Texte intégral
Ce sont là de formidables retrouvailles, vous ne trouvez pas ? Formidables, en ce jour de joie après la libération de Florence Aubenas, Hussein Hanoun. C'est un jour de joie pour la Nation, bien sûr, pour tous ceux qui savent le prix de la liberté de la presse, pour tous ceux qui ont besoin de parler, toujours et plus fort.
Nous en faisons partie, nous avions besoin de nous retrouver. D'abord, parce que ce matin, lorsque j'ai embrassé ma petite fille qui a trois ans, l'âge du NPS, je me suis dit, elle est née le soir de ce Conseil national où avec les quelques uns qui ont fini à 17 % au Congrès de Dijon, nous avions décidé de quitter la majorité et de bâtir le NPS. C'était cette nuit là. Et ce matin en l'embrassant, j'ai vu qu'elle savait marcher depuis longtemps, qu'elle a la langue bien pendue, qu'elle séduit une foule de monde, qu'elle sait parfaitement bien se débrouiller. Bref, même si elle a trois ans, c'est une grande personne, c'est un être humain qui sait parler aux autres, c'est le NPS.
Je dois vous dire qu'il va falloir que ceux qui nous regardent, ceux qui nous entendent, se rendent compte enfin et qu'ils s'y habituent, que nous ne sommes pas comme les autres. Parce que ce que nous avons mis à l'intérieur de notre pacte initial, c'est la promesse que nous puissions délibérer en commun sur des orientations politiques. Je regrette l'affalement de ce beau calicot. Il y figurait le point central de mon discours. " Notre candidat c'est le projet ". Cela veut dire que lorsqu'on nous interroge sur " Avec qui vous êtes ? Vous êtes alliés avec qui ? Vous déjeunez avec qui ? ", nous répondons " avec tout le monde et avec personne ". L'instrument que nous avons fondé, chers camarades, et je vais vous dire du fond de mon cur, je fais partie de ceux, je ne sais pas pour vous, qui s'ils ne l'avaient pas construit, non seulement ne serait plus au Parti Socialiste mais ne feraient plus de politique.
Ce qui est ici, c'est la promesse que les orientations de fond construiront la réconciliation entre les appareils et les populations, c'est la promesse que croyant dans ce que nous délibérons démocratiquement, il y a un peu de ce que nous disons qui se retrouve dans chaque foyer de France et d'Europe, autour de chaque table du dimanche. Finalement, aux sources du NPS, il s'est construit colère après colère, déception après malheur, je rends hommage ici, et c'est le premier souvenir finalement qui fut le point de rupture avec cette majorité qui aujourd'hui n'en est plus une, qui remet son mandat en jeu, cherche à s'accrocher comme à un radeau qui coule, pour obtenir encore, on le sait, peut-être, certainement pas, nous ne le souhaitons guère, le plébiscite de militants perdus qu'on affolerait encore.
Je me souviens de ces 35 députés, ils sont ici, certains ont été battus, d'autres ont été réélus, qui avaient signé la mise en accusation du Président de la République. Je pense à Jean-Pierre Blazy, Jean Codognès, Yvette Roudy, François Colcombet, Roland Garrigues, Jérôme Lambert, Jean Launay, Gilbert Le Bris, René Mangin, Geneviève Perrin-Gaillard, Marie-Line Reynaud, Michèle Rivasi et d'autres. Le jour où nous nous sommes rencontrés, nous avons dit nous ne pouvions pas accepter devant la population un système qui organise l'impunité, certes politique mais aussi juridiciaire. Nous nous sommes dit, ce jour là, que l'inversion du calendrier, le quinquennat qui est l'uvre de la gauche, soutenant déjà les propositions curieuses et pittoresques du Président Giscard d'Estaing, n'était pas le meilleur moyen pour bâtir ce que nous voulons réaliser ici, c'est-à-dire d'abord des orientations, d'abord des projets pour notre pays puissent se réaliser au mieux que dans le poison du présidentialisme à la française, qui a détruit à petit feu le Parti Socialiste qui est le nôtre par secousses successives. Nous avions dit déjà à l'époque, non, il n'était pas question pour nous d'accepter ce système politique là ! C'était un premier pas, je veux qu'on s'en souvienne, car regardez, un an plus tard, nous sommes allés voter pour celui que nous aurions dû envoyer devant les juges...
Quatre ans plus tard, regardez ce que je n'ose appeler ce renoncement, d'autres mettraient d'autres mot sur ce comportement, ce que cela a coûté au pays, ce que cela a coûté à l'Europe, ce que cela a coûté aux citoyens de France. Je me souviens, il y eut beaucoup de ces actes, de ces évènements politiques qui nous ont fabriqués, sans que nous sachions à l'époque que cela constituerait notre projet de construire le Nouveau Parti Socialiste. Il y eut l'affaire Lu Danone et ces ouvriers de Lu à Ris-Orangis dont le maire est l'un de nos dirigeants politiques, Thierry Mandon. Il y eu les mots importants et fondateurs devant ces licenciements, souvenez-vous, pour convenance boursière, où le grand politique qui était le nôtre refusa d'envisager autre chose que l'impuissance et la fatalité, que le refus de réarmer le politique, même si c'est à long terme, même si ce n'est pas pour tout de suite.
Je me souviens encore du sommet de Barcelone, où la cohabitation à la française a donné cette curieuse impression où la droite et la gauche pouvaient cogérer les questions sociales en dehors de l'expression politique et démocratique des citoyens. Des questions qui devaient relever d'un projet, d'un mandat, d'un contrat de législature consacré par le suffrage universel pour le moins national en France à tout le moins européen n'étaient pas au rendez vous.
