Texte intégral
Je voudrais dire, pour le Mouvement des Citoyens, que nous sommes heureux de la tenue de cette rencontre la majorité plurielle. Il est bon en effet que nos cinq partis se rencontrent et préparent l'avenir. Nous avons plusieurs défis à relever.
1 - Dominer la mondialisation
En premier lieu, pour contrer les dérives d'une mondialisation libérale et purement marchande qui fait éclater les solidarités sociales à l'intérieur des nations, il nous faut dominer la mondialisation. Construire une Europe qui ne soit pas un relais du libéralisme mondial, mais qui soit capable de promouvoir un bien commun distinct du marché. Pour ce faire nous avons besoin d'une France qui sache ce qu'elle veut.
La France est notre levier pour que l'Union défende les intérêts des producteurs et des consommateurs à l'OMC, pour qu'elle recherche un accord de stabilité entre l'euro le dollar et le yen. Nous ne devons pas ménager nos efforts pour faire valoir un mécanisme inspiré de la taxe Tobin sur les produits financiers de la spéculation.
La France doit faire valoir sa propre conception du monde, faire vivre la citoyenneté et le principe de souveraineté populaire contre tous les empires, organiser sa vie commune selon ses principes et notamment avec le concours d'un service public moderne. La solidarité sociale ne doit pas se dissoudre dans la globalisation. Dans le domaine de la culture et de la communication, nous aurons à privilégier les contenus sur les vecteurs de communication nouveaux. La mondialisation sauvage n'est pas compatible avec la démocratie.
Nous avons besoin de confiance en nous-mêmes pour relever le défi d'une globalisation sans règle.
2 - Une Europe européenne
Pour le MdC, une France forte de ses principes est nécessaire à l'équilibre de l'Europe que nous voulons construire comme union de nations solidaires.
L'euro, dont nous n'avons pas approuvé la création, doit devenir la monnaie commune le 1er janvier 2002. Il est bon que notre déclaration commune évoque la modification des statuts de la Banque centrale européenne afin d'y inscrire la nécessité de rechercher un haut niveau d'emploi, et que face à la BCE, le Conseil de l'euro-12 soit le poste de pilotage des politiques économiques.
L'élargissement à l'Est devra être rééquilibré par une ouverture vers le Sud, le Maghreb et le Proche-Orient notamment. Ce destin, loin de nous conduire à un fédéralisme impossible, ou à bâtir un nouveau mur de l'argent entre un " noyau dur "et les autres Etats membres, conduit à privilégier de nouvelles coopérations sur les formes anciennes de l'intégration.
Des coopérations renforcées, unissant en particulier la France et l'Allemagne, devront vertébrer cette grande Europe qui est désormais notre horizon : monnaie, recherche, industrie, grandes infrastructures de transports, défense, coopération avec le Sud
3 - Organiser le retour à l'emploi pour tous
La priorité de l'action publique doit aller au retour à l'emploi pour tous. En effet, pour 2,3 millions de chômeurs, la croissance retrouvée ne s'est pas encore traduite par un emploi. Notre projet de texte commun évoque à juste titre un ample programme national de formation, de remise à niveau, de qualification qui doit être mis en uvre, et irriguer les bassins d'emploi. L'adaptation de ces programmes aux publics concernés et principalement aux jeunes générations issues de l'immigration doit être recherchée. Des contrats peuvent être passés avec les entreprises accueillant des premiers retours à l'emploi.
Le principe de solidarité exige que les fruits de la croissance soient mieux répartis. Plutôt qu'à des cadeaux fiscaux, les rentrées fiscales dues à l'expansion doivent être utilisées prioritairement pour financer un vaste programme de retour à l'emploi.
4 - La croissance et le pouvoir d'achat
Nous voulons que le progrès du pouvoir d'achat soutienne la croissance économique et que le travail soit plus justement rémunéré.
Le pouvoir d'achat des salariés dans leur ensemble augmente nettement moins vite que la croissance, et celle-ci commence de rencontrer des obstacles. Améliorer la rémunération du travail, à commencer par le SMIC, est une exigence de justice sociale, et une nécessité économique pour soutenir la demande, par la consommation des ménages, même si notre réunion n'a pas pour objet de fixer les taux. Afin de resserrer l'écart entre les revenus du travail et les autres revenus, les instruments de la politique fiscale et des traitements et salaires publics doivent être utilisés.
