Texte intégral
Q - Sur votre agenda, lundi, vous déjeunez en principe ou vous déjeunez à l'Elysée avec le Premier ministre indien aux côtés de Jacques Chirac. Mardi, vous allez à New York, savez-vous qui vous accompagnera aux Nations unies ?
R - Le président de la République va sortir, comme prévu, comme cela a toujours été dit, à la fin de la semaine et donc il va annoncer très vite le calendrier de son activité. Je n'ai pas aujourd'hui d'information particulière, c'est une décision qu'il prendra donc très rapidement.
Q - Généralement, l'agenda du président de la République est annoncé le vendredi dans la journée. Cela veut dire que nous serons fixés dans les prochaines heures sur le calendrier de septembre-octobre du président de la République ?
R - Oui, le président va communiquer son calendrier, et on avait toujours dit qu'il sortirait à la fin de la semaine, c'est ce qui va se passer. Donc très vite, on le saura.
Q - Le cardiologue Philippe Douste-Blazy, est-ce qu'il conseille ou déconseille un voyage, qui n'est peut-être pas indispensable mais en tout cas qui paraît imprudent pour n'importe qui ?
R - Des communiqués ont été publiés par le Val de Grâce, comme d'habitude d'ailleurs, ni plus ni moins, avec une communication propre à l'hôpital militaire. Ce qui a été dit jusque-là... Vraiment je n'ai pas eu accès à ce dossier. Ce que je peux vous dire, c'est que ce que j'en sais prouve que c'est quelque chose de mineur, et donc... Mais c'est aux médecins et c'est au président de la République de décider de son calendrier des prochaines semaines.
Q - Oui, les médecins du Val de Grâce vont donc décider, mais, comme le dit Le Figaro, avant eux et peut-être plus qu'eux, c'est le chef de tous les médecins qui décidera, Bernadette Chirac aussi ?
R - Je ne sais pas qui décidera. Ce que je sais, c'est que le président a signé - alors qu'il était au Val de Grâce - des lettres que j'ai adressées à Mahmoud Abbas et à Ariel Sharon, qu'il a déjà une activité professionnelle avec le Secrétaire général de l'Elysée, avec le Premier ministre et que donc rien évidemment ne l'empêche de travailler comme avant.
Q - Le voyage aux Nations unies est-il si capital que cela ?
R - C'est une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement. Mais, en même temps, le président de la République va aller, au nom de la France, défendre l'idée d'une aide aux pays du Sud à partir des pays du Nord.
Son idée de financer, de manière nouvelle, de manière innovante, les fonds contre le sida, contre la malaria, la tuberculose, cette idée d'utiliser un dollar ou deux dollars par billet d'avion, cette idée est majeure. C'est lui qui l'a portée avec d'autres pays dans le monde, comme en particulier le président Lula, ce sont des idées...
Q - Donc, vous voulez dire qu'il a envie d'y aller, mais...
R - Ce sont des idées qui sont portées par lui, par la France. Ce sont des idées généreuses, ambitieuses, importantes, on le voit aujourd'hui dans le monde qui bouge. Je ne sais pas si lui le fera, c'est lui qui le décidera. De toute façon, c'est son idée et, évidemment, cette idée-là est reconnue par le monde entier.
Q - Elle sera donc portée, cette idée et cette parole de la France, aux Nations unies. On saura par qui dans quelques heures.
R - Exactement.
Q - Alors, vous avez vu Ariel Sharon, Shimon Pérès, Mahmoud Abbas, enfin tous ceux qui comptent en Israël : est-ce que vous confirmez que l'armée israélienne va se retirer rapidement maintenant de Gaza ?
R - Oui, et je crois que nous vivons un moment historique actuellement à Gaza, puisque c'est la première étape de la reprise d'un processus de paix. Nous avons salué le courage de la démocratie israélienne, y compris celui du Premier ministre Ariel Sharon. Mais, maintenant, il faut passer à une autre étape, c'est-à-dire l'étape du désengagement militaire. Cela se fera, je crois, d'après ce qu'ils m'ont dit, lundi ou mardi. Et puis ensuite, il y a surtout l'étape majeure qui est l'étape économique...
