Texte intégral
Monsieur le Président,
Messieurs les Rapporteurs,
Mesdames et Messieurs les députés,
Tout d'abord, je voudrais remercier Messieurs les rapporteurs de la Commission des Finances et de la Commission de la production et des échanges pour la qualité de leur travail.
Je voudrais aussi les remercier pour l'adhésion qu'ils apportent aux principales orientations proposées dans mon budget.
Je voudrais enfin remercier tous les orateurs des différents groupes pour l'intérêt qu'ils portent à la question du développement touristique.
Si dans certains propos, j'ai bien entendu quelques réserves d'appréciation sur la hauteur du budget que je soumets à votre approbation aujourd'hui, permettez-moi d'y voir d'abord une reconnaissance commune du fait que nous touchons, avec le tourisme, un secteur important de notre économie nationale.
Je m'en réjouis car je sens bien qu'il ne me sera pas besoin d'en faire beaucoup pour vous convaincre qu'il est un facteur essentiel de développement économique et social du pays, capable notamment d'apporter des réponses au grave problème du chômage qui nous préoccupe tous et dont le gouvernement a fait la première de ses priorités.
Le tourisme est en effet un facteur important de croissance sur lequel nous devons apprendre à davantage nous appuyer pour élargir le champ des possibles et offrir à aux jeunes, aux hommes, aux femmes, à tous nos concitoyens, la perspective de mieux vivre dans notre société.
Bien qu'il soit confronté à un certain nombre de difficultés sur lesquelles j'aurai l'occasion de revenir, c'est un secteur qui se porte bien. Je veux le rappeler.
Première industrie française devant l'automobile et l'agroalimentaire, l'activité touristique génère en effet, chaque année, quelques 720 milliards de francs de chiffre d'affaire et rapporte près de 165 milliards de devises étrangères. Avec un solde de plus de 66 milliards (c'est à dire la moitié de la facture énergétique française) le tourisme se positionne en fait comme le premier poste excédentaire des transactions courantes, en hausse de plus de 22% sur un an.
Si, par son essence même, il concourt à l'épanouissement de la personne humaine en favorisant la découverte d'autres peuples et d'autres cultures, il constitue donc (et vous avez été nombreux à le souligner), un enjeu majeur dans le développement du territoire et représente surtout, à mes yeux, un formidable réservoir d'emploi.
En disant cela, je ne transforme pas un espoir personnel en incantation ministérielle.
Je m'appuie sur diverses études d'experts internationaux indiquant toutes que dans les quinze à vingt prochaines années nous allons assister à un triplement des flux touristiques mondiaux. Un ultime rapport remis tout récemment à la Commission de Bruxelles relève d'ailleurs que pour y faire face il nous faudra créer en Europe de 2 à 3 millions d'emplois supplémentaires dans les dix années à venir.
Comment, dès lors, imaginer que la France (première destination touristique mondiale) puisse ne pas pleinement bénéficier de cette perspective de croissance ?
Face au désarroi de la jeunesse s'interrogeant sur son avenir, comment ne pas voir là une chance de lui offrir de nouveaux débouchés professionnels ?
Mais il n'est pas même besoin de se lancer dans des prospectives pour constater simplement qu'avec 12.000 nouvelles embauches crées en moyenne chaque année, le tourisme est d'ores et déjà " l'un des très rares secteurs économiques dont la modernisation s'accompagne de créations d'emplois ", comme le souligne d'ailleurs Monsieur Bouvard dans son rapport.
C'est pourquoi depuis ma prise de fonction, je m'attache à impulser cette modernisation, d'autant plus nécessaire que les comportements et les aspirations des touristes ont évolué. Mon objectif reste donc entier. Il est de contribuer à faire progresser la fréquentation touristique française et étrangère et de mieux la répartir sur l'ensemble du territoire, afin de favoriser un développement local qui soit créateur de richesses et d'emplois.
A ce propos, je ne suis pas sûre, Monsieur Bouvard, que " ces priorités ne se démarquent guère de celles retenues par le passé ", comme j'ai pu le lire dans votre rapport. D'abord parce qu'elles ont au moins la chance de pouvoir être concrétisées.
Car vous savez bien qu'entre 1993 et ma nomination en juin 1997, il n'y a eu qu'un ministère spécifique en charge du tourisme et cela pendant à peine six mois. C'est cette situation qui a entraîné les conséquences que vous connaissez sur l'orientation politique et surtout sur la structure administrative. C'est ce désintérêt qui m'a fait trouver, à mon arrivée, il y a dix-sept mois, une administration affaiblie et des moyens d'interventions limités.
Trop longtemps, vous le savez, l'Etat a délaissé le domaine du tourisme raccrochant ce secteur, sans véritable stratégie, tour à tour à l'Industrie, au Commerce extérieur, à l'Equipement, à la Jeunesse et aux Sports, à la Culture ou à l'Environnement... En redonnant au tourisme un ministère, et à tous les acteurs de ce milieu un interlocuteur privilégié, l'actuel gouvernement s'est bel et bien démarqué des politiques antérieures.
Tout le monde d'ailleurs, l'an dernier, dans cet hémicycle s'en était félicité.
Devant vous j'avais déploré l'hémorragie budgétaire dont il était victime depuis plusieurs années et m'étais engagée à la stopper. C'est chose faite aujourd'hui, comme vous l'avez tous reconnu. Puisqu'avec 372 millions de francs en crédits de paiement et 45 millions de francs en autorisations de programmes, le budget 1999 est en augmentation de 7,18% par rapport à la Loi de Finances Initiales pour 1998.
Il est clair pour moi que cette augmentation constitue une première étape. Comme vous tous, bien sûr, je pense qu'il nous faudra aller plus avant. L'objectif final étant bien de retrouver au minimum les moyens dont le ministère disposait en 1992.
Nous allons entrer, d'ici quelques semaines, dans la dernière année du millénaire. Une année charnière, durant laquelle nous serons notamment amenés à définir de nouveaux objectifs pour l'aménagement du territoire, à travers les Contrats de Plan.
Je veux vous dire ici combien, pour moi, elle sera essentielle, afin de préparer notre pays à répondre aux défis de ce nouvel âge du tourisme qui s'ouvre devant nous, et que je ne conçois qu'à visage humain, respectueux de l'environnement et de la culture des populations.
A mes yeux, il n'est, en effet, pas de temps à perdre pour améliorer la qualité et la diversité de l'offre touristique française et lui permettre ainsi de mieux répondre aux aspirations de nos concitoyens et de nos visiteurs étrangers.
Nous avons déjà commencé de le faire cette année. Mais c'est en 1999 qu'un " décollage " peut s'opérer.
Car vous avez raison, Monsieur Dufau, rien n'est jamais acquis et c'est tout de suite qu'il nous faut savoir rebondir sur les retombées extrêmement positives qu'a entraîné, en terme d'image, le succès de la Coupe du Monde de Football. Dès maintenant qu'il faut ouvrir cet immense chantier.
A ce propos, je voudrais vous dire que, si beaucoup craignait qu'à l'image de l'Italie ou de l'Espagne, notre pays connaisse une baisse spectaculaire de sa fréquentation touristique durant le Mondial, il n'en a rien été. La France peut même se féliciter d'avoir fait une très bonne saison estivale 1998, car non seulement le nombre de touristes n'a pas baissé mais, au contraire, augmenté.
Je crois d'ailleurs que la forte mobilisation des professionnels autour de la campagne "Bonjour la France accueille le monde", initiée par mon ministère, y a fortement contribué.
En fait, on constate que l'effet " rebond " que l'on pouvait plutôt attendre pour l'année prochaine s'est réalisé dès le mois d'août.
Car en montrant sa capacité à maîtriser un événement de cet ampleur, la France a su parfaitement tiré son épingle du jeu. L'extraordinaire couverture médiatique de la Coupe du Monde ayant suscité un nombre considérables d'articles et de reportages, à côte de l'événement sportif lui-même, qui ont permis de porter sur l'ensemble du globe une image extrêmement positive de notre pays.
Pour tenter de quantifier ces effets médiatiques, j'ai d'ailleurs fait étudier par Maison de la France leur retombées dans la presse en terme de contre-valeur publicitaire.
Je peux vous dire que si l'on avait voulu faire une campagne promotionnelle sur le produit France, qui aurait touché de la même manière 37 milliards de téléspectateurs en audience cumulée, nous aurions dû investir 778 millions de francs dans la presse étrangère et 30 millions dans la presse nationale.
