Texte intégral
Q - (Sur la candidature de Paris à l'organisation des Jeux Olympiques de 2012)
R - De part le travail qui a été fait, à la fois par la Ville de Paris et par l'Etat français, - travail très complémentaire d'ailleurs, au-delà de tout clivage -, et surtout avec le président de la République, qui connaît parfaitement le dossier, je pense que nous l'emporterons.
Q - Il y a quand même encore une "guéguerre" franco-britannique là-dessus ?
R - Ce n'est pas une guerre, c'est une compétition. Ne confondons pas compétition et guerre.
Q - Pour en venir à l'Europe, Tony Blair ce matin devant le Parlement européen répète : "il faut moderniser l'Europe, investir dans la recherche, les nouvelles technologies". Qu'est-ce que vous en pensez ?
R - Le vrai débat européen aujourd'hui est de savoir si l'on veut moins d'Europe - une zone de libre-échange, simplement commerciale, avec peu de politiques communes, ou alors si l'on veut plus d'Europe, avec une Europe politique qui peut être en compétition avec les Etats-Unis, avec la Chine et l'Inde. C'est cela notre vision, celle du président de la République. C'est aussi celle de la plupart de ceux qui sont autour de la table. Alors la question n'est pas celle d'un débat entre les "modernes" et les "anciens" ; nous aussi nous voulons plus de politique de recherche, nous voulons que le budget consacre plus d'argent à l'innovation, aux biotechnologies, aux nanotechnologies ; la question n'est pas là. C'est un problème de communication, pas un problème de fond : tout le monde est d'accord pour plus de recherche. La question est : est-ce que nous voulons plus d'Europe, ou moins d'Europe ? J'espère que le débat actuel entre le Royaume-Uni et les autres pays n'est pas celui-là. Cela voudrait dire que, sous présidence britannique, on courrait un risque de délitement européen. Je ne veux pas le croire.
Q - Depuis la fin du sommet, vous-même, le Premier ministre, le président de la République, vous avez sévèrement attaqué les Britanniques. Qu'est-ce que vous attendez de la présidence britannique, comment va se passer cette présidence, est-ce que la France va aider les Britanniques ou au contraire essayer de les contrer ?
R - La discussion n'est pas entre un pays et un autre. La discussion est la suivante : voulons-nous ou pas, face aux Etats-Unis d'Amérique, à la Chine, à l'Inde, au Brésil, à tous ces pôles de la planète, jouer un rôle de puissance politique en termes de défense, de recherche, en termes industriels ? C'est cela la question. Nous souhaitons dire fortement qu'il faut plus de politiques intégrées pour la recherche, plus de politiques intégrées pour la lutte contre l'immigration clandestine, plus de politiques industrielles publiques. C'est cela qu'il faut, et non pas détricoter l'Europe. C'est en mettant la discussion à ce niveau-là que la présidence britannique devra, en effet, uvrer dans l'union politique. Et j'ai vu avec plaisir ce matin que M. Blair, disait au Parlement européen, qu'il n'était pas question pour lui de remettre en cause la Politique agricole commune.
Q - En même temps, il semble juger nécessaire une révision de l'exercice financier à venir, en tous cas dans sa deuxième partie. C'est oui ou c'est non ?
R - Nous souhaitons que l'Union européenne puisse avoir un budget axé sur la recherche, sur les dépenses d'avenir et d'innovation, tout en disant que la Politique agricole commune - une politique agricole pour un continent -, est une chance absolue. Etre auto-suffisant, être indépendant sur le plan alimentaire, être sûr que l'alimentation est en toute sécurité, c'est un enjeu majeur pour un continent. M. Bush, lui, s'occupe de la politique agricole américaine : il dit que les deux armes commerciales des Etats-Unis sont l'industrie et la recherche d'un côté, et l'agriculture de l'autre. Il ne viendrait pas à l'esprit d'un seul Américain de remettre en cause la politique agricole américaine. Nous devons faire pareil en Europe, mais nous devons aussi augmenter notre budget sur la recherche, c'est sûr.
