Texte intégral
2 septembre 2005
Incendies : les larmes des responsables
Après l'incendie du boulevard Vincent-Auriol à Paris qui a fait 17 morts dont 14 enfants, Chirac, Villepin, Borloo, Delanoë se sont empressés d'accourir auprès des survivants ou de faire des déclarations apitoyées. Pourtant ces hommes-là, Chirac, l'ancien maire de Paris, comme Delanoë, maire socialiste depuis quatre ans, sont responsables de l'incurie qui a conduit à ce drame. Un autre incendie dans le troisième arrondissement de Paris a fait 7 morts.
La plupart des familles qui vivaient dans l'immeuble du boulevard Vincent-Auriol avaient été logées là, provisoirement leur avait-on dit à l'époque, en 1991, après avoir campé quatre mois sur le chantier de la Bibliothèque de France. Le président de la République était alors Mitterrand, le chef du gouvernement était socialiste, le maire de Paris s'appelait Chirac. Durant ces quatorze années, bien des choses ont changé. Chirac est devenu président, la gauche et la droite ont alterné au gouvernement, la mairie de Paris a été gagnée par le Parti Socialiste, mais rien n'a été fait pour offrir une solution définitive à ces familles, qui vivaient dans un immeuble de plus en plus vétuste. Comme si reloger les occupants d'un immeuble de six étages était, dans une ville comme Paris, un problème insurmontable. De même que rénover tous les immeubles vétustes de Paris.
En avril dernier, après les 24 morts de l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra, les déclarations n'avaient pas manqué pour dire qu'il ne fallait plus revoir cela. Mais ce n'était que des discours pour la galerie.
Delanoë s'est plaint de ce que le gouvernement laissait les municipalités supporter toute la charge de ces problèmes. Et c'est vrai que ni Villepin, ni Raffarin, ni aucun de leurs prédécesseurs depuis des années (y compris ceux qui se disaient de gauche) n'ont fait quoi que ce soit pour procurer des logements décents aux mal-logés.
Mais lui, Delanoë, qu'a-t-il fait? N'avait-il aucun moyen d'agir depuis quatre ans? Que représente le relogement de quelques centaines de familles, par rapport aux sommes énormes dépensées pour la promotion des Jeux Olympiques de 2012 à Paris? Ou au coût des travaux pour transformer chaque été les quais de la Seine en "Paris plage", ou encore pour créer en ville des centaines de kilomètres de pistes cyclables, utiles peut-être, mais pas prioritaires par rapport aux urgences?
Il manque à Paris des milliers de logements accessibles aux travailleurs, en particulier à ceux dont les revenus sont les plus faibles et qui n'ont pas accès à la location commerciale privée. Construire pour les plus démunis, ou réhabiliter complètement pour ces hommes et ces femmes des immeubles anciens, n'intéresse pas les pouvoirs publics. Et la mairie de Paris, dirigée par un socialiste appuyé par des Verts et le PCF, comme la plupart des mairies de grandes villes, raisonne de la même manière. Elle avait de l'argent pour financer le projet "Paris 2012", auquel était associé le milliardaire Lagardère. Elle a fait passer ce projet, qui n'intéressait que les tour-opérateurs, les chaînes d'hôtels et les grands restaurants, avant les conditions dans lesquelles vivent les habitants de tous les immeubles vétustes.
Les 24 morts de l'hôtel Paris-Opéra avaient été suivis de bien des discours pleins de compassion, il y a quatre mois. Et rien n'a été fait ensuite. Qui nous garantit que les familles des 17 morts du boulevard Vincent-Auriol et des 7 morts du dernier incendie dans le 3e arrondissement auront droit à autre chose qu'à des promesses non tenues? Combien de morts faudra-t-il encore pour que les pouvoirs publics prennent des mesures pour assurer un logement décent à toutes ces familles et à toutes les autres dans la même situation?
Il y a bien des immeubles et des cas semblables à Paris. Les propriétaires, lorsqu'ils sont privés, ne font aucuns travaux sérieux et attendent que l'immeuble soit déclaré vétuste et dangereux, et que ce soit alors la police qui expulse les locataires. Les propriétaires peuvent alors revendre l'immeuble au prix du terrain, ce qui à Paris vaut une mine d'or.
Et cela en toute impunité, sous le regard indifférent d'hommes politiques qui n'ont de larmes qu'à cause de la fumée.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 2 septembre 2005)
9 septembre 2005
La Nouvelle-Orléans : le cyclone est naturel, la catastrophe est sociale
Des milliers de morts, plus de 10000 peut-être ! Le spectacle de désolation qu'offrent La Nouvelle-Orléans et sa région, dévastées par le cyclone, noyées sous les inondations, est bouleversant. Mais il y a de quoi être choqué aussi, révolté, devant la situation tragique de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants laissés pendant plusieurs jours sans eau et sans nourriture, de ces malades ou de ces vieux qui meurent sans soins.
La Nouvelle-Orléans, victime du cyclone, un phénomène naturel ? Oui, sans doute. Le cyclone a été un des plus violents dans la région depuis longtemps. Mais tous ceux qui sont morts ne sont pas seulement morts d'une catastrophe naturelle, mais aussi de l'incapacité du pays le plus riche du monde à y faire face.
