Texte intégral
Q- Les banlieues françaises semblent retrouver un début de calme. Le temps est venu de tirer les premières leçons. "Il faut être strict dans l'application des règles du regroupement familial", a dit J. Chirac, lundi soir. Et vous-même, hier, avez déclaré qu'il pourrait être nécessaire de légiférer à nouveau sur le regroupement familial. Que voulez-vous changer ?
R- Vous me permettrez d'abord de dire que cela, c'est un point mais qu'il y a d'autres raisons qui doivent être soulevées, qui doivent être traitées, aux difficultés, aux drames que nous avons connus ces dernières semaines.
Q- D'accord. Parlons du regroupement familial : vous pouvez y changer quelque chose ?
R- Il y a probablement à réfléchir sur les dérives qui, en particulier, depuis la période de 1997 à 2002, ont accompagné l'application...
Q- Comme par hasard de 1997 à 2002 !
R- Les chiffres ont doublé !
Q- Pour les auditeurs, on va dire qui gouvernait à l'époque...
R- C'était L. Jospin. De 1997 à 2002, les chiffres du regroupement familial ont doublé. Ils sont passés, à peu près, de 17.000 à plus de 30.000 par an, bien entendu. Donc, la France peut-elle, comme le disait Rocard en 1990, accepter davantage qu'elle ne le peut ? C'est la question qui se pose. Je ne dis pas qu'il faudra, à coup sûr, le faire. D'ailleurs, nous l'avons déjà fait, partiellement, en 2003. Mais il y a actuellement un travail qui est en cours, un rapport qui est en cours d'élaboration, par le Comité interministériel de contrôle de l'immigration ; il donnera ses conclusions dans quelques semaines, à la fin du mois, et, dès lors, la question obligatoirement se posera. Soit il n'y a rien de plus à faire, soit il faudra, peut-être, faire quelque chose de plus.
Q- Mais si le président de la République, puis, le lendemain, le président du groupe UMP, vous en l'occurrence, parlez du regroupement familial qui pose problème, c'est parce que vous pensez qu'il entre, aujourd'hui, trop d'immigrés en France sous couvert du regroupement familial ?
R- Il y a, évidemment, un problème qui est celui de l'intégration des immigrés et, plus encore, d'ailleurs, de leurs enfants...
Q- Il entre trop d'immigrés par le biais du regroupement familial ?
R- ...Et par conséquent, cette question est, bien entendu, posée. Avons-nous des flux qui ont été ou qui sont encore trop importants pour qu'ils puissent donner lieu à cette intégration indispensable ? Car ce sont des jeunes français qui sont en cause dans les désordres graves que l'on a connus. Et à partir de ce moment-là, nous n'avons qu'une seule priorité : c'est leur intégration, leur éducation, leur formation, et qu'ils se sentent appartenir à la nation. Par conséquent, pour que l'on puisse les intégrer, il ne faut pas qu'il y en ait au-delà de notre capacité d'intégration, c'est cela la question. C'est comme la polygamie.
Q- Alors, justement : G. Larcher, le ministre de l'Emploi ce matin, dans le Financial Times, dit que "la polygamie est peut-être l'une des causes des troubles auxquels on a assisté". Vous partagez l'analyse ?
R- C'est certainement une des causes, il n'y a pas que cela. Mais il est vrai que, sur ce point, nous nous sommes montrés étrangement laxistes. D'abord, parce que la polygamie, c'est la négation des droits de la personne, des droits de la femme. C'est ensuite l'incapacité d'apporter une éducation telle qu'elle est nécessaire dans une société organisée, normée, telle que les sociétés européennes et, en particulier, la société française. Et donc, il y a eu là, bien entendu, des erreurs.
Q- La polygamie est interdite en France. Donc, s'il y a des situations de polygamie, aujourd'hui, c'est parce que les autorités ferment les yeux.
R- Il y eu, dans la période qui est allée de 1981 jusqu'à 1992, effectivement, un grand nombre de familles polygames qui sont venues en France et cela pose, maintenant, des problèmes qui sont, notamment, en partie, la cause des désordres que nous avons eus.
Q- 1981/1992 ; et depuis 1992 ?
