Texte intégral
Q- Avec nous donc ce matin, G. Larcher, ministre délégué à l'Emploi, au Travail et à l'Insertion professionnelle des Jeunes et c'est important parce qu'on va parler du chômage des jeunes. G. Larcher, bonjour.
R- Bonjour.
Q- Merci d'être avec nous, quelles questions avez-vous envie de poser aux auditeurs
de RMC ?
R- D'abord une question qui est en direction du chômage des jeunes. Depuis trois semaines, j'ai la responsabilité de l'insertion professionnelle des jeunes, à la suite de L. Hénart qui a fait de l'excellent travail, mais je ne peux pas, ne pas regarder l'évolution du chômage des jeunes, comme une vraie interrogation posée à toute notre société. Elle est d'ailleurs posée dans l'ensemble des pays de l'Union européenne, à l'exception peut-être du Danemark ou de la Grande- Bretagne ou de l'Autriche qui ont su, eux, mieux régler cette question du chômage des jeunes. Alors le Premier ministre a annoncé une priorité dans la lutte contre le chômage des jeunes : depuis la semaine dernière, les 57.000 chômeurs de plus d'un an, de moins de 26 ans - c'est quand même une vraie interrogation - sont reçus par l'ANPE, individuellement. Un bilan sera fait avec eux et des propositions très concrètes - formation en alternance, stages, contrat dans le secteur marchand, c'est-à-dire dans le secteur économique, contrat d'accompagnement vers l'emploi jeune, et le Premier ministre l'a décidé d'en ouvrir 80.000, comme des parcours de retour vers l'emploi et puis pour les jeunes en très, très grande difficulté, ce qu'on appelle le CIVIS, c'est-à-dire une manière de revenir sur le chemin.
Q- Bien, alors la question que vous posez aux auditeurs : quelles mesures concrètes ?
R- Voilà, s'il y avait une autre mensure, nous sommes là dans une relation de dialogue. Parce que je crois que toutes les bonnes volontés sur C sujet-là ne sont pas de trop. Moi, je n'ai pas de certitude mais j'ai une vraie volonté, derrière J.-L. Borloo et le Premier ministre.
Q- Alors quelles mesures concrètes avez-vous, vous, auditeurs, pour l'emploi des jeunes, pour aider les jeunes à retrouver ou à trouver du boulot ? G. Larcher, vous savez que les auditeurs de RMC font régulièrement des propositions pour lutter contre le chômage et je vous soumettrai certaines des propositions des auditeurs de RMC tout à l'heure. On va en parler ensemble, on va parler des jeunes, on va parler des plus de 50 ans aussi, mais je voudrais que l'on commence tout de suite avec l'actualité et l'actualité, c'est C fameux contrat "nouvelle embauche" destinée aux très petites entreprises. 10 ou 20 salariés, G. Larcher ? Je crois que le Premier ministre a élargi. 20 salariés ?
R- Le Premier ministre a considéré que les petites et les très petites entreprises, c'était en dessous de 20 salariés et j'allais dire c'est dans la logique de son discours de politique générale.
Q- Donc 20 salariés, vous confirmez ?
R- Je pense que ce sera le seuil qui sera retenu. Naturellement, nous avons encore des consultations avec les partenaires sociaux. Car si à partir de demain, l'Assemblée nationale examine la loi d'habilitation, nous allons poursuivre tout au long du mois de juin et de juillet - les quelques jours de juin qui nous restent - les consultations avec les partenaires sociaux. Je réunirai le Comité Supérieur de l'Emploi, sans doute dans la deuxième partie de juillet, pour que cette consultation nous permette d'aller au fond des choses.
Q- Alors 20 salariés ça vous semble bien ? C'est mieux que 10, parce que ça permet d'élargir le système ?
