Texte intégral
Lettre de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT
"Les derniers développements concernant le projet de réforme de l'indemnisation du chômage, défendu par les organisations patronales et certaines organisations syndicales de salariés, me conduisent à vous faire part de l'opinion de la CGT avant que le gouvernement ne prenne la décision qui lui revient sur l'agrément de la Convention UNEDIC. Elle est toujours rejetée par deux des principales confédérations syndicales.
Vous-même, votre parti ou l'un de ses représentants avez eu l'occasion de vous exprimer sur le sujet au cours des derniers jours ce qui atteste, à nos yeux, de l'intérêt que vous portez à cet enjeu social de premier plan.
Comme vous le savez sans doute, la prise de position du Premier Ministre exprimant, après une conversation téléphonique avec le président du MEDEF, "un a priori favorable" à l'agrément de la convention qui allait lui être soumise, a soulevé une large incompréhension de la part de tous ceux qui considèrent que le projet patronal n'a pas fondamentalement évolué depuis sa version initiale.
Face aux interprétations multiples, aux ambiguités entretenues autour de cette négociation, j'ai personnellement souhaité que le gouvernement organise une réunion de clarification sur le projet de convention afin que chacun, et notamment le gouvernement, ait tous les éléments en mains pour se prononcer.
Nous nous sommes félicités que le gouvernement ait repris notre proposition en invitant, hier, organisations patronales et syndicales à une rencontre présidée par Madame Catherine BARBAROUX, Déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle.
Cette rencontre a été boycottée par les trois organisations patronales. Cette attitude est conforme à la conception des supporters de la "Refondation sociale" qui contestent en permanence le droit au gouvernement, à la représentation nationale d'être les garants de "l'intérêt général" notion que, d'ailleurs, ils récusent avec cynisme tant elle est étrangère à leurs valeurs.
Ils sont rejoints par ceux qui caressent l'utopie de la construction d'une " société civile " dont ils seraient les acteurs, c'est-à-dire un lieu privilégié où se règleraient, à l'amiable, les conflits d'intérêts en faisant l'impasse sur la réalité du pouvoir économique des employeurs et les vélléités politiques du " parti des entreprises ".
Ceci étant dit, à notre grande déception, ce qui devait être une occasion pour les représentants de l'Etat de réaffirmer un certain nombre de principes et d'orientations, défendus jusqu'alors par le gouvernement et contenus dans la lettre commune de Martine AUBRY et Laurent FABIUS du 24 juillet 2000, s'est soldée par une séance d'auto justification pour chacun des acteurs.
Nous nous trouvons désormais devant un scenario surréaliste dans lequel le gouvernement, pour justifier sa position, accorde certaines vertus à la convention que les signataires contestent eux-mêmes. Il en va ainsi à propos du caractère obligatoire du PARE, de la diminution des cotisations sociales, de l'équilibre financier du régime
Le nouveau dispositif n'améliorera pas le nombre de chômeurs indemnisés. Avec 97 milliards d'excédents prévisibles dans les caisses de l'UNEDIC dans les 3 ans à venir, on pourrait s'attendre à un taux de prise en charge des chômeurs au-delà des 42 % qui touchent actuellement des indemnités. Il n'en sera rien !
La première conséquence directe de cette situation provoquera un transfert de nouvelles catégories de chômeurs sur les systèmes de solidarité nationale, donc sur les contribuables.
A l'issue de la rencontre, le Ministère du Travail a confirmé l'ouverture de la procédure d'agrément de la convention.
Il m'apparaît donc de plus en plus clairement que le gouvernement s'apprête à choisir la voie d'un mauvais accord avec le MEDEF plutôt que la fidélité à ses prises de positions antérieures.
Vous comprendrez, par conséquent, que la CGT ne peut pas partager cette option qui fait fi des conséquences sociales prévisibles pour les salariés et les chômeurs et juge utile de vous alerter avant qu'une décision officielle ne soit prise dans les tous prochains jours.
Le Comité Confédéral National de la CGT, réuni lundi 23 octobre, a décidé d'accentuer sa campagne de sensibilisation des salariés sur cette réforme et appelle l'ensemble de ses organisations à des mobilisations, sous diverses formes, le 9 novembre prochain.