R- Non, parce que des dispositions législatives sont intervenues.
Q- Oui, mais la polygamie, c'est un fait d'aujourd'hui encore.
R- Oui, bien sûr, parce que les familles sont encore là. Cela pose des problèmes de logement, des problèmes d'éducation... On ne peut pas à plusieurs dizaines dans un appartement.
Q- Et là aussi, vous pensez qu'il faut avoir une action que vous n'avez pas eue
jusqu'à présent ?
R- Il faut, en tout cas, poser la question, aller plus loin. Parce que, encore une fois, l'objectif c'est l'intégration. Donc, il faut déceler les causes comme l'a dit le président de la République, comme l'a dit le Premier ministre et, une à une, les régler de façon que nous n'ayons plus ces problèmes à l'avenir.
Q- Le président de la République, toujours lundi soir : "l'autorité parentale est capitale. Les familles doivent prendre leurs responsabilités". Certains élus, G. Tron, à Draveil, dans l'Essonne, par exemple, un élu UMP a déjà coupé les aides municipales aux familles dont l'un des membres aurait été pris dans les violences urbaines. Cela aussi, c'est quelque chose que vous approuvez ?
R- Après condamnation par la justice. Donc, il faut bien préciser les choses, lorsque, effectivement, quelqu'un dégrade les biens...
Q- Mais faut-il faire un lien entre une condamnation en justice et l'octroi des aides municipales, voire des aides d'Etat ? Faut-il faire un lien ?
R- Dans certains cas, oui. Il ne faut pas généraliser mais il y a des cas oùc'est évident : oui, bien sûr, que quelques cas le justifient. C'est ce qu'a dit G. Tron, c'est ce qu'il fait, mais après que la justice se soit prononcée.
Q- Et vous approuvez, donc, sa décision. Et d'autres élus locaux pourraient le faire et vous les soutiendrez ?
R- Respectons les lois et, dès lors que les lois sont respectées, que les décisions de justice dictent nos propres décisions d'élus : oui.
Q- En fait, on entend bien ce matin : on sortira de la crise des banlieues avec un discours d'ordre plus net en direction de l'opinion publique. C'est la leçon que va tirer l'UMP de la crise que nous venons de vivre ?
R- Il y a deux discours. Le premier, c'est effectivement un discours d'ordre. On ne peut pas tolérer que les droits fondamentaux de ceux qui vivent dans les cités, dans les quartiers, soient ainsi bafoués. Que leur sécurité, même leur vie, soient menacées. Ça, c'est le discours d'ordre. Et je veux, une nouvelle fois, rendre hommage aux forces de l'ordre pour leur travail admirable. Et puis, il y un autre travail qui est un travail d'intégration, d'éducation, de formation, d'appartenance à la nation. Et celui-ci, c'est celui que le président de la République a annoncé.
Q- Deux questions rapides, si vous le voulez bien. On annonce, pour mardi, une grève de la SNCF qui va encore beaucoup gêner les Français et on attend, toujours et sans doute l'attendra-t-on longtemps, la loi sur le service minimum que vous promettiez dès 2002.
R- Je suis interrogatif quant à l'attitude de certains syndicats de la SNCFcar il n'y a pas, comme ceux-ci le prétendent, le moindre risque, la moindre intention de privatiser, en quoi que ce soit, la SNCF. Et c'est l'argument qui est avancé pour prétendre qu'il faudrait faire grève. Et je pose une deuxième question à ces syndicats : se sont-ils bien rappelés que ce sont les contribuables français qui, pour la plus grande partie, paient la retraite de ce régime
spécial ?
Q- La loi sur le service minimum ? Après 2007 ?
R- Non, je ne peux pas vous dire cela. Si ce qui a été appliqué récemment, et qui a montré que ça marchait, c'est-à-dire la négociation sur le service garanti qui a marché, si cette application fait défaut, s'il faut la généraliser, alors là, il faudra effectivement légiférer.
Q- Deuxième question - une réponse rapide - : J. Chirac portait des lunettes avant-hier soir. Cela suscite beaucoup de commentaires. Vous êtes-vous renseigné pour savoir s'il y avait un lien entre ses lunettes et l'accident vasculaire cérébral dont il a été victime début septembre ?
