Déclaration de Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés, sur le rôle du Conseil national de l'alimentation dans la sécurité alimentaire et l'exclusion sociale générée par une alimentation à deux vitesses, Paris le 3 mai 2000.

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Circonstance : Renouvellement du Conseil national de l'alimentation à Paris le 3 mai 2000

Texte intégral

Madame la Ministre,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Malgré un calendrier très chargé et de multiples obligations (actualité hôpitaux, projet de loi à concerter) je tiens à dire très sincèrement que je suis heureuse de participer aujourd'hui au renouvellement du Conseil national de l'alimentation et à l'installation de son nouveau président. Je me félicite du choix qui s'est porté sur Christian Babusiaux dont je suis certaine qu'il saura faire du Conseil national de l'alimentation l'outil de grande valeur dont nous avons besoin dans le domaine de la politique alimentaire.
Le paysage institutionnel a bien changé depuis la parution du décret du 27 novembre 1985 qui porta la création du premier Conseil national de l'alimentation. En effet, la loi du 1er juillet 1998 sur le renforcement de la veille et de la sécurité sanitaire a précisé les responsabilités dans le domaine de la sécurité alimentaire : l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments qui est chargée de l'évaluation des risques sanitaires et nutritionnels, le Comité national de sécurité sanitaire qui a vocation à analyser tous les éléments susceptibles d'affecter la santé de la population et à tirer les enseignements des principales crises sanitaires. Aussi, à notre demande, dans ce cadre Christian Babusiaux, va travailler à réactualiser les missions du Conseil national de l'alimentation qui seront précisées dans un nouveau décret prévoyant son articulation avec le dispositif existant.
Le Conseil national de l'alimentation sera un lieu de dialogue, de concertation et de propositions dans le domaine de la politique alimentaire. Un lieu qui permettra de développer un débat citoyen, extrêmement utile aux politiques pour les décisions à prendre dans ce domaine. Je suis certaine que le Conseil national de l'alimentation, animé par son nouveau président Christian Babusiaux, sera une caisse de résonance idéale pour répercuter à la fois les attentes des professionnels et des consommateurs mais aussi débattre de leur perception de la politique menée dans le domaine de l'alimentation.
Le Conseil national de l'alimentation, s'il n'a pas vocation à être le lieu d'une expertise scientifique, celle-ci étant réalisée ou coordonnée par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, présente l'avantage de rassembler les différents professionnels de la chaîne de production agricole et alimentaire, ceux de la distribution des aliments ceux de la restauration, ainsi que des représentants des consommateurs et des usagers.
Les questions relatives à la sécurité sanitaire des aliments (comme la décision concernant l'embargo sur la viande bovine britannique, les organismes génétiquement modifiés) sont souvent des questions ardues pour les décideurs. Une fois l'expertise scientifique réalisée, pour prendre une décision équilibrée et juste en matière d'appréciation et de gestion du risque, le politique doit pouvoir s'appuyer sur des éléments issus d'un débat citoyen le plus vrai possible. C'est le rôle d'une instance comme le Conseil national de l'alimentation d'organiser ce débat, de véhiculer cette pédagogie, d'organiser la transparence à l'exemple des Etats généraux de l'alimentation, de la conférence sur les OGM ou encore des Etats généraux de la santé. Sans se substituer aux avis scientifiques, à côté d'eux et comme eux, il apportera une contribution indispensable à la prise de décision politique et au développement d'une culture commune de sécurité sanitaire à laquelle nous travaillons régulièrement.
Vous allez définir un nouveau programme de travail. Puisque j'y suis engagée, je souhaite donc vivement que vous placiez parmi vos priorités une question qui me préoccupe : celle d'une exclusion sociale qui serait générée par une alimentation à deux vitesses (aliments sûrs mais chers, aliments bon marché et de moindre qualité dont la sécurité ne serait pas garantie). Ce sujet, véritable sujet de société me paraît tout particulièrement intéressant à traiter dans le cadre du Conseil national de l'alimentation : une réflexion menée par l'ensemble des professionnels du secteur alimentaire avec les consommateurs serait essentielle à la cohésion sociale dans ce domaine. Par ailleurs, dans le cadre de la politique que mène le ministère de la santé pour mieux satisfaire les besoins nutritionnels, lutter contre l'obésité et développer un équilibre alimentaire propice à la santé, je souhaite vivement que vous fassiez émerger les attentes des consommateurs et entraîniez la volonté de professionnels du secteur de l'alimentation de s'associer à cette démarche.
Je suis convaincue que la coopération dont vous m'avez décrit les contours, lors de notre entretien, sera de nature à faire progresser les projets qui nous tiennent à cur et qui participent de la politique globale de développement de la démocratie sanitaire que poursuit le Gouvernement.


(source http://www.sante.gouv.fr, le 5 mai 2000)