R- Une vraie question, aujourd'hui, sur les entreprises de moins de 20 salariés, nous avions 500.000 CDD dont la moitié de moins d'un mois et l'autre moitié de moins de 4 mois et demi. La volonté du Premier ministre c'est de pérenniser l'emploi et non pas d'aller de CDD en CDD. Et je dois dire que c'est ça qu'il faut bien comprendre. Si on est satisfait d'un système où on entre que par petits boulots ou par contrats qui s'interrompent après un mois pour 50 % d'entre eux, après 4 mois et demi pour l'autre 50 %, j'allais dire ce n'est pas satisfaisant. Pour donner de la visibilité sur un contrat à durée indéterminée, il y a un processus de consolidation, contre la souplesse, ça va être le fruit des consultations. Le principe en était contenu dans le discours de politique générale de D. de Villepin. Avec J.-L. Borloo, nous examinerons avec les partenaires sociaux, les sécurités qu'il faut apporter...
Q- Alors justement, on va être concret : je suis salarié, je suis embauché par une entreprise de moins de 20 salariés et on me propose ce contrat "nouvelle embauche". Je peux être viré du jour au lendemain ?
R- J'ai un contrat "nouvelle embauche" et je peux d'abord décider de partir, si j'ai trouvé un nouvel emploi.
Q- Oui, si j'ai envie de partir oui, je peux partir, du jour au lendemain.
R- Je peux partir du jour au lendemain, encore faudra-t-il définir s'il y a une période de préavis ou pas.
Q- Voilà, vous êtes favorable à une période...
R- J'ai toujours dit que j'étais favorable à une période de préavis. Et imaginons que mon employeur décide de se séparer de moi, parce qu'il n'a plus le marché, par exemple, dans une petite entreprise, il n'a pas de visibilité économique. En fonction de la durée où j'aurais été dans l'entreprise après cette période de préavis, je bénéficierai d'un accompagnement particulier, en matière de reclassement. Comparable à ce qu'on a appelé - c'est un peu technique - la convention de reclassement personnalisée, c'est-à-dire un suivi, une formation et une aide spécifique au reclassement pour éviter que je ne m'installe dans la durée, j'allais dire au chômage. La deuxième des choses, c'est que sans aucun doute, j'aurais une indemnité. Là aussi ça fait partie des consultations...
Q- Il y a une indemnité ?
R- Oui, qui sera sans aucun doute à proportion de ma présence dans l'entreprise. Voilà des sujets sur lesquels nous dialoguons avec les partenaires sociaux...
Q- Mais vous êtes favorable, vous aussi, à une indemnité ?
R- Je suis pour ma part... Contre la souplesse nécessaire, il faut sécuriser. Je crois que c'est une "des recettes" entre guillemets que nous avions été voir avec l'ensemble des partenaires sociaux, dans les pays d'Europe du nord et je pense que cette démarche voulue par le Premier ministre, c'est priorité à l'emploi, mais en même temps, attention à C qu'il n'y ait pas de précarité nouvelle...
Q- Donc flexibilité mais en même temps protection. C'est ça l'idée ?
R- Mais c'est de ça, dont nous dialoguons avec les partenaires sociaux.
Q- Avec les partenaires sociaux, vous avez assoupli, allégé quand même le texte initial du Premier ministre ? Vous avez fait un pas vers les partenaires sociaux quand même G. Larcher ?
R- Le Premier ministre nous a demandé à J.-L. Borloo et moi-même, d'avoir ces consultations avec les partenaires sociaux. Il a dit, il l'a redit et donc quand on prend les thématiques du discours de politique générale, ces consultations nous les poursuivrons dans les semaines qui viennent.
Q- C'est la mort du CDI, c'est ce qu'ont dit certains, et c'est un CDI nouvelle manière ça ?
R- Je pense qu'au contraire c'est une manière d'entrer dans le CDI autrement que part CDD successifs car si l'entreprise et notamment la petite entreprise voit se développer son marché, elle pourra aller, en confiance, et pérenniser l'emploi et non pas, par crainte de procédures lourdes et compliquées, mettre fin à l'emploi. En diminuant parfois la peur des chefs d'entreprises et notamment des petites entreprises pourqui, vous savez, c'est quand même très compliqué, je crois que nous pouvons conforter l'emploi, en tous les cas sortir d'une espèce de spirale, dans lequel le CDD, ne conduisait pas à une réponse satisfaisante.
Q- Bien ! G. Larcher, on va parler maintenant des fonctionnaires. Tiens ! 5.000, j'ai vu l'annonce faite par le Gouvernement. C'était beaucoup plus sous J.-P. Raffarin. Que s'est-il passé entre-temps ?
