Texte intégral
Q. Parlons tout d'abord des suites de la libération des deux otages qui étaient retenus en Irak. Vous avez dit à quel point vous étiez fière de l'action de vos services. C'était une action dangereuse ?
R. C'est une action qui a été longue, difficile et effectivement dangereuse. Il faut bien voir que dès les premières heures où nous avons appris le rapt de Mme Aubenas et de son guide, immédiatement, la DGSE a reformé la cellule de crise qui avait été utilisée pour la libération de C. Chesnot et de G. Malbrunot. Il faut bien voir que cela représente plus de cent personnes qui, à Paris mais également à Bagdad, ont retissé immédiatement les liens permettant d'essayer d'avoir des informations. Ce sont des agents qui, pratiquement jour et nuit, avaient déjà travaillé pendant plusieurs mois pour la libération de C. Chesnot et de G. Malbrunot et qui, là, ont recommencé pour F. Aubenas et pour son guide.
Q. La libération elle-même était-elle une opération très dangereuse ?
R. Dans le contexte qui est actuellement celui de Bagdad, il est évident que tout déplacement est quelque chose de très dangereux. Et comme il fallait aller dans des zones qui sont les zones les moins sûres, il est évident que c'est quelque chose de très dangereux. Ne serait-ce aujourd'hui que le fait d'aller jusqu'à l'aéroport est quelque chose de dangereux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons attendu plusieurs heures, que F. Aubenas soit dans un avion sécurisé, pour faire cette annonce.
Q. Est-ce une action qui aura été exclusivement française ?
R. C'est une action dans laquelle, effectivement, les services français, qu'il s'agisse des services de la DGSE ou qu'il s'agisse du ministère des Affaires étrangères, ont joué un rôle tout à fait fondamental. Et cette libération a été le fait des services français effectivement. Ils ont, pendant des mois, contacté des centaines de personnes. Il y a eu des milliers d'analyses qui ont été faites de tous les évènements. Et, en dernier lieu, effectivement, ce sont eux, et notamment les gens du service action, qui ont récupéré, dans ces conditions très dangereuses, nos deux otages.
Q. Donc aucune puissance étrangère n'a essayé de s'en mêler ?
R. Non, aucune puissance étrangère n'a essayé de s'en mêler. Nous avons simplement eu, comme dans le premier cas, des contacts, à partir de capitales étrangères, pour essayer d'avoir le maximum d'informations et, surtout, pour essayer d'établir des liens avec les ravisseurs, d'avoir des intermédiaires fiables. Parce que la différence, cette fois-ci, a été qu'il y a eu toute une période, notamment au mois de janvier, où nous n'avions aucune information. Donc, au fur et à mesure, on a réussi, grâce aux réseaux qui avaient été établis dans le premier cas, à retisser ces liens, ce qui nous a permis d'avoir notamment les premières informations, les preuves de vie, et puis ensuite de mener le dispositif.
Q. F. Aubenas va faire une conférence de presse cet après-midi. Elle a été entendue par les services de la DGSE. Quelles sont les limites de l'expression d'un ex-otage ?
R. Je pense que F. Aubenas pourra donner toutes les informations concernant sa propre détention et un certain nombre de choses. Il est évident qu'elle connaît une partie de ce qui s'est passé, puisqu'elle était d'un côté mais...
Q. Il y a forcément des informations que l'on gardera secrètes, parce qu'elles sont stratégiques ?
R. Il peut y avoir un certain nombre d'informations gardées secrètes effectivement, simplement en pensant que l'on est là dans une zone extrêmement dangereuse, que nous ne savons pas ce qui se passer à Bagdad demain et qu'il faut que nous gardions toutes les conditions de notre efficacité, si jamais des évènements de ce type survenaient à nouveau.
Q. Avez-vous des doutes, à l'heure qu'il est, sur l'attitude, le comportement d'un député UMP, en l'occurrence D. Julia ? Ou est-on en train de lui faire un mauvais procès ?
R. Je n'ai pas à me prononcer sur ce point. Je pense que tout ceci relève et du Parlement et, le cas échéant, de la justice, mais je ne me prononcerai pas sur ça. En tous les cas, ce n'est pas le rôle de mes services d'enquêter sur ce point.