Q - Avant cela, est-ce que l'Autorité palestinienne - et Mahmoud Abbas - aura la responsabilité de ce territoire ? Est-ce qu'ils peuvent faire face ?
R - Oui, c'est la grande responsabilité qui incombe aujourd'hui à Mahmoud Abbas et à l'Autorité palestinienne. Aujourd'hui, ils doivent faire la preuve que la sécurité, l'Etat de droit seront respectés. Comme vous le savez, nous nous trouvons face à un paradoxe : d'un côté nous sommes assez proches du processus de paix, comme jamais depuis longtemps, et, en même temps, il n'y a jamais eu autant de violence à Gaza...
Q - Oui, est-ce que je peux raconter une anecdote que j'ai lue - vous la confirmerez ou pas - : au moment où vous rencontriez Mahmoud Abbas, il venait d'apprendre l'assassinat d'un de ses proches - je crois que c'est le neveu de Yasser Arafat qui a été abattu sauvagement, liquidé - et vous, vous étiez dans le même quartier, c'est ça ?
R - Oui, il y a quelques heures en effet, M. Moussa Arafat a été assassiné. Mais, malheureusement, ces violences sont quotidiennes, pour montrer justement que l'Etat de droit n'est pas...
Q - Mais vous étiez dans le même quartier ?
R - Oui, oui, nous étions à quatre cents mètres de là. Mais il faut bien comprendre une chose, c'est ce que je me suis permis de dire aux Israéliens. En effet, la clé de tout, c'est la sécurité. Evidemment, il ne faut plus d'actes terroristes, évidemment il faut désarmer les mouvements terroristes. Mais au même moment, au moment où on dit cela, il faut bien que quelqu'un le fasse, et donc c'est à l'Autorité palestinienne de le faire. Mais pour cela, il faut avoir une police, une police professionnelle, une police armée, commandée, coordonnée, parfaitement....
Q - Donc il faut aider Mahmoud Abbas ?
R - Et donc aujourd'hui l'Union européenne, la France mais aussi les Américains, les Israéliens ont tout intérêt à avoir un partenaire qui est fiable - cela, nous le savons -, qui est Mahmoud Abbas. Il faut l'aider à créer un début d'Etat, c'est-à-dire une justice qui se respecte, une police qui fasse régner l'ordre. Il faut aussi qu'il y ait une sorte de Cour des Comptes pour éviter les corruptions...
Q - Et alors, Ariel Sharon vous a dit qu'il allait y participer, allait le faire, lui qui a eu le courage d'évacuer tous les colons de Gaza, et est-ce qu'il vous a annoncé qu'il allait en quelque sorte desserrer l'étau pour laisser les Palestiniens de Gaza vivre, circuler, travailler ?
R - Autant la responsabilité de l'Autorité palestinienne est de montrer aujourd'hui que l'ordre est rétabli à Gaza, autant la responsabilité d'Israël maintenant est de rendre viable Gaza. C'est-à-dire qu'il faut laisser des points d'entrée et de sortie, il ne faut pas en faire une prison à ciel ouvert. Lors des entretiens que nous avons eus, d'un côté et de l'autre, nous avons insisté, au contraire, à contribuer pour qu'il y ait des points d'entrée et de sortie. L'Union européenne propose d'amener ses contributions. Et, de part et d'autre, c'est une proposition qui fait son chemin.
Q - Et le port promis à Gaza ?
R - J'ai fait ce déplacement avec un fonctionnaire du ministère des Transports, en accord avec Dominique Perben, pour proposer les services de la France pour le port. Il est majeur que demain Gaza, qui est un des endroits au monde où la densité par habitant est la plus importante - avec 50 % de chômage - il faut que ces jeunes Palestiniens puissent avoir également un espoir professionnel. Et pour cela le port est très important. La France va aussi prendre sa part dans une grande station d'épuration d'eaux usées, et puis surtout dans un plan de santé mentale, de santé publique, en particulier sur la psychiatrie des enfants qui, dès l'âge de 5 ou 6 ans, sont les témoins d'actes terroristes.