Je me souviens de cette campagne où l'on avait oublié qu'il y avait 7 millions d'ouvriers, de travailleurs en France qui ne vivent que de leur travail. Je me souviens que ce fut Pierre Mauroy, statue du commandeur, qui alla dire aux dirigeants du Parti Socialiste que peut-être il serait utile avec un bouquet de roses, une lampe de mineur, de refaire un petit tour par Liévin. Je me souviens d'un coup de téléphone en colère à François Hollande, qui était mon premier secrétaire. Je lui ai dit " Qu'est ce que c'est que cette campagne ? Qu'est ce que tu fais ? Tu es l'héritier de Jaurès, tu es l'héritier de Blum, de Mitterrand, que ne parles tu pas ? " Je n'ai pas eu la réponse que j'attendais.
Nous ne nous sommes pas contentés de protester, de refuser. Nous nous sommes mis alors, après ce désastreux 21 avril 2002, tous ensemble, à proposer. Nous avons proposé un diagnostic sur le 21 avril, et déjà, on nous répondit " c'est la faute aux autres. C'est la faute à Taubira, c'est la faute à Chevènement, c'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau ".
Lorsqu'il y a quelques jours, le 29 mai, on ajouta à ce premier désastre un deuxième, on nous répondit " ce n'est pas notre faute, c'est la faute à Fabius, c'est la faute à Emmanuelli, c'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau ".
Lorsque, avec Christian Paul, nous avons, dès septembre 2002, posé la question politique de l'excès de vitesse de l'élargissement de l'Union européenne, nous avions même demandé, figurez-vous, un référendum sur cette question, de manière à ce que l'opinion publique française pro-européenne prenne conscience des difficultés, des problèmes, et obligent les dirigeants politiques européens à tenir compte des problèmes qui s'annonçaient comme autant de nuages noirs. Je me souviens qu'on me répondit, et la critique fut autant de mon adversaire aux élections législatives, l'avocat de Chirac, que de Monsieur Barnier, qui vient d'être licencié du Gouvernement, que nous étions en quelque sorte des Le Pen de gauche. Je me souviens même que Martine Aubry avait poussé finalement la similitude de la critique à dire " peut-être qu'ils sont des Pétain de gauche ".
Nous avons là, chers camarades, tous les ingrédients de ce qui se déroule sous nos yeux, mais c'était déjà il y a 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, l'année dernière. L'Histoire semble se répéter. Lorsque nous avons découvert que le Gouvernement de Monsieur Raffarin a proposé au vote de l'Assemblée nationale comme moyen d'adapter la Constitution à la Constitution européenne, il inscrivit une clause imposant un référendum à tout élargissement supplémentaire, ce que nous avions demandé, tous nos camarades sont allés le voter comme un seul homme à l'Assemblée et au Sénat.
Lorsque nous avons écrit à la Sorbonne, c'était déjà il y a trois ans et demi, lorsque nous avons écrit ensemble la motion du NPS, je fus surpris comme d'autres, d'entendre Lionel Jospin briser son silence de retraité de l'Ile de Ré, dire " voilà une motion excessive et prétentieuse ". Il avait dit à l'époque et il l'avait déploré, nous lui devons cette analyse, elle est estimable et bien respectable, il avait mis en cause la " frivolité des électeurs ", déjà. Nous voulions, il y a 20 ans, chers camarades, changer la vie, voici que nous voudrions maintenant changer le peuple.
C'est lui qui se trompe.
Lorsque, d'ailleurs, au Conseil national de samedi dernier, nous avons entendu tous ces camarades se succéder à la tribune, vanter, peut-être l'utilité, l'hypothèse d'une VIe République, ce sont les mêmes qui avaient dit il y a 2 ans que notre motion, défendant la VIe République, était certainement excessive et prétentieuse. A chaque fois que l'un de ces propriétaires éternels du Parti vous dira que nous sommes excessifs et prétentieux, méfiez-vous, c'est que certainement nous devons avoir raison, deux ans, ou trois ans trop tôt !
Mais surtout, nous avons entendu pendant la campagne du Congrès de Dijon, que nous allions casser le Parti. Briseurs de Parti. Qui l'a cassé, aujourd'hui ? Et qui l'a respecté ? Qui a respecté le vote ?
Et lorsque je vous disais qu'il fallait que vous vous habituiez, vous de l'extérieur, pas nous de l'intérieur, à ce que nous soyons différents, personne n'a pu mettre autre chose que du cynisme ou je ne sais quel machiavélisme de boutique. Oui, en effet, nous avons respecté le suffrage universel des militants. Cela appartient au patrimoine du NPS que de défendre la démocratie. Parce que lorsqu'on est Jaurésien, on croit que la démocratie est le débouché du projet social, c'est l'outil, l'instrument.
Alors, le bilan est lourd !
Chers camarades, dans cette entrée formidable d'un congrès, joyeux et estival, nous avons le plaisir de contempler les dégâts, maintenant, quel plaisir pour nous car comme le disait Thierry Mandon, il ne sert à rien d'avoir raison. Il vaut mieux faire en sorte que les choses changent. Mais il se pourrait bien que pour que lesdites choses changent, il faudrait que nous tirions quand même les justes leçons de ce bilan.
Coupé de la plus vaste majorité de nos électeurs, tel est le Parti Socialiste. Brisé en deux. Pas de projet, pas de leader, et un slogan : " le réformisme de gauche ". Le réformisme de gauche, chers camarades, nous sommes tous de gauche et nous sommes tous réformistes ! Qui est révolutionnaire, levez la main ? Ah, il y en a un. Mais le réformisme de gauche, mes chers camarades, c'est la coquille derrière laquelle on a caché les intérêts de pouvoir, derrière laquelle on a assemblé les baronnies pour organiser le statu quo, on a rangé les fauteuils pour que surtout pas un ne manque. Et on a organisé le maintien au pouvoir. La responsabilité, qui est un des grands thèmes du Nouveau Parti Socialiste, elle est valable pour Monsieur Chirac. Elle va bientôt être valable pour Monsieur de Villepin, plus vite qu'on ne le croit. Elle sera valable pour Monsieur Sarkozy. Elle est aussi valable pour le Premier secrétaire du Parti Socialiste.
