Texte intégral
REUNION DU G-20
CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE
DU SECRETAIRE D'ETAT AU COMMERCE EXTERIEUR,
M. FRANCOIS HUWART,
ET DU GOUVERNEUR DE LA BANQUE DE FRANCE,
M. JEAN-CLAUDE TRICHET
- PROPOS DE M. HUWART -
(Montréal, 25 octobre 2000)
Avant que nous puissions répondre à vos questions, je vais dresser un rapide compte-rendu de cette journée du Forum du G-20. Je voudrais vous dire que cela a été un forum important et utile par le dialogue qu'il permet d'instaurer entre pays développés et pays émergents. Vous avez sans doute été destinataire d'un communiqué qui résume les principaux points abordés lors de cette réunion et qui fait apparaître des consensus sur un certain nombre de ces points. Vous aurez sans doute noté que par sa structure ce communiqué place au centre des préoccupations la question de la mondialisation et traite des questions financières en annexe.
Je crois que c'est un choix délibéré des ministres et des gouverneurs qui ont souhaité proposer un début de réponse aux préoccupations diverses et notamment aux préoccupations de la société civile sur ce sujet de la mondialisation. Sur l'économie mondiale, un échange - que j'ai trouvé riche et informel - s'est instauré entre pays développés et émergents. Cela a permis de constater à la fois une croissance mondiale confirmée mais aussi de cerner les vulnérabilités actuelles. Par conséquent, nous avons évoqué, mais de façon assez succinte bien évidemment la question du pétrole pour arriver à la conclusion - qui est désormais largement consensuelle, et qui a déjà été avalisée par les rencontres de Prague - , que nous devions développer le dialogue entre les pays producteurs et les pays consommateurs.
Sur la mondialisation, je crois que chacun est très conscient de ce que la mondialisation pose comme problèmes, - en particulier à l'extérieur et dans les opinions publiques et dans la société civile -, que si nous voulons que cette mondialisation profite à tous et qu'elle soit la source d'une croissance plus également répartie, elle a besoin d'être humanisée, d'être régulée dans son développement. Autrement dit elle doit chercher un équilibre entre la libéralisation supplémentaire par le maché et la régulation qui nous paraît indispensable. Il y a évidemment des nuances au sein de nos grands partenaires et au sein même des pays en développement : certains sont plus enthousiastes que les autres sur les effets bénéfiques de la mondialisation et n'en percoivent qu'assez modéremment les risques ; d'autres sont plus frileux et mettent l'accent sur ces risques. Mais au fond personne ne remet réellement en cause les bénéfices de la mondialisation sous certaines conditions. Je crois donc qu'il faut trouver un compromis juste et balancé qui soit satisfaisant pour la communauté internationale dans son ensemble et tout ce qui la compose, c'est à dire les gouvernements mais aussi la société civile, les organisations financières internationales, les parlements. Je crois que ce sera d'ailleurs probablement une des principales tâches du G-20 à l'avenir que de mieux démontrer les avantages apportés par la mondialisation notamment en direction de la société civile. Ma fonction est celle de responsable du commerce extérieur. J'ai donc une connaissance approfondie de ces questions de mondialisation commerciale.
Je voulais vous rappeler que la France et l'Union européenne sont favorables au lancement d'un nouveau cycle de négociations multilatérales à l'OMC, et que ce cycle, comme je le disais, devra être un cycle de libéralisation mais aussi de régulation et de développement. Je crois que ceci est assez clairement exprimé dans le communiqué, même si, s'agissant d'un communiqué du ministre des Finances et de la Banque centrale, le texte n'a évidemment pas pour vocation d'entrer dans les détails.
