Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs
C'est avec grand plaisir que je viens ouvrir le forum européen de la génération grands-parents qui est organisé par l'École des Grands-Parents Européens (EGPE) en partenariat avec le Secrétariat d'État aux Personnes âgées.
Je tiens à saluer la présidente de l'EGPE et l'ensemble des membres de l'association pour cette initiative qui vient tirer les conclusions d'une série d'enquêtes que vous avez menées et préparer l'avenir au plan européen.
Vous avez intitulé votre forum : " L'avenir dépend aussi des plus de 55 ans ". Ce titre traduit une évidence, mais celle-ci cache une petite révolution, tant sur le plan démographique que social et économique !
Les plus de 55 ans représentent une part croissante de la population française : de 30 % aujourd'hui - ils sont seize millions - elle passera à 40 % dans vingt ans.
Cette évolution est notamment due aux progrès exceptionnels de la longévité.
Entre 1900 et 2000, l'espérance de vie est passée de 45 ans à 79 ans. Rares étaient ceux qui, en 1900, atteignaient 60 ans et ils étaient alors considérés comme très âgés. Aujourd'hui, on est souvent en grande forme à cet âge et on a plus de 20 années de vie devant soi.
On vit donc de mieux en mieux de plus en plus vieux. L'espérance de vie croît d'un an tous les quatre ans et l'espérance de vie sans incapacité augmente plus rapidement encore.
Cette révolution de la longévité modifie la conception et les temps de la vie : nous vivons une génération de plus que nos parents ; à 50 ans, on peut encore " refaire sa vie ", comme l'on dit aujourd'hui. C'est là un véritable changement de civilisation.
Ce changement est connu mais il est si rapide qu'il devance l'évolution des mentalités et des politiques.
Malgré leur évolution récente, les politiques publiques présentent, en effet, un train de retard sur la situation et les souhaits de nos aînés, qui ne trouvent pas encore tous les moyens ni les soutiens pour satisfaire leurs projets.
En outre, si les relations entre les générations sont dynamiques et harmonieuses dans notre pays, les mentalités n'ont pas entièrement pris la mesure de la coexistence croissante des âges successifs.
Autrefois les générations se suivaient sans se croiser : au début du 18ème siècle, un enfant avait perdu ses deux parents quand il atteignait l'âge de 30 ans. Aujourd'hui, il n'est plus rare d'avoir simultanément grands-parents, parents, enfants, petits-enfants voire arrière-petits-enfants. Avoir 55 ans, ce n'est donc plus être au bout de la chaîne mais à une place intermédiaire cruciale entre deux générations.
En conséquence, ce qu'on appelle " la retraite " n'est plus vraiment une période de retrait et de repos mais une période de grande activité. Les plus de 55 ans s'occupent aujourd'hui de leurs parents, de leurs petits-enfants et continuent, bien souvent, à s'investir activement dans la vie politique, économique et sociale. C'est ce que l'École des grands-parents a bien compris et s'efforce d'encourager à travers une multitude d'initiatives pour lesquelles je tiens à vous féliciter.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, quatre voire cinq générations viennent ainsi de s'engager ensemble dans le nouveau millénaire. C'est une chance et un défi pour chacun d'entre nous tout comme pour la société dans son ensemble.
Mais cette chance n'a de sens que si les générations échangent, si chacune peut apporter aux autres ce qui fait sa force et retirer des autres de quoi la faire avancer. L'épanouissement individuel comme la cohésion sociale reposent sur la découverte et l'utilisation de la valeur de chacun des âges de la vie. Ce n'est pas encore complètement le cas actuellement, comme on peut le voir dans le domaine de l'emploi.
Cette révolution de la longévité appelle des interrogations de fond :
- Comment faire pour que chacun développe au maximum ses potentialités et prenne les décisions qui joueront un rôle favorable dans l'évolution de son propre vieillissement ?
- Comment, prévenir les risques liés à l'avancée en âge, éviter l'isolement et surmonter au mieux les caps difficiles, sources de fragilisation, tels que la retraite ou le départ des enfants ?
- Enfin, comment faire évoluer le regard de la société afin de remettre en question certaines idées reçues et faire évoluer les comportements ?
C'est à toutes ces questions que chacune et chacun d'entre nous s'efforcent de répondre.
