Texte intégral
Monsieur le Doyen des Ambassadeurs arabes,
Cher Aly Maher El Sayed,
Madame et Messieurs les Ambassadeurs,
Madame la Déléguée Générale
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je veux d'abord vous dire, Monsieur l'Ambassadeur, combien je suis sensible à votre invitation à m'exprimer devant votre assemblée. Je mesure bien que les esprits et les curs ne peuvent pas aujourd'hui se contenter d'un exposé tranquille de la vision du Rassemblement Pour la République sur la politique étrangère. Depuis plusieurs semaines, j'ai sincèrement formé le vu que le jour où je m'adresserai à vous, le Proche-Orient ne connaîtrait plus la spirale de violence dans laquelle il est entré à l'automne. Je sais l'attention, la solidarité, la passion avec lesquelles le monde arabe accompagne les heures dramatiques vécues par la population palestinienne.
La France ne saurait y être indifférente. Dans ce contexte de violences inacceptables, la France n'est pas neutre, elle est du parti de la paix, elle est du parti de la condamnation de toutes les violences. Elle a su le dire et elle sait le dire par la voix du Président de la République.
La France défend dans le monde une position inspirée par ses valeurs fondatrices, au premier rang desquels le droit de tous les peuples à choisir librement leur destin, à l'assumer en totale indépendance et à voir ces choix respectés par les autres Nations et les Organisations internationales.
Aujourd'hui comme hier, la France entend tenir son rang. C'était l'ambition du Général de Gaulle qui évoquait le pacte vingt fois séculaire entre la Grandeur de la France et la Liberté du monde. C'est toujours l'ambition de notre Président de la République. La politique étrangère de la France est régie par l'alliance constante du souci de préserver notre indépendance nationale comme notre souveraineté et la volonté de manifester concrètement notre solidarité aux nations qui en ont besoin.
Cette vocation inscrite dans notre Histoire et notre géographie ont assigné à la diplomatie française certains horizons privilégiés, tels que l'Europe, l'Afrique du Nord et le Proche Orient. Mais c'est partout dans le monde que la France entend promouvoir et accompagner les valeurs dont elle l'inspiratrice : la démocratie, la justice et le respect des droits de l'Homme. C'est une voie qui mérite des efforts particuliers à une époque où la mondialisation se renforce.
Nous ne sommes plus aujourd'hui dans un rapport de lutte idéologique mondiale, mais bien dans une logique de guerre économique et culturelle.
Dans cette rivalité internationale d'un nouveau type, les Etats-Unis ont une avance certaine qui se vérifie par leur degré d'influence dans les affaires du monde. Cette situation ne doit pas se traduire par une uniformisation des standards de vie et de pensée.
Face à la mondialisation, dès son élection, Jacques CHIRAC a souhaité que la France ne soit ni soumise, ni insouciante. Il a voulu qu'elle adopte une attitude volontaire et qu'elle s'en donne les moyens. La capacité économique doit être mise au service d'un modèle politique associé à des valeurs.
L'émergence d'une multipolarité, le respect des identités de chacun sont deux grands principes de notre politique étrangère. Elle vise à inscrire partout dans le monde la liberté de l'Homme, dans le respect des réalités culturelles et sociales de chacun. La mondialisation ne vaut que si elle est un progrès pour l'Homme et donc, si elle respecte l'enracinement dans les valeurs séculaires et dans des solidarités qui s'expriment, avant tout, dans le cadre national.
Sommes nous en état de faire prévaloir nos idées ? Aujourd'hui, il ne fait guère de doutes que la rente de situation relativement privilégiée, dont la France avait bénéficiée dans l'organisation du monde marquée jusqu'à la fin des années 1980 par la rivalité Est-Ouest, s'effrite. Dans un tel contexte, la France doit se montrer déterminée, performante dans son environnement. Dans cette acception, il faut entendre, non seulement le continent européen, mais également le flanc sud de la Méditerranée, le Maghreb, le Proche-Orient.
Les relations que la France entretient avec les pays du pourtour Méditerranée en général, avec toutes les Nations du monde arabe, sont séculaires et complexes.
"La Méditerranée, seul continent liquide" disait André Siegried, recèle tous les éléments de crises parmi lesquels s'inscrivent l'éveil ou le réveil des nationalismes, l'accumulation des déséquilibres structurels entre les deux rives de la Méditerranée en termes économiques, sociaux, démographiques et la montée en puissance des intégrismes. Mais la Méditerranée est aussi un lieu de coopération et d'avenir.
