Déclaration de Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale, sur l'avenir de la gynécologie médicale, la création de diplômes en obstétrique et l'augmentation des effectifs de gynécologues, Paris le 4 février 2000.

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Circonstance : Conférence de presse de gynécologie médicale à Paris le 4 février 2000

Texte intégral

Le Comité de Défense de la Gynécologie Médicale a eu le mérite d'attirer l'attention sur l'avenir de la Gynécologie médicale et je l'en remercie. Aussi ai-je mis en place un groupe de travail, dont je vous reparlerai tout à l'heure, afin de trouver des solutions concertées et efficaces.
Il existait, jusqu'en 1984, trois filières de formation dans le domaine la gynécologie-obstétrique :
Une formation par le concours d'internat, formant à la fois à l'obstétrique, à la gynécologie médicale et à la gynécologie chirurgicale.
Un certificat d'Etudes Spéciales (CES) en obstétrique, limitant l'exercice professionnel à ce seul domaine.
Un CES de gynécologie médicale, formation de trois ans comprenant des stages et des cours théoriques, qu'ont suivi la majorité des gynécologues médicaux actuellement installés en ville.
En 1984, une réforme de ce système de formation est intervenue pour assurer la reconnaissance européenne des diplômes acquis en France et permettre la libre circulation des professionnels de santé dans l'espace européen.
L'ensemble des CES a été supprimé en 84 pour une formation unique des spécialités médicales passant par l'internat. Ces dispositions répondent à la demande de l'Europe dont les directives s'imposent à nous pour la reconnaissance mutuelle des diplômes et la libre circulation des médecins.
En ce qui concerne la discipline qui nous préoccupe, 2 CES ont été supprimés, celui d'obstétrique et celui de gynécologie médicale pour être remplacés par une formation à l'obstétrique et à la gynécologie qui s'appelle le DES de gynécologie et d'obstétrique.
Je suis absolument favorable au maintien de la gynécologie médicale et je le dis avec détermination.
Par contre, j'estime qu'il est normal que la manière de former les médecins à la gynécologie médicale évolue et ne soit pas nécessairement figée dans un modèle unique. Le CES de cardiologie a été supprimé. Entendons-nous les cardiologues dirent qu'avec sa disparition, il n'y aura plus de cardiologues ? Déjà aujourd'hui, en plus des 1 800 gynécologues médicaux formés exclusivement à la gynécologie médicale, nous avons 5 000 médecins ayant une double formation en obstétrique et gynécologie qui, pour un certain nombre d'entre eux pratique soit exclusivement soit majoritairement la gynécologie médicale et les femmes naturellement ne font pas la différence entre ces cursus de formation initiale différents.
Dès juin 1999 un groupe de travail a été mis en place pour donner une réponse satisfaisante aux problèmes posés par l'avenir de la gynécologie médicale.
Ce groupe de travail était composé de :
- représentants de la Fédération des Collèges de Gynécologie médicale,
- représentants de la Société française de Gynécologie,
- représentants du Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français,
- représentants du Comité de Défense de la Gynécologie médicale.
Il s'est réuni à 5 reprises et j'ai présidé sa dernière réunion le 25 novembre 1999.
J'ai proposé la création d'un diplôme d'études spécialisées de Gynécologie obstétrique et Gynécologie médicale avec deux options clairement identifiées ; ce DES sera constitué d'un tronc commun de trois ans dont deux ans et demi de formation obligatoire en obstétrique et en chirurgie et de deux options de deux ans chacune :
- l'une en gynécologie obstétrique,
- l'autre en gynécologie médicale.
Cette proposition a été acceptée par la Fédération nationale des Collèges de Gynécologie médicale, par la Société française de Gynécologie et par le Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français.
Je tiens à cette occasion à remercier publiquement le Docteur Clara Pélissier, Présidente de la Société française de Gynécologie et le Docteur Bernard Maria, président du Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français d'être venus malgré leur emploi du temps chargé participer à cette conférence de presse.
Le Docteur David Serfaty, Président de la Fédération nationale des Collèges de Gynécologie médicale m'a dit combien il regrettait de ne pas être avec nous. Il participe à un congrès de gynécologues médicaux à Nice et il va en profiter pour faire part des décisions prises qu'il approuve pleinement.
Les modalités d'enseignement théorique et pratique, et l'organisation générale de ce nouveau dispositif seront discutés par un Comité de suivi qui se réunira pour la première fois le 9 février sous la présidence du Professeur Guy Nicolas, Conseiller médical de la Direction des Hôpitaux.
La composition de ce Comité est la suivante :
- 1 représentant du Bureau des Formations de Santé du Ministère de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie,
- 2 représentants de la Fédération nationale des Collèges de Gynécologie médicale,
- 2 représentants de la Société française de Gynécologie,
- 2 représentants du Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français.
Le Comité de Défense de la Gynécologie médicale qui avait été associé au groupe de travail mis en place en juin 1999 n'a pas donné suite à l'invitation qui lui a été faite d'envoyer également 2 représentants.
Si la qualité de la Formation des gynécologues médicaux est essentielle leur maintien en nombre suffisant est également une préoccupation importante.
Afin de garantir ce maintien le gouvernement a décidé en 1999 la création d'une filière individualisée en gynécologie obstétrique auparavant incluse dans " les spécialités chirurgicales" de l'internat . Cette décision a permis, dès la première année d'augmenter d'une trentaine le nombre d'internes formés dans cette discipline. En effet 111 postes ont été proposés en 1999, 140 le seront en 2000.
Ces postes ont tous été pourvus et choisis par des internes bien classés et non par les derniers comme certains le prévoyaient.
Une augmentation de 30 postes encore est programmée pour 2001.
Un tiers environ des internes se dirigera vraisemblablement vers la gynécologie médicale. En effet la spécialité se féminise :
50 % des internes y sont du sexe féminin et s'orientent préférentiellement vers l'exercice de la gynécologie médicale moins astreignant que la gynécologie obstétrique et davantage compatible avec une vie familiale équilibrée.
Le comité de suivi prendra connaissance année par année du nombre d'internes qui s'orientent vers l'option gynécologie médicale pour être certain que le flux est suffisant.
Les courbes d'évolution démographique ont été faites ; progressivement les internes correctement formés à la gynécologie médicale pour remplacer des gynécologues médicaux qui vont partir à la retraite majoritairement d'ici 15 à 20 ans.

(Source http://www.sante.gouv.fr, le 27 avril 2000).