L'évolution du pouvoir d'achat ne peut être abandonné au seul libre jeu du libéralisme qui préférera toujours les stock-options ; l'invention d'une nouvelle politique des revenus est nécessaire pour surmonter les fractures entre exclus et inclus et construire une citoyenneté de fait.
5 - Remettre en marche l'ascenseur social
Il faut aussi remettre en marche l'ascenseur social, par exemple à travers la récompense des mérites. Cela commence à l'école, dont la mission indissociable de transmission des savoirs et de formation des citoyens doit être rappelée avec force. L'accès à la citoyenneté doit constituer un engagement majeur, pour aider les jeunes qui connaissent les situations les plus difficiles à trouver une formation, un emploi, à réussir leur vie.
Aux jeunes issus de l'immigration, aux jeunes qui vivent dans des quartiers populaires stigmatisés, l'Etat et les collectivités locales doivent proposer non une action d'assistance ou une attitude de compassion, mais une action résolue pour leur conquête de l'égalité des droits et la pleine citoyenneté. L'accès à l'emploi doit être garanti sans autre distinction que celle fondée sur le mérite, ce qui exige une lutte résolue contre les préjugés et la discrimination. Le recrutement dans les emplois publics et privés doit être à l'image de la population.
6 - Préparer ensemble l'avenir de nos villes
Contre la ségrégation sociale et urbaine, il nous faut à présent promouvoir la mixité sociale dans les villes. L'instrument de l'intercommunalité est là pour combattre l'apartheid social qui tend à creuser un fossé entre les centres-villes et les banlieues. Penser l'avenir de nos villes à vingt ans, c'est aussi se donner les outils favorisant le brassage social qui est la nature même de la ville : pour réinventer la mixité sociale en changeant le mode de financement du logement, pour améliorer l'environnement, les transports publics, pour accélérer la recherche-développement en matière de voitures propres, pour favoriser la qualité de la vie et réduire les nuisances, pour la reconstruction des banlieues.
La sécurité doit devenir un droit égal pour tous, car la délinquance atteint plus durement nos concitoyens les plus modestes, ceux qui vivent dans des quartiers particulièrement touchés et qui n'ont pas les moyens d'en sortir. La réforme en cours visant à passer d'une police d'ordre à une police de proximité doit être accompagnée d'une réforme de la justice et spécialement de la prise en compte des nouveaux phénomènes tels la délinquance multirécidiviste de mineurs violents. Les moyens de la police et de la justice doivent être mis à niveau pour répondre aux réalités d'aujourd'hui. C'est cela aussi le pacte républicain auquel se réfère notre déclaration commune.
7 - Une politique énergétique diversifiée et équilibrée
Les défis de la politique énergétique ne peuvent pas être ignorés. La recherche des économies d'énergie est sans aucun doute utile, mais ne peut à elle seule résoudre les difficultés que fait peser sur nous la perspective durable d'un coût élevé du pétrole. Il faut agir sur l'offre d'énergie.
La France doit peser pour obtenir la levée de l'embargo inhumain sur l'Iraq, qui a déjà causé la mort d'un million d'Iraquiens, et qui stérilise les secondes réserves pétrolières mondiales. Leur retour sur le marché contribuerait à la baisse des cours.
La perspective durable d'un prix élevé du pétrole et le renchérissement du prix du gaz conduisent à nos yeux à relancer dès à présent le programme de renouvellement du parc de centrales nucléaires : EPR dans le cadre européen, et en relation avec les utilisateurs potentiels dans le reste du monde, réacteurs à haute température et de taille moyenne ; la question des 200 à 600 tonnes de déchets transuraniens à prévoir d'ici 2050 (à comparer avec le milliard de tonnes de gaz carbonique que produirait le recours dans la même période aux centrales à gaz) doit être traitée dans le cadre de la loi Bataille de 1991.L'énergie électrique nucléaire est la moins chère et la moins polluante. Elle permet d'honorer nos engagements en matière de réduction d'émission de gaz à effet de serre. Je conçois qu'il y ait un débat sur ce point, mais le débat public et citoyen est urgent.
Un débat parlementaire consacré à la politique énergétique, précédé par une large information scientifique et technique sera utile. Il doit illustrer le besoin d'un débat public argumenté, ordonné en raison, libéré des peurs irrationnelles, et soucieux de l'avenir.