Et d'abord, de prévoir et de prévenir. La ville, située dans une zone où les cyclones sont fréquents, se situe plusieurs mètres en dessous du niveau de la mer. Elle est entourée de digues, mais ces digues trop anciennes n'étaient même pas convenablement entretenues. Au fil des informations qui filtrent, on apprend que l'administration gouvernementale avait récemment refusé les crédits nécessaires à la réfection des digues et que les rapports successifs pour annoncer la catastrophe qu'un cyclone pouvait entraîner ont été enterrés sans suite.
Lorsque le cyclone allait frapper, les autorités ont certes donné l'ordre d'évacuer la ville. Mais l'ordre seulement, pas les moyens. Comment les plus pauvres, ceux qui n'avaient ni voiture pour partir, ni argent pour subvenir ailleurs à leurs besoins, auraient-ils pu quitter la ville ? Ce sont les plus pauvres de la ville, pour une large majorité des Noirs, qui ont été les victimes directes ou indirectes de l'inondation. Ce sont eux qui se sont retrouvés dans des centres de regroupement de fortune, un stade couvert, un centre de conférences, entassés les uns sur les autres, avec des malades, des mourants et des morts, dans la promiscuité, au milieu des excréments, sans approvisionnement, et sans que, pendant plusieurs jours, les dirigeants se préoccupent de leur sort.
Tous les témoins ont souligné la lenteur des secours et l'incapacité de l'État le plus puissant du monde à évacuer les victimes survivantes. Les États-Unis, qui ont déployé des merveilles de technologie pour bombarder l'Irak, pour y déplacer leurs troupes, se sont montrés en dessous de tout pour sauver leurs citoyens les plus pauvres. Pendant plusieurs jours, seuls patrouillaient les gardes nationaux, plus soucieux de tirer sur les pillards -des voyous parfois, mais souvent aussi des gens qui essayaient seulement de se nourrir ou de récupérer quelques bouteilles d'eau potable- que de venir au secours de la population.
Plusieurs catastrophes naturelles ont montré au cours de l'année, le tsunami de l'Asie du Sud-Est en particulier, à quel point les États des pays du Tiers-Monde étaient désarmés face à ces catastrophes. Mais le cyclone Katrina a montré que le TiersMonde se trouve, aussi, à l'intérieur des États-Unis. Et les pauvres de là-bas ont beau vivre dans le pays le plus riche, ils sont aussi abandonnés à eux-mêmes, aussi méprisés par leurs dirigeants, que le sont ceux des pays pauvres.
Le cyclone a été un phénomène naturel. Mais il a été aussi le révélateur des inégalités qui rongent la société et de son incapacité à réagir collectivement face à un désastre.
Les États-Unis sont l'incarnation même du système capitaliste. Ils possèdent, aussi, le plus de moyens. Ce système, si performant pour permettre à une minorité d'amasser de l'argent, vient de montrer, à La Nouvelle-Orléans, à quel point il est incapable d'organiser une action solidaire de la collectivité humaine face aux aléas de la nature.
Mais cette tragique démonstration ne vaut pas que pour les États-Unis. Même si on est à l'abri des cyclones ou des tornades, nulle part on n'est à l'abri du danger permanent que représente un système social où le profit individuel est roi, mais où les intérêts de la collectivité ne comptent pas.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 8 septembre 2005)
16 septembre 2005
Ensemble dans la lutte, oui ! Entente électorale derrière le PS, non !
La participation massive a montré une fois de plus que la fête de L'Humanité demeure le plus grand rassemblement populaire dans le pays. Et ceux qui s'y sont rendus partageaient, par-delà la diversité de leurs opinions, la dénonciation de la politique violemment anti-ouvrière du gouvernement.
Comment ne pas être choqué par le cynisme de la dernière proposition du ministre de l'Économie, qui prétend combattre le chômage en "favorisant la mobilité" des chômeurs ? Comme si un crédit d'impôt de 1500 euros suffisait pour qu'un chômeur à la recherche d'un travail abandonne son logement et déménage, au gré des besoins de main-d'oeuvre de l'hôtellerie ou du bâtiment !
Comment ne pas être écoeuré devant la petite comédie jouée entre le ministre de l'Économie et les dirigeants des trusts pétroliers ? Ceux-ci ont augmenté dans des proportions extravagantes le prix de l'essence et, pire encore, celui du fioul domestique. Ce faisant, ils encaissent des profits élevés comme jamais. Le ministre de l'Économie a fait mine de faire appel au "comportement citoyen" des trusts pétroliers, qui ont concédé une diminution de deux ou trois centimes sur l'essence - un dixième des hausses ! Et tout ce beau monde se congratule, pendant que les usagers trinquent !
Et il y a les multiples lois et ordonnances sur les retraites, sur la Sécurité sociale, sur le contrat "nouvelle embauche", qui s'attaquent toutes aux travailleurs et visent à laisser les mains libres au grand patronat pour licencier, bloquer les salaires, généraliser la précarité.
Que tout cela soit dénoncé dans un rassemblement populaire, cela fait plaisir.
Mais, au-delà de cette dénonciation, quelle perspective ? Le Parti Communiste veut apparaître comme le grand rassembleur de la gauche en vue des élections de 2007. Marie-George Buffet, se flattant "de la grande bataille du référendum qui avait infligé un sérieux revers à la droite et à tous les tenants de l'ordre établi" (ce revers n'a pourtant impressionné ni le gouvernement ni le patronat), propose de "faire la gauche ensemble", afin qu'elle puisse "chasser la droite".
