Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour célébrer le 20ème anniversaire d'Alternatives Economiques. En novembre 1980, encore professeur d'économie, j'avais conseillé à mes étudiants de consulter cette nouvelle revue, modeste par son support -seize pages en papier recyclé- mais ambitieuse par son projet : proposer " un autre regard sur l'économie " et présenter celle-ci pour ce qu'elle est -un enjeu politique, qui appelle le débat collectif. Le succès que celle-ci a connu depuis est mérité. Animée par votre fondateur, Denis CLERC, par votre rédacteur en chef, Philippe FRÉMEAUX, et par le président de votre association de lecteurs, Christophe FOUREL, que je remercie de leur invitation, votre équipe a pris une place essentielle et originale dans la réflexion et le débat économiques en France. Je participe donc volontiers à l'échange qui nous réunit, consacré à un thème essentiel : la régulation. J'y apporterai le point de vue qui est le mien : celui d'un chef de Gouvernement, engagé depuis trois ans et cinq mois dans la conduite de la politique économique de la France.
Depuis 1997, notre stratégie économique a permis à notre pays de s'engager sur une trajectoire qui marque une rupture par rapport au passé.
Comme en 1981, la gauche est arrivée au pouvoir en 1997 avec pour objectif premier la lutte contre le chômage de masse et avec pour démarche un même volontarisme en matière économique. Mais trois ans et demi plus tard, les résultats sont cette fois plus positifs :
· la croissance est forte : depuis 1997, elle est proche de 3,2 % en moyenne et devrait rester supérieure à 3 % l'an prochain.
· les créations d'emplois n'ont jamais été aussi nombreuses, même au cur des " Trente Glorieuses " : 380.000 emplois en 1998, 480.000 en 1999 et probablement plus de 500.000 cette année ;
· le chômage n'a jamais autant reculé, ni si vite : 870.000 chômeurs en moins ; le taux de chômage est passé de 12,6 % à 9,5 % en trois ans et demi.
Comment expliquer ces résultats ? Certains commentateurs s'évertuent à invoquer la chance : la " conjoncture internationale " aurait tout fait. C'est oublier que cette conjoncture, précisément, n'a cessé de se dégrader depuis l'été 1997 jusqu'au début de 1999, sous l'effet des crises financières successives qui ont frappé l'économie mondiale. C'est oublier aussi que ni l'Allemagne ni l'Italie n'ont obtenu des résultats comparables aux nôtres, alors que ces économies évoluent dans le même contexte, avec la même monnaie et les mêmes taux d'intérêt.
En réalité, à partir d'un diagnostic correctement posé, le Gouvernement a conduit une politique économique adaptée. En 1981, le programme de la gauche prenait insuffisamment en compte la conjoncture nationale et internationale, mais aussi la durée dans laquelle doit s'inscrire un programme de législature. En 1997, en revanche, notre programme économique était adapté à la fois au contexte international -la perspective de l'Union monétaire-, et au contexte conjoncturel français -un fort déficit de demande. Il comportait en outre, avec la réduction négociée du temps de travail, une réforme structurelle majeure susceptible de changer radicalement le contenu en emplois de la croissance. Ainsi, le volontarisme qui caractérisait notre programme de lutte pour l'emploi a-t-il pu se déployer dans la durée et dans trois directions simultanément.
Le soutien à la demande nationale, tout d'abord. En 1997, l'économie française était bloquée. La compétitivité " potentielle " de notre économie était forte, mais elle restait " potentielle ". La profitabilité des entreprises était élevée, mais au prix d'un déficit massif de la demande. Il fallait donc ranimer celle-ci. Et, pour cela, rendre confiance aux Français. Nous l'avons fait, à travers la réhabilitation du politique, le respect de nos engagements -j'y reviendrai-, l'annonce de décisions politiques fortes : les 35 heures, les emplois-jeunes. Une politique fiscale audacieuse -transfert massif de cotisations vers la CSG, prélèvements exceptionnels sur les plus grandes entreprises- et une politique ambitieuse de création d'emplois - avec notamment les emplois-jeunes - ont restauré une forme de confiance dans le pays, réveillé la consommation des ménages, permettant à l'économie française de retrouver rapidement le chemin de la croissance.
La deuxième direction était celle de la négociation sociale. Contrairement aux libéraux, nous n'avons jamais considéré qu'il suffisait, pour créer des emplois, de freiner les salaires et de réduire le coût du travail. Si la croissance française est aujourd'hui exceptionnellement riche en emplois, c'est parce que nous avons instauré un nouveau contrat social. Par la négociation sociale, grâce à la réduction du temps de travail à 35 heures, les salariés et les chefs d'entreprise ont fait le choix de l'emploi, sous l'impulsion et avec le soutien financier de l'Etat. Ceux qui avaient un emploi ont bénéficié d'un surcroît de temps libre en contrepartie de la modération salariale ; ils ont ainsi permis que des emplois soient créés dans leur entreprise. La masse salariale a augmenté fortement, mais d'abord au bénéfice de ceux qui retrouvaient, avec un emploi, un revenu.
