Texte intégral
Q- C'est une semaine formidable pour le Gouvernement ! En ce moment, il réussit tout, tout lui réussit, il y a de quoi être fier, c'est magnifique cette semaine.
R- Je ne vois pas ce qu'il y a de magnifique, je vois surtout que l'on a beaucoup de sujets à traiter en même temps et qu'ils exigent les uns et les autres de le faire avec beaucoup de détermination.
Q- Mais il n'y a pas de couacs, de dérapages, bévues, bavures ? On appelle cela comme on veut...
R- Vous trouvez que sur les sujets difficiles, on peut avoir la solution, comme cela, en cinq secondes ? Non, cela n'existe pas ! Quand on a face à nous un certain nombre de problèmes et de défis, c'est vrai, on cherche, on travaille ensemble, on discute. Il y a des moments où tout va bien, des moments où c'est plus difficile. Mais je peux vous dire que dans tous les cas de figure, on assume les responsabilités, et de toute façon, il faut trouver les bonnes solutions.
Q- Si on prenait trois exemples : N. Sarkozy sur France 3, ce n'est pas clair ; P. Clément, la récidive, le bracelet électronique avec le Conseil constitutionnel ; D. Perben et tout le Gouvernement qui choisit à midi de privatiser totalement la SNCM et le soir, de faire de l'Etat un actionnaire minoritaire, et le lendemain, c'est le GIGN ! Est-ce que le Premier ministre était au courant des décisions prises par ses ministres ?
R- Naturellement. La seule chose, c'est que ce dossier, celui de la SNCM, il exige de faire les choses de manière pragmatique. Vous avez une société qui est publique, sur laquelle l'Etat a mis beaucoup d'argent ces dernières années, des plans de recapitalisation, des plans de sauvetage. Aujourd'hui, quelle est la situation ? D'une côté des concurrents qui gagnent de l'argent, de l'autre, la SNCM qui en perd, dans des conditions tellement importantes que c'est l'avenir même de la société qui est menacé. Qu'est-ce qu'on fait ? On s'arrête, on ferme, on verse simplement des larmes ou on se bouge ? Vous avez bien compris. A partir de là, le choix était de dire, notamment compte tenu des réglementations européennes, que l'Etat va céder cette entreprise à un repreneur qui soit en situation de redonner sa dynamique à la SNCM et de la sauver.
Q- On essaye d'être précis : ce matin, est-ce que le Gouvernement renonce à privatiser la SNCM ?
R- En aucun cas ! La question, simplement, est de voir à travers le débat que nous avons, si - afin que la transition se passe bien, afin que les uns et les autres soient dans la même logique de réussite et non pas dans ce climat d'invective et de violence, qui, effectivement, est inacceptable - si on est capables, ensemble, de trouver la solution qui sauve la SNCM et préserve le maximum d'emplois ? On est tous dans le même camp qui est celui de cet objectif et il n'y en a aucun autre.
Q- W. Butler était là hier matin, reste-t-il, ce matin, le repreneur ?
R- Oui, jusqu'à plus ample informé ; il est aujourd'hui celui qui a le meilleur dossier, notamment pour préserver les emplois et avec un plan de développement qui a vocation à sauver cette entreprise.
Q- Vous confirmez ce matin que l'Etat entrera dans le capital, même si c'est quelqu'un qui gère et décide la privatisation ?
R- Surtout si cela permet de mettre de l'huile dans les rouages, dont chacun a besoin pour s'écouter, se parler, se comprendre et se respecter, à ceci près naturellement, qu'on en vérifie la validité juridique et technique, ce qui est la moindre des choses.
Q- Mais pourquoi cela n'a-t-il pas été fait avant la privatisation totale, avant l'envoi du GIGN ? Même les autorités élues corses de l'UMP se plaignent du Gouvernement et de Bercy, de ne pas avoir été informées.