Mais pourquoi donc la droite a-t-elle pu revenir en force, après cinq ans du gouvernement de Jospin ? Comment empêcher que la gauche ne recommence à gérer loyalement les affaires de la bourgeoisie, comme elle l'a toujours fait sous Mitterrand ou Jospin, avec ou sans ministres communistes ?
Si la droite a pu revenir au pouvoir et tenir le haut du pavé, c'est parce que la gauche au gouvernement s'est montrée incapable de défendre les travailleurs en quoi que ce soit, face aux licenciements et à l'avidité du patronat. En affichant son impuissance, elle a accrédité l'idée qu'il n'y avait rien à faire.
Mais à qui faire croire qu'avec Fabius, invité de marque à la fête de L'Humanité, ce serait mieux qu'avec Jospin ? Au-delà de Fabius, ce bourgeois qui, en tant que Premier ministre, n'a laissé aux travailleurs que de mauvais souvenirs, qui peut penser qu'un homme providentiel pourrait faire reculer le grand patronat ? L'économie et la société sont dominées par la grande bourgeoisie, qui peut faire tomber du jour au lendemain n'importe quel ministère. Même plein de bonnes intentions, un gouvernement ne peut contraindre les puissances d'argent à reculer qu'en s'appuyant sur une mobilisation exceptionnelle du monde du travail. Et qui peut espérer que les "présidentiables" socialistes, derrière lesquels le Parti Communiste s'apprête à s'aligner, soient bien intentionnés envers les travailleurs ?
La seule alternative à la politique d'aujourd'hui est que la classe ouvrière impose par sa mobilisation ses propres exigences. Une telle mobilisation ne viendra pas en un seul jour. Il faut que le monde du travail retrouve confiance en sa force.
La journée du 4 octobre, proposée par les directions syndicales, ne suffira pas pour faire reculer le gouvernement et le patronat, si elle reste sans lendemain. Mais elle peut être, elle doit être une occasion d'affirmer que de plus en plus de travailleurs sont convaincus que seule leur lutte collective représente un avenir.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 16 septembre 2005)
23 septembre 2005
La leçon, pour les travailleurs d'ici, des élections en Allemagne
La vie politique allemande s'organise autour de deux grands partis : un parti de droite, la CDU, et un parti dit de gauche, le Parti Social-Démocrate (SPD), qui se relaient au pouvoir depuis des décennies.
Depuis 1998 c'est le SPD, dirigé par Schröder, flanqué des Verts, qui gouverne. Pendant ses sept ans de pouvoir, le gouvernement social-démocrate allemand a mené la même politique que ses semblables, en Grande-Bretagne avec Blair ou en France avec Jospin. En invoquant la lutte contre le chômage, Schröder a multiplié les mesures contre les travailleurs et favorables au patronat. Il a facilité les licenciements et la flexibilité. Il a " réformé " le système de soins, en faisant payer plus les assurés et en diminuant les prestations. Il a réduit de manière drastique les allocations chômage et il a obligé les chômeurs à accepter n'importe quel travail ou des travaux d'intérêt général payés un euro de l'heure.
Résultat de cette politique dite de " modernisation " : baisse importante du pouvoir d'achat des salariés, sans que le chômage baisse pour autant. Près de 5 millions de chômeurs, 12% de la population active !
C'est le gouvernement socialiste lui-même qui, en démoralisant son propre électorat, a favorisé le retour de la droite. Plus grave encore, il a accrédité l'idée qu'il n'y a pas d'autre politique possible et que, même en Allemagne, la principale puissance économique d'Europe, il n'était plus possible de maintenir le niveau de vie des travailleurs ni leurs prestations sociales d'il y a vingt ou trente ans.
La droite n'a eu qu'à reprendre, avec plus de cynisme et moins d'hypocrisie, l'idée que plus les riches s'enrichissent, mieux le pays se porte, même s'il faut pour cela démolir les conditions d'existence des travailleurs. Un peu trop rassurés cependant par les sondages qui donnaient la CDU largement victorieuse, ses dirigeants se sont laissé aller à dire ce qu'ils comptaient faire, avant même d'avoir été élus. Schröder a été sauvé de la débâcle électorale complète par l'excès de cynisme de la droite, dont certains chefs proposaient, par exemple, un impôt unique sur le revenu à 25%, payé donc au même taux par un milliardaire et par un manuvre.
Après sept ans d'une politique anti-ouvrière, les dirigeants socialistes ont pu achever leur campagne électorale en affirmant : " Voyez, il peut y avoir pire que nous ".
Mais il n'est même pas dit que la CDU et le Parti Social-Démocrate ne se mettent pas d'accord sur un gouvernement de coalition, comme cela leur est déjà arrivé dans le passé, pour mener ensemble la même politique.
Le système politique n'est pas le même en Allemagne et en France. Mais ce qui se passe en Allemagne rappelle bien des choses d'ici et en préfigure d'autres.
En France aussi, la droite doit son retour triomphal au pouvoir aux cinq années de gouvernement Jospin, et Chirac son plébiscite de 2002 à l'appel honteux des dirigeants du PS et du PC à voter pour lui.
