Texte intégral
Cher président,
Cher Nicolas,
Chers amis
Il y a un certain nombre d'années que j'ai eu vingt ans, mais se retrouver parmi vous, c'est certainement la garantie de savoir pourquoi l'on se bat : pour vous, pour la France, pour tous nos compatriotes qui veulent regarder l'avenir en face. C'est une grande joie pour moi d'être ici, à La Baule, à l'occasion de ces universités d'été, et vous comprendrez qu'avant toute chose, je veuille vous dire que j'ai eu, ce matin, le président de la République au téléphone, en bonne forme, et je voudrais dire, à lui qui nous montre le chemin, en notre nom à tous, notre affection et notre fidélité, pour lui souhaiter un rétablissement rapide. Vous êtes nombreux, ici, aujourd'hui, des milliers de jeunes, autour de notre président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Cela témoigne bien de la vitalité de notre mouvement ; cela témoigne de votre enthousiasme pour affirmer notre engagement, nos convictions. Aussi, ce n'est pas de la politique des petites phrases, ce n'est pas de la politique des rivalités, des rumeurs, des chicayas, des divisions dont je veux vous parler cet après-midi, mais c'est bien de ce qui est au cur de votre combat : l'engagement, la rencontre, l'échange, le partage.
L'engagement est au cur de notre histoire, il est au cur de notre tradition politique, et vous comprendrez que je vous dise, compte tenu de ma sensibilité, qu'il est au coeur de notre message gaulliste, dans la lignée de ces héros, porteurs de gloire, tout comme dans la lignée de ces soldats, de ces militants de l'ombre. Nous voulons avancer, forts des vertus de fidélité, d'exigence, portés par un même amour d'une terre et d'un peuple, la France et les Français, qui nous rassemble.
L'échange et le partage, voilà bien notre règle, pour avancer ensemble dans l'unité, pour défricher, pour innover, pour penser l'avenir, pour penser la politique dans un monde qui change et qui change vite. Marie Guévenoux a eu à cur de placer notre mouvement de jeunes dans un grand combat pour les idées. Merci Marie. Et bravo à Fabien de Sans-Nicolas pour son élection. A vous de reprendre le flambeau, maintenant. Le Gouvernement compte sur vous. Il compte sur vous pour apporter vos idées, votre énergie, pour moderniser notre pays, à un moment où il en a tant besoin. La tâche, nous le savons, est immense ; elle exige volonté et rassemblement, cette volonté, ce rassemblement, que nous exprimons ensemble, aujourd'hui.
Mais qu'est-ce que l'engagement ? Qu'est-ce que l'engagement au début de ce XXIe siècle ? Qu'est-ce que l'engagement quand on a aujourd'hui vingt ans dans notre pays ? C'est d'abord - et je veux vous le dire avec force - un combat pour l'autre, un combat pour l'ouverture vers celui qui n'a pas toujours la chance que l'on a soi-même, vers celui qui rencontre plus de difficultés, plus de souffrances. Oui, soyons fidèles à cet héritage d'une France généreuse et fraternelle, une France qui sait se rassembler dans l'épreuve, qu'il s'agisse des otages détenus en Irak - notre pays a montré qu'il savait, jour après jour, se retrouver dans une même communion - ; se rassembler dans la catastrophe qui a frappé nos compatriotes de la Martinique, se rassembler lors des tragiques incendies de Paris, qui ont fait tant de morts. Notre France, c'est celle qui sait, au-delà des frontières, si bien porter la flamme de la générosité et de 'humanitaire, médecins, infirmiers, techniciens, dans l'Océan indien, en Afrique ou ailleurs. L'engagement, aujourd'hui, c'est un combat aussi pour la démocratie, pour nos valeurs de liberté, pour nos valeurs de justice, pour nos valeurs d'égalité des chances, qu'il nous appartient de faire vivre partout, à l'école, au travail, dans le vie de tous les jours. Et puis, l'engagement, c'est un combat pour la France. Et j'étais heureux, tout à l'heure, d'entendre les jeunes de Marseille chanter notre hymne national, repris en chur par toute la salle.