Il n'est donc surtout pas le moment de laisser s'échapper le bénéfice de cette sensibilisation internationale. Il nous faut au contraire en profiter pour pénétrer de nouveaux marchés comme nous avons commencé de le faire en ouvrant, par exemple, cette année un bureau de Maison de la France en Chine et un autre en Pologne.
Partout où nous sommes implantés, il nous faut conforter cette image d'une France des régions plus accueillante et plus dynamique qui a été celle de la France championne du Mondial. Profiter du fait qu'elle est encore dans les esprits pour donner envie aux populations et aux entreprises étrangères de découvrir la richesse de notre pays.
Je pense en effet aux entreprises étrangères car je n'oublie pas que le tourisme c'est aussi le tourisme d'affaires et qu'en la matière nous avons des savoirs-faire et des perspectives de développement.
Une partie importante de budget du tourisme va donc être affectée aux moyens de promotion et de communication de notre pays à l'étranger, comme d'ailleurs vous m'aviez encouragé à le faire l'année passée.
Ainsi, le budget de Maison de la France passera-t-il de 123 à 153 millions de francs. Ce qui représente une progression de 23,4 %.
Cette dotation nous permettra, comme je viens de le dire, de conforter la structure et les moyens d'actions des services français du tourisme à l'étranger. Elle nous permettra aussi de mobiliser plus largement les partenaires professionnels, publics, privés ou associatifs, avec lesquels nous assurons, tout au long de l'année, la présence de la France en Europe et dans le monde.
Mais vous le savez, pour moi, favoriser la progression de la fréquentation touristique passe aussi, et d'abord, par le fait d'assurer à tous nos concitoyens le droit aux vacances. C'était, en 1998, l'un des axes importants de ma politique. Cela le demeurera en 1999, car j'entends bien poursuivre et conforter les engagements et les mesures pris au cours de cette année.
Je songe notamment à l'élargissement de l'attribution des chèques-vacances aux personnels des PME de moins de 50 salariés, qui ne pouvaient pas jusqu'à présent en bénéficier, faute de comité d'entreprise. Par cette disposition, 7 millions et demi de salariés et leurs familles sont concernés, qui, constituant la part de la population aux revenus les plus modestes, font probablement partie de ces 37% de Français qui ne partent pas.
Le projet de loi que j'ai soumis en ce sens, à l'examen du Conseil des Ministres, cet été, devrait, je l'espère, très rapidement être programmé au calendrier parlementaire.
En revanche, je peux vous dire que, d'ores et déjà, nous travaillons, avec l'Agence Nationale pour le Chèque-Vacances, sur un matériel d'information des chefs d'entreprises et de leurs salariés, afin que, dès son adoption, ils puissent se saisir de cet outil favorisant l'aide au départ.
Je pense aussi à la campagne annuelle de sensibilisation en faveur de l'accueil des personnes handicapées sur les lieux de vacances, dont la première édition a eu lieu en septembre dernier, et a permis une vaste mobilisation des professionnels du tourisme et leur mise en relation avec les associations spécialisées.
En 1999, elle sera évidemment reconduite et amplifiée. Des actions de formation en direction des professionnels viendront par ailleurs s'y ajouter.
Au-delà de mesures législatives et réglementaires, notre action en faveur du tourisme pour tous se traduira également par un effort budgétaire conséquent en direction du secteur associatif, afin de permettre aux plus défavorisés de partir en vacances, mais aussi de moderniser les équipements à vocation sociale ou familiale.
Comme je viens de le rappeler : 37 % de la population n'accède pas aux vacances, dont au moins la moitié pour des raisons essentiellement financières.
C'est une réalité que l'on ne peut accepter. Surtout pas à l'aube du 21ème siècle.
C'est pourquoi, vous le savez, j'ai proposé que soit inséré, dans la loi du 29 juillet 1998, relative à la lutte contre les exclusions, un article consacrant " l'égal accès de tous, tout au long de la vie, aux vacances " comme " un objectif national ".
Cet article précise que " la réalisation de cet objectif " passe par le développement des structures à caractère social et familial et l'organisation du départ en vacances des personnes situation d'exclusion.
Sur les 11 millions de francs que je me propose d'affecter, en 1999, au soutien du secteur associatif (c'est à dire 4 millions de plus que l'année dernière), 2 millions pourraient donc servir au fonctionnement d'une " Bourse Solidarité Vacances ", structure dont le rôle sera de rapprocher, dans une démarche de solidarité, les professionnels du tourisme, les associations caritatives et les comités de chômeurs, afin de mettre en commun les moyens et les compétences de chacun pour que les plus démunis aient aussi la possibilité de rompre avec le quotidien.
Deux autres millions de francs contribueront, par ailleurs, à financer des actions favorisant les séjours à l'étrangers et les échanges bilatéraux pour les jeunes en difficultés sociales.
Les signatures de Conventions d'Objectifs entre l'Etat et les associations de tourisme seront, quant à elles, poursuivies et financées à hauteur de 7 millions de francs, afin de conforter et de relayer l'action de mon ministère en faveur de l'insertion sociale des jeunes et des familles en difficultés, mais aussi du développement local, de l'emploi et de la formation.
A ces mesures viendront s'ajouter les " aides à la pierre " du Plan Patrimoine, que la circulaire du 25 mars 1998 oriente, notamment, en faveur d'une plus grande mixité sociale.
Comme vous vous en souvenez, j'ai, l'an dernier, dès mon arrivée, doublé les crédits consacrés à la réhabilitation du parc immobilier du tourisme social et associatif. Pour 1999, cet effort sera maintenu, puisque je me propose d'y affecter 13 millions 900 mille francs.
Permettez-moi d'ailleurs de m'étonner, Monsieur Bouvard, que la conclusion du rapport de la Commission des Finances, de l'Economie et du Plan affirme de façon si péremptoire que mon budget ne prend pas en compte " la faiblesse du tourisme français en matière de capacité et de qualité du parc d'hébergement du tourisme associatif ".
Et ce alors même que vous signalez dans votre rapport que la baisse apparente des crédits sur 1999 est compensée par des reports qui nous permettrons un effort équivalent de modernisation et d'adaptation de ce patrimoine immobilier.
Je vous rappelle, par ailleurs que, dans le financement de ces travaux, il ne faut pas oublier le rôle important que joue l'Agence Nationale du Chèque-Vacances. Cet organisme, qui ne coûte rien au budget de l'Etat, affiche en effet chaque année un solde excédentaire, et, plutôt que de le thésauriser, réinvesti notamment dans la rénovation des hébergements associatifs.
C'est ainsi que le rapport d'activité 1997 de l'ANCV montre que l'Agence a consacré environ 23 millions de francs pour financer des réhabilitations de sites à vocation sociale ou familiale et contribuer à des actions de solidarité.
Parce que vous avez raison de penser qu'il nous faut contribuer à mieux adapter le parc de l'immobilier associatif aux exigences nouvelles des vacanciers, je lui ai d'ailleurs demandé d'augmenter son soutien dans cet effort de rénovation en 1999, qui, je vous le rappelle, sera une année importante dans la réflexion sur ce que doit être aujourd'hui le tourisme à vocation sociale.
Au moment où la nouvelle instruction fiscale clarifie le statut des associations, j'ai en effet souhaité, comme vous me l'aviez proposé l'an dernier Monsieur Capet, ouvrir un large débat sur cette question.
Tout au long de cette année, nous avons mené une concertation avec l'ensemble des acteurs investis dans ce secteur (Associations de tourisme, Comités d'Entreprises, Collectivités locales et territoriales) afin de bien appréhender les difficultés.
Ce travail débouchera sur la tenue, au printemps prochain, d'Etats Généraux du tourisme social, qui s'inscriront dans la continuité de la réflexion initiée par le Premier ministre dans le cadre des Assises Nationale de la Vie associative.
Ces Etats Généraux nous permettront, j'en suis sûre, d'affiner encore davantage les réponses à apporter aux besoins de nos concitoyens afin qu'ils soient plus nombreux à accéder aux vacances et aux loisirs.
Vous le savez, si j'espère par l'ensemble de ces dispositions contribuer à développer la fréquentation touristique, c'est avec le souhait que cette dernière se répartisse de façon plus harmonieuse sur l'ensemble du territoire national, au travers d'une offre touristique plus diversifiée, plus moderne, mais aussi plus accessible.