En France, c'est la droite qui mène la politique anti-ouvrière que mènent les " socialistes " Schröder en Allemagne et Blair en Grande-Bretagne. Cela favorisera-t-il la gauche en 2007 ? L'avenir le dira. Mais, même si cela arrivait, qu'est-ce que les travailleurs auraient à gagner à ce que les coups qu'on leur porte viennent de la gauche au lieu de la droite ?
Pour arrêter les coups, il n'y a rien à attendre des combinaisons qui se préparent à gauche. La seule alternative à la politique que mènent, en se relayant au gouvernement, la gauche et la droite, est la contre-offensive du monde du travail pour imposer ses exigences vitales au patronat comme à ceux qui sont au gouvernement.
Ce n'est certainement pas cela qui nous est proposé par les confédérations syndicales pour le 4 octobre. Mais si une journée de mobilisation, sans annoncer une suite, ne fera reculer ni le patronat ni le gouvernement, elle peut et elle doit être l'occasion pour les travailleurs d'affirmer dans la rue qu'ils n'attendent rien des charlatans politiques et qu'ils ne font confiance qu'à eux-mêmes.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 22 septembre 2005)
30 septembre 2005
L'unité, oui, mais tous ensemble dans la lutte !
Il ne se passe pas une semaine sans que le patronat ou le gouvernement porte de nouveaux coups contre les travailleurs. L'affaire Hewlett-Packard n'est pas une exception mais une illustration de l'attitude de tous les grands groupes capitalistes. Cette entreprise s'apprête à licencier plusieurs milliers de travailleurs alors pourtant qu'elle réalise des profits considérables et qu'elle a bénéficié des aides de l'État. Et Chirac d'avouer son impuissance en en appelant à la Commission de Bruxelles qui, à son tour, se déclare impuissante! Mais à côté de cette multinationale, dont la presse a largement parlé, combien d'entreprises qui suppriment des emplois tout en faisant des profits? Combien d'entre elles le font sans même que la presse en parle, s'agissant d'intérimaires?
Côté gouvernement, après les mesures infâmes contre les chômeurs, après le "contrat nouvelle embauche", les discours sur le déficit de la Sécurité sociale annoncent de nouveaux déremboursements et des prélèvements supplémentaires. Et le gouvernement, en même temps qu'il vide les poches des salariés et des chômeurs, fait des cadeaux fiscaux aux plus riches.
Ce gouvernement de droite est un des pires que les classes populaires aient subis depuis bien longtemps. Mais comment oublier que les mesures anti-ouvrières du gouvernement de Jospin ont préparé le terrain aux attaques plus graves de la droite? Comment oublier, alors que Le Pen n'aurait pu être élu de toute façon, que la gauche a fait voter pour Chirac à la présidentielle en lui donnant plus de moyens politiques pour mener la guerre contre les travailleurs ?
Tout cela, c'est du passé? Non, malheureusement. Car, non seulement la gauche a accrédité, lors de ses passages au gouvernement, l'idée qu'il n'y avait pas d'autre politique à mener qu'une politique favorable au grand patronat, mais elle se prépare à rééditer l'opération en proposant aux travailleurs comme seul horizon politique les élections de 2007. Mais c'est accepter par avance toutes les mesures anti-ouvrières que le gouvernement peut prendre d'ici là! C'est s'en remettre de nouveau à la loterie électorale où, entre un Sarkozy qui ressemble de plus en plus à Le Pen et dont on sait qu'il mènera la guerre contre les travailleurs, et un dignitaire socialiste sorti vainqueur du combat des chefs au PS et qui ne fera pas mieux que Jospin, les travailleurs seront perdants à tous les coups.
C'est désarmer les travailleurs en ôtant jusqu'à l'idée qu'ils puissent se défendre eux-mêmes !
Le patronat mène en permanence sa lutte de classe contre les travailleurs. Si les travailleurs ne mènent pas la leur, ils sont perdus. Le Parti Communiste a cessé, depuis longtemps, de défendre cette vérité élémentaire. Il entonne, de nouveau, la rengaine du rassemblement électoral de la gauche.
Mais, pour les travailleurs, le seul rassemblement qui vaille est celui du monde du travail dans la lutte. Les deux vagues de grèves les plus importantes des dernières décennies ont fait reculer, toutes les deux, des gouvernements de droite: de Gaulle en 1968 et Juppé en 1995. Remettre le sort des travailleurs au choix de l'électorat entre deux représentants de la bourgeoisie, l'un de gauche, l'autre de droite, c'est ne leur laisser que l'alternative d'être déçus dès le soir des élections, si c'est la droite qui l'emporte, ou dans les mois qui suivent si c'est la gauche.
Il n'y a pas d'autre issue pour les travailleurs que de contraindre les centrales syndicales à organiser des luttes et à les fusionner dans une lutte unique susceptible de frapper le grand patronat, là où il est sensible, dans ses profits.