Quand faut-il le faire? Il y a un paquet 2007-2013 ; nous avons tous, autour de la table, accepté que la Politique agricole commune soit définie de 2007 à 2013. Les Britanniques se sont engagés, en octobre 2002, sur un budget européen agricole. Les engagements en politique doivent toujours être respectés, surtout lorsqu'il y a des millions de personnes derrière, des chefs d'entreprise, des chefs d'exploitation, qui savent qu'il y aura une règle du jeu jusqu'en 2013. Personne n'a le droit de remettre cela en cause. Après 2013, il est normal que nous revoyions la structure du budget européen, mais sans remettre en cause ce qui fait l'indépendance de notre continent, c'est-à-dire l'agriculture, comme la recherche et les autres sujets industriels.
Q - Quand on entend cela, on se dit que les Britanniques vont sans doute avoir du mal à trouver un accord budgétaire dans les six mois à venir.
R - Quand on est président de l'Union européenne, il y a toujours des réalités. La réalité, c'est faire un compromis, c'est faire vivre l'union politique européenne. Vous savez, l'Union européenne est une vieille idée et, en même temps, elle n'a jamais été aussi moderne. Jamais on aura eu besoin de l'Europe autant qu'aujourd'hui par rapport aux nouvelles émergences du monde. Les Britanniques doivent avoir un principe de réalité et continuer l'Europe politique.
Q - Est-ce que la France va aider les Britanniques à remettre l'Europe en route ?
R - La France sera toujours aux côtés de ceux qui défendent la construction européenne. Nous n'avons aucun ressentiment, nous exposons simplement notre vision. Que ce soit pour le G8 sous présidence britannique, que ce soit pour l'Union européenne sous présidence britannique, les Français joueront toujours un jeu positif et jamais, ni la politique de la chaise vide, ni celle d'un ressentiment quelconque.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2005)
R - De part le travail qui a été fait, à la fois par la Ville de Paris et par l'Etat français, - travail très complémentaire d'ailleurs, au-delà de tout clivage -, et surtout avec le président de la République, qui connaît parfaitement le dossier, je pense que nous l'emporterons.
Q - Il y a quand même encore une "guéguerre" franco-britannique là-dessus ?
R - Ce n'est pas une guerre, c'est une compétition. Ne confondons pas compétition et guerre.
Q - Pour en venir à l'Europe, Tony Blair ce matin devant le Parlement européen répète : "il faut moderniser l'Europe, investir dans la recherche, les nouvelles technologies". Qu'est-ce que vous en pensez ?
R - Le vrai débat européen aujourd'hui est de savoir si l'on veut moins d'Europe - une zone de libre-échange, simplement commerciale, avec peu de politiques communes, ou alors si l'on veut plus d'Europe, avec une Europe politique qui peut être en compétition avec les Etats-Unis, avec la Chine et l'Inde. C'est cela notre vision, celle du président de la République. C'est aussi celle de la plupart de ceux qui sont autour de la table. Alors la question n'est pas celle d'un débat entre les "modernes" et les "anciens" ; nous aussi nous voulons plus de politique de recherche, nous voulons que le budget consacre plus d'argent à l'innovation, aux biotechnologies, aux nanotechnologies ; la question n'est pas là. C'est un problème de communication, pas un problème de fond : tout le monde est d'accord pour plus de recherche. La question est : est-ce que nous voulons plus d'Europe, ou moins d'Europe ? J'espère que le débat actuel entre le Royaume-Uni et les autres pays n'est pas celui-là. Cela voudrait dire que, sous présidence britannique, on courrait un risque de délitement européen. Je ne veux pas le croire.
