pourquoi ne disent-ils pas qu'ils annuleront les lois sur la retraite et qu'ils ramèneront la durée de cotisation pour tous à 37 ans et demi ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à annuler la réduction de la durée d'attribution de l'allocation chômage ou de l'allocation spécifique de solidarité, en payant aux chômeurs les arriérés ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à supprimer immédiatement le RMA qui, sous prétexte de réintégrer les chômeurs dans l'activité économique, fournit seulement de la main-d'oeuvre quasi-gratuite aux patrons ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à redonner aux hôpitaux, aux logements sociaux, à l'Education nationale comme à la recherche, les crédits que la droite a supprimés ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à reprendre au grand patronat les aides et les subventions inutiles versées par le gouvernement de droite ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à annuler immédiatement la diminution d'impôt sur les revenus élevés qui favorise les contribuables les plus riches ?
Faire tout cela n'aurait rien de révolutionnaire ni même de spécialement radical. Mais les dirigeants du Parti socialiste ne veulent pas s'engager à cela pour que les travailleurs ne puissent pas les prendre au mot. Même dans l'opposition, c'est vis-à-vis des possédants, vis-à-vis de la bourgeoisie, qu'ils sont responsables, pas à l'égard des travailleurs.
Oui, le bilan de la droite est catastrophique du point de vue des classes populaires. Mais cela ne rend pas le bilan de Jospin meilleur ! Les crapuleries du gouvernement de droite d'aujourd'hui n'excusent pas les bassesses du gouvernement socialiste d'hier.
Ce qui nous différence, Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire, de tous les autres partis est que tous considèrent que l'organisation capitaliste de la société est la seule organisation possible. Eh bien, pas nous !
Nous nous revendiquons de cette tradition du mouvement ouvrier qui a été incarnée, il y a longtemps, par le Parti socialiste, puis par le Parti communiste lorsqu'ils luttaient pour une transformation radicale de cette société. Car une organisation économique qui, avec les possibilités d'aujourd'hui, n'est pas capable de satisfaire pour tous et toutes ces besoins élémentaires que sont la nourriture, un logement correct, une éducation convenable, des soins de qualité et l'accès à la culture, est une organisation sociale condamnée.
Nous sommes de ceux qui pensent que l'économie basée sur le profit, qui aggrave sans cesse l'inégalité entre les hommes et entre les pays, est une économie inhumaine, irrationnelle, et qu'il faut la changer. Nous sommes de ceux qui pensent indispensable que les travailleurs s'organisent autour de leurs intérêts politiques et sociaux pour mieux se défendre aujourd'hui et pour changer l'ordre social demain !
Et, c'est parce que nous avons cette conviction que nous n'avons pas pour ambition de soutenir quelque gouvernement que ce soit. Dans les conditions d'aujourd'hui, le gouvernement est toujours le conseil d'administration des affaires du grand patronat et de la bourgeoisie. Le Parti socialiste et le Parti communiste nous reprochent de ne pas vouloir prendre de responsabilités gouvernementales. Ils formulent cela en disant que "nous ne voulons pas mettre les mains dans le cambouis". Eh bien, nous ne voulons en effet pas nous salir les mains à faire des sales coups contre les travailleurs sous prétexte de réalisme ! Nous ne sommes pas prêts à vendre notre fidélité à la classe ouvrière pour quelques strapontins à la direction des affaires du grand patronat.
Dans les conseils régionaux, dans la mesure où ils seront au courant, les candidats de la liste LCR-LO s'engagent à assurer la transparence des décisions prises. Les conseillers régionaux LCR-LO soutiendront toutes les mesures qui iront un tant soit peu dans l'intérêt des travailleurs et de la population. Ils s'opposeront à toute subvention, à toute aide aux patrons. Le Conseil régional ne doit pas être une succursale de la chambre patronale qui distribue l'argent public aux patrons privés. Si les patrons ont besoin d'argent, qu'ils l'empruntent donc aux banques, mais l'argent des impôts, l'argent de la collectivité, ne doit pas servir à cela, mais aux services publics.
Voter pour l'une ou l'autre des deux listes de la droite c'est envoyer au Conseil régional des femmes et des hommes qui sont dévoués corps et âme au grand patronat. C'est en même temps approuver le gouvernement Chirac-Raffarin, ses mesures anti-ouvrières et son mépris cynique pour les travailleurs et les chômeurs. Que l'électorat traditionnel de la droite le fasse, c'est son affaire. Il y a dans ce pays un vaste électorat de privilégiés grands et petits, hostiles aux travailleurs, à qui cela plaît qu'on méprise les travailleurs, les chômeurs et les pauvres.
C'est dans le même électorat, mais dans sa fraction la plus stupide, bornée et réactionnaire, que le Front national recrute le gros de ses électeurs. C'est évidemment avec la droite gouvernementale que le Front national est le plus directement en concurrence. C'est de là que viennent la majorité de ses notables et de ses cadres, complétés par quelques intégristes religieux, des nostalgiques de Pétain, de francs fascisants ou des royalistes qui se sont trompés de siècle.
Il est vrai cependant qu'il se trouve des électeurs issus des classes populaires, électeurs naguère de la gauche qui ont été tellement écoeurés et déçus par la politique qui a été menée par la gauche, qu'ils croient que voter pour le Front national, c'est se venger des partis qui dirigent ce pays depuis des années. A tort, car le Front national est comme les autres partis de la bourgeoisie, mais en pire. Le millionnaire réactionnaire et démagogue qui le dirige n'a pas d'autre politique à proposer que d'aggraver encore celle de Raffarin-Sarkozy. Le Front national à la direction des affaires serait tout aussi servile à l'égard du grand patronat que la droite, mais il piétinerait plus encore les classes populaires.