A l'instar de ce que les Etats-Unis d'Amérique ont fait avec le Canada et le Mexique, dans le cadre de l'Aléna, avec les pays du Maghreb, la France doit entraîner ses partenaires européens dans une politique d'aide qui soit pragmatique, qui profite à la croissance et à l'emploi et qui offre des perspectives d'expansion.
La France travaille avec l'Espagne et l'Italie à un sous-ensemble méditerranéen susceptible de fournir une contribution propre à la sécurité et à la stabilité de la région.
Sur le plan bilatéral, les relations entre nos pays connaissent un saut qualitatif certain avec, par exemple, la négociation de nouveaux accords d'association dits de "2ème génération".
C'est avec tous que le partenariat euro-méditerranéen s'inscrit dans la durée afin de se muer en un instrument efficace pour le développement, mais aussi pour lutter contre tous les fanatismes. Cette coopération recouvre des volets importants :
- au niveau politique et de sécurité d'abord, les principes communs touchent à l'Etat de droit ainsi qu'aux règles qui devront contribuer à une meilleure sécurité commune : non recours à la force, respect de l'intégrité territoriale. Il nous faudra aller plus loin encore en bâtissant un véritable Pacte pour la Méditerranée, pour faire de cet espace un pôle de paix et de stabilité.
- sur le plan économique et financier, j'estime que l'Europe doit uvrer pour une modernisation des économies du Sud, pour l'amélioration de leur compétitivité et leur insertion dans les grands échanges mondiaux et pour la constitution d'une zone d'échange et de prospérité. D'ailleurs, l'Union européenne ne propose-t-elle pas d'accompagner les processus de libéralisation des échanges qui se fera inévitablement dans le cadre des nouvelles réalités de l'économie mondiale et des règles de l'OMC auxquelles nos pays ont souscrit ? Participons aussi à une incitation des échanges entre les pays eux-mêmes.
- le troisième volet concerne les personnes, renforçons les partenariats social, culturel, humain par les échanges entre les jeunes, entre les Universités, entre les Instituts de recherche, entre les collectivités locales. Cela implique pour la France, nous le savons bien, de réfléchir à son système de bourses d'études et à sa politique de visa. Etablissons une coopération renforcée pour lutter contre les maux communs que constituent le trafic de drogue, la criminalité internationale, l'immigration clandestine.
- enfin, assurons une meilleure gestion de notre patrimoine commun : la protection de la Méditerranée, la lutte contre les progrès de la désertification, la préservation des ressources halieutiques, la sauvegarde de certains sites.
L'amitié qui unit la France aux pays arabes la conduit aussi à proposer de jouer un rôle dans la recherche d'une paix durable au Proche-Orient. Face à de problèmes aussi délicats, un pays tiers influent, intéressé par la sécurité du bassin méditerranéen peut mettre à la disposition des parties son capital de confiance auprès de chacun, son expertise technique, son poids international pour rapprocher les points de vues.
Au-delà de ce monde méditerranéen, l'Histoire de la France, sa participation active aux grandes instances politiques mondiales, qu'ils s'agissent juridiquement du conseil de sécurité de l'ONU ou pragmatiquement du G8, l'amène à entretenir des relations et des affinités privilégiées avec certains ensembles régionaux. C'est le cas avec l'Afrique du Nord, le Proche et Moyen-Orient.
Mesdames et Messieurs, la France est un des pays européens et du G8, le plus ouvert au monde arabe, le plus à même de comprendre, d'interpréter, de ressentir la culture, les aspirations, les désirs du monde arabe. C'est la rencontre entre la politique générale de la France que j'ai détaillée précédemment et ces liens, qui font la politique de la France dans cette région.
Ce sont ces bases qui poussent la France à dire parfois "NON" et à se présenter en alternative, par exemple à la politique américaine, sur certains dossiers. Par conséquent, elle n'est en aucun cas, la résultante d'un quelconque parti pris mais bien le signe d'une volonté de dire ce qui est juste, à nos yeux, dans l'Histoire des peuples.
J'ai parlé à l'instant de politique régionale parce que la France a une politique méditerranéenne proche et moyen-orientale qui n'est pas une politique exclusive. Israël appartient à cet ensemble et la France entend comme l'ensemble des puissances régionales et mondiales travailler à la sécurité d'Israël.