Les défis à relever sont nombreux et variés. Deux d'entre eux me tiennent particulièrement à cur : la prévention et le bien vieillir, d'une part, le travail, la formation et les relations entre les générations d'autre part.
* Pour que chacun puisse aborder cette période de la vie dans les meilleures conditions, il faut, en premier lieu, retarder les effets du vieillissement et limiter les pratiques nuisibles à la santé.
Il existe de nombreuses politiques publiques en la matière, qui dépassent le cadre strict de la politique sociale : je pense à l'encouragement à l'activité sportive ou à l'amélioration de la sécurité routière.
Pour notre part, nous avons conçu un programme novateur de prévention et de promotion de la santé intitulé " bien vieillir ". Lancé par le Premier Ministre en 2003, son premier volet est consacré à la promotion de la santé et du bien-être par l'alimentation et l'activité physique et sportive.
Le second, qui sera initié cette année, concernera plus particulièrement l'amélioration de la qualité de vie à travers les activités sociales, culturelles et touristiques.
Ces différentes activités participent, en effet, à la prévention de certaines pathologies et sont un support privilégié d'intégration sociale et de solidarité entre les générations.
Dans le cadre du premier volet de ce programme, nous allons expérimenter des consultations personnalisées de prévention. Il s'agit d'entretiens d'évaluation abordant les différents aspects du " bien-vieillir " tels que les relations sociales, les activités physiques, l'alimentation ou le projet de vie. Ces bilans permettront d'élaborer pour chacun un programme de prévention personnalisé.
En outre, lors de la Conférence de l'ONU sur le vieillissement, qui s'est tenue à Berlin en septembre 2002, j'ai proposé la création d'un Comité Européen de Prévention afin de développer la comparaison et la valorisation des stratégies de promotion de la santé dans le cadre des programmes " Bien-Vieillir ".
Ce Comité verra le jour au second semestre 2004, sur la base des contributions du Professeur Marie-Eve Joël et du docteur Aquino à qui j'ai récemment adressé une lettre de mission sur ce sujet.
* Le deuxième défi que nous devons relever, c'est celui de la formation et de l'activité des plus de 55 ans. La première difficulté, c'est d'éviter le procès d'intention qui voit dans ce souci de permettre aux plus de 55 ans de poursuivre une activité une justification habile pour les contraindre à travailler plus longtemps et financer ainsi les retraites. Non. Beaucoup de gens souhaitent conserver une occupation au-delà de 60 ans. Et c'est à ceux qui le souhaitent, de plus en plus nombreux, que je m'adresse.
La retraite couperet est d'ailleurs " un non-sens sur le plan médical ", comme l'a récemment rappelé le professeur Tubiana. Aujourd'hui, jusqu'à 70 ans, l'organisme est souvent en bon état, plus en forme qu'il ne l'était à 60 ans il y a quelques décennies. Il n'y a rien de plus destructeur que d'être exclu et de se sentir exclu ; chacun a besoin de jouer un rôle dans la société.
Cependant les chiffres sont révélateurs. La France connaît un taux d'emploi très faible des salariés âgés de plus de 55 ans. Pour les personnes âgées de 55 à 64 ans, le taux d'activité n'est que d'un peu plus de 37 % alors qu'il atteint 50 % en Grande-Bretagne et 65 % en Suède.
De même, on s'arrête de travailler en moyenne 3 ans plus tôt qu'en Allemagne, 4 ans et demi plus tôt qu'en Grande-Bretagne et 10 ans plus tôt qu'en Suède, ces deux derniers pays ayant mis en place des formules de travail à temps partiel pour les seniors.
Une telle différence est surprenante. Une des raisons est que, encouragés par les pouvoirs publics, beaucoup d'employeurs ont pris l'habitude, depuis 20 ans, de gérer leurs restructurations en proposant des départs anticipés. C'est seulement maintenant que l'on reconnaît le gâchis de compétences qu'une telle politique a pu entraîner et les difficultés que cela provoque dans les entreprises dont le savoir-faire n'est plus transmis par les aînés.
Un autre motif de cette sous-activité tient au déficit de formation. Ceux qui souhaitent poursuivre une activité y sont souvent mal préparés. La formation reste essentiellement l'apanage du jeune âge. Nous vivons encore sous l'emprise d'une conception de temps de vie cloisonnés, qui cantonne la jeunesse à la formation, l'âge adulte à la production et l'âge avancé au repos et à l'inutilité sociale.
