Texte intégral
France 2 - 7h50
G. Morin Vous réjouissez-vous de la visite de V. Poutine ou êtes-vous troublé comme l'étaient d'autres membres du PS lorsque l'on recevait Jaruzelski ?
- "C'était une autre époque. Il faut à mon avis avoir de bons rapports - c'est normal - avec un grand pays comme la Russie, et en même temps dire ce que l'on pense, notamment à propos de la Tchétchénie, des lenteurs de la démocratie, d'un certain nombre de mouvements qui peuvent toujours nous inquiéter. Il faut avoir à la fois la cordialité nécessaire, nous avons des relations anciennes, économiques avec le Russie qui est un pays qui compte dans l'équilibre du monde et de l'Europe, et en même temps, notre rôle, notre devoir est de dire ce que nous pensons."
La Russie vient rencontrer l'Union européenne. Faut-il la laisser entrer dans l'Union européenne, quand, à quelles conditions ?
- "Je ne crois pas qu'elle exprime une candidature."
Pas encore ?
- "Pas encore. D'ailleurs, ce serait une autre Europe qu'il faudrait concevoir. Une Europe comme l'avait prévue F. Mitterrand, une espèce de grande confédération. Mais il faut que l'Union européenne, telle qu'elle est, telle qu'elle sera demain, ait des relations étroites avec la Russie. La Russie est une puissance européenne."
La politique en France a été marquée la semaine dernière par une grogne des Communistes et des Verts contre le budget présenté par le Gouvernement. Ils se sont abstenus. Est-ce que L. Jospin, le PS, vont pouvoir supporter longtemps ce non-soutien des camarades de la gauche plurielle ?
- "Quand on est membre d'une majorité, quand on appartient à un Gouvernement, la logique veut que l'on vote le budget. C'est ce que L. Jospin a expliqué, c'est que nous n'avons cessé de plaider auprès de nos partenaires. Les Verts et les Communistes ont fait un choix d'abstention tout en sachant que le budget passerait, il n'y avait pas de drame. Mais ce n'est pas forcément une bonne habitude à prendre que de ne pas voter les budgets qui vont dégager les crédits pour leurs propres ministres. Je crois qu'il ne faut pas dramatiser ces moments-là. Il faut surtout comprendre pourquoi il y a eu telle ou telle attitude. Il y a sans doute un défaut de concertation, de débat, c'est pour cela qu'il faut se rencontrer dans ce sommet de la gauche plurielle la semaine prochaine."
Est-il exact que L. Jospin ait envisagé de démissionner de ses fonctions si le budget n'était pas voté ?
- "Il peut arriver que des journaux ne disent pas exactement la réalité, ils peuvent l'interpréter. Le Premier ministre m'a toujours dit que le budget, la loi de financement de la Sécurité sociale - le budget social de la nation - sont deux textes fondamentaux qui justifient la cohésion de ce que nous faisons ensemble dans la majorité plurielle. A partir de là, si un de ces deux textes ne devait pas être adopté, ce serait un arrêt de notre processus commun. Chaque fois qu'il l'a dit, il a été compris. Chacun dans la gauche plurielle connaît la règle."
Il y a donc un risque.
- "Il y a toujours un risque. On est ensemble, on présente des textes très importants : le budget de l'Etat, le budget de la Sécurité sociale. Chacun doit comprendre, dans la majorité plurielle, que ces textes doivent passer. Ils passeront, et je n'ai pas d'inquiétudes. C'est pourquoi L. Jospin n'avait pas à agiter je ne sais quelle menace. Il n'en n'avait pas besoin."
Le sommet de la gauche plurielle, demandé par les Communistes au départ, aura bien lieu la semaine prochaine. Ce sera chez vous, au PS, ou chez eux ?
- "Ce sera normalement à la Mutualité, et cela permettra de réunir tout le monde sans que chacun puisse penser qu'il n'est pas la puissance invitante. Chacun sera invité par les autres."
Ce sera mardi prochain, comme prévu ?
- "Ce sera mardi prochain comme prévu et nous débattrons des priorités jusqu'à la fin de la législature et de la méthode que nous devrons adoptée pour préparer déjà le nouveau contrat pour 2002. Je souhaite qu'il y ait plusieurs sommets, que l'on ne les dramatise pas, que l'on ne les solennise pas. Il y en a un qui était prévu : R. Hue avait lancé cette bonne initiative, elle va se concrétiser. Il y en aura, notamment après les municipales, de plus en plus pour que nous nous mettions d'accord, si c'est possible, sur un contrat commun à proposer aux Français pour 2002."
Ce sera un programme commun.
- "Non, chaque formule correspond à une époque. Nous avons une double nécessité dans cette période. On doit à la fois terminer la législature en essayant de faire que notre bilan soit le meilleur possible et déjà préparer l'avenir : imaginer d'autres propositions, d'autres priorités, d'autres engagements pour le pays à partir de 2002."
Parmi les demandes fortes de vos partenaires, il y a les pouvoir d'achat, la redistribution et notamment le Smic. Doit-il être davantage indexé sur la croissance ? Que répondez-vous à ceux qui vous interpellent là-dessus ?
- "C'est le résultat de notre propre réussite. Il y a une croissance. Nous l'avons produite ensemble, les Français ont réalisé cette croissance. Il est normal que les fruits soient répartis équitablement. Nos partenaires le demandent, nous le demandons aussi mais sous une forme raisonnable. Il ne s'agirait pas que l'augmentation de tous les salaires, de tous les revenus, aboutisse à casser le processus de croissance. Il faut qu'il y ait plus de pouvoir d'achat, notamment pour les salaires, et la meilleure façon d'assurer cette cohérence est de dire que les salaires doivent avoir une part substantielle de la croissance."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 30 octobre 2000)
G. Morin Vous réjouissez-vous de la visite de V. Poutine ou êtes-vous troublé comme l'étaient d'autres membres du PS lorsque l'on recevait Jaruzelski ?