Par-delà les arrière-pensées des confédérations syndicales qui appellent à une journée d'action le 4 octobre en se gardant bien d'annoncer une suite, il faut que les grèves soient nombreuses et les manifestations amplement suivies. C'est la seule façon de montrer que les travailleurs n'acceptent plus d'être lanternés d'élections en élections pendant que les grands trusts exhibent des milliards de profits en poussant les classes laborieuses à la misère.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 30 septembre 2005)
Incendies : les larmes des responsables
Après l'incendie du boulevard Vincent-Auriol à Paris qui a fait 17 morts dont 14 enfants, Chirac, Villepin, Borloo, Delanoë se sont empressés d'accourir auprès des survivants ou de faire des déclarations apitoyées. Pourtant ces hommes-là, Chirac, l'ancien maire de Paris, comme Delanoë, maire socialiste depuis quatre ans, sont responsables de l'incurie qui a conduit à ce drame. Un autre incendie dans le troisième arrondissement de Paris a fait 7 morts.
La plupart des familles qui vivaient dans l'immeuble du boulevard Vincent-Auriol avaient été logées là, provisoirement leur avait-on dit à l'époque, en 1991, après avoir campé quatre mois sur le chantier de la Bibliothèque de France. Le président de la République était alors Mitterrand, le chef du gouvernement était socialiste, le maire de Paris s'appelait Chirac. Durant ces quatorze années, bien des choses ont changé. Chirac est devenu président, la gauche et la droite ont alterné au gouvernement, la mairie de Paris a été gagnée par le Parti Socialiste, mais rien n'a été fait pour offrir une solution définitive à ces familles, qui vivaient dans un immeuble de plus en plus vétuste. Comme si reloger les occupants d'un immeuble de six étages était, dans une ville comme Paris, un problème insurmontable. De même que rénover tous les immeubles vétustes de Paris.
En avril dernier, après les 24 morts de l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra, les déclarations n'avaient pas manqué pour dire qu'il ne fallait plus revoir cela. Mais ce n'était que des discours pour la galerie.
Delanoë s'est plaint de ce que le gouvernement laissait les municipalités supporter toute la charge de ces problèmes. Et c'est vrai que ni Villepin, ni Raffarin, ni aucun de leurs prédécesseurs depuis des années (y compris ceux qui se disaient de gauche) n'ont fait quoi que ce soit pour procurer des logements décents aux mal-logés.
Mais lui, Delanoë, qu'a-t-il fait? N'avait-il aucun moyen d'agir depuis quatre ans? Que représente le relogement de quelques centaines de familles, par rapport aux sommes énormes dépensées pour la promotion des Jeux Olympiques de 2012 à Paris? Ou au coût des travaux pour transformer chaque été les quais de la Seine en "Paris plage", ou encore pour créer en ville des centaines de kilomètres de pistes cyclables, utiles peut-être, mais pas prioritaires par rapport aux urgences?
Il manque à Paris des milliers de logements accessibles aux travailleurs, en particulier à ceux dont les revenus sont les plus faibles et qui n'ont pas accès à la location commerciale privée. Construire pour les plus démunis, ou réhabiliter complètement pour ces hommes et ces femmes des immeubles anciens, n'intéresse pas les pouvoirs publics. Et la mairie de Paris, dirigée par un socialiste appuyé par des Verts et le PCF, comme la plupart des mairies de grandes villes, raisonne de la même manière. Elle avait de l'argent pour financer le projet "Paris 2012", auquel était associé le milliardaire Lagardère. Elle a fait passer ce projet, qui n'intéressait que les tour-opérateurs, les chaînes d'hôtels et les grands restaurants, avant les conditions dans lesquelles vivent les habitants de tous les immeubles vétustes.
Les 24 morts de l'hôtel Paris-Opéra avaient été suivis de bien des discours pleins de compassion, il y a quatre mois. Et rien n'a été fait ensuite. Qui nous garantit que les familles des 17 morts du boulevard Vincent-Auriol et des 7 morts du dernier incendie dans le 3e arrondissement auront droit à autre chose qu'à des promesses non tenues? Combien de morts faudra-t-il encore pour que les pouvoirs publics prennent des mesures pour assurer un logement décent à toutes ces familles et à toutes les autres dans la même situation?
Il y a bien des immeubles et des cas semblables à Paris. Les propriétaires, lorsqu'ils sont privés, ne font aucuns travaux sérieux et attendent que l'immeuble soit déclaré vétuste et dangereux, et que ce soit alors la police qui expulse les locataires. Les propriétaires peuvent alors revendre l'immeuble au prix du terrain, ce qui à Paris vaut une mine d'or.
Et cela en toute impunité, sous le regard indifférent d'hommes politiques qui n'ont de larmes qu'à cause de la fumée.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 2 septembre 2005)
9 septembre 2005
La Nouvelle-Orléans : le cyclone est naturel, la catastrophe est sociale
Des milliers de morts, plus de 10000 peut-être ! Le spectacle de désolation qu'offrent La Nouvelle-Orléans et sa région, dévastées par le cyclone, noyées sous les inondations, est bouleversant. Mais il y a de quoi être choqué aussi, révolté, devant la situation tragique de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants laissés pendant plusieurs jours sans eau et sans nourriture, de ces malades ou de ces vieux qui meurent sans soins.
La Nouvelle-Orléans, victime du cyclone, un phénomène naturel ? Oui, sans doute. Le cyclone a été un des plus violents dans la région depuis longtemps. Mais tous ceux qui sont morts ne sont pas seulement morts d'une catastrophe naturelle, mais aussi de l'incapacité du pays le plus riche du monde à y faire face.
