Texte intégral
Q- Depuis hier soir, les chefs d'Etat et de gouvernement européens sont réunis à Bruxelles. C'est la première fois depuis les "non" français et néerlandais au référendum sur la Constitution. Hier, ils ont décidé d'une "pause" : on va attendre, dans les pays qui n'ont pas encore voté. Est-ce la solution de sagesse ?
R- Ils nous prévoient une pause pour nous expliquer le bien fondé de ce projet de traité constitutionnel. Je crois qu'ils n'ont pas bien compris le message des électeurs français, hollandais, la contestation antilibérale qui monte dans toute l'Union européenne... Nous voulons une autre Europe. Cette Europe a montré ses limites, elle a provoqué beaucoup de chômage, beaucoup de zones de pauvreté, elle a mis en concurrence des salariés, on l'a encore vu avec les délocalisations. Donc, il faut changer les fondements mêmes de l'Union européenne. Nous avons besoin d'une Europe du progrès social, de la démocratie. Donc, au lieu de nous faire faire "une pause" où l'on ne bouge pas, je propose que l'on utilise ce temps gagné pour organiser un très grand débat citoyen, populaire, dans toute l'Union européenne, qui pourrait ensuite, après avoir élaboré d'autres bases à l'Europe, se terminer par une grande consultation dans tous les pays de l'Union européenne.
Q- Ce que disait hier le président de l'Union européenne en exercice, J.-C. Juncker, c'est qu'il n'y aurait pas de renégociation. Donc, il n'est pas question de renégocier !
R- Mais ils ne peuvent pas continuer ce discours, parce qu'ils courent un risque : c'est qu'au fur et à mesure que les référendums se tiennent, le "non" gagne partout. Ils ne pourront pas rester sourds. Ou alors, on assisterait à une crise démocratique jamais vue au niveau de l'Union européenne, si, malgré la volonté des peuples, ils continuaient à nous imposer cette Europe libérale.
Q- Ce que disait V. Giscard d'Estaing, le père de la Constitution, c'est qu'il faut prendre son temps, voir un petit peu comment les choses évoluent, et puis, que, dans un an ou deux, on pourrait demander aux Français de se prononcer une nouvelle fois sur le traité. Qu'en pensez-vous ?
R- Mais le Président Giscard d'Estaing prend les Français pour des abrutis, qui n'auraient pas compris ce qu'il y avait dans le projet de traité constitutionnel, et donc, on va leur expliquer comme à des enfants, et puis, ils vont devenir sages et ils vont finir par voter le traité. Eh bien non, ce n'est pas cela ! Les Français ont voté en toute connaissance de cause : ils ne veulent pas de ce traité qui met un carcan libéral sur la construction européenne. Ils ont envie réellement que l'Union européenne se construise sur des bases de coopération, de co-développement, d'harmonisation sociale par le haut. Ce n'est pas C que l'on voit aujourd'hui.
Q- Autre idée, c'est celle de L. Fabius qui, lui, était pour le "non" à la Constitution. Il dit que l'on pourrait revoter sur les parties I et II, qui étaient des parties institutionnelles du traité, et puis abandonner la partie III, qui était la plus contestée, qui était la partie économique, et qui était aussi la plus libérale. Là-dessus, pouvez-vous être d'accord ?
R- Bien sûr qu'il faut abandonner la partie III, c'est clair ! Mais je crois que l'on a besoin d'améliorer les deux premières parties. Parce que, au niveau des institutions, il n'y avait vraiment pas de grand souffle démocratique dans ce qui nous était proposé. Le Parlement européen n'avait toujours pas l'initiative de la loi...
Q- Il y avait quand même le président, le ministre des Affaires étrangères, il y avait des avancées...
R- Mais le président était nommé par ses pairs, c'est une cooptation, donc il n'y avait pas vraiment de démocratie. Donc je crois qu'il faut renforcer le rôle du Parlement européen, renforcer le rôle des Assemblées nationales dans la construction européenne. Et puis la partie II, celle qui concerne la Charte des droits fondamentaux, il faut lui donner vraiment un souffle beaucoup plus important, beaucoup plus de droits, et il faut la rendre contraignante, c'est nécessaire, ce qui n'était pas le cas dans le projet de traité.
Q- Vous dites qu'il faut que la France retire sa signature du traité. Cela servira à quoi ?
