Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'aide de la France au Sri Lanka après le raz de marée de décembre 2004, à Paris le 5 octobre 2005.

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Circonstance : Signature de trois conventions post-tsunami au profit du Sri Lanka en présence de la Présidente du Sri Lanka, à Paris le 5 octobre 2005

Texte intégral

Madame la Présidente,
Madame l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Il y a plus de neuf mois, le 26 décembre 2004, un tremblement de terre au large de l'Ile de Sumatra provoquait l'une des plus grandes catastrophes naturelles de l'histoire de notre planète. Votre pays fut, avec l'Indonésie, le plus touché. On estime aujourd'hui que plus de 30 000 Sri Lankais sont décédés, et que des centaines de milliers d'autres ont été déplacés. Les conséquences économiques ont été tout aussi désastreuses, avec 2 milliards de dollars de dégâts, 75 % des côtes touchées, 80 % de la flotte de pêche détruite, et un tourisme fortement affecté.
Vos concitoyens ont fait preuve d'un courage et d'une détermination exceptionnels pour que la vie reprenne son cours. La communauté internationale s'est également fortement mobilisée, et a su être à la hauteur de l'enjeu.
En cohérence avec l'ampleur des dégâts, la France a fait du Sri Lanka l'un des deux pays prioritaires de son action post-tsunami, avec l'Indonésie.
Notre action s'est développée en trois étapes :
D'abord, dès les premières semaines, environ 7,8 millions d'euros ont été dégagés pour la phase d'urgence, principalement au travers du financement des agences spécialisées des Nations unies et du CICR. Il s'agissait alors de soigner et de nourrir les survivants, d'éviter les épidémies, et de fournir les premiers vêtements et logements de fortune.
Puis, dans les mois qui ont suivi, plus de 7 millions d'euros ont été dégagés pour des projets de réhabilitation et de reconstruction mis en oeuvre par des structures publiques sri lankaises, des ONG locales ou françaises, ou encore des agences des Nations unies, notamment le PNUD.
C'était là une initiative originale de notre action, pour combler le vide qui existe habituellement entre les projets d'immédiate urgence et la phase de reconstruction lourde. Cette action a également été réalisée de manière bien coordonnée, et je voudrais ici rendre hommage au travail mené par la Délégation interministérielle qui a porté ces actions jusqu'au mois d'août dernier, ainsi qu'aux différents ministères qui lui ont prêté son concours.
Dans ce cadre, ce sont plus de 20 projets qui sont en cours de réalisation sur le terrain.
D'abord des projets à impact rapide, pour des activités de déblaiement, de recyclage des débris, de relance d'activités économiques et du secteur agricole : au total, environ 5.500 personnes, le plus souvent en charge de groupes familiaux et communautaires, sont directement concernées, ce qui représente sans doute de 30 à 40.000 bénéficiaires réels. Ces actions permettent de redonner des moyens de survie financière aux bénéficiaires et à leurs familles, au-delà de la simple assistance, et de re-dynamiser l'économie locale.
Dans le domaine de la santé, trois accords de jumelage hospitalier ont été conclus : un projet de surveillance épidémiologique et de renforcement des capacités de laboratoire, porté par l'Institut national de veille sanitaire et l'Institut Pasteur, est financé sur fonds publics en partenariat avec la Croix rouge française. Plusieurs projets de soutien psychosocial post traumatique sont également soutenus par la France.
Dans le domaine de l'éducation et de la formation, un appui de 1 million d'euros est également apporté par la France pour la formation aux métiers de la reconstruction du ministère sri lankais de la formation professionnelle ;
Plusieurs programmes d'accès à l'eau potable et d'assainissement sont également en cours, avec le soutien des agences de l'eau ; certains ont d'ailleurs été initiés dès la phase d'urgence.
Enfin dans le domaine de la prévention, de l'alerte et de la gestion des catastrophes, une contribution d'un million d'euros est allouée en appui d'un projet du PNUD, ainsi qu'une subvention au BRGM à hauteur de 280 000 euros pour la réalisation d'un système d'information géographique sur les risques côtiers.
Parallèlement, un accord a été conclu dans le cadre du Club de Paris pour offrir à votre pays un moratoire sur sa dette en cette année 2005. C'est l'objet de la première convention que nous signons aujourd'hui, qui permet au Sri Lanka de dégager une marge de manoeuvre financière de 7 millions d'euros en 2005. La France a tenu, dans ce cadre, à ce que ce moratoire soit réalisé sans intérêts. Plusieurs autres pays créanciers ont suivi notre exemple.
Madame la Présidente,
Aujourd'hui, nous entamons donc ensemble la troisième et dernière phase de la sortie de cette crise, en nous attelant à la reconstruction des infrastructures lourdes qui ont été détruites.
Je suis à la fois heureuse et fière que puissent être signées aujourd'hui en votre présence, les conventions qui vous apportent des financements importants pour cette phase de reconstruction, à hauteur de 74 millions d'euros. Ces financements ont vocation à bénéficier plus particulièrement à une région très touchée que vous aviez vous-même identifiée, Madame la Présidente, comme un point d'ancrage possible pour un effort particulier de la France.
Ainsi, le district de Trincomalee fait l'objet d'un vaste ensemble d'interventions d'acteurs français. Comme vous nous y avez encouragé, la France a concentré une part significative de son aide sur ce district, caractérisé à la fois par d'importantes destructions, par la coexistence des différentes communautés et par une présence française de longue date, technique et industrielle, dans le domaine de l'eau.
Dans ce cadre, nous signons donc aujourd'hui deux conventions :
D'abord un programme de trois ans élaboré par l'Agence française de développement, à hauteur de 64 millions d'euros, pour partie en partenariat avec la Banque asiatique de développement, et comprenant quatre composantes : les routes ; l'eau ; l'électricité ; et les travaux communautaires, c'est-à-dire la viabilisation de terrains destinés à la construction de logements, et la réhabilitation de routes secondaires.
La seconde convention est un projet d'appui du ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie d'un montant de 10 millions d'euros dans le secteur de l'eau : plusieurs autres acteurs français - ONG, agences de l'eau, entreprises, collectivités territoriales - sont ou vont s'engager activement sur cette zone, où un assistant technique va très prochainement être désigné pour faciliter le travail des différents intervenants français et donner plus de visibilité à leur action.
Dans cette région au contexte politique délicat, le dynamisme des autorités sri lankaises a permis le montage rapide de ce projet complexe.
Madame la Présidente,
Pour conclure, je voudrais souligner que l'aide de la France à votre pays après le Tsunami a cherché à être la plus équilibrée possible, au regard notamment de la répartition géographique des principales communautés, et en s'appuyant à la fois sur des opérateurs gouvernementaux, non-gouvernementaux et multilatéraux.
Je suis très heureuse de la qualité du travail qui a été réalisé, malgré la faible expérience qu'avait notre coopération dans votre pays. Ceci a été rendu possible par la collaboration étroite qui s'est établie avec les autorités de votre pays, avec lesquelles nous avons développé une relation de confiance. Je vous remercie de votre implication et de celle de votre gouvernement dans ce succès, et je souhaite un achèvement rapide et efficace des projets lancés, afin d'effacer définitivement les traces matérielles de la tragédie de fin 2004.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 octobre 2005)