Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mes Chers Compatriotes,
Au terme d'une semaine de visites qui m'auront conduit au Maroc, puis en Égypte, je suis particulièrement heureux de vous rencontrer et de dialoguer avec vous, à l'occasion de mon premier déplacement en Tunisie comme ministre des Affaires étrangères.
J'ai en effet voulu avoir des contacts bilatéraux avec certains de mes interlocuteurs, pour faire le point de nos relations et évoquer les perspectives, les échéances de celles-ci. J'ai ainsi pu rencontrer tout d'abord mon homologue tunisien, M. Abdallah, avec lequel j'ai effectué un point sur nos relations bilatérales. Nous avons pu en outre confronter nos points de vue sur les dossiers internationaux intéressant nos deux pays.
J'ai aussi visité ce matin l'Institut de lutte contre le cancer Salah Azaïez et les protocoles d'accord signés à cette occasion constituent l'un des maillons de la chaîne de solidarité qui va unir nos deux pays dans la lutte contre ce terrible fléau. Il s'agit là d'un exemple remarquable de ce qui peut être obtenu par la mise en commun de moyens humains, financiers, scientifiques et techniques ainsi que des savoir-faire respectifs.
Nous avons en particulier signé ce matin un accord entre un projet qui me tient particulièrement à cur, ce "cancéropôle" du Grand sud-ouest que nous sommes en train de construire à la place de l'usine AZF à Toulouse, sur 220 hectares qui seront un des lieux de lutte contre le cancer les plus importants en Europe et parmi les trois premiers au monde. Je suis heureux d'avoir signé ce matin, avec le ministre de la Santé tunisien, un protocole d'accord entre ce "cancéropôle" du Grand sud-ouest à Toulouse et la Tunisie.
Je n'oublie pas les autres aspects de notre coopération dans les domaines du tourisme, de l'environnement, de l'enseignement supérieur et de la recherche et puis, bien entendu, de l'enseignement du français au sein du système éducatif tunisien.
Je viens de m'entretenir de ces sujets avec les responsables tunisiens. Toutes actions confondues, je rappelle que la Tunisie est le premier bénéficiaire de notre aide au développement par habitant et la France son premier partenaire sur le plan économique.
Au?delà de la coopération bilatérale que je viens d'évoquer rapidement, je pense que ce dialogue entre nos deux pays a une autre dimension, une autre perspective. Il nous faut, de part et d'autre de la Méditerranée, approfondir le dialogue entre le Maghreb et l'Union européenne et continuer à nous donner les moyens d'une solidarité agissante. C'est ce que fait déjà l'Europe avec la Tunisie qui est l'un des principaux pays bénéficiaires des aides gérées par la Commission européenne. Nous veillons en particulier avec nos amis et partenaires de l'Europe méridionale, au maintien de cette solidarité. Il importe en effet de réaffirmer et de traduire dans les actes cette communauté de destin. Au moment où, avec l'élargissement à l'Est, le centre de gravité de l'Union européenne pourrait se déplacer, j'entends m'investir personnellement dans ce dialogue euroméditerranéen et contribuer avec d'autres à le relancer.
La deuxième réunion du Forum méditerranéen à Hammamet s'inscrit dans la perspective du dixième anniversaire du processus qui sera célébré à Barcelone en novembre prochain. Elle permet de lancer des initiatives et des projets. Je crois beaucoup, dans l'Union européenne, à l'action particulière de la France dans le Maghreb. Nous avons un passé commun. Nous avons un intérêt commun : 110 millions de personnes qui parlent le français ailleurs que dans notre pays, richesse exceptionnelle qu'il faut que nous développions.
Je suis aussi en Tunisie pour faire connaissance avec la communauté des Français de Tunisie, forte de 20.000 personnes dont certains de ses représentantes et de ses représentants éminents sont réunis cet après-midi. Je voulais vous en remercier du fond du cur.