Le Front national fait en plus cet immense cadeau au grand patronat qui est de chercher à diviser les travailleurs, à opposer les uns aux autres les travailleurs français et les travailleurs immigrés.
Il faut refuser cette division qui nous affaiblirait tous ! Il faut rejeter toutes les saletés réactionnaires, racistes, xénophobes, que propage le Front national. Travailleurs français, travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, nous constituons une seule et même classe sociale, et c'est ensemble que nous avons la force, aujourd'hui, de nous défendre et, demain, d'imposer au grand patronat nos exigences légitimes !
A gauche, il y a la liste conduite par Jean-Jacques Queyranne. Voter pour cette liste, ce serait, certes, voter contre la droite mais pas vraiment contre sa politique et ce serait absoudre le Parti socialiste de toutes les mesures anti-ouvrières de Jospin qui ont préparé celles de Chirac-Raffarin.
Les ténors de cette liste voudraient convaincre les électeurs hostiles à la droite et à l'extrême-droite que, voter pour eux, serait le vote utile. Mais utile à quoi ?
Pour protester utile, il faut protester fort et montrer que la protestation vient du camp des travailleurs qui n'acceptent plus d'être baladés d'élection en élection, la droite relayant la gauche, puis l'inverse, sans que jamais rien ne change pour les travailleurs, si ce n'est en pire ! Chaque gouvernement reprend à son compte les saloperies du gouvernement précédent et y ajoute les siennes !
Dans votre région, le Parti socialiste a réussi à entraîner derrière lui le Parti communiste dés le premier tour. La direction locale du Parti communiste ne veut même pas laisser aux électeurs communistes la possibilité de se démarquer de la liste socialiste. Eh bien, j'espère que les électeurs du parti communiste ne se laisseront pas réduire au silence par leur direction.
Nous sommes du même côté de la barrière avec les militants et les électeurs du Parti communiste lorsque nous nous retrouvons ensemble dans les luttes grévistes ou les manifestations. Nous leur disons en revanche tout haut ce que nombre d'entre eux ressentent : en s'alignant derrière la direction du Parti socialiste, leurs dirigeants les trahissent en même temps qu'ils trahissent les intérêts des travailleurs !
Pour justifier l'alignement du PC sur le PS, il en est qui évoquent la menace d'une montée du Front national.
Mais faire contre-poids au Front national, ce n'est certainement pas de voter pour des ex-ministres ou des notables du parti socialiste. Nous sommes les seuls à pouvoir contrebalancer l'influence de l'extrême droite parmi les travailleurs, car nous sommes les seuls à dire quelles mesures sociales radicales pourraient immédiatement changer le sort et la situation économique des classes laborieuses, car nous sommes les seuls à ne pas être dans le camp patronal.
En votant pour la liste LCR-LO, vous pouvez envoyer au Conseil régional des élus qui seront fidèles à leurs engagements envers le monde du travail. Et puis, vos votes s'ajouteront à ceux qui se porteront sur nos listes dans les autres régions pour affirmer tous ensemble que, pour mettre fin au drame du chômage et à la régression sociale où conduit la politique menée par tous les gouvernements qui se sont succédé, il faut des mesures d'urgence.
- il faut garantir l'emploi en interdisant les licenciements collectifs sous peine de réquisition, à commencer dans les entreprises qui font du profit ;
- il faut arrêter les exonérations de cotisations sociales patronales et supprimer les subventions accordées aux entreprises. Il faut qu'avec l'argent ainsi économisé, l'Etat crée les emplois utiles qui manquent dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, à l'Education nationale et dans les transports en commun ; il faut arrêter toutes les privatisations ;
- il faut relever le taux de l'impôt sur les bénéfices, ainsi que sur les tranches supérieures de l'impôt sur le revenu. Il faut imposer lourdement les spéculations boursières et supprimer les impôts indirects.
Toutes ces mesures ne peuvent être réellement appliquées que si la population a le droit légal et les moyens de contester le pouvoir absolu et incontrôlé des grands groupes industriels et financiers sur l'économie.
Eh bien oui, je le répète, il faut supprimer le secret commercial et bancaire ! Il faut que la population puisse accéder librement à toutes les informations concernant la vie des entreprises. Un contrôle collectif sur les entreprises montrerait que les plans de licenciements ne sont pas une nécessité, mais un choix artificiel des patrons, et qu'il est possible de faire autrement. Les grands groupes industriels ont assez d'argent pour répartir le travail entre tous en maintenant les salaires.
Supprimer le secret des affaires, ce serait aussi dévoiler les circuits par lesquels les grands groupes capitalistes achètent des hommes politiques, des députés et des ministres.
Oh, le grand patronat a de multiples moyens pour peser sur la vie politique et infiniment plus efficaces que leur bulletin de vote. Serge Dassault, ce patron dont la famille a fait fortune dans l'aviation militaire grâce aux commandes d'Etat, vient de s'acheter une entreprise de presse qui possède quelques 70 journaux, qui vont des grands titres nationaux comme le Figaro et l'Express à de grands quotidiens régionaux en passant par des magazines en tout genre. Il y a même un football club de première division dans le lot. Qui oserait prétendre que Dassault n'interviendra pas dans l'opinion exprimée par ses journaux ? D'ailleurs, il ne s'en cache même pas ! Qui oserait prétendre que les journaux qu'il possède pourraient critiquer librement lui et ses amitiés aux sommets de l'Etat et surtout, les avantages qu'il tire du budget militaire ?
