Déclaration de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, sur la prévention des conduites à risque des jeunes en milieu sportif, Paris, le 5 décembre 2000.

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Circonstance : Ouverture du séminaire "Prévention des conduites à risques des jeunes en milieu sportif" à Paris (Comité National Olympique et Sportif) le 5 décembre 2000

Texte intégral

Je tiens tout d'abord à remercier Monsieur le Président du Comité National Olympique et Sportif de nous accueillir ici, dans ce lieu privilégié pour un débat sur le sport.
C'est avec plaisir que j'ouvre ce séminaire qui tente d'analyser les conduites à risques des jeunes dans le cadre de leurs pratiques sportives ; cela aurait pu être en lien avec d'autres activités ou moments de leur vie.
Ces journées d'information et d'échanges sont issues d'un travail mené par différents services du ministère sur la prévention en direction des publics jeunes et la relation du sport à la santé.
Nous avons travaillé grâce à la coordination bienveillante de la MILDT, en lien avec le secrétariat d'Etat à la Santé.
Dans ce ministère, j'ai été très vite confrontée à la relation complexe qui existe entre le jeune et ses activités. C'est pourquoi j'ai ouvert le séminaire européen sur la Prévention, en 1997.
C'est ainsi également que le ministère s'est engagé en matière de prévention par la mise en uvre notamment d'une loi de protection de la santé des sportifs, qui permet l'instauration d'antennes régionales, l'installation de médecins conseillers régionaux, le soutien aux lieux d'écoute et d'accompagnement (comme Ecoute dopage), mais aussi par la production d'outils pédagogiques que nous avons conçus avec le CNOSF. Je pense à la mallette dopage.
Le propos de ces journées se veut plus large et consiste à interroger le rôle des activités physiques et sportives comme facteur d'épanouissement, d'équilibre et donc de prévention sur les conduites à risques ou de vulnérabilité pour les jeunes, garçons et filles.
Les travaux menés, leurs conclusions visent à mieux connaître les réalités, à mieux les comprendre.
Parfois, ils nous interpellent, nous heurtent mais il ne faut pas voir le sport comme responsable ou comme le Zorro, simplement comme une activité qui n'est pas en dehors de la société. Les dérives qui la traverse, les comportements à risques ne s'arrêtent pas à l'entée des stades ou des gymnases comme ils ne s'arrêtent pas à l'entrée de l'école, de la cité. L'actualité nous le rappelle chaque soir.
Des jeunes sont marqués par la précarité ou la violence, ce sont les enseignants, animateurs, les éducateurs, les autres jeunes qui en témoignent, et dans le même temps le poids du sport dans la société, sa valorisation, son impact sur le comportement, la mode, et en général sur la consommation des jeunes, est très importante. Il est à la fois une activité de proximité et de plaisir. Il fait rêver. Il peut apparaître comme une solution pour sortir de la grisaille.
Regarder le sport ainsi, ce n'est pas l'aimer moins, c'est l'aimer mieux.
Se mettre en état de dépendance soit sous la forme de consommation de produits licites ou non : alcool, tabac, cannabis, héroïne, de médicaments voire de produits dopants ou encore de conduites violentes, existent y compris chez les jeunes sportifs et les jeunes sportives. Cela ne doit pas nous étonner, mais nous mobiliser car le sport est peut-être un atout particulier pour se respecter et respecter les autres.
Nous devons plus et mieux aider les éducateurs pour qu'ils puissent non seulement détecter mais aussi prévenir ce genre de comportements.
Mais la question est complexe parce que transversale dans son contenu et interministériel dans ses implications. Le séminaire doit permettre notamment des moments d'échanges et d'interrogation entre chercheurs, institutions et professionnels. Je suis heureuse que ce nouveau champ d'études ait ainsi passionné des chercheurs et des chercheuses venues de tous les horizons : sociologie, psychologie, sciences de l'éducation et de l'éducation sportive.
Ce séminaire va prioritairement donner la parole aux experts. Les institutions qui ont initié la démarche sont présentes pour entendre et pour ultérieurement pouvoir tirer les conséquences des productions et travaux qui nous seront soumis.
Les données qui vont vous être communiquées pour la partie française seront les données des études initiées par le ministère de la Jeunesse et des Sports et la MILDT dès 1998, avec des experts comme je le disais venus de tous les horizons. Ces travaux ont ensuite fait l'objet de séances de travail avec des praticiens concernés professionnellement, en vue de confronter le point de vue.
Trois collèges se sont ainsi constitués, autour de représentants de professions médicales et sanitaires, de représentants des secteurs de l'éducation et de l'animation et de responsables du mouvement sportif et des services déconcentrés.
L'ensemble de ce travail intégrant à la fois les données des chercheurs et les observations des collèges, a fait l'objet d'un numéro spécial d'une revue (Politique Santé) qui a été largement diffusé cette année par le ministère de la Jeunesse et des Sports.
Je tiens à souligner que cette phase d'état des lieux s'est immédiatement construite avec le mouvement sportif, avec le CNOSF à qui j'ai communiqué les différents résultats et qui a participé aux travaux des collèges, avec l'INSEP qui s'est associé en proposant experts et médecins du sport.
Enfin, la nécessité de confronter et d'approfondir ces premiers résultats s'est fait sentir. Aussi, la collaboration avec d'autres chercheurs européens sur cette même approche est apparue naturellement indispensable.
C'est dans cette logique que ce séminaire a été proposé conjointement avec la MILDT dans le cadre de la Présidence Française de l'Union européenne, avec l'appui du CNOSF et le concours de l'INSEP, que je remercie vivement pour la permanence de leurs engagements.
Dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, le ministère de la jeunesse et des sports a souhaité notamment par son soutien aux rencontres européennes des jeunes, au 9ème forum européen du sport et à cette manifestation exprimer tout son intérêt sur les questions et problèmes liés à la jeunesse, la sauvegarde et l'intérêt de la spécificité sportive. Les résultats qui seront annoncés au sommet de Nice sont très positifs.
J'attends beaucoup de vos travaux.
Mais ce que vous allez faire pendant ces deux jours sur le sport, nous devons le faire pour toutes les activités des jeunes. Je fais confiance à la MILDT et à Madame Nicole Maestracci sa présidente, à vous tous et toutes pour poursuivre ce travail.
Merci.

(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 8 décembre 2000)