Pour venir à votre rencontre, je me suis entouré de personnalités qui uvrent avec passion et détermination à l'approfondissement de l'amitié franco-tunisienne, comme Jean?Pierre Sueur, président du Groupe d'amitié France-Tunisie du Sénat, M. Christian de Boissieu, président du Cercle France-Tunisie, bien connu ici pour ses travaux économiques sur la Tunisie et la Méditerranée, Faouzia Zouari, dont les multiples activités d'écriture, et je lui dis avec beaucoup d'affection, contribuent à l'édification d'un pont culturel entre nos deux pays, Yazid Sabeg, lui aussi un exemple républicain pour nous tous, pour ne citer que ceux-là parmi tous ceux qui m'accompagnent et qui partagent la même volonté, la même foi dans la relation franco-tunisienne.
Mes Chers Compatriotes, je tiens d'abord à vous remercier pour la contribution essentielle que vous apportez individuellement et même collectivement à la coopération franco-tunisienne dont vous constituez en réalité la clé de voûte. Je souhaite ainsi saluer le rôle joué par les 1000 entreprises françaises implantées en Tunisie. La Chambre de commerce franco?tunisienne, les conseillers du commerce extérieur qui assurent le rayonnement de notre présence économique, tous confortent notre position de premier partenaire de la Tunisie et contribuent au développement de son économie. L'importance croissante de notre communauté française en Tunisie, sa diversité, sa vitalité, sa jeunesse constituent un capital précieux. Vous êtes, pour plus des deux tiers d'entre vous, double?nationaux. C'est dire votre enracinement, votre intégration à la société tunisienne mais aussi votre attachement à la relation franco-tunisienne. Il s'agit bien entendu d'une relation ancienne, profondément ancrée dans notre histoire mais constamment renouvelée par l'apport des nouvelles générations et la manifestation permanente de nos affinités et de notre solidarité.
Ce matin, chez l'ambassadeur, grâce à vous, j'ai rencontré un panel de la société civile tunisienne. L'un d'entre eux a dit : "Nous sommes un vieux pays, nous sommes en même temps un jeune pays mais nous ne sommes pas neufs". C'était très intéressant de voir comment aujourd'hui cette transition politique, cette transition économique peut être accompagnée par des pays comme le nôtre. La France est à vos côtés dans certains aspects de votre vie dans ce pays ami.
Nous le faisons en étroite concertation avec les trois conseillers de l'Assemblée des Français de l'étranger, présents à mes côtés : Mme Annick Bakhtri, M. Antoine Valenza et M. Claude Cavasino. Je salue leur dévouement et leur engagement au service de notre communauté. J'ai eu l'occasion de les rencontrer récemment au Quai d'Orsay ; je vois les questions qu'ils m'ont posées, qui prouvent l'attachement à défendre votre cause.
Je suis, mes Chers Compatriotes, et pour terminer, comme vous particulièrement attentif à la qualité de notre réseau d'enseignement qui, en Tunisie, avec ses dix établissements, offre un cadre d'enseignement de qualité à près de 5.000 enfants. La vitalité, l'attractivité de ce réseau éducatif repose sur le dévouement et l'engagement des équipes éducatives que je remercie ici publiquement.
Mais il y a également dans cette communauté des Français qui ont plus de difficultés que d'autres. Nous sommes particulièrement vigilants quant à leur situation et c'est pourquoi la Tunisie se place au deuxième rang de notre réseau par le montant des crédits d'aide sociale consacrés aux résidents français les plus démunis. Voilà pourquoi j'attache beaucoup d'importance à l'action du comité consulaire créé à titre expérimental début 2005, qui vise à renforcer la cohérence et l'impact de notre dispositif en matière d'action sociale, d'emploi, de formation professionnelle, tout en associant pleinement les services consulaires, les conseillers de l'AFE et tous les acteurs sociaux. Je n'oublie pas naturellement le travail de dévouement, le dynamisme des associations qui viennent relayer et prolonger l'action des pouvoirs publics. À cet égard, un hommage public particulier est à rendre à la Société d'entraide et de bienfaisance de Tunisie, à son président, M. Guy Paollilo, ainsi qu'au Foyer familial pour personnes âgées Delarue-Langlois et à son président, M. Claude Canseil, dont l'engagement et le dévouement à notre communauté sont connus.