Q - En Israël, on a l'impression que de nouvelles élections se profilent. Est-ce que vous voyez monter Benyamin Netanyahou ou Ariel Sharon a-t-il fermement son pouvoir ?
R - Comme vous le savez, la caractéristique de la politique intérieure d'Israël, c'est un système d'élections à la proportionnelle intégrale. Et c'est donc le parti qui arrive en tête qui propose ensuite le Premier ministre.
Aujourd'hui en effet, au sein du Likoud, il y a une sorte de concurrence entre le Premier ministre actuel et Benyamin Netanyahou. Je ne sais pas aujourd'hui ce que les militants vont choisir. Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui le camp de la paix augmente, puisque le désengagement de la bande de Gaza, décidé par le gouvernement israélien, est soutenu par 55, 60 % des Israéliens.
Q - Vous avez rencontré Shimon Pérès, Ariel Sharon, beaucoup de personnalités, on vous a beaucoup parlé je pense de la Syrie, du Liban, de l'Iran. Or l'Iran va rejeter, peut-être même dans la journée, le rapport des spécialistes de l'Agence de Vienne, qui constate que l'Iran continue de convertir son uranium et peut-être de s'armer. Que proposez-vous ?
R - Nous examinons le rapport de M. El Baradei, qui vient d'être publié ; il montre que l'Iran n'a pas répondu aux demandes insistantes du Conseil des gouverneurs de l'Agence et il montre aussi de nombreuses violations par l'Iran de son accord de garantie, et la politique de dissimulation suivie par Téhéran. Et donc, le prochain Conseil des gouverneurs se tiendra le 19 septembre. Il va examiner les implications de ce rapport, il va déterminer les suites à lui donner. Je crois que ce rapport ne fait que renforcer la nécessité pour l'Iran de revenir au cadre que nous avions tracé à Paris, c'est-à-dire de suspendre les activités nucléaires sensibles et nous faire des propositions...
Q - Oui mais si elle fait la sourde oreille, puisque vous allez être aux Nations unies ?
R - Nous avons toujours dit qu'en cas de remise en cause par l'Iran de cet Accord de Paris, et s'ils ne respectent pas les résolutions de l'Agence, nous n'aurions d'autre choix que de soutenir un rapport du dossier au Conseil de sécurité. Mais ce n'est pas notre chemin préféré, et nous appelons l'Iran à prendre les mesures nécessaires au retour de la confiance et, surtout, à revenir au cadre de l'Accord de Paris.
Q - Est-ce que, en un mot, pourriez-vous me dire, à un moment où "l'hyper puissance américaine", comme disait Hubert Védrine, est en train de souffrir et montre ses énormes faiblesses, ce que la France envoie comme nouvelle assistance aux Etats-Unis ?
R - La France s'est montrée immédiatement solidaire des Etats-Unis. J'ai eu mon homologue Condoleezza Rice à plusieurs reprises. Dans un premier temps, nous n'avons pas pu envoyer d'aide parce qu'ils ne le souhaitaient pas. Nous avons envoyé, comme vous le savez, plusieurs avions, des avions cargo, des avions au départ de la Martinique, surtout du fret à visée humanitaire, des couvertures, des rations alimentaires, enfin tout ce qui compte dans le cas où les personnes sont très démunies et dénutries aussi, mais nous continuons avec eux. Ce que je peux dire, c'est que, peut-être, s'il y a une conclusion à tirer de cette affaire c'est, en ce qui concerne l'organisation préventive, que nous ne réfléchissons pas suffisamment, quand tout va bien, à la gestion d'une crise.
Q - Même quand il s'agit d'une puissance comme les Etats-Unis, et pas seulement d'un pays du Tiers monde ? Dernière remarque Philippe Douste-Blazy, au Quai d'Orsay vous vous y sentez bien maintenant ?