Ces liens, cette approche politique constituent une réponse à ceux qui attendent de la France de l'autonomie, de la liberté de manuvre. A partir de 1967, le Général de Gaulle a permis de redonner à la France crédit et influence qui ne valaient que dans le cadre d'une amorce de règlement du conflit israélo-arabe. Les Présidences Pompidou et Giscard d'Estaing marqueront la spécificité française au Proche Orient par la reconnaissance des droits du peuple palestinien, reprise dans la déclaration de Venise de Juin 1980, qui demandait "que le peuple palestinien, qui a conscience d'exister en tant que tel, doit être mis en mesure (...) d'exercer pleinement son droit à l'autodétermination".
Le Président Jacques Chirac rappelle inlassablement, les principes sur lesquels notre politique s'inscrit : elle est fondée sur le respect de l'indépendance et de la dignité des Etats, mais aussi sur le ferme volonté de contribuer au respect des droits de l'homme et à l'esprit de tolérance.
Ainsi, par ses prises de position, la France s'est avec constance, attachée à engager les uns et les autres à la compréhension et à la reconnaissance mutuelle. Elle a joué au sein de l'Union européenne, un rôle pionnier.
Outre les négociations politiques malheureusement actuellement bloquées, le processus de paix comporte nombre de questions pratiques telles que la répartition de l'eau, le sort des réfugiés, la coopération en matière de lutte contre le terrorisme ou l'ouverture à l'extérieur de l'économie palestinienne. Avec ses partenaires européens, la France a mis sur pied un "Groupe de travail sur la question de l'eau". Des juristes français, spécialisés en matière de partage des eaux en situation de pénurie étudient des solutions pratiques pour la répartition des ressources de Cisjordanie qu'elles tiennent à la disposition des négociateurs. Dans le cadre des négociations multilatérales, le groupe "Réunification des Familles" que la France préside, est le seul à avoir poursuivi ses activités ces dernières années : depuis 1995, 4733 palestiniens ont pu rejoindre leur famille en Cisjordanie ou à Gaza. La France mène plusieurs programmes de coopération avec la police palestinienne. Enfin, c'est à Paris qu'a été signé, en 1994, l'accord régissant les relations commerciales des territoires palestiniens avec les pays tiers. (Hors Israël).
Il n'y aura pas de paix durable au Proche-Orient si le fait palestinien n'est pas reconnu et si cette reconnaissance n'aboutit pas à la création d'un Etat. La France, amie des Palestiniens et des Arabes, engagée dans un dialogue franc et direct avec Israël est entendue et joue, dans cette région du monde, un rôle qu'aucun autre pays européen ne peut avoir, comme cela a été démontré en 1996 au moment où le Sud Liban était à feu et à sang, et où a été constitué le groupe de surveillance à la co-présidence franco-américaine.
Pour toutes ces raisons, Monsieur l'Ambassadeur, la France n'est pas neutre. Elle a pris le parti de la paix et de la justice. Elle est fidèle à la lettre et à l'esprit des accords d'Oslo, à la paix au Liban. Elle est prête à partager à des opérations de maintien de la paix. L'action du Président de la République est porteuse de cette détermination.
C'est dans cet esprit que la politique de la France au Proche Orient doit rester équilibrée. Fondée sur la recherche de la paix, la défense de la démocratie et le développement, la France a la ferme volonté, sous la conduite du Président Jacques Chirac, de comprendre une culture des peuples qui, dans notre vision d'un monde désormais globalisé, oblige à la recherche d'un équilibre multipolaire. C'est dans cet ensemble que la France et l'Europe ont une politique arabe et c'est la France, plus que d'autres, qui porte ce projet. Il s'agit d'une politique conforme à sa vocation et à ses intérêts bien compris.
La France est une puissance méditerranéenne. Il est légitime qu'elle entende établir et inscrire dans le temps une coopération avec les pays arabes. Loin d'être un mythe sur sa grandeur supposée et disparue, la politique arabe de la France est la traduction de sa vocation à faire entendre partout sa voix et à donner de la voix quand l'actualité l'exige. Et aujourd'hui, cette actualité dramatique, violente, confère à la France et à l'Europe des responsabilités.
Madame et Messieurs les Ambassadeurs, soyez assurés que ses responsabilités, sous la conduite de Jacques CHIRAC, la France les prend.
Je vous remercie.