Revenant sur le G-20 lui même, nous avons donc abordé, - ceci est dans le communiqué -, le rythme d'ouverture financière des pays émergents. La crise asiatique a mis en évidence la nécessité pour les pays émergents de s'ouvrir de façon progressive et ordonnée aux marchés de capitaux privés internationaux. Si en effet la libéralisation financière est bénéfique sur le moyen terme, puisqu'elle offre des opportunités de mouvement incontestables, elle porte aussi en germe des risques importants de fragilité à court terme surtout si les structures économiques et financières indispensables n'ont pas été mises en place au préalable. De ce point de vue, la France et l'Union européenne ont toujours promu une intégration progressive et ordonnée des pays émergents dans la communauté financière internationale. Nous souhaitons que les pays en développement qui souhaitent s'ouvrir aux marchés financiers internationaux puissent le faire dans de bonnes conditions et soient notamment soutenus dans cette démarche par la communauté financière internationale, au premier chef par le Fonds monétaire international. Je crois que le communiqué rappelle sans ambiguité comme nous le souhaitions cette nécessité.
Nous avons aussi évidemment abordé ce que l'on pourrait qualifier de certains abus du système financier mondialisé. L'attention a été appelée, notamment par l'Union européenne qui a fait de cela une de ses priorités, sur les risques que le blanchiment de l'argent faisait courir à la crédibilité du système financier international.
Sur les actions en cours au plan international pour réduire les vulnérabilités aux crises, le Forum de stabilité financière dont le président M. Crocket, a de façon très pertinente montré ce que ce forum avait su faire d'utile depuis sa création en 1999, un travail remarquable a été fait sur les "hedge funds" et les centres "off shore".
Je crois que le G-20 a également à son niveau travaillé sur les principales vulnérabilités financières et, dans une optique un petit peu différente, cherché des consensus politiques sur des sujets techniquement mûrs - ce qui n'est pas toujours le cas des sujets que traite le Forum de stabilité financière mais pour lesquels des divergences existent sur les réponses à apporter.
Sur le fond j'ai trouvé que ces débats ont été substantiels et intéressants.
().
Un mot de conclusion pour redire après Monsieur Trichet que cette réunion aura été très utile par la qualité du dialogue que nous avons pu avoir. Je crois qu'il s'agit maintenant que les acteurs concernés, - c'est à dire les autorités publiques et les pays membres -, mettent en oeuvre leurs engagements. Je crois aussi que le G-20 s'est donné pour feuille de route de mieux expliquer les opportunités offertes par la mondialisation et je pense que la réunion ministérielle de l'an prochain aura pour objectif principal de fournir cette explication en direction d'un public aussi large que possible.
Et puis bien entendu, c'est aussi sa vocation de renforcer la stabilité financière internationale qui est une nécessité. Les priorités identifiées lors de la première reunion l'an dernier à Berlin étaient les régimes de change, l'implication du secteur privé et la gestion de la dette. Il y a encore du travail à faire sur ces sujets.
L'an prochain je pense qu'il sera probablement aussi question de nouvelles priorités identifiées dans le communiqué qui vous a été distribué et auxquelles la France pour sa part est particulièrement attachée, c'est à dire la lutte contre la délinquance financière et la problématique de la libéralisation financière et notamment de la libéralisation financière ordonnée. Tout ceci s'inscrivant à nos yeux dans la perspective et le cadre plus général d'une mondialisation régulée et qui profite à tous les pays et de façon plus égale et mieux partagée que ce que nous avons connu dans la dernière décennie.
Q - J'aimerais voir selon vous quelle serait la prochaine étape. L'année prochaine voyez-vous le G-20 s'ouvrir et faire un large débat public avec des séances publiques ? Comment voyez-vous la mission d'information du G-20 ?
R Je crois que le G-20, dans le cadre d'un paysage qui est déjà constitué d'autres institutions internationales, a une mission de dialogue commun et de sensibilisation. C'est une structure réunissant des ministres des Finances. Elle joue bien son rôle aujourd'hui. Nous ne devons pas confondre avec les autres : le G-20 est constitué certes de représentants légitimes des gouvernements, a manifesté aujourd'hui la conscience que chacun des pays représentés par les ministres et les gouverneurs des banques centrales a de la situation. L'ouverture et le dialogue devraient prendre de l'ampleur.