R- Vous parlez de l'évolution du nombre de fonctionnaires ?
Q- Oui, le nombre de fonctionnaires. 5.000 en moins l'année prochaine, c'était beaucoup plus, plus de 10.000 sous J.-P. Raffarin ?
R- Je crois que la réforme de l'Etat doit être construite de manière concrète, en fonction de l'évolution de la décentralisation. On ne comprendrait pas qu'à un moment où nous poursuivons la décentralisation, l'Etat demeure, j'allais dire le même. En même temps, je dois dire l'Etat va faire un grand effort en direction notamment des jeunes et en direction du programme PAC ( ?), c'est-à-dire de l'entrée, dans la Fonction publique et dans la Fonction publique de l'Etat, dans la Fonction publique territoriale, dans la Fonction Publique hospitalière en y développant l'apprentissage et en même temps des voies pour ceux qui n'auraient pas pu, au départ, j'allais dire être candidat au concours de la Fonction publique. Donc, il y a aussi une vraie ouverture de la Fonction publique en direction des demandeurs d'emploi.
Q- Mais quand vous entendez T. Breton, dire " il faut que la France travaille, il faut remettre la France au travail " - c'est un peu C qu'il a dit -, on a besoin de ça, franchement, G. Larcher ? La France ne travaille pas aujourd'hui ?
R- Je pense que la France travaille, mais que nous avons besoin d'une plus grande mobilisation autour d'objectifs économiques. Je crois que ça fait partie de la priorité, c'est un défi à partager. Il ne s'agit pas de montrer du doigt, les uns ou les autres. Je vois aussi des entreprises qui sont extrêmement performantes, qu'elles soient grandes ou petites et dans lesquelles les Françaises et les Français travaillent. C'est vrai qu'il faut parfois être plus mobile, c'est notre tradition, notre tradition rurale. Je note d'ailleurs qu'un jeune sur cinq, c'est une étude du CEREC (phon), ont leur premier emploi en étant mobile. Voilà pourquoi, nous devons réfléchir aussi aux aides à la mobilité.
Q- L'incitation à la mobilité, c'est ce qu'on a annoncé le ministre de l'Economie et des Finances. Qu'est-ce que c'est ? Une exonération d'impôt ou des primes pour s'en aller travailler plus loin, à plus de 250 kilomètres de chez soi ?
R- Je voudrais d'abord dire, et nous le rappelions avec J.-L. Borloo, qu'il
existe déjà des aides.
Q- Oui, c'est vrai.
R- Qui sont très peu connues.
Q- C'est vrai.
R- Des aides auprès de l'Agence Nationale Pour l'Emploi et de l'UNEDIC et qui aident pour aller à un entretien d'embauche, pour aider à un déménagement, quand on a des longs trajets quotidiens, pour avoir repris un emploi, sur la prise en charge par l'UNEDIC d'un certain nombre de frais de transport pour en quelque sorte compenser cette espèce d'effort de mobilité. Donc je crois qu'il faut utiliser tous ces leviers là, aujourd'hui. Ce sera aussi le rôle des entretiens personnalisés avec ces 57 000 jeunes.
Q- Qu'est-ce que vous pourriez offrir de particulier à ceux qui accepteront d'aller travailler plus loin ?
R- Le Premier ministre a défini une priorité vers un certain nombre de métiers qui sont dit en tension pénurique. Il y a quand même un véritable paradoxe...
Q- C'est-à-dire le bâtiment, la restauration, tous ces métiers de service...
R- Il y a le bâtiment, il y a les métiers de service, il y a la restauration, mais il y a des secteurs par exemple, comme les transports ou la logistique, mais aussi l'électricité industrielle.
Q- Qu'est-ce que l'on pourrait offrir à celui qui va travailler loin ?
R- Le Premier ministre déjà, propose pour ces jeunes, sous forme de crédits d'impôts...
Q- Pour les jeunes uniquement ?
