Déclaration de M. Henri Emmanuelli, député PS, sur le vote des Français contre le traité de Constitution européenne et sur la nécessité du retour à la cohésion au sein du parti socialiste, Paris le 29 mai 2005.

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Je suis fier de la France, des françaises, des français qui ont réaffirmé avec force la souveraineté populaire. Ils l'on fait envers et contre la mobilisation de tout l'appareil d'état jusqu'au au plus haut niveau, celle des principaux appareils politiques et parfois syndicaux, contre les vents d'une propagande unilatérale. Il faut prendre acte de ce les français se sont réappropriés la politique.
Une fois de plus dans leur longue histoire contrastée ils font la démonstration que lorsqu'elle se ressaisit la France se retrouve.
En votant NON, ils n'ont pas dit Non à l'Europe dont ils savent qu'elle reste notre avenir. Ils ont dit NON à l'Europe libérale qu'on voulait leur faire inscrire dans le marbre intangible d'une constitution avec la complicité de la sociale démocratie défaillante qui commet une erreur historique en renonçant à être le pôle progressiste de la construction politique européenne.
En disant NON, ils ont voulu préserver les chances d'une Europe puissance indépendante, démocratique et sociale. Ils ne seront pas isolés. Dans trois jours les Hollandais diront Non, eux aussi, comme le feraient sans doute les Britanniques si monsieur Blair avait le courage de les consulter rapidement.
Cette victoire du Non pose le problème de la légitimité du président de la République qui s'est abusivement engagé en affirmant qu'il n'y avait pas d'alternative. Il se trouve de ce fait largement discrédité pour représenter le point de vue de la France au conseil des ministres Européen. A fortiori pour renégocier. Cela pose d'ailleurs le problème du statut de ces traités inclus dans la Constitution et rejetés par le peuple français.
Ce NON répond également a ceux qui voulaient installer le libéralisme de manière irréversible en affirmant que désormais, le clivage pou ou anti l'Europe se substituait au clivage gauche - droite. Il apparaît au contraire que l'émergence d'une véritable force Euro-progressiste est nécessaire, face aux libéraux, pour structurer démocratiquement la construction politique européenne.
Ce Non pose enfin un problème au PS dont il doit sortir par le haut, dans la sérénité, le rassemblement et la responsabilité. Cela implique un délai de réflexion et la capacité de s'extraire des simples réflexes d'appareils .A l'évidence, la gauche a massivement voté pour le Non et la sociologie de ce vote crée des obligations auxquelles le Parti ne peut se soustraire. On ne peut laisser sans lendemain l'espérance et la dynamique puissante qui vient de renaître à gauche.
C'est pourquoi je suggère que toutes les forces de gauche réfléchissent à la possibilité de travailler à un programme de législature sur la base de leurs propositions respectives et que la ou le candidat de la gauche aux prochaines présidentielles soit désigné par une véritable primaire au sein de l'électorat de gauche qui se reconnaît dans les formations impliquées. Il faut, pour ne pas revivre le drame de 2002 donner la parole au peuple de gauche qui a seul la force nécessaire pour surmonter le sectarisme des appareils.


(Source http://www.nonsocialiste.fr, le 30 mai 2005)