Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur les mesures prises pour pour lutter contre le réchauffement climatique, Paris le 15 novembre 2005.

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Circonstance : Rendez-vous "Climat 2005" à Paris les 14 et 15 novembre 2005-discours de clôture le 15

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Le Rendez-vous Climat 2005 prend fin.
Je serai brève car vous avez déjà largement débattu et discuté.
Pendant deux jours, les experts, l'administration, la société civile ont pu s'exprimer librement, échanger leurs connaissances. Je pense que c'était une vraie occasion de débat, dont le thème du climat avait besoin, et je m'en réjouis.
Je tiens à remercier à nouveau le Premier Ministre qui nous a honorés de sa présence et nous a présenté, hier, une vision forte de la politique gouvernementale en matière de lutte contre le changement climatique. Il a montré une volonté déterminée de progresser dans les énergies renouvelables, dans l'efficacité énergétique, sur le logement, et aussi sur les transports propres et les transports alternatifs à la route.
Ce sont de grandes avancées pour l'avenir, qui ont d'ailleurs été confirmées ce matin par Dominique PERBEN, dont j'ai apprécié l'engagement, ainsi que par François LOOS.
L'annonce par le Premier ministre hier d'un plan de soutien à l'énergie solaire, avec l'augmentation de 50 % du tarif de rachat de l'électricité aux particuliers, et le doublement pour les installations collectives tertiaires et industrielles, est un acte fort qui nous permettra, j'en suis sûre, de développer massivement cette énergie.
Le Premier Ministre a également rappelé que les Français bénéficieront à partir du 1er janvier prochain d'un crédit d'impôt de 50 %, au lieu de 40 %, pour leurs achats d'équipements utilisant des énergies renouvelables.
Enfin, le Premier Ministre a annoncé un programme de recherche sur le logement, afin que nous soyons capables d'ici 5 ans de rénover des logements anciens pour qu'ils ne consomment que 50 kilowatts heure - au lieu de 200 kilowatts heure par mètre carré aujourd'hui. C'est un signe fort donné à notre politique d'économies d'énergies dans le logement.
J'aimerais, si vous le voulez bien, souligner quelques thèmes qui ont tout particulièrement retenu mon attention.
Il va de soi qu'un compte rendu intégral de ces discussions sera élaboré et publié.
Ma première remarque concerne les ateliers sur les transports et le logement.
Ils ont été fournis et des propositions intéressantes ont été faites.
Ils ont permis de détailler les différentes technologies disponibles et leur maturité.
Le thème Recherche et développement a été particulièrement évoqué ; en effet, la R D doit être de plus en plus ciblée sur les nouvelles technologies de l'énergie. Il nous faut de véritables ruptures technologiques pour parvenir à réaliser le défi de 2050.
L'une des difficultés, comme l'indiquait Christian de BOISSIEU ce matin, c'est que nous ne connaissons pas encore les technologies que les scientifiques seront capables d'inventer dans les prochaines décennies.
Mais nous disposons d'un certain nombre de pistes dans différentes filières, et nous aurons besoin de mener à bien toutes ces pistes conjointement pour parvenir à l'objectif de la division par 4.
Les grands programmes de l'Agence Nationale de la Recherche, sur des thématiques telles que la pile à combustible et l'hydrogène, la séquestration et le stockage du carbone, le photovoltaïque, y contribuent et je suis heureuse que son directeur ait pu être présent lors de ces rendez-vous.
En matière de logement, le nouveau crédit d'impôt renforcé pour les économies d'énergie et les énergies renouvelables va permettre d'encourager les Français à faire des économies d'énergie et, en même temps, à préserver la planète.
L'étiquette CO2 a aussi été largement décrite et discutée pendant ces deux jours. C'est un dispositif d'information transversal du Plan Climat qui s'appliquera, à partir de l'an prochain, aussi bien aux voitures qu'aux logements.
Le Premier Ministre a confirmé que cette étiquette figurera sur les voitures à la vente à partir du 1er juin 2006. Elle apparaîtra aussi sur les diagnostics de performance énergétique pour le logement obligatoires à partir de juillet 2006. Ce double dispositif facilitera l'information et incitera les Français à choisir des produits écologiques.
Toujours en matière de logement, j'ai appelé hier tous les professionnels, mais aussi les organismes en charge du logement social, à mettre en uvre les normes de haute qualité environnementale quand c'est possible, mais surtout, dans tous les cas de figure, de haute performance énergétique. Je suis heureuse qu'Alain LECOMTE, qui représentait Jean-Louis BORLOO, ait pu nous confirmer son engagement dans le même sens et sa volonté de mobiliser tous les professionnels vers cet objectif.
Un autre thème qui m'a paru intéressant et nouveau est celui de la " finance carbone ".
Vous avez, ce matin, beaucoup parlé du marché de quotas de gaz carbonique. Il s'agit en effet d'un instrument particulièrement innovant au service de l'écologie.
Le marché des quotas a été mis en place en France et en Europe depuis le début de l'année 2005 et il s'applique à 1100 sites industriels en France. Auparavant, ces sites industriels émettaient des quantités incontrôlées de CO2 dans l'atmosphère ; désormais les émissions sont plafonnées.
Les débats de ce matin ont permis de montrer qu'il est possible d'appliquer ce marché de quotas de CO2 à d'autres secteurs économiques, tels que le transport aérien, ou à travers des projets domestiques réalisés dans des secteurs diffus tels que l'agriculture, les transports ou le bâtiment.
Je me réjouis que la Caisse des Dépôts et Consignations nous ait transmis, à François LOOS et moi-même, à l'occasion du Rendez-vous Climat 2005, un rapport contenant des propositions utiles pour mettre en uvre ces projets domestiques de réduction des gaz à effet de serre sur tout le territoire français.
Cet important travail résulte d'une longue concertation avec tous les acteurs professionnels, et je remercie encore M. Francis MAYER pour son implication et son rôle sur le sujet.
Enfin, j'aimerais conclure par les débats qui m'ont paru intéressants lors de l'atelier sur les collectivités locales.
Le Guide à l'attention de ces collectivités, pour aider à la mise en uvre de Plans Climat Territoriaux, vous a été présenté.
Il s'agit ni plus ni moins que de réaliser l'équivalent du Plan Climat national, à l'échelle d'une ville, d'un département ou d'une région. Cette déclinaison est fondamentale.
Ce Guide a fait l'objet d'un travail important de la Mission interministérielle sur l'effet de serre et de l'ADEME.
Il vous a été présenté hier, et il sera diffusé très largement à l'occasion du Congrès des Maires, à la fin du mois de novembre.
Sachez tous que je suis résolue à avancer sur ce sujet majeur de la lutte contre le changement climatique. J'en ai fait la toute première priorité de notre action.
Je défendrai lors de la conférence sur le climat à Montréal au mois de décembre, comme je l'ai fait au Groenland cet été avec tous mes homologues, comme je l'ai fait à Londres il y a quinze jours, une position française forte et résolue pour convaincre nos partenaires de respecter le protocole de Kyoto et d'aller vers un système d'engagements au-delà de 2012.
Car nous ne devons pas nous arrêter aux objectifs de court terme : nous avons un défi majeur à réaliser, celui de la division par quatre des émissions à l'horizon de 2050. Et nous devons être tous unis pour cet objectif.
Merci encore à la Présidente de la RATP, Mme Anne-Marie IDRAC, d'avoir bien voulu accueillir cette conférence. Merci à tous pour votre volonté et votre engagement.
(Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 17 novembre 2005)