R- 1000 euros, pour aller vers les métiers pénuriques. On peut imaginer de renforcer des aides, notamment la mobilité de ces jeunes, en utilisant mieux les dispositifs ANPE et ASSEDIC et puis la réflexion qui est lancée conjointement par le Gouvernement sur le renforcement de cette aide à la mobilité. Nous constatons quand même, puisque je reçois actuellement les DRH de toutes les grandes entreprises françaises, pour examiner, comme je le fais avec les partenaires sociaux, comme je le fais avec les représentants des petites et moyennes entreprises, quelles priorités pour les jeunes, notamment dans le cadre de la formation en alternance, dans les contrats de professionnalisation et il m'est parfois souligné, je dois dire, la vérité, que parfois nous sommes encore peu mobiles. Une très grande entreprise me disait par exemple que pour des jeunes - et ils n'ont pas besoin d'être tous bac plus 5 ou bac plus 10 -, ils offrent des postes à l'étranger, qui leur permettent, dans le cadre d'une formation en alternance et au-delà de cette formation en alternance, de développer des compétences, et, j'allais dire, une attractivité pour eux-mêmes demain, très forte. Voilà pourquoi, avec l'espace ANPE international, nous allons développer aussi toutes ces offres dynamiques.
Q- On va parler de l'ANPE, on va revenir sur les jeunes, on va parler évidemment des plus de 50 ans, mais quand même, un mot encore sur les fonctionnaires. Sur la fonction publique, T. Breton quand même, nous disait, il y a une semaine que la France vivait au-dessus de ses moyens. Et voilà que l'Etat ne fait rien, finalement pour réduire ses dépenses ou très peu ? Très peu non ?
R- Je pense que pour la première fois, cher J.-J. Bourtin, nous allons avoir des retours à l'équilibre budgétaire plus forts qu'au cours des budgets précédents. Je crois que l'Etat est sur le bon chemin, pour les retours à l'équilibre. Ce n'est pas facile, parce que la croissance est moins forte, que ce qui avait été prévue. Vous savez qu'une partie de nos voisins sont aussi en panne de croissance. Je pense à nos grands clients que sont l'Allemagne, l'Italie. Voilà pourquoi, nous devons poursuivre cet effort.
Bien. G. Larcher est avec nous. Vous êtes très nombreux, Max,
Laurent, Bernard, Nicolas à vouloir l'interroger. Il va vous
répondre, il est 9 heures moins le quart et vous êtes sur RMC.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 juin 2005)
R- Bonjour.
Q- Merci d'être avec nous, quelles questions avez-vous envie de poser aux auditeurs
de RMC ?
R- D'abord une question qui est en direction du chômage des jeunes. Depuis trois semaines, j'ai la responsabilité de l'insertion professionnelle des jeunes, à la suite de L. Hénart qui a fait de l'excellent travail, mais je ne peux pas, ne pas regarder l'évolution du chômage des jeunes, comme une vraie interrogation posée à toute notre société. Elle est d'ailleurs posée dans l'ensemble des pays de l'Union européenne, à l'exception peut-être du Danemark ou de la Grande- Bretagne ou de l'Autriche qui ont su, eux, mieux régler cette question du chômage des jeunes. Alors le Premier ministre a annoncé une priorité dans la lutte contre le chômage des jeunes : depuis la semaine dernière, les 57.000 chômeurs de plus d'un an, de moins de 26 ans - c'est quand même une vraie interrogation - sont reçus par l'ANPE, individuellement. Un bilan sera fait avec eux et des propositions très concrètes - formation en alternance, stages, contrat dans le secteur marchand, c'est-à-dire dans le secteur économique, contrat d'accompagnement vers l'emploi jeune, et le Premier ministre l'a décidé d'en ouvrir 80.000, comme des parcours de retour vers l'emploi et puis pour les jeunes en très, très grande difficulté, ce qu'on appelle le CIVIS, c'est-à-dire une manière de revenir sur le chemin.
Q- Bien, alors la question que vous posez aux auditeurs : quelles mesures concrètes ?
R- Voilà, s'il y avait une autre mensure, nous sommes là dans une relation de dialogue. Parce que je crois que toutes les bonnes volontés sur C sujet-là ne sont pas de trop. Moi, je n'ai pas de certitude mais j'ai une vraie volonté, derrière J.-L. Borloo et le Premier ministre.