8 - Valoriser tous les atouts de la France
Nous avons la conviction d'une politique de recherche ambitieuse, une politique industrielle avisée, une politique d'aménagement du territoire plus résolue, permettront aussi de valoriser mieux les atouts de la France dans l'espace européen et mondial.
La nécessité de disposer d'un pôle de recherche public fort, guidé par l'intérêt public, apparaît en pleine lumière quand les citoyens sont confrontés à des défis tels les O.G.M., les nouvelles pandémies, les prionsLa confiance dans la science est compromise quand des organismes privés, liés à de grandes multinationales, acquièrent un monopole de fait. Le soutien continu à une politique de recherche est vital pour la France en tous domaines, de la santé publique à l'industrie, à l'informatique ou aux communications.
La non-ingérence dans les affaires des grands groupes industriels ne saurait tenir lieu de politique industrielle. L'Etat doit disposer des moyens d'expertise et mettre en cohérence les instruments dont il dispose. Ce devrait être le rôle d'une organisation des régulations économiques allant au-delà de la seule transparence des mécanismes boursiers.
De même l'aménagement du territoire ne peut résulter de la seule addition de projets régionaux. Si l'Etat ne fixe pas d'orientations, ce ne sont pas les régions qui aménageront le territoire, mais le marché, laissant à l'écart un grand nombre de régions. Une grande ambition, le souci d'associer les citoyens aux objectifs, doivent donner à l'aménagement du territoire une dimension plus volontaire.
9 - En finir avec la cohabitation, rétablir la responsabilité politique
Je voudrais évoquer pour conclure les questions institutionnelles. Nous souhaitons que l'élection présidentielle soit l'élection directrice, et pour cela que le calendrier logique soit rétabli, plaçant l'élection présidentielle avant le renouvellement de l'Assemblée nationale. Le calendrier actuel, qui résulte de la date du décès du président Pompidou et de la date de la dissolution de 1997, ne répond à aucune exigence cohérente. Son maintien conduirait à perpétuer les risques de cohabitation, dont les citoyens ne veulent plus.
Le choix du quinquennat doit nous amener au contraire à fixer clairement les responsabilités : celles de l'exécutif, celle du législatif. Pour en finir avec les ambiguïtés de la cohabitation, les Français doivent savoir clairement qui gouverne, qui légifère et contrôle, et qui s'oppose. Les responsabilités politiques pourront être établies : c'est une action publique conduite sur cinq années qui sera soumise au verdict du suffrage universel.
Faute de quoi, si les élections législatives précédaient l'élection présidentielle, c'est une autre forme de cohabitation qui s'instaurerait, au moment même où les citoyens exigent davantage de clarté, de responsabilité. Ramener le calendrier électoral à la logique est la condition d'une évolution démocratique de nos institutions.
10 - La décentralisation, dans la République
Enfin, nous voulons une décentralisation aussi poussée que possible, transparente, dans le cadre d'une République où la loi fixant les grandes règles, votée par le Parlement, reste la même pour tous. Le texte de la déclaration commune en précise les grands axes.
La réussite de l'intercommunalité -communautés d'agglomération et communautés de communes- ouvre le chemin à de nouvelles réformes : chaque niveau de collectivités doit disposer de blocs de compétence plus précis, de ressources fiscales propres, et, dans la politique contractuelle, des collectivités chefs de file doivent être désignées. La représentation des départements doit gagner en démocratie par un nouveau mode de scrutin assis sur les intercommunalités. Celles-ci doivent pouvoir dès 2007 être administrées par des conseils élus en même temps que les conseils municipaux.
A nos yeux, vous le savez, un recadrage s'impose pour la politique conduite en Corse. La renonciation explicite à la violence est nécessaire de la part de tous les interlocuteurs de l'Etat, car la démocratie ne saurait accepter le chantage. Une décentralisation du pouvoir réglementaire est possible, mais " l'adaptation " par des assemblées locales de la loi républicaine n'est pas acceptable, puisqu'elle conduirait à ce que la loi cesse d'être égale pour tous. De même si l'enseignement de la langue corse peut être encouragé, son enseignement obligatoire serait un prétexte à la " corsisation " future des emplois, négation du principe de citoyenneté.
Un sommet est utile parce qu'il permet les échanges de vues nécessaires. Nous nous sommes efforcés d'y contribuer. Sans masquer les différences, mais avec le souci loyal de les surmonter. Cet état d'esprit doit perdurer.