L'Europe, enfin. L'Union européenne s'était trop longtemps résignée à être une zone de stagnation. Elle est redevenue un espace de croissance. Le chômage de masse qui caractérisait l'Europe ne résultait pas de la rigidité supposée des marchés du travail ou de la prétendue incapacité des pays européens à affronter la concurrence internationale -la plupart d'entre eux connaissaient un excédent extérieur considérable-, mais de leur incapacité à stimuler leur croissance. Le contexte de l'Union monétaire pouvait changer radicalement cette situation, à condition que soient respectées les conditions que nous avons posées à l'adoption de l'euro par la France . La coordination des politiques macroéconomiques a permis de mettre en oeuvre un policy-mix favorable à la croissance. L'Union monétaire nous a protégés des crises financières que nous avons traversées de 1997 à 1999. La baisse des taux d'intérêt de la BCE a permis de soutenir l'activité européenne au moment du " trou d'air ".
Les résultats de cette politique économique sont là. Nous avons prouvé, en trois ans et demi, qu'il n'y avait pas de fatalité au chômage.
Le retour au plein emploi dans la décennie à venir est l'objectif central de ce nouveau contrat social. La perspective du plein emploi est redevenue un horizon crédible et a été " intégrée " par nos concitoyens comme un horizon possible. Pour le Gouvernement, la lutte contre le chômage reste la première priorité. Dans ce contexte nouveau, des dispositifs qui, hier, étaient des palliatifs de l'impuissance des politiques de lutte contre le chômage retrouvent tout leur sens.
En matière d'insertion, par exemple. Tant que l'économie était en basse pression et les créations d'emplois très faibles, le RMI était surtout un " revenu minimum ", évitant que l'exclusion du marché du travail ne conduise à la grande pauvreté, beaucoup plus qu'un mécanisme " d'insertion ". Depuis que de nombreux emplois sont créés, les politiques d'insertion retrouvent leur efficacité. Il faut en voir le signe dans le fait que le chômage de longue durée a baissé de plus de 30 % depuis juin 1997 et que, pour la première fois depuis la création du RMI, le nombre de ses allocataires a diminué en 2000. Le Gouvernement accompagne ce mouvement et agit résolument pour faciliter ce passage du RMI à l'activité. Il le fait avec la réforme de la taxe d'habitation ou celle des aides personnelles au logement, avec l'allongement de la " période d'intéressement " qui permet de cumuler un salaire et des prestations sociales, et, plus récemment, avec la baisse de la CSG sur les salaires proches du SMIC.
La formation professionnelle ne pouvait pas non plus atteindre ses objectifs dans un contexte où les créations d'emplois étaient quasi inexistantes. Désormais, dans une économie qui crée entre 400.000 et 500.000 emplois par an, où il faut de plus en plus faire face à des difficultés sectorielles de recrutement, la formation professionnelle redevient, au contraire, un enjeu national. Elle est donc au cur de l'action du Gouvernement.
Les politiques d'aide à la création d'entreprises tournaient " à vide " tant que la demande adressée aux entreprises était faible. Lorsque le déficit de demande est résorbé, ces politiques redeviennent indispensables pour maintenir une croissance forte. C'est en confortant ce vaste mouvement de création d'entreprises, d'activités et d'emplois que nous installerons la France dans un cycle long de croissance. Notre philosophie est claire : nous sommes pour une société du travail, et non d'assistance. Une société où la lutte contre le chômage est la priorité du Gouvernement, où le plein emploi est notre objectif majeur à long terme, où la protection des chômeurs est garantie, mais une société où " le travail doit payer ".
Mesdames et Messieurs,
La baisse du chômage est la plus belle réforme sociale du Gouvernement. Pour un gouvernement de gauche, c'est un signe de réussite. Un autre signe de réussite est la continuité de la politique économique et sociale qui a été conduite.
Depuis le mois de juin 1997, la politique économique du Gouvernement n'a connu ni pause, ni virage, ni reniement. Dès ma déclaration de politique générale, le 19 juin 1997, j'avais indiqué ma vision de l'action du Gouvernement : une action inscrite dès le début dans la durée, celle d'un contrat de législature ; une action progressive et maîtrisée ; une action résolue au service de la réforme. Une politique fidèle aux valeurs de la gauche -la justice, le progrès social, la maîtrise collective de notre destinée-, mais ayant renouvelé ses moyens et ses instruments.
Nous conduisons une politique économique et sociale de gauche et moderne.
Cette politique se fixe les fins qui sont celles de la gauche : la croissance, l'emploi pour tous, la justice sociale, l'augmentation du pouvoir d'achat, la puissance industrielle de nos entreprises, la place de la France dans le monde.