R- J'admire ceux qui sont capables d'avoir toujours tout bon, de ne jamais avoir besoin d'être pragmatiques. On est pragmatiques. Quand on a une demande par rapport à cette situation, il faut naturellement réagir, répondre ; c'est tout l'objectif. Vous l'avez vu - D. de Villepin a d'ailleurs reçu B. Thibault hier - l'idée c'est qu'on doit sortir de ce dossier par le haut, pour préserver l'avenir de cette entreprise.
Q- Le Gouvernement flotte un peu, on peut le reconnaître... Quand vous dites pragmatisme, cela veut dire flottement aussi, improvisation, adaptation...
R- Adaptation, cela me va. Cela veut dire que quand on est dans la difficulté, quand on écoute les uns et les autres, on trouve des solutions qui permettent à chacun de vivre bien ce que l'on a envie de faire ensemble.
Q- Vous avez dit très justement que D. de Villepin avait reçu hier B. Thibault, donc il y a une manière d'aider la CGT contre le Syndicat corse nationaliste. B. Thibault, en sortant de Matignon, a dit que le dossier n'était pas clos. Sur quoi allez-vous négocier, discuter ?
R- Je crois qu'à ce stade, tout ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est de trouver la solution, un, qui pérennise l'avenir de l'entreprise et le plus grand nombre possible d'emplois, et puis deuxièmement, de le faire en veillant à ce que les uns et les autres aient envie de gagner ensemble. Si pour cela, il y a le souhait que l'Etat reste pour une part minoritaire dans le capital, à ce moment-là, on peut en discuter, à condition, je le répète que ce soit validé techniquement et juridiquement.
Q- Le budget 2006 doit être un casse-tête. Vous n'avez pas la migraine ce matin ?
R- Non. C'est un budget que l'on a présenté avec T. Breton, c'est un budget de combat. Je sais que cela génère généralement le scepticisme...
Q- De combat ?! D'attente !
R- J'ai lu comme vous, c'est l'ambiance,
Q- Non, ce n'est pas l'ambiance, c'est la lecture.
R- Savez-vous pourquoi je parle de combat ? C'est parce que l'idée, c'est que la croissance ne tombe pas du ciel et que si on ne va pas la chercher avec les dents, elle n'arrive pas ! Donc, quand on fait un programme de baisse d'impôts, de mobilisation sur l'emploi, c'est pour la croissance.
Q- Le budget 2006 est construit à partir d'une hypothèse qui est peut-être juste, qui est peut-être fausse. Avec T. Breton, vous avez choisi une fourchette d'une belle croissance de 2 à 2,5 % C'est-à-dire la croissance qui vous convient. Et à partir de cela, tout votre raisonnement en découle. Mais s'il n'y a pas cette croissance et que vous dites "le Gouvernement espère", "le Gouvernement souhaite" avoir une croissance. Et si nous faisions ça, et si, et si... Avec des "si", des "si", il y a trop de si !
R- On peut aussi s'asseoir et se regarder mourir... Le seul problème, c'est que ce n'est pas l'objectif. L'année dernière, N. Sarkozy et D. Bussereau avaient pris une hypothèse de croissance qui était de l'ordre de 2,4 %, et puis cela ne s'est pas passé comme cela. Ce que je dis, simplement, c'est que notre hypothèse de croissance, bien sûr, elle est volontariste, mais d'un autre côté, quand vous faites une réforme fiscale, quand vous mobilisez 4 milliards d'euros sur l'emploi, quand vous faites un plan d'urgence pour faciliter l'embauche dans les entreprises, c'est bien pour que cela crée un dynamique. Qu'est-ce que je vois ces dernières semaines ? Des indicateurs, telle que la consommation qui s'améliore, le chômage qui commence un peu à baisser...
Q- Le moral des industriels qui recommencent à baisser...
R- Je vois bien. Pourquoi vos faits sont meilleurs que les miens ?! Je ne les invente pas...
