Déclaration de Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale, sur le don du sang et la transfusion sanguine, notamment la sécurité transfusionnelle et les principes éthiques du don, le bénévolat et l'anonymat, le 12 mars 2000.

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Circonstance : 29 ème anniversaire de l'Union des donneurs de sang bénévoles du Val d'Oise le 12 mars 2000

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
C'est avec un très grand plaisir que j'ai répondu à votre invitation à me rendre au 29ème anniversaire de l'Union des Donneurs de Sang Bénévoles du Val d'Oise.
Quelques semaines après la création de l'Etablissement Français du Sang, c'est pour moi l'occasion de réaffirmer avec force l'importance que j'accorde à cet acte de générosité exemplaire que constitue le don de sang, premier maillon de la sécurité transfusionnelle et première réponse, et à ce titre essentielle, aux besoins des malades.
En effet, le don de sang représente, pour certains patients, l'unique possibilité de soin.
Chaque jour, en France, nous avons besoin de 8 000 dons de sang pour répondre aux demandes des hôpitaux. Qui mieux que les amicales, les unions et les associations de donneurs de sang ne peut faire vivre et se renouveler cette exigence de solidarité. Je connais le travail constant qui est le vôtre dans le Val d'Oise pour rechercher et fidéliser de nouveaux donneurs, motiver les jeunes pour les attirer aux dons de sang et je tenais, ici, à les saluer.
Dans la chaîne transfusionnelle qui relie le donneur et le receveur, le don constitue, il est important de le noter, la première étape de la sécurité transfusionnelle.
C'est pourquoi, il est toujours précédé d'un entretien médical, élément capital du parcours du don, qui est indispensable pour assurer la sécurité du donneur et du receveur. Quels que soient les progrès réalisés dans les techniques du dépistage, des risques peuvent toujours subsister, même si nous améliorons régulièrement les procédés.
Lors de l'entretien, le médecin interroge le donneur sur son état de santé récent et ancien, sa vie personnelle afin de déceler les situations qui peuvent l'avoir exposé à des risques infectieux.
La pratique du don est donc pleinement intégrée à la préoccupation de sécurité qui guide tous les actes de la transfusion. C'est la raison pour laquelle il est indispensable que les professionnels de la transfusion, et donc aujourd'hui le nouvel Etablissement Français du Sang, maintiennent et développent avec les unions départementales, les unions régionales et la fédération un dialogue constant pour expliquer les évolutions permanentes de la transfusion sanguine, les exigences de la sécurité, mais aussi les perspectives nouvelles qu'offre le progrès médical.
La réorganisation de la transfusion dans notre pays - qui vient donc d'avoir lieu avec la création de l'Etablissement Français du Sang - traduit ces préoccupations de sécurité et de prise en compte de l'évolution du progrès médical.
Je sais que plusieurs voix se sont inquiétées des conséquences de cette réorganisation, notamment dans ce département. Je tiens à vous rassurer en particulier sur le site de Pontoise. S'il est bien prévu de concentrer l'activité de qualification sur le seul site de Rungis, le site de Pontoise conservera l'ensemble de ses autres activités transfusionnelles. La sécurité transfusionnelle sera non seulement maintenue, mais renforcée et les personnels du site de Pontoise n'auront pas à pâtir de cette réorganisation. Je veillerai personnellement à ce qu'il en soit en ainsi.
Mais au-delà de la question fondamentale de la sécurité sanitaire, il faut rappeler que le don de sang repose sur des principe éthiques qui sont présents dans la loi fondatrice de la transfusion sanguine de 1952.
Ils ont été réaffirmés et consolidés comme principes fondateurs de la réforme du 4 janvier 1993 et de celle de 1998. Ils sont également inscrits dans une résolution du Parlement Européen.
Le premier de ces principes est l'anonymat du don. Il permet de concilier l'intérêt général des malades et la liberté individuelle des donneurs. C'est bien sûr un principe tout à fait central qui doit être réaffirmé et que rien ne saurait mettre en cause.
Le second principe recouvre le bénévolat et l'absence de profit commercial. Il permet de garantir la non-commercialisation des produits issus du corps humain. Là aussi, il s'agit d'un principe angulaire de notre dispositif de transfusion sanguine, et la création de l'EFS, établissement public de l'Etat, est bien le signe de notre volonté d'inscrire pleinement la transfusion sanguine dans le service public de la santé.
Enfin le dernier des trois grands principes est l'engagement et le volontariat qui, au-delà de la générosité individuelle, inscrivent le don du sang dans une démarche citoyenne et de solidarité nationale à laquelle je suis particulièrement attachée.
Le don du sang représente en effet une forme de solidarité tout à fait exceptionnelle : il ne s'agit pas de donner une chose ou quelque chose, il s'agit d'un don d'une partie de soi-même. Ce qui en fait un don pas tout à fait comme les autres, un don qui suppose un engagement profond : solidaire et responsable.
C'est donc un geste unique et irremplaçable qui sauve des vies humaines. En effet, aujourd'hui, il n'existe pas de substitut réel du sang, même si certains de ses constituants ont pu être préparés par de nouvelles techniques.
Il est donc tout à fait important de défendre ce geste et de le promouvoir.
Ces principes, l'anonymat, la gratuité, le volontariat, pierre angulaire de la transfusion sanguine française, vous en êtes les promoteurs et les garants. Partenaires exigeants - et c'est bien normal -, vous avez pleinement votre place dans les instances du nouvel EFS pour veiller à ce que ces principes soient entièrement respectés et que la transfusion sanguine assure pleinement ses missions au service des malades et avec le concours indispensable des donneurs de sang et de leurs associations.

(Source http://www.sante.gouv.fr, le 27 avril 2000).