Mais je voudrais vous apporter mon propre témoignage. J'avais une dizaine d'années quand, pour la première fois, mes parents m'ont conduit tout près de notre village familial, à Oradour-sur-Glane. Là, j'ai découvert l'horreur, le mépris de la vie humaine, la douleur, la barbarie, l'irréparable d'un village martyr, sacrifié par la barbarie nazie. Et puis, à vingt ans, j'ai découvert, revenant en Afrique où j'étais né, l'ambition de servir, de servir cette cause, ce qui m'a conduit à choisir la fonction publique et la diplomatie, servir ceux qui souffrent le plus. Et puis, à vingt-sept ans, j'ai fait une rencontre : Jacques Chirac, et je lui ai voué ma fidélité. Car, je vous le dis, chacun trouve, au hasard de son chemin, au hasard des rencontres, chacun découvre ses fidélités, fidélité de hasard ou fidélité essentielle, du cur, de l'esprit. J'ai été conquis par l'humanité de Jacques Chirac. J'ai été conquis par sa détermination et son sang-froid au service de la France ; j'ai été conquis par sa capacité, dans les pires épreuves, à tenir la barre de notre pays.
Aujourd'hui, nous avons besoin de vous, j'ai besoin de vous, car il nous appartient - parce que c'est le premier devoir de la politique quand on s'engage, - de regarder la vérité des choses en face. Oui, la situation de notre pays est difficile. Nous connaissons de graves contraintes économiques, une situation détériorée de nos finances publiques, un endettement trop important - 17.000 euros pour chaque jeune Français qui naît dans notre pays -. Nous connaissons aussi les effets, comme les autres pays, de la hausse du prix du pétrole, et puis, une compétition internationale toujours plus forte avec des pays qui veulent leur part, des pays qui émergent, des pays qui veulent gagner aussi leur place sur la scène internationale. Et puis, nous le voyons tous les jours dans l'actualité : les incertitudes du monde, les nouvelles fractures, les nouvelles blessures, les dizaines de milliers de morts en Irak, et quand les éléments se déchaînent, les tragédies comme celle que nous voyons aux États-Unis, au Mississipi, en Louisiane, quand des milliers d'Américains se retrouvent en plein désarroi. Face à cela, bien sûr il serait facile, commode, de céder à la tentation du découragement. Ce n'est pas notre famille politique, ce n'est pas l'esprit qui est le nôtre.
Trop de nos compatriotes peuvent avoir aujourd'hui le sentiment que rien ne change, l'impression d'une impuissance publique, l'impression d'une complexité des choses qui rend impossible, inefficace toute action, le sentiment que les divisions l'emportent, que les inégalités s'accroissent, le sentiment que l'avenir sera plus sombre pour les prochaines générations. Mais je veux vous le dire : nous ne sommes pas condamnés au déclin, ce n'est pas notre histoire, ce n'est pas le destin de la France. Non, la France n'a pas décroché et nous avons des atouts considérables, un territoire attractif, des infrastructures, des services publics de qualité. Quand on voit nos transports, notre santé, notre éducation, ne vaut-il pas mieux être soigné, transporté dans notre pays que dans beaucoup de pays voisins ? Alors, nous cédons parfois à la tentation des boucs émissaires : imaginer que l'Europe est la cause de tous nos maux, imaginer que l'Etat est responsable de nos difficultés. Non, c'est par la volonté, c'est par l'énergie, c'est par la lucidité que nous parviendrons, ensemble, à avancer. Car il y a une formidable vitalité française. Regardons notre démocratie qui fait exception aujourd'hui en Europe. Regardons la qualité du travail des Français qui ont la productivité horaire la plus forte. Regardons les succès de nos entreprises quand parmi les 100 premières entreprises mondiales, 11 sont des entreprises françaises. Regardons l'appétit qui existe dans notre pays pour l'avenir dans le domaine des hautes technologies. Il suffit de se rendre au laboratoire P4 à Lyon, il suffit de se rendre sur le site d'Airbus à Toulouse, il suffit d'aller au centre de Grenoble des nanotechnologies. Et que dire de la création artistique chez nous quand "La marche de l'empereur" fait un succès partout en Europe ou aux États-Unis. Que dire du succès de nos athlètes quand ils remportent une moisson de médailles à Helsinki - et tout ceci n'est rien, comparé à ce que nous obtiendrons à Pékin et à Londres. Oui, il y a des exemples à suivre - Ladji Doucouré, Christine Aron -, car ce n'est pas toujours la première fois que l'on gagne, mais c'est en persévérant, c'est en faisant preuve de courage, de ténacité que se remportent les plus belles victoires.