Je souhaite enfin saluer le travail opiniâtre et fécond accompli par des associations comme l'Association des Français des deux rives, animée par Jean-Pierre Lévy, qui concourent, par leur action, à tisser les passerelles de part et d'autre de la Méditerranée.
Mais il y a un dernier souci que vous avez, je le sais ; peut-être moins gravement ici qu'ailleurs mais qui justifie de votre part et de la part des autorités publiques de la vigilance : c'est celui de la sécurité. Même si, grâce aux efforts des autorités tunisiennes, ce pays ne semble pas présenter de risque majeur, j'ai conscience que l'actualité internationale suscite chez bon nombre d'entre vous un sentiment diffus d'inquiétude. Je le comprends. Je voudrais que vous sachiez que nous partageons cette préoccupation. Tirons les leçons des crises passées. Adaptons sans cesse nos structures et nos procédures afin de rester au plus près des besoins des Français et d'assurer au mieux leur sécurité, où qu'ils se trouvent et quels que soient les dangers auxquels ils sont confrontés.
Enfin, je souhaite, Monsieur l'Ambassadeur, vous remercier, ainsi que votre épouse, pour votre accueil en cette magnifique résidence de France et transmettre à vous tous, Français de Tunisie, le salut personnel du président de la République qui n'a pas oublié son dernier voyage ici.
Ce que je peux vous dire, en quittant cette résidence et avant de me rendre à ce forum, c'est que plus que jamais, j'ai conscience que ces deux pays ont énormément de choses à faire ensemble. Je reviendrai pour une réunion purement bilatérale avec des chefs de grandes entreprises mais aussi de toutes petites entreprises ou de moyennes entreprises ; avec des présidents d'université ; avec des chercheurs, Cher Georges Delson qui présidez aux destinées du cancéropôle de Toulouse ; avec ce maillage qu'il nous faut réaliser.
Car la mondialisation fait que d'autres pays regardent aussi la Tunisie. La France doit rester à son rang. Et pour cela, il faut qu'elle gagne ce rang. Il faut qu'elle soit plus ouverte encore qu'elle ne l'est aujourd'hui. Il faut qu'elle veuille conquérir des places sur le plan économique. La privatisation prochaine du secteur des communications va être un moment très important pour notre pays mais aussi pour d'autres. Faisons en sorte d'être compétitifs.
Un dernier mot : j'étais, il y a 48 heures, avec M. Moubarak ; j'étais aujourd'hui avec les autorités tunisiennes. Les deux m'ont dit que si dans leur gouvernement, trois quarts des ministres parlaient français, il n'était pas sûr que dans dix ou quinze ans, ils continuent à le faire. C'est de ma responsabilité, c'est de notre responsabilité, que de mettre en place aujourd'hui des budgets qui permettent d'ouvrir des places non seulement pour la communauté française mais aussi pour d'autres, pour ceux qui seront demain les élites tunisiennes, ou égyptiennes, ou autres. Car sinon, ce sera UCLA, ce sera Berkeley, ce sera Stanford, ce sera Oxford, ce sera Düsseldorf. Ce ne sera pas la France. Et cela, je sens que c'est probablement ce qui se jouera de plus lourd dans notre diplomatie dans les mois et les années qui viennent.
Ce n'est pas un propos de circonstance, parce que je sais que vous êtes particulièrement sensibles à cela, mais on ne peut pas être chef de la diplomatie française, au moment où la mondialisation existe, sans comprendre que nous avons deux cartes à jouer, aujourd'hui, en ce début de XXIème siècle : mettre beaucoup plus de places disponibles en primaire, dans les collèges, dans les lycées et dans les universités françaises et en même temps presser le dialogue des cultures, le dialogue des civilisations, le dialogue des religions, à un moment où le monde n'a jamais été aussi dangereux, où des gens font de la politique avec de la religion, essaient de dresser des jeunes contre d'autres, culture contre culture, homme contre homme, religion contre religion, alors que lorsqu'on se connaît, on se respecte.
Et je crois que c'est cela qu'il faut que nous prouvions, où que l'on soit en France, où que l'on soit dans le monde, parce que la France, c'est justement la patrie des Droits de l'Homme et des valeurs universelles.