Nous avons là à construire les orientations politiques sur lesquelles nous allons partir nous battre non pas au combat mais à cette expérience que tout militant connaît qui est le respect de l'esprit d'autrui, pour l'amener à changer d'opinion. Le combat de la conviction, c'est d'abord un combat contre soi-même, c'est le combat où ce qu'il y a de plus sûr, de plus cher en nous se transmet dans les doutes d'autrui. Ce qui suppose que nous nous respections tous, les uns et les autres.
La démocratie politique, c'est notre horizon avec la VIe République. Une stratégie de maîtrise de la mondialisation libérale dont les électeurs ne veulent plus. La réinscription dans cette République du pacte social.
La VIe République ? Nous en sommes les inspirateurs. Nous assurerons et nous assumerons tous les devoirs de la paternité, je puis vous le dire.
Nous défendrons d'ailleurs partout l'idée que c'est là l'instrument par lequel la gauche a besoin de faire entrer les citoyens par les portes et les fenêtres pour qu'ils puissent peser, influer, eux aussi construire. On ne construira pas, on ne réformera pas les retraites, l'assurance maladie, on ne remodèlera pas le niveau de services publics, la protection sociale sans avoir un outil qui nous permette de prendre appui sur ce socle électoral que nous avons constaté ce 29 mai dernier, où nous avons vu des classes ensemble se diriger vers les urnes pour écouter ce que beaucoup d'entre nous pensaient ou disaient. Il y a dans cette VIe République, et nous en serons les architectes, les ingénieurs, les maçons, les techniciens, nous ferons tout, nous assumerons tout, et il va bien falloir qu'on ne se contente pas de nous dire, petit refrain, petite musique dans les discours " VIe République ? Peut-être, si on a le temps, quand on trouvera les moyens ", comme on porte une petite violette à la boutonnière.
Il va falloir qu'il soit compris dans cette bataille du Congrès, que nous voulons transformer les règles du système politique français, qui aujourd'hui, si elles ne le sont pas, nous mènent tout droit à la victoire du populisme, au chaos, à la montée des xénophobies, du nationalisme, nos adversaires de toujours.
Ne pas entendre qu'aujourd'hui il est nécessaire de reconstruire le pacte politique, c'est se préparer à des lendemains très violents et très durs.
C'est en quelque sorte, si nous voulions résumer, le grand rendez-vous de la gauche avec l'Histoire de France. L'Histoire dans sa plénitude. Pas le petit point de couture qu'on mettra sur une broderie déjà bien avancée par d'autres. Non, le dessein et le dessin, c'est-à-dire, là où la gauche peut démontrer qu'elle construit pour tous quand la droite ne le fait que pour quelques uns. C'est une manière pour nous de réconcilier les français avec la politique dans ce grand pays qui est le nôtre.
Il y aura, et il faudra être courageux, à affronter le poison du présidentialisme à la française. Il faudra réintroduire une quantité considérable de délibération, y compris dans notre démocratie locale. Il faudra inventer un pouvoir judiciaire indépendant qui serve de contre pouvoir. Il faudra assumer l'idée que chacun devra trouver d'une manière ou d'une autre sa voie et sa place.
Les fauteuils des princes seront moins chargés d'or mais au moins chaque citoyen aura sa chaise !
On nous dit " mais qu'est ce que vous nous racontez ! C'est pas avec ça qu'on va faire diminuer le chômage ! " C'est très vrai de le rappeler, mais croyez vous qu'on puisse gouverner dans un système contaminé par le discrédit ? Aujourd'hui, la guerre économique et sociale est ouverte dans le monde. Les Etats-Nations ne disposent plus des leviers, des instruments politiques pour exister et organiser ce qui leur reste de souveraineté. Les niveaux de salaire, les niveaux de protection sociale, les niveaux de fiscalité, de services publics, d'Etat providence sont attaqués directement, quelle que soit la délibération souveraine, quels que soient les choix politiques et les alternances. La vérité, c'est que la perte de l'Etat-Nation et de sa substance n'a pas été remplacée par un instrument, un outil supra-national et européen qui nous permettrait, comme le décrivait à l'instant Stefan Collignon, de bâtir les instruments du contrôle démocratique dans le cadre que nous appelons aujourd'hui communément républicain, pour bâtir la coopération économique et sociale, la fin de la guerre économique qui concerne les pans les plus exposés de la population. Les français ont voté, les hollandais ont voté de la même manière et ont dit " nous ne voulons pas d'une Europe et d'un monde qui nous expose, nous voulons rechercher les éléments d'une protection ".
Tout à l'heure dans les débats sur les questions économiques, nous avons entendu un certain nombre de dialogues organisés autour de la question de savoir s'il fallait être libre-échangiste ou non sur le terrain du commerce mondial qui est le vecteur par lequel la mise en concurrence sauvage et dérégulée s'exerce sur la condition de ceux qui travaillent. La réponse doit être politique. Les socio libéraux ont célébré encore dans leur dernier diagnostic l'idée que la mondialisation est forcément heureuse, car si elle ne fait pas que des gagnants il y a aussi des perdants, mais que finalement, avec tout le monde, on arriverait à trouver un consensus. La mondialisation est bien au contraire un sujet de fracture. Nous l'avions déjà écrit dans la motion de Dijon, des millions de citoyens dans le monde et en Europe manifestent contre elle, n'en veulent plus. On dit " mais oui, mais ce sont des profs, bac + 18, ne vous intéressez pas à eux, regardez ce qu'en pense le peuple ". Le peuple vient de dire la même chose.