Face à cette situation et à ces carences, le Gouvernement a conduit et soutenu plusieurs réformes.
- La réforme des retraites, tout d'abord, a supprimé le couperet des 60 ans et assoupli les conditions permettant de bénéficier de sa retraite tout en continuant à travailler.
On pourra ainsi, désormais, passer de manière plus progressive de l'activité à la retraite. Reste maintenant à imaginer des modalités de travail plus flexibles, plus souples, plus personnalisées, permettant de concilier emploi et retraite.
- Deuxième grande réforme, celle de la formation professionnelle, adoptée par les partenaires sociaux et que nous sommes en train de transcrire dans la loi. Elle organise un droit individuel à la formation dont chacun pourra tirer profit tout au long de sa vie active.
Au-delà de l'activité professionnelle, l'implication économique et sociale active peut prendre la forme du bénévolat. Nombreux sont nos aînés qui exercent aujourd'hui une activité à titre bénévole dans des associations. Beaucoup d'autres encore souhaiteraient pouvoir le faire mais ne trouvent pas moyen de s'engager. Il n'existe pas suffisamment de structures pour mettre en rapport offreurs et demandeurs. Certaines initiatives existent mais il reste encore beaucoup à faire.
C'est pourquoi les espaces seniors, dont nous allons encourager la création au sein des municipalités, auront notamment pour tâche de jouer ce rôle d'interface.
Plus largement, ils auront pour tâche de fournir aux usagers de plus de 55 ans des informations concernant leur vie quotidienne et leur projets de vie.
En outre, à titre expérimental, nous allons organiser dans certains de ces espaces des formations à Internet par des jeunes pour les plus de 55 ans. Cette initiative s'inscrira dans un programme plus large d'encouragement des relations entre les générations que je lancerai au mois d'avril prochain.
Bien vieillir, dynamiser la place de nos aînés dans la société, accompagner ceux qui souhaitent poursuivre une activité, tels sont les défis qu'il nous faut relever, tous ensemble, pour que notre passé puisse être davantage solidaire de notre avenir.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.social.gouv.fr, le 19 mars 2004)
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs
C'est avec grand plaisir que je viens ouvrir le forum européen de la génération grands-parents qui est organisé par l'École des Grands-Parents Européens (EGPE) en partenariat avec le Secrétariat d'État aux Personnes âgées.
Je tiens à saluer la présidente de l'EGPE et l'ensemble des membres de l'association pour cette initiative qui vient tirer les conclusions d'une série d'enquêtes que vous avez menées et préparer l'avenir au plan européen.
Vous avez intitulé votre forum : " L'avenir dépend aussi des plus de 55 ans ". Ce titre traduit une évidence, mais celle-ci cache une petite révolution, tant sur le plan démographique que social et économique !
Les plus de 55 ans représentent une part croissante de la population française : de 30 % aujourd'hui - ils sont seize millions - elle passera à 40 % dans vingt ans.
Cette évolution est notamment due aux progrès exceptionnels de la longévité.
Entre 1900 et 2000, l'espérance de vie est passée de 45 ans à 79 ans. Rares étaient ceux qui, en 1900, atteignaient 60 ans et ils étaient alors considérés comme très âgés. Aujourd'hui, on est souvent en grande forme à cet âge et on a plus de 20 années de vie devant soi.
On vit donc de mieux en mieux de plus en plus vieux. L'espérance de vie croît d'un an tous les quatre ans et l'espérance de vie sans incapacité augmente plus rapidement encore.
Cette révolution de la longévité modifie la conception et les temps de la vie : nous vivons une génération de plus que nos parents ; à 50 ans, on peut encore " refaire sa vie ", comme l'on dit aujourd'hui. C'est là un véritable changement de civilisation.
Ce changement est connu mais il est si rapide qu'il devance l'évolution des mentalités et des politiques.
Malgré leur évolution récente, les politiques publiques présentent, en effet, un train de retard sur la situation et les souhaits de nos aînés, qui ne trouvent pas encore tous les moyens ni les soutiens pour satisfaire leurs projets.
En outre, si les relations entre les générations sont dynamiques et harmonieuses dans notre pays, les mentalités n'ont pas entièrement pris la mesure de la coexistence croissante des âges successifs.