R- Oui ! Nous avons eu un référendum, et en France, le référendum fait loi, puisque que c'est le peuple qui s'exprime. La majorité du peuple a dit qu'elle ne voulait pas de ce projet de traité constitutionnel. Il faut donc que dans un premier acte, le président de la République retire la signature, pour que le débat, de nouveau, se lève pour construire une autre Europe.
Q- Vous croyez qu'il va le faire ?
R- Il faudrait qu'il le fasse, c'est pourquoi nous étions dans la rue hier, pour manifester. Et puis, nous allons continuer : les collectifs pour le "non" se maintiennent dans toutes les communes, dans tous les départements, et ils vont continuer de se mobiliser dans ce sens.
Q- Qu'est-ce que J. Chirac doit dire aujourd'hui au sommet de Bruxelles ? Comment doit-il défendre les intérêts de la France, selon vous ?
R- Il doit dire à ses collègues qu'elles sont les raisons du vote non en France. Ces raisons, c'est le refus de cette Europe qui a mis les peuples en concurrence, où il y a eu un véritable dumping social, y compris entre les Etats, et le désir de voir une Europe se construire sur la base de l'égalité des citoyens européens, de l'accès de tous les citoyens européens aux mêmes droits sociaux, aux mêmes acquis.
Q- C'est ce qu'il a commencé à dire : il dit a qu'il fallait tenir compte du message des Français, donc vous lui en donnez acte.
R- On a eu raison de voter "non" alors, c'est bien !
Q- Le paradoxe du "non", quand même, c'est que celui qui sort le plus
renforcé du "non" français et du "non" néerlandais, c'est T. Blair,
qui apparaît comme l'homme le plus en forme à ce sommet de
Bruxelles. Et pourtant, c'est le plus libéral...
R- T. Blair n'est pas très en forme : il n'a pas été si bien élu que cela...
Q- Tout le monde dit qu'il est en position de force !
R- Oui, mais il n'a eu le courage d'affronter un référendum en Grande- Bretagne. Il a annulé le référendum qui était prévu parce qu'il n'était pas sûr du résultat. T. Blair, c'est un ultra-libéral, mais il est à l'image de l'Europe qu'on nous a construite. Et lorsque l'on voit se qui se passe autour du budget européen, on peut être inquiet. On a élargi l'Europe, on a une Europe à 25, mais on a une Europe à 25 avec le même budget. Donc on assiste à une sorte de bagarre entre marchands de tapis pour essayer de savoir qui va s'en sortir le mieux. Ce n'est pas comme cela qu'on peut construire l'Europe.
Q- Vous dites qu'il faut augmenter le budget européen, encore plus d'impôts ?
R- Il faut, en effet, réfléchir d'abord aux priorités au sein de l'Union européenne. Il faut, en effet, plus de moyens : lorsque l'on passe de 15 à 25, on ne peut pas faire avec le même budget...
Q- Mais plus de moyens, c'est plus d'impôts, et personne ne veut payer plus...
R- Mais je pense qu'il faut une réforme de la fiscalité. D'abord, il faut une harmonisation fiscale en Europe. Il faut une réforme de la fiscalité qui permette d'aller chercher l'argent inutile là où il est, dans les revenus financiers, dans les dividendes, pour le rendre utile dans les fonds structurels.
Q- En France, le Gouvernement a dit qu'il tenait compte du vote des Français. D. de Villepin met le paquet sur l'emploi. Pensez-vous que le message a été entendu ?
R- Pas du tout, parce qu'il dit qu'il fait cent jours pour l'emploi, mais il commence mal, avec des mesures qui sont des mesures de grande précarisation. Lorsque l'on propose - j'étais stupéfaite que l'on ose faire cela en France aujourd'hui ! - une période d'essai de deux ans pour une embauche ! Vous vous rendez compte dans quelle situation vont se trouver ces hommes et ces femmes qui vont être embauchés, et qui, pendant deux ans, ne sauront pas si le lendemain ils auront encore leur emploi ?! C'est indigne comme proposition !
Q- Ce que dit D. de Villepin, c'est que c'est mieux que pas d'emploi du tout.
R- C'est ça, le choix qu'il donne ?! Vous êtes au chômage, vous êtes, pendant deux ans, suspendu à l'essai ?! Mais ce n'est pas le code du travail français ! Je dirais que c'est une première ! C'est une remise en cause fondamentale de ce qu'est le contrat de travail en France.
