Texte intégral
Q- Vous rentrez du Groenland où vous avez participé avec vingt et un de vos collègues chargés de l'environnement, de l'écologie, à une réunion sur les effets extrêmement préoccupants du réchauffement climatique sur ce territoire danois situé en Arctique. Le réchauffement de la planète n'est plus seulement une menace mais, vous l'avez vu, une réalité d'aujourd'hui...
R- C'est tout à fait une réalité et je voudrais faire référence à P.-E. Victor qui, quand même, a travaillé là bas et qui a fait quatorze expéditions et qui disait en 1991, "que la principale maladie de la planète, c'était l'homme et qu'il fallait arrêter de considérer l'écologie comme un luxe et changer d'état d'esprit". L'environnement, c'était l'épée de Damoclès ; eh bien, je crois qu'il avait raison, il avait été précurseur en la matière. Aujourd'hui, nous assistons quand même à un phénomène extrêmement grave, puisque selon les études scientifiques, les dernières qui ont été données et qui nous ont été présentées, la vitesse de fonte d'un glacier aujourd'hui a pratiquement triplée depuis 1988 ; elle est passée à 14 kilomètres, en 1988 elle était à 8 kilomètres. Et puis sur le glacier d'Illulissat, où nous étions d'ailleurs, il y a un recul du fond du glacier qui est de 8 kilomètres, et cela, c'est un effet qui s'est produit entre 2001 et 2003 ; ce qui veut dire quand même que la situation est extrêmement sérieuse. Et il faut penser également que, si la température s'élevait de 2,7 degrés seulement, la masse, une masse importante du glacier fondrait, cela augmenterait le niveau de la mer de plus de 20 centimètres, ce qui est aujourd'hui la mesure relevée pour un siècle. Si cela continue, c'est des populations qui disparaîtront puisque des petits Etats insulaires, si le niveau de la mer continue à augmenter, perdront une partie de leur territoire ; il y aura donc des migrations et il y aura des drames humains.
Q- D'ores et déjà, sur ce territoire où vous étiez au Groenland, le réchauffement climatique à des conséquences pour les populations locales, les Inuits...
R- Il a des conséquences d'abord sur le problème de l'écologie, on va déjà parler de cela parce que toute la population ours, la population phoques ont de grosses difficultés. Les ours s'épuisent à traverser de banquises en banquises et ont du mal à se nourrir au jour d'aujourd'hui. Les femelles ont beaucoup maigri, donc elles ne peuvent plus se reproduire. Sur les populations, il y a des difficultés en ce qui concerne la pêche. Or on sait que c'est quand même entre la pêche et la chasse, leur vie et leur survie, et donc de plus en plus de difficulté, avec la difficulté de prévision de la météo qui, compte tenu des phénomènes climatiques, est de plus en plus difficile à appréhender, et puis vous avez donc ce problème au jour d'aujourd'hui, qui fait que, si cela continuait, ces populations seraient en danger de vie (sic), et pour partie d'entre elles, seraient obligées aussi d'immigrer.
Q- On comprend là que c'est un problème concret et pas seulement des idées un peu abstraites...
R- Je crois que en allant sur place, et tous les ministres que nous étions avec ce que nous avons vu, ce qui nous a été présenté et puis ce que nous avons pu avoir comme échange avec les populations, font qu'on ne peut pas repartir de là en se disant : "nous avons encore le temps d'agir" ; on n'a plus le temps d'agir.
Q- Justement, au-delà du constat et de la prise de conscience, sentez vous une volonté d'agir réelle et notamment de la part des Etats- Unis, qui se distingue tout de même un peu en la matière, puisque jusqu'à maintenant, les Etats-Unis n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto sur la réduction et la limitation des gaz à effet de serre ?
R- Au travers de tous les ministres que nous étions, nous avons tous pensé que cette rencontre informelle était un vrai succès diplomatique. Succès diplomatique d'abord parce que nous avons pu dire les choses telles que nous les pensions...
Q- Quand vous dites informelle, c'est que l'ambiance était décontractée, assez ouverte ?
R- L'ambiance était très ouverte et tout le monde pouvait dire ce qu'il avait envie de dire. Moi-même, j'ai dit simplement que les pays en voie de développement, aujourd'hui, qui posaient problème, parce que nous sommes là pour les aider, pour qu'ils arrivent à vivre comme il faut et normalement, devaient quand même inscrire dans leurs priorités, le changement climatique ; parce que si un pays fait un effort et le pays voisin n'en fait pas, il est évident que ce sera quand même quelque chose qui, n'aura aucun effet. Mais ce qui m'a surtout réconforté, c'est que j'ai constaté que la majorité des pays représentés, en tout cas, croyaient fermement en la vertu du protocole de Kyoto.