Car l'une des conditions principales du succès touristique d'un pays réside évidemment dans sa capacité à faire connaître rapidement ce qu'il propose. Recenser les sites, les produits, permettre à ces informations de circuler afin que tout un chacun puisse à n'importe quel moment se décider à visiter une région, à profiter de telle ou telle autre activité, est essentiel.
Les nouvelles technologies aujourd'hui nous le permettent. Je pense bien sûr à Internet, mais aussi à tous les réseaux informatiques déjà utilisés par les professionnels du voyage.
Parce que notre souci est d'être le plus efficace possible en rendant notre offre touristique plus visible, le Secrétariat d'Etat s'est donc engagé dans deux projets défendus par les professionnels et les grandes fédérations territoriales du Tourisme (FNCDT, FNCRT et FNOTSI) : Il s'agit du système informatique TourinFrance, qui permet d'harmoniser, par un langage commun à tous, le recensement des données, et du serveur de réservation ResinFrance, dont la mise en place à pris un tout petit peu de retard pour des raisons techniques, mais qui devrait entrer rapidement en fonctionnement.
Ces deux outils devraient aider considérablement les Offices du Tourisme, les Comités Départementaux et Régionaux du Tourisme ainsi que maison de la France à fidéliser leurs clientèles et à conquérir de nouveaux marchés. Le second permettra surtout au grand public de mieux s'y retrouver, d'avoir des idées de séjours auxquelles il n'avait pas forcément songé et de gagner du temps pour pouvoir en profiter.
Comme je vous l'ai dit toute à l'heure : répondre aux attentes et aux besoins de nos concitoyens et visiteurs étrangers nécessite de travailler au développement d'un tourisme respectueux de l'environnement, des cultures, des traditions et des hommes.
Pour cela, je crois qu'il nous faut d'abord bien prendre compte ce qui fait la spécificité et la richesse même du tourisme français, c'est-à-dire cette myriade de petites et moyennes entreprises réparties sur tout le territoire. Et donc, les soutenir afin qu'elles puissent se moderniser et être plus performantes économiquement.
Car si elles peuvent être les premiers bénéficiaires de l'augmentation de la fréquentation touristique, j'ai bien conscience des difficultés auxquelles elles sont confrontées.
Aujourd'hui, une majorité d'entre elles doit encore faire face à de lourds problèmes, notamment pour résorber leur endettement, alors même qu'elles devraient pouvoir investir pour s'adapter plus efficacement aux nouvelles exigences de la clientèle.
A ce propos, je tiens à vous rappeler qu'un certain nombre de dispositions ont déjà été mises en place pour leur venir en aide.
Je pense en particulier au processus de restructuration de la dette des entreprises hôtelières, au travers des crédits SOFARIS. Je pense également aux prêts bonifiés accordés au secteur de la restauration pour financer ses travaux de mise aux normes.
D'autres mesures viendront rapidement conforter ce premier dispositif, notamment en matière de redevance télévisuelle pour l'hôtellerie.
Je peux d'ailleurs vous dire qu'un projet de décret, élaboré en concertation avec le ministère de la Culture et le Secrétariat d'Etat au budget, a été transmis la semaine dernière au Premier ministre.
Ce nouveau mode de calcul plus avantageux pour la petite hôtellerie permettra une réduction de 25% de la redevance pour tous les hôtels de moins de 30 chambres et préservera en plus une logique de dégressivité pour les hôtels de plus grande capacité.
Ce dispositif devrait prendre effet dès le 1er janvier 1999.
Je sais bien que cela ne réglera pas tous les problèmes et qu'actuellement dans le secteur des Hôtels-Cafés-Restaurants nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la manière dont pourra être mis en uvre la réduction du temps de travail, compte tenu de la profession où les horaires sont souvent aléatoires.
Ce secteur, comme le tourisme en général, ne peut cependant pas rester en dehors du mouvement de progrès social. Il en va de la qualité de notre offre touristique, inséparable de la qualité des ressources humaines. Il en va aussi de l'image même de l'industrie touristique dont la perception (et donc le recrutement) ne peut que souffrir de conditions de vie et de travail insatisfaisantes pour ses salariés. Mais j'y reviendrai.
Moderniser partout notre offre touristique, en répondant au souci de préserver l'environnement, appelait également à réagir énergiquement pour améliorer la qualité de nos hébergements de loisirs, tant à la montagne que sur le littoral.
Devant l'inquiétude exprimée et alertée par les élus locaux et leurs associations sur la dégradation du parc immobilier de loisirs, en liaison avec mon collègue ministre du budget, et en concertation avec tous les partenaires, nous avons proposé une mesure fiscale pour inciter les propriétaires à améliorer la qualité et la mise en marché de leurs hébergements, en leur permettant de récupérer la T.V.A sur les travaux qu'ils entreprennent.
Le nouveau concept de Village Résidentiel de Tourisme, que vous avez validé en votant cette mesure dans la première lecture de la Loi de Finances devrait pouvoir devenir très bientôt opérationnel.
Je vous rappelle qu'il consiste en un regroupement d'un minimum de cent lits touristiques (c'est à dire à peu près vingt appartements) dont la gestion sera confiée à un seul et même opérateur qui assurera la maîtrise des travaux de réhabilitation, l'animation et la commercialisation du lot.
Ce qui ne pourra que favoriser la valorisation de sites petit à petit délaissés par des touristes en raison de l'inadéquation de leur offre d'hébergement en regard des aspirations d'aujourd'hui.
Mais travailler pour un tourisme à visage humain, c'est aussi, selon moi, se donner les moyens de dépasser l'effet de concentration inhérent à cette activité, qui fait que 80% des visiteurs se répartissent sur seulement 20% du territoire.
Donc impulser le développement local.
Et, en la matière, je crois qu'il ne faut pas avoir peur d'être créatif. Au contraire. Je suis même convaincue que nous n'y parviendrons qu'en faisant preuve d'un esprit volontariste.
Mettre en tourisme de nouveaux espaces sera donc l'un des objectifs que je défendrai lorsque nous engagerons les négociations avec les régions, dans le cadre de l'élaboration des futurs Contrats de Plan.
Ces derniers, vous le savez, jouent un rôle essentiel dans la diversification et l'adaptation de l'offre touristique, dans le fonctionnement des structures en charge de sa gestion et de sa commercialisation, comme dans la mobilisation des fonds structurels européens, bien souvent indispensables au bouclage financier des projets.
Concernant d'ailleurs la nouvelle répartition de ces fonds structurels, suite à l'élargissement dans l'Europe, je peux vous assurer, Monsieur Vila, que je serai pour ma part très vigilante à ces fonds puissent continuer de jouer leur rôle essentiel dans le développement du tourisme de nos régions.
Je vous disais donc combien l'élaboration des Contrats de Plan allait pouvoir nous permettre d'impulser le développement local. C'est pourquoi nous leur consacrerons 48 millions et demi de francs au Contrats de Plan, soit une augmentation de plus de 6%.
Parce qu'il est de l'intérêt de tous que ces investissements soient garantis, les porteurs de projets trouveront toujours à leurs côtés la capacité d'expertise de l'Agence Française de l'Ingénierie Touristique, à qui 8 millions de francs seront alloués, soit une augmentation de 14,29% par rapport au Projet de Loi des Finances 1998.
Par ses compétences, son savoir-faire, cette structure ne peut que les aider à mieux appréhender la viabilité d'un projet et leur permettre de bien cerner la manière de limiter au maximum le risque qu'il y aurait à se lancer dans une entreprise qui ne pourrait être pérennisée, ni assurer à celles et ceux qui y travailleront un emploi durable.
Car vous l'avez compris, en favorisant l'augmentation de la fréquentation touristique par une meilleure répartition de cette dernière sur le territoire, mon objectif est de développer harmonieusement un secteur créateur, non seulement de richesses, mais aussi, et surtout d'emplois.
Ainsi, mon ministère est-il partie prenante de 14 accords-cadres nationaux susceptibles d'aboutir à la création de 6.000 " emplois-jeunes " dans le tourisme.
Nous venons d'ailleurs tout juste de franchir le cap des 2.000 " emplois-jeunes ". Très exactement, au 30 octobre 1998, 2.111 embauches effectives de jeunes étaient répertoriées dans ce secteur et 1.682 conventions signées.
En fait, si le rythme observé depuis plus d'une semestre est maintenu, on peut espérer 3.250 embauches par an, c'est à dire quasiment 10.000 en l'espace de trois ans.