Alors, les solutions politiques ont déjà été imaginées il y a longtemps, il y a 10 ans. Et figurez-vous que c'est la gauche américaine dont nous nous gaussons régulièrement qui les a proclamées. Bien sûr, la concurrence c'est le capitalisme, mais le capitalisme, il lui faut des règles. Ces règles c'est la loyauté dans la concurrence ; ce n'est pas que les hommes et les femmes et même les enfants se fassent concurrence par le travail ; c'est que la puissance publique décide du niveau de concurrence acceptable dans une société qui aujourd'hui n'en peut mais.
C'est la question de la clause sociale et environnementale dans les échanges internationaux. Même John Kerry affrontant George Bush à la Convention de Boston avait dit " si je suis élu, je réviserai le traité de l'OMC ". Il n'y a que chez nous qu'on nous fait adopter par avance un traité non négociable quand les américains eux disent qu'ils vont prendre le traité le plus ancien du monde en longévité (1945 au Gatt, puis 1994 l'OMC) et qu'ils vont décider de le réviser !
Voilà en effet les raisons pour lesquelles les socio libéraux européens, que nous ne sommes pas, doivent être surveillés de près sur cette affaire. C'est là la condition et le cadre : chantier démocratique, chantier diplomatique pour construire les éléments d'une grande sociale démocratie populaire et européenne. C'est là que nous devons construire, en nous appuyant notamment sur les problèmes environnementaux, les risques climatiques, les risques démographiques, les risques énergétiques. En clair, lorsque le baril de pétrole sera à 500 $ dans 10 ans et qu'il est à 50 $ aujourd'hui, est-ce que nous aurons encore les moyens d'aller faire produire à l'autre bout du monde ce que nous consommons ici ? Cette question, raisonnons-la un peu et mesurons qu'il se prépare dans les enjeux environnementaux les moyens d'une sortie en douceur de la mondialisation. Cette question là, elle est centrale, fondamentale. Voilà pourquoi le Nouveau Parti Socialiste a installé au cur de ses problématiques, de ses thèmes politiques, de ses exigences politiques, la question environnementale.
Voici les éléments ainsi fixés du cadre, chers camarades.
Il nous reste à évoquer l'essentiel pour un social démocrate. Le projet social, la question sociale. Ce matin, Alain Vidalies a parlé les mots que nous pensons. Il a dit " nous ne pouvons pas échapper à la confrontation des intérêts dans un monde chaotique qui cherche à utiliser les nouvelles formes de capitalisme pour imposer sa loi économique et non délibérée, non démocratique à des pans entiers de la population " : Insécurité sociale, flexibilité maximale, précarisation des conditions. Il va falloir se mettre d'accord. Sans VIe République, sans horizon diplomatique international, sans une stratégie de résistance à l'actuelle mondialisation, il sera difficile de reconstruire ce contrat. C'est le contrat politique que 2007 doit faire surgir. Cela suppose en effet un certain nombre de réflexions et de méditations de la part des dirigeants socialistes qui se laissent aujourd'hui entraîner dans une sorte de dérive, un alignement sur les politiques qui accompagnent les standards antisociaux de la mondialisation dérégulée.
Pardonnez-moi d'avoir évoqué ces points. Ils sont dans notre patrimoine depuis longtemps. Il est toujours utile de les reformuler à l'aune de l'actualité, des problématiques qui surgissent, des inquiétudes qu'on entend. Mais qui peut s'engager dans un ouvrage de reconstruction aussi ambitieux, si ce n'est le NPS ?
Parce que le NPS parle à tout le Parti, aux militants du non avec qui nous partageons la conviction d'avoir voté non fermement, aux militants du oui que nous avons respecté dans leur conviction. Nous parlons à tout le Parti, quand d'autres dans le Parti ne parlent qu'à la moitié avec laquelle ils espéraient faire des choses.
Nous parlons à tous et nous voulons vous convaincre. Mais nous parlons aussi à la France. Ce n'est pas nouveau, mais il faut poursuivre, car la France, elle aussi, désespère de son Parti Socialiste. La France a besoin d'un Parti Socialiste fort, uni, qui l'écoute, qui ne lui tourne pas le dos. Elle a besoin d'autre chose que d'un quarteron accroché au radeau qui coule. La France a besoin qu'on ne lui tourne pas le dos, qu'on lui tende la main. Merci, Stefan, toi qui as dit, tout à l'heure, que c'était un mauvais traité puisqu'il n'a pas été adopté. C'est reconnaître au souverain ses droits, ses justes droits. La France, elle n'est pas peureuse, elle n'est pas xénophobe, elle n'est pas trouillarde. Elle est courageuse depuis le Chemin des Dames jusqu'à ceux qui aujourd'hui dans les usines n'ont même pas les moyens de se syndiquer, ne peuvent pas se défendre. Est-ce être peureux que de regarder la réalité en face et de la dire à ceux qui ne l'entendent pas ?
Etre ensemble aujourd'hui, je vous le dis avec franchise, cela fait du bien à nous tous. Je ne vois que des gens enfermés dans le bunker de leurs certitudes. Solferino n'est plus le nom d'une victoire. C'est le surnom d'un blockhaus administré par des autruches !
Alors, militants socialistes de France et d'Outre-mer, si vous pouvez nous entendre, jusqu'à quand allez-vous écouter ceux qui nous poussent chaque jour au précipice ? Ne voyez-vous pas qu'ici une génération nouvelle est en train de se lever ? Elle n'a pas été élevée au même grain. Elle a appris autre chose et elle voit les choses, c'est vrai, un peu en grand. Elle a besoin des moyens pour accomplir ce travail.
Militants, adhérents des sections d'Ile de France, adhérents et militants des sections des régions, donnez-nous ces moyens, aidez-nous à peser, aidez-nous à accomplir pour que nous puissions reprendre ensemble le fil coupé de l'espérance. J'ai là une phrase de Jean Jaurès : " L'Histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir ".