Et pour compléter le tableau de la liberté de la presse dans ce pays, rappelons que l'autre mastodonte de la presse est la société Hachette, dont vous voyez les points de vente Relay H dans toutes les gares de France et de Navarre. Hachette est contrôlée par le groupe Lagardère, du nom de cette autre dynastie familiale qui a également fait sa fortune grâce aux commandes militaires, c'est à dire l'argent des impôts volé aux services publics. La majeure part de la presse dans ce pays est donc contrôlée par deux grands patrons, marchands d'armes de surcroît. Oh, on n'est pas exactement dans la situation de l'Italie, où un grand patron, Berlusconi, qui contrôle le gros des chaînes de télévision et de la presse occupe aussi le poste de Premier ministre. Les Dassault et autres Lagardère d'ici ne s'amusent pas à jouer les Premiers ministres. Ils ont du petit personnel pour cela.
Et, à tout cela, qui est légal, s'ajoute ce qui est illégal. Des scandales périodiques nous montrent comment, des ténors de la politique qui prêchent "l'intérêt national" ou le "sens des sacrifices" aux classes populaires se font acheter, qui pour assurer le financement de son parti, qui plus simplement pour se remplir les poches, mais toujours au détriment de l'argent public. Eh bien, pour empêcher la corruption, il faut en premier lieu contrôler les corrupteurs !
Nous avons le droit de contrôler à l'avance les projets des entreprises et leur politique financière. Et le savoir, non pas lorsqu'il est trop tard, mais au moment où les choix vont être faits, le plus souvent deux ou trois ans avant.
Oui, nous avons le droit de savoir et de contrôler car c'est de notre vie qu'il s'agit. Et nous en avons la possibilité car, même si chaque travailleur n'est au courant que d'une parcelle d'information, l'ensemble des travailleurs est au courant de tout. Parce qu'il y a des travailleurs partout, non seulement à chaque maillon de l'exécution, mais aussi à chaque échelon de la décision. Même pour taper les comptes rendus des conseils d'administration, il y a besoin d'une secrétaire !
Ce qu'on fait pour un patron, on peut le faire pour soi et pour l'ensemble de ses compagnons de travail et de la population qui vit autour. On doit le faire si on ne veut pas être victime un jour de tout ce système injuste et pourri.
Oui, nous pouvons le faire, nous pouvons l'imposer, et nous finirons par l'imposer ! Les travailleurs sont les plus puissants dans l'économie et leurs forces unies peuvent faire plus que des milliers de bulletins de vote.
Alors, bien sûr, notre programme ne peut pas s'appliquer sans la participation active, consciente d'un grand nombre de travailleurs et de travailleuses. Cette participation ne surgira pas automatiquement du résultat des élections régionales, fût-il particulièrement important pour les listes d'extrême gauche. Mais un large vote en faveur d'un tel programme sera une façon, pour le monde du travail, d'exprimer ses choix sociaux, son opposition au fonctionnement aberrant de cette société.
La politique du gouvernement et du patronat suscite des réactions. La semaine dernière a été marquée par des grèves et des manifestations, allant des chômeurs au personnel de l'éducation nationale, des chercheurs au personnel des hôpitaux. Et dans toutes les régions, la multiplication des suppressions d'emplois et des fermetures d'usines multiplie les mobilisations plus ou moins durables, plus ou moins massives, mais qui montrent que les travailleurs n'acceptent pas d'être sacrifiés pour le profit.
Pour le moment, ces luttes sont dispersées, partielles et, surtout, défensives. Mais j'espère, je souhaite que les travailleurs retrouvent confiance en leurs forces qui, quoiqu'en disent les sceptiques, sont immenses. Le patronat et le gouvernement finiront, avec leurs provocations, par dresser contre eux l'ensemble du monde du travail, uni dans une même lutte puissante. Il faudra alors mettre en avant les objectifs communs qui changeront réellement la situation des travailleurs, et surtout il faudra les imposer !
Voter pour la liste Ligue communiste révolutionnaire - Lutte ouvrière ne remplace certes pas la lutte nécessaire, mais si le vote est massif, il permettra de la préparer. Si, dans votre région comme dans les autres, s'affirme un courant qui se retrouve dans les idées et dans le programme politique que nous défendons, soyez-en sûrs, cela comptera pour les luttes, cela comptera pour l'avenir !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 18 mars 2004)
A quatre jours des élections régionales, Raffarin, qui est ce soir à Lyon, et ses ministres se démènent pour convaincre les électeurs qu'il ne s'agit que d'une consultation régionale et que la politique du gouvernement ne devrait pas y être mise en cause. Ces Messieurs ne se font donc pas d'illusions sur l'opinion de l'électorat populaire vis-à-vis de leur politique depuis deux ans. Ils craignent un vote sanction et ils ont raisons de le craindre.