Cette politique est une politique volontariste, fondée sur le respect des engagements pris. Les emplois-jeunes, la réduction négociée à 35 heures de la durée du temps de travail, les baisses d'impôts, la relance de l'effort de recherche : tout cela, nous nous y étions engagé, nous l'avons fait.
Cette politique est une politique économique qui continue de s'appuyer sur le rôle de l'Etat. Pour nous, l'Etat conserve un rôle économique qu'il doit assumer pleinement, mais sans se substituer aux autres acteurs de la société. Nous nous reconnaissons toujours dans ce que KEYNES a écrit en 1926, je le cite : " l'essentiel pour un gouvernement n'est pas de faire, un peu mieux ou un peu plus mal, ce que des individus font déjà, mais de faire actuellement ce qui n'est pas fait du tout ". Ce message-là reste vrai. Il est des choses que seul l'Etat peut accomplir.
Face aux changements technologiques qui façonnent l'économie, l'Etat doit se faire " schumpétérien ". Dans un monde où l'innovation fait la différence -et d'abord au sein de la " nouvelle économie "-, l'Etat doit être stratège et tracer des perspectives. Les sources de croissance se déplacent ; l'Etat peut et doit aider à les détecter. Il doit faciliter le développement des secteurs émergents de l'économie nationale. C'est précisément ce que le Gouvernement a fait pour favoriser l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication. En 1997, celles-ci tardaient à se développer en France. Il fallait réagir vite, fort et bien. Un plan d'action gouvernemental a été lancé. Le Parlement a voté une loi sur l'innovation et la recherche, pris des mesures en faveur du capital-risque, instauré un régime juridique et fiscal adapté aux " jeunes pousses ". En mettant l'accent sur l'éducation et la formation, nous voulons que chacun puisse accéder aux nouveaux savoirs, afin de créer une société de l'information pour tous.
L'Etat doit être un investisseur au service de la compétitivité nationale. La compétitivité est une construction collective, qui requiert les investissements de l'Etat dans les infrastructures, les communications, les transports, les équipements collectifs.
L'Etat doit jouer son rôle d'actionnaire. Le renouveau de Thomson Multimédia démontre qu'un actionnariat public n'est pas incompatible avec la réussite économique -en l'espèce, il en fut même la condition. L'Etat accepte les ouvertures de capital lorsqu'elles sont nécessaires. Dans le secteur de l'aéronautique et de la défense, la fusion Aérospatiale et Matra puis leur rapprochement avec l'allemand DASA, a permis que la nouvelle structure, EADS, ait les moyens technologiques et financiers de son développement à l'échelle de la planète.
C'est une politique économique qui retrouve la plénitude de son inspiration. En nous préoccupant ainsi des conditions de la production, nous faisons retour aux sources intellectuelles du socialisme. SAINT-SIMON et les saint-simoniens, les socialistes utopistes, dont PROUDHON, et enfin MARX : tous les premiers socialistes ont concentré leur réflexion sur la façon la plus juste et la plus efficace de créer les richesses. Ce n'est que plus tard -avec KEYNES et BEVERIDGE- que la redistribution est devenue le principal enjeu pour la gauche. Production et redistribution sont pour nous intimement liées. L'impératif de solidarité qui est au cur de la redistribution demeure ; mais c'est d'abord en changeant la nature même de la croissance, en la rendant plus créatrice d'emplois et donc plus solidaire, que nous agissons sur la redistribution.
C'est une politique au service du plus grand nombre. Notre politique économique se fonde sur la recherche d'une nouvelle alliance entre classes populaires et classes moyennes. Nous voulons faire admettre aux unes que le travail très qualifié et l'innovation doivent être récompensés. Et nous voulons persuader les autres qu'il n'y a de réussite économique que collective. Nous voulons ainsi " réconcilier " les classes moyennes et populaires dont les intérêts peuvent être différents et parfois divergents. Nous devons à la fois nous appuyer sur les forces motrices de la société et répondre aux problèmes des forces " exclues ". Notre politique doit faire le maximum pour réintroduire chacun dans le processus productif -et dans le mécanisme d'intégration qui l'accompagne. C'est là le sens profond du " pacte républicain " que nous avons passé avec les Français.
C'est pourquoi nous voulons une croissance pour tous. Pendant près de deux décennies, la croissance, d'ailleurs insuffisante, n'a bénéficié qu'à ceux qui conservaient un emploi. Pour tous les autres, le chômage s'est traduit par une forte baisse de revenu et, pour beaucoup, par des formes plus ou moins durables d'exclusion. Depuis trois ans, la croissance, désormais plus forte, est mieux partagée. Le pouvoir d'achat des salaires individuels progresse plus rapidement que sous les deux gouvernements précédents. Mais surtout, des centaines de milliers de personnes ont retrouvé, en même temps qu'un emploi, un vrai revenu. La première source d'inégalité de revenu -celle que crée le chômage- est donc en plein recul. La redistribution permise de facto par une croissance fortement créatrice d'emplois est sans commune mesure avec celle que pourrait réaliser la plus ambitieuse des politiques de redistribution.