Q. Vous allez tout à l'heure retourner - parce que vous y étiez hier, en compagnie du Président - au Salon du Bourget, pour le vol de l'A380. A quoi le ministre de la Défense va-t-il plus particulièrement s'intéresser cette année à ce salon ? Parce que l'A380 est un avion civil !
R. C'est un avion civil, mais vous savez que dans le salon du Bourget, il y a aussi une grande partie de la démonstration de notre savoir-faire en matière d'aéronautique militaire. Le président de la République, hier, a dévoilé l'un des nouveaux drones sur lesquels nous travaillons...
Q. Est-ce un vrai marché ?
R. C'est un marché, puisque les drones sont finalement une nouvelle génération de moyens aériens de renseignements, voire d'interventions, puisque certains de ces drones peuvent emporter des missiles. Et en attendant les avions d'une nouvelle génération, c'est aussi un moyen, pour nos industriels, de garder l'expertise et le savoir-faire qui nous permettent d'être aujourd'hui au plus haut niveau de la technologie, puisque nous avons un niveau technologique qui est au moins équivalent à celui des Américains.
Q. L'Europe de la défense est-elle touchée par les conséquences du vote négatif de la France au référendum sur la Constitution européenne ?
R. Il est évident que j'aurais préféré - d'ailleurs, je me suis battue pour cela - que le projet de Constitution soit adopté, parce qu'il y avait là trois dispositions qui étaient importantes pour l'Europe de la défense. Ceci dit, je pense que le domaine de la défense est à la fois celui qui a le plus progressé en Europe au cours des trois dernières années, notamment sous l'impulsion française appuyée, crédibilisée par la loi de programmation militaire voulue par le président de la République. Et nous avons pris un tel élan dans cette construction de l'Europe de la défense que nous serons probablement les moins pénalisés par le refus de la Constitution européenne. C'est ainsi que, depuis trois ans, nous avons réussi à mettre sur pieds les moyens de notre sécurité et de notre action, à travers les "groupements tactiques", c'est-à-dire la force d'intervention très rapide de l'Union européenne, à travers la Force européenne de gendarmerie, à travers la Cellule de planification et de commandement, à travers surtout l'Agence européenne de défense et de l'armement, qui va nous permettre d'agir en commun pour élaborer des programmes satisfaisant nos besoins militaires, qui nous permet également de renforcer notre synergie à l'échelle européenne en matière de recherches et de nouvelles technologies, ce qui est essentiel pour lutter contre nos concurrents étrangers dans l'avenir.
Q. On était donc en avance et le "non" français ne nous a pas fait prendre de retard ?
R. Il ne nous fera, je l'espère, pas prendre de retard en la matière. Le point le plus gênant en la matière, c'est qu'il y avait dans le projet de Constitution une clause de solidarité mutuelle en cas d'attaque terroriste ou de grande catastrophe naturelle, qui permettait d'avoir une réaction immédiate, de ne pas attendre l'intervention et l'accord des Vingt-Cinq pour mener un certain nombre d'opérations. Malheureusement, cela n'existe pas. Il va donc falloir - et je m'y emploierai - essayer de nouveau de passer des accords à vingt-cinq, de façon à essayer de mettre en place ce système dont nous pourrions avoir besoin, car ne n'oublions pas, même si la paix existe sur notre continent depuis cinquante ans, nous sommes dans des périodes où les risques, qu'ils soient terroristes ou de crises multiples, existent.
Q. On a pu avoir l'impression que lors du dernier remaniement, pour vous, c'était Matignon ou bien c'était rester à la Défense. Est-ce que c'est correctement résumé ?
R. Effectivement, vous le savez, je me plais beaucoup au ministère de la Défense, qui est un ministère extrêmement complet, puisque nous y voyons aussi les problèmes stratégiques, les affaires étrangères, que des problèmes industriels. C'est le premier investisseur économique du pays. C'est surtout le premier employeur, et notamment le premier employeur de jeunes, dans notre pays - on l'ignore trop.
Q. Vous n'auriez quitté ce ministère que pour Matignon ?
R. Oui, effectivement, puisque j'ai déjà eu l'occasion de décliner les propositions qui m'ont été faites par J.-P. Raffarin, par exemple de prendre le ministère des Affaires étrangères. J'ai préféré rester à la Défense et je m'y sens effectivement très bien.