(source http://www.rpr.org, le 24 novembre 2000)
Cher Aly Maher El Sayed,
Madame et Messieurs les Ambassadeurs,
Madame la Déléguée Générale
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je veux d'abord vous dire, Monsieur l'Ambassadeur, combien je suis sensible à votre invitation à m'exprimer devant votre assemblée. Je mesure bien que les esprits et les curs ne peuvent pas aujourd'hui se contenter d'un exposé tranquille de la vision du Rassemblement Pour la République sur la politique étrangère. Depuis plusieurs semaines, j'ai sincèrement formé le vu que le jour où je m'adresserai à vous, le Proche-Orient ne connaîtrait plus la spirale de violence dans laquelle il est entré à l'automne. Je sais l'attention, la solidarité, la passion avec lesquelles le monde arabe accompagne les heures dramatiques vécues par la population palestinienne.
La France ne saurait y être indifférente. Dans ce contexte de violences inacceptables, la France n'est pas neutre, elle est du parti de la paix, elle est du parti de la condamnation de toutes les violences. Elle a su le dire et elle sait le dire par la voix du Président de la République.
La France défend dans le monde une position inspirée par ses valeurs fondatrices, au premier rang desquels le droit de tous les peuples à choisir librement leur destin, à l'assumer en totale indépendance et à voir ces choix respectés par les autres Nations et les Organisations internationales.
Aujourd'hui comme hier, la France entend tenir son rang. C'était l'ambition du Général de Gaulle qui évoquait le pacte vingt fois séculaire entre la Grandeur de la France et la Liberté du monde. C'est toujours l'ambition de notre Président de la République. La politique étrangère de la France est régie par l'alliance constante du souci de préserver notre indépendance nationale comme notre souveraineté et la volonté de manifester concrètement notre solidarité aux nations qui en ont besoin.
Cette vocation inscrite dans notre Histoire et notre géographie ont assigné à la diplomatie française certains horizons privilégiés, tels que l'Europe, l'Afrique du Nord et le Proche Orient. Mais c'est partout dans le monde que la France entend promouvoir et accompagner les valeurs dont elle l'inspiratrice : la démocratie, la justice et le respect des droits de l'Homme. C'est une voie qui mérite des efforts particuliers à une époque où la mondialisation se renforce.
Nous ne sommes plus aujourd'hui dans un rapport de lutte idéologique mondiale, mais bien dans une logique de guerre économique et culturelle.
Dans cette rivalité internationale d'un nouveau type, les Etats-Unis ont une avance certaine qui se vérifie par leur degré d'influence dans les affaires du monde. Cette situation ne doit pas se traduire par une uniformisation des standards de vie et de pensée.
Face à la mondialisation, dès son élection, Jacques CHIRAC a souhaité que la France ne soit ni soumise, ni insouciante. Il a voulu qu'elle adopte une attitude volontaire et qu'elle s'en donne les moyens. La capacité économique doit être mise au service d'un modèle politique associé à des valeurs.
L'émergence d'une multipolarité, le respect des identités de chacun sont deux grands principes de notre politique étrangère. Elle vise à inscrire partout dans le monde la liberté de l'Homme, dans le respect des réalités culturelles et sociales de chacun. La mondialisation ne vaut que si elle est un progrès pour l'Homme et donc, si elle respecte l'enracinement dans les valeurs séculaires et dans des solidarités qui s'expriment, avant tout, dans le cadre national.
Sommes nous en état de faire prévaloir nos idées ? Aujourd'hui, il ne fait guère de doutes que la rente de situation relativement privilégiée, dont la France avait bénéficiée dans l'organisation du monde marquée jusqu'à la fin des années 1980 par la rivalité Est-Ouest, s'effrite. Dans un tel contexte, la France doit se montrer déterminée, performante dans son environnement. Dans cette acception, il faut entendre, non seulement le continent européen, mais également le flanc sud de la Méditerranée, le Maghreb, le Proche-Orient.
Les relations que la France entretient avec les pays du pourtour Méditerranée en général, avec toutes les Nations du monde arabe, sont séculaires et complexes.
"La Méditerranée, seul continent liquide" disait André Siegried, recèle tous les éléments de crises parmi lesquels s'inscrivent l'éveil ou le réveil des nationalismes, l'accumulation des déséquilibres structurels entre les deux rives de la Méditerranée en termes économiques, sociaux, démographiques et la montée en puissance des intégrismes. Mais la Méditerranée est aussi un lieu de coopération et d'avenir.