L'espoir est notre talisman. En route pour le congrès victorieux, vive le Parti Socialiste ! Vive le Nouveau Parti Socialiste ! Vive la République ! Vive la République européenne et vive la France !
(Source http://www.nouveau-ps.net, le 22 juin 2005)
Nous en faisons partie, nous avions besoin de nous retrouver. D'abord, parce que ce matin, lorsque j'ai embrassé ma petite fille qui a trois ans, l'âge du NPS, je me suis dit, elle est née le soir de ce Conseil national où avec les quelques uns qui ont fini à 17 % au Congrès de Dijon, nous avions décidé de quitter la majorité et de bâtir le NPS. C'était cette nuit là. Et ce matin en l'embrassant, j'ai vu qu'elle savait marcher depuis longtemps, qu'elle a la langue bien pendue, qu'elle séduit une foule de monde, qu'elle sait parfaitement bien se débrouiller. Bref, même si elle a trois ans, c'est une grande personne, c'est un être humain qui sait parler aux autres, c'est le NPS.
Je dois vous dire qu'il va falloir que ceux qui nous regardent, ceux qui nous entendent, se rendent compte enfin et qu'ils s'y habituent, que nous ne sommes pas comme les autres. Parce que ce que nous avons mis à l'intérieur de notre pacte initial, c'est la promesse que nous puissions délibérer en commun sur des orientations politiques. Je regrette l'affalement de ce beau calicot. Il y figurait le point central de mon discours. " Notre candidat c'est le projet ". Cela veut dire que lorsqu'on nous interroge sur " Avec qui vous êtes ? Vous êtes alliés avec qui ? Vous déjeunez avec qui ? ", nous répondons " avec tout le monde et avec personne ". L'instrument que nous avons fondé, chers camarades, et je vais vous dire du fond de mon cur, je fais partie de ceux, je ne sais pas pour vous, qui s'ils ne l'avaient pas construit, non seulement ne serait plus au Parti Socialiste mais ne feraient plus de politique.
Ce qui est ici, c'est la promesse que les orientations de fond construiront la réconciliation entre les appareils et les populations, c'est la promesse que croyant dans ce que nous délibérons démocratiquement, il y a un peu de ce que nous disons qui se retrouve dans chaque foyer de France et d'Europe, autour de chaque table du dimanche. Finalement, aux sources du NPS, il s'est construit colère après colère, déception après malheur, je rends hommage ici, et c'est le premier souvenir finalement qui fut le point de rupture avec cette majorité qui aujourd'hui n'en est plus une, qui remet son mandat en jeu, cherche à s'accrocher comme à un radeau qui coule, pour obtenir encore, on le sait, peut-être, certainement pas, nous ne le souhaitons guère, le plébiscite de militants perdus qu'on affolerait encore.
Je me souviens de ces 35 députés, ils sont ici, certains ont été battus, d'autres ont été réélus, qui avaient signé la mise en accusation du Président de la République. Je pense à Jean-Pierre Blazy, Jean Codognès, Yvette Roudy, François Colcombet, Roland Garrigues, Jérôme Lambert, Jean Launay, Gilbert Le Bris, René Mangin, Geneviève Perrin-Gaillard, Marie-Line Reynaud, Michèle Rivasi et d'autres. Le jour où nous nous sommes rencontrés, nous avons dit nous ne pouvions pas accepter devant la population un système qui organise l'impunité, certes politique mais aussi juridiciaire. Nous nous sommes dit, ce jour là, que l'inversion du calendrier, le quinquennat qui est l'uvre de la gauche, soutenant déjà les propositions curieuses et pittoresques du Président Giscard d'Estaing, n'était pas le meilleur moyen pour bâtir ce que nous voulons réaliser ici, c'est-à-dire d'abord des orientations, d'abord des projets pour notre pays puissent se réaliser au mieux que dans le poison du présidentialisme à la française, qui a détruit à petit feu le Parti Socialiste qui est le nôtre par secousses successives. Nous avions dit déjà à l'époque, non, il n'était pas question pour nous d'accepter ce système politique là ! C'était un premier pas, je veux qu'on s'en souvienne, car regardez, un an plus tard, nous sommes allés voter pour celui que nous aurions dû envoyer devant les juges...
Quatre ans plus tard, regardez ce que je n'ose appeler ce renoncement, d'autres mettraient d'autres mot sur ce comportement, ce que cela a coûté au pays, ce que cela a coûté à l'Europe, ce que cela a coûté aux citoyens de France. Je me souviens, il y eut beaucoup de ces actes, de ces évènements politiques qui nous ont fabriqués, sans que nous sachions à l'époque que cela constituerait notre projet de construire le Nouveau Parti Socialiste. Il y eut l'affaire Lu Danone et ces ouvriers de Lu à Ris-Orangis dont le maire est l'un de nos dirigeants politiques, Thierry Mandon. Il y eu les mots importants et fondateurs devant ces licenciements, souvenez-vous, pour convenance boursière, où le grand politique qui était le nôtre refusa d'envisager autre chose que l'impuissance et la fatalité, que le refus de réarmer le politique, même si c'est à long terme, même si ce n'est pas pour tout de suite.
Je me souviens encore du sommet de Barcelone, où la cohabitation à la française a donné cette curieuse impression où la droite et la gauche pouvaient cogérer les questions sociales en dehors de l'expression politique et démocratique des citoyens. Des questions qui devaient relever d'un projet, d'un mandat, d'un contrat de législature consacré par le suffrage universel pour le moins national en France à tout le moins européen n'étaient pas au rendez vous.
Je me souviens de cette campagne où l'on avait oublié qu'il y avait 7 millions d'ouvriers, de travailleurs en France qui ne vivent que de leur travail. Je me souviens que ce fut Pierre Mauroy, statue du commandeur, qui alla dire aux dirigeants du Parti Socialiste que peut-être il serait utile avec un bouquet de roses, une lampe de mineur, de refaire un petit tour par Liévin. Je me souviens d'un coup de téléphone en colère à François Hollande, qui était mon premier secrétaire. Je lui ai dit " Qu'est ce que c'est que cette campagne ? Qu'est ce que tu fais ? Tu es l'héritier de Jaurès, tu es l'héritier de Blum, de Mitterrand, que ne parles tu pas ? " Je n'ai pas eu la réponse que j'attendais.