Q. Pourriez-vous encore être une possible Premier ministre avant les prochaines présidentielles ?
R. Comme je l'ai toujours dit lorsque mon nom a été prononcé, la décision dépend uniquement du président de la République, de l'analyse qu'il fait des circonstances et de son choix. J'aurais été fière et heureuse de servir la France à Matignon. Je suis fière et heureuse de servir la France au ministère de la Défense.
Q. Vous dites, dans Le Figaro de ce matin, que Villepin-Sarkozy, "le tandem a l'obligation de fonctionner". Si l'un chute - c'est ce que vous voulez dire -, il entraîne l'autre. Sauf que je serais tenté de vous dire que N. Sarkozy a son propre vélo...
R. Je crois qu'il s'agit de deux personnalités qui ont chacune leur force, leur caractère - il ne faut pas l'oublier - et leurs convictions. Mais l'un comme l'autre sont animés par le sens de l'Etat, de faire progresser notre pays. Et, encore une fois, je crois que dans la situation que nous connaissons, c'est-à-dire une France, il faut le reconnaître, affaiblie par le "non" au référendum, une Europe affaiblie par le "non" de plusieurs pays européens au référendum par rapport au monde entier, il nécessaire, plus que jamais, que nous unissions tous nos efforts. Pour ma part, je ferai tout ce que je peux pour contribuer à faire réussir ce gouvernement...
Q. Et s'il y en a un qui pédale plus vite que l'autre, vous essaierez de le freiner ?
R. J'ai toujours, dans ma carrière politique, essayé d'amener la paix, la réconciliation. Je pense que notre pays est grand de sa diversité, je pense que le Gouvernement doit être riche aussi de la diversité des talents et qu'il faut que chacun puisse s'exprimer.
Q. Vous restez une des fidèles des fidèles du président de la République, un "vrai soldat" - c'est parfois ce que l'on a pu lire. Cela vous fait-il plaisir ou vous agace-t-il ?
R. J'ai énormément d'admiration pour les soldats, pour ces hommes et ces femmes qui, souvent jeunes, sont prêts à donner leur vie pour le pays. Je reçois cela comme un compliment.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 juin 2005)
R. C'est une action qui a été longue, difficile et effectivement dangereuse. Il faut bien voir que dès les premières heures où nous avons appris le rapt de Mme Aubenas et de son guide, immédiatement, la DGSE a reformé la cellule de crise qui avait été utilisée pour la libération de C. Chesnot et de G. Malbrunot. Il faut bien voir que cela représente plus de cent personnes qui, à Paris mais également à Bagdad, ont retissé immédiatement les liens permettant d'essayer d'avoir des informations. Ce sont des agents qui, pratiquement jour et nuit, avaient déjà travaillé pendant plusieurs mois pour la libération de C. Chesnot et de G. Malbrunot et qui, là, ont recommencé pour F. Aubenas et pour son guide.
Q. La libération elle-même était-elle une opération très dangereuse ?
R. Dans le contexte qui est actuellement celui de Bagdad, il est évident que tout déplacement est quelque chose de très dangereux. Et comme il fallait aller dans des zones qui sont les zones les moins sûres, il est évident que c'est quelque chose de très dangereux. Ne serait-ce aujourd'hui que le fait d'aller jusqu'à l'aéroport est quelque chose de dangereux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons attendu plusieurs heures, que F. Aubenas soit dans un avion sécurisé, pour faire cette annonce.
Q. Est-ce une action qui aura été exclusivement française ?
R. C'est une action dans laquelle, effectivement, les services français, qu'il s'agisse des services de la DGSE ou qu'il s'agisse du ministère des Affaires étrangères, ont joué un rôle tout à fait fondamental. Et cette libération a été le fait des services français effectivement. Ils ont, pendant des mois, contacté des centaines de personnes. Il y a eu des milliers d'analyses qui ont été faites de tous les évènements. Et, en dernier lieu, effectivement, ce sont eux, et notamment les gens du service action, qui ont récupéré, dans ces conditions très dangereuses, nos deux otages.