La France a des atouts, notre majorité a des atouts, d'abord parce que nous sommes divers et que la diversité, nous le savons, est une force. Plusieurs sensibilités, plusieurs tempéraments, des itinéraires différents, mais nous sommes unis, unis pour une même ambition : pour la France. Et c'est pour cela que j'ai accepté de prendre la tête du Gouvernement et c'est pour cela que je me réjouis de pouvoir compter dans notre Gouvernement sur Nicolas Sarkozy et sur tant de talents, car nous sommes complémentaires. A force de le répéter, il n'y aura plus une seule personne pour en douter, car nous en donnons la preuve tous les jours. Le Gouvernement est engagé dans une action difficile et nous la menons tous ensemble. L'UMP ouvre la voie des propositions, prépare un projet pour ce pays, et tous ensemble, c'est bien le même combat, le même objectif : assurer au bout du chemin la victoire de la France, chacun au service du pays, chacun fidèle au cap fixé par le Président de la République. Tout au long de ces dernières années, j'ai été aux côtés de Jacques Chirac et je peux vous dire combien il est attaché à la réussite de la France, à la défense de ses intérêts, à la défense de nos positions en Europe et dans le monde, à la préparation de l'avenir. Tout au long de ces années, j'ai beaucoup appris à ses côtés : que la vérité d'un homme est dans son courage, dans ses choix, contre les habitudes, contre les fatalités, contre la résignation. J'étais avec lui au métro Saint Michel, au moment où le terrorisme a si horriblement frappé notre pays ; j'étais avec lui au moment où il a repris l'initiative en Bosnie, en donnant l'ordre de reprendre le pont de Verbania, quand tout le monde avait cédé ; j'étais à ses côtés au moment de la crise irakienne, quand c'est la voix de la France qui a défendu la voie de la raison, de la paix et de la justice.
En rassemblant tous nos atouts, nous voulons vous proposer aujourd'hui une grande ambition pour la France. Cette ambition, c'est la modernisation de notre pays. Et pour cela, il nous appartient, parce que c'est le premier devoir de la politique, de faire des choix. Mon premier choix, c'est la responsabilité, faire en sorte que chacun joue son rôle, occupe sa place, que chacun ait sa chance, que chacun respecte ses droits et ses devoirs. C'est tout le sens de la bataille pour l'emploi que nous avons engagée, pour l'activité qui est notre priorité pour ceux qui ont un emploi, pour ceux qui veulent en trouver un. Prenons l'exemple des aides sociales pour ceux qui sont confrontés à la plus grande difficulté : elles doivent permettrent un retour à l'activité, elles doivent permettrent de ne pas maintenir des personnes dans l'assistance. J'ai donc décidé de renforcer l'accompagnement personnalisé, car il faut savoir, dans la difficulté, prendre la main de celui qui souffre, l'accompagner, faire en sorte de lui donner une nouvelle chance à chaque étape. Prenons un parent isolé : pour qu'il reprenne une activité, il faut l'aider pour trouver une crèche pour ses enfants. Alors oui, la dignité est au bout du chemin, l'activité est au bout du chemin. Mon deuxième choix, c'est le pragmatisme, cela veut dire apporter rapidement des réponses concrètes à nos concitoyens, une réponse immédiate lorsqu'il y a une difficulté qui se présente.
Prenons l'augmentation des prix du pétrole, prenons l'augmentation du prix de la cuve de fuel. Le Gouvernement vient de décider d'apporter, pour chaque Français en situation difficile, un chèque de 75 euros pour lui permettre de répondre justement à l'envolée des prix du pétrole.
Notre troisième choix, c'est l'avenir. Nous n'avons pas de temps à perdre. L'avenir ne se joue pas demain, il se joue aujourd'hui. Et pour renforcer la compétitivité de notre pays, pour récompenser le travail, pour valoriser l'effort, nous avons décidé d'engager sans attendre une réforme fiscale de grande ampleur, puisqu'elle conduira à rendre à ceux qui travaillent 3,5 milliards aux revenus moyens de notre pays. Cette réforme s'appliquera sur les revenus de 2006, dès le 1er janvier 2007, pour accompagner l'action gouvernementale. Je serai naturellement amené à proposer, dans les prochaines semaines, un grand programme de modernisation de l'État. Nous avons des économies encore à faire, nous avons des adaptations à décider, nous avons une exigence de bonne gestion à affirmer. Mais tout ceci doit se situer dans une véritable vision d'avenir, non pas au coup par coup, non pas à coups de rabot, mais à coup de volonté, d'énergie et d'ambition.