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Q - De toute évidence il n'y a pas de dialogue entre les tenants de la mondialisation, les gouvernements et les opposants. Il manque un lien.
R - M. Trichet a raison de rappeler qu'il ne s'agit pas de confondre les compétences et que ce serait contre-productif de faire du G-20 une instance décisionnelle supplémentaire. Il y a par ailleurs une autre instance qui est l'Organisation mondiale du commerce pour laquelle l'Union européenne et d'autres pays ont fait des propositions de sorte que cette organisation soit plus légitime, plus transparente, associant les parlements et trouvant aussi sans doute le moyen d'associer les organisations non-gouvernementales. Mais encore une fois il ne s'agit pas de confondre le rôle de chacun. Le G-20 c'est une instance de concertation informelle. J'ai trouvé que les conversations qui s'y tenaient ont l'immense mérite de mettre très librement à côté des uns et des autres des pays extrêmement divers. Il est tout à fait important d'imaginer que le ministre chinois des Finances participe à une discussion très libre de la part aussi des pays développés. Dans ces discussions informelles, il n'y a pas la pesanteur que l'on peut trouver dans des discussions plus décisionnelles où les pays s'expriment davantage en tant que porte-paroles de leurs mandants. Au G-20, c'est une discussion libre et cela n'a pas de prix.
Q - Les opposants au G-20 disent que vous tenez vos réunions à huis clos parce que vous auriez des choses à cacher. Quelle est votre opinion là-dessus ?
R - Je sais bien que l'on peut dire cela mais je crois que le huis clos n'est pas une volonté de cacher : il y a un communiqué ensuite et chacun des ministres qui y a participé s'exprime. Il n'y a aucune volonté de cacher quoi que ce soit. Simplement ce que vous appelez le huis clos est tout simplement une formation restreinte pour pouvoir discuter librement et sans contrainte, sans la volonté de cacher mais sans subir aucune pression d'aucune sorte. Je crois que c'est bien ainsi, à charge pour chacun, en amont, dans son propre pays, d'organiser les concertations nécessaires, et après en aval d'organiser la communication.
Q - Est-ce que le problème de la place de l'euro a été abordé ?
R - Non, c'est une question qui n'a été pratiquement pas abordée, ou si elle l'a été, elle l'a été de façon extrêmement cursive. Cela n'a pas été un sujet important de cette réunion, d'autant que sur la question des taux de change, le G-20 n'a pas vocation à jouer un rôle leader, ne serait-ce parce qu'il ne faut pas non plus diluer les responsabilités.
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Q - Parlons de la mondialisation et des risques pour la croissance mondiale. Est-ce que les partisans du G-20 ont abondamment parlé des problèmes pétroliers ?
R - Nous avons parlé de ces question pétrolières mais je l'ai dit tout à l'heure et je le rappelle, de la même façon qu'à Prague. Ce qui veut dire que nous avons insisté sur la nécessité d'un dialogue entre pays producteurs et pays consommateurs et envisagé les uns et les autres les conséquences qu'un niveau du prix du pétrole élevé pourraient avoir en terme de croissance non seulement pour les pays développés mais aussi pour les pays en développement. Mais ceci a été encore une fois réabordé dans le même esprit et pour aboutir aux même conclusions s'agissant du G-20 que ce qui avait été dit à Prague.
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Q - Concrètement, par rapport à ce qui avait été décidé avant, qu'a apporté de plus cette réunion ?