Q- Et pourquoi les vôtres seraient meilleurs que les miens ? Parce que vous êtes le Gouvernement ?
R- Non, je dis simplement qu'il y a quelques perspectives qui donnent envie de voir le verre à moitié plein. J'ajoute que je vois des tas de gens qui commencent à en avoir marre d'être sans arrêt dans la morosité, dans la logique d'échec ; il y en a plein qui se disent "si une fois on gagnait quelque chose, si on se battait un peu ?". Eh bien voilà, c'est pour cela que nous avons bâti un budget qui va dans cet esprit.
Q- Mais même ceux qui se battent et qui sont prêts à se battre encore plus, parfois même avec vous, ils se battraient davantage si on leur disait la vérité. Est-ce qu'aujourd'hui, vous répétez, comme T. Breton il y a quelques semaines, "la France vit au-dessus de ses moyens" ? Voulez-vous quelques chiffres ? Vous les connaissez tous mieux que moi : 18.700 euros de dette par Français ; la dette publique de la France atteint pour la première fois les deux tiers de la richesse produite ; en 2006, le budget consacrera au seul paiement des intérêts l'équivalent de ce que lui rapportera l'impôt sur les sociétés. Notre système de finances publiques, comme dit les Echos, est "à bout de souffle". Pourquoi ne le dit-on pas ?
R- Je veux répondre, j'ai trop de choses à vous dire, c'est très important. La réponse c'est quoi ? Oui, T. Breton a dit cela, il a bien fait et ce que je constate avec vraiment beaucoup d'intérêt, c'est qu'enfin, grâce à ce qu'il a dit, on commence à comprendre qu'il faut maîtriser la dépense et pour la troisième année consécutive, la dépense publique ne va pas plus loin que l'inflation, et on va commencer, maintenant, à la diminuer. Un point de moins de dépense, c'est 3 milliards de marge de manuvre ; premier élément. Deuxième élément, nous présentons un budget dans lequel le déficit de l'Etat est totalement stabilisé, alors qu'il avait augmenté ces derniers temps, il est stabilisé malgré l'absence de croissance. Troisièmement, nous stabilisons l'endettement, alors qu'il s'est accru ces dernières années. Et enfin, quatrièmement, on fait un programme de baisses d'impôts et de réforme de notre fiscalité qui nous met au standard européen. On fait un plafonnement, qui fait qu'on ne pourra pas payer plus de 60 % de ses revenus, comme dans quatre ou cinq grands autres pays européens et on réforme l'impôt sur le revenu et la taxe professionnelle pour être attractifs. Encore une fois, il y a deux manières de voir les choses...
Q- ... Félicitations, vous êtes très bons !
R- Mais non. Ce n'est pas une question d'être bons, c'est une question que l'on a fait le constat des difficultés et que trois mois après, on revient avec un certain nombre de réponses. Personne n'a jamais dit que les choses étaient faciles, on se bat comme tout le monde. Simplement, on le fait sans prendre des antidépresseurs tous les matins.
Q- Vous dites que c'est un budget volontariste, on n'imagine pas un budget sans volonté, tout mou...
R- Enfin, reconnaissez avec moi que si les ministres ne le disent pas, je ne vois pas qui le dit ! Parce qu'en dehors de cela, il est toujours de bon ton de dire que cela va mal !
Q- Vous avez de la foi ? C'est à la fois le pari et la foi ?
