Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Le 14 décembre dernier, le Gouvernement a décidé de lancer un programme national de renouvellement urbain, doté de 6,2 milliards de francs et centré autour de 50 Grands Projets de Ville dont le site de Corbeil - Evry. L'objectif de ce programme est clair : la transformation profonde des quartiers les plus en difficulté de notre pays, leur intégration dans la ville et l'agglomération, et surtout l'insertion pleine et entière de leurs habitants dans la société.
Le Grand Projet de Ville, parce qu'il est avant tout un projet citoyen, constitue un outil pour lutter contre toute mise à l'index ou stigmatisation de telle ou telle partie de la population. Il s'agit de renforcer la volonté de vivre ensemble dans la différence, car, pour peu que nous le voulions tous sincèrement, la ville est source de richesse par sa diversité.
Je le dis clairement, les discours qui visent à opposer une partie de la population à une autre sont donc incompatibles avec les objectifs de la politique de la ville de ce gouvernement. Il est grand temps d'ailleurs que ces discours démagogiques cèdent la place au travail de terrain, à une transformation patiente mais déterminée des quartiers, tant de leur réalité sociale que de leur image. Cette ambition suppose une vision de l'avenir du quartier.
Elle nécessite un projet portant sur l'ensemble des dimensions sociales et urbaines. Elle passe par une amélioration du quotidien. La transformation urbaine lourde des grands ensembles doit être aujourd'hui reconnue comme une impérieuse nécessité.
Depuis deux ans, je ne cesse de le dire, il faut restructurer un certain nombre de quartiers qui ne sont plus adaptés à l'attente de la population et des acteurs économiques. Le plus souvent, nos grands ensembles n'ont connu aucun changement depuis 30 ou 40 ans. Ils sont restés figés, comme si leur forme urbaine traduisait la ville idéale atemporelle, la cité radieuse.
Mais la ville idéale pour ce gouvernement, c'est la ville démocratique, celle qui s'adapte en temps réel à l'attente des habitants, celle qui bouge. C'est pourquoi, même si les grands ensembles correspondaient il y a quarante ans à un vrai besoin pour résorber les bidonvilles, pour fournir un logement à la main d'uvre abondante venue de la campagne ou de l'étranger dont avaient besoin nos industries, aujourd'hui, cet urbanisme n'est plus adapté.
Dans nos villes, tous les quartiers que nous qualifions de " normaux " sont l'objet de construction - démolition, de remodelage urbain, sans choquer personne. Alors, si nous voulons que les habitants des quartiers les plus défavorisés soient considérés comme des citoyens comme les autres, leur cadre de vie doit pouvoir évoluer de la même manière.
Le travail sur le projet urbain des Tarterêts, effectué par Philippe PANERAI, ouvre des perspectives intéressantes. l'amélioration du lien physique entre le quartier et le centre ville pour désenclaver le territoire ; un meilleur développement économique par la valorisation des atouts du site. Et puis, il y est question de recomposition du bâti et de démolitions.
Là-dessus, que les choses soient claires, la démolition ne doit plus être un tabou dans nos quartiers. Le simple replâtrage ne suffit plus, ce n'est pas ce que souhaitent toutes celles et toutes ceux qui vivent dans nos quartiers. Il faut un cadre de vie digne pour tous, à l'intérieur comme à l'extérieur des logements.
Mais j'affirme avec la même détermination que la démolition ne doit pas être une fin en soi. Ce n'est qu'un outil au service du projet d'ensemble. L'objet de la démolition ne peut être simplement de dédensifier, ou pire encore de chasser les populations les plus précarisées d'une commune. La démolition n'a de sens que si elle s'inscrit dans un projet global visant à redonner aux habitants le sentiment de vivre une vie normale. Un tel projet suppose de donner à chaque espace un usage, et non de vivre au milieu d'un terrain vague. Faire mieux apparaître les frontières entre espace public et espace privé, comme c'est le cas dans toutes nos villes, est également indispensable.