Mesdames et Messieurs,
Le Gouvernement ne sépare pas son action nationale du contexte de la mondialisation. C'est pourquoi il a toujours porté, dans ses prises de position internationales, le thème de la régulation.
La mondialisation appelle la régulation.
A problème global, réponse globale : voilà le réalisme auquel nous invite le XXIème siècle. La mondialisation de l'activité économique exige, pour en récolter les fruits comme pour en maîtriser les excès, une mondialisation équivalente des politiques. Il ne saurait y avoir d'économie mondiale sans régulation mondiale.
Je me réjouis que soit apparue une conscience internationale à propos des enjeux de la mondialisation. Elle s'est exprimée avec force, notamment lors des négociations de Seattle, exigeant la prise en compte de l'environnement, des droits sociaux et de la sécurité alimentaire dans les négociations commerciales internationales. Coordonnée par des organisations non gouvernementales, cette expression internationale, certes essentielle, ne peut pour autant représenter, seule, la voix des nations. C'est d'abord au sein des Etats que s'élaborent les choix démocratiques. Les institutions multilatérales, qu'ils ont ensemble créées, doivent être l'enceinte d'une réflexion sur une intervention concertée dans l'économie mondiale.
Cette mondialisation politique reste encore à construire. Elle porte un nom : la régulation. Il faut renforcer les institutions multilatérales des Nations-Unies qui s'attachent à garantir les " biens publics " internationaux indispensables au développement durable de la planète. Il faut compléter cette architecture là où elle est encore défaillante, là où manquent des organisations, comme par exemple une Organisation mondiale de l'environnement. Les règles commerciales doivent tenir compte des droits de l'Homme, des droits sociaux, de la défense de l'environnement et de la préservation de la diversité culturelle.
Le premier enjeu de la régulation est de revoir le fonctionnement des marchés de capitaux. Les crises financières de 1998 en Asie et en Russie ont montré à tous, clairement et brutalement, que le marché doit avoir des règles. Il s'agit d'imposer des règles prudentielles et de transparence, de combattre la délinquance financière, voire de réfléchir aux moyens d'encourager les bons flux financiers -ceux qui servent véritablement l'activité économique.
Il faut ensuite reconstruire un système monétaire international. Il ne s'agit pas de revenir à l'ordre ancien, celui, aujourd'hui disparu, né des accords de Bretton Woods en 1945 -encore qu'il ne serait pas inutile d'en retrouver l'esprit. Il s'agit d'accroître la coopération entre les grandes zones monétaires pour apporter une plus grande stabilité à l'économie mondiale.
L'Europe doit devenir le levier de cette régulation. L'Europe apporte une expérience irremplaçable. Elle a su, après la Seconde Guerre mondiale, conduire une intégration économique voulue et maîtrisée, respectant la diversité de ses nations. Elle démontre elle-même les bienfaits de la régulation. Aujourd'hui, sa responsabilité est double : poursuivre, d'une part, sa propre intégration en instaurant, à l'intérieur de ses frontières, une régulation qui dépasse la seule sphère monétaire et conforte l'Europe sociale. Contribuer, d'autre part, à la construction d'une régulation mondiale. Nous devons en avoir la volonté.
Mesdames et Messieurs,
L'économie est politique. Elle est affaire de choix. Ces choix doivent être collectivement maîtrisés. Cette maîtrise collective et démocratique doit se fonder sur une analyse raisonnée, à la fois lucide et volontariste, de la mondialisation. C'est pourquoi il faut échapper à l'alternative simpliste que l'on nous présente comme indépassable : l'immobilisme ou le fatalisme. Pour moi, le choix est clair. S'adapter à la réalité : oui. Se résigner à un modèle capitaliste prétendument naturel : non.