(Source http://www,mdc-france,org, le 22 janvier 2001)
1 - Dominer la mondialisation
En premier lieu, pour contrer les dérives d'une mondialisation libérale et purement marchande qui fait éclater les solidarités sociales à l'intérieur des nations, il nous faut dominer la mondialisation. Construire une Europe qui ne soit pas un relais du libéralisme mondial, mais qui soit capable de promouvoir un bien commun distinct du marché. Pour ce faire nous avons besoin d'une France qui sache ce qu'elle veut.
La France est notre levier pour que l'Union défende les intérêts des producteurs et des consommateurs à l'OMC, pour qu'elle recherche un accord de stabilité entre l'euro le dollar et le yen. Nous ne devons pas ménager nos efforts pour faire valoir un mécanisme inspiré de la taxe Tobin sur les produits financiers de la spéculation.
La France doit faire valoir sa propre conception du monde, faire vivre la citoyenneté et le principe de souveraineté populaire contre tous les empires, organiser sa vie commune selon ses principes et notamment avec le concours d'un service public moderne. La solidarité sociale ne doit pas se dissoudre dans la globalisation. Dans le domaine de la culture et de la communication, nous aurons à privilégier les contenus sur les vecteurs de communication nouveaux. La mondialisation sauvage n'est pas compatible avec la démocratie.
Nous avons besoin de confiance en nous-mêmes pour relever le défi d'une globalisation sans règle.
2 - Une Europe européenne
Pour le MdC, une France forte de ses principes est nécessaire à l'équilibre de l'Europe que nous voulons construire comme union de nations solidaires.
L'euro, dont nous n'avons pas approuvé la création, doit devenir la monnaie commune le 1er janvier 2002. Il est bon que notre déclaration commune évoque la modification des statuts de la Banque centrale européenne afin d'y inscrire la nécessité de rechercher un haut niveau d'emploi, et que face à la BCE, le Conseil de l'euro-12 soit le poste de pilotage des politiques économiques.
L'élargissement à l'Est devra être rééquilibré par une ouverture vers le Sud, le Maghreb et le Proche-Orient notamment. Ce destin, loin de nous conduire à un fédéralisme impossible, ou à bâtir un nouveau mur de l'argent entre un " noyau dur "et les autres Etats membres, conduit à privilégier de nouvelles coopérations sur les formes anciennes de l'intégration.
Des coopérations renforcées, unissant en particulier la France et l'Allemagne, devront vertébrer cette grande Europe qui est désormais notre horizon : monnaie, recherche, industrie, grandes infrastructures de transports, défense, coopération avec le Sud
3 - Organiser le retour à l'emploi pour tous
La priorité de l'action publique doit aller au retour à l'emploi pour tous. En effet, pour 2,3 millions de chômeurs, la croissance retrouvée ne s'est pas encore traduite par un emploi. Notre projet de texte commun évoque à juste titre un ample programme national de formation, de remise à niveau, de qualification qui doit être mis en uvre, et irriguer les bassins d'emploi. L'adaptation de ces programmes aux publics concernés et principalement aux jeunes générations issues de l'immigration doit être recherchée. Des contrats peuvent être passés avec les entreprises accueillant des premiers retours à l'emploi.
Le principe de solidarité exige que les fruits de la croissance soient mieux répartis. Plutôt qu'à des cadeaux fiscaux, les rentrées fiscales dues à l'expansion doivent être utilisées prioritairement pour financer un vaste programme de retour à l'emploi.
4 - La croissance et le pouvoir d'achat
Nous voulons que le progrès du pouvoir d'achat soutienne la croissance économique et que le travail soit plus justement rémunéré.
Le pouvoir d'achat des salariés dans leur ensemble augmente nettement moins vite que la croissance, et celle-ci commence de rencontrer des obstacles. Améliorer la rémunération du travail, à commencer par le SMIC, est une exigence de justice sociale, et une nécessité économique pour soutenir la demande, par la consommation des ménages, même si notre réunion n'a pas pour objet de fixer les taux. Afin de resserrer l'écart entre les revenus du travail et les autres revenus, les instruments de la politique fiscale et des traitements et salaires publics doivent être utilisés.