Lorsqu'on sait que Paris est plus dense que les Tarterêts, on voit bien que c'est la forme urbaine qui est en cause, et non la densité. Mais, surtout, au-delà du projet urbain, il faut que le renouvellement de la ville soit au service d'un projet à vocation humaine, d'une transformation de la réalité sociale du quartier. La transformation urbaine peut certes résoudre les dysfonctionnements physiques du quartier, elle ne résoudra pas tous les problèmes des hommes et des femmes qui y vivent : le chômage, la précarité, les difficultés sociales et familiales, la discrimination à l'embauche, dans l'accès au logement ou les loisirs...
De la même manière, le renouvellement urbain ne pourra transformer l'image du quartier que si la réalité sociale évolue en parallèle, en devenant ainsi le symbole de la réussite. Le Grand Projet de Ville, ce sont aussi des engagements concrets pour que les hommes et les femmes qui vivent dans ce quartier voient leur vie s'améliorer au quotidien. Sur la sécurité, des évolutions positives ont déjà pu être enregistrées grâce au contrat local de sécurité et à l'action de tous les partenaires. Cet enjeu est central pour l'avenir des Tarterêts.
C'est pourquoi la réponse au sentiment d'injustice qu'éprouvent certains habitants, notamment les plus jeunes, ne peut pas être uniquement " tiens toi bien et sois heureux ". Le Logement Français, en tant que bailleur social majoritaire sur le quartier, a contribué positivement à cette évolution.
Je constate avec satisfaction que les engagements pris la société se sont traduits sur le terrain en termes de gestion de proximité, qu'il s'agisse de la présence d'une agence locale de gestion, du gardiennage ou de l'entretien. C'était d'ailleurs l'un des souhaits que j'avais exprimés dans le cadre de ce projet de démolition. En particulier, je tiens à saluer le travail des agents de tranquillité, dont le travail de prévention mais aussi de repérage des dysfonctionnements de gestion sur le quartier doit être souligné.
Certes, je peux regretter que tous les bailleurs sociaux sur le quartier n'en soient pas encore là. D'ailleurs, je réfléchis actuellement à une forme nouvelle de contractualisation entre l'Etat et les bailleurs qui pourra permettre sans doute d'améliorer cette situation à de nombreux endroits. Je tiens également à saluer l'engagement exemplaire du conseil général de l'Essonne, sous l'impulsion de son Président, Michel Berson, ainsi que du conseil régional d'Ile-de-France dans la nouvelle génération de contrats de ville.
Les services de l'Etat sous l'autorité du préfet se sont aussi mobilisés, rappelant clairement l'objectif central du projet, intégrer pleinement le quartier des Tarterêts à la ville. Je compte sur eux pour garantir, ici comme sur l'ensemble des sites de renouvellement urbain, le respect de la philosophie de ce programme.
L'Etat aura notamment à se mobiliser aux côtés des autres partenaires dans les domaines de l'éducation et de l'emploi, afin d'améliorer très concrètement les résultats en termes de réussite scolaire et de baisse du chomage. Rien ne serait pire en effet, au moment où notre pays va mieux, que de constater que l'écart se creuse entre les quartiers populaires et le reste du territoire.
Au-delà du projet urbain, un Grand Projet de Ville doit donc se fixer des objectifs de résultat et non pas seulement de moyens. Le Grand Projet de Ville, c'est aussi la vie quotidienne, la gestion du quartier et de ses équipements : faire que l'annexe de la bibliothèque ne soit pas fermée le mercredi matin, faire que le ramassage des ordures soit correctement assuré, soutenir le travail des associations du quartier. Il faut aussi des réponses à l'accompagnement des enfants en terme de crèches, de centres de loisirs.
Sortir le quartier par le haut suppose une volonté politique locale forte sur toutes ces dimensions du quotidien. Au moment où le projet de loi sur la solidarité et le renouvellement urbains est examiné par le Sénat, il faut aussi mieux se poser la question de la répartition du logement social.
Démolir dans les Tarterêts suppose des engagements de reconstruction dans le centre ville. Monsieur le Maire, il faut accélérer la réflexion sur ce sujet. La mixité sociale dans toutes ses dimensions ne peut pas se décréter en pensant seulement aux Tarterêts, elle doit être réfléchie sur l'ensemble de la commune et de l'agglomération. C'est pourquoi, le travail intercommunal avec Evry et la ville nouvelle est essentiel pour l'avenir de ce territoire et repose aussi sur une volonté politique, partagée cette fois.