A l'instar de ce que les Etats-Unis d'Amérique ont fait avec le Canada et le Mexique, dans le cadre de l'Aléna, avec les pays du Maghreb, la France doit entraîner ses partenaires européens dans une politique d'aide qui soit pragmatique, qui profite à la croissance et à l'emploi et qui offre des perspectives d'expansion.
La France travaille avec l'Espagne et l'Italie à un sous-ensemble méditerranéen susceptible de fournir une contribution propre à la sécurité et à la stabilité de la région.
Sur le plan bilatéral, les relations entre nos pays connaissent un saut qualitatif certain avec, par exemple, la négociation de nouveaux accords d'association dits de "2ème génération".
C'est avec tous que le partenariat euro-méditerranéen s'inscrit dans la durée afin de se muer en un instrument efficace pour le développement, mais aussi pour lutter contre tous les fanatismes. Cette coopération recouvre des volets importants :
- au niveau politique et de sécurité d'abord, les principes communs touchent à l'Etat de droit ainsi qu'aux règles qui devront contribuer à une meilleure sécurité commune : non recours à la force, respect de l'intégrité territoriale. Il nous faudra aller plus loin encore en bâtissant un véritable Pacte pour la Méditerranée, pour faire de cet espace un pôle de paix et de stabilité.
- sur le plan économique et financier, j'estime que l'Europe doit uvrer pour une modernisation des économies du Sud, pour l'amélioration de leur compétitivité et leur insertion dans les grands échanges mondiaux et pour la constitution d'une zone d'échange et de prospérité. D'ailleurs, l'Union européenne ne propose-t-elle pas d'accompagner les processus de libéralisation des échanges qui se fera inévitablement dans le cadre des nouvelles réalités de l'économie mondiale et des règles de l'OMC auxquelles nos pays ont souscrit ? Participons aussi à une incitation des échanges entre les pays eux-mêmes.
- le troisième volet concerne les personnes, renforçons les partenariats social, culturel, humain par les échanges entre les jeunes, entre les Universités, entre les Instituts de recherche, entre les collectivités locales. Cela implique pour la France, nous le savons bien, de réfléchir à son système de bourses d'études et à sa politique de visa. Etablissons une coopération renforcée pour lutter contre les maux communs que constituent le trafic de drogue, la criminalité internationale, l'immigration clandestine.
- enfin, assurons une meilleure gestion de notre patrimoine commun : la protection de la Méditerranée, la lutte contre les progrès de la désertification, la préservation des ressources halieutiques, la sauvegarde de certains sites.
L'amitié qui unit la France aux pays arabes la conduit aussi à proposer de jouer un rôle dans la recherche d'une paix durable au Proche-Orient. Face à de problèmes aussi délicats, un pays tiers influent, intéressé par la sécurité du bassin méditerranéen peut mettre à la disposition des parties son capital de confiance auprès de chacun, son expertise technique, son poids international pour rapprocher les points de vues.
Au-delà de ce monde méditerranéen, l'Histoire de la France, sa participation active aux grandes instances politiques mondiales, qu'ils s'agissent juridiquement du conseil de sécurité de l'ONU ou pragmatiquement du G8, l'amène à entretenir des relations et des affinités privilégiées avec certains ensembles régionaux. C'est le cas avec l'Afrique du Nord, le Proche et Moyen-Orient.
Mesdames et Messieurs, la France est un des pays européens et du G8, le plus ouvert au monde arabe, le plus à même de comprendre, d'interpréter, de ressentir la culture, les aspirations, les désirs du monde arabe. C'est la rencontre entre la politique générale de la France que j'ai détaillée précédemment et ces liens, qui font la politique de la France dans cette région.
Ce sont ces bases qui poussent la France à dire parfois "NON" et à se présenter en alternative, par exemple à la politique américaine, sur certains dossiers. Par conséquent, elle n'est en aucun cas, la résultante d'un quelconque parti pris mais bien le signe d'une volonté de dire ce qui est juste, à nos yeux, dans l'Histoire des peuples.
J'ai parlé à l'instant de politique régionale parce que la France a une politique méditerranéenne proche et moyen-orientale qui n'est pas une politique exclusive. Israël appartient à cet ensemble et la France entend comme l'ensemble des puissances régionales et mondiales travailler à la sécurité d'Israël.