Cela dit, ces chiffres, correspondant aux emplois strictement codifiés " Tourisme ", ne reflètent pas entièrement la réalité, car les activités touristiques sont aussi des activités culturelles, sportives ou liées à la préservation et la mise en valeur de l'environnement.
Mais, vous le savez, lorsque je parle de l'emploi, je pense surtout à la réflexion et aux moyens que nous engageons pour lutter contre la précarité dans ce secteur et améliorer la qualité des services offerts par une meilleure formation des personnels.
La qualité dans le tourisme est en effet un des mots clés pour faire face aux enjeux futurs de développement dans un contexte de concurrence internationale dont nous savons qu'elle sera de plus en plus vive.
Pour moi il ne fait aucun doute que la qualité du service, de la prestation, de l'accueil repose essentiellement sur la qualité de la ressource humaine, donc sur la formation de ces hommes et ces femmes qui uvrent dans le tourisme.
Ainsi, suis-je convaincue que si la saisonnalité des activités touristiques reste une réalité, la précarité qu'elle entraîne n'est pas fatale.
La mutation qui s'ébauche dans les aspirations de nos concitoyens et visiteurs étrangers, en terme de tourisme, nous ouvre la voie pour aborder cet enjeu. Et c'est là certainement où l'aspect social et l'aspect économique peuvent s'imbriquer harmonieusement pour répondre à cette préoccupation.
Les touristes aujourd'hui partent plus souvent et moins longtemps. Leurs goûts touristiques se manifestent, et cela tout au long de l'année, par des séquences plus courtes qui répondent à leurs besoins de nature, de culture, d'activités sportives, de découvertes des traditions locales et de contrastes humains de qualité.
De plus la tendance historique à la réduction du temps de travail, dans notre pays et en Europe, va encore libérer du temps et donc offrir une nouvelle place pour le développement de loisirs, de courts séjours et de séjours thématiques.
Cette mutation appelle une offre touristique en adéquation et ouvre donc l'espoir d'un élargissement des saisons qui réponde aux besoins de pérennité et de professionnalisation des emplois.
Aussi, puis-je vous assurer Monsieur DEPREZ, que je suis particulièrement vigilante et active pour favoriser la pluri-saisonnalité des activités et des hébergements touristiques parce qu'elle constitue un moyen de combattre la précarité et d'améliorer cette offre.
Vous me demandez si je suis prête à constituer un groupe de travail interministériel pour mettre en cohérence les actions allant dans ce sens ? Pourquoi pas. Mais j'en profite pour vous rappeler, comme je l'avais fait ici même l'an dernier, que l'action du gouvernement se mène dans un esprit permanent de collégialité et de cohérence. C'est en m'appuyant sur cette collégialité que j'ai fait du Secrétariat d'Etat au Tourisme un ministère du partenariat.
Dans cet esprit j'ai d'ailleurs signé avec ma collègue Madame Trautmann une convention de coopération en faveur du développement et de la valorisation du tourisme culturel. De même mon ministère s'est associé avec ceux de l'Agriculture, de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement pour mener une réflexion sur le devenir du tourisme vert avec tous les acteurs concernés du monde rural.
Cela dit, pour combattre la précarité (et donc cette perception d'un certain amateurisme dans le tourisme français que vous évoquiez, Monsieur Capet), d'autres pistes que la pluri-saisonnalité méritent également d'être explorées comme celles des contrats multi-employeurs, ou de la formation professionnelle continue, pour qu'un travail de saisonnier ne soit plus vécu comme un simple job d'été ou d'hiver, mais comme un emploi à part entière.
C'est pourquoi, vous le savez, j'ai chargé Monsieur Anicet Le Pors, ancien Ministre et Conseiller d'Etat, d'une mission indépendante d'élaboration de propositions concrètes, pour améliorer la situation professionnelle des salariés saisonniers du Tourisme.
Son rapport final, qui me sera rendu le 31 décembre prochain, devrait amener le gouvernement à proposer, courant 1999, sous l'égide du ministre de l'Emploi et de la Solidarité, une concertation aux partenaires sociaux pour décider de mesures allant dans ce sens.
Sans attendre, il nous faut déjà travailler à améliorer la qualité de l'emploi. C'est pourquoi, durant cette même année, nous poursuivront également nos efforts pour une meilleure utilisation des fonds de la formation professionnelle continue. Etat, régions, chambres de commerce... L'ensemble des acteurs doivent se mobiliser. Ce sera là aussi pour moi l'un des principaux objectifs dans l'élaboration des Contrats de Plan.
Pour mettre l'ensemble de cette politique en uvre, je dispose d'une administration centrale et du réseau des Délégations Régionales au Tourisme, qui, comme vous le savez, jouent un rôle essentiel, notamment auprès des collectivités territoriales.
Concernant la première, j'ai obtenu que, dans le Projet de Loi des Finances 1999, ses effectifs soient maintenus. Ainsi, contrairement aux trois années précédentes, aucune réduction de poste ne sera opérée.
Quant aux moyens de fonctionnement des Délégations Régionales au Tourisme, ils seront augmentés d'un demi-million de francs. Leurs moyens en personnels étant renforcés par la mise à disposition de personnels qualifiés en provenance du Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement.
J'envisage, par ailleurs, de créer au sein de la direction du Tourisme un bureau emploi-formation (plus particulièrement attaché à suivre les questions liées au tourisme social et à la réduction du temps de travail), ainsi qu'une cellule prospective de réflexion et de recherche sur les potentialité du secteur.
Car si tous nous nous accordons à constater que les comportements des touristes changent, il nous faut mieux les connaître et les analyser.
Le suivi des flux, des attentes et des potentiels est en effet fondamental pour anticiper sur les évolutions de la demande et mener une politique de développement durable cohérente, en phase avec la réalité.
C'est pourquoi j'ai également souhaité que dans ce budget 1999 un effort conséquent soit porté sur les moyens de l'observation économique.
Nous allons augmenter les moyens humains mis à la disposition de l'Observatoire National du Tourisme et nous engager activement dans le développement d'un partenariat étroit avec les autres services de l'Etat en charge de l'observation économique, tels que l'Insee ou la Banque de France...
C'est d'ailleurs cela qui devrait nous permettre, Monsieur Meylan, de mieux estimer les retombées des campagnes de Maison de la France à l'Etranger. En effet, celle-ci rend bien un bilan annuel sur ses activités qu'il est tout à fait possible de vous communiquer, mais qui, à mon sens ne permets pas d'avoir un calcul carré, avec la précision que vous recherchez, sur les effets de son travail promotionnel.
Cela dit, j'ai bien entendu votre proposition d'effectuer une comparaison avec les politiques de promotion menées par les pays étrangers et pourquoi pas de charger un parlementaire de cette mission globale d'évaluation.
Vous l'aurez compris, ce budget traduit la volonté qui m'anime, depuis ma prise de fonction, d'apporter au Tourisme, les meilleures conditions de sa croissance.
Je sais qu'il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour lui permettre d'être considéré comme une activité économique à part entière, un outil d'aménagement du territoire qu'on n'oppose plus au développement industriel ou agricole.
Mais je suis convaincue que nous sommes sur la bonne voie, celle qui passe par une prise en compte des réalités et s'attache au partenariat avec les différents ministères, les collectivités territoriales et locales, et l'ensemble de la grande famille du tourisme.
Je sais, Monsieur DEPREZ, qu'il reste beaucoup de pain sur la planche pour parfaire les textes régissant l'organisation territoriale et les professions touristiques.
C'est pourquoi, j'étudie la possibilité de mettre en chantier une nouvelle grande loi d'organisation du tourisme français.
Je ne manquerai pas de vous associer ainsi que l'ensemble des parlementaires concernés à la concertation qui sera liée à son élaboration.
Aussi je souhaiterai que l'augmentation de ce budget soit ressentie comme un signe fort de ma volonté d'aller plus loin dans la mise en uvre d'une politique touristique ambitieuse, plus soucieuse des attentes des populations et capable de mettre la France au premier rang, non plus seulement des destinations touristiques mais aussi des pays qui, en la matière, innovent le plus aujourd'hui.
Une politique ou l'Etat joue pleinement son rôle en assurant les cohérences et les fédérations indispensables.