Q- Y compris les Etats-Unis ?
R- Alors, les Etats-Unis n'ont pas fait de déclaration, mais ce n'était pas le moment. Vous savez, nous n'avons pas été là bas pour blâmer qui que ce soit. Nous avons été là bas pour avoir un véritable échange. Et je crois que la prise de conscience est réelle.
Q- Est-ce qu'on peut tout de même s'attendre en décembre prochain à Montréal, lors de la prochaine conférence de l'ONU sur les changements climatiques, cette fois à de vrais engagements, y compris de la part des Etats-Unis ?
R- Moi je constate aux Etats-Unis, qu'il y a une position du Gouvernement, mais il y a aussi une position des Etats. De plus en plus d'Etats au Etats-Unis, y compris la Californie qui est pourtant un soutien important du Président Bush, a dit que, eux dans l'Etat, appliqueraient le protocole de Kyoto. A l'époque, il y a quinze jours à peu près, il y avait encore 134 maires, qui disaient aussi vouloir adhérer au protocole de Kyoto. Les mentalités changent sur le terrain et elles feront changer automatiquement les mentalités des gouvernements, qui quelque part auraient encore quelques réticences.
Q- Plus prés de nous, en Europe, ce sont les incendies de forêt qui font des ravages. La situation a pris des proportions catastrophiques au Portugal où plus de 130.000 hectares de végétation ont été détruits par les flammes. Plusieurs pays de l'Union européenne, dont la France, sont a pied d'uvre en ce moment, prêtent main forte aux services portugais pour venir à bout des feux. Ne faudrait-t-il pas envisager une coopération européenne en amont, c'est-à-dire travailler ensemble à la prévention ?
R- Cette coopération existe déjà entre la France et l'Italie. Donc aujourd'hui, le Portugal a fait appel et nous sommes là pour les aider. Mais je crois qu'effectivement, compte tenu de ces phénomènes, nous devons avoir une coopération internationale bien plus forte.
Q- Comment cela peut s'organiser ? Comment prévenir les incendies de forêts ? Est-ce que c'est une meilleure gestion des massifs forestiers, la mutualisation des moyens ?
R- Alors on peut prévenir les incendies, effectivement on ne pourra pas toujours les éviter. Mais aujourd'hui il y a deux phénomènes, les incendies qui se déclenchent parce que qu'il y a eu des problèmes de climat, mais il a aussi les incendies volontaires et aujourd'hui, malheureusement - et le Portugal en est aussi un exemple comme en France -, la plupart des incendies qui se sont déclarés ont été des incendies criminels ; or là je crois qu'il faudra vraiment qu'il y ait une très grande sévérité quand les gens seront rattrapés.
Q- Les feux de forêts évidemment se développent d'autant plus facilement que le sud de l'Europe est victime d'une sécheresse persistante. En France aujourd'hui, la quasi-totalité des départements sont soumis à des restrictions en ce qui concerne l'usage de l'eau. Est-ce que la situation est aujourd'hui véritablement inquiétante sur le fond de la sécheresse ?
R- Ne pas dire qu'elle serait inquiétante, ce serait quand même vraiment ne pas voir la situation en face ; il y a quand même 71 départements en France qui sont en grande difficulté. Si sur le nord de le France, les choses se sont quelques peu améliorées parce qu'il y a eu quand même des pluies, on peut dire que cela reste quand même très tendu sur d'autres départements qui vont de la façade atlantique jusqu'à la Provence Côte d'Azur, et la situation est extrêmement grave. Et nous assistons à des phénomènes que nous n'avons pas vus, ne serait-ce qu'en terme de cours d'eau et de baisse des cours d'eau régulièrement qui continuent d'ailleurs à baisser, ce qui est inquiétant, à des phénomènes qui ont lieu une fois tous les dix ans ou une fois tous les cinquante ans.
Q- Est-ce que là aussi, il n'y a pas des efforts à faire en amont, c'est-à-dire améliorer encore la gestion de l'eau, la politique de l'eau ?