R- C'est quelques raisonnements aussi, si je puis me permettre, parce que quand vous faites une réforme fiscale qui vous met au standard européen, quand vous vous mobilisez sur l'emploi et que vous assouplissez un peu les conditions de l'embauche, cela va aussi dans le sens d'aller chercher la croissance, quand même ! Mais vous dites qu'on aura moins de dettes plutôt en 2007, si ça continue ? Moins d'impôt, moins de dette, moins de déficit... Formidable, 2007 va être une année extraordinaire. Je le souhaite vraiment, mais pour le reste, dès 2006, les choses vont commencer à avancer. Quand vous faites une réforme qui va en faveur des classes moyennes et modestes, c'est-à-dire les gens qui travaillent, c'est évidemment, aussi, des gens qui consomment ! On a augmenté la Prime pour l'emploi, pour faire une vraie différence entre ceux qui, aujourd'hui, sont dans des revenus d'assistance, et ceux qui reprennent un emploi pour sortir de cette spirale folle, dans laquelle, aujourd'hui, quand vous êtes au RMI et que vous reprenez un travail, vous perdez de l'argent, ce qui est incroyable ! Eh bien aujourd'hui, on augmente très fortement le PPE, c'est-à-dire au niveau du Smic. La réforme fiscale de l'impôt sur le revenu va d'abord bénéficier aux classes modestes et moyennes. Tous ces éléments, ce sont des messages à l'attention de nos concitoyens.
Q- Et quand l'opposition, F. Hollande dit " tout est faux, rien n'est juste", et J.-M. Ayrault vous attribue "le prix Goncourt de la tartuferie".
R- Ce sont des formules que l'on connaît par cur quand on est dans l'opposition...
Q- Chacun est dans la routine.
R- Oui, ça, c'est sûr. La deuxième chose que je veux dire, c'est que pendant qu'ils disent cela, cela leur permet de ne faire aucune proposition alternative.
Q- Le Premier ministre va parler tout à l'heure à 11 heures, pour sa conférence de presse. Vous dites qu'il va reprendre la main. Il va la reprendre à qui ?
R- La réunion de presse du Premier ministre ce matin, c'est aussi une réunion de chantier, parce que l'objectif, pour lui, c'est de faire le point précis sur tout ce qui a été initié et puis aussi de parler d'avenir.
Q- Le maçon ! Encore des chantiers ?
R- Mais oui, bien sûr. Dans le métier que nous faisons, on passe quand même beaucoup de temps les mains dans le chantier !
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 septembre 2005)
R- Je ne vois pas ce qu'il y a de magnifique, je vois surtout que l'on a beaucoup de sujets à traiter en même temps et qu'ils exigent les uns et les autres de le faire avec beaucoup de détermination.
Q- Mais il n'y a pas de couacs, de dérapages, bévues, bavures ? On appelle cela comme on veut...
R- Vous trouvez que sur les sujets difficiles, on peut avoir la solution, comme cela, en cinq secondes ? Non, cela n'existe pas ! Quand on a face à nous un certain nombre de problèmes et de défis, c'est vrai, on cherche, on travaille ensemble, on discute. Il y a des moments où tout va bien, des moments où c'est plus difficile. Mais je peux vous dire que dans tous les cas de figure, on assume les responsabilités, et de toute façon, il faut trouver les bonnes solutions.
Q- Si on prenait trois exemples : N. Sarkozy sur France 3, ce n'est pas clair ; P. Clément, la récidive, le bracelet électronique avec le Conseil constitutionnel ; D. Perben et tout le Gouvernement qui choisit à midi de privatiser totalement la SNCM et le soir, de faire de l'Etat un actionnaire minoritaire, et le lendemain, c'est le GIGN ! Est-ce que le Premier ministre était au courant des décisions prises par ses ministres ?
R- Naturellement. La seule chose, c'est que ce dossier, celui de la SNCM, il exige de faire les choses de manière pragmatique. Vous avez une société qui est publique, sur laquelle l'Etat a mis beaucoup d'argent ces dernières années, des plans de recapitalisation, des plans de sauvetage. Aujourd'hui, quelle est la situation ? D'une côté des concurrents qui gagnent de l'argent, de l'autre, la SNCM qui en perd, dans des conditions tellement importantes que c'est l'avenir même de la société qui est menacé. Qu'est-ce qu'on fait ? On s'arrête, on ferme, on verse simplement des larmes ou on se bouge ? Vous avez bien compris. A partir de là, le choix était de dire, notamment compte tenu des réglementations européennes, que l'Etat va céder cette entreprise à un repreneur qui soit en situation de redonner sa dynamique à la SNCM et de la sauver.
