Déclaration de M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur la sécurité alimentaire et le contrôle de qualité des produits, notamment dans le cadre d'une campagne d'information en prévision de la tenue des Etats généraux de l'alimentation, Paris le 17 octobre 2000.

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Circonstance : Ouverture des Etats généraux de l'alimentation à Paris le 17 octobre 2000

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Nous sommes réunis, avec Marylise Lebranchu et Dominique Gillot pour donner, en quelque sorte, le coup d'envoi officiel des Etats généraux de l'alimentation. Le premier ministre avait annoncé sa décision de les organiser, il y a un an, dans cette même salle. C'était le 21 Octobre 1999, lors de la table ronde sur l'agriculture.
Pourquoi des Etats généraux de l'alimentation ?
L'année dernière a vu naître une succession de crises alimentaires, alertes multiples à la listéria, crise de la dioxine, toutes génératrices d'inquiétude et d'angoisse chez bon nombre de nos concitoyens. Les incertitudes sur l'encéphalopathie spongiforme bovine ou les interrogations sur les organismes génétiquement modifiés ont également contribué au développement d'une défiance à multiples facettes à l'égard de notre alimentation:
- défiance quant à la sécurité des aliments ;
- défiance quant à la qualité, avec le rejet d'une "malbouffe", trop standardisée qui serait imposée par la mondialisation des échanges ;
- défiance parfois vis à vis des agriculteurs et des industriels de l'alimentaire, soupçonnés d'avoir des pratiques de production à risques pour l'environnement ou le consommateur, au nom du profit économique.
La volonté de restaurer le débat public avec les français sur notre modèle alimentaire, en dehors de tout contexte passionnel, a conduit le gouvernement à avoir recours à une forme d'échanges innovante. Il s'agit de replacer le consommateur au coeur des débats, en présence d'acteurs économiques ou institutionnels, pour s'interroger ensemble sur l'évolution de nos attentes en matière d'alimentation, sur "que voulons nous manger". C'est un pari que nous faisons, sans préjuger ni de son contenu, ni donc des conclusions, que nous pourrons en tirer le moment venu.
Les travaux préparatoires à ces Etats généraux de l'alimentation nous ont conforté dans notre postulat de départ: l'alimentation ne peut être réduite à la seule sécurité sanitaire.
Certes une alimentation de qualité, c'est d'abord de pouvoir disposer de produits sûrs pour tous, et ceci quel que soit le niveau de prix. C'est aussi, en fonction de notre propre personnalité, la qualité ou la diversité de ce qui nous est proposé. Enfin " s'alimenter bien " en terme d'équilibre nutritionnel est nécessaire à notre bon état de santé; et fait partie des préoccupations quotidiennes. A ce titre, 21 % de nos concitoyens considèrent qu'une alimentation déséquilibrée présente un risque pour la santé (Dominique GILLOT évoquera ce sujet plus précisemment).
Les Etats généraux de l'alimentation, quelle organisation ?
Ils se décomposent en deux temps principaux, une première phase préparatoire, en cours de réalisation, et une phase institutionnelle.
La phase préparatoire s'est appuyée sur trois modes de consultation de nos concitoyens.
Une vaste enquête d'opinion a été confiée à l'agence IPSOS. Il s'agit d'identifier les attentes, interrogations, contradictions et perception de l'information dans le domaine de l'alimentation en général. L'intégralité des résultats sera rendue publique lors des cinq forums régionaux.
Les premiers enseignements vous seront néanmoins présentés tout à l'heure par
M. Giacometti, directeur général d'IPSOS.
Des débats entre citoyens, consommateurs et professionnels de l'alimentation sont organisés. Ces groupes de discussion, en présence de sociologues ont eu lieu dans les cinq villes retenues pour l'organisation de forums régionaux. Ces " pré-forums " ont ainsi permis d'identifier des consensus, mais aussi des attentes contradictoires du consommateur. Par ailleurs, des débats publics ont été organisés dans toute la France par trois associations de consommateurs sur le thème plus particulier des organismes génétiquement modifiés. Mais Marylise Lebranchu y reviendra.
Un troisième mode de consultation qui durera pendant toute la durée des Etats généraux est la consultation par Internet. Un site spécifique leur est consacré. Il répond à trois objectifs, informer, permettre de s'inscrire aux forums, et surtout recueillir les questions du public.
Par ailleurs, nous avons demandé au Conseil national de l'alimentation, et à son président Christian Babusiaux, de travailler avec nos services au suivi de ces Etats généraux et d'enrichir les réflexions par leur contribution.
La deuxième phase, que nous lançons aujourd'hui comportera deux temps forts.
Pendant dix jours, du 13 au 23 Novembre, auront lieu les forums régionaux, de l'alimentation à Lille, Lyon, Nantes, Marseille et Toulouse. Ceux-ci recréeront les conditions d'un débat interactif entre acteurs locaux de la filière alimentaire, milieux associatifs, élus, professionnels de santé et de l'éducation. Les thèmes abordés seront ceux ayant émergé à la fois de l'enquête d'opinion et des pré-forums.
Le Colloque National des Etats généraux se tiendra le 13 Décembre à Paris au foyer de la Grande Arche. Il rassemblera plus de 500 personnes dont une partie ayant participé aux forums régionaux ainsi que là encore différents acteurs du monde agroalimentaire, les professionnels de la santé, les associations de consommateurs, les représentants des administrations concernées, les organisations chargées de la veille et de l'évaluation scientifique, la presse, des experts scientifiquesIl sera clôturé par le premier ministre.
Ce colloque permettra la restitution à la fois des forums et des travaux préparatoires mais aussi des initiatives menées parallèlement par les associations de consommateurs sur les OGM ou par d'autres organisations professionnelles. Sans préjuger d'ores et déjà du contenu des conclusions je suis convaincu qu'elles seront riches d'enseignements sur lesquels les pouvoirs publics pourront asseoir la poursuite d'une politique ambitieuse de l'alimentation.
(source http://www.agriculture.gouv.fr, le 19 octobre 2000)