R - Je dirais, en ce qui me concerne, que l'élément fort est la confirmation de la prise de conscience que la mondialisation devait être expliquée et qu'il devait y avoir par rapport aux opinions publiques un véritable travail d'explication et de dialogue.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 novembre 2000)
CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE
DU SECRETAIRE D'ETAT AU COMMERCE EXTERIEUR,
M. FRANCOIS HUWART,
ET DU GOUVERNEUR DE LA BANQUE DE FRANCE,
M. JEAN-CLAUDE TRICHET
- PROPOS DE M. HUWART -
(Montréal, 25 octobre 2000)
Avant que nous puissions répondre à vos questions, je vais dresser un rapide compte-rendu de cette journée du Forum du G-20. Je voudrais vous dire que cela a été un forum important et utile par le dialogue qu'il permet d'instaurer entre pays développés et pays émergents. Vous avez sans doute été destinataire d'un communiqué qui résume les principaux points abordés lors de cette réunion et qui fait apparaître des consensus sur un certain nombre de ces points. Vous aurez sans doute noté que par sa structure ce communiqué place au centre des préoccupations la question de la mondialisation et traite des questions financières en annexe.
Je crois que c'est un choix délibéré des ministres et des gouverneurs qui ont souhaité proposer un début de réponse aux préoccupations diverses et notamment aux préoccupations de la société civile sur ce sujet de la mondialisation. Sur l'économie mondiale, un échange - que j'ai trouvé riche et informel - s'est instauré entre pays développés et émergents. Cela a permis de constater à la fois une croissance mondiale confirmée mais aussi de cerner les vulnérabilités actuelles. Par conséquent, nous avons évoqué, mais de façon assez succinte bien évidemment la question du pétrole pour arriver à la conclusion - qui est désormais largement consensuelle, et qui a déjà été avalisée par les rencontres de Prague - , que nous devions développer le dialogue entre les pays producteurs et les pays consommateurs.
Sur la mondialisation, je crois que chacun est très conscient de ce que la mondialisation pose comme problèmes, - en particulier à l'extérieur et dans les opinions publiques et dans la société civile -, que si nous voulons que cette mondialisation profite à tous et qu'elle soit la source d'une croissance plus également répartie, elle a besoin d'être humanisée, d'être régulée dans son développement. Autrement dit elle doit chercher un équilibre entre la libéralisation supplémentaire par le maché et la régulation qui nous paraît indispensable. Il y a évidemment des nuances au sein de nos grands partenaires et au sein même des pays en développement : certains sont plus enthousiastes que les autres sur les effets bénéfiques de la mondialisation et n'en percoivent qu'assez modéremment les risques ; d'autres sont plus frileux et mettent l'accent sur ces risques. Mais au fond personne ne remet réellement en cause les bénéfices de la mondialisation sous certaines conditions. Je crois donc qu'il faut trouver un compromis juste et balancé qui soit satisfaisant pour la communauté internationale dans son ensemble et tout ce qui la compose, c'est à dire les gouvernements mais aussi la société civile, les organisations financières internationales, les parlements. Je crois que ce sera d'ailleurs probablement une des principales tâches du G-20 à l'avenir que de mieux démontrer les avantages apportés par la mondialisation notamment en direction de la société civile. Ma fonction est celle de responsable du commerce extérieur. J'ai donc une connaissance approfondie de ces questions de mondialisation commerciale.
Je voulais vous rappeler que la France et l'Union européenne sont favorables au lancement d'un nouveau cycle de négociations multilatérales à l'OMC, et que ce cycle, comme je le disais, devra être un cycle de libéralisation mais aussi de régulation et de développement. Je crois que ceci est assez clairement exprimé dans le communiqué, même si, s'agissant d'un communiqué du ministre des Finances et de la Banque centrale, le texte n'a évidemment pas pour vocation d'entrer dans les détails.