Oui, il faut sanctionner ce gouvernement, exécutant des basses oeuvres du grand patronat dont la prétendue "politique de réforme" se résume à une succession de coups contre les travailleurs et les classes populaires. Attaques contre les retraites, attaques contre les minima sociaux, attaques contre la Sécurité sociale. Le dernier en date des projets gouvernementaux est de doubler les prélèvements de la CRDS, la contribution au remboursement de la dette sociale. On fait payer toujours plus les assurés alors que la prise en charge diminue. Le gouvernement a réduit les impôts des plus riches alors qu'à travers la hausse des impôts locaux, le poids de la fiscalité a augmenté pour les plus pauvres.
Il gaspille les finances publiques pour arroser le grand patronat au point que le déficit du budget s'emballe. Du coup, le gouvernement diminue encore plus ce qui devrait aller aux hôpitaux, aux écoles, à la recherche scientifique et aux transports en commun.
C'est une politique criminelle qui conduit à la dégradation de services publics indispensables, voire vitaux pour la population. Les hôpitaux sont débordés, les classes sont surchargées dans les quartiers populaires et on ferme des bureaux de poste ou des gares. Les crèches, les garderies manquent pour les mères qui travaillent. Comme manquent des locaux adaptés et des éducateurs spécialisés pour les handicapés. L'état lamentable des maisons de retraites a été dramatiquement illustré avec les 15.000 morts de cet été. Et pourtant, malgré le scandale soulevé par la défaillance criminelle de l'Etat, les directeurs des maisons de retraite tirent de nouveau la sonnette d'alarme pour l'été qui vient et affirment que rien n'a été fait car le financement n'a pas suivi les promesses.
Quant aux transports en commun, soit ils sont scandaleusement insuffisants, soit ils sont chers pour ceux qui sont contraints d'habiter loin de leur lieu de travail et constituent un lourd prélèvement.
Tout cela, c'est le monde à l'envers : l'argent public va aux intérêts privés et le gouvernement demande aux services publics de se financer eux-mêmes en devenant rentables ! Faut-il que les malades soient rentables pour qu'on les soigne et les enfants rentables pour qu'on les éduque ? La rentabilité, c'est la fin du service public. C'est une régression sociale considérable. Alors pas un centime de l'Etat ou des collectivités locales ne devrait aller aux entreprises privées ! L'argent des impôts devrait être consacré, dans son intégralité, aux besoins collectifs, c'est-à-dire aux services publics !
Et puis, s'en prendre aux services publics, c'est attaquer, directement, les travailleurs, les classes populaires, les plus pauvres. Car ce sont eux qui en ont un besoin vital. Ce sont eux qui n'ont pas de quoi se faire soigner dans des cliniques privées ou de placer leurs enfants dans des écoles privées qui, lorsqu'elles sont de qualité, coûtent cher. Les services publics doivent au moins aider à surmonter les inégalités creusées par le système économique capitaliste. Mais la politique du gouvernement aggrave les dégâts du système, avec un mépris ouvert pour les classes populaires.
Le gouvernement se propose, par exemple, d'imposer un contrôle renforcé sur les chômeurs et d'instaurer des sanctions progressives contre ceux qui seraient jugés ne pas être efficaces dans leur recherche d'emplois.
Pour les ministres de ce gouvernement, si on est chômeur, ce serait pour bénéficier indûment de l'allocation chômage au lieu de travailler. Comme si 3 millions de chômeurs officiellement recensés, en fait 6 millions si on tient compte des 3 millions qui n'ont que des emplois précaires et qui sont en fait des chômeurs par intermittence, étaient tous des fainéants et des fraudeurs, préférant un revenu misérable à un salaire normal et régulier.
Et, au lieu d'aider les chômeurs victimes de licenciements collectifs, le gouvernement préfère en radier 265.000 de l'allocation chômage.
Alors, comment s'étonner que des centaines de milliers de femmes et d'hommes basculent dans la misère ? Comment s'étonner que, même d'après les statistiques officielles, un million d'enfants vivent en-dessous du seuil de pauvreté ? Comment s'étonner qu'il y ait une hausse sans précédent de la fréquentation des Restos du coeur et que certains d'entre eux soient obligés d'arrêter leur activité car ils sont débordés par la demande ? Comment s'étonner que la jeunesse ouvrière commence sa vie active en galérant de petits boulots en contrats précaires, interrompus par de longues périodes de chômage ? Comment s'étonner que ceux d'entre eux qui n'ont pas le soutien de leur famille plongent dans la pauvreté et que, parmi les sans-domicile fixe, il y ait de plus en plus de jeunes ?
Et, comment s'étonner que, dans bien des familles ouvrières, la date couperet du 15 mars où les expulsions deviennent légalement possibles, a été vécue dans l'angoisse ? La menace pèse sur des milliers et des milliers de familles ouvrières, car bien souvent, il suffit que l'un des deux parents perde son travail pour que payer le loyer deviennent problématique. D'autant plus que les loyers s'envolent dans les grandes villes et il devient de plus en plus difficile pour des familles aux revenus modestes de trouver un logement convenable à un prix abordable.
Eh bien, oui, il faudrait d'ailleurs, impérativement, obliger les promoteurs à construire des logements convenables à un prix abordable. Il faudrait déjà que la loi obligeant les municipalités à construire des quotas de logements sociaux soit respectée. Pour expulser une famille qui ne peut plus payer son loyer, on sait mobiliser huissier et policiers. Pourquoi ne voit-on jamais la police intervenir pour obliger une municipalité à construire le nombre de logements sociaux qu'elle est tenue de construire ?