Persuadé que vous aurez compris le sens de cette interpellation directe et restant à votre disposition pour que nous puissions vous fournir d'autres éléments si vous le souhaitez, "
(source http://www.cgt.fr, le 30 octobre 2000)
"Les derniers développements concernant le projet de réforme de l'indemnisation du chômage, défendu par les organisations patronales et certaines organisations syndicales de salariés, me conduisent à vous faire part de l'opinion de la CGT avant que le gouvernement ne prenne la décision qui lui revient sur l'agrément de la Convention UNEDIC. Elle est toujours rejetée par deux des principales confédérations syndicales.
Vous-même, votre parti ou l'un de ses représentants avez eu l'occasion de vous exprimer sur le sujet au cours des derniers jours ce qui atteste, à nos yeux, de l'intérêt que vous portez à cet enjeu social de premier plan.
Comme vous le savez sans doute, la prise de position du Premier Ministre exprimant, après une conversation téléphonique avec le président du MEDEF, "un a priori favorable" à l'agrément de la convention qui allait lui être soumise, a soulevé une large incompréhension de la part de tous ceux qui considèrent que le projet patronal n'a pas fondamentalement évolué depuis sa version initiale.
Face aux interprétations multiples, aux ambiguités entretenues autour de cette négociation, j'ai personnellement souhaité que le gouvernement organise une réunion de clarification sur le projet de convention afin que chacun, et notamment le gouvernement, ait tous les éléments en mains pour se prononcer.
Nous nous sommes félicités que le gouvernement ait repris notre proposition en invitant, hier, organisations patronales et syndicales à une rencontre présidée par Madame Catherine BARBAROUX, Déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle.
Cette rencontre a été boycottée par les trois organisations patronales. Cette attitude est conforme à la conception des supporters de la "Refondation sociale" qui contestent en permanence le droit au gouvernement, à la représentation nationale d'être les garants de "l'intérêt général" notion que, d'ailleurs, ils récusent avec cynisme tant elle est étrangère à leurs valeurs.
Ils sont rejoints par ceux qui caressent l'utopie de la construction d'une " société civile " dont ils seraient les acteurs, c'est-à-dire un lieu privilégié où se règleraient, à l'amiable, les conflits d'intérêts en faisant l'impasse sur la réalité du pouvoir économique des employeurs et les vélléités politiques du " parti des entreprises ".
Ceci étant dit, à notre grande déception, ce qui devait être une occasion pour les représentants de l'Etat de réaffirmer un certain nombre de principes et d'orientations, défendus jusqu'alors par le gouvernement et contenus dans la lettre commune de Martine AUBRY et Laurent FABIUS du 24 juillet 2000, s'est soldée par une séance d'auto justification pour chacun des acteurs.
Nous nous trouvons désormais devant un scenario surréaliste dans lequel le gouvernement, pour justifier sa position, accorde certaines vertus à la convention que les signataires contestent eux-mêmes. Il en va ainsi à propos du caractère obligatoire du PARE, de la diminution des cotisations sociales, de l'équilibre financier du régime
Le nouveau dispositif n'améliorera pas le nombre de chômeurs indemnisés. Avec 97 milliards d'excédents prévisibles dans les caisses de l'UNEDIC dans les 3 ans à venir, on pourrait s'attendre à un taux de prise en charge des chômeurs au-delà des 42 % qui touchent actuellement des indemnités. Il n'en sera rien !
La première conséquence directe de cette situation provoquera un transfert de nouvelles catégories de chômeurs sur les systèmes de solidarité nationale, donc sur les contribuables.
A l'issue de la rencontre, le Ministère du Travail a confirmé l'ouverture de la procédure d'agrément de la convention.
Il m'apparaît donc de plus en plus clairement que le gouvernement s'apprête à choisir la voie d'un mauvais accord avec le MEDEF plutôt que la fidélité à ses prises de positions antérieures.
Vous comprendrez, par conséquent, que la CGT ne peut pas partager cette option qui fait fi des conséquences sociales prévisibles pour les salariés et les chômeurs et juge utile de vous alerter avant qu'une décision officielle ne soit prise dans les tous prochains jours.
Le Comité Confédéral National de la CGT, réuni lundi 23 octobre, a décidé d'accentuer sa campagne de sensibilisation des salariés sur cette réforme et appelle l'ensemble de ses organisations à des mobilisations, sous diverses formes, le 9 novembre prochain.
Persuadé que vous aurez compris le sens de cette interpellation directe et restant à votre disposition pour que nous puissions vous fournir d'autres éléments si vous le souhaitez, "
(source http://www.cgt.fr, le 30 octobre 2000)