Car vous le savez, les Français sont attachés à un État à sa place et qui fait son travail, à un État fort, à un État capable d'apporter des réponses, à des services publics toujours meilleurs. Et nous devons nous engager dans cette voie.
Cet effort de modernisation nous permettra d'aborder avec confiance les défis de l'Europe et les défis du monde. Nous savons que les destins des peuples sont de plus en plus liés. Défis de l'Europe : bien que la situation paraisse aujourd'hui bloquée, la France veut jouer le rôle qu'elle a toujours joué en tête de la construction européenne. Nous voulons le faire en apportant des projets concrets. Nous avons proposé l'échange de listes de djihadistes pour mieux lutter contre le terrorisme en Europe. J'ai proposé d'avancer dans la voie d'un véritable service civil européen, d'intensifier notre effort dans la recherche commune à travers la création d'un Institut européen de technologies. Nous voulons défendre une vision nouvelle de la construction européenne, avec des groupes pionniers d'États, quelques États capables d'innover et de se rassembler, comme le G5 en matière de sécurité - G5, créé par N. Sarkozy -, et qui se situe en tête des propositions faites aux 25 pays européens. Nous devons également garder un juste équilibre entre l'ambition d'élargissement et la nécessité d'un approfondissement institutionnel. Il nous faut des règles. Comment fonctionner à 25 sans être capables de se doter de règles institutionnelles modernes ?
Enfin, nous devons poser courageusement la question des frontières de l'Europe, du respect de son ambition, du respect de sa vocation et de son identité, sachant que le président de la République, à travers la réforme constitutionnelle, a conféré au peuple français le choix ultime pour toute nouvelle adhésion.
Et puis il y a les défis du monde, un monde en proie au désordre, un monde en proie à la fragilité, et qui a besoin, plus que jamais, de générosité, de solidarité et de vision. Comment ne pas être meurtris par l'accumulation de violences ! L'incapacité à rétablir la paix en Irak ! Comment rester insensible devant la détresse profonde dans laquelle sont plongés des milliers d'Américains en Louisiane et dans le Sud des États-Unis ? C'est pour cela que nous voulons leur apporter notre aide.
Nous sommes sans cesse rappelés à la fragilité du monde, ce qui doit nous conduire à davantage d'aide, davantage de coopération, davantage de gouvernance mondiale. Vous le savez, la France, à travers l'engagement constant du président de la République n'a cessé de porter, haut et fort, ce combat pour l'avenir, pour la justice, pour l'environnement, pour la diversité culturelle.
Vous le voyez, plus que jamais votre mobilisation est indispensable, la mobilisation de toute l'UMP. Car l'un des grands enjeux aujourd'hui, l'un de nos grands défis, c'est la défense de notre démocratie. Il s'agit de passer d'une démocratie souvent bloquée à une démocratie éclairée par la contribution de chacun, partis politiques, associations, citoyens. Chacun doit être capable d'apporter sa contribution et sa proposition.
Et puis, ayons l'humilité de tirer les leçons du passé. Tirons les leçons du 21 avril, tirons les leçons du 29 mai dernier, avec toujours le souci de répondre aux attentes et aux préoccupations de nos compatriotes, avec le souci d'être chaque jour mieux compris par eux. Nous devons avancer avec la volonté de réconcilier et l'équilibre et le mouvement, le dynamisme économique et la solidarité. C'est l'objectif que je réaffirme solennellement devant vous. L'objectif d'une croissance sociale, c'est-à-dire, d'une croissance pour tous, au service de tous.
Aujourd'hui, dans le combat du Gouvernement, dans la capacité à convaincre chaque Français, j'ai besoin de vous, de votre énergie, de votre enthousiasme. J'ai besoin de vos rêves pour que la France reste la France, toujours plus grande !
Je vous remercie.