Face au marché, c'est à l'Etat, par la régulation, que revient la responsabilité de veiller à ce que l'économie soit au service de l'Homme et non l'inverse. La loi et la règle sont autant de remparts contre l'arbitraire, contre le dernier mot laissé au plus fort. Le message de LOCKE -" Là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas non plus de liberté "- vaut pour la sphère économique comme pour la sphère politique. Réguler, ce n'est donc pas entraver, c'est introduire de la stabilité, de l'équilibre, de la visibilité -de la justice, aussi- dans les relations entre agents économiques. Cela vaut d'abord à l'échelle de la Nation -et le Gouvernement agit en ce sens. Mais cela vaut aussi pour la collectivité humaine dans son ensemble. Le sort de l'économie globale et l'avenir de la communauté internationale sont bien l'enjeu de cette régulation mondiale qui reste, pour une large part, à construire.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour célébrer le 20ème anniversaire d'Alternatives Economiques. En novembre 1980, encore professeur d'économie, j'avais conseillé à mes étudiants de consulter cette nouvelle revue, modeste par son support -seize pages en papier recyclé- mais ambitieuse par son projet : proposer " un autre regard sur l'économie " et présenter celle-ci pour ce qu'elle est -un enjeu politique, qui appelle le débat collectif. Le succès que celle-ci a connu depuis est mérité. Animée par votre fondateur, Denis CLERC, par votre rédacteur en chef, Philippe FRÉMEAUX, et par le président de votre association de lecteurs, Christophe FOUREL, que je remercie de leur invitation, votre équipe a pris une place essentielle et originale dans la réflexion et le débat économiques en France. Je participe donc volontiers à l'échange qui nous réunit, consacré à un thème essentiel : la régulation. J'y apporterai le point de vue qui est le mien : celui d'un chef de Gouvernement, engagé depuis trois ans et cinq mois dans la conduite de la politique économique de la France.
Depuis 1997, notre stratégie économique a permis à notre pays de s'engager sur une trajectoire qui marque une rupture par rapport au passé.
Comme en 1981, la gauche est arrivée au pouvoir en 1997 avec pour objectif premier la lutte contre le chômage de masse et avec pour démarche un même volontarisme en matière économique. Mais trois ans et demi plus tard, les résultats sont cette fois plus positifs :
· la croissance est forte : depuis 1997, elle est proche de 3,2 % en moyenne et devrait rester supérieure à 3 % l'an prochain.
· les créations d'emplois n'ont jamais été aussi nombreuses, même au cur des " Trente Glorieuses " : 380.000 emplois en 1998, 480.000 en 1999 et probablement plus de 500.000 cette année ;
· le chômage n'a jamais autant reculé, ni si vite : 870.000 chômeurs en moins ; le taux de chômage est passé de 12,6 % à 9,5 % en trois ans et demi.
Comment expliquer ces résultats ? Certains commentateurs s'évertuent à invoquer la chance : la " conjoncture internationale " aurait tout fait. C'est oublier que cette conjoncture, précisément, n'a cessé de se dégrader depuis l'été 1997 jusqu'au début de 1999, sous l'effet des crises financières successives qui ont frappé l'économie mondiale. C'est oublier aussi que ni l'Allemagne ni l'Italie n'ont obtenu des résultats comparables aux nôtres, alors que ces économies évoluent dans le même contexte, avec la même monnaie et les mêmes taux d'intérêt.
En réalité, à partir d'un diagnostic correctement posé, le Gouvernement a conduit une politique économique adaptée. En 1981, le programme de la gauche prenait insuffisamment en compte la conjoncture nationale et internationale, mais aussi la durée dans laquelle doit s'inscrire un programme de législature. En 1997, en revanche, notre programme économique était adapté à la fois au contexte international -la perspective de l'Union monétaire-, et au contexte conjoncturel français -un fort déficit de demande. Il comportait en outre, avec la réduction négociée du temps de travail, une réforme structurelle majeure susceptible de changer radicalement le contenu en emplois de la croissance. Ainsi, le volontarisme qui caractérisait notre programme de lutte pour l'emploi a-t-il pu se déployer dans la durée et dans trois directions simultanément.
Le soutien à la demande nationale, tout d'abord. En 1997, l'économie française était bloquée. La compétitivité " potentielle " de notre économie était forte, mais elle restait " potentielle ". La profitabilité des entreprises était élevée, mais au prix d'un déficit massif de la demande. Il fallait donc ranimer celle-ci. Et, pour cela, rendre confiance aux Français. Nous l'avons fait, à travers la réhabilitation du politique, le respect de nos engagements -j'y reviendrai-, l'annonce de décisions politiques fortes : les 35 heures, les emplois-jeunes. Une politique fiscale audacieuse -transfert massif de cotisations vers la CSG, prélèvements exceptionnels sur les plus grandes entreprises- et une politique ambitieuse de création d'emplois - avec notamment les emplois-jeunes - ont restauré une forme de confiance dans le pays, réveillé la consommation des ménages, permettant à l'économie française de retrouver rapidement le chemin de la croissance.
La deuxième direction était celle de la négociation sociale. Contrairement aux libéraux, nous n'avons jamais considéré qu'il suffisait, pour créer des emplois, de freiner les salaires et de réduire le coût du travail. Si la croissance française est aujourd'hui exceptionnellement riche en emplois, c'est parce que nous avons instauré un nouveau contrat social. Par la négociation sociale, grâce à la réduction du temps de travail à 35 heures, les salariés et les chefs d'entreprise ont fait le choix de l'emploi, sous l'impulsion et avec le soutien financier de l'Etat. Ceux qui avaient un emploi ont bénéficié d'un surcroît de temps libre en contrepartie de la modération salariale ; ils ont ainsi permis que des emplois soient créés dans leur entreprise. La masse salariale a augmenté fortement, mais d'abord au bénéfice de ceux qui retrouvaient, avec un emploi, un revenu.