R- Allons à l'essentiel, la situation n'est pas à cela. Je ne vous poserai pas une question sur vos lentilles ou sur votre calvitie.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 novembre 2005)
R- Vous me permettrez d'abord de dire que cela, c'est un point mais qu'il y a d'autres raisons qui doivent être soulevées, qui doivent être traitées, aux difficultés, aux drames que nous avons connus ces dernières semaines.
Q- D'accord. Parlons du regroupement familial : vous pouvez y changer quelque chose ?
R- Il y a probablement à réfléchir sur les dérives qui, en particulier, depuis la période de 1997 à 2002, ont accompagné l'application...
Q- Comme par hasard de 1997 à 2002 !
R- Les chiffres ont doublé !
Q- Pour les auditeurs, on va dire qui gouvernait à l'époque...
R- C'était L. Jospin. De 1997 à 2002, les chiffres du regroupement familial ont doublé. Ils sont passés, à peu près, de 17.000 à plus de 30.000 par an, bien entendu. Donc, la France peut-elle, comme le disait Rocard en 1990, accepter davantage qu'elle ne le peut ? C'est la question qui se pose. Je ne dis pas qu'il faudra, à coup sûr, le faire. D'ailleurs, nous l'avons déjà fait, partiellement, en 2003. Mais il y a actuellement un travail qui est en cours, un rapport qui est en cours d'élaboration, par le Comité interministériel de contrôle de l'immigration ; il donnera ses conclusions dans quelques semaines, à la fin du mois, et, dès lors, la question obligatoirement se posera. Soit il n'y a rien de plus à faire, soit il faudra, peut-être, faire quelque chose de plus.
Q- Mais si le président de la République, puis, le lendemain, le président du groupe UMP, vous en l'occurrence, parlez du regroupement familial qui pose problème, c'est parce que vous pensez qu'il entre, aujourd'hui, trop d'immigrés en France sous couvert du regroupement familial ?
R- Il y a, évidemment, un problème qui est celui de l'intégration des immigrés et, plus encore, d'ailleurs, de leurs enfants...
Q- Il entre trop d'immigrés par le biais du regroupement familial ?
R- ...Et par conséquent, cette question est, bien entendu, posée. Avons-nous des flux qui ont été ou qui sont encore trop importants pour qu'ils puissent donner lieu à cette intégration indispensable ? Car ce sont des jeunes français qui sont en cause dans les désordres graves que l'on a connus. Et à partir de ce moment-là, nous n'avons qu'une seule priorité : c'est leur intégration, leur éducation, leur formation, et qu'ils se sentent appartenir à la nation. Par conséquent, pour que l'on puisse les intégrer, il ne faut pas qu'il y en ait au-delà de notre capacité d'intégration, c'est cela la question. C'est comme la polygamie.
Q- Alors, justement : G. Larcher, le ministre de l'Emploi ce matin, dans le Financial Times, dit que "la polygamie est peut-être l'une des causes des troubles auxquels on a assisté". Vous partagez l'analyse ?
R- C'est certainement une des causes, il n'y a pas que cela. Mais il est vrai que, sur ce point, nous nous sommes montrés étrangement laxistes. D'abord, parce que la polygamie, c'est la négation des droits de la personne, des droits de la femme. C'est ensuite l'incapacité d'apporter une éducation telle qu'elle est nécessaire dans une société organisée, normée, telle que les sociétés européennes et, en particulier, la société française. Et donc, il y a eu là, bien entendu, des erreurs.
Q- La polygamie est interdite en France. Donc, s'il y a des situations de polygamie, aujourd'hui, c'est parce que les autorités ferment les yeux.
R- Il y eu, dans la période qui est allée de 1981 jusqu'à 1992, effectivement, un grand nombre de familles polygames qui sont venues en France et cela pose, maintenant, des problèmes qui sont, notamment, en partie, la cause des désordres que nous avons eus.
Q- 1981/1992 ; et depuis 1992 ?
R- Non, parce que des dispositions législatives sont intervenues.
Q- Oui, mais la polygamie, c'est un fait d'aujourd'hui encore.