Q- Est-ce que le "non" au référendum peut changer la donne à gauche ? Vous parliez de manifestation, hier, par exemple, et il y avait les Verts qui, pourtant, avaient appelé à voter "oui". Est-ce qu'une restructuration peut se faire à gauche ?
R- Je trouve que cela bouge à gauche parce qu'il y a eu un formidable débat. Est-ce que la gauche devait renoncer et se plier à ce traité libéral ou est-ce que la gauche devait résister et changer ? Une majorité d'électeurs de gauche nous a dit qu'il faut résister pour changer...
Q- Pas la direction du PS...
R- Ils ont un congrès, ils vont en débattre. Mais je pense que le message de électeurs de gauche a été clair et il faut que la direction du PS, comme tous les responsables à gauche, entendre aujourd'hui les Français. Ils attendent de nous une politique audacieuse, antilibérale, qui réponde vraiment à leurs aspirations, pas une politique mi-chèvre mi-choux. Donc il faut, je crois, que tout le monde l'entende.
Q- C'est possible avec les socialistes ?
R- C'est possible ! Je veux rassembler toute la gauche sur cette base, sur la base d'une politique de transformation sociale. On n'est pas encore au bout. La direction du PS a choisi pour l'instant le social libéralisme, mais je crois qu'on peut la faire bouger.
Q- Hier, vous avez dit que vous seriez peut-être candidate à l'élection présidentielle de 2007 - en tout cas, vous n'avez pas exclu cette hypothèse. Cela fait grincer des dents au PC, où beaucoup disent que rien n'est décidé. Maintenez-vous cette position ?
R- Le choix des communistes n'est pas celui-là. Le choix des communistes, c'est de dire construisons le rassemblement, et nous, dans ce rassemblement, nous sommes convaincus qu'une candidature Q- communiste peut être un atout.
Q- Et cette candidature, c'est la vôtre ou ce n'est pas la vôtre ?
R- Le débat, on a le temps de le mener. Pour l'instant, c'est la résistance au pouvoir et c'est la construction du rassemblement.
Q- Donc, vous n'êtes plus candidate pour l'instant, vous attendez ?
R- Ce n'est pas à l'ordre du jour, on a autre chose à faire !
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 juin 2005)
R- Ils nous prévoient une pause pour nous expliquer le bien fondé de ce projet de traité constitutionnel. Je crois qu'ils n'ont pas bien compris le message des électeurs français, hollandais, la contestation antilibérale qui monte dans toute l'Union européenne... Nous voulons une autre Europe. Cette Europe a montré ses limites, elle a provoqué beaucoup de chômage, beaucoup de zones de pauvreté, elle a mis en concurrence des salariés, on l'a encore vu avec les délocalisations. Donc, il faut changer les fondements mêmes de l'Union européenne. Nous avons besoin d'une Europe du progrès social, de la démocratie. Donc, au lieu de nous faire faire "une pause" où l'on ne bouge pas, je propose que l'on utilise ce temps gagné pour organiser un très grand débat citoyen, populaire, dans toute l'Union européenne, qui pourrait ensuite, après avoir élaboré d'autres bases à l'Europe, se terminer par une grande consultation dans tous les pays de l'Union européenne.
Q- Ce que disait hier le président de l'Union européenne en exercice, J.-C. Juncker, c'est qu'il n'y aurait pas de renégociation. Donc, il n'est pas question de renégocier !
R- Mais ils ne peuvent pas continuer ce discours, parce qu'ils courent un risque : c'est qu'au fur et à mesure que les référendums se tiennent, le "non" gagne partout. Ils ne pourront pas rester sourds. Ou alors, on assisterait à une crise démocratique jamais vue au niveau de l'Union européenne, si, malgré la volonté des peuples, ils continuaient à nous imposer cette Europe libérale.
Q- Ce que disait V. Giscard d'Estaing, le père de la Constitution, c'est qu'il faut prendre son temps, voir un petit peu comment les choses évoluent, et puis, que, dans un an ou deux, on pourrait demander aux Français de se prononcer une nouvelle fois sur le traité. Qu'en pensez-vous ?