Et d'abord, de prévoir et de prévenir. La ville, située dans une zone où les cyclones sont fréquents, se situe plusieurs mètres en dessous du niveau de la mer. Elle est entourée de digues, mais ces digues trop anciennes n'étaient même pas convenablement entretenues. Au fil des informations qui filtrent, on apprend que l'administration gouvernementale avait récemment refusé les crédits nécessaires à la réfection des digues et que les rapports successifs pour annoncer la catastrophe qu'un cyclone pouvait entraîner ont été enterrés sans suite.
Lorsque le cyclone allait frapper, les autorités ont certes donné l'ordre d'évacuer la ville. Mais l'ordre seulement, pas les moyens. Comment les plus pauvres, ceux qui n'avaient ni voiture pour partir, ni argent pour subvenir ailleurs à leurs besoins, auraient-ils pu quitter la ville ? Ce sont les plus pauvres de la ville, pour une large majorité des Noirs, qui ont été les victimes directes ou indirectes de l'inondation. Ce sont eux qui se sont retrouvés dans des centres de regroupement de fortune, un stade couvert, un centre de conférences, entassés les uns sur les autres, avec des malades, des mourants et des morts, dans la promiscuité, au milieu des excréments, sans approvisionnement, et sans que, pendant plusieurs jours, les dirigeants se préoccupent de leur sort.
Tous les témoins ont souligné la lenteur des secours et l'incapacité de l'État le plus puissant du monde à évacuer les victimes survivantes. Les États-Unis, qui ont déployé des merveilles de technologie pour bombarder l'Irak, pour y déplacer leurs troupes, se sont montrés en dessous de tout pour sauver leurs citoyens les plus pauvres. Pendant plusieurs jours, seuls patrouillaient les gardes nationaux, plus soucieux de tirer sur les pillards -des voyous parfois, mais souvent aussi des gens qui essayaient seulement de se nourrir ou de récupérer quelques bouteilles d'eau potable- que de venir au secours de la population.
Plusieurs catastrophes naturelles ont montré au cours de l'année, le tsunami de l'Asie du Sud-Est en particulier, à quel point les États des pays du Tiers-Monde étaient désarmés face à ces catastrophes. Mais le cyclone Katrina a montré que le TiersMonde se trouve, aussi, à l'intérieur des États-Unis. Et les pauvres de là-bas ont beau vivre dans le pays le plus riche, ils sont aussi abandonnés à eux-mêmes, aussi méprisés par leurs dirigeants, que le sont ceux des pays pauvres.
Le cyclone a été un phénomène naturel. Mais il a été aussi le révélateur des inégalités qui rongent la société et de son incapacité à réagir collectivement face à un désastre.
Les États-Unis sont l'incarnation même du système capitaliste. Ils possèdent, aussi, le plus de moyens. Ce système, si performant pour permettre à une minorité d'amasser de l'argent, vient de montrer, à La Nouvelle-Orléans, à quel point il est incapable d'organiser une action solidaire de la collectivité humaine face aux aléas de la nature.
Mais cette tragique démonstration ne vaut pas que pour les États-Unis. Même si on est à l'abri des cyclones ou des tornades, nulle part on n'est à l'abri du danger permanent que représente un système social où le profit individuel est roi, mais où les intérêts de la collectivité ne comptent pas.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 8 septembre 2005)
16 septembre 2005
Ensemble dans la lutte, oui ! Entente électorale derrière le PS, non !
La participation massive a montré une fois de plus que la fête de L'Humanité demeure le plus grand rassemblement populaire dans le pays. Et ceux qui s'y sont rendus partageaient, par-delà la diversité de leurs opinions, la dénonciation de la politique violemment anti-ouvrière du gouvernement.
Comment ne pas être choqué par le cynisme de la dernière proposition du ministre de l'Économie, qui prétend combattre le chômage en "favorisant la mobilité" des chômeurs ? Comme si un crédit d'impôt de 1500 euros suffisait pour qu'un chômeur à la recherche d'un travail abandonne son logement et déménage, au gré des besoins de main-d'oeuvre de l'hôtellerie ou du bâtiment !
Comment ne pas être écoeuré devant la petite comédie jouée entre le ministre de l'Économie et les dirigeants des trusts pétroliers ? Ceux-ci ont augmenté dans des proportions extravagantes le prix de l'essence et, pire encore, celui du fioul domestique. Ce faisant, ils encaissent des profits élevés comme jamais. Le ministre de l'Économie a fait mine de faire appel au "comportement citoyen" des trusts pétroliers, qui ont concédé une diminution de deux ou trois centimes sur l'essence - un dixième des hausses ! Et tout ce beau monde se congratule, pendant que les usagers trinquent !
Et il y a les multiples lois et ordonnances sur les retraites, sur la Sécurité sociale, sur le contrat "nouvelle embauche", qui s'attaquent toutes aux travailleurs et visent à laisser les mains libres au grand patronat pour licencier, bloquer les salaires, généraliser la précarité.
Que tout cela soit dénoncé dans un rassemblement populaire, cela fait plaisir.
Mais, au-delà de cette dénonciation, quelle perspective ? Le Parti Communiste veut apparaître comme le grand rassembleur de la gauche en vue des élections de 2007. Marie-George Buffet, se flattant "de la grande bataille du référendum qui avait infligé un sérieux revers à la droite et à tous les tenants de l'ordre établi" (ce revers n'a pourtant impressionné ni le gouvernement ni le patronat), propose de "faire la gauche ensemble", afin qu'elle puisse "chasser la droite".
