Déclaration de Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, sur l'insertion des jeunes, notamment le rôle des missions locales pour l'insertion et le renforcement des instances de concertation (programme TRACE), Paris le 20 avril 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Assises nationales des missions locales et des PAIO à Paris le 20 avril 2000

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le président de l'association des régions de France,
Monsieur le Président du Conseil National des Missions Locales,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Il y a tout juste un an, nous étions réunis à Grenoble, à l'initiative de Michel Destot, Président du Conseil national des missions locales depuis 1998. Je veux souligner devant vous son engagement en faveur de l'insertion des jeunes et dans l'action qu'il mène à la tête du Conseil. Elu de terrain, parfait connaisseur des difficultés rencontrées par les jeunes dans leur entrée sur le marché du travail, il n'a pas ménagé son énergie durant toute cette année pour valoriser le travail et rechercher des solutions pour rendre encore plus efficace le réseau des Missions Locales et des Permanences d'Accueil, d'information et Orientation (PAIO).
Ce réseau a vu le jour en 1982, à l'initiative du gouvernement de Pierre Mauroy. C'est Bertrand SCHWARTZ qui, dans son rapport sur la situation des jeunes sans qualification, avait proposé de créer de nouvelles structures associant l'Etat, les communes et les partenaires socio-économiques pour organiser localement une intervention globale afin de faciliter l'insertion sociale et professionnelle des jeunes.
Dix huit ans après, ce réseau est plus que jamais au cur des politiques publiques en faveur de l'insertion des jeunes.
Pilote du dispositif TRACE qui s'adresse aux jeunes qui cumulent le plus de difficultés, il prend aussi une part importante dans le programme "Nouveau Départ"t; coordonné par l'ANPE et qui permet d'accompagner plus directement et rapidement vers l'emploi les jeunes qui en ont la capacité.
Il s'est investi dans le programme emplois jeunes en permettant à des jeunes de concrétiser des projets de création de nouveaux services, en s'appuyant sur leur dynamisme et leur capacité d'innovation.
Il est également impliqué au quotidien dans la politique de la ville, Claude BARTOLONE vous a dit ce matin en ouverture combien il comptait sur les missions locales urbaines pour enrayer le chômage dans ces quartiers.
Le réseau est enfin un partenaire essentiel des politiques mises en uvre par les Conseils régionaux.
Les missions locales et les PAIO sont à la convergence à la fois des politiques de l'Etat et des politiques décentralisées menées par les collectivités locales. Lors de la conférence de mars 1999, j'avais souhaité que nous donnions corps ensemble à un réseau consolidé, stabilisé, membre à part entière du service public de l'emploi, efficace et innovant.
Cela supposait d'ouvrir des chantiers importants. Je crois que chacun s'accordera à dire que nous avons fortement avancé et je veux remercier le Conseil National des Missions Locales et son Président, qui a su, en concertation avec vous tous, animer ce travail d'élaboration du protocole 2000 des missions locales que nous allons signer dans quelques instants avec Jean-Pierre RAFFARIN et Michel DESTOT, en présence du Premier ministre.
Ce protocole 2000 est un acte important pour différentes raisons :
1 - Nous affirmons tout d'abord notre responsabilité commune et partagée de tout faire pour construire pour les jeunes et avec eux, une société qui soit capable de les accueillir et de leur construire un avenir qui ne soit pas celui du chômage, de l'assistance ou de la désespérance.
C'est un acte important parce que cette volonté, nous ne nous contentons pas de l'affirmer, nous la concrétisons, notamment dans le programme TRACE et je voudrais saluer sur ce point l'engagement des collectivités locales et en particulier celui de la quasi-totalité des régions.
Nous l'avons concrétisé également dans les contrats de plan Etat/région où nous avons affiché pour la première fois ensemble la priorité que nous accordions à la question de l'insertion des jeunes.
2 - Nous reconnaissons que le réseau est charge d'une mission de service public et que cette mission doit concerner en priorité les jeunes les plus en difficulté. Il ne s'agit pas, de réaffirmer, comme certains d'entre vous ont pu le craindre, je ne sais quelle tutelle, l'objectif est de rechercher une égalité de service et de se donner les moyens d'avoir un réseau unifié, capable partout de proposer une offre de service de qualité et complète.
Le travail des missions locales n'est pas un travail de guichet, il implique de pouvoir rassembler des compétences et des partenaires pour construire des parcours d'insertion. C'est pour cela qu'il faut fédérer les plus petites structures au niveau des bassins d'emploi ou de territoires reflétant des dynamiques locales (pays, agglomérations...). C'est bien sûr possible sans affecter le service de proximité.
Le mouvement en ce sens est d'ailleurs engagé depuis plusieurs années, en étroite concertation avec les élus. Il faut que nous le poursuivions.
3 - Nous soutenons aussi la démarche de négociation d'une convention collective dans laquelle vous êtes maintenant engagés et que vous a présenté Bernard LOISEAU.
Le temps est venu d'élaborer un statut collectif pour les salariés du réseau. Le statut c'est une identité professionnelle, c'est une reconnaissance mais c'est aussi une plus grande unité, un développement du professionnalisme, une plus grande exigence en matière de formation et de qualification. C'est au total, j'en suis sûre, davantage de qualité et d'efficacité dans l'action.
4 - Nous renforçons les instances de concertation et de direction.
Nous avons opportunément rappelé dans ce protocole que l'Etat et les collectivités territoriales fondatrices sont aussi des partenaires au sein des missions locales et je souhaite clairement la présence des représentants de l'Etat dans les instances des missions locales pour marquer notre engagement conjoint en faveur de l'insertion des jeunes.
A Grenoble, j'avais demandé à Michel DESTOT de me faire des propositions pour que le CNNM soit plus représentatif du réseau. La proposition d'intégrer les associations régionales des Présidents de Missions locales au sein du Conseil répond à cet objectif et nous permettra d'avoir au niveau national une instance de concertation, telle que vous l'avez souhaitée.
Nous proposerons ensuite de compléter sa composition par voie législative, pour intégrer des représentants des conseils régionaux.
5 - Nous clarifions enfin les règles d'évaluation et de financement.
Les chiffres seuls ne peuvent pas rendre compte de la diversité du travail des missions locales. Nous en avons bien conscience.
Mais il faut rendre les résultats de votre action plus lisibles, se fixer des objectifs, C'est la condition nécessaire pour être reconnus et compris. Pour engager ces démarches de progrès, vous avez besoin d'une stabilité et d'une visibilité à moyen terme. C'est pourquoi nous avons prévu des conventions pluriannuelles. Je sais que cela correspond à votre demande.
Ce protocole est pour vous, responsables du réseau, un acte de reconnaissance et un projet fédérateur, il est pour nous tous un engagement à travailler ensemble pour réussir l'insertion des jeunes. Il ouvre une nouvelle période pour ce réseau, celle d'une identité affirmée, celle d'une efficacité renforcée.
Je vous remercie.
(source http://www.travail.gouv.fr, le 22 mai 2000)