Q- On essaye d'être précis : ce matin, est-ce que le Gouvernement renonce à privatiser la SNCM ?
R- En aucun cas ! La question, simplement, est de voir à travers le débat que nous avons, si - afin que la transition se passe bien, afin que les uns et les autres soient dans la même logique de réussite et non pas dans ce climat d'invective et de violence, qui, effectivement, est inacceptable - si on est capables, ensemble, de trouver la solution qui sauve la SNCM et préserve le maximum d'emplois ? On est tous dans le même camp qui est celui de cet objectif et il n'y en a aucun autre.
Q- W. Butler était là hier matin, reste-t-il, ce matin, le repreneur ?
R- Oui, jusqu'à plus ample informé ; il est aujourd'hui celui qui a le meilleur dossier, notamment pour préserver les emplois et avec un plan de développement qui a vocation à sauver cette entreprise.
Q- Vous confirmez ce matin que l'Etat entrera dans le capital, même si c'est quelqu'un qui gère et décide la privatisation ?
R- Surtout si cela permet de mettre de l'huile dans les rouages, dont chacun a besoin pour s'écouter, se parler, se comprendre et se respecter, à ceci près naturellement, qu'on en vérifie la validité juridique et technique, ce qui est la moindre des choses.
Q- Mais pourquoi cela n'a-t-il pas été fait avant la privatisation totale, avant l'envoi du GIGN ? Même les autorités élues corses de l'UMP se plaignent du Gouvernement et de Bercy, de ne pas avoir été informées.
R- J'admire ceux qui sont capables d'avoir toujours tout bon, de ne jamais avoir besoin d'être pragmatiques. On est pragmatiques. Quand on a une demande par rapport à cette situation, il faut naturellement réagir, répondre ; c'est tout l'objectif. Vous l'avez vu - D. de Villepin a d'ailleurs reçu B. Thibault hier - l'idée c'est qu'on doit sortir de ce dossier par le haut, pour préserver l'avenir de cette entreprise.
Q- Le Gouvernement flotte un peu, on peut le reconnaître... Quand vous dites pragmatisme, cela veut dire flottement aussi, improvisation, adaptation...
R- Adaptation, cela me va. Cela veut dire que quand on est dans la difficulté, quand on écoute les uns et les autres, on trouve des solutions qui permettent à chacun de vivre bien ce que l'on a envie de faire ensemble.
Q- Vous avez dit très justement que D. de Villepin avait reçu hier B. Thibault, donc il y a une manière d'aider la CGT contre le Syndicat corse nationaliste. B. Thibault, en sortant de Matignon, a dit que le dossier n'était pas clos. Sur quoi allez-vous négocier, discuter ?
R- Je crois qu'à ce stade, tout ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est de trouver la solution, un, qui pérennise l'avenir de l'entreprise et le plus grand nombre possible d'emplois, et puis deuxièmement, de le faire en veillant à ce que les uns et les autres aient envie de gagner ensemble. Si pour cela, il y a le souhait que l'Etat reste pour une part minoritaire dans le capital, à ce moment-là, on peut en discuter, à condition, je le répète que ce soit validé techniquement et juridiquement.
Q- Le budget 2006 doit être un casse-tête. Vous n'avez pas la migraine ce matin ?
R- Non. C'est un budget que l'on a présenté avec T. Breton, c'est un budget de combat. Je sais que cela génère généralement le scepticisme...
Q- De combat ?! D'attente !
R- J'ai lu comme vous, c'est l'ambiance,
Q- Non, ce n'est pas l'ambiance, c'est la lecture.