Mais pourquoi donc la droite a-t-elle pu revenir en force, après cinq ans du gouvernement de Jospin ? Comment empêcher que la gauche ne recommence à gérer loyalement les affaires de la bourgeoisie, comme elle l'a toujours fait sous Mitterrand ou Jospin, avec ou sans ministres communistes ?
Si la droite a pu revenir au pouvoir et tenir le haut du pavé, c'est parce que la gauche au gouvernement s'est montrée incapable de défendre les travailleurs en quoi que ce soit, face aux licenciements et à l'avidité du patronat. En affichant son impuissance, elle a accrédité l'idée qu'il n'y avait rien à faire.
Mais à qui faire croire qu'avec Fabius, invité de marque à la fête de L'Humanité, ce serait mieux qu'avec Jospin ? Au-delà de Fabius, ce bourgeois qui, en tant que Premier ministre, n'a laissé aux travailleurs que de mauvais souvenirs, qui peut penser qu'un homme providentiel pourrait faire reculer le grand patronat ? L'économie et la société sont dominées par la grande bourgeoisie, qui peut faire tomber du jour au lendemain n'importe quel ministère. Même plein de bonnes intentions, un gouvernement ne peut contraindre les puissances d'argent à reculer qu'en s'appuyant sur une mobilisation exceptionnelle du monde du travail. Et qui peut espérer que les "présidentiables" socialistes, derrière lesquels le Parti Communiste s'apprête à s'aligner, soient bien intentionnés envers les travailleurs ?
La seule alternative à la politique d'aujourd'hui est que la classe ouvrière impose par sa mobilisation ses propres exigences. Une telle mobilisation ne viendra pas en un seul jour. Il faut que le monde du travail retrouve confiance en sa force.
La journée du 4 octobre, proposée par les directions syndicales, ne suffira pas pour faire reculer le gouvernement et le patronat, si elle reste sans lendemain. Mais elle peut être, elle doit être une occasion d'affirmer que de plus en plus de travailleurs sont convaincus que seule leur lutte collective représente un avenir.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 16 septembre 2005)
23 septembre 2005
La leçon, pour les travailleurs d'ici, des élections en Allemagne
La vie politique allemande s'organise autour de deux grands partis : un parti de droite, la CDU, et un parti dit de gauche, le Parti Social-Démocrate (SPD), qui se relaient au pouvoir depuis des décennies.
Depuis 1998 c'est le SPD, dirigé par Schröder, flanqué des Verts, qui gouverne. Pendant ses sept ans de pouvoir, le gouvernement social-démocrate allemand a mené la même politique que ses semblables, en Grande-Bretagne avec Blair ou en France avec Jospin. En invoquant la lutte contre le chômage, Schröder a multiplié les mesures contre les travailleurs et favorables au patronat. Il a facilité les licenciements et la flexibilité. Il a " réformé " le système de soins, en faisant payer plus les assurés et en diminuant les prestations. Il a réduit de manière drastique les allocations chômage et il a obligé les chômeurs à accepter n'importe quel travail ou des travaux d'intérêt général payés un euro de l'heure.
Résultat de cette politique dite de " modernisation " : baisse importante du pouvoir d'achat des salariés, sans que le chômage baisse pour autant. Près de 5 millions de chômeurs, 12% de la population active !
C'est le gouvernement socialiste lui-même qui, en démoralisant son propre électorat, a favorisé le retour de la droite. Plus grave encore, il a accrédité l'idée qu'il n'y a pas d'autre politique possible et que, même en Allemagne, la principale puissance économique d'Europe, il n'était plus possible de maintenir le niveau de vie des travailleurs ni leurs prestations sociales d'il y a vingt ou trente ans.
La droite n'a eu qu'à reprendre, avec plus de cynisme et moins d'hypocrisie, l'idée que plus les riches s'enrichissent, mieux le pays se porte, même s'il faut pour cela démolir les conditions d'existence des travailleurs. Un peu trop rassurés cependant par les sondages qui donnaient la CDU largement victorieuse, ses dirigeants se sont laissé aller à dire ce qu'ils comptaient faire, avant même d'avoir été élus. Schröder a été sauvé de la débâcle électorale complète par l'excès de cynisme de la droite, dont certains chefs proposaient, par exemple, un impôt unique sur le revenu à 25%, payé donc au même taux par un milliardaire et par un manuvre.
Après sept ans d'une politique anti-ouvrière, les dirigeants socialistes ont pu achever leur campagne électorale en affirmant : " Voyez, il peut y avoir pire que nous ".
Mais il n'est même pas dit que la CDU et le Parti Social-Démocrate ne se mettent pas d'accord sur un gouvernement de coalition, comme cela leur est déjà arrivé dans le passé, pour mener ensemble la même politique.
Le système politique n'est pas le même en Allemagne et en France. Mais ce qui se passe en Allemagne rappelle bien des choses d'ici et en préfigure d'autres.
En France aussi, la droite doit son retour triomphal au pouvoir aux cinq années de gouvernement Jospin, et Chirac son plébiscite de 2002 à l'appel honteux des dirigeants du PS et du PC à voter pour lui.