Revenant sur le G-20 lui même, nous avons donc abordé, - ceci est dans le communiqué -, le rythme d'ouverture financière des pays émergents. La crise asiatique a mis en évidence la nécessité pour les pays émergents de s'ouvrir de façon progressive et ordonnée aux marchés de capitaux privés internationaux. Si en effet la libéralisation financière est bénéfique sur le moyen terme, puisqu'elle offre des opportunités de mouvement incontestables, elle porte aussi en germe des risques importants de fragilité à court terme surtout si les structures économiques et financières indispensables n'ont pas été mises en place au préalable. De ce point de vue, la France et l'Union européenne ont toujours promu une intégration progressive et ordonnée des pays émergents dans la communauté financière internationale. Nous souhaitons que les pays en développement qui souhaitent s'ouvrir aux marchés financiers internationaux puissent le faire dans de bonnes conditions et soient notamment soutenus dans cette démarche par la communauté financière internationale, au premier chef par le Fonds monétaire international. Je crois que le communiqué rappelle sans ambiguité comme nous le souhaitions cette nécessité.
Nous avons aussi évidemment abordé ce que l'on pourrait qualifier de certains abus du système financier mondialisé. L'attention a été appelée, notamment par l'Union européenne qui a fait de cela une de ses priorités, sur les risques que le blanchiment de l'argent faisait courir à la crédibilité du système financier international.
Sur les actions en cours au plan international pour réduire les vulnérabilités aux crises, le Forum de stabilité financière dont le président M. Crocket, a de façon très pertinente montré ce que ce forum avait su faire d'utile depuis sa création en 1999, un travail remarquable a été fait sur les "hedge funds" et les centres "off shore".
Je crois que le G-20 a également à son niveau travaillé sur les principales vulnérabilités financières et, dans une optique un petit peu différente, cherché des consensus politiques sur des sujets techniquement mûrs - ce qui n'est pas toujours le cas des sujets que traite le Forum de stabilité financière mais pour lesquels des divergences existent sur les réponses à apporter.
Sur le fond j'ai trouvé que ces débats ont été substantiels et intéressants.
().
Un mot de conclusion pour redire après Monsieur Trichet que cette réunion aura été très utile par la qualité du dialogue que nous avons pu avoir. Je crois qu'il s'agit maintenant que les acteurs concernés, - c'est à dire les autorités publiques et les pays membres -, mettent en oeuvre leurs engagements. Je crois aussi que le G-20 s'est donné pour feuille de route de mieux expliquer les opportunités offertes par la mondialisation et je pense que la réunion ministérielle de l'an prochain aura pour objectif principal de fournir cette explication en direction d'un public aussi large que possible.
Et puis bien entendu, c'est aussi sa vocation de renforcer la stabilité financière internationale qui est une nécessité. Les priorités identifiées lors de la première reunion l'an dernier à Berlin étaient les régimes de change, l'implication du secteur privé et la gestion de la dette. Il y a encore du travail à faire sur ces sujets.
L'an prochain je pense qu'il sera probablement aussi question de nouvelles priorités identifiées dans le communiqué qui vous a été distribué et auxquelles la France pour sa part est particulièrement attachée, c'est à dire la lutte contre la délinquance financière et la problématique de la libéralisation financière et notamment de la libéralisation financière ordonnée. Tout ceci s'inscrivant à nos yeux dans la perspective et le cadre plus général d'une mondialisation régulée et qui profite à tous les pays et de façon plus égale et mieux partagée que ce que nous avons connu dans la dernière décennie.
Q - J'aimerais voir selon vous quelle serait la prochaine étape. L'année prochaine voyez-vous le G-20 s'ouvrir et faire un large débat public avec des séances publiques ? Comment voyez-vous la mission d'information du G-20 ?
R Je crois que le G-20, dans le cadre d'un paysage qui est déjà constitué d'autres institutions internationales, a une mission de dialogue commun et de sensibilisation. C'est une structure réunissant des ministres des Finances. Elle joue bien son rôle aujourd'hui. Nous ne devons pas confondre avec les autres : le G-20 est constitué certes de représentants légitimes des gouvernements, a manifesté aujourd'hui la conscience que chacun des pays représentés par les ministres et les gouverneurs des banques centrales a de la situation. L'ouverture et le dialogue devraient prendre de l'ampleur.
