Texte intégral
Chers amis,
A toutes et à tous, à chacun dentre vous, je souhaite une excellente année 1999.
Votre métier est lun des plus beaux du monde. Cest aussi lun des plus exigeants. Vous lexercez avec passion, une passion qui peut parfois bousculer un peu. Mais comment en irait-il autrement ? Vous êtes les porteurs de linformation, cest-à-dire de la liberté .
Jaborde quant à moi cette année avec une détermination que nont pas ébranlée les difficultés inhérentes aux dossiers dont jai la charge.
Je nai jamais cédé à la tentation de mettre de côté les sujets délicats, pour me consacrer uniquement aux questions valorisantes. Depuis des années, trop de dossiers avaient été laissés en déshérence. Quils simposent tous en même temps en est la conséquence logique.
Je les traite les uns après les autres, et je constate quil est possible dy apporter des solutions satisfaisantes.
Ce fut le cas en 1998, avec la réforme des directions centrales du ministère, le règlement négocié des conflits sociaux, mais aussi avec la maison du cinéma, larchéologie ou les aides à la presse. Mon budget dégage à nouveau des marges de manoeuvre. Je puis donc vous assurer que les réalisations nouvelles seront encore plus nombreuses et plus visibles.
Je crois deviner que vous êtes également venus chercher quelques informations sur lun de ces dossiers sensibles, celui, bien évidemment, de laudiovisuel. Je vous en parlerai très volontiers, mais dans un instant.
Je voudrais dabord souligner que cette cérémonie des vux coïncide cette année avec le quarantième anniversaire de la création du ministère de la culture.
Avec le Comité dhistoire du ministère, nous aurons loccasion, au cours de plusieurs colloques, de revenir sur les grands moments et les principaux acquis de cette déjà longue histoire.
Elle a bien sûr connu des phases diverses, des enthousiasmes, des pauses, mais aussi des fulgurances dont je situerai la source en 1981. Tout au long de ces années, les politiques successives ont consisté à multiplier les équipements de diffusion, et à soutenir la création et les artistes.
Je suis pour ma part convaincue que, pour toute société, la recherche artistique est aussi nécessaire et vitale que la recherche scientifique, et que ses productions ne doivent pas être tributaires dun utilitarisme politique, économique ou social.
LEtat doit clairement énoncer ce quil attend des structures et des équipes quil subventionne. Cest lobjet de la charte des missions de service public, qui sapplique dans un premier temps au domaine du spectacle vivant. Jaurai loccasion de revenir sur ce point mardi prochain, lors dune conférence de presse.
La prise en compte de ces nouvelles préoccupations, plus qualitatives que quantitatives, nécessitait une remise à plat de lorganisation administrative de ce ministère.
Cest chose faite et je tiens à rendre hommage à lensemble des personnels de ce ministère qui se sont investis pleinement dans cette rénovation de notre organisation et, par conséquent, de notre façon de travailler.
Lannée qui commence sannonce donc riche en rendez-vous et en échéances décisives.
Une année placée sous le signe de lEurope, pas seulement de lEuro. Laventure européenne ne peut, en effet, se borner à sa dimension monétaire et économique.
Je ninventerai rien en vous disant quil existe une culture européenne riche de ses apports nationaux et régionaux. Cest cette richesse, fondée sur la diversité, quil nous faut résolument affirmer.
Nous avons écarté, lan passé, les risques liés aux négociations sur lAMI. Sous dautres formes, et dans le cadre dautres négociations internationales, ils peuvent resurgir.
Je me réjouis de constater que la France, que lon disait isolée sur ce sujet, ne lest plus.
Elle le sera dautant moins que nous saurons passer dune vision défensive de lexception culturelle à une vision offensive daffirmation culturelle.
De même que lidentité française est plurielle et que la reconnaissance des cultures et des langues régionales ne menace en rien lunité de la République (1999 sera, comme vous le savez, lannée de la signature de la charte des langues régionales ou minoritaires), la force et loriginalité de lEurope reposent sur la diversité et la créativité des cultures qui la composent. Chacune doit pouvoir continuer à se développer et apporter sa part irremplaçable au patrimoine commun. Cest le droit et le rôle des Etats de mettre en place les politiques de soutien sélectif pour que lEurope, dans son ensemble, continue de tirer profit de cette pluralité.