R- Je crois que, premièrement, si nous traversons cette crise sécheresse qui heureusement et fort heureusement n'a pas été doublée d'une crise canicule, c'est parce que des travaux importants ont été fait depuis 1976. Vous remarquerez que l'on a pas manqué d'eau potable ou très peu dans des petits villages, qui eux, n'on pas fait les travaux nécessaires par manque de moyens ou parce qu'on ne pensait pas que l'eau allait devenir un bien précieux et un bien rare. Mais en tout cas aujourd'hui, l'eau potable n'a pas manqué, et ça, c'est grâce aux travaux qui ont été fait en 1976. Et puis si nous passons cette crise, bien que difficilement, bien que préoccupante, c'est parce qu'elle a été prise en amont, la crise a été anticipée. Le Comité sécheresse, qui s'est réuni pour la première fois en 2004, a mis en place un certain nombre de mesures et les préfets dès le mois de mars ont pris toutes les mesures. Alors, c'est vrai que les mesures d'interdiction sont difficilement supportables mais en tout cas, je crois qu'il y va du citoyen d'être responsable, et quand je parle du citoyen, c'est le citoyen dans toutes ses configurations, que ce soit de l'agriculteur ou celui qui remplit sa piscine, celui qui lave sa voiture ou qui arrose ses pelouses ou les golfs puisque là aussi ça a été une polémique.
Q- Depuis des mois les cours du pétrole n'en finissent pas de flamber, la facture devient aujourd'hui extrêmement lourde pour les consommateurs, la croissance aussi s'en ressent. Il n'y a pas pour l'instant raison d'espérer une amélioration sur ce front là. Est-ce que, il n'est pas temps de réfléchir très sérieusement à d'autres sources d'énergie et notamment pour les transports ?
R- Premièrement, nous n'avons pas attendu que la hausse du pétrole soit à ce stade là pour réfléchir, mais on est dépendant du pétrole et je crois qu'aujourd'hui, nous devons accélérer toutes les démarche et toutes les recherches possibles, pour une diversité des énergies. Alors on ne pourra pas en France, faire tout éolien comme au Danemark ; je pense qu'il faut travailler là-dessus. J'ai demandé au Haut commissaire à l'énergie atomique de me faire des propositions et que nous travaillons en tout cas, déjà, sur un certain nombre de diversités. En matière de transports, je voudrais dire quand même que là aussi, nous avons un réel chantier à mettre en uvre pour des transports beaucoup plus propres. Parce que là aussi, je rappelle que la France a été un des premiers pays à dire qu'elle diminuerait ses émissions de gaz à effet de serre par quatre pour arriver à 2050 ; c'est un effort de 3 % tous les ans et donc là aussi, nous avons quand même à revoir certaines positions. J'ai pris rendez-vous et j'ai demandé à ce que les grands constructeurs d'automobiles, les patrons viennent me rencontrer pour voir dans quelles directions nous pourrions aller, pour effectivement avancer sur les véhicules propres la aussi.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2005)
R- C'est tout à fait une réalité et je voudrais faire référence à P.-E. Victor qui, quand même, a travaillé là bas et qui a fait quatorze expéditions et qui disait en 1991, "que la principale maladie de la planète, c'était l'homme et qu'il fallait arrêter de considérer l'écologie comme un luxe et changer d'état d'esprit". L'environnement, c'était l'épée de Damoclès ; eh bien, je crois qu'il avait raison, il avait été précurseur en la matière. Aujourd'hui, nous assistons quand même à un phénomène extrêmement grave, puisque selon les études scientifiques, les dernières qui ont été données et qui nous ont été présentées, la vitesse de fonte d'un glacier aujourd'hui a pratiquement triplée depuis 1988 ; elle est passée à 14 kilomètres, en 1988 elle était à 8 kilomètres. Et puis sur le glacier d'Illulissat, où nous étions d'ailleurs, il y a un recul du fond du glacier qui est de 8 kilomètres, et cela, c'est un effet qui s'est produit entre 2001 et 2003 ; ce qui veut dire quand même que la situation est extrêmement sérieuse. Et il faut penser également que, si la température s'élevait de 2,7 degrés seulement, la masse, une masse importante du glacier fondrait, cela augmenterait le niveau de la mer de plus de 20 centimètres, ce qui est aujourd'hui la mesure relevée pour un siècle. Si cela continue, c'est des populations qui disparaîtront puisque des petits Etats insulaires, si le niveau de la mer continue à augmenter, perdront une partie de leur territoire ; il y aura donc des migrations et il y aura des drames humains.
Q- D'ores et déjà, sur ce territoire où vous étiez au Groenland, le réchauffement climatique à des conséquences pour les populations locales, les Inuits...