J'ajouterais qu'être convenablement logé étant un besoin vital, la construction de logements devrait être un service public. Au lieu d'arroser les patrons à fonds perdus sous prétexte de les inciter à créer des emplois, l'Etat devrait embaucher directement pour construire et entretenir un parc suffisant de logements corrects et à bon marché. Cela réduirait réellement le chômage en satisfaisant un besoin social criant.
En face de la pauvreté qui monte dans les classes populaires, il y a les profits élevés réalisés par les grandes entreprises et les dividendes encore plus élevés distribués aux actionnaires. Il suffit de lire, ces dernières semaines, les pages de bilan des sociétés dans les quotidiens. Ces publicités financières en disent bien plus long que les discours mensongers des dirigeants politiques. Car, souvent, ces entreprises, qui augmentent fortement leurs profits et plus fortement encore le montant des dividendes distribués aux actionnaires, les augmentent plus que leur chiffre d'affaires ! Ce qui signifie en clair que le taux de profit, donc l'exploitation des travailleurs, augmente. Et un quotidien économique peut annoncer aujourd'hui triomphalement, en première page : "Les entreprises du CAC 40 soignent leurs actionnaires". "Elles leur verseront 17 milliards d'euros de dividendes", en hausse de 16 % par rapport à l'année précédente.
Et les salariés paient doublement l'enrichissement des actionnaires. Ils paient par des licenciements collectifs ! Ils paient par une exploitation accrue car le pouvoir d'achat de ceux qui gardent leur emploi stagne ou recule, alors que, dans la production, le rythme du travail devient toujours plus intense.
Et, tout cela, pourquoi ? Pour multiplier les batailles boursières à travers lesquelles les grandes sociétés qui ne savent plus quoi faire de leur argent se rachètent les unes les autres. Le trust pharmaceutique Sanofi propose la somme faramineuse de 50 milliards d'euros, cinq fois le déficit de la Sécurité sociale, pour racheter son concurrent Aventis. Et pendant que, pour convaincre les actionnaires, les dirigeants de Sanofi invoquent, dans leurs publicités, l'intérêt des malades, Raffarin fait le camelot pour leur compte en invoquant, lui, "l'intérêt national". Mais ces opérations n'aboutissent à rien d'utile pour la société, et encore moins pour les salariés.
Mais la multiplication de ces opérations financières représente la menace d'une nouvelle crise financière ! Cette économie qui enrichit les parasites et écrase celles et ceux qui créent les richesses est vraiment folle. Elle entraîne la société à l'abîme et il faut absolument la changer !
Les élections régionales qui viennent ne changeront pas le sort des travailleurs et des classes populaires. Aucune élection en elle-même ne permet cela. Mais ces élections permettent de montrer l'écoeurement des classes populaires devant la politique anti-ouvrière, réactionnaire du gouvernement actuel, sans dédouaner pour autant le Parti socialiste qui, pendant les cinq ans du gouvernement Jospin, a préparé le terrain pour la droite.
La politique du gouvernement actuel est ouvertement dirigée contre le monde du travail. Eh oui, la droite est plus cynique, mais, au fond, sur le plan économique et social, c'est la continuité de la même politique. Car bien des mesures de l'actuel gouvernement ont été préparées, voire commencées, sous la gauche, que ce soit l'attaque contre les retraites, les augmentations de la CSG, le forfait hospitalier, le déremboursement des médicaments ou les privatisations.
Au moment des élections, chacun s'adresse à son électorat. La gauche tient un langage destiné aux salariés, la droite cherche, au contraire, à plaire à la fraction réactionnaire de l'électorat, à ceux qui n'ont que mépris pour le salariat et qui aiment qu'on leur parle d'ordre et de propriété. Mais, une fois au pouvoir, les uns comme les autres mènent la politique exigée par le grand patronat.
Voilà pourquoi la LCR et LO présentent en commun une liste qui défend intégralement les intérêts politiques et sociaux du monde du travail.
On dit souvent que le vote en faveur de notre liste, de la liste LCR-LO, est un vote protestataire. Eh bien oui, il s'agit aussi d'un vote de protestation, même s'il ne s'agit pas seulement de cela.
Et c'est une protestation venant clairement du monde du travail qui en a assez d'être exploité et opprimé par le grand patronat ; assez de vivre sous la menace perpétuelle du chômage ; assez d'être trompé, grugé par les politiciens !
Mais nous défendons aussi, dans ces élections, une politique concrète, totalement opposée aussi bien à la politique que mène le gouvernement actuel qu'à la politique qu'a menée le gouvernement Jospin auparavant.
L'axe fondamental de notre politique, c'est qu'il ne faut pas laisser aux grands groupes industriels et financiers le pouvoir sans contrôle qu'ils exercent sur l'économie. Car ces grands groupes ne sont préoccupés que par leurs profits et par les dividendes de leurs actionnaires. Leur laisser ce pouvoir sur l'économie, c'est accepter qu'ils puissent fermer des usines, licencier en masse, délocaliser, sans se préoccuper des conséquences sociales de leurs décisions.
Ici même, dans la région lyonnaise, des centaines d'emplois sont menacés. Mercck se prépare à fermer une de ses unités. Rodia Organique supprime plus de 100 postes. Et l'inquiétude est grande chez Farma, ex-Aventis, sans parler de toutes les autres entreprises dont ma camarade, Marie-Christine Pernin, vient de parler. Alors oui, ce sont des irresponsables !