Q. Donc aucune puissance étrangère n'a essayé de s'en mêler ?
R. Non, aucune puissance étrangère n'a essayé de s'en mêler. Nous avons simplement eu, comme dans le premier cas, des contacts, à partir de capitales étrangères, pour essayer d'avoir le maximum d'informations et, surtout, pour essayer d'établir des liens avec les ravisseurs, d'avoir des intermédiaires fiables. Parce que la différence, cette fois-ci, a été qu'il y a eu toute une période, notamment au mois de janvier, où nous n'avions aucune information. Donc, au fur et à mesure, on a réussi, grâce aux réseaux qui avaient été établis dans le premier cas, à retisser ces liens, ce qui nous a permis d'avoir notamment les premières informations, les preuves de vie, et puis ensuite de mener le dispositif.
Q. F. Aubenas va faire une conférence de presse cet après-midi. Elle a été entendue par les services de la DGSE. Quelles sont les limites de l'expression d'un ex-otage ?
R. Je pense que F. Aubenas pourra donner toutes les informations concernant sa propre détention et un certain nombre de choses. Il est évident qu'elle connaît une partie de ce qui s'est passé, puisqu'elle était d'un côté mais...
Q. Il y a forcément des informations que l'on gardera secrètes, parce qu'elles sont stratégiques ?
R. Il peut y avoir un certain nombre d'informations gardées secrètes effectivement, simplement en pensant que l'on est là dans une zone extrêmement dangereuse, que nous ne savons pas ce qui se passer à Bagdad demain et qu'il faut que nous gardions toutes les conditions de notre efficacité, si jamais des évènements de ce type survenaient à nouveau.
Q. Avez-vous des doutes, à l'heure qu'il est, sur l'attitude, le comportement d'un député UMP, en l'occurrence D. Julia ? Ou est-on en train de lui faire un mauvais procès ?
R. Je n'ai pas à me prononcer sur ce point. Je pense que tout ceci relève et du Parlement et, le cas échéant, de la justice, mais je ne me prononcerai pas sur ça. En tous les cas, ce n'est pas le rôle de mes services d'enquêter sur ce point.
Q. Vous allez tout à l'heure retourner - parce que vous y étiez hier, en compagnie du Président - au Salon du Bourget, pour le vol de l'A380. A quoi le ministre de la Défense va-t-il plus particulièrement s'intéresser cette année à ce salon ? Parce que l'A380 est un avion civil !
R. C'est un avion civil, mais vous savez que dans le salon du Bourget, il y a aussi une grande partie de la démonstration de notre savoir-faire en matière d'aéronautique militaire. Le président de la République, hier, a dévoilé l'un des nouveaux drones sur lesquels nous travaillons...
Q. Est-ce un vrai marché ?
R. C'est un marché, puisque les drones sont finalement une nouvelle génération de moyens aériens de renseignements, voire d'interventions, puisque certains de ces drones peuvent emporter des missiles. Et en attendant les avions d'une nouvelle génération, c'est aussi un moyen, pour nos industriels, de garder l'expertise et le savoir-faire qui nous permettent d'être aujourd'hui au plus haut niveau de la technologie, puisque nous avons un niveau technologique qui est au moins équivalent à celui des Américains.
Q. L'Europe de la défense est-elle touchée par les conséquences du vote négatif de la France au référendum sur la Constitution européenne ?
R. Il est évident que j'aurais préféré - d'ailleurs, je me suis battue pour cela - que le projet de Constitution soit adopté, parce qu'il y avait là trois dispositions qui étaient importantes pour l'Europe de la défense. Ceci dit, je pense que le domaine de la défense est à la fois celui qui a le plus progressé en Europe au cours des trois dernières années, notamment sous l'impulsion française appuyée, crédibilisée par la loi de programmation militaire voulue par le président de la République. Et nous avons pris un tel élan dans cette construction de l'Europe de la défense que nous serons probablement les moins pénalisés par le refus de la Constitution européenne. C'est ainsi que, depuis trois ans, nous avons réussi à mettre sur pieds les moyens de notre sécurité et de notre action, à travers les "groupements tactiques", c'est-à-dire la force d'intervention très rapide de l'Union européenne, à travers la Force européenne de gendarmerie, à travers la Cellule de planification et de commandement, à travers surtout l'Agence européenne de défense et de l'armement, qui va nous permettre d'agir en commun pour élaborer des programmes satisfaisant nos besoins militaires, qui nous permet également de renforcer notre synergie à l'échelle européenne en matière de recherches et de nouvelles technologies, ce qui est essentiel pour lutter contre nos concurrents étrangers dans l'avenir.