R- Il a des conséquences d'abord sur le problème de l'écologie, on va déjà parler de cela parce que toute la population ours, la population phoques ont de grosses difficultés. Les ours s'épuisent à traverser de banquises en banquises et ont du mal à se nourrir au jour d'aujourd'hui. Les femelles ont beaucoup maigri, donc elles ne peuvent plus se reproduire. Sur les populations, il y a des difficultés en ce qui concerne la pêche. Or on sait que c'est quand même entre la pêche et la chasse, leur vie et leur survie, et donc de plus en plus de difficulté, avec la difficulté de prévision de la météo qui, compte tenu des phénomènes climatiques, est de plus en plus difficile à appréhender, et puis vous avez donc ce problème au jour d'aujourd'hui, qui fait que, si cela continuait, ces populations seraient en danger de vie (sic), et pour partie d'entre elles, seraient obligées aussi d'immigrer.
Q- On comprend là que c'est un problème concret et pas seulement des idées un peu abstraites...
R- Je crois que en allant sur place, et tous les ministres que nous étions avec ce que nous avons vu, ce qui nous a été présenté et puis ce que nous avons pu avoir comme échange avec les populations, font qu'on ne peut pas repartir de là en se disant : "nous avons encore le temps d'agir" ; on n'a plus le temps d'agir.
Q- Justement, au-delà du constat et de la prise de conscience, sentez vous une volonté d'agir réelle et notamment de la part des Etats- Unis, qui se distingue tout de même un peu en la matière, puisque jusqu'à maintenant, les Etats-Unis n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto sur la réduction et la limitation des gaz à effet de serre ?
R- Au travers de tous les ministres que nous étions, nous avons tous pensé que cette rencontre informelle était un vrai succès diplomatique. Succès diplomatique d'abord parce que nous avons pu dire les choses telles que nous les pensions...
Q- Quand vous dites informelle, c'est que l'ambiance était décontractée, assez ouverte ?
R- L'ambiance était très ouverte et tout le monde pouvait dire ce qu'il avait envie de dire. Moi-même, j'ai dit simplement que les pays en voie de développement, aujourd'hui, qui posaient problème, parce que nous sommes là pour les aider, pour qu'ils arrivent à vivre comme il faut et normalement, devaient quand même inscrire dans leurs priorités, le changement climatique ; parce que si un pays fait un effort et le pays voisin n'en fait pas, il est évident que ce sera quand même quelque chose qui, n'aura aucun effet. Mais ce qui m'a surtout réconforté, c'est que j'ai constaté que la majorité des pays représentés, en tout cas, croyaient fermement en la vertu du protocole de Kyoto.
Q- Y compris les Etats-Unis ?
R- Alors, les Etats-Unis n'ont pas fait de déclaration, mais ce n'était pas le moment. Vous savez, nous n'avons pas été là bas pour blâmer qui que ce soit. Nous avons été là bas pour avoir un véritable échange. Et je crois que la prise de conscience est réelle.
Q- Est-ce qu'on peut tout de même s'attendre en décembre prochain à Montréal, lors de la prochaine conférence de l'ONU sur les changements climatiques, cette fois à de vrais engagements, y compris de la part des Etats-Unis ?
R- Moi je constate aux Etats-Unis, qu'il y a une position du Gouvernement, mais il y a aussi une position des Etats. De plus en plus d'Etats au Etats-Unis, y compris la Californie qui est pourtant un soutien important du Président Bush, a dit que, eux dans l'Etat, appliqueraient le protocole de Kyoto. A l'époque, il y a quinze jours à peu près, il y avait encore 134 maires, qui disaient aussi vouloir adhérer au protocole de Kyoto. Les mentalités changent sur le terrain et elles feront changer automatiquement les mentalités des gouvernements, qui quelque part auraient encore quelques réticences.
Q- Plus prés de nous, en Europe, ce sont les incendies de forêt qui font des ravages. La situation a pris des proportions catastrophiques au Portugal où plus de 130.000 hectares de végétation ont été détruits par les flammes. Plusieurs pays de l'Union européenne, dont la France, sont a pied d'uvre en ce moment, prêtent main forte aux services portugais pour venir à bout des feux. Ne faudrait-t-il pas envisager une coopération européenne en amont, c'est-à-dire travailler ensemble à la prévention ?
R- Cette coopération existe déjà entre la France et l'Italie. Donc aujourd'hui, le Portugal a fait appel et nous sommes là pour les aider. Mais je crois qu'effectivement, compte tenu de ces phénomènes, nous devons avoir une coopération internationale bien plus forte.
Q- Comment cela peut s'organiser ? Comment prévenir les incendies de forêts ? Est-ce que c'est une meilleure gestion des massifs forestiers, la mutualisation des moyens ?