L'évolution du pouvoir d'achat ne peut être abandonné au seul libre jeu du libéralisme qui préférera toujours les stock-options ; l'invention d'une nouvelle politique des revenus est nécessaire pour surmonter les fractures entre exclus et inclus et construire une citoyenneté de fait.
5 - Remettre en marche l'ascenseur social
Il faut aussi remettre en marche l'ascenseur social, par exemple à travers la récompense des mérites. Cela commence à l'école, dont la mission indissociable de transmission des savoirs et de formation des citoyens doit être rappelée avec force. L'accès à la citoyenneté doit constituer un engagement majeur, pour aider les jeunes qui connaissent les situations les plus difficiles à trouver une formation, un emploi, à réussir leur vie.
Aux jeunes issus de l'immigration, aux jeunes qui vivent dans des quartiers populaires stigmatisés, l'Etat et les collectivités locales doivent proposer non une action d'assistance ou une attitude de compassion, mais une action résolue pour leur conquête de l'égalité des droits et la pleine citoyenneté. L'accès à l'emploi doit être garanti sans autre distinction que celle fondée sur le mérite, ce qui exige une lutte résolue contre les préjugés et la discrimination. Le recrutement dans les emplois publics et privés doit être à l'image de la population.
6 - Préparer ensemble l'avenir de nos villes
Contre la ségrégation sociale et urbaine, il nous faut à présent promouvoir la mixité sociale dans les villes. L'instrument de l'intercommunalité est là pour combattre l'apartheid social qui tend à creuser un fossé entre les centres-villes et les banlieues. Penser l'avenir de nos villes à vingt ans, c'est aussi se donner les outils favorisant le brassage social qui est la nature même de la ville : pour réinventer la mixité sociale en changeant le mode de financement du logement, pour améliorer l'environnement, les transports publics, pour accélérer la recherche-développement en matière de voitures propres, pour favoriser la qualité de la vie et réduire les nuisances, pour la reconstruction des banlieues.
La sécurité doit devenir un droit égal pour tous, car la délinquance atteint plus durement nos concitoyens les plus modestes, ceux qui vivent dans des quartiers particulièrement touchés et qui n'ont pas les moyens d'en sortir. La réforme en cours visant à passer d'une police d'ordre à une police de proximité doit être accompagnée d'une réforme de la justice et spécialement de la prise en compte des nouveaux phénomènes tels la délinquance multirécidiviste de mineurs violents. Les moyens de la police et de la justice doivent être mis à niveau pour répondre aux réalités d'aujourd'hui. C'est cela aussi le pacte républicain auquel se réfère notre déclaration commune.
7 - Une politique énergétique diversifiée et équilibrée
Les défis de la politique énergétique ne peuvent pas être ignorés. La recherche des économies d'énergie est sans aucun doute utile, mais ne peut à elle seule résoudre les difficultés que fait peser sur nous la perspective durable d'un coût élevé du pétrole. Il faut agir sur l'offre d'énergie.
La France doit peser pour obtenir la levée de l'embargo inhumain sur l'Iraq, qui a déjà causé la mort d'un million d'Iraquiens, et qui stérilise les secondes réserves pétrolières mondiales. Leur retour sur le marché contribuerait à la baisse des cours.
La perspective durable d'un prix élevé du pétrole et le renchérissement du prix du gaz conduisent à nos yeux à relancer dès à présent le programme de renouvellement du parc de centrales nucléaires : EPR dans le cadre européen, et en relation avec les utilisateurs potentiels dans le reste du monde, réacteurs à haute température et de taille moyenne ; la question des 200 à 600 tonnes de déchets transuraniens à prévoir d'ici 2050 (à comparer avec le milliard de tonnes de gaz carbonique que produirait le recours dans la même période aux centrales à gaz) doit être traitée dans le cadre de la loi Bataille de 1991.L'énergie électrique nucléaire est la moins chère et la moins polluante. Elle permet d'honorer nos engagements en matière de réduction d'émission de gaz à effet de serre. Je conçois qu'il y ait un débat sur ce point, mais le débat public et citoyen est urgent.
Un débat parlementaire consacré à la politique énergétique, précédé par une large information scientifique et technique sera utile. Il doit illustrer le besoin d'un débat public argumenté, ordonné en raison, libéré des peurs irrationnelles, et soucieux de l'avenir.
8 - Valoriser tous les atouts de la France
Nous avons la conviction d'une politique de recherche ambitieuse, une politique industrielle avisée, une politique d'aménagement du territoire plus résolue, permettront aussi de valoriser mieux les atouts de la France dans l'espace européen et mondial.