Mais il faut aller au-delà.
Vous avez tous remarqué la récente étude de la commission européenne montrant que le secteur culturel européen, avec 3,5 millions demplois directs, pèse plus lourd que celui de lagroalimentaire. Ces emplois risquent de voir leur développement freiné, voire de régresser, si nous naccélérons pas le processus dharmonisation des dispositions législatives et réglementaires qui les régissent. Il existe de fortes possibilités de créer des emplois nouveaux. Cest la responsabilité de lUnion Européenne de mettre en uvre les politiques incitatives qui permettront de mieux les concrétiser.
Le Conseil des ministres de la culture sest engagé dans cette voie lors de sa dernière réunion. Il a également refusé une conception réductrice du service public audiovisuel, visant à le limiter à sa seule dimension éducative et pédagogique.
Laudiovisuel justement !
Nous en avons beaucoup parlé en 1998, nous en reparlerons nécessairement en 1999. Souhaitant refonder lidentité du service public pour assurer son développement, je nignore pas à quel point il est difficile de contenter tout le monde.
Oui, il faut choisir et assumer les conséquences de ses choix.
Oui, il faut organiser les sociétés, qui composent actuellement le service public audiovisuel, en un groupe cohérent, comme le sont toutes les télévisions publiques dEurope, ou alors, il faut renoncer à ce que la télévision publique joue un rôle significatif dans le développement de nouveaux services numériques.
Oui, il faut augmenter la durée du mandat des dirigeants de ces sociétés, sauf à les réduire à gérer les décisions prises par leurs prédécesseurs.
Oui, il faut diminuer significativement la durée de la publicité sur les chaînes publiques, parce que les téléspectateurs le souhaitent, parce quil sagit dun signe fort, redonnant aux télévisions publiques une liberté de programmation plus grande.
Oui, il faut assurer la pérennité des ressources financières du service public et lui garantir les moyens de son développement.
Nous pouvons tous comprendre aujourdhui que le cheminement dun projet touchant aussi directement notre culture, notre démocratie, notre vie quotidienne, savère complexe. Mais cest sur son résultat final, et non pas au vu du commentaire suscité par tel ou tel de ses épisodes, quun processus de cet ordre doit être jugé. Cela vaut pour le moment dinterrogation qui sétait ouvert, voilà un mois, avec le report du débat parlementaire.
Jai, depuis, proposé au Premier Ministre les dispositions simples et efficaces qui permettent de lever les inquiétudes qui sétaient exprimées, sur les risques de déséquilibres économiques entre secteur privé et secteur public, et sur la nécessité dadapter notre système de régulation aux nouveaux développements de la technique et de léconomie audiovisuelles.
Jai pris des contacts avec les responsables politiques de lensemble de la majorité plurielle, ainsi quavec les professionnels concernés.
Au vu de ces éléments, le Premier Ministre ma donné, hier soir, le mandat de formaliser laccord politique qui scellera cette réforme vitale pour le service public, comme pour le développement densemble de notre audiovisuel.
Dès les prochains jours, je vais soumettre à mes interlocuteurs professionnels et politiques tous les éléments qui assureront la pleine viabilité financière et juridique du projet de réforme. Je me donne donc pour objectif personnel, et je sais pouvoir le faire, de revenir devant le Premier ministre, à brève échéance, avec la plate-forme politique permettant que la réforme soit discutée au Parlement avec toutes les garanties de son bon aboutissement.
Ce débat ne doit pas cependant nous faire perdre de vue lessentiel. La réunion, au sein dun même ministère, de la communication et de la culture est la conséquence dun constat simple : la télévision est devenue aujourdhui la principale pratique culturelle des Français.
Pour autant, le petit écran na pas tué le cinéma comme art et comme spectacle. Au contraire ! la forte augmentation de la fréquentation en salles et un regain de vitalité de la production se sont récemment confirmés alors même que sélargissait loffre télévisuelle.
Lannée 1999 sera cependant décisive pour assurer lavenir du film français. Jentends faire aboutir dans les meilleurs délais la refonte du système daides à la distribution, maillon aujourdhui fragile de la filière cinématographique, afin doffrir aux films français les meilleures conditions pour rencontrer leur public.