L'Europe, enfin. L'Union européenne s'était trop longtemps résignée à être une zone de stagnation. Elle est redevenue un espace de croissance. Le chômage de masse qui caractérisait l'Europe ne résultait pas de la rigidité supposée des marchés du travail ou de la prétendue incapacité des pays européens à affronter la concurrence internationale -la plupart d'entre eux connaissaient un excédent extérieur considérable-, mais de leur incapacité à stimuler leur croissance. Le contexte de l'Union monétaire pouvait changer radicalement cette situation, à condition que soient respectées les conditions que nous avons posées à l'adoption de l'euro par la France . La coordination des politiques macroéconomiques a permis de mettre en oeuvre un policy-mix favorable à la croissance. L'Union monétaire nous a protégés des crises financières que nous avons traversées de 1997 à 1999. La baisse des taux d'intérêt de la BCE a permis de soutenir l'activité européenne au moment du " trou d'air ".
Les résultats de cette politique économique sont là. Nous avons prouvé, en trois ans et demi, qu'il n'y avait pas de fatalité au chômage.
Le retour au plein emploi dans la décennie à venir est l'objectif central de ce nouveau contrat social. La perspective du plein emploi est redevenue un horizon crédible et a été " intégrée " par nos concitoyens comme un horizon possible. Pour le Gouvernement, la lutte contre le chômage reste la première priorité. Dans ce contexte nouveau, des dispositifs qui, hier, étaient des palliatifs de l'impuissance des politiques de lutte contre le chômage retrouvent tout leur sens.
En matière d'insertion, par exemple. Tant que l'économie était en basse pression et les créations d'emplois très faibles, le RMI était surtout un " revenu minimum ", évitant que l'exclusion du marché du travail ne conduise à la grande pauvreté, beaucoup plus qu'un mécanisme " d'insertion ". Depuis que de nombreux emplois sont créés, les politiques d'insertion retrouvent leur efficacité. Il faut en voir le signe dans le fait que le chômage de longue durée a baissé de plus de 30 % depuis juin 1997 et que, pour la première fois depuis la création du RMI, le nombre de ses allocataires a diminué en 2000. Le Gouvernement accompagne ce mouvement et agit résolument pour faciliter ce passage du RMI à l'activité. Il le fait avec la réforme de la taxe d'habitation ou celle des aides personnelles au logement, avec l'allongement de la " période d'intéressement " qui permet de cumuler un salaire et des prestations sociales, et, plus récemment, avec la baisse de la CSG sur les salaires proches du SMIC.
La formation professionnelle ne pouvait pas non plus atteindre ses objectifs dans un contexte où les créations d'emplois étaient quasi inexistantes. Désormais, dans une économie qui crée entre 400.000 et 500.000 emplois par an, où il faut de plus en plus faire face à des difficultés sectorielles de recrutement, la formation professionnelle redevient, au contraire, un enjeu national. Elle est donc au cur de l'action du Gouvernement.
Les politiques d'aide à la création d'entreprises tournaient " à vide " tant que la demande adressée aux entreprises était faible. Lorsque le déficit de demande est résorbé, ces politiques redeviennent indispensables pour maintenir une croissance forte. C'est en confortant ce vaste mouvement de création d'entreprises, d'activités et d'emplois que nous installerons la France dans un cycle long de croissance. Notre philosophie est claire : nous sommes pour une société du travail, et non d'assistance. Une société où la lutte contre le chômage est la priorité du Gouvernement, où le plein emploi est notre objectif majeur à long terme, où la protection des chômeurs est garantie, mais une société où " le travail doit payer ".
Mesdames et Messieurs,
La baisse du chômage est la plus belle réforme sociale du Gouvernement. Pour un gouvernement de gauche, c'est un signe de réussite. Un autre signe de réussite est la continuité de la politique économique et sociale qui a été conduite.
Depuis le mois de juin 1997, la politique économique du Gouvernement n'a connu ni pause, ni virage, ni reniement. Dès ma déclaration de politique générale, le 19 juin 1997, j'avais indiqué ma vision de l'action du Gouvernement : une action inscrite dès le début dans la durée, celle d'un contrat de législature ; une action progressive et maîtrisée ; une action résolue au service de la réforme. Une politique fidèle aux valeurs de la gauche -la justice, le progrès social, la maîtrise collective de notre destinée-, mais ayant renouvelé ses moyens et ses instruments.
Nous conduisons une politique économique et sociale de gauche et moderne.
Cette politique se fixe les fins qui sont celles de la gauche : la croissance, l'emploi pour tous, la justice sociale, l'augmentation du pouvoir d'achat, la puissance industrielle de nos entreprises, la place de la France dans le monde.