Enfin, je terminerai mon propos en parlant du sujet qui m'est sans doute le plus cher : la démocratie locale. Monsieur le Maire, je vous l'ai déjà dit au début de cette opération, la concertation sur ce projet de démolition a été insuffisante. Il n'est pas imaginable à l'avenir que les habitants soient aussi peu associés à une décision de cette importance pour leur vie quotidienne.
Ce défaut de concertation, l'absence d'une vision d'avenir pour le quartier au moment de la prise de décisions, sont d'ailleurs les raisons pour lesquelles certaines familles n'ont jamais compris et donc accepté le choix qui a été fait. Depuis, dans la perspective du Grand Projet de Ville, je sais que des progrès ont été faits, et je sens aujourd'hui la volonté d'aller plus loin. Il le faudra.
En laissant toute sa place au débat démocratique local, en mettant en place de vrais modes de concertation, les attentes et les besoins des habitants émergeront. Car un grand projet de ville ne peut être seulement un puissant outil de financement. Il nécessite un saut qualitatif dans les objectifs politiques comme dans les objectifs locaux, qu'il s'agisse de la mixité sociale, de l'intégration des populations immigrées, de l'accès à la citoyenneté des jeunes français issus de l'immigration, du rôle des services publics, de la coopération entre les collectivités locales, de la participation des habitants, de l'évaluation démocratique.
Si j'ai voulu être parmi vous aujourd'hui, c'est pour réaffirmer avec force la volonté du Premier ministre de lutter contre la ségrégation dans nos villes, de combattre toutes les formes de l'exclusion sociale et urbaine. Je connais dans ce quartier la force du tissu associatif, et surtout les valeurs humaines de solidarité fortes qui irriguent sa vie quotidienne. Je suis sûr que les habitants et les associations ont le potentiel de faire bouger les choses. C'est en effet en croyant à la force de proposition des habitants des quartiers, en sachant la respecter et la faire vivre, que nous saurons réellement bâtir la ville renouvelée.
(Source http://www.ville.gouv.fr, le 14 avril 2000).
Le 14 décembre dernier, le Gouvernement a décidé de lancer un programme national de renouvellement urbain, doté de 6,2 milliards de francs et centré autour de 50 Grands Projets de Ville dont le site de Corbeil - Evry. L'objectif de ce programme est clair : la transformation profonde des quartiers les plus en difficulté de notre pays, leur intégration dans la ville et l'agglomération, et surtout l'insertion pleine et entière de leurs habitants dans la société.
Le Grand Projet de Ville, parce qu'il est avant tout un projet citoyen, constitue un outil pour lutter contre toute mise à l'index ou stigmatisation de telle ou telle partie de la population. Il s'agit de renforcer la volonté de vivre ensemble dans la différence, car, pour peu que nous le voulions tous sincèrement, la ville est source de richesse par sa diversité.
Je le dis clairement, les discours qui visent à opposer une partie de la population à une autre sont donc incompatibles avec les objectifs de la politique de la ville de ce gouvernement. Il est grand temps d'ailleurs que ces discours démagogiques cèdent la place au travail de terrain, à une transformation patiente mais déterminée des quartiers, tant de leur réalité sociale que de leur image. Cette ambition suppose une vision de l'avenir du quartier.
Elle nécessite un projet portant sur l'ensemble des dimensions sociales et urbaines. Elle passe par une amélioration du quotidien. La transformation urbaine lourde des grands ensembles doit être aujourd'hui reconnue comme une impérieuse nécessité.
Depuis deux ans, je ne cesse de le dire, il faut restructurer un certain nombre de quartiers qui ne sont plus adaptés à l'attente de la population et des acteurs économiques. Le plus souvent, nos grands ensembles n'ont connu aucun changement depuis 30 ou 40 ans. Ils sont restés figés, comme si leur forme urbaine traduisait la ville idéale atemporelle, la cité radieuse.
Mais la ville idéale pour ce gouvernement, c'est la ville démocratique, celle qui s'adapte en temps réel à l'attente des habitants, celle qui bouge. C'est pourquoi, même si les grands ensembles correspondaient il y a quarante ans à un vrai besoin pour résorber les bidonvilles, pour fournir un logement à la main d'uvre abondante venue de la campagne ou de l'étranger dont avaient besoin nos industries, aujourd'hui, cet urbanisme n'est plus adapté.