R- Oui, bien sûr, parce que les familles sont encore là. Cela pose des problèmes de logement, des problèmes d'éducation... On ne peut pas à plusieurs dizaines dans un appartement.
Q- Et là aussi, vous pensez qu'il faut avoir une action que vous n'avez pas eue
jusqu'à présent ?
R- Il faut, en tout cas, poser la question, aller plus loin. Parce que, encore une fois, l'objectif c'est l'intégration. Donc, il faut déceler les causes comme l'a dit le président de la République, comme l'a dit le Premier ministre et, une à une, les régler de façon que nous n'ayons plus ces problèmes à l'avenir.
Q- Le président de la République, toujours lundi soir : "l'autorité parentale est capitale. Les familles doivent prendre leurs responsabilités". Certains élus, G. Tron, à Draveil, dans l'Essonne, par exemple, un élu UMP a déjà coupé les aides municipales aux familles dont l'un des membres aurait été pris dans les violences urbaines. Cela aussi, c'est quelque chose que vous approuvez ?
R- Après condamnation par la justice. Donc, il faut bien préciser les choses, lorsque, effectivement, quelqu'un dégrade les biens...
Q- Mais faut-il faire un lien entre une condamnation en justice et l'octroi des aides municipales, voire des aides d'Etat ? Faut-il faire un lien ?
R- Dans certains cas, oui. Il ne faut pas généraliser mais il y a des cas oùc'est évident : oui, bien sûr, que quelques cas le justifient. C'est ce qu'a dit G. Tron, c'est ce qu'il fait, mais après que la justice se soit prononcée.
Q- Et vous approuvez, donc, sa décision. Et d'autres élus locaux pourraient le faire et vous les soutiendrez ?
R- Respectons les lois et, dès lors que les lois sont respectées, que les décisions de justice dictent nos propres décisions d'élus : oui.
Q- En fait, on entend bien ce matin : on sortira de la crise des banlieues avec un discours d'ordre plus net en direction de l'opinion publique. C'est la leçon que va tirer l'UMP de la crise que nous venons de vivre ?
R- Il y a deux discours. Le premier, c'est effectivement un discours d'ordre. On ne peut pas tolérer que les droits fondamentaux de ceux qui vivent dans les cités, dans les quartiers, soient ainsi bafoués. Que leur sécurité, même leur vie, soient menacées. Ça, c'est le discours d'ordre. Et je veux, une nouvelle fois, rendre hommage aux forces de l'ordre pour leur travail admirable. Et puis, il y un autre travail qui est un travail d'intégration, d'éducation, de formation, d'appartenance à la nation. Et celui-ci, c'est celui que le président de la République a annoncé.
Q- Deux questions rapides, si vous le voulez bien. On annonce, pour mardi, une grève de la SNCF qui va encore beaucoup gêner les Français et on attend, toujours et sans doute l'attendra-t-on longtemps, la loi sur le service minimum que vous promettiez dès 2002.
R- Je suis interrogatif quant à l'attitude de certains syndicats de la SNCFcar il n'y a pas, comme ceux-ci le prétendent, le moindre risque, la moindre intention de privatiser, en quoi que ce soit, la SNCF. Et c'est l'argument qui est avancé pour prétendre qu'il faudrait faire grève. Et je pose une deuxième question à ces syndicats : se sont-ils bien rappelés que ce sont les contribuables français qui, pour la plus grande partie, paient la retraite de ce régime
spécial ?
Q- La loi sur le service minimum ? Après 2007 ?
R- Non, je ne peux pas vous dire cela. Si ce qui a été appliqué récemment, et qui a montré que ça marchait, c'est-à-dire la négociation sur le service garanti qui a marché, si cette application fait défaut, s'il faut la généraliser, alors là, il faudra effectivement légiférer.
Q- Deuxième question - une réponse rapide - : J. Chirac portait des lunettes avant-hier soir. Cela suscite beaucoup de commentaires. Vous êtes-vous renseigné pour savoir s'il y avait un lien entre ses lunettes et l'accident vasculaire cérébral dont il a été victime début septembre ?
R- Allons à l'essentiel, la situation n'est pas à cela. Je ne vous poserai pas une question sur vos lentilles ou sur votre calvitie.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 novembre 2005)