Cette politique est une politique volontariste, fondée sur le respect des engagements pris. Les emplois-jeunes, la réduction négociée à 35 heures de la durée du temps de travail, les baisses d'impôts, la relance de l'effort de recherche : tout cela, nous nous y étions engagé, nous l'avons fait.
Cette politique est une politique économique qui continue de s'appuyer sur le rôle de l'Etat. Pour nous, l'Etat conserve un rôle économique qu'il doit assumer pleinement, mais sans se substituer aux autres acteurs de la société. Nous nous reconnaissons toujours dans ce que KEYNES a écrit en 1926, je le cite : " l'essentiel pour un gouvernement n'est pas de faire, un peu mieux ou un peu plus mal, ce que des individus font déjà, mais de faire actuellement ce qui n'est pas fait du tout ". Ce message-là reste vrai. Il est des choses que seul l'Etat peut accomplir.
Face aux changements technologiques qui façonnent l'économie, l'Etat doit se faire " schumpétérien ". Dans un monde où l'innovation fait la différence -et d'abord au sein de la " nouvelle économie "-, l'Etat doit être stratège et tracer des perspectives. Les sources de croissance se déplacent ; l'Etat peut et doit aider à les détecter. Il doit faciliter le développement des secteurs émergents de l'économie nationale. C'est précisément ce que le Gouvernement a fait pour favoriser l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication. En 1997, celles-ci tardaient à se développer en France. Il fallait réagir vite, fort et bien. Un plan d'action gouvernemental a été lancé. Le Parlement a voté une loi sur l'innovation et la recherche, pris des mesures en faveur du capital-risque, instauré un régime juridique et fiscal adapté aux " jeunes pousses ". En mettant l'accent sur l'éducation et la formation, nous voulons que chacun puisse accéder aux nouveaux savoirs, afin de créer une société de l'information pour tous.
L'Etat doit être un investisseur au service de la compétitivité nationale. La compétitivité est une construction collective, qui requiert les investissements de l'Etat dans les infrastructures, les communications, les transports, les équipements collectifs.
L'Etat doit jouer son rôle d'actionnaire. Le renouveau de Thomson Multimédia démontre qu'un actionnariat public n'est pas incompatible avec la réussite économique -en l'espèce, il en fut même la condition. L'Etat accepte les ouvertures de capital lorsqu'elles sont nécessaires. Dans le secteur de l'aéronautique et de la défense, la fusion Aérospatiale et Matra puis leur rapprochement avec l'allemand DASA, a permis que la nouvelle structure, EADS, ait les moyens technologiques et financiers de son développement à l'échelle de la planète.
C'est une politique économique qui retrouve la plénitude de son inspiration. En nous préoccupant ainsi des conditions de la production, nous faisons retour aux sources intellectuelles du socialisme. SAINT-SIMON et les saint-simoniens, les socialistes utopistes, dont PROUDHON, et enfin MARX : tous les premiers socialistes ont concentré leur réflexion sur la façon la plus juste et la plus efficace de créer les richesses. Ce n'est que plus tard -avec KEYNES et BEVERIDGE- que la redistribution est devenue le principal enjeu pour la gauche. Production et redistribution sont pour nous intimement liées. L'impératif de solidarité qui est au cur de la redistribution demeure ; mais c'est d'abord en changeant la nature même de la croissance, en la rendant plus créatrice d'emplois et donc plus solidaire, que nous agissons sur la redistribution.
C'est une politique au service du plus grand nombre. Notre politique économique se fonde sur la recherche d'une nouvelle alliance entre classes populaires et classes moyennes. Nous voulons faire admettre aux unes que le travail très qualifié et l'innovation doivent être récompensés. Et nous voulons persuader les autres qu'il n'y a de réussite économique que collective. Nous voulons ainsi " réconcilier " les classes moyennes et populaires dont les intérêts peuvent être différents et parfois divergents. Nous devons à la fois nous appuyer sur les forces motrices de la société et répondre aux problèmes des forces " exclues ". Notre politique doit faire le maximum pour réintroduire chacun dans le processus productif -et dans le mécanisme d'intégration qui l'accompagne. C'est là le sens profond du " pacte républicain " que nous avons passé avec les Français.
C'est pourquoi nous voulons une croissance pour tous. Pendant près de deux décennies, la croissance, d'ailleurs insuffisante, n'a bénéficié qu'à ceux qui conservaient un emploi. Pour tous les autres, le chômage s'est traduit par une forte baisse de revenu et, pour beaucoup, par des formes plus ou moins durables d'exclusion. Depuis trois ans, la croissance, désormais plus forte, est mieux partagée. Le pouvoir d'achat des salaires individuels progresse plus rapidement que sous les deux gouvernements précédents. Mais surtout, des centaines de milliers de personnes ont retrouvé, en même temps qu'un emploi, un vrai revenu. La première source d'inégalité de revenu -celle que crée le chômage- est donc en plein recul. La redistribution permise de facto par une croissance fortement créatrice d'emplois est sans commune mesure avec celle que pourrait réaliser la plus ambitieuse des politiques de redistribution.