Dans nos villes, tous les quartiers que nous qualifions de " normaux " sont l'objet de construction - démolition, de remodelage urbain, sans choquer personne. Alors, si nous voulons que les habitants des quartiers les plus défavorisés soient considérés comme des citoyens comme les autres, leur cadre de vie doit pouvoir évoluer de la même manière.
Le travail sur le projet urbain des Tarterêts, effectué par Philippe PANERAI, ouvre des perspectives intéressantes. l'amélioration du lien physique entre le quartier et le centre ville pour désenclaver le territoire ; un meilleur développement économique par la valorisation des atouts du site. Et puis, il y est question de recomposition du bâti et de démolitions.
Là-dessus, que les choses soient claires, la démolition ne doit plus être un tabou dans nos quartiers. Le simple replâtrage ne suffit plus, ce n'est pas ce que souhaitent toutes celles et toutes ceux qui vivent dans nos quartiers. Il faut un cadre de vie digne pour tous, à l'intérieur comme à l'extérieur des logements.
Mais j'affirme avec la même détermination que la démolition ne doit pas être une fin en soi. Ce n'est qu'un outil au service du projet d'ensemble. L'objet de la démolition ne peut être simplement de dédensifier, ou pire encore de chasser les populations les plus précarisées d'une commune. La démolition n'a de sens que si elle s'inscrit dans un projet global visant à redonner aux habitants le sentiment de vivre une vie normale. Un tel projet suppose de donner à chaque espace un usage, et non de vivre au milieu d'un terrain vague. Faire mieux apparaître les frontières entre espace public et espace privé, comme c'est le cas dans toutes nos villes, est également indispensable.
Lorsqu'on sait que Paris est plus dense que les Tarterêts, on voit bien que c'est la forme urbaine qui est en cause, et non la densité. Mais, surtout, au-delà du projet urbain, il faut que le renouvellement de la ville soit au service d'un projet à vocation humaine, d'une transformation de la réalité sociale du quartier. La transformation urbaine peut certes résoudre les dysfonctionnements physiques du quartier, elle ne résoudra pas tous les problèmes des hommes et des femmes qui y vivent : le chômage, la précarité, les difficultés sociales et familiales, la discrimination à l'embauche, dans l'accès au logement ou les loisirs...
De la même manière, le renouvellement urbain ne pourra transformer l'image du quartier que si la réalité sociale évolue en parallèle, en devenant ainsi le symbole de la réussite. Le Grand Projet de Ville, ce sont aussi des engagements concrets pour que les hommes et les femmes qui vivent dans ce quartier voient leur vie s'améliorer au quotidien. Sur la sécurité, des évolutions positives ont déjà pu être enregistrées grâce au contrat local de sécurité et à l'action de tous les partenaires. Cet enjeu est central pour l'avenir des Tarterêts.
C'est pourquoi la réponse au sentiment d'injustice qu'éprouvent certains habitants, notamment les plus jeunes, ne peut pas être uniquement " tiens toi bien et sois heureux ". Le Logement Français, en tant que bailleur social majoritaire sur le quartier, a contribué positivement à cette évolution.
Je constate avec satisfaction que les engagements pris la société se sont traduits sur le terrain en termes de gestion de proximité, qu'il s'agisse de la présence d'une agence locale de gestion, du gardiennage ou de l'entretien. C'était d'ailleurs l'un des souhaits que j'avais exprimés dans le cadre de ce projet de démolition. En particulier, je tiens à saluer le travail des agents de tranquillité, dont le travail de prévention mais aussi de repérage des dysfonctionnements de gestion sur le quartier doit être souligné.
Certes, je peux regretter que tous les bailleurs sociaux sur le quartier n'en soient pas encore là. D'ailleurs, je réfléchis actuellement à une forme nouvelle de contractualisation entre l'Etat et les bailleurs qui pourra permettre sans doute d'améliorer cette situation à de nombreux endroits. Je tiens également à saluer l'engagement exemplaire du conseil général de l'Essonne, sous l'impulsion de son Président, Michel Berson, ainsi que du conseil régional d'Ile-de-France dans la nouvelle génération de contrats de ville.