Q- Alors quelles mesures concrètes avez-vous, vous, auditeurs, pour l'emploi des jeunes, pour aider les jeunes à retrouver ou à trouver du boulot ? G. Larcher, vous savez que les auditeurs de RMC font régulièrement des propositions pour lutter contre le chômage et je vous soumettrai certaines des propositions des auditeurs de RMC tout à l'heure. On va en parler ensemble, on va parler des jeunes, on va parler des plus de 50 ans aussi, mais je voudrais que l'on commence tout de suite avec l'actualité et l'actualité, c'est C fameux contrat "nouvelle embauche" destinée aux très petites entreprises. 10 ou 20 salariés, G. Larcher ? Je crois que le Premier ministre a élargi. 20 salariés ?
R- Le Premier ministre a considéré que les petites et les très petites entreprises, c'était en dessous de 20 salariés et j'allais dire c'est dans la logique de son discours de politique générale.
Q- Donc 20 salariés, vous confirmez ?
R- Je pense que ce sera le seuil qui sera retenu. Naturellement, nous avons encore des consultations avec les partenaires sociaux. Car si à partir de demain, l'Assemblée nationale examine la loi d'habilitation, nous allons poursuivre tout au long du mois de juin et de juillet - les quelques jours de juin qui nous restent - les consultations avec les partenaires sociaux. Je réunirai le Comité Supérieur de l'Emploi, sans doute dans la deuxième partie de juillet, pour que cette consultation nous permette d'aller au fond des choses.
Q- Alors 20 salariés ça vous semble bien ? C'est mieux que 10, parce que ça permet d'élargir le système ?
R- Une vraie question, aujourd'hui, sur les entreprises de moins de 20 salariés, nous avions 500.000 CDD dont la moitié de moins d'un mois et l'autre moitié de moins de 4 mois et demi. La volonté du Premier ministre c'est de pérenniser l'emploi et non pas d'aller de CDD en CDD. Et je dois dire que c'est ça qu'il faut bien comprendre. Si on est satisfait d'un système où on entre que par petits boulots ou par contrats qui s'interrompent après un mois pour 50 % d'entre eux, après 4 mois et demi pour l'autre 50 %, j'allais dire ce n'est pas satisfaisant. Pour donner de la visibilité sur un contrat à durée indéterminée, il y a un processus de consolidation, contre la souplesse, ça va être le fruit des consultations. Le principe en était contenu dans le discours de politique générale de D. de Villepin. Avec J.-L. Borloo, nous examinerons avec les partenaires sociaux, les sécurités qu'il faut apporter...
Q- Alors justement, on va être concret : je suis salarié, je suis embauché par une entreprise de moins de 20 salariés et on me propose ce contrat "nouvelle embauche". Je peux être viré du jour au lendemain ?
R- J'ai un contrat "nouvelle embauche" et je peux d'abord décider de partir, si j'ai trouvé un nouvel emploi.
Q- Oui, si j'ai envie de partir oui, je peux partir, du jour au lendemain.
R- Je peux partir du jour au lendemain, encore faudra-t-il définir s'il y a une période de préavis ou pas.
Q- Voilà, vous êtes favorable à une période...
R- J'ai toujours dit que j'étais favorable à une période de préavis. Et imaginons que mon employeur décide de se séparer de moi, parce qu'il n'a plus le marché, par exemple, dans une petite entreprise, il n'a pas de visibilité économique. En fonction de la durée où j'aurais été dans l'entreprise après cette période de préavis, je bénéficierai d'un accompagnement particulier, en matière de reclassement. Comparable à ce qu'on a appelé - c'est un peu technique - la convention de reclassement personnalisée, c'est-à-dire un suivi, une formation et une aide spécifique au reclassement pour éviter que je ne m'installe dans la durée, j'allais dire au chômage. La deuxième des choses, c'est que sans aucun doute, j'aurais une indemnité. Là aussi ça fait partie des consultations...
Q- Il y a une indemnité ?
R- Oui, qui sera sans aucun doute à proportion de ma présence dans l'entreprise. Voilà des sujets sur lesquels nous dialoguons avec les partenaires sociaux...
Q- Mais vous êtes favorable, vous aussi, à une indemnité ?