R - Je m'y sens très bien, je travaille surtout avec le président de la République qui, je crois, est une des personnes qui connaît le mieux le monde aujourd'hui, ainsi qu'avec un Premier ministre qui, comme vous le savez, a déjà occupé ce poste.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2005)
R - Le président de la République va sortir, comme prévu, comme cela a toujours été dit, à la fin de la semaine et donc il va annoncer très vite le calendrier de son activité. Je n'ai pas aujourd'hui d'information particulière, c'est une décision qu'il prendra donc très rapidement.
Q - Généralement, l'agenda du président de la République est annoncé le vendredi dans la journée. Cela veut dire que nous serons fixés dans les prochaines heures sur le calendrier de septembre-octobre du président de la République ?
R - Oui, le président va communiquer son calendrier, et on avait toujours dit qu'il sortirait à la fin de la semaine, c'est ce qui va se passer. Donc très vite, on le saura.
Q - Le cardiologue Philippe Douste-Blazy, est-ce qu'il conseille ou déconseille un voyage, qui n'est peut-être pas indispensable mais en tout cas qui paraît imprudent pour n'importe qui ?
R - Des communiqués ont été publiés par le Val de Grâce, comme d'habitude d'ailleurs, ni plus ni moins, avec une communication propre à l'hôpital militaire. Ce qui a été dit jusque-là... Vraiment je n'ai pas eu accès à ce dossier. Ce que je peux vous dire, c'est que ce que j'en sais prouve que c'est quelque chose de mineur, et donc... Mais c'est aux médecins et c'est au président de la République de décider de son calendrier des prochaines semaines.
Q - Oui, les médecins du Val de Grâce vont donc décider, mais, comme le dit Le Figaro, avant eux et peut-être plus qu'eux, c'est le chef de tous les médecins qui décidera, Bernadette Chirac aussi ?
R - Je ne sais pas qui décidera. Ce que je sais, c'est que le président a signé - alors qu'il était au Val de Grâce - des lettres que j'ai adressées à Mahmoud Abbas et à Ariel Sharon, qu'il a déjà une activité professionnelle avec le Secrétaire général de l'Elysée, avec le Premier ministre et que donc rien évidemment ne l'empêche de travailler comme avant.
Q - Le voyage aux Nations unies est-il si capital que cela ?
R - C'est une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement. Mais, en même temps, le président de la République va aller, au nom de la France, défendre l'idée d'une aide aux pays du Sud à partir des pays du Nord.
Son idée de financer, de manière nouvelle, de manière innovante, les fonds contre le sida, contre la malaria, la tuberculose, cette idée d'utiliser un dollar ou deux dollars par billet d'avion, cette idée est majeure. C'est lui qui l'a portée avec d'autres pays dans le monde, comme en particulier le président Lula, ce sont des idées...
Q - Donc, vous voulez dire qu'il a envie d'y aller, mais...
R - Ce sont des idées qui sont portées par lui, par la France. Ce sont des idées généreuses, ambitieuses, importantes, on le voit aujourd'hui dans le monde qui bouge. Je ne sais pas si lui le fera, c'est lui qui le décidera. De toute façon, c'est son idée et, évidemment, cette idée-là est reconnue par le monde entier.
Q - Elle sera donc portée, cette idée et cette parole de la France, aux Nations unies. On saura par qui dans quelques heures.
R - Exactement.
Q - Alors, vous avez vu Ariel Sharon, Shimon Pérès, Mahmoud Abbas, enfin tous ceux qui comptent en Israël : est-ce que vous confirmez que l'armée israélienne va se retirer rapidement maintenant de Gaza ?
R - Oui, et je crois que nous vivons un moment historique actuellement à Gaza, puisque c'est la première étape de la reprise d'un processus de paix. Nous avons salué le courage de la démocratie israélienne, y compris celui du Premier ministre Ariel Sharon. Mais, maintenant, il faut passer à une autre étape, c'est-à-dire l'étape du désengagement militaire. Cela se fera, je crois, d'après ce qu'ils m'ont dit, lundi ou mardi. Et puis ensuite, il y a surtout l'étape majeure qui est l'étape économique...