Q. On était donc en avance et le "non" français ne nous a pas fait prendre de retard ?
R. Il ne nous fera, je l'espère, pas prendre de retard en la matière. Le point le plus gênant en la matière, c'est qu'il y avait dans le projet de Constitution une clause de solidarité mutuelle en cas d'attaque terroriste ou de grande catastrophe naturelle, qui permettait d'avoir une réaction immédiate, de ne pas attendre l'intervention et l'accord des Vingt-Cinq pour mener un certain nombre d'opérations. Malheureusement, cela n'existe pas. Il va donc falloir - et je m'y emploierai - essayer de nouveau de passer des accords à vingt-cinq, de façon à essayer de mettre en place ce système dont nous pourrions avoir besoin, car ne n'oublions pas, même si la paix existe sur notre continent depuis cinquante ans, nous sommes dans des périodes où les risques, qu'ils soient terroristes ou de crises multiples, existent.
Q. On a pu avoir l'impression que lors du dernier remaniement, pour vous, c'était Matignon ou bien c'était rester à la Défense. Est-ce que c'est correctement résumé ?
R. Effectivement, vous le savez, je me plais beaucoup au ministère de la Défense, qui est un ministère extrêmement complet, puisque nous y voyons aussi les problèmes stratégiques, les affaires étrangères, que des problèmes industriels. C'est le premier investisseur économique du pays. C'est surtout le premier employeur, et notamment le premier employeur de jeunes, dans notre pays - on l'ignore trop.
Q. Vous n'auriez quitté ce ministère que pour Matignon ?
R. Oui, effectivement, puisque j'ai déjà eu l'occasion de décliner les propositions qui m'ont été faites par J.-P. Raffarin, par exemple de prendre le ministère des Affaires étrangères. J'ai préféré rester à la Défense et je m'y sens effectivement très bien.
Q. Pourriez-vous encore être une possible Premier ministre avant les prochaines présidentielles ?
R. Comme je l'ai toujours dit lorsque mon nom a été prononcé, la décision dépend uniquement du président de la République, de l'analyse qu'il fait des circonstances et de son choix. J'aurais été fière et heureuse de servir la France à Matignon. Je suis fière et heureuse de servir la France au ministère de la Défense.
Q. Vous dites, dans Le Figaro de ce matin, que Villepin-Sarkozy, "le tandem a l'obligation de fonctionner". Si l'un chute - c'est ce que vous voulez dire -, il entraîne l'autre. Sauf que je serais tenté de vous dire que N. Sarkozy a son propre vélo...
R. Je crois qu'il s'agit de deux personnalités qui ont chacune leur force, leur caractère - il ne faut pas l'oublier - et leurs convictions. Mais l'un comme l'autre sont animés par le sens de l'Etat, de faire progresser notre pays. Et, encore une fois, je crois que dans la situation que nous connaissons, c'est-à-dire une France, il faut le reconnaître, affaiblie par le "non" au référendum, une Europe affaiblie par le "non" de plusieurs pays européens au référendum par rapport au monde entier, il nécessaire, plus que jamais, que nous unissions tous nos efforts. Pour ma part, je ferai tout ce que je peux pour contribuer à faire réussir ce gouvernement...
Q. Et s'il y en a un qui pédale plus vite que l'autre, vous essaierez de le freiner ?
R. J'ai toujours, dans ma carrière politique, essayé d'amener la paix, la réconciliation. Je pense que notre pays est grand de sa diversité, je pense que le Gouvernement doit être riche aussi de la diversité des talents et qu'il faut que chacun puisse s'exprimer.
Q. Vous restez une des fidèles des fidèles du président de la République, un "vrai soldat" - c'est parfois ce que l'on a pu lire. Cela vous fait-il plaisir ou vous agace-t-il ?
R. J'ai énormément d'admiration pour les soldats, pour ces hommes et ces femmes qui, souvent jeunes, sont prêts à donner leur vie pour le pays. Je reçois cela comme un compliment.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 juin 2005)