Jaccorderai dautre part toute mon attention et mon soutien pour que les négociations de lordre du jour entre les professionnels concernés conduisent à consolider les engagements financiers des diffuseurs hertziens, en clair et crypté, envers lindustrie cinématographique.
De manière générale, il ny aura pas de démocratisation de laccès aux uvres culturelles sans un travail commun entre lunivers de laudiovisuel et celui de la culture. Et que lon ne vienne pas me repasser le vieux plat du débat hermétique à 20 h 30 ! La question nest pas là ! En revanche, je veux bien parler du bien-fondé de la culture pour le plus grand nombre.
Média populaire par excellence, la télévision ne saurait tourner le dos au foisonnement extraordinaire des talents dans toutes les disciplines artistiques. Le secteur public doit pouvoir montrer le chemin. Cest aussi le sens de la réforme qui sera adoptée.
En juin prochain, se dérouleront les élections européennes. Les points que je viens dévoquer font partie des enjeux de cette consultation. Comment pourrait-on parler dEurope et faire limpasse sur la culture ?
LEurope est faite de femmes et dhommes fiers de leur richissime héritage culturel, mais que le doute vient parfois saisir. La construction européenne serait bancale faute de réponses à ces interrogations.
Soyez assurés que je memploierai au cours des prochains mois à apporter ma contribution à ce débat vital.
Et puis, comment pourrais-je my soustraire, il y a lan 2000 et ses célébrations. Jai récemment entrouvert quelques portes sur ce que sera la nuit du 31 décembre au 1er janvier prochains. Là encore (nous allons décidément nous voir souvent ces temps-ci et je men réjouis), je vous donne rendez-vous à la semaine prochaine pour le lancement du voyage de 2000 jeunes de 20 ans sur les routes dEurope.
Les fêtes qui seront organisées ne peuvent à elles seules résoudre les questions dinsécurité qui préoccupent, à juste titre, les citoyens et les responsables politiques. Je suis cependant convaincue que leur préparation, qui concernera un très grand nombre de personnes et de jeunes notamment, sera une occasion exceptionnelle de prise de conscience du monde où nous vivons et de lavenir que nous souhaitons construire.
Chers amis,
Je vous le disais dentrée : votre métier est parmi les plus beaux du monde. Il est essentiel, parce quil est indispensable à la vitalité de la démocratie. Mais son exercice est difficile. Et cette difficulté nest pas seulement dordre intellectuel.
Chaque jour, certains de vos confrères continuent de payer, de leur liberté et de leur vie, leur volonté de savoir et dinformer. Si je me suis réjouie, avec vous, de la libération le 30 décembre dernier de Ruth Simon, de lAgence France Presse, après une longue détention en Erythrée, je reste très préoccupée par le sort de ceux qui sont emprisonnés, comme me préoccupe limpossibilité dans laquelle vous vous trouvez de pouvoir travailler normalement dans de nombreux pays.
Je tiens à assurer vos organisations professionnelles, et plus particulièrement Reporters sans frontières, de mon complet soutien et de ma disponibilité pour les aider dans leur tâche.
Me permettez-vous, pour conclure, dajouter à mes voeux de plein épanouissement professionnel ceux que je formule pour chacun dentre vous, dans sa vie personnelle.
Bonne, très bonne année 1999.
(Source http://www.culture.gouv.fr)
A toutes et à tous, à chacun dentre vous, je souhaite une excellente année 1999.
Votre métier est lun des plus beaux du monde. Cest aussi lun des plus exigeants. Vous lexercez avec passion, une passion qui peut parfois bousculer un peu. Mais comment en irait-il autrement ? Vous êtes les porteurs de linformation, cest-à-dire de la liberté .
Jaborde quant à moi cette année avec une détermination que nont pas ébranlée les difficultés inhérentes aux dossiers dont jai la charge.
Je nai jamais cédé à la tentation de mettre de côté les sujets délicats, pour me consacrer uniquement aux questions valorisantes. Depuis des années, trop de dossiers avaient été laissés en déshérence. Quils simposent tous en même temps en est la conséquence logique.
Je les traite les uns après les autres, et je constate quil est possible dy apporter des solutions satisfaisantes.