Une politique qui réponde enfin au légitime droit aux vacances pour tous et aux espoirs d'une jeunesse en mal d'emploi.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 27 septembre 2001)
Messieurs les Rapporteurs,
Mesdames et Messieurs les députés,
Tout d'abord, je voudrais remercier Messieurs les rapporteurs de la Commission des Finances et de la Commission de la production et des échanges pour la qualité de leur travail.
Je voudrais aussi les remercier pour l'adhésion qu'ils apportent aux principales orientations proposées dans mon budget.
Je voudrais enfin remercier tous les orateurs des différents groupes pour l'intérêt qu'ils portent à la question du développement touristique.
Si dans certains propos, j'ai bien entendu quelques réserves d'appréciation sur la hauteur du budget que je soumets à votre approbation aujourd'hui, permettez-moi d'y voir d'abord une reconnaissance commune du fait que nous touchons, avec le tourisme, un secteur important de notre économie nationale.
Je m'en réjouis car je sens bien qu'il ne me sera pas besoin d'en faire beaucoup pour vous convaincre qu'il est un facteur essentiel de développement économique et social du pays, capable notamment d'apporter des réponses au grave problème du chômage qui nous préoccupe tous et dont le gouvernement a fait la première de ses priorités.
Le tourisme est en effet un facteur important de croissance sur lequel nous devons apprendre à davantage nous appuyer pour élargir le champ des possibles et offrir à aux jeunes, aux hommes, aux femmes, à tous nos concitoyens, la perspective de mieux vivre dans notre société.
Bien qu'il soit confronté à un certain nombre de difficultés sur lesquelles j'aurai l'occasion de revenir, c'est un secteur qui se porte bien. Je veux le rappeler.
Première industrie française devant l'automobile et l'agroalimentaire, l'activité touristique génère en effet, chaque année, quelques 720 milliards de francs de chiffre d'affaire et rapporte près de 165 milliards de devises étrangères. Avec un solde de plus de 66 milliards (c'est à dire la moitié de la facture énergétique française) le tourisme se positionne en fait comme le premier poste excédentaire des transactions courantes, en hausse de plus de 22% sur un an.
Si, par son essence même, il concourt à l'épanouissement de la personne humaine en favorisant la découverte d'autres peuples et d'autres cultures, il constitue donc (et vous avez été nombreux à le souligner), un enjeu majeur dans le développement du territoire et représente surtout, à mes yeux, un formidable réservoir d'emploi.
En disant cela, je ne transforme pas un espoir personnel en incantation ministérielle.
Je m'appuie sur diverses études d'experts internationaux indiquant toutes que dans les quinze à vingt prochaines années nous allons assister à un triplement des flux touristiques mondiaux. Un ultime rapport remis tout récemment à la Commission de Bruxelles relève d'ailleurs que pour y faire face il nous faudra créer en Europe de 2 à 3 millions d'emplois supplémentaires dans les dix années à venir.
Comment, dès lors, imaginer que la France (première destination touristique mondiale) puisse ne pas pleinement bénéficier de cette perspective de croissance ?
Face au désarroi de la jeunesse s'interrogeant sur son avenir, comment ne pas voir là une chance de lui offrir de nouveaux débouchés professionnels ?
Mais il n'est pas même besoin de se lancer dans des prospectives pour constater simplement qu'avec 12.000 nouvelles embauches crées en moyenne chaque année, le tourisme est d'ores et déjà " l'un des très rares secteurs économiques dont la modernisation s'accompagne de créations d'emplois ", comme le souligne d'ailleurs Monsieur Bouvard dans son rapport.
C'est pourquoi depuis ma prise de fonction, je m'attache à impulser cette modernisation, d'autant plus nécessaire que les comportements et les aspirations des touristes ont évolué. Mon objectif reste donc entier. Il est de contribuer à faire progresser la fréquentation touristique française et étrangère et de mieux la répartir sur l'ensemble du territoire, afin de favoriser un développement local qui soit créateur de richesses et d'emplois.
A ce propos, je ne suis pas sûre, Monsieur Bouvard, que " ces priorités ne se démarquent guère de celles retenues par le passé ", comme j'ai pu le lire dans votre rapport. D'abord parce qu'elles ont au moins la chance de pouvoir être concrétisées.
Car vous savez bien qu'entre 1993 et ma nomination en juin 1997, il n'y a eu qu'un ministère spécifique en charge du tourisme et cela pendant à peine six mois. C'est cette situation qui a entraîné les conséquences que vous connaissez sur l'orientation politique et surtout sur la structure administrative. C'est ce désintérêt qui m'a fait trouver, à mon arrivée, il y a dix-sept mois, une administration affaiblie et des moyens d'interventions limités.
Trop longtemps, vous le savez, l'Etat a délaissé le domaine du tourisme raccrochant ce secteur, sans véritable stratégie, tour à tour à l'Industrie, au Commerce extérieur, à l'Equipement, à la Jeunesse et aux Sports, à la Culture ou à l'Environnement... En redonnant au tourisme un ministère, et à tous les acteurs de ce milieu un interlocuteur privilégié, l'actuel gouvernement s'est bel et bien démarqué des politiques antérieures.
Tout le monde d'ailleurs, l'an dernier, dans cet hémicycle s'en était félicité.
Devant vous j'avais déploré l'hémorragie budgétaire dont il était victime depuis plusieurs années et m'étais engagée à la stopper. C'est chose faite aujourd'hui, comme vous l'avez tous reconnu. Puisqu'avec 372 millions de francs en crédits de paiement et 45 millions de francs en autorisations de programmes, le budget 1999 est en augmentation de 7,18% par rapport à la Loi de Finances Initiales pour 1998.
Il est clair pour moi que cette augmentation constitue une première étape. Comme vous tous, bien sûr, je pense qu'il nous faudra aller plus avant. L'objectif final étant bien de retrouver au minimum les moyens dont le ministère disposait en 1992.
Nous allons entrer, d'ici quelques semaines, dans la dernière année du millénaire. Une année charnière, durant laquelle nous serons notamment amenés à définir de nouveaux objectifs pour l'aménagement du territoire, à travers les Contrats de Plan.
Je veux vous dire ici combien, pour moi, elle sera essentielle, afin de préparer notre pays à répondre aux défis de ce nouvel âge du tourisme qui s'ouvre devant nous, et que je ne conçois qu'à visage humain, respectueux de l'environnement et de la culture des populations.
A mes yeux, il n'est, en effet, pas de temps à perdre pour améliorer la qualité et la diversité de l'offre touristique française et lui permettre ainsi de mieux répondre aux aspirations de nos concitoyens et de nos visiteurs étrangers.
Nous avons déjà commencé de le faire cette année. Mais c'est en 1999 qu'un " décollage " peut s'opérer.
Car vous avez raison, Monsieur Dufau, rien n'est jamais acquis et c'est tout de suite qu'il nous faut savoir rebondir sur les retombées extrêmement positives qu'a entraîné, en terme d'image, le succès de la Coupe du Monde de Football. Dès maintenant qu'il faut ouvrir cet immense chantier.
A ce propos, je voudrais vous dire que, si beaucoup craignait qu'à l'image de l'Italie ou de l'Espagne, notre pays connaisse une baisse spectaculaire de sa fréquentation touristique durant le Mondial, il n'en a rien été. La France peut même se féliciter d'avoir fait une très bonne saison estivale 1998, car non seulement le nombre de touristes n'a pas baissé mais, au contraire, augmenté.
Je crois d'ailleurs que la forte mobilisation des professionnels autour de la campagne "Bonjour la France accueille le monde", initiée par mon ministère, y a fortement contribué.
En fait, on constate que l'effet " rebond " que l'on pouvait plutôt attendre pour l'année prochaine s'est réalisé dès le mois d'août.
Car en montrant sa capacité à maîtriser un événement de cet ampleur, la France a su parfaitement tiré son épingle du jeu. L'extraordinaire couverture médiatique de la Coupe du Monde ayant suscité un nombre considérables d'articles et de reportages, à côte de l'événement sportif lui-même, qui ont permis de porter sur l'ensemble du globe une image extrêmement positive de notre pays.
Pour tenter de quantifier ces effets médiatiques, j'ai d'ailleurs fait étudier par Maison de la France leur retombées dans la presse en terme de contre-valeur publicitaire.
Je peux vous dire que si l'on avait voulu faire une campagne promotionnelle sur le produit France, qui aurait touché de la même manière 37 milliards de téléspectateurs en audience cumulée, nous aurions dû investir 778 millions de francs dans la presse étrangère et 30 millions dans la presse nationale.