Les services de l'Etat sous l'autorité du préfet se sont aussi mobilisés, rappelant clairement l'objectif central du projet, intégrer pleinement le quartier des Tarterêts à la ville. Je compte sur eux pour garantir, ici comme sur l'ensemble des sites de renouvellement urbain, le respect de la philosophie de ce programme.
L'Etat aura notamment à se mobiliser aux côtés des autres partenaires dans les domaines de l'éducation et de l'emploi, afin d'améliorer très concrètement les résultats en termes de réussite scolaire et de baisse du chomage. Rien ne serait pire en effet, au moment où notre pays va mieux, que de constater que l'écart se creuse entre les quartiers populaires et le reste du territoire.
Au-delà du projet urbain, un Grand Projet de Ville doit donc se fixer des objectifs de résultat et non pas seulement de moyens. Le Grand Projet de Ville, c'est aussi la vie quotidienne, la gestion du quartier et de ses équipements : faire que l'annexe de la bibliothèque ne soit pas fermée le mercredi matin, faire que le ramassage des ordures soit correctement assuré, soutenir le travail des associations du quartier. Il faut aussi des réponses à l'accompagnement des enfants en terme de crèches, de centres de loisirs.
Sortir le quartier par le haut suppose une volonté politique locale forte sur toutes ces dimensions du quotidien. Au moment où le projet de loi sur la solidarité et le renouvellement urbains est examiné par le Sénat, il faut aussi mieux se poser la question de la répartition du logement social.
Démolir dans les Tarterêts suppose des engagements de reconstruction dans le centre ville. Monsieur le Maire, il faut accélérer la réflexion sur ce sujet. La mixité sociale dans toutes ses dimensions ne peut pas se décréter en pensant seulement aux Tarterêts, elle doit être réfléchie sur l'ensemble de la commune et de l'agglomération. C'est pourquoi, le travail intercommunal avec Evry et la ville nouvelle est essentiel pour l'avenir de ce territoire et repose aussi sur une volonté politique, partagée cette fois.
Enfin, je terminerai mon propos en parlant du sujet qui m'est sans doute le plus cher : la démocratie locale. Monsieur le Maire, je vous l'ai déjà dit au début de cette opération, la concertation sur ce projet de démolition a été insuffisante. Il n'est pas imaginable à l'avenir que les habitants soient aussi peu associés à une décision de cette importance pour leur vie quotidienne.
Ce défaut de concertation, l'absence d'une vision d'avenir pour le quartier au moment de la prise de décisions, sont d'ailleurs les raisons pour lesquelles certaines familles n'ont jamais compris et donc accepté le choix qui a été fait. Depuis, dans la perspective du Grand Projet de Ville, je sais que des progrès ont été faits, et je sens aujourd'hui la volonté d'aller plus loin. Il le faudra.
En laissant toute sa place au débat démocratique local, en mettant en place de vrais modes de concertation, les attentes et les besoins des habitants émergeront. Car un grand projet de ville ne peut être seulement un puissant outil de financement. Il nécessite un saut qualitatif dans les objectifs politiques comme dans les objectifs locaux, qu'il s'agisse de la mixité sociale, de l'intégration des populations immigrées, de l'accès à la citoyenneté des jeunes français issus de l'immigration, du rôle des services publics, de la coopération entre les collectivités locales, de la participation des habitants, de l'évaluation démocratique.
Si j'ai voulu être parmi vous aujourd'hui, c'est pour réaffirmer avec force la volonté du Premier ministre de lutter contre la ségrégation dans nos villes, de combattre toutes les formes de l'exclusion sociale et urbaine. Je connais dans ce quartier la force du tissu associatif, et surtout les valeurs humaines de solidarité fortes qui irriguent sa vie quotidienne. Je suis sûr que les habitants et les associations ont le potentiel de faire bouger les choses. C'est en effet en croyant à la force de proposition des habitants des quartiers, en sachant la respecter et la faire vivre, que nous saurons réellement bâtir la ville renouvelée.
(Source http://www.ville.gouv.fr, le 14 avril 2000).