Nous ne nous sommes pas contentés de protester, de refuser. Nous nous sommes mis alors, après ce désastreux 21 avril 2002, tous ensemble, à proposer. Nous avons proposé un diagnostic sur le 21 avril, et déjà, on nous répondit " c'est la faute aux autres. C'est la faute à Taubira, c'est la faute à Chevènement, c'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau ".
Lorsqu'il y a quelques jours, le 29 mai, on ajouta à ce premier désastre un deuxième, on nous répondit " ce n'est pas notre faute, c'est la faute à Fabius, c'est la faute à Emmanuelli, c'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau ".
Lorsque, avec Christian Paul, nous avons, dès septembre 2002, posé la question politique de l'excès de vitesse de l'élargissement de l'Union européenne, nous avions même demandé, figurez-vous, un référendum sur cette question, de manière à ce que l'opinion publique française pro-européenne prenne conscience des difficultés, des problèmes, et obligent les dirigeants politiques européens à tenir compte des problèmes qui s'annonçaient comme autant de nuages noirs. Je me souviens qu'on me répondit, et la critique fut autant de mon adversaire aux élections législatives, l'avocat de Chirac, que de Monsieur Barnier, qui vient d'être licencié du Gouvernement, que nous étions en quelque sorte des Le Pen de gauche. Je me souviens même que Martine Aubry avait poussé finalement la similitude de la critique à dire " peut-être qu'ils sont des Pétain de gauche ".
Nous avons là, chers camarades, tous les ingrédients de ce qui se déroule sous nos yeux, mais c'était déjà il y a 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, l'année dernière. L'Histoire semble se répéter. Lorsque nous avons découvert que le Gouvernement de Monsieur Raffarin a proposé au vote de l'Assemblée nationale comme moyen d'adapter la Constitution à la Constitution européenne, il inscrivit une clause imposant un référendum à tout élargissement supplémentaire, ce que nous avions demandé, tous nos camarades sont allés le voter comme un seul homme à l'Assemblée et au Sénat.
Lorsque nous avons écrit à la Sorbonne, c'était déjà il y a trois ans et demi, lorsque nous avons écrit ensemble la motion du NPS, je fus surpris comme d'autres, d'entendre Lionel Jospin briser son silence de retraité de l'Ile de Ré, dire " voilà une motion excessive et prétentieuse ". Il avait dit à l'époque et il l'avait déploré, nous lui devons cette analyse, elle est estimable et bien respectable, il avait mis en cause la " frivolité des électeurs ", déjà. Nous voulions, il y a 20 ans, chers camarades, changer la vie, voici que nous voudrions maintenant changer le peuple.
C'est lui qui se trompe.
Lorsque, d'ailleurs, au Conseil national de samedi dernier, nous avons entendu tous ces camarades se succéder à la tribune, vanter, peut-être l'utilité, l'hypothèse d'une VIe République, ce sont les mêmes qui avaient dit il y a 2 ans que notre motion, défendant la VIe République, était certainement excessive et prétentieuse. A chaque fois que l'un de ces propriétaires éternels du Parti vous dira que nous sommes excessifs et prétentieux, méfiez-vous, c'est que certainement nous devons avoir raison, deux ans, ou trois ans trop tôt !
Mais surtout, nous avons entendu pendant la campagne du Congrès de Dijon, que nous allions casser le Parti. Briseurs de Parti. Qui l'a cassé, aujourd'hui ? Et qui l'a respecté ? Qui a respecté le vote ?
Et lorsque je vous disais qu'il fallait que vous vous habituiez, vous de l'extérieur, pas nous de l'intérieur, à ce que nous soyons différents, personne n'a pu mettre autre chose que du cynisme ou je ne sais quel machiavélisme de boutique. Oui, en effet, nous avons respecté le suffrage universel des militants. Cela appartient au patrimoine du NPS que de défendre la démocratie. Parce que lorsqu'on est Jaurésien, on croit que la démocratie est le débouché du projet social, c'est l'outil, l'instrument.
Alors, le bilan est lourd !
Chers camarades, dans cette entrée formidable d'un congrès, joyeux et estival, nous avons le plaisir de contempler les dégâts, maintenant, quel plaisir pour nous car comme le disait Thierry Mandon, il ne sert à rien d'avoir raison. Il vaut mieux faire en sorte que les choses changent. Mais il se pourrait bien que pour que lesdites choses changent, il faudrait que nous tirions quand même les justes leçons de ce bilan.
Coupé de la plus vaste majorité de nos électeurs, tel est le Parti Socialiste. Brisé en deux. Pas de projet, pas de leader, et un slogan : " le réformisme de gauche ". Le réformisme de gauche, chers camarades, nous sommes tous de gauche et nous sommes tous réformistes ! Qui est révolutionnaire, levez la main ? Ah, il y en a un. Mais le réformisme de gauche, mes chers camarades, c'est la coquille derrière laquelle on a caché les intérêts de pouvoir, derrière laquelle on a assemblé les baronnies pour organiser le statu quo, on a rangé les fauteuils pour que surtout pas un ne manque. Et on a organisé le maintien au pouvoir. La responsabilité, qui est un des grands thèmes du Nouveau Parti Socialiste, elle est valable pour Monsieur Chirac. Elle va bientôt être valable pour Monsieur de Villepin, plus vite qu'on ne le croit. Elle sera valable pour Monsieur Sarkozy. Elle est aussi valable pour le Premier secrétaire du Parti Socialiste.
