Texte intégral
Q - Bonjour Monsieur Barnier.
R - Bonjour.
J'imagine que le ministre des Affaires étrangères que vous êtes est déçu. Un "non" puissant, massif, 55 %. C'est une mauvaise nouvelle.
Bien sûr je suis déçu et c'est une déception partagée par beaucoup de Français qui ont partagé le même engagement ; je veux d'ailleurs les remercier tout en disant à tous ceux qui ont voté "non" qu'ils vont être entendus. En même temps, c'est une épreuve pour notre pays parce que cela va être plus dur pour nous à partir de maintenant. Cela va d'ailleurs être plus dur aussi pour l'Europe, je suis convaincu de cela. Il reste la mondialisation. On a la mondialisation, on a le projet européen.
Q - La Chine, les Etats-Unis.
R - Personne ne nous attendra, ni la Chine, ni les Etats-Unis, toutes les grandes puissances qui montent et le monde "bouge" beaucoup plus vite que certains hommes politiques ne le disent. Au fond le projet européen, à quoi sert-il ? En mutualisant nos énergies, nos actions, nos politiques, à se protéger, à se faire entendre d'une seule voix, c'est cela qui reste nécessaire pour l'emploi, pour défendre, pour protéger ceux qui sont faibles.
Q - Alors pour qu'on comprenne bien, Monsieur Barnier, au niveau européen, le projet constitutionnel qui a déjà été ratifié par 9 pays, qui pourrait l'être ou ne pas l'être par d'autres, en l'état, il existe toujours mais sans nous, c'est cela l'idée ?
R - La Constitution européenne a besoin de 25 ratifications, c'est la règle de l'unanimité.
Q - Donc on continue.
R - Et il n'y a pas de raison de ne pas écouter les autres. Les autres doivent prendre en compte notre choix, nous devons aussi respecter le choix des autres et chaque pays a sa propre voix et doit être respecté en tant que tel. Le peuple espagnol s'est déjà prononcé par référendum, neuf pays ont déjà ratifié ce texte. Ce qui est prévu juridiquement, c'est qu'on va au bout de ce processus de ratification jusqu'en 2006. On verra qui manque à l'appel et puis on verra ce que l'on peut faire. Mais juridiquement cette Constitution n'existera pas s'il n'y a pas 25 ratifications.
Q - C'est quand même une crise profonde comme l'Europe en a connu mais enfin celle-ci est plus importante parce que la France est précisément un pays fondateur. Est-ce que par exemple le couple franco-allemand, qui était le moteur de l'Europe, va être affecté par cela ? On sait que Gerhard Schröder, même s'il n'y a pas eu de référendum en Allemagne, avait pris position et que le Parlement avait voté pour.
R - Sans cette Constitution, le projet européen va être en panne politique et ce qui était dans ce texte, c'était plus de social, plus de démocratie, plus de politique étrangère et de défense et donc cela va nous manquer. Il va donc falloir réagir. Et en fait, ce qui m'inquiète le plus en effet, c'est que le "cap franco-allemand" - je vous rappelle qu'au début, ce sont les Français et les Allemands qui se sont réconciliés, qui, avec les Italiens, les Néerlandais, le Benelux, ont voulu ce projet européen, pas comme un grand supermarché. Nous avons voulu faire un grand marché, avec des règles et des protections, de la politique de solidarité, la Politique agricole commune qu'il va falloir défendre et je vous assure que le président de la République va avoir besoin de toute son énergie et nous aussi pour la défendre.
Q - Pour réclamer...
R - La politique régionale qui accompagne les territoires, les départements français d'outre-mer, les régions françaises de métropole et puis une capacité politique. C'est tout cela le "cap franco-allemand". C'est la première fois depuis 50 ans que les Allemands et les Français divergent en Europe sur un problème fondamental et il faut bien voir ce qui va se passer. Le cap franco-allemand de cette Europe politique plus sociale, et qui ne se résume pas à un supermarché, ce cap-là risque d'être perdu. Et donc sur quoi va-t-on mettre le cap ? Sur l'autre vision européenne que tout le monde connaît depuis 50 ans.
Q - Libérale.
R - C'est l'idée anglo-saxonne d'une Europe beaucoup plus libérale, d'un grand supermarché, avec le maximum de compétition fiscale et sociale. Et c'est pour cela que, tout en respectant le choix et le vote de ceux qui ont voté "non" et notamment les dirigeants politiques, je ne comprends pas comment on a pu se priver des outils, des protections, des droits qui sont dans cette Constitution.