Autrefois les générations se suivaient sans se croiser : au début du 18ème siècle, un enfant avait perdu ses deux parents quand il atteignait l'âge de 30 ans. Aujourd'hui, il n'est plus rare d'avoir simultanément grands-parents, parents, enfants, petits-enfants voire arrière-petits-enfants. Avoir 55 ans, ce n'est donc plus être au bout de la chaîne mais à une place intermédiaire cruciale entre deux générations.
En conséquence, ce qu'on appelle " la retraite " n'est plus vraiment une période de retrait et de repos mais une période de grande activité. Les plus de 55 ans s'occupent aujourd'hui de leurs parents, de leurs petits-enfants et continuent, bien souvent, à s'investir activement dans la vie politique, économique et sociale. C'est ce que l'École des grands-parents a bien compris et s'efforce d'encourager à travers une multitude d'initiatives pour lesquelles je tiens à vous féliciter.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, quatre voire cinq générations viennent ainsi de s'engager ensemble dans le nouveau millénaire. C'est une chance et un défi pour chacun d'entre nous tout comme pour la société dans son ensemble.
Mais cette chance n'a de sens que si les générations échangent, si chacune peut apporter aux autres ce qui fait sa force et retirer des autres de quoi la faire avancer. L'épanouissement individuel comme la cohésion sociale reposent sur la découverte et l'utilisation de la valeur de chacun des âges de la vie. Ce n'est pas encore complètement le cas actuellement, comme on peut le voir dans le domaine de l'emploi.
Cette révolution de la longévité appelle des interrogations de fond :
- Comment faire pour que chacun développe au maximum ses potentialités et prenne les décisions qui joueront un rôle favorable dans l'évolution de son propre vieillissement ?
- Comment, prévenir les risques liés à l'avancée en âge, éviter l'isolement et surmonter au mieux les caps difficiles, sources de fragilisation, tels que la retraite ou le départ des enfants ?
- Enfin, comment faire évoluer le regard de la société afin de remettre en question certaines idées reçues et faire évoluer les comportements ?
C'est à toutes ces questions que chacune et chacun d'entre nous s'efforcent de répondre.
Les défis à relever sont nombreux et variés. Deux d'entre eux me tiennent particulièrement à cur : la prévention et le bien vieillir, d'une part, le travail, la formation et les relations entre les générations d'autre part.
* Pour que chacun puisse aborder cette période de la vie dans les meilleures conditions, il faut, en premier lieu, retarder les effets du vieillissement et limiter les pratiques nuisibles à la santé.
Il existe de nombreuses politiques publiques en la matière, qui dépassent le cadre strict de la politique sociale : je pense à l'encouragement à l'activité sportive ou à l'amélioration de la sécurité routière.
Pour notre part, nous avons conçu un programme novateur de prévention et de promotion de la santé intitulé " bien vieillir ". Lancé par le Premier Ministre en 2003, son premier volet est consacré à la promotion de la santé et du bien-être par l'alimentation et l'activité physique et sportive.
Le second, qui sera initié cette année, concernera plus particulièrement l'amélioration de la qualité de vie à travers les activités sociales, culturelles et touristiques.
Ces différentes activités participent, en effet, à la prévention de certaines pathologies et sont un support privilégié d'intégration sociale et de solidarité entre les générations.
Dans le cadre du premier volet de ce programme, nous allons expérimenter des consultations personnalisées de prévention. Il s'agit d'entretiens d'évaluation abordant les différents aspects du " bien-vieillir " tels que les relations sociales, les activités physiques, l'alimentation ou le projet de vie. Ces bilans permettront d'élaborer pour chacun un programme de prévention personnalisé.
En outre, lors de la Conférence de l'ONU sur le vieillissement, qui s'est tenue à Berlin en septembre 2002, j'ai proposé la création d'un Comité Européen de Prévention afin de développer la comparaison et la valorisation des stratégies de promotion de la santé dans le cadre des programmes " Bien-Vieillir ".
Ce Comité verra le jour au second semestre 2004, sur la base des contributions du Professeur Marie-Eve Joël et du docteur Aquino à qui j'ai récemment adressé une lettre de mission sur ce sujet.
