Déclarations de M. Nicolas Forissier, secrétaire d'Etat à l'agriculture, à l'alimentation, à la pêche et aux affaires rurales, sur la politique de gestion durable de la forêt, New York les 25 et 26 mai 2005.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Forum des Nations Unies sur les forêts à New York le 25 mai 2005

Texte intégral

25 mai 2005
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Distingués délégués,
Il sera bien difficile d'atteindre les Objectifs du Millénaire, y compris les objectifs de développement, si nous ne parvenons pas à sauver les forêts, à stopper la tendance à leur dégradation et à leur recul.
Plus d'un milliard de personnes, dont beaucoup parmi les plus pauvres de la planète, dépendent des forêts pour leur subsistance. Et celles-ci fournissent des revenus directs, importants, que seule une gestion durable peut pérenniser. Mais les pauvres sont aussi les premières victimes de la rupture des équilibres naturels. Et ce sont les forêts qui régulent le cycle de l'eau, qui évitent l'érosion et la dégradation des terres, qui stockent le carbone et qui limitent ainsi l'effet des émissions de gaz à effet de serre, nous le savons tous. Tous ces services ne sont malheureusement pas suffisamment reconnus et, surtout, pas suffisamment valorisés.
Il faut donc une prise de conscience nouvelle et une mobilisation nouvelle pour trouver les financements nécessaires à une gestion durable des forêts. Et ceci passe :
- par un recours accru aux ressources nationales, dans tous les pays, ce qui passe notamment par une prise en compte adéquate de la gestion forestière dans les cadres stratégiques de réduction de la pauvreté et une cohérence assurée entre les programmes forestiers nationaux et ces stratégies plus larges ;
- cela passe aussi par un effort résolu pour une meilleure gouvernance, la lutte contre la corruption et l'exploitation illégale des bois et le commerce lié, qui détruisent les forêts tout en privant de ressources les pays et les populations dépendantes des forêts et qui découragent aussi les investissements privés si indispensables pour assurer un véritable développement ;
- cela passe aussi par une affectation accrue de ressources d'aide publique au développement, à travers les canaux bilatéraux et multilatéraux, ainsi que par la recherche de toutes les formules possibles de financements innovants. Et cela pourrait même être l'une des affectations des mécanismes innovants de financement dont la France propose la création. C'est à cet effort que la France s'attache dans le cadre de sa coopération bilatérale et en particulier de son implication dans le partenariat pour les forêts du bassin du Congo.
Monsieur le Président,
Il nous revient, sur la base des objectifs et en rappelant cet exemple, de plaider, avec conviction mais sur la base de données incontestables, la cause des forêts, et de la nécessaire mobilisation en leur faveur, à l'occasion du sommet de septembre. Ceci est important.
Il nous faut aussi, pour montrer notre détermination et disposer à l'avenir de repères précis, nous mettre d'accord sur un nombre limité d'objectifs quantifiés directement liés aux Objectifs de développement du Millénaire.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mai 2005)
26 mai 2005
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Distingués délégués,
La gestion forestière durable est au cur de la politique forestière de la France. Nous avons adopté des critères, des indicateurs de gestion forestière durable, pour nos 15 millions d'hectares de forêts tempérées en métropole et nos 8 millions d'hectares de forêts tropicales outre-mer.
Par nos actions de coopération bilatérale, nous apportons aussi un appui à la gestion et à la conservation des principaux massifs forestiers tropicaux, notamment celui du bassin du Congo. Je saisis d'ailleurs cette occasion de rappeler que l'idée d'un partenariat pour les forêts du bassin du Congo a été avancée ici même par l'Afrique du Sud, il y a trois ans, lors du segment ministériel de la 2ème session de notre Forum. Cette idée a immédiatement été appuyée par la France. Le partenariat a été officiellement lancé quelques mois plus tard, lors du Sommet mondial à Johannesburg. Depuis le début de cette année, la France assure, à la suite des Etats-Unis, la facilitation du partenariat avec l'ambition de lui donner une impulsion nouvelle. Nous prévoyons notamment d'y consacrer, au-delà de notre assistance technique, des financements à hauteur de plus 50 millions d'euros en trois ans.
Cet engagement reflète l'attachement de la France à une gestion durable de l'ensemble des forêts mondiales. Nous accordons donc une importance particulière au succès de cette cinquième session de notre Forum.
Monsieur le Président,
Concernant l'avenir de l'arrangement international sur les forêts, notre position se veut ambitieuse mais en même temps ouverte et flexible. Nous voulons conserver, pour le long terme, la perspective d'un instrument juridiquement contraignant, s'il peut faire l'objet d'un accord suffisamment large.
Mais dans l'immédiat, nous privilégions la recherche d'une amélioration de l'arrangement existant et en particulier le renforcement des mécanismes de mise en uvre.
C'est la mise en uvre, l'action concrète sur le terrain, en particulier dans les pays qui n'ont pas beaucoup de moyens propres, qui est restée insuffisante, du fait de l'absence d'instrument approprié. C'est donc sur ce point que l'effort devrait porter, et en particulier sur les moyens de renforcer le "Partenariat de Collaboration sur les Forêts" qui regroupe les instances qui devraient être à même de fournir une assistance concrète aux niveaux régional, national et local.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres,
Lors des négociations au niveau des experts, ces derniers jours, l'Union européenne a proposé un certain nombre de mesures allant dans ce sens. Nous devons maintenant donner l'impulsion nécessaire au niveau politique pour dépasser les clivages et les lenteurs qui freinent depuis trop d'années la prise en compte d'un véritable effort international pour les forêts. A cet égard, le document distribué par la Présidence hier, retient plusieurs des idées auxquelles la France est attachée, qui constituent, selon nous, des avancées significatives pour l'ensemble de la communauté internationale dans le cadre des Objectifs de développement pour le Millénaire.
Monsieur le Président,
Nous, les ministres des forêts du monde entier, réunis ici pour deux jours, avons une occasion unique d'attirer l'attention de la communauté internationale sur le rôle crucial des forêts mondiales dans les domaines économique, mais aussi environnemental et social. Je ne m'étendrai pas sur ces trois aspects que vous connaissez.
Cette occasion ne doit pas être manquée. Nous devons envoyer au Sommet des chefs d'Etat de septembre un message clair, un message fort :
- en insistant sur l'absolue nécessité d'inverser la tendance à la régression des forêts et sur notre besoin du soutien décisif des chefs d'Etat dans cet effort ;
- mais aussi en démontrant notre propre capacité à mettre en place un dispositif international cohérent pour traiter de l'avenir des forêts mondiales.
Voilà Monsieur le Président, ce que je tenais à dire avec force au nom de la France.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mai 2005)