Q - Avant cela, est-ce que l'Autorité palestinienne - et Mahmoud Abbas - aura la responsabilité de ce territoire ? Est-ce qu'ils peuvent faire face ?
R - Oui, c'est la grande responsabilité qui incombe aujourd'hui à Mahmoud Abbas et à l'Autorité palestinienne. Aujourd'hui, ils doivent faire la preuve que la sécurité, l'Etat de droit seront respectés. Comme vous le savez, nous nous trouvons face à un paradoxe : d'un côté nous sommes assez proches du processus de paix, comme jamais depuis longtemps, et, en même temps, il n'y a jamais eu autant de violence à Gaza...
Q - Oui, est-ce que je peux raconter une anecdote que j'ai lue - vous la confirmerez ou pas - : au moment où vous rencontriez Mahmoud Abbas, il venait d'apprendre l'assassinat d'un de ses proches - je crois que c'est le neveu de Yasser Arafat qui a été abattu sauvagement, liquidé - et vous, vous étiez dans le même quartier, c'est ça ?
R - Oui, il y a quelques heures en effet, M. Moussa Arafat a été assassiné. Mais, malheureusement, ces violences sont quotidiennes, pour montrer justement que l'Etat de droit n'est pas...
Q - Mais vous étiez dans le même quartier ?
R - Oui, oui, nous étions à quatre cents mètres de là. Mais il faut bien comprendre une chose, c'est ce que je me suis permis de dire aux Israéliens. En effet, la clé de tout, c'est la sécurité. Evidemment, il ne faut plus d'actes terroristes, évidemment il faut désarmer les mouvements terroristes. Mais au même moment, au moment où on dit cela, il faut bien que quelqu'un le fasse, et donc c'est à l'Autorité palestinienne de le faire. Mais pour cela, il faut avoir une police, une police professionnelle, une police armée, commandée, coordonnée, parfaitement....
Q - Donc il faut aider Mahmoud Abbas ?
R - Et donc aujourd'hui l'Union européenne, la France mais aussi les Américains, les Israéliens ont tout intérêt à avoir un partenaire qui est fiable - cela, nous le savons -, qui est Mahmoud Abbas. Il faut l'aider à créer un début d'Etat, c'est-à-dire une justice qui se respecte, une police qui fasse régner l'ordre. Il faut aussi qu'il y ait une sorte de Cour des Comptes pour éviter les corruptions...
Q - Et alors, Ariel Sharon vous a dit qu'il allait y participer, allait le faire, lui qui a eu le courage d'évacuer tous les colons de Gaza, et est-ce qu'il vous a annoncé qu'il allait en quelque sorte desserrer l'étau pour laisser les Palestiniens de Gaza vivre, circuler, travailler ?
R - Autant la responsabilité de l'Autorité palestinienne est de montrer aujourd'hui que l'ordre est rétabli à Gaza, autant la responsabilité d'Israël maintenant est de rendre viable Gaza. C'est-à-dire qu'il faut laisser des points d'entrée et de sortie, il ne faut pas en faire une prison à ciel ouvert. Lors des entretiens que nous avons eus, d'un côté et de l'autre, nous avons insisté, au contraire, à contribuer pour qu'il y ait des points d'entrée et de sortie. L'Union européenne propose d'amener ses contributions. Et, de part et d'autre, c'est une proposition qui fait son chemin.
Q - Et le port promis à Gaza ?
R - J'ai fait ce déplacement avec un fonctionnaire du ministère des Transports, en accord avec Dominique Perben, pour proposer les services de la France pour le port. Il est majeur que demain Gaza, qui est un des endroits au monde où la densité par habitant est la plus importante - avec 50 % de chômage - il faut que ces jeunes Palestiniens puissent avoir également un espoir professionnel. Et pour cela le port est très important. La France va aussi prendre sa part dans une grande station d'épuration d'eaux usées, et puis surtout dans un plan de santé mentale, de santé publique, en particulier sur la psychiatrie des enfants qui, dès l'âge de 5 ou 6 ans, sont les témoins d'actes terroristes.