- "C'était une autre époque. Il faut à mon avis avoir de bons rapports - c'est normal - avec un grand pays comme la Russie, et en même temps dire ce que l'on pense, notamment à propos de la Tchétchénie, des lenteurs de la démocratie, d'un certain nombre de mouvements qui peuvent toujours nous inquiéter. Il faut avoir à la fois la cordialité nécessaire, nous avons des relations anciennes, économiques avec le Russie qui est un pays qui compte dans l'équilibre du monde et de l'Europe, et en même temps, notre rôle, notre devoir est de dire ce que nous pensons."
La Russie vient rencontrer l'Union européenne. Faut-il la laisser entrer dans l'Union européenne, quand, à quelles conditions ?
- "Je ne crois pas qu'elle exprime une candidature."
Pas encore ?
- "Pas encore. D'ailleurs, ce serait une autre Europe qu'il faudrait concevoir. Une Europe comme l'avait prévue F. Mitterrand, une espèce de grande confédération. Mais il faut que l'Union européenne, telle qu'elle est, telle qu'elle sera demain, ait des relations étroites avec la Russie. La Russie est une puissance européenne."
La politique en France a été marquée la semaine dernière par une grogne des Communistes et des Verts contre le budget présenté par le Gouvernement. Ils se sont abstenus. Est-ce que L. Jospin, le PS, vont pouvoir supporter longtemps ce non-soutien des camarades de la gauche plurielle ?
- "Quand on est membre d'une majorité, quand on appartient à un Gouvernement, la logique veut que l'on vote le budget. C'est ce que L. Jospin a expliqué, c'est que nous n'avons cessé de plaider auprès de nos partenaires. Les Verts et les Communistes ont fait un choix d'abstention tout en sachant que le budget passerait, il n'y avait pas de drame. Mais ce n'est pas forcément une bonne habitude à prendre que de ne pas voter les budgets qui vont dégager les crédits pour leurs propres ministres. Je crois qu'il ne faut pas dramatiser ces moments-là. Il faut surtout comprendre pourquoi il y a eu telle ou telle attitude. Il y a sans doute un défaut de concertation, de débat, c'est pour cela qu'il faut se rencontrer dans ce sommet de la gauche plurielle la semaine prochaine."
Est-il exact que L. Jospin ait envisagé de démissionner de ses fonctions si le budget n'était pas voté ?
- "Il peut arriver que des journaux ne disent pas exactement la réalité, ils peuvent l'interpréter. Le Premier ministre m'a toujours dit que le budget, la loi de financement de la Sécurité sociale - le budget social de la nation - sont deux textes fondamentaux qui justifient la cohésion de ce que nous faisons ensemble dans la majorité plurielle. A partir de là, si un de ces deux textes ne devait pas être adopté, ce serait un arrêt de notre processus commun. Chaque fois qu'il l'a dit, il a été compris. Chacun dans la gauche plurielle connaît la règle."
Il y a donc un risque.
- "Il y a toujours un risque. On est ensemble, on présente des textes très importants : le budget de l'Etat, le budget de la Sécurité sociale. Chacun doit comprendre, dans la majorité plurielle, que ces textes doivent passer. Ils passeront, et je n'ai pas d'inquiétudes. C'est pourquoi L. Jospin n'avait pas à agiter je ne sais quelle menace. Il n'en n'avait pas besoin."
Le sommet de la gauche plurielle, demandé par les Communistes au départ, aura bien lieu la semaine prochaine. Ce sera chez vous, au PS, ou chez eux ?
- "Ce sera normalement à la Mutualité, et cela permettra de réunir tout le monde sans que chacun puisse penser qu'il n'est pas la puissance invitante. Chacun sera invité par les autres."
Ce sera mardi prochain, comme prévu ?
- "Ce sera mardi prochain comme prévu et nous débattrons des priorités jusqu'à la fin de la législature et de la méthode que nous devrons adoptée pour préparer déjà le nouveau contrat pour 2002. Je souhaite qu'il y ait plusieurs sommets, que l'on ne les dramatise pas, que l'on ne les solennise pas. Il y en a un qui était prévu : R. Hue avait lancé cette bonne initiative, elle va se concrétiser. Il y en aura, notamment après les municipales, de plus en plus pour que nous nous mettions d'accord, si c'est possible, sur un contrat commun à proposer aux Français pour 2002."
Ce sera un programme commun.
- "Non, chaque formule correspond à une époque. Nous avons une double nécessité dans cette période. On doit à la fois terminer la législature en essayant de faire que notre bilan soit le meilleur possible et déjà préparer l'avenir : imaginer d'autres propositions, d'autres priorités, d'autres engagements pour le pays à partir de 2002."
Parmi les demandes fortes de vos partenaires, il y a les pouvoir d'achat, la redistribution et notamment le Smic. Doit-il être davantage indexé sur la croissance ? Que répondez-vous à ceux qui vous interpellent là-dessus ?
- "C'est le résultat de notre propre réussite. Il y a une croissance. Nous l'avons produite ensemble, les Français ont réalisé cette croissance. Il est normal que les fruits soient répartis équitablement. Nos partenaires le demandent, nous le demandons aussi mais sous une forme raisonnable. Il ne s'agirait pas que l'augmentation de tous les salaires, de tous les revenus, aboutisse à casser le processus de croissance. Il faut qu'il y ait plus de pouvoir d'achat, notamment pour les salaires, et la meilleure façon d'assurer cette cohérence est de dire que les salaires doivent avoir une part substantielle de la croissance."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 30 octobre 2000)