R- Je suis pour ma part... Contre la souplesse nécessaire, il faut sécuriser. Je crois que c'est une "des recettes" entre guillemets que nous avions été voir avec l'ensemble des partenaires sociaux, dans les pays d'Europe du nord et je pense que cette démarche voulue par le Premier ministre, c'est priorité à l'emploi, mais en même temps, attention à C qu'il n'y ait pas de précarité nouvelle...
Q- Donc flexibilité mais en même temps protection. C'est ça l'idée ?
R- Mais c'est de ça, dont nous dialoguons avec les partenaires sociaux.
Q- Avec les partenaires sociaux, vous avez assoupli, allégé quand même le texte initial du Premier ministre ? Vous avez fait un pas vers les partenaires sociaux quand même G. Larcher ?
R- Le Premier ministre nous a demandé à J.-L. Borloo et moi-même, d'avoir ces consultations avec les partenaires sociaux. Il a dit, il l'a redit et donc quand on prend les thématiques du discours de politique générale, ces consultations nous les poursuivrons dans les semaines qui viennent.
Q- C'est la mort du CDI, c'est ce qu'ont dit certains, et c'est un CDI nouvelle manière ça ?
R- Je pense qu'au contraire c'est une manière d'entrer dans le CDI autrement que part CDD successifs car si l'entreprise et notamment la petite entreprise voit se développer son marché, elle pourra aller, en confiance, et pérenniser l'emploi et non pas, par crainte de procédures lourdes et compliquées, mettre fin à l'emploi. En diminuant parfois la peur des chefs d'entreprises et notamment des petites entreprises pourqui, vous savez, c'est quand même très compliqué, je crois que nous pouvons conforter l'emploi, en tous les cas sortir d'une espèce de spirale, dans lequel le CDD, ne conduisait pas à une réponse satisfaisante.
Q- Bien ! G. Larcher, on va parler maintenant des fonctionnaires. Tiens ! 5.000, j'ai vu l'annonce faite par le Gouvernement. C'était beaucoup plus sous J.-P. Raffarin. Que s'est-il passé entre-temps ?
R- Vous parlez de l'évolution du nombre de fonctionnaires ?
Q- Oui, le nombre de fonctionnaires. 5.000 en moins l'année prochaine, c'était beaucoup plus, plus de 10.000 sous J.-P. Raffarin ?
R- Je crois que la réforme de l'Etat doit être construite de manière concrète, en fonction de l'évolution de la décentralisation. On ne comprendrait pas qu'à un moment où nous poursuivons la décentralisation, l'Etat demeure, j'allais dire le même. En même temps, je dois dire l'Etat va faire un grand effort en direction notamment des jeunes et en direction du programme PAC ( ?), c'est-à-dire de l'entrée, dans la Fonction publique et dans la Fonction publique de l'Etat, dans la Fonction publique territoriale, dans la Fonction Publique hospitalière en y développant l'apprentissage et en même temps des voies pour ceux qui n'auraient pas pu, au départ, j'allais dire être candidat au concours de la Fonction publique. Donc, il y a aussi une vraie ouverture de la Fonction publique en direction des demandeurs d'emploi.
Q- Mais quand vous entendez T. Breton, dire " il faut que la France travaille, il faut remettre la France au travail " - c'est un peu C qu'il a dit -, on a besoin de ça, franchement, G. Larcher ? La France ne travaille pas aujourd'hui ?
R- Je pense que la France travaille, mais que nous avons besoin d'une plus grande mobilisation autour d'objectifs économiques. Je crois que ça fait partie de la priorité, c'est un défi à partager. Il ne s'agit pas de montrer du doigt, les uns ou les autres. Je vois aussi des entreprises qui sont extrêmement performantes, qu'elles soient grandes ou petites et dans lesquelles les Françaises et les Français travaillent. C'est vrai qu'il faut parfois être plus mobile, c'est notre tradition, notre tradition rurale. Je note d'ailleurs qu'un jeune sur cinq, c'est une étude du CEREC (phon), ont leur premier emploi en étant mobile. Voilà pourquoi, nous devons réfléchir aussi aux aides à la mobilité.
Q- L'incitation à la mobilité, c'est ce qu'on a annoncé le ministre de l'Economie et des Finances. Qu'est-ce que c'est ? Une exonération d'impôt ou des primes pour s'en aller travailler plus loin, à plus de 250 kilomètres de chez soi ?