Q - Oui, parce que le paradoxe, c'est qu'au fond le titre III que tout le monde a rejeté, c'est précisément celui qui reste...
R - Je n'ai pas cessé de dire cela à Mme Buffet, à M. Besancenot, qu'en votant "non", vous gardez avec la partie III tout ce qui est plus libéral que la Constitution.
Q - Est-ce qu'il y a un risque aussi à un moment donné - parce qu'on voit bien qu'à l'étranger, on a une vision, une image un peu comme ça frileuse dans le meilleur des cas, un peu xénophobe aussi, un peu genre "je me replie sur moi" -, est-ce qu'il y a un risque justement de faire ressurgir en Europe une sorte de montée du nationalisme, pour dire les choses simplement. D'autres pays pourraient être tentés par la même chose ou au fond c'est cette idée de travailler tous ensemble qui serait cassée ?
R - Mais dans le monde tel qu'il est, il faut bien le regarder les yeux dans les yeux, ce monde bouge autour de nous, de grandes puissances arrivent, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil et naturellement les Etats-Unis. Comment s'en sort-on ? Ce n'est pas chacun chez soi et chacun pour soi, en se repliant derrière je ne sais quelle ligne Maginot. Nous avons, avec le projet européen, un projet qui doit nous protéger. Alors il y a des leçons à tirer, parce qu'au fond dans ce débat, chez nous et chez les autres, les gens se posent des questions, il faut entendre ces questions, y compris sur le sens du projet européen. On arrive presque à un projet abouti dans ses frontières, dans ses politiques, dans ses droits et, quelque part, les gens s'interrogent. Quel est le sens de ce projet, à quoi cela sert-il ? Et je pense que les hommes politiques de ce pays et les autres doivent redonner du sens à ce projet.
Q - Est-ce qu'on n'a pas pêché en n'expliquant pas davantage, ou en n'interrogeant pas davantage l'opinion publique justement sur l'élargissement ? Parce qu'au fond, c'est aussi ça, ce n'est pas un hasard si le plombier polonais est sorti, si je puis dire ?
R - Oui, on nous avait déjà fait le coup du maçon portugais il y a 20 ans, mais pas seulement sur l'élargissement. Ce n'est pas normal que le projet européen se construise depuis 50 ans pour les citoyens mais sans les citoyens, sauf une fois tous les 13 ans. François Mitterrand, il y a 13 ans, avait provoqué un référendum. Jacques Chirac a voulu le faire, et je crois qu'il a bien fait, parce que le peuple doit être interrogé.
Q - On va revenir sur les conséquences pour Jacques Chirac.
R - Eh bien ce n'est pas suffisant. Je pense qu'il faut que le débat européen soit un débat plus normal, plus régulier y compris sur vos antennes et dans les départements et dans les régions.
Q - Une question qui pourrait apparaître subsidiaire mais qui ne l'est peut-être pas tout à fait, vous qui connaissez bien justement le milieu de l'olympisme, est-ce qu'une image justement qu'on pourrait donner, à l'international, d'une France un peu frileuse, pourrait peser sur le choix du Comité olympique le 6 juillet puisque Paris est ville candidate ?
R - Il faudra expliquer que ce vote ne change pas les idées, la vocation de notre pays. Je connais bien le mouvement olympique international qui va choisir, début juillet à Singapour, la ville qui aura l'honneur d'organiser les jeux de 2012. Franchement, c'est une organisation qui n'est pas politique, qui n'est pas partisane. J'ai toujours constaté qu'elle restait en dehors des critères politiques et donc Paris, comme les autres villes, sera jugée sur son dossier, sur sa capacité, sur la présentation technique de ce dossier et je pense qu'il faudra rester rassemblés et confiants dans ce dossier parce que c'est un bon dossier.
Q - On a beaucoup parlé justement hier soir de rassemblement autour du président de la République. Quand on regarde - je vais donner quelques chiffres tout de même -, les motivations du "non", on voit que 52 % ont placé en premier les problèmes nationaux, que les partisans du "non" sont essentiellement chez les ouvriers, les agriculteurs, les fonctionnaires et les jeunes, et qu'au fond le "oui" ne l'emporte que chez les professions libérales ou les cadres supérieurs. Alors quelles conséquences doit en tirer le président de la République ? Hier, on l'a entendu, il disait sans le dire qu'il va changer de gouvernement. On peut imaginer qu'il y aura le départ du Premier ministre, ce sera annoncé dans les jours qui viennent.