La nécessité de disposer d'un pôle de recherche public fort, guidé par l'intérêt public, apparaît en pleine lumière quand les citoyens sont confrontés à des défis tels les O.G.M., les nouvelles pandémies, les prionsLa confiance dans la science est compromise quand des organismes privés, liés à de grandes multinationales, acquièrent un monopole de fait. Le soutien continu à une politique de recherche est vital pour la France en tous domaines, de la santé publique à l'industrie, à l'informatique ou aux communications.
La non-ingérence dans les affaires des grands groupes industriels ne saurait tenir lieu de politique industrielle. L'Etat doit disposer des moyens d'expertise et mettre en cohérence les instruments dont il dispose. Ce devrait être le rôle d'une organisation des régulations économiques allant au-delà de la seule transparence des mécanismes boursiers.
De même l'aménagement du territoire ne peut résulter de la seule addition de projets régionaux. Si l'Etat ne fixe pas d'orientations, ce ne sont pas les régions qui aménageront le territoire, mais le marché, laissant à l'écart un grand nombre de régions. Une grande ambition, le souci d'associer les citoyens aux objectifs, doivent donner à l'aménagement du territoire une dimension plus volontaire.
9 - En finir avec la cohabitation, rétablir la responsabilité politique
Je voudrais évoquer pour conclure les questions institutionnelles. Nous souhaitons que l'élection présidentielle soit l'élection directrice, et pour cela que le calendrier logique soit rétabli, plaçant l'élection présidentielle avant le renouvellement de l'Assemblée nationale. Le calendrier actuel, qui résulte de la date du décès du président Pompidou et de la date de la dissolution de 1997, ne répond à aucune exigence cohérente. Son maintien conduirait à perpétuer les risques de cohabitation, dont les citoyens ne veulent plus.
Le choix du quinquennat doit nous amener au contraire à fixer clairement les responsabilités : celles de l'exécutif, celle du législatif. Pour en finir avec les ambiguïtés de la cohabitation, les Français doivent savoir clairement qui gouverne, qui légifère et contrôle, et qui s'oppose. Les responsabilités politiques pourront être établies : c'est une action publique conduite sur cinq années qui sera soumise au verdict du suffrage universel.
Faute de quoi, si les élections législatives précédaient l'élection présidentielle, c'est une autre forme de cohabitation qui s'instaurerait, au moment même où les citoyens exigent davantage de clarté, de responsabilité. Ramener le calendrier électoral à la logique est la condition d'une évolution démocratique de nos institutions.
10 - La décentralisation, dans la République
Enfin, nous voulons une décentralisation aussi poussée que possible, transparente, dans le cadre d'une République où la loi fixant les grandes règles, votée par le Parlement, reste la même pour tous. Le texte de la déclaration commune en précise les grands axes.
La réussite de l'intercommunalité -communautés d'agglomération et communautés de communes- ouvre le chemin à de nouvelles réformes : chaque niveau de collectivités doit disposer de blocs de compétence plus précis, de ressources fiscales propres, et, dans la politique contractuelle, des collectivités chefs de file doivent être désignées. La représentation des départements doit gagner en démocratie par un nouveau mode de scrutin assis sur les intercommunalités. Celles-ci doivent pouvoir dès 2007 être administrées par des conseils élus en même temps que les conseils municipaux.
A nos yeux, vous le savez, un recadrage s'impose pour la politique conduite en Corse. La renonciation explicite à la violence est nécessaire de la part de tous les interlocuteurs de l'Etat, car la démocratie ne saurait accepter le chantage. Une décentralisation du pouvoir réglementaire est possible, mais " l'adaptation " par des assemblées locales de la loi républicaine n'est pas acceptable, puisqu'elle conduirait à ce que la loi cesse d'être égale pour tous. De même si l'enseignement de la langue corse peut être encouragé, son enseignement obligatoire serait un prétexte à la " corsisation " future des emplois, négation du principe de citoyenneté.
Un sommet est utile parce qu'il permet les échanges de vues nécessaires. Nous nous sommes efforcés d'y contribuer. Sans masquer les différences, mais avec le souci loyal de les surmonter. Cet état d'esprit doit perdurer.
(Source http://www,mdc-france,org, le 22 janvier 2001)