R- Savez-vous pourquoi je parle de combat ? C'est parce que l'idée, c'est que la croissance ne tombe pas du ciel et que si on ne va pas la chercher avec les dents, elle n'arrive pas ! Donc, quand on fait un programme de baisse d'impôts, de mobilisation sur l'emploi, c'est pour la croissance.
Q- Le budget 2006 est construit à partir d'une hypothèse qui est peut-être juste, qui est peut-être fausse. Avec T. Breton, vous avez choisi une fourchette d'une belle croissance de 2 à 2,5 % C'est-à-dire la croissance qui vous convient. Et à partir de cela, tout votre raisonnement en découle. Mais s'il n'y a pas cette croissance et que vous dites "le Gouvernement espère", "le Gouvernement souhaite" avoir une croissance. Et si nous faisions ça, et si, et si... Avec des "si", des "si", il y a trop de si !
R- On peut aussi s'asseoir et se regarder mourir... Le seul problème, c'est que ce n'est pas l'objectif. L'année dernière, N. Sarkozy et D. Bussereau avaient pris une hypothèse de croissance qui était de l'ordre de 2,4 %, et puis cela ne s'est pas passé comme cela. Ce que je dis, simplement, c'est que notre hypothèse de croissance, bien sûr, elle est volontariste, mais d'un autre côté, quand vous faites une réforme fiscale, quand vous mobilisez 4 milliards d'euros sur l'emploi, quand vous faites un plan d'urgence pour faciliter l'embauche dans les entreprises, c'est bien pour que cela crée un dynamique. Qu'est-ce que je vois ces dernières semaines ? Des indicateurs, telle que la consommation qui s'améliore, le chômage qui commence un peu à baisser...
Q- Le moral des industriels qui recommencent à baisser...
R- Je vois bien. Pourquoi vos faits sont meilleurs que les miens ?! Je ne les invente pas...
Q- Et pourquoi les vôtres seraient meilleurs que les miens ? Parce que vous êtes le Gouvernement ?
R- Non, je dis simplement qu'il y a quelques perspectives qui donnent envie de voir le verre à moitié plein. J'ajoute que je vois des tas de gens qui commencent à en avoir marre d'être sans arrêt dans la morosité, dans la logique d'échec ; il y en a plein qui se disent "si une fois on gagnait quelque chose, si on se battait un peu ?". Eh bien voilà, c'est pour cela que nous avons bâti un budget qui va dans cet esprit.
Q- Mais même ceux qui se battent et qui sont prêts à se battre encore plus, parfois même avec vous, ils se battraient davantage si on leur disait la vérité. Est-ce qu'aujourd'hui, vous répétez, comme T. Breton il y a quelques semaines, "la France vit au-dessus de ses moyens" ? Voulez-vous quelques chiffres ? Vous les connaissez tous mieux que moi : 18.700 euros de dette par Français ; la dette publique de la France atteint pour la première fois les deux tiers de la richesse produite ; en 2006, le budget consacrera au seul paiement des intérêts l'équivalent de ce que lui rapportera l'impôt sur les sociétés. Notre système de finances publiques, comme dit les Echos, est "à bout de souffle". Pourquoi ne le dit-on pas ?
R- Je veux répondre, j'ai trop de choses à vous dire, c'est très important. La réponse c'est quoi ? Oui, T. Breton a dit cela, il a bien fait et ce que je constate avec vraiment beaucoup d'intérêt, c'est qu'enfin, grâce à ce qu'il a dit, on commence à comprendre qu'il faut maîtriser la dépense et pour la troisième année consécutive, la dépense publique ne va pas plus loin que l'inflation, et on va commencer, maintenant, à la diminuer. Un point de moins de dépense, c'est 3 milliards de marge de manuvre ; premier élément. Deuxième élément, nous présentons un budget dans lequel le déficit de l'Etat est totalement stabilisé, alors qu'il avait augmenté ces derniers temps, il est stabilisé malgré l'absence de croissance. Troisièmement, nous stabilisons l'endettement, alors qu'il s'est accru ces dernières années. Et enfin, quatrièmement, on fait un programme de baisses d'impôts et de réforme de notre fiscalité qui nous met au standard européen. On fait un plafonnement, qui fait qu'on ne pourra pas payer plus de 60 % de ses revenus, comme dans quatre ou cinq grands autres pays européens et on réforme l'impôt sur le revenu et la taxe professionnelle pour être attractifs. Encore une fois, il y a deux manières de voir les choses...