R - D'abord, je veux dire que le président de la République, c'est lui qui a voulu consulter le peuple, qui a fait le choix de la démocratie et on ne peut pas lui en vouloir, ni le critiquer pour cela, parce que c'était un choix difficile que de donner la parole au peuple. Il a dit aussi, avant même le référendum - il vous a dit, il nous a dit jeudi dans son allocution - qu'il avait entendu les questions, les aspirations, les inquiétudes et qu'il en tiendrait compte. Donc, il va en tenir compte en donnant à l'action française, nationale...
Q - Donc cela veut dire qu'il va changer de Premier ministre ?
R - C'est à lui de vous dire ce qu'il va faire, ce n'est pas moi, ministre des Affaires étrangères de vous dire quelle décision il va prendre, mais il y aura une nouvelle impulsion et une nouvelle orientation de l'action nationale.
Q - Donc un nouveau gouvernement.
R - Ecoutez, laissez, patientez quelques heures, je pense, ou quelques jours, c'est le président de la République qui, dans son rôle de chef de l'Etat - il exprime l'intérêt national, il est le chef des institutions françaises -, c'est à lui de vous dire, de nous dire, quelles conséquences il va tirer.
Q - Il y a tout de même une remise en question forte, si ce n'est de la personne du président de la République, puisque vous considérez que non, mais enfin en tout cas de l'action gouvernementale. Avec 55 % de "non" à un référendum, est-ce qu'il n'en sort pas affaibli quand même ?
R - Dans ce référendum, on a bien vu que les Français n'avaient qu'un seul bulletin de vote et qu'ils avaient répondu à trois ou quatre questions à la fois. Et parmi ces questions, il y a celles dont je parlais tout à l'heure, sur le sens du projet européen et l'incompréhension de ce projet, il faut en tenir compte. Il y a la Constitution elle-même, parce que les Français ont pu dire "non" au texte lui-même et puis il y a en effet un certain nombre d'inquiétudes, de préoccupations, de questions liées à la vie chère, à l'emploi ou au chômage et donc le président de la République a entendu tout cela.
Q - Et il va en tenir compte.
R - Et je sais qu'il en tiendra compte.
Q - Ce n'est pas un vote comme le 21 avril ?
R - Je ne crois pas qu'il faille comparer. Les circonstances sont différentes, le président de la République est dans son rôle, il a entendu et il va tenir compte de ce qui a été dit par les Français.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mai 2005)
R - Bonjour.
J'imagine que le ministre des Affaires étrangères que vous êtes est déçu. Un "non" puissant, massif, 55 %. C'est une mauvaise nouvelle.
Bien sûr je suis déçu et c'est une déception partagée par beaucoup de Français qui ont partagé le même engagement ; je veux d'ailleurs les remercier tout en disant à tous ceux qui ont voté "non" qu'ils vont être entendus. En même temps, c'est une épreuve pour notre pays parce que cela va être plus dur pour nous à partir de maintenant. Cela va d'ailleurs être plus dur aussi pour l'Europe, je suis convaincu de cela. Il reste la mondialisation. On a la mondialisation, on a le projet européen.
Q - La Chine, les Etats-Unis.
R - Personne ne nous attendra, ni la Chine, ni les Etats-Unis, toutes les grandes puissances qui montent et le monde "bouge" beaucoup plus vite que certains hommes politiques ne le disent. Au fond le projet européen, à quoi sert-il ? En mutualisant nos énergies, nos actions, nos politiques, à se protéger, à se faire entendre d'une seule voix, c'est cela qui reste nécessaire pour l'emploi, pour défendre, pour protéger ceux qui sont faibles.
Q - Alors pour qu'on comprenne bien, Monsieur Barnier, au niveau européen, le projet constitutionnel qui a déjà été ratifié par 9 pays, qui pourrait l'être ou ne pas l'être par d'autres, en l'état, il existe toujours mais sans nous, c'est cela l'idée ?
R - La Constitution européenne a besoin de 25 ratifications, c'est la règle de l'unanimité.
Q - Donc on continue.
R - Et il n'y a pas de raison de ne pas écouter les autres. Les autres doivent prendre en compte notre choix, nous devons aussi respecter le choix des autres et chaque pays a sa propre voix et doit être respecté en tant que tel. Le peuple espagnol s'est déjà prononcé par référendum, neuf pays ont déjà ratifié ce texte. Ce qui est prévu juridiquement, c'est qu'on va au bout de ce processus de ratification jusqu'en 2006. On verra qui manque à l'appel et puis on verra ce que l'on peut faire. Mais juridiquement cette Constitution n'existera pas s'il n'y a pas 25 ratifications.