()
Q - De toute évidence il n'y a pas de dialogue entre les tenants de la mondialisation, les gouvernements et les opposants. Il manque un lien.
R - M. Trichet a raison de rappeler qu'il ne s'agit pas de confondre les compétences et que ce serait contre-productif de faire du G-20 une instance décisionnelle supplémentaire. Il y a par ailleurs une autre instance qui est l'Organisation mondiale du commerce pour laquelle l'Union européenne et d'autres pays ont fait des propositions de sorte que cette organisation soit plus légitime, plus transparente, associant les parlements et trouvant aussi sans doute le moyen d'associer les organisations non-gouvernementales. Mais encore une fois il ne s'agit pas de confondre le rôle de chacun. Le G-20 c'est une instance de concertation informelle. J'ai trouvé que les conversations qui s'y tenaient ont l'immense mérite de mettre très librement à côté des uns et des autres des pays extrêmement divers. Il est tout à fait important d'imaginer que le ministre chinois des Finances participe à une discussion très libre de la part aussi des pays développés. Dans ces discussions informelles, il n'y a pas la pesanteur que l'on peut trouver dans des discussions plus décisionnelles où les pays s'expriment davantage en tant que porte-paroles de leurs mandants. Au G-20, c'est une discussion libre et cela n'a pas de prix.
Q - Les opposants au G-20 disent que vous tenez vos réunions à huis clos parce que vous auriez des choses à cacher. Quelle est votre opinion là-dessus ?
R - Je sais bien que l'on peut dire cela mais je crois que le huis clos n'est pas une volonté de cacher : il y a un communiqué ensuite et chacun des ministres qui y a participé s'exprime. Il n'y a aucune volonté de cacher quoi que ce soit. Simplement ce que vous appelez le huis clos est tout simplement une formation restreinte pour pouvoir discuter librement et sans contrainte, sans la volonté de cacher mais sans subir aucune pression d'aucune sorte. Je crois que c'est bien ainsi, à charge pour chacun, en amont, dans son propre pays, d'organiser les concertations nécessaires, et après en aval d'organiser la communication.
Q - Est-ce que le problème de la place de l'euro a été abordé ?
R - Non, c'est une question qui n'a été pratiquement pas abordée, ou si elle l'a été, elle l'a été de façon extrêmement cursive. Cela n'a pas été un sujet important de cette réunion, d'autant que sur la question des taux de change, le G-20 n'a pas vocation à jouer un rôle leader, ne serait-ce parce qu'il ne faut pas non plus diluer les responsabilités.
().
Q - Parlons de la mondialisation et des risques pour la croissance mondiale. Est-ce que les partisans du G-20 ont abondamment parlé des problèmes pétroliers ?
R - Nous avons parlé de ces question pétrolières mais je l'ai dit tout à l'heure et je le rappelle, de la même façon qu'à Prague. Ce qui veut dire que nous avons insisté sur la nécessité d'un dialogue entre pays producteurs et pays consommateurs et envisagé les uns et les autres les conséquences qu'un niveau du prix du pétrole élevé pourraient avoir en terme de croissance non seulement pour les pays développés mais aussi pour les pays en développement. Mais ceci a été encore une fois réabordé dans le même esprit et pour aboutir aux même conclusions s'agissant du G-20 que ce qui avait été dit à Prague.
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Q - Concrètement, par rapport à ce qui avait été décidé avant, qu'a apporté de plus cette réunion ?
R - Je dirais, en ce qui me concerne, que l'élément fort est la confirmation de la prise de conscience que la mondialisation devait être expliquée et qu'il devait y avoir par rapport aux opinions publiques un véritable travail d'explication et de dialogue.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 novembre 2000)