Q- ... Félicitations, vous êtes très bons !
R- Mais non. Ce n'est pas une question d'être bons, c'est une question que l'on a fait le constat des difficultés et que trois mois après, on revient avec un certain nombre de réponses. Personne n'a jamais dit que les choses étaient faciles, on se bat comme tout le monde. Simplement, on le fait sans prendre des antidépresseurs tous les matins.
Q- Vous dites que c'est un budget volontariste, on n'imagine pas un budget sans volonté, tout mou...
R- Enfin, reconnaissez avec moi que si les ministres ne le disent pas, je ne vois pas qui le dit ! Parce qu'en dehors de cela, il est toujours de bon ton de dire que cela va mal !
Q- Vous avez de la foi ? C'est à la fois le pari et la foi ?
R- C'est quelques raisonnements aussi, si je puis me permettre, parce que quand vous faites une réforme fiscale qui vous met au standard européen, quand vous vous mobilisez sur l'emploi et que vous assouplissez un peu les conditions de l'embauche, cela va aussi dans le sens d'aller chercher la croissance, quand même ! Mais vous dites qu'on aura moins de dettes plutôt en 2007, si ça continue ? Moins d'impôt, moins de dette, moins de déficit... Formidable, 2007 va être une année extraordinaire. Je le souhaite vraiment, mais pour le reste, dès 2006, les choses vont commencer à avancer. Quand vous faites une réforme qui va en faveur des classes moyennes et modestes, c'est-à-dire les gens qui travaillent, c'est évidemment, aussi, des gens qui consomment ! On a augmenté la Prime pour l'emploi, pour faire une vraie différence entre ceux qui, aujourd'hui, sont dans des revenus d'assistance, et ceux qui reprennent un emploi pour sortir de cette spirale folle, dans laquelle, aujourd'hui, quand vous êtes au RMI et que vous reprenez un travail, vous perdez de l'argent, ce qui est incroyable ! Eh bien aujourd'hui, on augmente très fortement le PPE, c'est-à-dire au niveau du Smic. La réforme fiscale de l'impôt sur le revenu va d'abord bénéficier aux classes modestes et moyennes. Tous ces éléments, ce sont des messages à l'attention de nos concitoyens.
Q- Et quand l'opposition, F. Hollande dit " tout est faux, rien n'est juste", et J.-M. Ayrault vous attribue "le prix Goncourt de la tartuferie".
R- Ce sont des formules que l'on connaît par cur quand on est dans l'opposition...
Q- Chacun est dans la routine.
R- Oui, ça, c'est sûr. La deuxième chose que je veux dire, c'est que pendant qu'ils disent cela, cela leur permet de ne faire aucune proposition alternative.
Q- Le Premier ministre va parler tout à l'heure à 11 heures, pour sa conférence de presse. Vous dites qu'il va reprendre la main. Il va la reprendre à qui ?
R- La réunion de presse du Premier ministre ce matin, c'est aussi une réunion de chantier, parce que l'objectif, pour lui, c'est de faire le point précis sur tout ce qui a été initié et puis aussi de parler d'avenir.
Q- Le maçon ! Encore des chantiers ?
R- Mais oui, bien sûr. Dans le métier que nous faisons, on passe quand même beaucoup de temps les mains dans le chantier !
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 septembre 2005)