Merci.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2005)
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mes Chers Compatriotes,
Au terme d'une semaine de visites qui m'auront conduit au Maroc, puis en Égypte, je suis particulièrement heureux de vous rencontrer et de dialoguer avec vous, à l'occasion de mon premier déplacement en Tunisie comme ministre des Affaires étrangères.
J'ai en effet voulu avoir des contacts bilatéraux avec certains de mes interlocuteurs, pour faire le point de nos relations et évoquer les perspectives, les échéances de celles-ci. J'ai ainsi pu rencontrer tout d'abord mon homologue tunisien, M. Abdallah, avec lequel j'ai effectué un point sur nos relations bilatérales. Nous avons pu en outre confronter nos points de vue sur les dossiers internationaux intéressant nos deux pays.
J'ai aussi visité ce matin l'Institut de lutte contre le cancer Salah Azaïez et les protocoles d'accord signés à cette occasion constituent l'un des maillons de la chaîne de solidarité qui va unir nos deux pays dans la lutte contre ce terrible fléau. Il s'agit là d'un exemple remarquable de ce qui peut être obtenu par la mise en commun de moyens humains, financiers, scientifiques et techniques ainsi que des savoir-faire respectifs.
Nous avons en particulier signé ce matin un accord entre un projet qui me tient particulièrement à cur, ce "cancéropôle" du Grand sud-ouest que nous sommes en train de construire à la place de l'usine AZF à Toulouse, sur 220 hectares qui seront un des lieux de lutte contre le cancer les plus importants en Europe et parmi les trois premiers au monde. Je suis heureux d'avoir signé ce matin, avec le ministre de la Santé tunisien, un protocole d'accord entre ce "cancéropôle" du Grand sud-ouest à Toulouse et la Tunisie.
Je n'oublie pas les autres aspects de notre coopération dans les domaines du tourisme, de l'environnement, de l'enseignement supérieur et de la recherche et puis, bien entendu, de l'enseignement du français au sein du système éducatif tunisien.
Je viens de m'entretenir de ces sujets avec les responsables tunisiens. Toutes actions confondues, je rappelle que la Tunisie est le premier bénéficiaire de notre aide au développement par habitant et la France son premier partenaire sur le plan économique.
Au?delà de la coopération bilatérale que je viens d'évoquer rapidement, je pense que ce dialogue entre nos deux pays a une autre dimension, une autre perspective. Il nous faut, de part et d'autre de la Méditerranée, approfondir le dialogue entre le Maghreb et l'Union européenne et continuer à nous donner les moyens d'une solidarité agissante. C'est ce que fait déjà l'Europe avec la Tunisie qui est l'un des principaux pays bénéficiaires des aides gérées par la Commission européenne. Nous veillons en particulier avec nos amis et partenaires de l'Europe méridionale, au maintien de cette solidarité. Il importe en effet de réaffirmer et de traduire dans les actes cette communauté de destin. Au moment où, avec l'élargissement à l'Est, le centre de gravité de l'Union européenne pourrait se déplacer, j'entends m'investir personnellement dans ce dialogue euroméditerranéen et contribuer avec d'autres à le relancer.
La deuxième réunion du Forum méditerranéen à Hammamet s'inscrit dans la perspective du dixième anniversaire du processus qui sera célébré à Barcelone en novembre prochain. Elle permet de lancer des initiatives et des projets. Je crois beaucoup, dans l'Union européenne, à l'action particulière de la France dans le Maghreb. Nous avons un passé commun. Nous avons un intérêt commun : 110 millions de personnes qui parlent le français ailleurs que dans notre pays, richesse exceptionnelle qu'il faut que nous développions.
Je suis aussi en Tunisie pour faire connaissance avec la communauté des Français de Tunisie, forte de 20.000 personnes dont certains de ses représentantes et de ses représentants éminents sont réunis cet après-midi. Je voulais vous en remercier du fond du cur.