R- Alors on peut prévenir les incendies, effectivement on ne pourra pas toujours les éviter. Mais aujourd'hui il y a deux phénomènes, les incendies qui se déclenchent parce que qu'il y a eu des problèmes de climat, mais il a aussi les incendies volontaires et aujourd'hui, malheureusement - et le Portugal en est aussi un exemple comme en France -, la plupart des incendies qui se sont déclarés ont été des incendies criminels ; or là je crois qu'il faudra vraiment qu'il y ait une très grande sévérité quand les gens seront rattrapés.
Q- Les feux de forêts évidemment se développent d'autant plus facilement que le sud de l'Europe est victime d'une sécheresse persistante. En France aujourd'hui, la quasi-totalité des départements sont soumis à des restrictions en ce qui concerne l'usage de l'eau. Est-ce que la situation est aujourd'hui véritablement inquiétante sur le fond de la sécheresse ?
R- Ne pas dire qu'elle serait inquiétante, ce serait quand même vraiment ne pas voir la situation en face ; il y a quand même 71 départements en France qui sont en grande difficulté. Si sur le nord de le France, les choses se sont quelques peu améliorées parce qu'il y a eu quand même des pluies, on peut dire que cela reste quand même très tendu sur d'autres départements qui vont de la façade atlantique jusqu'à la Provence Côte d'Azur, et la situation est extrêmement grave. Et nous assistons à des phénomènes que nous n'avons pas vus, ne serait-ce qu'en terme de cours d'eau et de baisse des cours d'eau régulièrement qui continuent d'ailleurs à baisser, ce qui est inquiétant, à des phénomènes qui ont lieu une fois tous les dix ans ou une fois tous les cinquante ans.
Q- Est-ce que là aussi, il n'y a pas des efforts à faire en amont, c'est-à-dire améliorer encore la gestion de l'eau, la politique de l'eau ?
R- Je crois que, premièrement, si nous traversons cette crise sécheresse qui heureusement et fort heureusement n'a pas été doublée d'une crise canicule, c'est parce que des travaux importants ont été fait depuis 1976. Vous remarquerez que l'on a pas manqué d'eau potable ou très peu dans des petits villages, qui eux, n'on pas fait les travaux nécessaires par manque de moyens ou parce qu'on ne pensait pas que l'eau allait devenir un bien précieux et un bien rare. Mais en tout cas aujourd'hui, l'eau potable n'a pas manqué, et ça, c'est grâce aux travaux qui ont été fait en 1976. Et puis si nous passons cette crise, bien que difficilement, bien que préoccupante, c'est parce qu'elle a été prise en amont, la crise a été anticipée. Le Comité sécheresse, qui s'est réuni pour la première fois en 2004, a mis en place un certain nombre de mesures et les préfets dès le mois de mars ont pris toutes les mesures. Alors, c'est vrai que les mesures d'interdiction sont difficilement supportables mais en tout cas, je crois qu'il y va du citoyen d'être responsable, et quand je parle du citoyen, c'est le citoyen dans toutes ses configurations, que ce soit de l'agriculteur ou celui qui remplit sa piscine, celui qui lave sa voiture ou qui arrose ses pelouses ou les golfs puisque là aussi ça a été une polémique.
Q- Depuis des mois les cours du pétrole n'en finissent pas de flamber, la facture devient aujourd'hui extrêmement lourde pour les consommateurs, la croissance aussi s'en ressent. Il n'y a pas pour l'instant raison d'espérer une amélioration sur ce front là. Est-ce que, il n'est pas temps de réfléchir très sérieusement à d'autres sources d'énergie et notamment pour les transports ?
R- Premièrement, nous n'avons pas attendu que la hausse du pétrole soit à ce stade là pour réfléchir, mais on est dépendant du pétrole et je crois qu'aujourd'hui, nous devons accélérer toutes les démarche et toutes les recherches possibles, pour une diversité des énergies. Alors on ne pourra pas en France, faire tout éolien comme au Danemark ; je pense qu'il faut travailler là-dessus. J'ai demandé au Haut commissaire à l'énergie atomique de me faire des propositions et que nous travaillons en tout cas, déjà, sur un certain nombre de diversités. En matière de transports, je voudrais dire quand même que là aussi, nous avons un réel chantier à mettre en uvre pour des transports beaucoup plus propres. Parce que là aussi, je rappelle que la France a été un des premiers pays à dire qu'elle diminuerait ses émissions de gaz à effet de serre par quatre pour arriver à 2050 ; c'est un effort de 3 % tous les ans et donc là aussi, nous avons quand même à revoir certaines positions. J'ai pris rendez-vous et j'ai demandé à ce que les grands constructeurs d'automobiles, les patrons viennent me rencontrer pour voir dans quelles directions nous pourrions aller, pour effectivement avancer sur les véhicules propres la aussi.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2005)