R- Je voudrais d'abord dire, et nous le rappelions avec J.-L. Borloo, qu'il
existe déjà des aides.
Q- Oui, c'est vrai.
R- Qui sont très peu connues.
Q- C'est vrai.
R- Des aides auprès de l'Agence Nationale Pour l'Emploi et de l'UNEDIC et qui aident pour aller à un entretien d'embauche, pour aider à un déménagement, quand on a des longs trajets quotidiens, pour avoir repris un emploi, sur la prise en charge par l'UNEDIC d'un certain nombre de frais de transport pour en quelque sorte compenser cette espèce d'effort de mobilité. Donc je crois qu'il faut utiliser tous ces leviers là, aujourd'hui. Ce sera aussi le rôle des entretiens personnalisés avec ces 57 000 jeunes.
Q- Qu'est-ce que vous pourriez offrir de particulier à ceux qui accepteront d'aller travailler plus loin ?
R- Le Premier ministre a défini une priorité vers un certain nombre de métiers qui sont dit en tension pénurique. Il y a quand même un véritable paradoxe...
Q- C'est-à-dire le bâtiment, la restauration, tous ces métiers de service...
R- Il y a le bâtiment, il y a les métiers de service, il y a la restauration, mais il y a des secteurs par exemple, comme les transports ou la logistique, mais aussi l'électricité industrielle.
Q- Qu'est-ce que l'on pourrait offrir à celui qui va travailler loin ?
R- Le Premier ministre déjà, propose pour ces jeunes, sous forme de crédits d'impôts...
Q- Pour les jeunes uniquement ?
R- 1000 euros, pour aller vers les métiers pénuriques. On peut imaginer de renforcer des aides, notamment la mobilité de ces jeunes, en utilisant mieux les dispositifs ANPE et ASSEDIC et puis la réflexion qui est lancée conjointement par le Gouvernement sur le renforcement de cette aide à la mobilité. Nous constatons quand même, puisque je reçois actuellement les DRH de toutes les grandes entreprises françaises, pour examiner, comme je le fais avec les partenaires sociaux, comme je le fais avec les représentants des petites et moyennes entreprises, quelles priorités pour les jeunes, notamment dans le cadre de la formation en alternance, dans les contrats de professionnalisation et il m'est parfois souligné, je dois dire, la vérité, que parfois nous sommes encore peu mobiles. Une très grande entreprise me disait par exemple que pour des jeunes - et ils n'ont pas besoin d'être tous bac plus 5 ou bac plus 10 -, ils offrent des postes à l'étranger, qui leur permettent, dans le cadre d'une formation en alternance et au-delà de cette formation en alternance, de développer des compétences, et, j'allais dire, une attractivité pour eux-mêmes demain, très forte. Voilà pourquoi, avec l'espace ANPE international, nous allons développer aussi toutes ces offres dynamiques.
Q- On va parler de l'ANPE, on va revenir sur les jeunes, on va parler évidemment des plus de 50 ans, mais quand même, un mot encore sur les fonctionnaires. Sur la fonction publique, T. Breton quand même, nous disait, il y a une semaine que la France vivait au-dessus de ses moyens. Et voilà que l'Etat ne fait rien, finalement pour réduire ses dépenses ou très peu ? Très peu non ?
R- Je pense que pour la première fois, cher J.-J. Bourtin, nous allons avoir des retours à l'équilibre budgétaire plus forts qu'au cours des budgets précédents. Je crois que l'Etat est sur le bon chemin, pour les retours à l'équilibre. Ce n'est pas facile, parce que la croissance est moins forte, que ce qui avait été prévue. Vous savez qu'une partie de nos voisins sont aussi en panne de croissance. Je pense à nos grands clients que sont l'Allemagne, l'Italie. Voilà pourquoi, nous devons poursuivre cet effort.
Bien. G. Larcher est avec nous. Vous êtes très nombreux, Max,
Laurent, Bernard, Nicolas à vouloir l'interroger. Il va vous
répondre, il est 9 heures moins le quart et vous êtes sur RMC.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 juin 2005)