Nous avons là à construire les orientations politiques sur lesquelles nous allons partir nous battre non pas au combat mais à cette expérience que tout militant connaît qui est le respect de l'esprit d'autrui, pour l'amener à changer d'opinion. Le combat de la conviction, c'est d'abord un combat contre soi-même, c'est le combat où ce qu'il y a de plus sûr, de plus cher en nous se transmet dans les doutes d'autrui. Ce qui suppose que nous nous respections tous, les uns et les autres.
La démocratie politique, c'est notre horizon avec la VIe République. Une stratégie de maîtrise de la mondialisation libérale dont les électeurs ne veulent plus. La réinscription dans cette République du pacte social.
La VIe République ? Nous en sommes les inspirateurs. Nous assurerons et nous assumerons tous les devoirs de la paternité, je puis vous le dire.
Nous défendrons d'ailleurs partout l'idée que c'est là l'instrument par lequel la gauche a besoin de faire entrer les citoyens par les portes et les fenêtres pour qu'ils puissent peser, influer, eux aussi construire. On ne construira pas, on ne réformera pas les retraites, l'assurance maladie, on ne remodèlera pas le niveau de services publics, la protection sociale sans avoir un outil qui nous permette de prendre appui sur ce socle électoral que nous avons constaté ce 29 mai dernier, où nous avons vu des classes ensemble se diriger vers les urnes pour écouter ce que beaucoup d'entre nous pensaient ou disaient. Il y a dans cette VIe République, et nous en serons les architectes, les ingénieurs, les maçons, les techniciens, nous ferons tout, nous assumerons tout, et il va bien falloir qu'on ne se contente pas de nous dire, petit refrain, petite musique dans les discours " VIe République ? Peut-être, si on a le temps, quand on trouvera les moyens ", comme on porte une petite violette à la boutonnière.
Il va falloir qu'il soit compris dans cette bataille du Congrès, que nous voulons transformer les règles du système politique français, qui aujourd'hui, si elles ne le sont pas, nous mènent tout droit à la victoire du populisme, au chaos, à la montée des xénophobies, du nationalisme, nos adversaires de toujours.
Ne pas entendre qu'aujourd'hui il est nécessaire de reconstruire le pacte politique, c'est se préparer à des lendemains très violents et très durs.
C'est en quelque sorte, si nous voulions résumer, le grand rendez-vous de la gauche avec l'Histoire de France. L'Histoire dans sa plénitude. Pas le petit point de couture qu'on mettra sur une broderie déjà bien avancée par d'autres. Non, le dessein et le dessin, c'est-à-dire, là où la gauche peut démontrer qu'elle construit pour tous quand la droite ne le fait que pour quelques uns. C'est une manière pour nous de réconcilier les français avec la politique dans ce grand pays qui est le nôtre.
Il y aura, et il faudra être courageux, à affronter le poison du présidentialisme à la française. Il faudra réintroduire une quantité considérable de délibération, y compris dans notre démocratie locale. Il faudra inventer un pouvoir judiciaire indépendant qui serve de contre pouvoir. Il faudra assumer l'idée que chacun devra trouver d'une manière ou d'une autre sa voie et sa place.
Les fauteuils des princes seront moins chargés d'or mais au moins chaque citoyen aura sa chaise !
On nous dit " mais qu'est ce que vous nous racontez ! C'est pas avec ça qu'on va faire diminuer le chômage ! " C'est très vrai de le rappeler, mais croyez vous qu'on puisse gouverner dans un système contaminé par le discrédit ? Aujourd'hui, la guerre économique et sociale est ouverte dans le monde. Les Etats-Nations ne disposent plus des leviers, des instruments politiques pour exister et organiser ce qui leur reste de souveraineté. Les niveaux de salaire, les niveaux de protection sociale, les niveaux de fiscalité, de services publics, d'Etat providence sont attaqués directement, quelle que soit la délibération souveraine, quels que soient les choix politiques et les alternances. La vérité, c'est que la perte de l'Etat-Nation et de sa substance n'a pas été remplacée par un instrument, un outil supra-national et européen qui nous permettrait, comme le décrivait à l'instant Stefan Collignon, de bâtir les instruments du contrôle démocratique dans le cadre que nous appelons aujourd'hui communément républicain, pour bâtir la coopération économique et sociale, la fin de la guerre économique qui concerne les pans les plus exposés de la population. Les français ont voté, les hollandais ont voté de la même manière et ont dit " nous ne voulons pas d'une Europe et d'un monde qui nous expose, nous voulons rechercher les éléments d'une protection ".
Tout à l'heure dans les débats sur les questions économiques, nous avons entendu un certain nombre de dialogues organisés autour de la question de savoir s'il fallait être libre-échangiste ou non sur le terrain du commerce mondial qui est le vecteur par lequel la mise en concurrence sauvage et dérégulée s'exerce sur la condition de ceux qui travaillent. La réponse doit être politique. Les socio libéraux ont célébré encore dans leur dernier diagnostic l'idée que la mondialisation est forcément heureuse, car si elle ne fait pas que des gagnants il y a aussi des perdants, mais que finalement, avec tout le monde, on arriverait à trouver un consensus. La mondialisation est bien au contraire un sujet de fracture. Nous l'avions déjà écrit dans la motion de Dijon, des millions de citoyens dans le monde et en Europe manifestent contre elle, n'en veulent plus. On dit " mais oui, mais ce sont des profs, bac + 18, ne vous intéressez pas à eux, regardez ce qu'en pense le peuple ". Le peuple vient de dire la même chose.
Alors, les solutions politiques ont déjà été imaginées il y a longtemps, il y a 10 ans. Et figurez-vous que c'est la gauche américaine dont nous nous gaussons régulièrement qui les a proclamées. Bien sûr, la concurrence c'est le capitalisme, mais le capitalisme, il lui faut des règles. Ces règles c'est la loyauté dans la concurrence ; ce n'est pas que les hommes et les femmes et même les enfants se fassent concurrence par le travail ; c'est que la puissance publique décide du niveau de concurrence acceptable dans une société qui aujourd'hui n'en peut mais.