Il faut que la population puisse contrôler ce que projettent et ce que font les grandes entreprises. Et pour cela, il faut annuler tout ce qui, dans la loi, s'oppose à la transparence sur les projets à venir et sur les décisions des grandes entreprises. Oui, il faut supprimer le secret industriel et bancaire, le secret des affaires.
Pour canaliser le mécontentement à son profit, le Parti socialiste prétend que, pour sanctionner le gouvernement, il faut voter socialiste. Mais le Parti socialiste s'engage-t-il seulement à annuler immédiatement, s'il revenait au pouvoir, toutes les mesures prises par le gouvernement contre la population ?
Pourquoi ne disent-ils pas qu'ils annuleront les lois sur la retraite et qu'ils ramèneront la durée de cotisation pour tous à 37 ans et demi ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à annuler la réduction de la durée d'attribution de l'allocation chômage ou de l'allocation spécifique de solidarité, en payant aux chômeurs les arriérés ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à supprimer immédiatement le RMA qui, sous prétexte de réintégrer les chômeurs dans l'activité économique, fournit seulement de la main-d'oeuvre quasi-gratuite aux patrons ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à redonner aux hôpitaux, aux logements sociaux, à l'Education nationale comme à la recherche, les crédits que la droite a supprimés ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à reprendre au grand patronat les aides et les subventions inutiles versées par le gouvernement de droite ?
Pourquoi ne s'engagent-ils pas à annuler immédiatement la diminution d'impôt sur les revenus élevés qui favorise les contribuables les plus riches ?
Faire tout cela n'aurait rien de révolutionnaire ni même de spécialement radical. Mais les dirigeants du Parti socialiste ne veulent pas s'engager à cela pour que les travailleurs ne puissent pas les prendre au mot. Même dans l'opposition, c'est vis-à-vis des possédants, vis-à-vis de la bourgeoisie, qu'ils sont responsables, pas à l'égard des travailleurs.
Oui, le bilan de la droite est catastrophique du point de vue des classes populaires. Mais cela ne rend pas le bilan de Jospin meilleur ! Les crapuleries du gouvernement de droite d'aujourd'hui n'excusent pas les bassesses du gouvernement socialiste d'hier.
Ce qui nous différence, Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire, de tous les autres partis est que tous considèrent que l'organisation capitaliste de la société est la seule organisation possible. Eh bien, pas nous !
Nous nous revendiquons de cette tradition du mouvement ouvrier qui a été incarnée, il y a longtemps, par le Parti socialiste, puis par le Parti communiste lorsqu'ils luttaient pour une transformation radicale de cette société. Car une organisation économique qui, avec les possibilités d'aujourd'hui, n'est pas capable de satisfaire pour tous et toutes ces besoins élémentaires que sont la nourriture, un logement correct, une éducation convenable, des soins de qualité et l'accès à la culture, est une organisation sociale condamnée.
Nous sommes de ceux qui pensent que l'économie basée sur le profit, qui aggrave sans cesse l'inégalité entre les hommes et entre les pays, est une économie inhumaine, irrationnelle, et qu'il faut la changer. Nous sommes de ceux qui pensent indispensable que les travailleurs s'organisent autour de leurs intérêts politiques et sociaux pour mieux se défendre aujourd'hui et pour changer l'ordre social demain !
Et, c'est parce que nous avons cette conviction que nous n'avons pas pour ambition de soutenir quelque gouvernement que ce soit. Dans les conditions d'aujourd'hui, le gouvernement est toujours le conseil d'administration des affaires du grand patronat et de la bourgeoisie. Le Parti socialiste et le Parti communiste nous reprochent de ne pas vouloir prendre de responsabilités gouvernementales. Ils formulent cela en disant que "nous ne voulons pas mettre les mains dans le cambouis". Eh bien, nous ne voulons en effet pas nous salir les mains à faire des sales coups contre les travailleurs sous prétexte de réalisme ! Nous ne sommes pas prêts à vendre notre fidélité à la classe ouvrière pour quelques strapontins à la direction des affaires du grand patronat.
Dans les conseils régionaux, dans la mesure où ils seront au courant, les candidats de la liste LCR-LO s'engagent à assurer la transparence des décisions prises. Les conseillers régionaux LCR-LO soutiendront toutes les mesures qui iront un tant soit peu dans l'intérêt des travailleurs et de la population. Ils s'opposeront à toute subvention, à toute aide aux patrons. Le Conseil régional ne doit pas être une succursale de la chambre patronale qui distribue l'argent public aux patrons privés. Si les patrons ont besoin d'argent, qu'ils l'empruntent donc aux banques, mais l'argent des impôts, l'argent de la collectivité, ne doit pas servir à cela, mais aux services publics.
Voter pour l'une ou l'autre des deux listes de la droite c'est envoyer au Conseil régional des femmes et des hommes qui sont dévoués corps et âme au grand patronat. C'est en même temps approuver le gouvernement Chirac-Raffarin, ses mesures anti-ouvrières et son mépris cynique pour les travailleurs et les chômeurs. Que l'électorat traditionnel de la droite le fasse, c'est son affaire. Il y a dans ce pays un vaste électorat de privilégiés grands et petits, hostiles aux travailleurs, à qui cela plaît qu'on méprise les travailleurs, les chômeurs et les pauvres.
