Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les compétences et les missions de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux, réunis à Paris le 9 juin 2005.

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Circonstance : 9ème rencontre de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS) à Paris le 9 juin 2005

Texte intégral

Monsieur le Président de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires,
Monsieur le Président du Conseil économique et social de France, Cher Jacques DERMAGNE,
Madame et messieurs les Présidents de Conseil économique et social,
Mesdames, Messieurs,
Nous venons d'entendre les mots chaleureux de bienvenue et d'encouragement qu'a tenu à vous adresser le Président de la République française, M. Jacques CHIRAC.
Dans le même esprit, je tiens à vous dire que c'est pour moi une immense joie, un véritable honneur et une grande fierté d'être parmi vous ce matin, au Palais d'Iéna, pour ouvrir la 9ème Rencontre de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires.
Une immense joie, tout d'abord, parce que je me trouve aujourd'hui invité dans une " maison amie ", présidée avec brio par un ami, M. Jacques DERMAGNE.
Je tiens à rendre hommage aux grandes qualités humaines qui sont les siennes, à son sens de l'intérêt général, à son humanisme, à son dynamisme et à son exceptionnel dévouement au service des acteurs économiques, sociaux et culturels de notre pays.
Assurant la présidence de votre association depuis juin 2003, il a eu à coeur, je le sais, de fédérer les conseils économiques et sociaux du monde et de promouvoir avec talent, efficacité et réussite vos institutions à travers le monde, et les valeurs de dialogue, de concertation et de participation dont elles sont porteuses.
Merci, Cher Jacques DERMAGNE, pour votre action qui honore la France et qui force le respect.
Un immense plaisir, disais-je, doublé d'un véritable honneur, celui pour la France d'accueillir la réunion des Conseils économiques et sociaux du monde entier.
Après ces deux années d'une présidence qui a été riche en initiatives et en projets, la France est particulièrement heureuse de passer le flambeau à l'occasion de cette rencontre d'envergure internationale.
Plus de 45 institutions, de tous les continents, sont ainsi représentées au sein de votre association. Témoignant de son attractivité, votre famille doit s'agrandir aujourd'hui, avec l'entrée des Conseils économiques et sociaux de Monaco, de Bulgarie, du Venezuela et du Sénégal.
Votre démarche, Cher Jacques DERMAGNE, s'apparente à la mienne lorsque j'ai entrepris, à partir du début de l'an 2000, de créer " l'internationale sénatoriale " avec le Forum des Sénats du Monde pour promouvoir le bicamérisme, ce " nec plus ultra " démocratique.
Faisant écho au message de Jacques CHIRAC et en ma qualité de Président du Sénat de la République française, j'adresse à toutes et à tous une très cordiale et très chaleureuse bienvenue en France.
Vous vous apprêtez à élire un nouveau président. Il ne m'appartient pas, évidemment, de m'immiscer dans le fonctionnement intérieur de votre association.
J'ai cru comprendre, toutefois, que votre conseil d'administration avait approuvé, à l'unanimité, la candidature de M. WANG Zhongyu, Président du Conseil économique et social de la République populaire de Chine. Si votre assemblée générale devait entériner ce choix, vous permettrez que je présente, par anticipation, au Président WANG mes plus vives félicitations pour cette élection et mes souhaits de pleine réussite dans l'exercice de ses nouvelles fonctions.
A la joie et à l'honneur d'être parmi vous ce matin s'ajoute aussi une grande fierté, celle d'être associé aux travaux d'une institution dont j'ai pu, tout au long de mon itinéraire personnel et de mon parcours politique, éprouver l'utilité, la solidité et la modernité.
En tant que syndicaliste, tout d'abord : ayant participé à la fondation d'un syndicat, je milite en faveur d'une démocratie sociale qui associe les forces vives aux grands enjeux de la Nation.
Le dialogue, la concertation et la participation, qui constituent, si j'ose dire, " la marque de fabrique " des Conseils économiques et sociaux partout à travers le monde, procèdent pour moi d'une démarche naturelle.
La restauration d'un esprit de dialogue me paraît d'ailleurs aujourd'hui indispensable au fonctionnement de nos sociétés complexes et à la revitalisation de nos démocraties imparfaites.
Au cours des fonctions ministérielles que j'ai exercées, j'ai également beaucoup apprécié la qualité, la pertinence et la rigueur des avis du Conseil économique et social de France.
