Texte intégral
C'est avec un plaisir particulier que je signe aujourd'hui la convention avec l'association Scènes et Territoires : c'est en effet la première fois que le label " Scène conventionnée " est attribué à une association issue de l'éducation populaire.
La première fois, car jusqu'à présent les rapports entre le ministère de la culture et les fédérations d'éducation populaire restaient trop distants pour qu'une telle initiative soit possible. Il faut en faire le constat aujourd'hui : pendant longtemps, le ministère de la culture a quasiment ignoré l'éducation populaire ; il l'a cantonnée dans ce qu'on appelle le " socioculturel ", et il y avait dans ce mot une sorte de condescendance. C'était une grande erreur : comment, en effet, séparer la culture du social ? La culture n'est-elle pas un acte social par excellence ? Peut-on imaginer un art qui ne serait pas partagé ? En montrant tant de réticences à collaborer avec l'éducation populaire, le ministère de la culture s'est privé de l'apport de réseaux profondément ancrés dans les territoires, et de partenaires riches de convictions et de savoir-faire.
Le rapprochement avec l'éducation populaire a commencé à se faire il y a quelques années, d'abord sur le terrain : les associations d'éducation populaire ont été porteuses de projets culturels de grande qualité, qui ont naturellement trouvé le chemin des DRAC.
L'année dernière le ministère de la culture a signé une Charte d'objectifs, avec huit fédérations d'éducation populaire, ce qui a permis de définir ensemble des modalités de travail, et des objectifs communs. Le 7 avril plus particulièrement en Lorraine, s'est tenue la première rencontre nationale culture / éducation-populaire, qui allait être suivie de sept autres rencontres dans d'autres régions. Ces rencontres ont associé des représentants de l'éducation populaire et des représentants du milieu culturel, sous l'égide des DRAC.
C'est ainsi que peu à peu, une idée a fait son chemin, qui consistait à affirmer que les associations d'éducation populaire n'étaient pas seulement des prestataires de service, mais bien des partenaires à part entière du ministère de la culture. Le conseil national culture éducation populaire a officialisé cette orientation le 9 novembre dernier.
La convention de Scènes et Territoires est le premier exemple de cet esprit nouveau qui anime aujourd'hui nos deux réseaux. Elle montre de façon exemplaire que nous sommes les uns et les autres en mesure de trouver un langage commun, et de nous associer pour mener ensemble un projet culturel et artistique ambitieux.
Si je suis ici aujourd'hui c'est pour avoir le plaisir de constater de visu l'application de cette politique que nous avons voulu instituer. Je sais que la compagnie, le collectif d'artistes plutôt, " la Balestra " est ici depuis le 02 novembre et qu'ils se félicitent de cette résidence parmi les habitants de la commune et de la communauté de communes du Pays de la Vezouze.
Nous sommes au cur de cette action culturelle proche des territoires que l'on ma présentée à la préfecture de région et au conseil général de Meurthe-et-Moselle et qui, grâce au Président Dinet, se développera de façon nouvelle et importante à partir de janvier 2001, dans le cadre du programme départemental de développement culturel local. Elle conduit déjà à cette commande de Scènes et Territoires à la compagnie la Balestra de la pièce pour marionnettiste " le petit salé ". Ainsi, d'emblée, la diffusion et la création artistiques prennent place sur ce territoire.
Le label " Scène conventionnée ", qui ne peut être accordé qu'à un projet artistique spécifique, donne à la convention une force toute particulière. C'est une vraie reconnaissance qui est accordée, en Lorraine, à une action qui s'est construite peu à peu et qui permet aujourd'hui à une vaste population, parfois éloignée de la culture pour des raisons sociales ou géographiques, d'avoir accès à des activités et des manifestations artistiques.
Je veillerai à ce que la convention de " Scènes et Territoires " soit largement diffusée car je tiens à ce que l'on sache que l'éducation populaire est porteuse de démarches artistiques fortes alors que, souvent, on pense que son action se limite aux rapports avec les publics. Il est temps de faire savoir que l'éducation populaire, non seulement est présente sur le terrain artistique, mais qu'elle a un rôle important à jouer dans ce domaine. Et c'est pour évoquer cette question et en débattre que nous organiserons, dans quelques mois, avec vous, une manifestation nationale à laquelle s'associeront de nombreux artistes.
Pour conclure, je veux m'adresser à tous ceux qui, depuis des années, militent ici pour ce développement en milieu rural ; ceux qui ont permis, l'année dernière, que 86 communes accueillent près de 140 représentations, produites par près de 40 compagnies. Merci aux 14 fédérations départementales, au 2 fédérations régionales, et aux 2 unions régionales qui réunissent des foyers ruraux, des fédérations d'oeuvres laïques, des Maisons des jeunes et de la culture et des associations de familles rurales.
Depuis bientôt quatre ans, vous êtes la démonstration que le service public de la culture, dans sa mission prioritaire de lutte contre les inégalités, pour l'accès de tous aux uvres, a le besoin crucial d'acteurs, d'hommes et de femmes engagés sur le terrain.
Je veux aujourd'hui féliciter très chaleureusement ceux qui m'entourent aujourd'hui.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 5 décembre 2000)