Ce fut le cas en 1998, avec la réforme des directions centrales du ministère, le règlement négocié des conflits sociaux, mais aussi avec la maison du cinéma, larchéologie ou les aides à la presse. Mon budget dégage à nouveau des marges de manoeuvre. Je puis donc vous assurer que les réalisations nouvelles seront encore plus nombreuses et plus visibles.
Je crois deviner que vous êtes également venus chercher quelques informations sur lun de ces dossiers sensibles, celui, bien évidemment, de laudiovisuel. Je vous en parlerai très volontiers, mais dans un instant.
Je voudrais dabord souligner que cette cérémonie des vux coïncide cette année avec le quarantième anniversaire de la création du ministère de la culture.
Avec le Comité dhistoire du ministère, nous aurons loccasion, au cours de plusieurs colloques, de revenir sur les grands moments et les principaux acquis de cette déjà longue histoire.
Elle a bien sûr connu des phases diverses, des enthousiasmes, des pauses, mais aussi des fulgurances dont je situerai la source en 1981. Tout au long de ces années, les politiques successives ont consisté à multiplier les équipements de diffusion, et à soutenir la création et les artistes.
Je suis pour ma part convaincue que, pour toute société, la recherche artistique est aussi nécessaire et vitale que la recherche scientifique, et que ses productions ne doivent pas être tributaires dun utilitarisme politique, économique ou social.
LEtat doit clairement énoncer ce quil attend des structures et des équipes quil subventionne. Cest lobjet de la charte des missions de service public, qui sapplique dans un premier temps au domaine du spectacle vivant. Jaurai loccasion de revenir sur ce point mardi prochain, lors dune conférence de presse.
La prise en compte de ces nouvelles préoccupations, plus qualitatives que quantitatives, nécessitait une remise à plat de lorganisation administrative de ce ministère.
Cest chose faite et je tiens à rendre hommage à lensemble des personnels de ce ministère qui se sont investis pleinement dans cette rénovation de notre organisation et, par conséquent, de notre façon de travailler.
Lannée qui commence sannonce donc riche en rendez-vous et en échéances décisives.
Une année placée sous le signe de lEurope, pas seulement de lEuro. Laventure européenne ne peut, en effet, se borner à sa dimension monétaire et économique.
Je ninventerai rien en vous disant quil existe une culture européenne riche de ses apports nationaux et régionaux. Cest cette richesse, fondée sur la diversité, quil nous faut résolument affirmer.
Nous avons écarté, lan passé, les risques liés aux négociations sur lAMI. Sous dautres formes, et dans le cadre dautres négociations internationales, ils peuvent resurgir.
Je me réjouis de constater que la France, que lon disait isolée sur ce sujet, ne lest plus.
Elle le sera dautant moins que nous saurons passer dune vision défensive de lexception culturelle à une vision offensive daffirmation culturelle.
De même que lidentité française est plurielle et que la reconnaissance des cultures et des langues régionales ne menace en rien lunité de la République (1999 sera, comme vous le savez, lannée de la signature de la charte des langues régionales ou minoritaires), la force et loriginalité de lEurope reposent sur la diversité et la créativité des cultures qui la composent. Chacune doit pouvoir continuer à se développer et apporter sa part irremplaçable au patrimoine commun. Cest le droit et le rôle des Etats de mettre en place les politiques de soutien sélectif pour que lEurope, dans son ensemble, continue de tirer profit de cette pluralité.
Mais il faut aller au-delà.
Vous avez tous remarqué la récente étude de la commission européenne montrant que le secteur culturel européen, avec 3,5 millions demplois directs, pèse plus lourd que celui de lagroalimentaire. Ces emplois risquent de voir leur développement freiné, voire de régresser, si nous naccélérons pas le processus dharmonisation des dispositions législatives et réglementaires qui les régissent. Il existe de fortes possibilités de créer des emplois nouveaux. Cest la responsabilité de lUnion Européenne de mettre en uvre les politiques incitatives qui permettront de mieux les concrétiser.
Le Conseil des ministres de la culture sest engagé dans cette voie lors de sa dernière réunion. Il a également refusé une conception réductrice du service public audiovisuel, visant à le limiter à sa seule dimension éducative et pédagogique.
