Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, à Europe 1 le 3 juin 2005, sur la composition du nouveau gouvernement et la cohésion de la majorité UMP.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Q- Il y a un gouvernement nouveau, le Gouvernement de D. de Villepin, une majorité moins l'UDF qui critique et une majorité d'élus à l'Assemblée nationale - et cette majorité, ce groupe, vous le présidez. Est-ce le Gouvernement dont vous rêviez ?
R- En tout cas, c'est un gouvernement regroupé, rassemblé autour d'un objectif, qui est très clair, qui est celui de l'emploi. C'est cela que les Français attendent.
Q- Qu'est-ce qui lui manque, à votre avis ?
R- Je pense qu'il ne lui manque rien, si ce n'est qu'il faut qu'il soit dans l'action tout de suite et que les résultats soient là le plus vite possible, comme s'y est d'ailleurs engagé le Premier ministre.
Q- Qu'est-ce qui vous rassure le plus pour l'avenir ?
R- Ce qui me rassure, c'est que beaucoup de choses ont été faites par les Gouvernement précédents, qui ont préparé le terrain, avec en particulier le plan de cohésion sociale et que les effets sur le chômage, qui devient désormais le but, l'action centrale unique de ce Gouvernement, peut désormais être une évolution à la baisse.
Q- Mais qu'est-ce qui fait que maintenant, l'action contre le chômage peut plus réussir qu'avec l'équipe de monsieur Raffarin, dont la plupart des ministres se retrouvent dans ce Gouvernement ?
R- Parce qu'il y a, comme l'a dit D. de Villepin, des méthodes qui n'ont pas été essayées. Maintenant que cette équipe est rassemblée, elle pourra, en quelque sorte, faire une étude d'impact avant chaque décision, voir si celle-ci va augmenter le chômage ou, au contraire, si elle va créer des emplois. Et cela, on ne s'en rend pas compte, mais il y a des tas de décisions administratives, des lenteurs administratives, les complexifications qui sont elles-mêmes des freins à l'emploi et qui ne peuvent plus persister. Et puis, il y a également des décisions qui, elles, détruisent des emplois. Et cela, évidemment, ce n'est plus possible. Donc, je suis optimiste sur ce point.
Q- Le Gouvernement et le Président ont annoncé le rassemblement. Or, toute la presse dit ce matin que c'est une "équipe UMP, UMP, UMP"...
R- Il y a des personnalités de la société civile, et encore une fois, peut importe les hommes, les femmes, ce qui compte, c'est l'action, ce sont les compétences.
Q- La presse dit qu'il y a des sarkosystes qui sont encadrés des chiraquiens. C'est même le Parisien qui dit que "Chirac verrouille". Est-ce ainsi qu'il faut lire ce qui s'est passé hier ?
R- Non, je ne le crois pas. D'ailleurs, N. Sarkozy s'est expliqué sur C point. Il a dit que lorsque les problèmes étaient aussi graves que ceux que perçoivent et que supportent les Français, il faut alors balayer toutes les divergences, tous les différends et se retrouver tous ensemble. C'est ce que symbolise ce Gouvernement.
Q- Quand il y a un exécutif, avec une personnalité éminente qui est le président de la République, mais à trois, n'y a-t-il pas de risque de voir ce Gouvernement tirer à hue et à dia ?
R- Non, je ne le crois pas. Vous faites allusion au poids, dans le
Gouvernement de N. Sarkozy...
Q- Non, à trois poids, qui peuvent avoir, naturellement, de l'influence, mais de manière contradictoire et parfois contraire, si on prend l'économie, l'immigration, l'intégration, la laïcité sur le papier, mais probablement que dans l'action, ils vont évoluer, dans leur intérêt ?
R- Je ne le crois pas, au contraire. Ce sont des hommes qui sont des hommes directs, qui ont l'habitude de dire ce qu'ils pensent et de l'addition des compétences naissent toujours des idées et des décisions qui sont meilleures. On le voit bien au groupe UMP, où le débat apporte toujours quelque chose aux propositions du Parlement.
Q- La politique, on sait que c'est dur, que c'est souvent injuste. Il y a des transferts surprenant, des arrivées inattendues et des départs qui traduisent peut-être une forme d'ingratitude. Pourquoi P. Devedjian et F. Fillon s'en vont-ils ? M. Barnier, chiraquien depuis le berceau, est dégommé. En connaissez-vous la vraie raison ?
R- Evidemment, je ne connais pas les raisons. Ce qui, par contre, est une évidence, c'est qu'à partir du moment où le Gouvernement devait nécessairement être plus ramassé pour être plus efficace sur l'emploi, il y avait obligatoirement un certain nombre de départs.
Q- Y trouvez-vous la traduction de la nouvelle impulsion promise par le président de la République ?
R- Je ne juge jamais les hommes, parce que ce sont des hommes. Mais je les juge sur
l'action ; c'est ce que feront les députés UMP et c'est ce que feront certainement les Français.
Q- C'est vrai que N. Sarkozy a dit qu'il accorderait la liberté de vote aux élus de l'UMP dans des circonstances graves - il est le président de l'UMP. Est-ce que tout le groupe va voter, à l'UMP, la confianceà ce Gouvernement la semaine prochaine ?
R- Je le pense, oui, parce que le Premier ministre s'est engagé à la concertation avec les parlementaires. Celle-ci est d'ores et déjà engagée et c'est ce que veulent les députés UMP. Les députés UMP, je viens de vous le dire, souhaitent pouvoir apporter leur contribution et ne pas être mis devant le fait accompli. C'est donc dans ce cadre qu'a été évoquée cette perspective, mais je vous rappelle que la liberté de vote au groupe UMP existe constamment, et que bien entendu, il y a une discipline sur un certain nombre de grands sujets...
Q- D'accord, mais si certains étaient indisciplinés, dissidents et ne votaient pas la confiance au Gouvernement Villepin, que se passerait-il pour eux ?
R- Je suis persuadé qu'ils la voteront, tout simplement parce que la concertation, l'échange, les propositions des députés UMP, leur position, leur opinion seront prises en compte dans le discours de politique générale du Premier ministre.
Q- Est-ce que quand les élus de l'UMP sont ensemble, vous vous dites que ce qui s'est passé hier, c'est la vraie, la profonde réponse au 29 mai ?
R- La réponse, elle se lira dans l'action de ce Gouvernement et dans ses résultats, qui doivent - ça, c'est vrai - [être] rapides.
Q- Donc le suspense commence aujourd'hui pour vous
R- Ce n'est pas du suspense, c'est au contraire une pression dans l'engagement pour réussir contre le chômage.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouver,nement, le 6 juin 2005)