(Source http://www.u-m-p.org, le 3 octobre 2005)
Cher Nicolas,
Chers amis
Il y a un certain nombre d'années que j'ai eu vingt ans, mais se retrouver parmi vous, c'est certainement la garantie de savoir pourquoi l'on se bat : pour vous, pour la France, pour tous nos compatriotes qui veulent regarder l'avenir en face. C'est une grande joie pour moi d'être ici, à La Baule, à l'occasion de ces universités d'été, et vous comprendrez qu'avant toute chose, je veuille vous dire que j'ai eu, ce matin, le président de la République au téléphone, en bonne forme, et je voudrais dire, à lui qui nous montre le chemin, en notre nom à tous, notre affection et notre fidélité, pour lui souhaiter un rétablissement rapide. Vous êtes nombreux, ici, aujourd'hui, des milliers de jeunes, autour de notre président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Cela témoigne bien de la vitalité de notre mouvement ; cela témoigne de votre enthousiasme pour affirmer notre engagement, nos convictions. Aussi, ce n'est pas de la politique des petites phrases, ce n'est pas de la politique des rivalités, des rumeurs, des chicayas, des divisions dont je veux vous parler cet après-midi, mais c'est bien de ce qui est au cur de votre combat : l'engagement, la rencontre, l'échange, le partage.
L'engagement est au cur de notre histoire, il est au cur de notre tradition politique, et vous comprendrez que je vous dise, compte tenu de ma sensibilité, qu'il est au coeur de notre message gaulliste, dans la lignée de ces héros, porteurs de gloire, tout comme dans la lignée de ces soldats, de ces militants de l'ombre. Nous voulons avancer, forts des vertus de fidélité, d'exigence, portés par un même amour d'une terre et d'un peuple, la France et les Français, qui nous rassemble.
L'échange et le partage, voilà bien notre règle, pour avancer ensemble dans l'unité, pour défricher, pour innover, pour penser l'avenir, pour penser la politique dans un monde qui change et qui change vite. Marie Guévenoux a eu à cur de placer notre mouvement de jeunes dans un grand combat pour les idées. Merci Marie. Et bravo à Fabien de Sans-Nicolas pour son élection. A vous de reprendre le flambeau, maintenant. Le Gouvernement compte sur vous. Il compte sur vous pour apporter vos idées, votre énergie, pour moderniser notre pays, à un moment où il en a tant besoin. La tâche, nous le savons, est immense ; elle exige volonté et rassemblement, cette volonté, ce rassemblement, que nous exprimons ensemble, aujourd'hui.
Mais qu'est-ce que l'engagement ? Qu'est-ce que l'engagement au début de ce XXIe siècle ? Qu'est-ce que l'engagement quand on a aujourd'hui vingt ans dans notre pays ? C'est d'abord - et je veux vous le dire avec force - un combat pour l'autre, un combat pour l'ouverture vers celui qui n'a pas toujours la chance que l'on a soi-même, vers celui qui rencontre plus de difficultés, plus de souffrances. Oui, soyons fidèles à cet héritage d'une France généreuse et fraternelle, une France qui sait se rassembler dans l'épreuve, qu'il s'agisse des otages détenus en Irak - notre pays a montré qu'il savait, jour après jour, se retrouver dans une même communion - ; se rassembler dans la catastrophe qui a frappé nos compatriotes de la Martinique, se rassembler lors des tragiques incendies de Paris, qui ont fait tant de morts. Notre France, c'est celle qui sait, au-delà des frontières, si bien porter la flamme de la générosité et de 'humanitaire, médecins, infirmiers, techniciens, dans l'Océan indien, en Afrique ou ailleurs. L'engagement, aujourd'hui, c'est un combat aussi pour la démocratie, pour nos valeurs de liberté, pour nos valeurs de justice, pour nos valeurs d'égalité des chances, qu'il nous appartient de faire vivre partout, à l'école, au travail, dans le vie de tous les jours. Et puis, l'engagement, c'est un combat pour la France. Et j'étais heureux, tout à l'heure, d'entendre les jeunes de Marseille chanter notre hymne national, repris en chur par toute la salle.