C'est dans le même électorat, mais dans sa fraction la plus stupide, bornée et réactionnaire, que le Front national recrute le gros de ses électeurs. C'est évidemment avec la droite gouvernementale que le Front national est le plus directement en concurrence. C'est de là que viennent la majorité de ses notables et de ses cadres, complétés par quelques intégristes religieux, des nostalgiques de Pétain, de francs fascisants ou des royalistes qui se sont trompés de siècle.
Il est vrai cependant qu'il se trouve des électeurs issus des classes populaires, électeurs naguère de la gauche qui ont été tellement écoeurés et déçus par la politique qui a été menée par la gauche, qu'ils croient que voter pour le Front national, c'est se venger des partis qui dirigent ce pays depuis des années. A tort, car le Front national est comme les autres partis de la bourgeoisie, mais en pire. Le millionnaire réactionnaire et démagogue qui le dirige n'a pas d'autre politique à proposer que d'aggraver encore celle de Raffarin-Sarkozy. Le Front national à la direction des affaires serait tout aussi servile à l'égard du grand patronat que la droite, mais il piétinerait plus encore les classes populaires.
Le Front national fait en plus cet immense cadeau au grand patronat qui est de chercher à diviser les travailleurs, à opposer les uns aux autres les travailleurs français et les travailleurs immigrés.
Il faut refuser cette division qui nous affaiblirait tous ! Il faut rejeter toutes les saletés réactionnaires, racistes, xénophobes, que propage le Front national. Travailleurs français, travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, nous constituons une seule et même classe sociale, et c'est ensemble que nous avons la force, aujourd'hui, de nous défendre et, demain, d'imposer au grand patronat nos exigences légitimes !
A gauche, il y a la liste conduite par Jean-Jacques Queyranne. Voter pour cette liste, ce serait, certes, voter contre la droite mais pas vraiment contre sa politique et ce serait absoudre le Parti socialiste de toutes les mesures anti-ouvrières de Jospin qui ont préparé celles de Chirac-Raffarin.
Les ténors de cette liste voudraient convaincre les électeurs hostiles à la droite et à l'extrême-droite que, voter pour eux, serait le vote utile. Mais utile à quoi ?
Pour protester utile, il faut protester fort et montrer que la protestation vient du camp des travailleurs qui n'acceptent plus d'être baladés d'élection en élection, la droite relayant la gauche, puis l'inverse, sans que jamais rien ne change pour les travailleurs, si ce n'est en pire ! Chaque gouvernement reprend à son compte les saloperies du gouvernement précédent et y ajoute les siennes !
Dans votre région, le Parti socialiste a réussi à entraîner derrière lui le Parti communiste dés le premier tour. La direction locale du Parti communiste ne veut même pas laisser aux électeurs communistes la possibilité de se démarquer de la liste socialiste. Eh bien, j'espère que les électeurs du parti communiste ne se laisseront pas réduire au silence par leur direction.
Nous sommes du même côté de la barrière avec les militants et les électeurs du Parti communiste lorsque nous nous retrouvons ensemble dans les luttes grévistes ou les manifestations. Nous leur disons en revanche tout haut ce que nombre d'entre eux ressentent : en s'alignant derrière la direction du Parti socialiste, leurs dirigeants les trahissent en même temps qu'ils trahissent les intérêts des travailleurs !
Pour justifier l'alignement du PC sur le PS, il en est qui évoquent la menace d'une montée du Front national.
Mais faire contre-poids au Front national, ce n'est certainement pas de voter pour des ex-ministres ou des notables du parti socialiste. Nous sommes les seuls à pouvoir contrebalancer l'influence de l'extrême droite parmi les travailleurs, car nous sommes les seuls à dire quelles mesures sociales radicales pourraient immédiatement changer le sort et la situation économique des classes laborieuses, car nous sommes les seuls à ne pas être dans le camp patronal.
En votant pour la liste LCR-LO, vous pouvez envoyer au Conseil régional des élus qui seront fidèles à leurs engagements envers le monde du travail. Et puis, vos votes s'ajouteront à ceux qui se porteront sur nos listes dans les autres régions pour affirmer tous ensemble que, pour mettre fin au drame du chômage et à la régression sociale où conduit la politique menée par tous les gouvernements qui se sont succédé, il faut des mesures d'urgence.
- il faut garantir l'emploi en interdisant les licenciements collectifs sous peine de réquisition, à commencer dans les entreprises qui font du profit ;
- il faut arrêter les exonérations de cotisations sociales patronales et supprimer les subventions accordées aux entreprises. Il faut qu'avec l'argent ainsi économisé, l'Etat crée les emplois utiles qui manquent dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, à l'Education nationale et dans les transports en commun ; il faut arrêter toutes les privatisations ;
- il faut relever le taux de l'impôt sur les bénéfices, ainsi que sur les tranches supérieures de l'impôt sur le revenu. Il faut imposer lourdement les spéculations boursières et supprimer les impôts indirects.
Toutes ces mesures ne peuvent être réellement appliquées que si la population a le droit légal et les moyens de contester le pouvoir absolu et incontrôlé des grands groupes industriels et financiers sur l'économie.
Eh bien oui, je le répète, il faut supprimer le secret commercial et bancaire ! Il faut que la population puisse accéder librement à toutes les informations concernant la vie des entreprises. Un contrôle collectif sur les entreprises montrerait que les plans de licenciements ne sont pas une nécessité, mais un choix artificiel des patrons, et qu'il est possible de faire autrement. Les grands groupes industriels ont assez d'argent pour répartir le travail entre tous en maintenant les salaires.