R- Mais le Président Giscard d'Estaing prend les Français pour des abrutis, qui n'auraient pas compris ce qu'il y avait dans le projet de traité constitutionnel, et donc, on va leur expliquer comme à des enfants, et puis, ils vont devenir sages et ils vont finir par voter le traité. Eh bien non, ce n'est pas cela ! Les Français ont voté en toute connaissance de cause : ils ne veulent pas de ce traité qui met un carcan libéral sur la construction européenne. Ils ont envie réellement que l'Union européenne se construise sur des bases de coopération, de co-développement, d'harmonisation sociale par le haut. Ce n'est pas C que l'on voit aujourd'hui.
Q- Autre idée, c'est celle de L. Fabius qui, lui, était pour le "non" à la Constitution. Il dit que l'on pourrait revoter sur les parties I et II, qui étaient des parties institutionnelles du traité, et puis abandonner la partie III, qui était la plus contestée, qui était la partie économique, et qui était aussi la plus libérale. Là-dessus, pouvez-vous être d'accord ?
R- Bien sûr qu'il faut abandonner la partie III, c'est clair ! Mais je crois que l'on a besoin d'améliorer les deux premières parties. Parce que, au niveau des institutions, il n'y avait vraiment pas de grand souffle démocratique dans ce qui nous était proposé. Le Parlement européen n'avait toujours pas l'initiative de la loi...
Q- Il y avait quand même le président, le ministre des Affaires étrangères, il y avait des avancées...
R- Mais le président était nommé par ses pairs, c'est une cooptation, donc il n'y avait pas vraiment de démocratie. Donc je crois qu'il faut renforcer le rôle du Parlement européen, renforcer le rôle des Assemblées nationales dans la construction européenne. Et puis la partie II, celle qui concerne la Charte des droits fondamentaux, il faut lui donner vraiment un souffle beaucoup plus important, beaucoup plus de droits, et il faut la rendre contraignante, c'est nécessaire, ce qui n'était pas le cas dans le projet de traité.
Q- Vous dites qu'il faut que la France retire sa signature du traité. Cela servira à quoi ?
R- Oui ! Nous avons eu un référendum, et en France, le référendum fait loi, puisque que c'est le peuple qui s'exprime. La majorité du peuple a dit qu'elle ne voulait pas de ce projet de traité constitutionnel. Il faut donc que dans un premier acte, le président de la République retire la signature, pour que le débat, de nouveau, se lève pour construire une autre Europe.
Q- Vous croyez qu'il va le faire ?
R- Il faudrait qu'il le fasse, c'est pourquoi nous étions dans la rue hier, pour manifester. Et puis, nous allons continuer : les collectifs pour le "non" se maintiennent dans toutes les communes, dans tous les départements, et ils vont continuer de se mobiliser dans ce sens.
Q- Qu'est-ce que J. Chirac doit dire aujourd'hui au sommet de Bruxelles ? Comment doit-il défendre les intérêts de la France, selon vous ?
R- Il doit dire à ses collègues qu'elles sont les raisons du vote non en France. Ces raisons, c'est le refus de cette Europe qui a mis les peuples en concurrence, où il y a eu un véritable dumping social, y compris entre les Etats, et le désir de voir une Europe se construire sur la base de l'égalité des citoyens européens, de l'accès de tous les citoyens européens aux mêmes droits sociaux, aux mêmes acquis.
Q- C'est ce qu'il a commencé à dire : il dit a qu'il fallait tenir compte du message des Français, donc vous lui en donnez acte.
R- On a eu raison de voter "non" alors, c'est bien !
Q- Le paradoxe du "non", quand même, c'est que celui qui sort le plus
renforcé du "non" français et du "non" néerlandais, c'est T. Blair,
qui apparaît comme l'homme le plus en forme à ce sommet de
Bruxelles. Et pourtant, c'est le plus libéral...
R- T. Blair n'est pas très en forme : il n'a pas été si bien élu que cela...
Q- Tout le monde dit qu'il est en position de force !
R- Oui, mais il n'a eu le courage d'affronter un référendum en Grande- Bretagne. Il a annulé le référendum qui était prévu parce qu'il n'était pas sûr du résultat. T. Blair, c'est un ultra-libéral, mais il est à l'image de l'Europe qu'on nous a construite. Et lorsque l'on voit se qui se passe autour du budget européen, on peut être inquiet. On a élargi l'Europe, on a une Europe à 25, mais on a une Europe à 25 avec le même budget. Donc on assiste à une sorte de bagarre entre marchands de tapis pour essayer de savoir qui va s'en sortir le mieux. Ce n'est pas comme cela qu'on peut construire l'Europe.