Mais je voudrais vous apporter mon propre témoignage. J'avais une dizaine d'années quand, pour la première fois, mes parents m'ont conduit tout près de notre village familial, à Oradour-sur-Glane. Là, j'ai découvert l'horreur, le mépris de la vie humaine, la douleur, la barbarie, l'irréparable d'un village martyr, sacrifié par la barbarie nazie. Et puis, à vingt ans, j'ai découvert, revenant en Afrique où j'étais né, l'ambition de servir, de servir cette cause, ce qui m'a conduit à choisir la fonction publique et la diplomatie, servir ceux qui souffrent le plus. Et puis, à vingt-sept ans, j'ai fait une rencontre : Jacques Chirac, et je lui ai voué ma fidélité. Car, je vous le dis, chacun trouve, au hasard de son chemin, au hasard des rencontres, chacun découvre ses fidélités, fidélité de hasard ou fidélité essentielle, du cur, de l'esprit. J'ai été conquis par l'humanité de Jacques Chirac. J'ai été conquis par sa détermination et son sang-froid au service de la France ; j'ai été conquis par sa capacité, dans les pires épreuves, à tenir la barre de notre pays.
Aujourd'hui, nous avons besoin de vous, j'ai besoin de vous, car il nous appartient - parce que c'est le premier devoir de la politique quand on s'engage, - de regarder la vérité des choses en face. Oui, la situation de notre pays est difficile. Nous connaissons de graves contraintes économiques, une situation détériorée de nos finances publiques, un endettement trop important - 17.000 euros pour chaque jeune Français qui naît dans notre pays -. Nous connaissons aussi les effets, comme les autres pays, de la hausse du prix du pétrole, et puis, une compétition internationale toujours plus forte avec des pays qui veulent leur part, des pays qui émergent, des pays qui veulent gagner aussi leur place sur la scène internationale. Et puis, nous le voyons tous les jours dans l'actualité : les incertitudes du monde, les nouvelles fractures, les nouvelles blessures, les dizaines de milliers de morts en Irak, et quand les éléments se déchaînent, les tragédies comme celle que nous voyons aux États-Unis, au Mississipi, en Louisiane, quand des milliers d'Américains se retrouvent en plein désarroi. Face à cela, bien sûr il serait facile, commode, de céder à la tentation du découragement. Ce n'est pas notre famille politique, ce n'est pas l'esprit qui est le nôtre.
Trop de nos compatriotes peuvent avoir aujourd'hui le sentiment que rien ne change, l'impression d'une impuissance publique, l'impression d'une complexité des choses qui rend impossible, inefficace toute action, le sentiment que les divisions l'emportent, que les inégalités s'accroissent, le sentiment que l'avenir sera plus sombre pour les prochaines générations. Mais je veux vous le dire : nous ne sommes pas condamnés au déclin, ce n'est pas notre histoire, ce n'est pas le destin de la France. Non, la France n'a pas décroché et nous avons des atouts considérables, un territoire attractif, des infrastructures, des services publics de qualité. Quand on voit nos transports, notre santé, notre éducation, ne vaut-il pas mieux être soigné, transporté dans notre pays que dans beaucoup de pays voisins ? Alors, nous cédons parfois à la tentation des boucs émissaires : imaginer que l'Europe est la cause de tous nos maux, imaginer que l'Etat est responsable de nos difficultés. Non, c'est par la volonté, c'est par l'énergie, c'est par la lucidité que nous parviendrons, ensemble, à avancer. Car il y a une formidable vitalité française. Regardons notre démocratie qui fait exception aujourd'hui en Europe. Regardons la qualité du travail des Français qui ont la productivité horaire la plus forte. Regardons les succès de nos entreprises quand parmi les 100 premières entreprises mondiales, 11 sont des entreprises françaises. Regardons l'appétit qui existe dans notre pays pour l'avenir dans le domaine des hautes technologies. Il suffit de se rendre au laboratoire P4 à Lyon, il suffit de se rendre sur le site d'Airbus à Toulouse, il suffit d'aller au centre de Grenoble des nanotechnologies. Et que dire de la création artistique chez nous quand "La marche de l'empereur" fait un succès partout en Europe ou aux États-Unis. Que dire du succès de nos athlètes quand ils remportent une moisson de médailles à Helsinki - et tout ceci n'est rien, comparé à ce que nous obtiendrons à Pékin et à Londres. Oui, il y a des exemples à suivre - Ladji Doucouré, Christine Aron -, car ce n'est pas toujours la première fois que l'on gagne, mais c'est en persévérant, c'est en faisant preuve de courage, de ténacité que se remportent les plus belles victoires.