En France, c'est la droite qui mène la politique anti-ouvrière que mènent les " socialistes " Schröder en Allemagne et Blair en Grande-Bretagne. Cela favorisera-t-il la gauche en 2007 ? L'avenir le dira. Mais, même si cela arrivait, qu'est-ce que les travailleurs auraient à gagner à ce que les coups qu'on leur porte viennent de la gauche au lieu de la droite ?
Pour arrêter les coups, il n'y a rien à attendre des combinaisons qui se préparent à gauche. La seule alternative à la politique que mènent, en se relayant au gouvernement, la gauche et la droite, est la contre-offensive du monde du travail pour imposer ses exigences vitales au patronat comme à ceux qui sont au gouvernement.
Ce n'est certainement pas cela qui nous est proposé par les confédérations syndicales pour le 4 octobre. Mais si une journée de mobilisation, sans annoncer une suite, ne fera reculer ni le patronat ni le gouvernement, elle peut et elle doit être l'occasion pour les travailleurs d'affirmer dans la rue qu'ils n'attendent rien des charlatans politiques et qu'ils ne font confiance qu'à eux-mêmes.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 22 septembre 2005)
30 septembre 2005
L'unité, oui, mais tous ensemble dans la lutte !
Il ne se passe pas une semaine sans que le patronat ou le gouvernement porte de nouveaux coups contre les travailleurs. L'affaire Hewlett-Packard n'est pas une exception mais une illustration de l'attitude de tous les grands groupes capitalistes. Cette entreprise s'apprête à licencier plusieurs milliers de travailleurs alors pourtant qu'elle réalise des profits considérables et qu'elle a bénéficié des aides de l'État. Et Chirac d'avouer son impuissance en en appelant à la Commission de Bruxelles qui, à son tour, se déclare impuissante! Mais à côté de cette multinationale, dont la presse a largement parlé, combien d'entreprises qui suppriment des emplois tout en faisant des profits? Combien d'entre elles le font sans même que la presse en parle, s'agissant d'intérimaires?
Côté gouvernement, après les mesures infâmes contre les chômeurs, après le "contrat nouvelle embauche", les discours sur le déficit de la Sécurité sociale annoncent de nouveaux déremboursements et des prélèvements supplémentaires. Et le gouvernement, en même temps qu'il vide les poches des salariés et des chômeurs, fait des cadeaux fiscaux aux plus riches.
Ce gouvernement de droite est un des pires que les classes populaires aient subis depuis bien longtemps. Mais comment oublier que les mesures anti-ouvrières du gouvernement de Jospin ont préparé le terrain aux attaques plus graves de la droite? Comment oublier, alors que Le Pen n'aurait pu être élu de toute façon, que la gauche a fait voter pour Chirac à la présidentielle en lui donnant plus de moyens politiques pour mener la guerre contre les travailleurs ?
Tout cela, c'est du passé? Non, malheureusement. Car, non seulement la gauche a accrédité, lors de ses passages au gouvernement, l'idée qu'il n'y avait pas d'autre politique à mener qu'une politique favorable au grand patronat, mais elle se prépare à rééditer l'opération en proposant aux travailleurs comme seul horizon politique les élections de 2007. Mais c'est accepter par avance toutes les mesures anti-ouvrières que le gouvernement peut prendre d'ici là! C'est s'en remettre de nouveau à la loterie électorale où, entre un Sarkozy qui ressemble de plus en plus à Le Pen et dont on sait qu'il mènera la guerre contre les travailleurs, et un dignitaire socialiste sorti vainqueur du combat des chefs au PS et qui ne fera pas mieux que Jospin, les travailleurs seront perdants à tous les coups.
C'est désarmer les travailleurs en ôtant jusqu'à l'idée qu'ils puissent se défendre eux-mêmes !
Le patronat mène en permanence sa lutte de classe contre les travailleurs. Si les travailleurs ne mènent pas la leur, ils sont perdus. Le Parti Communiste a cessé, depuis longtemps, de défendre cette vérité élémentaire. Il entonne, de nouveau, la rengaine du rassemblement électoral de la gauche.
Mais, pour les travailleurs, le seul rassemblement qui vaille est celui du monde du travail dans la lutte. Les deux vagues de grèves les plus importantes des dernières décennies ont fait reculer, toutes les deux, des gouvernements de droite: de Gaulle en 1968 et Juppé en 1995. Remettre le sort des travailleurs au choix de l'électorat entre deux représentants de la bourgeoisie, l'un de gauche, l'autre de droite, c'est ne leur laisser que l'alternative d'être déçus dès le soir des élections, si c'est la droite qui l'emporte, ou dans les mois qui suivent si c'est la gauche.
Il n'y a pas d'autre issue pour les travailleurs que de contraindre les centrales syndicales à organiser des luttes et à les fusionner dans une lutte unique susceptible de frapper le grand patronat, là où il est sensible, dans ses profits.
Par-delà les arrière-pensées des confédérations syndicales qui appellent à une journée d'action le 4 octobre en se gardant bien d'annoncer une suite, il faut que les grèves soient nombreuses et les manifestations amplement suivies. C'est la seule façon de montrer que les travailleurs n'acceptent plus d'être lanternés d'élections en élections pendant que les grands trusts exhibent des milliards de profits en poussant les classes laborieuses à la misère.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 30 septembre 2005)