Q - Depuis la fin du sommet, vous-même, le Premier ministre, le président de la République, vous avez sévèrement attaqué les Britanniques. Qu'est-ce que vous attendez de la présidence britannique, comment va se passer cette présidence, est-ce que la France va aider les Britanniques ou au contraire essayer de les contrer ?
R - La discussion n'est pas entre un pays et un autre. La discussion est la suivante : voulons-nous ou pas, face aux Etats-Unis d'Amérique, à la Chine, à l'Inde, au Brésil, à tous ces pôles de la planète, jouer un rôle de puissance politique en termes de défense, de recherche, en termes industriels ? C'est cela la question. Nous souhaitons dire fortement qu'il faut plus de politiques intégrées pour la recherche, plus de politiques intégrées pour la lutte contre l'immigration clandestine, plus de politiques industrielles publiques. C'est cela qu'il faut, et non pas détricoter l'Europe. C'est en mettant la discussion à ce niveau-là que la présidence britannique devra, en effet, uvrer dans l'union politique. Et j'ai vu avec plaisir ce matin que M. Blair, disait au Parlement européen, qu'il n'était pas question pour lui de remettre en cause la Politique agricole commune.
Q - En même temps, il semble juger nécessaire une révision de l'exercice financier à venir, en tous cas dans sa deuxième partie. C'est oui ou c'est non ?
R - Nous souhaitons que l'Union européenne puisse avoir un budget axé sur la recherche, sur les dépenses d'avenir et d'innovation, tout en disant que la Politique agricole commune - une politique agricole pour un continent -, est une chance absolue. Etre auto-suffisant, être indépendant sur le plan alimentaire, être sûr que l'alimentation est en toute sécurité, c'est un enjeu majeur pour un continent. M. Bush, lui, s'occupe de la politique agricole américaine : il dit que les deux armes commerciales des Etats-Unis sont l'industrie et la recherche d'un côté, et l'agriculture de l'autre. Il ne viendrait pas à l'esprit d'un seul Américain de remettre en cause la politique agricole américaine. Nous devons faire pareil en Europe, mais nous devons aussi augmenter notre budget sur la recherche, c'est sûr.
Quand faut-il le faire? Il y a un paquet 2007-2013 ; nous avons tous, autour de la table, accepté que la Politique agricole commune soit définie de 2007 à 2013. Les Britanniques se sont engagés, en octobre 2002, sur un budget européen agricole. Les engagements en politique doivent toujours être respectés, surtout lorsqu'il y a des millions de personnes derrière, des chefs d'entreprise, des chefs d'exploitation, qui savent qu'il y aura une règle du jeu jusqu'en 2013. Personne n'a le droit de remettre cela en cause. Après 2013, il est normal que nous revoyions la structure du budget européen, mais sans remettre en cause ce qui fait l'indépendance de notre continent, c'est-à-dire l'agriculture, comme la recherche et les autres sujets industriels.
Q - Quand on entend cela, on se dit que les Britanniques vont sans doute avoir du mal à trouver un accord budgétaire dans les six mois à venir.
R - Quand on est président de l'Union européenne, il y a toujours des réalités. La réalité, c'est faire un compromis, c'est faire vivre l'union politique européenne. Vous savez, l'Union européenne est une vieille idée et, en même temps, elle n'a jamais été aussi moderne. Jamais on aura eu besoin de l'Europe autant qu'aujourd'hui par rapport aux nouvelles émergences du monde. Les Britanniques doivent avoir un principe de réalité et continuer l'Europe politique.
Q - Est-ce que la France va aider les Britanniques à remettre l'Europe en route ?
R - La France sera toujours aux côtés de ceux qui défendent la construction européenne. Nous n'avons aucun ressentiment, nous exposons simplement notre vision. Que ce soit pour le G8 sous présidence britannique, que ce soit pour l'Union européenne sous présidence britannique, les Français joueront toujours un jeu positif et jamais, ni la politique de la chaise vide, ni celle d'un ressentiment quelconque.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2005)