Q - En Israël, on a l'impression que de nouvelles élections se profilent. Est-ce que vous voyez monter Benyamin Netanyahou ou Ariel Sharon a-t-il fermement son pouvoir ?
R - Comme vous le savez, la caractéristique de la politique intérieure d'Israël, c'est un système d'élections à la proportionnelle intégrale. Et c'est donc le parti qui arrive en tête qui propose ensuite le Premier ministre.
Aujourd'hui en effet, au sein du Likoud, il y a une sorte de concurrence entre le Premier ministre actuel et Benyamin Netanyahou. Je ne sais pas aujourd'hui ce que les militants vont choisir. Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui le camp de la paix augmente, puisque le désengagement de la bande de Gaza, décidé par le gouvernement israélien, est soutenu par 55, 60 % des Israéliens.
Q - Vous avez rencontré Shimon Pérès, Ariel Sharon, beaucoup de personnalités, on vous a beaucoup parlé je pense de la Syrie, du Liban, de l'Iran. Or l'Iran va rejeter, peut-être même dans la journée, le rapport des spécialistes de l'Agence de Vienne, qui constate que l'Iran continue de convertir son uranium et peut-être de s'armer. Que proposez-vous ?
R - Nous examinons le rapport de M. El Baradei, qui vient d'être publié ; il montre que l'Iran n'a pas répondu aux demandes insistantes du Conseil des gouverneurs de l'Agence et il montre aussi de nombreuses violations par l'Iran de son accord de garantie, et la politique de dissimulation suivie par Téhéran. Et donc, le prochain Conseil des gouverneurs se tiendra le 19 septembre. Il va examiner les implications de ce rapport, il va déterminer les suites à lui donner. Je crois que ce rapport ne fait que renforcer la nécessité pour l'Iran de revenir au cadre que nous avions tracé à Paris, c'est-à-dire de suspendre les activités nucléaires sensibles et nous faire des propositions...
Q - Oui mais si elle fait la sourde oreille, puisque vous allez être aux Nations unies ?
R - Nous avons toujours dit qu'en cas de remise en cause par l'Iran de cet Accord de Paris, et s'ils ne respectent pas les résolutions de l'Agence, nous n'aurions d'autre choix que de soutenir un rapport du dossier au Conseil de sécurité. Mais ce n'est pas notre chemin préféré, et nous appelons l'Iran à prendre les mesures nécessaires au retour de la confiance et, surtout, à revenir au cadre de l'Accord de Paris.
Q - Est-ce que, en un mot, pourriez-vous me dire, à un moment où "l'hyper puissance américaine", comme disait Hubert Védrine, est en train de souffrir et montre ses énormes faiblesses, ce que la France envoie comme nouvelle assistance aux Etats-Unis ?
R - La France s'est montrée immédiatement solidaire des Etats-Unis. J'ai eu mon homologue Condoleezza Rice à plusieurs reprises. Dans un premier temps, nous n'avons pas pu envoyer d'aide parce qu'ils ne le souhaitaient pas. Nous avons envoyé, comme vous le savez, plusieurs avions, des avions cargo, des avions au départ de la Martinique, surtout du fret à visée humanitaire, des couvertures, des rations alimentaires, enfin tout ce qui compte dans le cas où les personnes sont très démunies et dénutries aussi, mais nous continuons avec eux. Ce que je peux dire, c'est que, peut-être, s'il y a une conclusion à tirer de cette affaire c'est, en ce qui concerne l'organisation préventive, que nous ne réfléchissons pas suffisamment, quand tout va bien, à la gestion d'une crise.
Q - Même quand il s'agit d'une puissance comme les Etats-Unis, et pas seulement d'un pays du Tiers monde ? Dernière remarque Philippe Douste-Blazy, au Quai d'Orsay vous vous y sentez bien maintenant ?
R - Je m'y sens très bien, je travaille surtout avec le président de la République qui, je crois, est une des personnes qui connaît le mieux le monde aujourd'hui, ainsi qu'avec un Premier ministre qui, comme vous le savez, a déjà occupé ce poste.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2005)