Pour venir à votre rencontre, je me suis entouré de personnalités qui uvrent avec passion et détermination à l'approfondissement de l'amitié franco-tunisienne, comme Jean?Pierre Sueur, président du Groupe d'amitié France-Tunisie du Sénat, M. Christian de Boissieu, président du Cercle France-Tunisie, bien connu ici pour ses travaux économiques sur la Tunisie et la Méditerranée, Faouzia Zouari, dont les multiples activités d'écriture, et je lui dis avec beaucoup d'affection, contribuent à l'édification d'un pont culturel entre nos deux pays, Yazid Sabeg, lui aussi un exemple républicain pour nous tous, pour ne citer que ceux-là parmi tous ceux qui m'accompagnent et qui partagent la même volonté, la même foi dans la relation franco-tunisienne.
Mes Chers Compatriotes, je tiens d'abord à vous remercier pour la contribution essentielle que vous apportez individuellement et même collectivement à la coopération franco-tunisienne dont vous constituez en réalité la clé de voûte. Je souhaite ainsi saluer le rôle joué par les 1000 entreprises françaises implantées en Tunisie. La Chambre de commerce franco?tunisienne, les conseillers du commerce extérieur qui assurent le rayonnement de notre présence économique, tous confortent notre position de premier partenaire de la Tunisie et contribuent au développement de son économie. L'importance croissante de notre communauté française en Tunisie, sa diversité, sa vitalité, sa jeunesse constituent un capital précieux. Vous êtes, pour plus des deux tiers d'entre vous, double?nationaux. C'est dire votre enracinement, votre intégration à la société tunisienne mais aussi votre attachement à la relation franco-tunisienne. Il s'agit bien entendu d'une relation ancienne, profondément ancrée dans notre histoire mais constamment renouvelée par l'apport des nouvelles générations et la manifestation permanente de nos affinités et de notre solidarité.
Ce matin, chez l'ambassadeur, grâce à vous, j'ai rencontré un panel de la société civile tunisienne. L'un d'entre eux a dit : "Nous sommes un vieux pays, nous sommes en même temps un jeune pays mais nous ne sommes pas neufs". C'était très intéressant de voir comment aujourd'hui cette transition politique, cette transition économique peut être accompagnée par des pays comme le nôtre. La France est à vos côtés dans certains aspects de votre vie dans ce pays ami.
Nous le faisons en étroite concertation avec les trois conseillers de l'Assemblée des Français de l'étranger, présents à mes côtés : Mme Annick Bakhtri, M. Antoine Valenza et M. Claude Cavasino. Je salue leur dévouement et leur engagement au service de notre communauté. J'ai eu l'occasion de les rencontrer récemment au Quai d'Orsay ; je vois les questions qu'ils m'ont posées, qui prouvent l'attachement à défendre votre cause.
Je suis, mes Chers Compatriotes, et pour terminer, comme vous particulièrement attentif à la qualité de notre réseau d'enseignement qui, en Tunisie, avec ses dix établissements, offre un cadre d'enseignement de qualité à près de 5.000 enfants. La vitalité, l'attractivité de ce réseau éducatif repose sur le dévouement et l'engagement des équipes éducatives que je remercie ici publiquement.
Mais il y a également dans cette communauté des Français qui ont plus de difficultés que d'autres. Nous sommes particulièrement vigilants quant à leur situation et c'est pourquoi la Tunisie se place au deuxième rang de notre réseau par le montant des crédits d'aide sociale consacrés aux résidents français les plus démunis. Voilà pourquoi j'attache beaucoup d'importance à l'action du comité consulaire créé à titre expérimental début 2005, qui vise à renforcer la cohérence et l'impact de notre dispositif en matière d'action sociale, d'emploi, de formation professionnelle, tout en associant pleinement les services consulaires, les conseillers de l'AFE et tous les acteurs sociaux. Je n'oublie pas naturellement le travail de dévouement, le dynamisme des associations qui viennent relayer et prolonger l'action des pouvoirs publics. À cet égard, un hommage public particulier est à rendre à la Société d'entraide et de bienfaisance de Tunisie, à son président, M. Guy Paollilo, ainsi qu'au Foyer familial pour personnes âgées Delarue-Langlois et à son président, M. Claude Canseil, dont l'engagement et le dévouement à notre communauté sont connus.