Dans les différentes missions gouvernementales qui furent les miennes, notamment aux Affaires sociales et à l'Emploi, j'ai noué au Palais d'Iéna des contacts d'une formidable richesse et d'une rare pérennité.
Et vous me permettrez de dire qu'un gouvernement, quel qu'il soit, a toujours avantage à jouer pleinement le jeu de la concertation avec les corps intermédiaires, car ils portent en eux une certaine " part de vérité " sur la situation économique et sociale d'un pays.
Les écouter et, mieux encore, les entendre, c'est éviter par la suite bien des désagréments dans la conduite des politiques dont un gouvernement a la responsabilité.
J'en ai fait l'expérience, et je suis venu témoigner ici, devant vous, de cette réalité-là.
Vous comprendrez, enfin, qu'en ma qualité de Président du Sénat, je sois naturellement très attentif aux travaux de la troisième assemblée consacrée par la Constitution française.
Le Sénat entretient avec sa " cousine " d'excellentes relations, fondées sur une connaissance et une reconnaissance mutuelles.
Deuxième chambre du Parlement français, le Sénat est, vous le savez, une assemblée parlementaire à part entière qui est à la fois un " orfèvre législatif " et un contrôleur vigilant de l'action du gouvernement.
Cette différence de nature rappelée, le Sénat et le Conseil économique et social se retrouvent dans une même volonté de favoriser le débat, dans une même aspiration à dépasser les polémiques de l'instant, dans une même détermination à aller au fond des choses, dans un même souci d'éclairer l'avenir.
Le législateur qu'est le Sénat fait son miel des avis éclairés du Conseil économique et social dont le sérieux, la précision et la hauteur de vue sont unanimement salués. C'est toujours avec intérêt que le Sénat entend en séance publique le rapporteur du Conseil.
Enfin, je suis très sensible à l'esprit d'ouverture qui guide le dialogue initié au sein de votre association.
Depuis 1998, je n'ai eu moi-même de cesse d'ouvrir le Sénat sur la société civile et le monde extérieur : sur les entreprises et l'artisanat, sur le monde judicaire, sur le monde associatif, sur les acteurs sociaux, sur les collectivités territoriales, et sur les autres Sénats du monde.
C'est ainsi que j'ai pris l'initiative, comme je l'ai dit, de réunir au Palais du Luxembourg, le 14 mars 2000, les Sénats du monde entier, et ce pour la première fois dans l'histoire des Parlements. Depuis, ce Forum s'est décliné en associations régionales pérennes.
Cette logique d'échanges, de dialogue, et d'ouverture est la même que celle qui vous conduit à vous réunir régulièrement pour débattre ensemble de vos sujets communs de préoccupation.
Vos débats constituent, à n'en pas douter, un levier d'efficacité pour vos institutions, un facteur de paix et de développement ainsi qu'un révélateur des grands enjeux internationaux.
Au menu de vos travaux, en effet, on dénombre des thèmes au coeur de l'actualité mondiale : la lutte contre la pauvreté, le statut de la femme et la dimension sociale de la mondialisation.
Il me paraît fondamental que les corps constitués des différents pays délivrent, ensemble, leur analyse croisée sur ces grands sujets, et se mobilisent pour faire bouger les gouvernements, car :
- Comment tolérer, au XXIème siècle, que plus de 800 millions d'être humains aient encore un accès insuffisant à la nourriture, en Afrique, en Asie, mais aussi dans nos sociétés dites " modernes " ?
- Comment tolérer, au XXIème siècle, que la moitié de l'Humanité, sa plus belle moitié, la " moitié du ciel " comme disent nos amis chinois, reste à l'écart de la liberté, de l'égalité et de l'exercice des responsabilités ?
- Comment tolérer, au XXIème siècle, que la mondialisation des échanges, si bénéfique à maints égards, ne soit pas intégralement mise au service de l'Homme, la seule cause qui vaille ?
Autant de questions essentielles sur lesquelles les hommes politiques, - terme générique qui embrasse la femme -, ont un besoin urgent de réponses concrètes, opérationnelles et efficaces.
Vous êtes porteurs, vous les représentants des acteurs économiques, sociaux et culturels du monde entier, d'un diagnostic à délivrer, d'une vision du monde à proposer et de réponses à apporter.
Je forme donc le voeu de plein succès pour vos travaux qui contribueront, j'en suis certain, à tracer des perspectives d'action pour répondre aux grands défis économiques et sociaux que nous devons relever en ce début de XXIème siècle.
Je souhaite à toutes et à tous un excellent, un studieux et un fructueux congrès, en espérant que vous garderez de votre passage en France un bon souvenir qui vous incitera à y revenir.
Je vous remercie.
(Source http://www.sénat.fr, le 14 juin 2005)