La France a des atouts, notre majorité a des atouts, d'abord parce que nous sommes divers et que la diversité, nous le savons, est une force. Plusieurs sensibilités, plusieurs tempéraments, des itinéraires différents, mais nous sommes unis, unis pour une même ambition : pour la France. Et c'est pour cela que j'ai accepté de prendre la tête du Gouvernement et c'est pour cela que je me réjouis de pouvoir compter dans notre Gouvernement sur Nicolas Sarkozy et sur tant de talents, car nous sommes complémentaires. A force de le répéter, il n'y aura plus une seule personne pour en douter, car nous en donnons la preuve tous les jours. Le Gouvernement est engagé dans une action difficile et nous la menons tous ensemble. L'UMP ouvre la voie des propositions, prépare un projet pour ce pays, et tous ensemble, c'est bien le même combat, le même objectif : assurer au bout du chemin la victoire de la France, chacun au service du pays, chacun fidèle au cap fixé par le Président de la République. Tout au long de ces dernières années, j'ai été aux côtés de Jacques Chirac et je peux vous dire combien il est attaché à la réussite de la France, à la défense de ses intérêts, à la défense de nos positions en Europe et dans le monde, à la préparation de l'avenir. Tout au long de ces années, j'ai beaucoup appris à ses côtés : que la vérité d'un homme est dans son courage, dans ses choix, contre les habitudes, contre les fatalités, contre la résignation. J'étais avec lui au métro Saint Michel, au moment où le terrorisme a si horriblement frappé notre pays ; j'étais avec lui au moment où il a repris l'initiative en Bosnie, en donnant l'ordre de reprendre le pont de Verbania, quand tout le monde avait cédé ; j'étais à ses côtés au moment de la crise irakienne, quand c'est la voix de la France qui a défendu la voie de la raison, de la paix et de la justice.
En rassemblant tous nos atouts, nous voulons vous proposer aujourd'hui une grande ambition pour la France. Cette ambition, c'est la modernisation de notre pays. Et pour cela, il nous appartient, parce que c'est le premier devoir de la politique, de faire des choix. Mon premier choix, c'est la responsabilité, faire en sorte que chacun joue son rôle, occupe sa place, que chacun ait sa chance, que chacun respecte ses droits et ses devoirs. C'est tout le sens de la bataille pour l'emploi que nous avons engagée, pour l'activité qui est notre priorité pour ceux qui ont un emploi, pour ceux qui veulent en trouver un. Prenons l'exemple des aides sociales pour ceux qui sont confrontés à la plus grande difficulté : elles doivent permettrent un retour à l'activité, elles doivent permettrent de ne pas maintenir des personnes dans l'assistance. J'ai donc décidé de renforcer l'accompagnement personnalisé, car il faut savoir, dans la difficulté, prendre la main de celui qui souffre, l'accompagner, faire en sorte de lui donner une nouvelle chance à chaque étape. Prenons un parent isolé : pour qu'il reprenne une activité, il faut l'aider pour trouver une crèche pour ses enfants. Alors oui, la dignité est au bout du chemin, l'activité est au bout du chemin. Mon deuxième choix, c'est le pragmatisme, cela veut dire apporter rapidement des réponses concrètes à nos concitoyens, une réponse immédiate lorsqu'il y a une difficulté qui se présente.
Prenons l'augmentation des prix du pétrole, prenons l'augmentation du prix de la cuve de fuel. Le Gouvernement vient de décider d'apporter, pour chaque Français en situation difficile, un chèque de 75 euros pour lui permettre de répondre justement à l'envolée des prix du pétrole.
Notre troisième choix, c'est l'avenir. Nous n'avons pas de temps à perdre. L'avenir ne se joue pas demain, il se joue aujourd'hui. Et pour renforcer la compétitivité de notre pays, pour récompenser le travail, pour valoriser l'effort, nous avons décidé d'engager sans attendre une réforme fiscale de grande ampleur, puisqu'elle conduira à rendre à ceux qui travaillent 3,5 milliards aux revenus moyens de notre pays. Cette réforme s'appliquera sur les revenus de 2006, dès le 1er janvier 2007, pour accompagner l'action gouvernementale. Je serai naturellement amené à proposer, dans les prochaines semaines, un grand programme de modernisation de l'État. Nous avons des économies encore à faire, nous avons des adaptations à décider, nous avons une exigence de bonne gestion à affirmer. Mais tout ceci doit se situer dans une véritable vision d'avenir, non pas au coup par coup, non pas à coups de rabot, mais à coup de volonté, d'énergie et d'ambition.