Q - C'est quand même une crise profonde comme l'Europe en a connu mais enfin celle-ci est plus importante parce que la France est précisément un pays fondateur. Est-ce que par exemple le couple franco-allemand, qui était le moteur de l'Europe, va être affecté par cela ? On sait que Gerhard Schröder, même s'il n'y a pas eu de référendum en Allemagne, avait pris position et que le Parlement avait voté pour.
R - Sans cette Constitution, le projet européen va être en panne politique et ce qui était dans ce texte, c'était plus de social, plus de démocratie, plus de politique étrangère et de défense et donc cela va nous manquer. Il va donc falloir réagir. Et en fait, ce qui m'inquiète le plus en effet, c'est que le "cap franco-allemand" - je vous rappelle qu'au début, ce sont les Français et les Allemands qui se sont réconciliés, qui, avec les Italiens, les Néerlandais, le Benelux, ont voulu ce projet européen, pas comme un grand supermarché. Nous avons voulu faire un grand marché, avec des règles et des protections, de la politique de solidarité, la Politique agricole commune qu'il va falloir défendre et je vous assure que le président de la République va avoir besoin de toute son énergie et nous aussi pour la défendre.
Q - Pour réclamer...
R - La politique régionale qui accompagne les territoires, les départements français d'outre-mer, les régions françaises de métropole et puis une capacité politique. C'est tout cela le "cap franco-allemand". C'est la première fois depuis 50 ans que les Allemands et les Français divergent en Europe sur un problème fondamental et il faut bien voir ce qui va se passer. Le cap franco-allemand de cette Europe politique plus sociale, et qui ne se résume pas à un supermarché, ce cap-là risque d'être perdu. Et donc sur quoi va-t-on mettre le cap ? Sur l'autre vision européenne que tout le monde connaît depuis 50 ans.
Q - Libérale.
R - C'est l'idée anglo-saxonne d'une Europe beaucoup plus libérale, d'un grand supermarché, avec le maximum de compétition fiscale et sociale. Et c'est pour cela que, tout en respectant le choix et le vote de ceux qui ont voté "non" et notamment les dirigeants politiques, je ne comprends pas comment on a pu se priver des outils, des protections, des droits qui sont dans cette Constitution.
Q - Oui, parce que le paradoxe, c'est qu'au fond le titre III que tout le monde a rejeté, c'est précisément celui qui reste...
R - Je n'ai pas cessé de dire cela à Mme Buffet, à M. Besancenot, qu'en votant "non", vous gardez avec la partie III tout ce qui est plus libéral que la Constitution.
Q - Est-ce qu'il y a un risque aussi à un moment donné - parce qu'on voit bien qu'à l'étranger, on a une vision, une image un peu comme ça frileuse dans le meilleur des cas, un peu xénophobe aussi, un peu genre "je me replie sur moi" -, est-ce qu'il y a un risque justement de faire ressurgir en Europe une sorte de montée du nationalisme, pour dire les choses simplement. D'autres pays pourraient être tentés par la même chose ou au fond c'est cette idée de travailler tous ensemble qui serait cassée ?
R - Mais dans le monde tel qu'il est, il faut bien le regarder les yeux dans les yeux, ce monde bouge autour de nous, de grandes puissances arrivent, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil et naturellement les Etats-Unis. Comment s'en sort-on ? Ce n'est pas chacun chez soi et chacun pour soi, en se repliant derrière je ne sais quelle ligne Maginot. Nous avons, avec le projet européen, un projet qui doit nous protéger. Alors il y a des leçons à tirer, parce qu'au fond dans ce débat, chez nous et chez les autres, les gens se posent des questions, il faut entendre ces questions, y compris sur le sens du projet européen. On arrive presque à un projet abouti dans ses frontières, dans ses politiques, dans ses droits et, quelque part, les gens s'interrogent. Quel est le sens de ce projet, à quoi cela sert-il ? Et je pense que les hommes politiques de ce pays et les autres doivent redonner du sens à ce projet.
Q - Est-ce qu'on n'a pas pêché en n'expliquant pas davantage, ou en n'interrogeant pas davantage l'opinion publique justement sur l'élargissement ? Parce qu'au fond, c'est aussi ça, ce n'est pas un hasard si le plombier polonais est sorti, si je puis dire ?
R - Oui, on nous avait déjà fait le coup du maçon portugais il y a 20 ans, mais pas seulement sur l'élargissement. Ce n'est pas normal que le projet européen se construise depuis 50 ans pour les citoyens mais sans les citoyens, sauf une fois tous les 13 ans. François Mitterrand, il y a 13 ans, avait provoqué un référendum. Jacques Chirac a voulu le faire, et je crois qu'il a bien fait, parce que le peuple doit être interrogé.