Supprimer le secret des affaires, ce serait aussi dévoiler les circuits par lesquels les grands groupes capitalistes achètent des hommes politiques, des députés et des ministres.
Oh, le grand patronat a de multiples moyens pour peser sur la vie politique et infiniment plus efficaces que leur bulletin de vote. Serge Dassault, ce patron dont la famille a fait fortune dans l'aviation militaire grâce aux commandes d'Etat, vient de s'acheter une entreprise de presse qui possède quelques 70 journaux, qui vont des grands titres nationaux comme le Figaro et l'Express à de grands quotidiens régionaux en passant par des magazines en tout genre. Il y a même un football club de première division dans le lot. Qui oserait prétendre que Dassault n'interviendra pas dans l'opinion exprimée par ses journaux ? D'ailleurs, il ne s'en cache même pas ! Qui oserait prétendre que les journaux qu'il possède pourraient critiquer librement lui et ses amitiés aux sommets de l'Etat et surtout, les avantages qu'il tire du budget militaire ?
Et pour compléter le tableau de la liberté de la presse dans ce pays, rappelons que l'autre mastodonte de la presse est la société Hachette, dont vous voyez les points de vente Relay H dans toutes les gares de France et de Navarre. Hachette est contrôlée par le groupe Lagardère, du nom de cette autre dynastie familiale qui a également fait sa fortune grâce aux commandes militaires, c'est à dire l'argent des impôts volé aux services publics. La majeure part de la presse dans ce pays est donc contrôlée par deux grands patrons, marchands d'armes de surcroît. Oh, on n'est pas exactement dans la situation de l'Italie, où un grand patron, Berlusconi, qui contrôle le gros des chaînes de télévision et de la presse occupe aussi le poste de Premier ministre. Les Dassault et autres Lagardère d'ici ne s'amusent pas à jouer les Premiers ministres. Ils ont du petit personnel pour cela.
Et, à tout cela, qui est légal, s'ajoute ce qui est illégal. Des scandales périodiques nous montrent comment, des ténors de la politique qui prêchent "l'intérêt national" ou le "sens des sacrifices" aux classes populaires se font acheter, qui pour assurer le financement de son parti, qui plus simplement pour se remplir les poches, mais toujours au détriment de l'argent public. Eh bien, pour empêcher la corruption, il faut en premier lieu contrôler les corrupteurs !
Nous avons le droit de contrôler à l'avance les projets des entreprises et leur politique financière. Et le savoir, non pas lorsqu'il est trop tard, mais au moment où les choix vont être faits, le plus souvent deux ou trois ans avant.
Oui, nous avons le droit de savoir et de contrôler car c'est de notre vie qu'il s'agit. Et nous en avons la possibilité car, même si chaque travailleur n'est au courant que d'une parcelle d'information, l'ensemble des travailleurs est au courant de tout. Parce qu'il y a des travailleurs partout, non seulement à chaque maillon de l'exécution, mais aussi à chaque échelon de la décision. Même pour taper les comptes rendus des conseils d'administration, il y a besoin d'une secrétaire !
Ce qu'on fait pour un patron, on peut le faire pour soi et pour l'ensemble de ses compagnons de travail et de la population qui vit autour. On doit le faire si on ne veut pas être victime un jour de tout ce système injuste et pourri.
Oui, nous pouvons le faire, nous pouvons l'imposer, et nous finirons par l'imposer ! Les travailleurs sont les plus puissants dans l'économie et leurs forces unies peuvent faire plus que des milliers de bulletins de vote.
Alors, bien sûr, notre programme ne peut pas s'appliquer sans la participation active, consciente d'un grand nombre de travailleurs et de travailleuses. Cette participation ne surgira pas automatiquement du résultat des élections régionales, fût-il particulièrement important pour les listes d'extrême gauche. Mais un large vote en faveur d'un tel programme sera une façon, pour le monde du travail, d'exprimer ses choix sociaux, son opposition au fonctionnement aberrant de cette société.
La politique du gouvernement et du patronat suscite des réactions. La semaine dernière a été marquée par des grèves et des manifestations, allant des chômeurs au personnel de l'éducation nationale, des chercheurs au personnel des hôpitaux. Et dans toutes les régions, la multiplication des suppressions d'emplois et des fermetures d'usines multiplie les mobilisations plus ou moins durables, plus ou moins massives, mais qui montrent que les travailleurs n'acceptent pas d'être sacrifiés pour le profit.
Pour le moment, ces luttes sont dispersées, partielles et, surtout, défensives. Mais j'espère, je souhaite que les travailleurs retrouvent confiance en leurs forces qui, quoiqu'en disent les sceptiques, sont immenses. Le patronat et le gouvernement finiront, avec leurs provocations, par dresser contre eux l'ensemble du monde du travail, uni dans une même lutte puissante. Il faudra alors mettre en avant les objectifs communs qui changeront réellement la situation des travailleurs, et surtout il faudra les imposer !
Voter pour la liste Ligue communiste révolutionnaire - Lutte ouvrière ne remplace certes pas la lutte nécessaire, mais si le vote est massif, il permettra de la préparer. Si, dans votre région comme dans les autres, s'affirme un courant qui se retrouve dans les idées et dans le programme politique que nous défendons, soyez-en sûrs, cela comptera pour les luttes, cela comptera pour l'avenir !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 18 mars 2004)