Car vous le savez, les Français sont attachés à un État à sa place et qui fait son travail, à un État fort, à un État capable d'apporter des réponses, à des services publics toujours meilleurs. Et nous devons nous engager dans cette voie.
Cet effort de modernisation nous permettra d'aborder avec confiance les défis de l'Europe et les défis du monde. Nous savons que les destins des peuples sont de plus en plus liés. Défis de l'Europe : bien que la situation paraisse aujourd'hui bloquée, la France veut jouer le rôle qu'elle a toujours joué en tête de la construction européenne. Nous voulons le faire en apportant des projets concrets. Nous avons proposé l'échange de listes de djihadistes pour mieux lutter contre le terrorisme en Europe. J'ai proposé d'avancer dans la voie d'un véritable service civil européen, d'intensifier notre effort dans la recherche commune à travers la création d'un Institut européen de technologies. Nous voulons défendre une vision nouvelle de la construction européenne, avec des groupes pionniers d'États, quelques États capables d'innover et de se rassembler, comme le G5 en matière de sécurité - G5, créé par N. Sarkozy -, et qui se situe en tête des propositions faites aux 25 pays européens. Nous devons également garder un juste équilibre entre l'ambition d'élargissement et la nécessité d'un approfondissement institutionnel. Il nous faut des règles. Comment fonctionner à 25 sans être capables de se doter de règles institutionnelles modernes ?
Enfin, nous devons poser courageusement la question des frontières de l'Europe, du respect de son ambition, du respect de sa vocation et de son identité, sachant que le président de la République, à travers la réforme constitutionnelle, a conféré au peuple français le choix ultime pour toute nouvelle adhésion.
Et puis il y a les défis du monde, un monde en proie au désordre, un monde en proie à la fragilité, et qui a besoin, plus que jamais, de générosité, de solidarité et de vision. Comment ne pas être meurtris par l'accumulation de violences ! L'incapacité à rétablir la paix en Irak ! Comment rester insensible devant la détresse profonde dans laquelle sont plongés des milliers d'Américains en Louisiane et dans le Sud des États-Unis ? C'est pour cela que nous voulons leur apporter notre aide.
Nous sommes sans cesse rappelés à la fragilité du monde, ce qui doit nous conduire à davantage d'aide, davantage de coopération, davantage de gouvernance mondiale. Vous le savez, la France, à travers l'engagement constant du président de la République n'a cessé de porter, haut et fort, ce combat pour l'avenir, pour la justice, pour l'environnement, pour la diversité culturelle.
Vous le voyez, plus que jamais votre mobilisation est indispensable, la mobilisation de toute l'UMP. Car l'un des grands enjeux aujourd'hui, l'un de nos grands défis, c'est la défense de notre démocratie. Il s'agit de passer d'une démocratie souvent bloquée à une démocratie éclairée par la contribution de chacun, partis politiques, associations, citoyens. Chacun doit être capable d'apporter sa contribution et sa proposition.
Et puis, ayons l'humilité de tirer les leçons du passé. Tirons les leçons du 21 avril, tirons les leçons du 29 mai dernier, avec toujours le souci de répondre aux attentes et aux préoccupations de nos compatriotes, avec le souci d'être chaque jour mieux compris par eux. Nous devons avancer avec la volonté de réconcilier et l'équilibre et le mouvement, le dynamisme économique et la solidarité. C'est l'objectif que je réaffirme solennellement devant vous. L'objectif d'une croissance sociale, c'est-à-dire, d'une croissance pour tous, au service de tous.
Aujourd'hui, dans le combat du Gouvernement, dans la capacité à convaincre chaque Français, j'ai besoin de vous, de votre énergie, de votre enthousiasme. J'ai besoin de vos rêves pour que la France reste la France, toujours plus grande !
Je vous remercie.
(Source http://www.u-m-p.org, le 3 octobre 2005)