Q - On va revenir sur les conséquences pour Jacques Chirac.
R - Eh bien ce n'est pas suffisant. Je pense qu'il faut que le débat européen soit un débat plus normal, plus régulier y compris sur vos antennes et dans les départements et dans les régions.
Q - Une question qui pourrait apparaître subsidiaire mais qui ne l'est peut-être pas tout à fait, vous qui connaissez bien justement le milieu de l'olympisme, est-ce qu'une image justement qu'on pourrait donner, à l'international, d'une France un peu frileuse, pourrait peser sur le choix du Comité olympique le 6 juillet puisque Paris est ville candidate ?
R - Il faudra expliquer que ce vote ne change pas les idées, la vocation de notre pays. Je connais bien le mouvement olympique international qui va choisir, début juillet à Singapour, la ville qui aura l'honneur d'organiser les jeux de 2012. Franchement, c'est une organisation qui n'est pas politique, qui n'est pas partisane. J'ai toujours constaté qu'elle restait en dehors des critères politiques et donc Paris, comme les autres villes, sera jugée sur son dossier, sur sa capacité, sur la présentation technique de ce dossier et je pense qu'il faudra rester rassemblés et confiants dans ce dossier parce que c'est un bon dossier.
Q - On a beaucoup parlé justement hier soir de rassemblement autour du président de la République. Quand on regarde - je vais donner quelques chiffres tout de même -, les motivations du "non", on voit que 52 % ont placé en premier les problèmes nationaux, que les partisans du "non" sont essentiellement chez les ouvriers, les agriculteurs, les fonctionnaires et les jeunes, et qu'au fond le "oui" ne l'emporte que chez les professions libérales ou les cadres supérieurs. Alors quelles conséquences doit en tirer le président de la République ? Hier, on l'a entendu, il disait sans le dire qu'il va changer de gouvernement. On peut imaginer qu'il y aura le départ du Premier ministre, ce sera annoncé dans les jours qui viennent.
R - D'abord, je veux dire que le président de la République, c'est lui qui a voulu consulter le peuple, qui a fait le choix de la démocratie et on ne peut pas lui en vouloir, ni le critiquer pour cela, parce que c'était un choix difficile que de donner la parole au peuple. Il a dit aussi, avant même le référendum - il vous a dit, il nous a dit jeudi dans son allocution - qu'il avait entendu les questions, les aspirations, les inquiétudes et qu'il en tiendrait compte. Donc, il va en tenir compte en donnant à l'action française, nationale...
Q - Donc cela veut dire qu'il va changer de Premier ministre ?
R - C'est à lui de vous dire ce qu'il va faire, ce n'est pas moi, ministre des Affaires étrangères de vous dire quelle décision il va prendre, mais il y aura une nouvelle impulsion et une nouvelle orientation de l'action nationale.
Q - Donc un nouveau gouvernement.
R - Ecoutez, laissez, patientez quelques heures, je pense, ou quelques jours, c'est le président de la République qui, dans son rôle de chef de l'Etat - il exprime l'intérêt national, il est le chef des institutions françaises -, c'est à lui de vous dire, de nous dire, quelles conséquences il va tirer.
Q - Il y a tout de même une remise en question forte, si ce n'est de la personne du président de la République, puisque vous considérez que non, mais enfin en tout cas de l'action gouvernementale. Avec 55 % de "non" à un référendum, est-ce qu'il n'en sort pas affaibli quand même ?
R - Dans ce référendum, on a bien vu que les Français n'avaient qu'un seul bulletin de vote et qu'ils avaient répondu à trois ou quatre questions à la fois. Et parmi ces questions, il y a celles dont je parlais tout à l'heure, sur le sens du projet européen et l'incompréhension de ce projet, il faut en tenir compte. Il y a la Constitution elle-même, parce que les Français ont pu dire "non" au texte lui-même et puis il y a en effet un certain nombre d'inquiétudes, de préoccupations, de questions liées à la vie chère, à l'emploi ou au chômage et donc le président de la République a entendu tout cela.
Q - Et il va en tenir compte.
R - Et je sais qu'il en tiendra compte.
Q - Ce n'est pas un vote comme le 21 avril ?
R - Je ne crois pas qu'il faille comparer. Les circonstances sont différentes, le président de la République est dans son rôle, il a entendu et il va tenir compte de ce qui a été dit par les Français.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mai 2005)