Mesdames et Messieurs,
Le Gouvernement ne sépare pas son action nationale du contexte de la mondialisation. C'est pourquoi il a toujours porté, dans ses prises de position internationales, le thème de la régulation.
La mondialisation appelle la régulation.
A problème global, réponse globale : voilà le réalisme auquel nous invite le XXIème siècle. La mondialisation de l'activité économique exige, pour en récolter les fruits comme pour en maîtriser les excès, une mondialisation équivalente des politiques. Il ne saurait y avoir d'économie mondiale sans régulation mondiale.
Je me réjouis que soit apparue une conscience internationale à propos des enjeux de la mondialisation. Elle s'est exprimée avec force, notamment lors des négociations de Seattle, exigeant la prise en compte de l'environnement, des droits sociaux et de la sécurité alimentaire dans les négociations commerciales internationales. Coordonnée par des organisations non gouvernementales, cette expression internationale, certes essentielle, ne peut pour autant représenter, seule, la voix des nations. C'est d'abord au sein des Etats que s'élaborent les choix démocratiques. Les institutions multilatérales, qu'ils ont ensemble créées, doivent être l'enceinte d'une réflexion sur une intervention concertée dans l'économie mondiale.
Cette mondialisation politique reste encore à construire. Elle porte un nom : la régulation. Il faut renforcer les institutions multilatérales des Nations-Unies qui s'attachent à garantir les " biens publics " internationaux indispensables au développement durable de la planète. Il faut compléter cette architecture là où elle est encore défaillante, là où manquent des organisations, comme par exemple une Organisation mondiale de l'environnement. Les règles commerciales doivent tenir compte des droits de l'Homme, des droits sociaux, de la défense de l'environnement et de la préservation de la diversité culturelle.
Le premier enjeu de la régulation est de revoir le fonctionnement des marchés de capitaux. Les crises financières de 1998 en Asie et en Russie ont montré à tous, clairement et brutalement, que le marché doit avoir des règles. Il s'agit d'imposer des règles prudentielles et de transparence, de combattre la délinquance financière, voire de réfléchir aux moyens d'encourager les bons flux financiers -ceux qui servent véritablement l'activité économique.
Il faut ensuite reconstruire un système monétaire international. Il ne s'agit pas de revenir à l'ordre ancien, celui, aujourd'hui disparu, né des accords de Bretton Woods en 1945 -encore qu'il ne serait pas inutile d'en retrouver l'esprit. Il s'agit d'accroître la coopération entre les grandes zones monétaires pour apporter une plus grande stabilité à l'économie mondiale.
L'Europe doit devenir le levier de cette régulation. L'Europe apporte une expérience irremplaçable. Elle a su, après la Seconde Guerre mondiale, conduire une intégration économique voulue et maîtrisée, respectant la diversité de ses nations. Elle démontre elle-même les bienfaits de la régulation. Aujourd'hui, sa responsabilité est double : poursuivre, d'une part, sa propre intégration en instaurant, à l'intérieur de ses frontières, une régulation qui dépasse la seule sphère monétaire et conforte l'Europe sociale. Contribuer, d'autre part, à la construction d'une régulation mondiale. Nous devons en avoir la volonté.
Mesdames et Messieurs,
L'économie est politique. Elle est affaire de choix. Ces choix doivent être collectivement maîtrisés. Cette maîtrise collective et démocratique doit se fonder sur une analyse raisonnée, à la fois lucide et volontariste, de la mondialisation. C'est pourquoi il faut échapper à l'alternative simpliste que l'on nous présente comme indépassable : l'immobilisme ou le fatalisme. Pour moi, le choix est clair. S'adapter à la réalité : oui. Se résigner à un modèle capitaliste prétendument naturel : non.
Face au marché, c'est à l'Etat, par la régulation, que revient la responsabilité de veiller à ce que l'économie soit au service de l'Homme et non l'inverse. La loi et la règle sont autant de remparts contre l'arbitraire, contre le dernier mot laissé au plus fort. Le message de LOCKE -" Là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas non plus de liberté "- vaut pour la sphère économique comme pour la sphère politique. Réguler, ce n'est donc pas entraver, c'est introduire de la stabilité, de l'équilibre, de la visibilité -de la justice, aussi- dans les relations entre agents économiques. Cela vaut d'abord à l'échelle de la Nation -et le Gouvernement agit en ce sens. Mais cela vaut aussi pour la collectivité humaine dans son ensemble. Le sort de l'économie globale et l'avenir de la communauté internationale sont bien l'enjeu de cette régulation mondiale qui reste, pour une large part, à construire.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 novembre 2000)