Je souhaite enfin saluer le travail opiniâtre et fécond accompli par des associations comme l'Association des Français des deux rives, animée par Jean-Pierre Lévy, qui concourent, par leur action, à tisser les passerelles de part et d'autre de la Méditerranée.
Mais il y a un dernier souci que vous avez, je le sais ; peut-être moins gravement ici qu'ailleurs mais qui justifie de votre part et de la part des autorités publiques de la vigilance : c'est celui de la sécurité. Même si, grâce aux efforts des autorités tunisiennes, ce pays ne semble pas présenter de risque majeur, j'ai conscience que l'actualité internationale suscite chez bon nombre d'entre vous un sentiment diffus d'inquiétude. Je le comprends. Je voudrais que vous sachiez que nous partageons cette préoccupation. Tirons les leçons des crises passées. Adaptons sans cesse nos structures et nos procédures afin de rester au plus près des besoins des Français et d'assurer au mieux leur sécurité, où qu'ils se trouvent et quels que soient les dangers auxquels ils sont confrontés.
Enfin, je souhaite, Monsieur l'Ambassadeur, vous remercier, ainsi que votre épouse, pour votre accueil en cette magnifique résidence de France et transmettre à vous tous, Français de Tunisie, le salut personnel du président de la République qui n'a pas oublié son dernier voyage ici.
Ce que je peux vous dire, en quittant cette résidence et avant de me rendre à ce forum, c'est que plus que jamais, j'ai conscience que ces deux pays ont énormément de choses à faire ensemble. Je reviendrai pour une réunion purement bilatérale avec des chefs de grandes entreprises mais aussi de toutes petites entreprises ou de moyennes entreprises ; avec des présidents d'université ; avec des chercheurs, Cher Georges Delson qui présidez aux destinées du cancéropôle de Toulouse ; avec ce maillage qu'il nous faut réaliser.
Car la mondialisation fait que d'autres pays regardent aussi la Tunisie. La France doit rester à son rang. Et pour cela, il faut qu'elle gagne ce rang. Il faut qu'elle soit plus ouverte encore qu'elle ne l'est aujourd'hui. Il faut qu'elle veuille conquérir des places sur le plan économique. La privatisation prochaine du secteur des communications va être un moment très important pour notre pays mais aussi pour d'autres. Faisons en sorte d'être compétitifs.
Un dernier mot : j'étais, il y a 48 heures, avec M. Moubarak ; j'étais aujourd'hui avec les autorités tunisiennes. Les deux m'ont dit que si dans leur gouvernement, trois quarts des ministres parlaient français, il n'était pas sûr que dans dix ou quinze ans, ils continuent à le faire. C'est de ma responsabilité, c'est de notre responsabilité, que de mettre en place aujourd'hui des budgets qui permettent d'ouvrir des places non seulement pour la communauté française mais aussi pour d'autres, pour ceux qui seront demain les élites tunisiennes, ou égyptiennes, ou autres. Car sinon, ce sera UCLA, ce sera Berkeley, ce sera Stanford, ce sera Oxford, ce sera Düsseldorf. Ce ne sera pas la France. Et cela, je sens que c'est probablement ce qui se jouera de plus lourd dans notre diplomatie dans les mois et les années qui viennent.
Ce n'est pas un propos de circonstance, parce que je sais que vous êtes particulièrement sensibles à cela, mais on ne peut pas être chef de la diplomatie française, au moment où la mondialisation existe, sans comprendre que nous avons deux cartes à jouer, aujourd'hui, en ce début de XXIème siècle : mettre beaucoup plus de places disponibles en primaire, dans les collèges, dans les lycées et dans les universités françaises et en même temps presser le dialogue des cultures, le dialogue des civilisations, le dialogue des religions, à un moment où le monde n'a jamais été aussi dangereux, où des gens font de la politique avec de la religion, essaient de dresser des jeunes contre d'autres, culture contre culture, homme contre homme, religion contre religion, alors que lorsqu'on se connaît, on se respecte.
Et je crois que c'est cela qu'il faut que nous prouvions, où que l'on soit en France, où que l'on soit dans le monde, parce que la France, c'est justement la patrie des Droits de l'Homme et des valeurs universelles.
Merci.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2005)