Il n'est donc surtout pas le moment de laisser s'échapper le bénéfice de cette sensibilisation internationale. Il nous faut au contraire en profiter pour pénétrer de nouveaux marchés comme nous avons commencé de le faire en ouvrant, par exemple, cette année un bureau de Maison de la France en Chine et un autre en Pologne.
Partout où nous sommes implantés, il nous faut conforter cette image d'une France des régions plus accueillante et plus dynamique qui a été celle de la France championne du Mondial. Profiter du fait qu'elle est encore dans les esprits pour donner envie aux populations et aux entreprises étrangères de découvrir la richesse de notre pays.
Je pense en effet aux entreprises étrangères car je n'oublie pas que le tourisme c'est aussi le tourisme d'affaires et qu'en la matière nous avons des savoirs-faire et des perspectives de développement.
Une partie importante de budget du tourisme va donc être affectée aux moyens de promotion et de communication de notre pays à l'étranger, comme d'ailleurs vous m'aviez encouragé à le faire l'année passée.
Ainsi, le budget de Maison de la France passera-t-il de 123 à 153 millions de francs. Ce qui représente une progression de 23,4 %.
Cette dotation nous permettra, comme je viens de le dire, de conforter la structure et les moyens d'actions des services français du tourisme à l'étranger. Elle nous permettra aussi de mobiliser plus largement les partenaires professionnels, publics, privés ou associatifs, avec lesquels nous assurons, tout au long de l'année, la présence de la France en Europe et dans le monde.
Mais vous le savez, pour moi, favoriser la progression de la fréquentation touristique passe aussi, et d'abord, par le fait d'assurer à tous nos concitoyens le droit aux vacances. C'était, en 1998, l'un des axes importants de ma politique. Cela le demeurera en 1999, car j'entends bien poursuivre et conforter les engagements et les mesures pris au cours de cette année.
Je songe notamment à l'élargissement de l'attribution des chèques-vacances aux personnels des PME de moins de 50 salariés, qui ne pouvaient pas jusqu'à présent en bénéficier, faute de comité d'entreprise. Par cette disposition, 7 millions et demi de salariés et leurs familles sont concernés, qui, constituant la part de la population aux revenus les plus modestes, font probablement partie de ces 37% de Français qui ne partent pas.
Le projet de loi que j'ai soumis en ce sens, à l'examen du Conseil des Ministres, cet été, devrait, je l'espère, très rapidement être programmé au calendrier parlementaire.
En revanche, je peux vous dire que, d'ores et déjà, nous travaillons, avec l'Agence Nationale pour le Chèque-Vacances, sur un matériel d'information des chefs d'entreprises et de leurs salariés, afin que, dès son adoption, ils puissent se saisir de cet outil favorisant l'aide au départ.
Je pense aussi à la campagne annuelle de sensibilisation en faveur de l'accueil des personnes handicapées sur les lieux de vacances, dont la première édition a eu lieu en septembre dernier, et a permis une vaste mobilisation des professionnels du tourisme et leur mise en relation avec les associations spécialisées.
En 1999, elle sera évidemment reconduite et amplifiée. Des actions de formation en direction des professionnels viendront par ailleurs s'y ajouter.
Au-delà de mesures législatives et réglementaires, notre action en faveur du tourisme pour tous se traduira également par un effort budgétaire conséquent en direction du secteur associatif, afin de permettre aux plus défavorisés de partir en vacances, mais aussi de moderniser les équipements à vocation sociale ou familiale.
Comme je viens de le rappeler : 37 % de la population n'accède pas aux vacances, dont au moins la moitié pour des raisons essentiellement financières.
C'est une réalité que l'on ne peut accepter. Surtout pas à l'aube du 21ème siècle.
C'est pourquoi, vous le savez, j'ai proposé que soit inséré, dans la loi du 29 juillet 1998, relative à la lutte contre les exclusions, un article consacrant " l'égal accès de tous, tout au long de la vie, aux vacances " comme " un objectif national ".
Cet article précise que " la réalisation de cet objectif " passe par le développement des structures à caractère social et familial et l'organisation du départ en vacances des personnes situation d'exclusion.
Sur les 11 millions de francs que je me propose d'affecter, en 1999, au soutien du secteur associatif (c'est à dire 4 millions de plus que l'année dernière), 2 millions pourraient donc servir au fonctionnement d'une " Bourse Solidarité Vacances ", structure dont le rôle sera de rapprocher, dans une démarche de solidarité, les professionnels du tourisme, les associations caritatives et les comités de chômeurs, afin de mettre en commun les moyens et les compétences de chacun pour que les plus démunis aient aussi la possibilité de rompre avec le quotidien.
Deux autres millions de francs contribueront, par ailleurs, à financer des actions favorisant les séjours à l'étrangers et les échanges bilatéraux pour les jeunes en difficultés sociales.
Les signatures de Conventions d'Objectifs entre l'Etat et les associations de tourisme seront, quant à elles, poursuivies et financées à hauteur de 7 millions de francs, afin de conforter et de relayer l'action de mon ministère en faveur de l'insertion sociale des jeunes et des familles en difficultés, mais aussi du développement local, de l'emploi et de la formation.
A ces mesures viendront s'ajouter les " aides à la pierre " du Plan Patrimoine, que la circulaire du 25 mars 1998 oriente, notamment, en faveur d'une plus grande mixité sociale.
Comme vous vous en souvenez, j'ai, l'an dernier, dès mon arrivée, doublé les crédits consacrés à la réhabilitation du parc immobilier du tourisme social et associatif. Pour 1999, cet effort sera maintenu, puisque je me propose d'y affecter 13 millions 900 mille francs.
Permettez-moi d'ailleurs de m'étonner, Monsieur Bouvard, que la conclusion du rapport de la Commission des Finances, de l'Economie et du Plan affirme de façon si péremptoire que mon budget ne prend pas en compte " la faiblesse du tourisme français en matière de capacité et de qualité du parc d'hébergement du tourisme associatif ".
Et ce alors même que vous signalez dans votre rapport que la baisse apparente des crédits sur 1999 est compensée par des reports qui nous permettrons un effort équivalent de modernisation et d'adaptation de ce patrimoine immobilier.
Je vous rappelle, par ailleurs que, dans le financement de ces travaux, il ne faut pas oublier le rôle important que joue l'Agence Nationale du Chèque-Vacances. Cet organisme, qui ne coûte rien au budget de l'Etat, affiche en effet chaque année un solde excédentaire, et, plutôt que de le thésauriser, réinvesti notamment dans la rénovation des hébergements associatifs.
C'est ainsi que le rapport d'activité 1997 de l'ANCV montre que l'Agence a consacré environ 23 millions de francs pour financer des réhabilitations de sites à vocation sociale ou familiale et contribuer à des actions de solidarité.
Parce que vous avez raison de penser qu'il nous faut contribuer à mieux adapter le parc de l'immobilier associatif aux exigences nouvelles des vacanciers, je lui ai d'ailleurs demandé d'augmenter son soutien dans cet effort de rénovation en 1999, qui, je vous le rappelle, sera une année importante dans la réflexion sur ce que doit être aujourd'hui le tourisme à vocation sociale.
Au moment où la nouvelle instruction fiscale clarifie le statut des associations, j'ai en effet souhaité, comme vous me l'aviez proposé l'an dernier Monsieur Capet, ouvrir un large débat sur cette question.
Tout au long de cette année, nous avons mené une concertation avec l'ensemble des acteurs investis dans ce secteur (Associations de tourisme, Comités d'Entreprises, Collectivités locales et territoriales) afin de bien appréhender les difficultés.
Ce travail débouchera sur la tenue, au printemps prochain, d'Etats Généraux du tourisme social, qui s'inscriront dans la continuité de la réflexion initiée par le Premier ministre dans le cadre des Assises Nationale de la Vie associative.
Ces Etats Généraux nous permettront, j'en suis sûre, d'affiner encore davantage les réponses à apporter aux besoins de nos concitoyens afin qu'ils soient plus nombreux à accéder aux vacances et aux loisirs.
Vous le savez, si j'espère par l'ensemble de ces dispositions contribuer à développer la fréquentation touristique, c'est avec le souhait que cette dernière se répartisse de façon plus harmonieuse sur l'ensemble du territoire national, au travers d'une offre touristique plus diversifiée, plus moderne, mais aussi plus accessible.