C'est la question de la clause sociale et environnementale dans les échanges internationaux. Même John Kerry affrontant George Bush à la Convention de Boston avait dit " si je suis élu, je réviserai le traité de l'OMC ". Il n'y a que chez nous qu'on nous fait adopter par avance un traité non négociable quand les américains eux disent qu'ils vont prendre le traité le plus ancien du monde en longévité (1945 au Gatt, puis 1994 l'OMC) et qu'ils vont décider de le réviser !
Voilà en effet les raisons pour lesquelles les socio libéraux européens, que nous ne sommes pas, doivent être surveillés de près sur cette affaire. C'est là la condition et le cadre : chantier démocratique, chantier diplomatique pour construire les éléments d'une grande sociale démocratie populaire et européenne. C'est là que nous devons construire, en nous appuyant notamment sur les problèmes environnementaux, les risques climatiques, les risques démographiques, les risques énergétiques. En clair, lorsque le baril de pétrole sera à 500 $ dans 10 ans et qu'il est à 50 $ aujourd'hui, est-ce que nous aurons encore les moyens d'aller faire produire à l'autre bout du monde ce que nous consommons ici ? Cette question, raisonnons-la un peu et mesurons qu'il se prépare dans les enjeux environnementaux les moyens d'une sortie en douceur de la mondialisation. Cette question là, elle est centrale, fondamentale. Voilà pourquoi le Nouveau Parti Socialiste a installé au cur de ses problématiques, de ses thèmes politiques, de ses exigences politiques, la question environnementale.
Voici les éléments ainsi fixés du cadre, chers camarades.
Il nous reste à évoquer l'essentiel pour un social démocrate. Le projet social, la question sociale. Ce matin, Alain Vidalies a parlé les mots que nous pensons. Il a dit " nous ne pouvons pas échapper à la confrontation des intérêts dans un monde chaotique qui cherche à utiliser les nouvelles formes de capitalisme pour imposer sa loi économique et non délibérée, non démocratique à des pans entiers de la population " : Insécurité sociale, flexibilité maximale, précarisation des conditions. Il va falloir se mettre d'accord. Sans VIe République, sans horizon diplomatique international, sans une stratégie de résistance à l'actuelle mondialisation, il sera difficile de reconstruire ce contrat. C'est le contrat politique que 2007 doit faire surgir. Cela suppose en effet un certain nombre de réflexions et de méditations de la part des dirigeants socialistes qui se laissent aujourd'hui entraîner dans une sorte de dérive, un alignement sur les politiques qui accompagnent les standards antisociaux de la mondialisation dérégulée.
Pardonnez-moi d'avoir évoqué ces points. Ils sont dans notre patrimoine depuis longtemps. Il est toujours utile de les reformuler à l'aune de l'actualité, des problématiques qui surgissent, des inquiétudes qu'on entend. Mais qui peut s'engager dans un ouvrage de reconstruction aussi ambitieux, si ce n'est le NPS ?
Parce que le NPS parle à tout le Parti, aux militants du non avec qui nous partageons la conviction d'avoir voté non fermement, aux militants du oui que nous avons respecté dans leur conviction. Nous parlons à tout le Parti, quand d'autres dans le Parti ne parlent qu'à la moitié avec laquelle ils espéraient faire des choses.
Nous parlons à tous et nous voulons vous convaincre. Mais nous parlons aussi à la France. Ce n'est pas nouveau, mais il faut poursuivre, car la France, elle aussi, désespère de son Parti Socialiste. La France a besoin d'un Parti Socialiste fort, uni, qui l'écoute, qui ne lui tourne pas le dos. Elle a besoin d'autre chose que d'un quarteron accroché au radeau qui coule. La France a besoin qu'on ne lui tourne pas le dos, qu'on lui tende la main. Merci, Stefan, toi qui as dit, tout à l'heure, que c'était un mauvais traité puisqu'il n'a pas été adopté. C'est reconnaître au souverain ses droits, ses justes droits. La France, elle n'est pas peureuse, elle n'est pas xénophobe, elle n'est pas trouillarde. Elle est courageuse depuis le Chemin des Dames jusqu'à ceux qui aujourd'hui dans les usines n'ont même pas les moyens de se syndiquer, ne peuvent pas se défendre. Est-ce être peureux que de regarder la réalité en face et de la dire à ceux qui ne l'entendent pas ?
Etre ensemble aujourd'hui, je vous le dis avec franchise, cela fait du bien à nous tous. Je ne vois que des gens enfermés dans le bunker de leurs certitudes. Solferino n'est plus le nom d'une victoire. C'est le surnom d'un blockhaus administré par des autruches !
Alors, militants socialistes de France et d'Outre-mer, si vous pouvez nous entendre, jusqu'à quand allez-vous écouter ceux qui nous poussent chaque jour au précipice ? Ne voyez-vous pas qu'ici une génération nouvelle est en train de se lever ? Elle n'a pas été élevée au même grain. Elle a appris autre chose et elle voit les choses, c'est vrai, un peu en grand. Elle a besoin des moyens pour accomplir ce travail.
Militants, adhérents des sections d'Ile de France, adhérents et militants des sections des régions, donnez-nous ces moyens, aidez-nous à peser, aidez-nous à accomplir pour que nous puissions reprendre ensemble le fil coupé de l'espérance. J'ai là une phrase de Jean Jaurès : " L'Histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir ".
L'espoir est notre talisman. En route pour le congrès victorieux, vive le Parti Socialiste ! Vive le Nouveau Parti Socialiste ! Vive la République ! Vive la République européenne et vive la France !
(Source http://www.nouveau-ps.net, le 22 juin 2005)