Q- Vous dites qu'il faut augmenter le budget européen, encore plus d'impôts ?
R- Il faut, en effet, réfléchir d'abord aux priorités au sein de l'Union européenne. Il faut, en effet, plus de moyens : lorsque l'on passe de 15 à 25, on ne peut pas faire avec le même budget...
Q- Mais plus de moyens, c'est plus d'impôts, et personne ne veut payer plus...
R- Mais je pense qu'il faut une réforme de la fiscalité. D'abord, il faut une harmonisation fiscale en Europe. Il faut une réforme de la fiscalité qui permette d'aller chercher l'argent inutile là où il est, dans les revenus financiers, dans les dividendes, pour le rendre utile dans les fonds structurels.
Q- En France, le Gouvernement a dit qu'il tenait compte du vote des Français. D. de Villepin met le paquet sur l'emploi. Pensez-vous que le message a été entendu ?
R- Pas du tout, parce qu'il dit qu'il fait cent jours pour l'emploi, mais il commence mal, avec des mesures qui sont des mesures de grande précarisation. Lorsque l'on propose - j'étais stupéfaite que l'on ose faire cela en France aujourd'hui ! - une période d'essai de deux ans pour une embauche ! Vous vous rendez compte dans quelle situation vont se trouver ces hommes et ces femmes qui vont être embauchés, et qui, pendant deux ans, ne sauront pas si le lendemain ils auront encore leur emploi ?! C'est indigne comme proposition !
Q- Ce que dit D. de Villepin, c'est que c'est mieux que pas d'emploi du tout.
R- C'est ça, le choix qu'il donne ?! Vous êtes au chômage, vous êtes, pendant deux ans, suspendu à l'essai ?! Mais ce n'est pas le code du travail français ! Je dirais que c'est une première ! C'est une remise en cause fondamentale de ce qu'est le contrat de travail en France.
Q- Est-ce que le "non" au référendum peut changer la donne à gauche ? Vous parliez de manifestation, hier, par exemple, et il y avait les Verts qui, pourtant, avaient appelé à voter "oui". Est-ce qu'une restructuration peut se faire à gauche ?
R- Je trouve que cela bouge à gauche parce qu'il y a eu un formidable débat. Est-ce que la gauche devait renoncer et se plier à ce traité libéral ou est-ce que la gauche devait résister et changer ? Une majorité d'électeurs de gauche nous a dit qu'il faut résister pour changer...
Q- Pas la direction du PS...
R- Ils ont un congrès, ils vont en débattre. Mais je pense que le message de électeurs de gauche a été clair et il faut que la direction du PS, comme tous les responsables à gauche, entendre aujourd'hui les Français. Ils attendent de nous une politique audacieuse, antilibérale, qui réponde vraiment à leurs aspirations, pas une politique mi-chèvre mi-choux. Donc il faut, je crois, que tout le monde l'entende.
Q- C'est possible avec les socialistes ?
R- C'est possible ! Je veux rassembler toute la gauche sur cette base, sur la base d'une politique de transformation sociale. On n'est pas encore au bout. La direction du PS a choisi pour l'instant le social libéralisme, mais je crois qu'on peut la faire bouger.
Q- Hier, vous avez dit que vous seriez peut-être candidate à l'élection présidentielle de 2007 - en tout cas, vous n'avez pas exclu cette hypothèse. Cela fait grincer des dents au PC, où beaucoup disent que rien n'est décidé. Maintenez-vous cette position ?
R- Le choix des communistes n'est pas celui-là. Le choix des communistes, c'est de dire construisons le rassemblement, et nous, dans ce rassemblement, nous sommes convaincus qu'une candidature Q- communiste peut être un atout.
Q- Et cette candidature, c'est la vôtre ou ce n'est pas la vôtre ?
R- Le débat, on a le temps de le mener. Pour l'instant, c'est la résistance au pouvoir et c'est la construction du rassemblement.
Q- Donc, vous n'êtes plus candidate pour l'instant, vous attendez ?
R- Ce n'est pas à l'ordre du jour, on a autre chose à faire !
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 juin 2005)