Car l'une des conditions principales du succès touristique d'un pays réside évidemment dans sa capacité à faire connaître rapidement ce qu'il propose. Recenser les sites, les produits, permettre à ces informations de circuler afin que tout un chacun puisse à n'importe quel moment se décider à visiter une région, à profiter de telle ou telle autre activité, est essentiel.
Les nouvelles technologies aujourd'hui nous le permettent. Je pense bien sûr à Internet, mais aussi à tous les réseaux informatiques déjà utilisés par les professionnels du voyage.
Parce que notre souci est d'être le plus efficace possible en rendant notre offre touristique plus visible, le Secrétariat d'Etat s'est donc engagé dans deux projets défendus par les professionnels et les grandes fédérations territoriales du Tourisme (FNCDT, FNCRT et FNOTSI) : Il s'agit du système informatique TourinFrance, qui permet d'harmoniser, par un langage commun à tous, le recensement des données, et du serveur de réservation ResinFrance, dont la mise en place à pris un tout petit peu de retard pour des raisons techniques, mais qui devrait entrer rapidement en fonctionnement.
Ces deux outils devraient aider considérablement les Offices du Tourisme, les Comités Départementaux et Régionaux du Tourisme ainsi que maison de la France à fidéliser leurs clientèles et à conquérir de nouveaux marchés. Le second permettra surtout au grand public de mieux s'y retrouver, d'avoir des idées de séjours auxquelles il n'avait pas forcément songé et de gagner du temps pour pouvoir en profiter.
Comme je vous l'ai dit toute à l'heure : répondre aux attentes et aux besoins de nos concitoyens et visiteurs étrangers nécessite de travailler au développement d'un tourisme respectueux de l'environnement, des cultures, des traditions et des hommes.
Pour cela, je crois qu'il nous faut d'abord bien prendre compte ce qui fait la spécificité et la richesse même du tourisme français, c'est-à-dire cette myriade de petites et moyennes entreprises réparties sur tout le territoire. Et donc, les soutenir afin qu'elles puissent se moderniser et être plus performantes économiquement.
Car si elles peuvent être les premiers bénéficiaires de l'augmentation de la fréquentation touristique, j'ai bien conscience des difficultés auxquelles elles sont confrontées.
Aujourd'hui, une majorité d'entre elles doit encore faire face à de lourds problèmes, notamment pour résorber leur endettement, alors même qu'elles devraient pouvoir investir pour s'adapter plus efficacement aux nouvelles exigences de la clientèle.
A ce propos, je tiens à vous rappeler qu'un certain nombre de dispositions ont déjà été mises en place pour leur venir en aide.
Je pense en particulier au processus de restructuration de la dette des entreprises hôtelières, au travers des crédits SOFARIS. Je pense également aux prêts bonifiés accordés au secteur de la restauration pour financer ses travaux de mise aux normes.
D'autres mesures viendront rapidement conforter ce premier dispositif, notamment en matière de redevance télévisuelle pour l'hôtellerie.
Je peux d'ailleurs vous dire qu'un projet de décret, élaboré en concertation avec le ministère de la Culture et le Secrétariat d'Etat au budget, a été transmis la semaine dernière au Premier ministre.
Ce nouveau mode de calcul plus avantageux pour la petite hôtellerie permettra une réduction de 25% de la redevance pour tous les hôtels de moins de 30 chambres et préservera en plus une logique de dégressivité pour les hôtels de plus grande capacité.
Ce dispositif devrait prendre effet dès le 1er janvier 1999.
Je sais bien que cela ne réglera pas tous les problèmes et qu'actuellement dans le secteur des Hôtels-Cafés-Restaurants nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la manière dont pourra être mis en uvre la réduction du temps de travail, compte tenu de la profession où les horaires sont souvent aléatoires.
Ce secteur, comme le tourisme en général, ne peut cependant pas rester en dehors du mouvement de progrès social. Il en va de la qualité de notre offre touristique, inséparable de la qualité des ressources humaines. Il en va aussi de l'image même de l'industrie touristique dont la perception (et donc le recrutement) ne peut que souffrir de conditions de vie et de travail insatisfaisantes pour ses salariés. Mais j'y reviendrai.
Moderniser partout notre offre touristique, en répondant au souci de préserver l'environnement, appelait également à réagir énergiquement pour améliorer la qualité de nos hébergements de loisirs, tant à la montagne que sur le littoral.
Devant l'inquiétude exprimée et alertée par les élus locaux et leurs associations sur la dégradation du parc immobilier de loisirs, en liaison avec mon collègue ministre du budget, et en concertation avec tous les partenaires, nous avons proposé une mesure fiscale pour inciter les propriétaires à améliorer la qualité et la mise en marché de leurs hébergements, en leur permettant de récupérer la T.V.A sur les travaux qu'ils entreprennent.
Le nouveau concept de Village Résidentiel de Tourisme, que vous avez validé en votant cette mesure dans la première lecture de la Loi de Finances devrait pouvoir devenir très bientôt opérationnel.
Je vous rappelle qu'il consiste en un regroupement d'un minimum de cent lits touristiques (c'est à dire à peu près vingt appartements) dont la gestion sera confiée à un seul et même opérateur qui assurera la maîtrise des travaux de réhabilitation, l'animation et la commercialisation du lot.
Ce qui ne pourra que favoriser la valorisation de sites petit à petit délaissés par des touristes en raison de l'inadéquation de leur offre d'hébergement en regard des aspirations d'aujourd'hui.
Mais travailler pour un tourisme à visage humain, c'est aussi, selon moi, se donner les moyens de dépasser l'effet de concentration inhérent à cette activité, qui fait que 80% des visiteurs se répartissent sur seulement 20% du territoire.
Donc impulser le développement local.
Et, en la matière, je crois qu'il ne faut pas avoir peur d'être créatif. Au contraire. Je suis même convaincue que nous n'y parviendrons qu'en faisant preuve d'un esprit volontariste.
Mettre en tourisme de nouveaux espaces sera donc l'un des objectifs que je défendrai lorsque nous engagerons les négociations avec les régions, dans le cadre de l'élaboration des futurs Contrats de Plan.
Ces derniers, vous le savez, jouent un rôle essentiel dans la diversification et l'adaptation de l'offre touristique, dans le fonctionnement des structures en charge de sa gestion et de sa commercialisation, comme dans la mobilisation des fonds structurels européens, bien souvent indispensables au bouclage financier des projets.
Concernant d'ailleurs la nouvelle répartition de ces fonds structurels, suite à l'élargissement dans l'Europe, je peux vous assurer, Monsieur Vila, que je serai pour ma part très vigilante à ces fonds puissent continuer de jouer leur rôle essentiel dans le développement du tourisme de nos régions.
Je vous disais donc combien l'élaboration des Contrats de Plan allait pouvoir nous permettre d'impulser le développement local. C'est pourquoi nous leur consacrerons 48 millions et demi de francs au Contrats de Plan, soit une augmentation de plus de 6%.
Parce qu'il est de l'intérêt de tous que ces investissements soient garantis, les porteurs de projets trouveront toujours à leurs côtés la capacité d'expertise de l'Agence Française de l'Ingénierie Touristique, à qui 8 millions de francs seront alloués, soit une augmentation de 14,29% par rapport au Projet de Loi des Finances 1998.
Par ses compétences, son savoir-faire, cette structure ne peut que les aider à mieux appréhender la viabilité d'un projet et leur permettre de bien cerner la manière de limiter au maximum le risque qu'il y aurait à se lancer dans une entreprise qui ne pourrait être pérennisée, ni assurer à celles et ceux qui y travailleront un emploi durable.
Car vous l'avez compris, en favorisant l'augmentation de la fréquentation touristique par une meilleure répartition de cette dernière sur le territoire, mon objectif est de développer harmonieusement un secteur créateur, non seulement de richesses, mais aussi, et surtout d'emplois.
Ainsi, mon ministère est-il partie prenante de 14 accords-cadres nationaux susceptibles d'aboutir à la création de 6.000 " emplois-jeunes " dans le tourisme.
Nous venons d'ailleurs tout juste de franchir le cap des 2.000 " emplois-jeunes ". Très exactement, au 30 octobre 1998, 2.111 embauches effectives de jeunes étaient répertoriées dans ce secteur et 1.682 conventions signées.
En fait, si le rythme observé depuis plus d'une semestre est maintenu, on peut espérer 3.250 embauches par an, c'est à dire quasiment 10.000 en l'espace de trois ans.