Ces liens, cette approche politique constituent une réponse à ceux qui attendent de la France de l'autonomie, de la liberté de manuvre. A partir de 1967, le Général de Gaulle a permis de redonner à la France crédit et influence qui ne valaient que dans le cadre d'une amorce de règlement du conflit israélo-arabe. Les Présidences Pompidou et Giscard d'Estaing marqueront la spécificité française au Proche Orient par la reconnaissance des droits du peuple palestinien, reprise dans la déclaration de Venise de Juin 1980, qui demandait "que le peuple palestinien, qui a conscience d'exister en tant que tel, doit être mis en mesure (...) d'exercer pleinement son droit à l'autodétermination".
Le Président Jacques Chirac rappelle inlassablement, les principes sur lesquels notre politique s'inscrit : elle est fondée sur le respect de l'indépendance et de la dignité des Etats, mais aussi sur le ferme volonté de contribuer au respect des droits de l'homme et à l'esprit de tolérance.
Ainsi, par ses prises de position, la France s'est avec constance, attachée à engager les uns et les autres à la compréhension et à la reconnaissance mutuelle. Elle a joué au sein de l'Union européenne, un rôle pionnier.
Outre les négociations politiques malheureusement actuellement bloquées, le processus de paix comporte nombre de questions pratiques telles que la répartition de l'eau, le sort des réfugiés, la coopération en matière de lutte contre le terrorisme ou l'ouverture à l'extérieur de l'économie palestinienne. Avec ses partenaires européens, la France a mis sur pied un "Groupe de travail sur la question de l'eau". Des juristes français, spécialisés en matière de partage des eaux en situation de pénurie étudient des solutions pratiques pour la répartition des ressources de Cisjordanie qu'elles tiennent à la disposition des négociateurs. Dans le cadre des négociations multilatérales, le groupe "Réunification des Familles" que la France préside, est le seul à avoir poursuivi ses activités ces dernières années : depuis 1995, 4733 palestiniens ont pu rejoindre leur famille en Cisjordanie ou à Gaza. La France mène plusieurs programmes de coopération avec la police palestinienne. Enfin, c'est à Paris qu'a été signé, en 1994, l'accord régissant les relations commerciales des territoires palestiniens avec les pays tiers. (Hors Israël).
Il n'y aura pas de paix durable au Proche-Orient si le fait palestinien n'est pas reconnu et si cette reconnaissance n'aboutit pas à la création d'un Etat. La France, amie des Palestiniens et des Arabes, engagée dans un dialogue franc et direct avec Israël est entendue et joue, dans cette région du monde, un rôle qu'aucun autre pays européen ne peut avoir, comme cela a été démontré en 1996 au moment où le Sud Liban était à feu et à sang, et où a été constitué le groupe de surveillance à la co-présidence franco-américaine.
Pour toutes ces raisons, Monsieur l'Ambassadeur, la France n'est pas neutre. Elle a pris le parti de la paix et de la justice. Elle est fidèle à la lettre et à l'esprit des accords d'Oslo, à la paix au Liban. Elle est prête à partager à des opérations de maintien de la paix. L'action du Président de la République est porteuse de cette détermination.
C'est dans cet esprit que la politique de la France au Proche Orient doit rester équilibrée. Fondée sur la recherche de la paix, la défense de la démocratie et le développement, la France a la ferme volonté, sous la conduite du Président Jacques Chirac, de comprendre une culture des peuples qui, dans notre vision d'un monde désormais globalisé, oblige à la recherche d'un équilibre multipolaire. C'est dans cet ensemble que la France et l'Europe ont une politique arabe et c'est la France, plus que d'autres, qui porte ce projet. Il s'agit d'une politique conforme à sa vocation et à ses intérêts bien compris.
La France est une puissance méditerranéenne. Il est légitime qu'elle entende établir et inscrire dans le temps une coopération avec les pays arabes. Loin d'être un mythe sur sa grandeur supposée et disparue, la politique arabe de la France est la traduction de sa vocation à faire entendre partout sa voix et à donner de la voix quand l'actualité l'exige. Et aujourd'hui, cette actualité dramatique, violente, confère à la France et à l'Europe des responsabilités.
Madame et Messieurs les Ambassadeurs, soyez assurés que ses responsabilités, sous la conduite de Jacques CHIRAC, la France les prend.
Je vous remercie.
(source http://www.rpr.org, le 24 novembre 2000)