* Le deuxième défi que nous devons relever, c'est celui de la formation et de l'activité des plus de 55 ans. La première difficulté, c'est d'éviter le procès d'intention qui voit dans ce souci de permettre aux plus de 55 ans de poursuivre une activité une justification habile pour les contraindre à travailler plus longtemps et financer ainsi les retraites. Non. Beaucoup de gens souhaitent conserver une occupation au-delà de 60 ans. Et c'est à ceux qui le souhaitent, de plus en plus nombreux, que je m'adresse.
La retraite couperet est d'ailleurs " un non-sens sur le plan médical ", comme l'a récemment rappelé le professeur Tubiana. Aujourd'hui, jusqu'à 70 ans, l'organisme est souvent en bon état, plus en forme qu'il ne l'était à 60 ans il y a quelques décennies. Il n'y a rien de plus destructeur que d'être exclu et de se sentir exclu ; chacun a besoin de jouer un rôle dans la société.
Cependant les chiffres sont révélateurs. La France connaît un taux d'emploi très faible des salariés âgés de plus de 55 ans. Pour les personnes âgées de 55 à 64 ans, le taux d'activité n'est que d'un peu plus de 37 % alors qu'il atteint 50 % en Grande-Bretagne et 65 % en Suède.
De même, on s'arrête de travailler en moyenne 3 ans plus tôt qu'en Allemagne, 4 ans et demi plus tôt qu'en Grande-Bretagne et 10 ans plus tôt qu'en Suède, ces deux derniers pays ayant mis en place des formules de travail à temps partiel pour les seniors.
Une telle différence est surprenante. Une des raisons est que, encouragés par les pouvoirs publics, beaucoup d'employeurs ont pris l'habitude, depuis 20 ans, de gérer leurs restructurations en proposant des départs anticipés. C'est seulement maintenant que l'on reconnaît le gâchis de compétences qu'une telle politique a pu entraîner et les difficultés que cela provoque dans les entreprises dont le savoir-faire n'est plus transmis par les aînés.
Un autre motif de cette sous-activité tient au déficit de formation. Ceux qui souhaitent poursuivre une activité y sont souvent mal préparés. La formation reste essentiellement l'apanage du jeune âge. Nous vivons encore sous l'emprise d'une conception de temps de vie cloisonnés, qui cantonne la jeunesse à la formation, l'âge adulte à la production et l'âge avancé au repos et à l'inutilité sociale.
Face à cette situation et à ces carences, le Gouvernement a conduit et soutenu plusieurs réformes.
- La réforme des retraites, tout d'abord, a supprimé le couperet des 60 ans et assoupli les conditions permettant de bénéficier de sa retraite tout en continuant à travailler.
On pourra ainsi, désormais, passer de manière plus progressive de l'activité à la retraite. Reste maintenant à imaginer des modalités de travail plus flexibles, plus souples, plus personnalisées, permettant de concilier emploi et retraite.
- Deuxième grande réforme, celle de la formation professionnelle, adoptée par les partenaires sociaux et que nous sommes en train de transcrire dans la loi. Elle organise un droit individuel à la formation dont chacun pourra tirer profit tout au long de sa vie active.
Au-delà de l'activité professionnelle, l'implication économique et sociale active peut prendre la forme du bénévolat. Nombreux sont nos aînés qui exercent aujourd'hui une activité à titre bénévole dans des associations. Beaucoup d'autres encore souhaiteraient pouvoir le faire mais ne trouvent pas moyen de s'engager. Il n'existe pas suffisamment de structures pour mettre en rapport offreurs et demandeurs. Certaines initiatives existent mais il reste encore beaucoup à faire.
C'est pourquoi les espaces seniors, dont nous allons encourager la création au sein des municipalités, auront notamment pour tâche de jouer ce rôle d'interface.
Plus largement, ils auront pour tâche de fournir aux usagers de plus de 55 ans des informations concernant leur vie quotidienne et leur projets de vie.
En outre, à titre expérimental, nous allons organiser dans certains de ces espaces des formations à Internet par des jeunes pour les plus de 55 ans. Cette initiative s'inscrira dans un programme plus large d'encouragement des relations entre les générations que je lancerai au mois d'avril prochain.
Bien vieillir, dynamiser la place de nos aînés dans la société, accompagner ceux qui souhaitent poursuivre une activité, tels sont les défis qu'il nous faut relever, tous ensemble, pour que notre passé puisse être davantage solidaire de notre avenir.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.social.gouv.fr, le 19 mars 2004)