Cela dit, ces chiffres, correspondant aux emplois strictement codifiés " Tourisme ", ne reflètent pas entièrement la réalité, car les activités touristiques sont aussi des activités culturelles, sportives ou liées à la préservation et la mise en valeur de l'environnement.
Mais, vous le savez, lorsque je parle de l'emploi, je pense surtout à la réflexion et aux moyens que nous engageons pour lutter contre la précarité dans ce secteur et améliorer la qualité des services offerts par une meilleure formation des personnels.
La qualité dans le tourisme est en effet un des mots clés pour faire face aux enjeux futurs de développement dans un contexte de concurrence internationale dont nous savons qu'elle sera de plus en plus vive.
Pour moi il ne fait aucun doute que la qualité du service, de la prestation, de l'accueil repose essentiellement sur la qualité de la ressource humaine, donc sur la formation de ces hommes et ces femmes qui uvrent dans le tourisme.
Ainsi, suis-je convaincue que si la saisonnalité des activités touristiques reste une réalité, la précarité qu'elle entraîne n'est pas fatale.
La mutation qui s'ébauche dans les aspirations de nos concitoyens et visiteurs étrangers, en terme de tourisme, nous ouvre la voie pour aborder cet enjeu. Et c'est là certainement où l'aspect social et l'aspect économique peuvent s'imbriquer harmonieusement pour répondre à cette préoccupation.
Les touristes aujourd'hui partent plus souvent et moins longtemps. Leurs goûts touristiques se manifestent, et cela tout au long de l'année, par des séquences plus courtes qui répondent à leurs besoins de nature, de culture, d'activités sportives, de découvertes des traditions locales et de contrastes humains de qualité.
De plus la tendance historique à la réduction du temps de travail, dans notre pays et en Europe, va encore libérer du temps et donc offrir une nouvelle place pour le développement de loisirs, de courts séjours et de séjours thématiques.
Cette mutation appelle une offre touristique en adéquation et ouvre donc l'espoir d'un élargissement des saisons qui réponde aux besoins de pérennité et de professionnalisation des emplois.
Aussi, puis-je vous assurer Monsieur DEPREZ, que je suis particulièrement vigilante et active pour favoriser la pluri-saisonnalité des activités et des hébergements touristiques parce qu'elle constitue un moyen de combattre la précarité et d'améliorer cette offre.
Vous me demandez si je suis prête à constituer un groupe de travail interministériel pour mettre en cohérence les actions allant dans ce sens ? Pourquoi pas. Mais j'en profite pour vous rappeler, comme je l'avais fait ici même l'an dernier, que l'action du gouvernement se mène dans un esprit permanent de collégialité et de cohérence. C'est en m'appuyant sur cette collégialité que j'ai fait du Secrétariat d'Etat au Tourisme un ministère du partenariat.
Dans cet esprit j'ai d'ailleurs signé avec ma collègue Madame Trautmann une convention de coopération en faveur du développement et de la valorisation du tourisme culturel. De même mon ministère s'est associé avec ceux de l'Agriculture, de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement pour mener une réflexion sur le devenir du tourisme vert avec tous les acteurs concernés du monde rural.
Cela dit, pour combattre la précarité (et donc cette perception d'un certain amateurisme dans le tourisme français que vous évoquiez, Monsieur Capet), d'autres pistes que la pluri-saisonnalité méritent également d'être explorées comme celles des contrats multi-employeurs, ou de la formation professionnelle continue, pour qu'un travail de saisonnier ne soit plus vécu comme un simple job d'été ou d'hiver, mais comme un emploi à part entière.
C'est pourquoi, vous le savez, j'ai chargé Monsieur Anicet Le Pors, ancien Ministre et Conseiller d'Etat, d'une mission indépendante d'élaboration de propositions concrètes, pour améliorer la situation professionnelle des salariés saisonniers du Tourisme.
Son rapport final, qui me sera rendu le 31 décembre prochain, devrait amener le gouvernement à proposer, courant 1999, sous l'égide du ministre de l'Emploi et de la Solidarité, une concertation aux partenaires sociaux pour décider de mesures allant dans ce sens.
Sans attendre, il nous faut déjà travailler à améliorer la qualité de l'emploi. C'est pourquoi, durant cette même année, nous poursuivront également nos efforts pour une meilleure utilisation des fonds de la formation professionnelle continue. Etat, régions, chambres de commerce... L'ensemble des acteurs doivent se mobiliser. Ce sera là aussi pour moi l'un des principaux objectifs dans l'élaboration des Contrats de Plan.
Pour mettre l'ensemble de cette politique en uvre, je dispose d'une administration centrale et du réseau des Délégations Régionales au Tourisme, qui, comme vous le savez, jouent un rôle essentiel, notamment auprès des collectivités territoriales.
Concernant la première, j'ai obtenu que, dans le Projet de Loi des Finances 1999, ses effectifs soient maintenus. Ainsi, contrairement aux trois années précédentes, aucune réduction de poste ne sera opérée.
Quant aux moyens de fonctionnement des Délégations Régionales au Tourisme, ils seront augmentés d'un demi-million de francs. Leurs moyens en personnels étant renforcés par la mise à disposition de personnels qualifiés en provenance du Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement.
J'envisage, par ailleurs, de créer au sein de la direction du Tourisme un bureau emploi-formation (plus particulièrement attaché à suivre les questions liées au tourisme social et à la réduction du temps de travail), ainsi qu'une cellule prospective de réflexion et de recherche sur les potentialité du secteur.
Car si tous nous nous accordons à constater que les comportements des touristes changent, il nous faut mieux les connaître et les analyser.
Le suivi des flux, des attentes et des potentiels est en effet fondamental pour anticiper sur les évolutions de la demande et mener une politique de développement durable cohérente, en phase avec la réalité.
C'est pourquoi j'ai également souhaité que dans ce budget 1999 un effort conséquent soit porté sur les moyens de l'observation économique.
Nous allons augmenter les moyens humains mis à la disposition de l'Observatoire National du Tourisme et nous engager activement dans le développement d'un partenariat étroit avec les autres services de l'Etat en charge de l'observation économique, tels que l'Insee ou la Banque de France...
C'est d'ailleurs cela qui devrait nous permettre, Monsieur Meylan, de mieux estimer les retombées des campagnes de Maison de la France à l'Etranger. En effet, celle-ci rend bien un bilan annuel sur ses activités qu'il est tout à fait possible de vous communiquer, mais qui, à mon sens ne permets pas d'avoir un calcul carré, avec la précision que vous recherchez, sur les effets de son travail promotionnel.
Cela dit, j'ai bien entendu votre proposition d'effectuer une comparaison avec les politiques de promotion menées par les pays étrangers et pourquoi pas de charger un parlementaire de cette mission globale d'évaluation.
Vous l'aurez compris, ce budget traduit la volonté qui m'anime, depuis ma prise de fonction, d'apporter au Tourisme, les meilleures conditions de sa croissance.
Je sais qu'il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour lui permettre d'être considéré comme une activité économique à part entière, un outil d'aménagement du territoire qu'on n'oppose plus au développement industriel ou agricole.
Mais je suis convaincue que nous sommes sur la bonne voie, celle qui passe par une prise en compte des réalités et s'attache au partenariat avec les différents ministères, les collectivités territoriales et locales, et l'ensemble de la grande famille du tourisme.
Je sais, Monsieur DEPREZ, qu'il reste beaucoup de pain sur la planche pour parfaire les textes régissant l'organisation territoriale et les professions touristiques.
C'est pourquoi, j'étudie la possibilité de mettre en chantier une nouvelle grande loi d'organisation du tourisme français.
Je ne manquerai pas de vous associer ainsi que l'ensemble des parlementaires concernés à la concertation qui sera liée à son élaboration.
Aussi je souhaiterai que l'augmentation de ce budget soit ressentie comme un signe fort de ma volonté d'aller plus loin dans la mise en uvre d'une politique touristique ambitieuse, plus soucieuse des attentes des populations et capable de mettre la France au premier rang, non plus seulement des destinations touristiques mais aussi des pays qui, en la matière, innovent le plus aujourd'hui.
Une politique ou l'Etat joue pleinement son rôle en assurant les cohérences et les fédérations indispensables.
Une politique qui réponde enfin au légitime droit aux vacances pour tous et aux espoirs d'une jeunesse en mal d'emploi.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 27 septembre 2001)