Laudiovisuel justement !
Nous en avons beaucoup parlé en 1998, nous en reparlerons nécessairement en 1999. Souhaitant refonder lidentité du service public pour assurer son développement, je nignore pas à quel point il est difficile de contenter tout le monde.
Oui, il faut choisir et assumer les conséquences de ses choix.
Oui, il faut organiser les sociétés, qui composent actuellement le service public audiovisuel, en un groupe cohérent, comme le sont toutes les télévisions publiques dEurope, ou alors, il faut renoncer à ce que la télévision publique joue un rôle significatif dans le développement de nouveaux services numériques.
Oui, il faut augmenter la durée du mandat des dirigeants de ces sociétés, sauf à les réduire à gérer les décisions prises par leurs prédécesseurs.
Oui, il faut diminuer significativement la durée de la publicité sur les chaînes publiques, parce que les téléspectateurs le souhaitent, parce quil sagit dun signe fort, redonnant aux télévisions publiques une liberté de programmation plus grande.
Oui, il faut assurer la pérennité des ressources financières du service public et lui garantir les moyens de son développement.
Nous pouvons tous comprendre aujourdhui que le cheminement dun projet touchant aussi directement notre culture, notre démocratie, notre vie quotidienne, savère complexe. Mais cest sur son résultat final, et non pas au vu du commentaire suscité par tel ou tel de ses épisodes, quun processus de cet ordre doit être jugé. Cela vaut pour le moment dinterrogation qui sétait ouvert, voilà un mois, avec le report du débat parlementaire.
Jai, depuis, proposé au Premier Ministre les dispositions simples et efficaces qui permettent de lever les inquiétudes qui sétaient exprimées, sur les risques de déséquilibres économiques entre secteur privé et secteur public, et sur la nécessité dadapter notre système de régulation aux nouveaux développements de la technique et de léconomie audiovisuelles.
Jai pris des contacts avec les responsables politiques de lensemble de la majorité plurielle, ainsi quavec les professionnels concernés.
Au vu de ces éléments, le Premier Ministre ma donné, hier soir, le mandat de formaliser laccord politique qui scellera cette réforme vitale pour le service public, comme pour le développement densemble de notre audiovisuel.
Dès les prochains jours, je vais soumettre à mes interlocuteurs professionnels et politiques tous les éléments qui assureront la pleine viabilité financière et juridique du projet de réforme. Je me donne donc pour objectif personnel, et je sais pouvoir le faire, de revenir devant le Premier ministre, à brève échéance, avec la plate-forme politique permettant que la réforme soit discutée au Parlement avec toutes les garanties de son bon aboutissement.
Ce débat ne doit pas cependant nous faire perdre de vue lessentiel. La réunion, au sein dun même ministère, de la communication et de la culture est la conséquence dun constat simple : la télévision est devenue aujourdhui la principale pratique culturelle des Français.
Pour autant, le petit écran na pas tué le cinéma comme art et comme spectacle. Au contraire ! la forte augmentation de la fréquentation en salles et un regain de vitalité de la production se sont récemment confirmés alors même que sélargissait loffre télévisuelle.
Lannée 1999 sera cependant décisive pour assurer lavenir du film français. Jentends faire aboutir dans les meilleurs délais la refonte du système daides à la distribution, maillon aujourdhui fragile de la filière cinématographique, afin doffrir aux films français les meilleures conditions pour rencontrer leur public.
Jaccorderai dautre part toute mon attention et mon soutien pour que les négociations de lordre du jour entre les professionnels concernés conduisent à consolider les engagements financiers des diffuseurs hertziens, en clair et crypté, envers lindustrie cinématographique.
De manière générale, il ny aura pas de démocratisation de laccès aux uvres culturelles sans un travail commun entre lunivers de laudiovisuel et celui de la culture. Et que lon ne vienne pas me repasser le vieux plat du débat hermétique à 20 h 30 ! La question nest pas là ! En revanche, je veux bien parler du bien-fondé de la culture pour le plus grand nombre.
Média populaire par excellence, la télévision ne saurait tourner le dos au foisonnement extraordinaire des talents dans toutes les disciplines artistiques. Le secteur public doit pouvoir montrer le chemin. Cest aussi le sens de la réforme qui sera adoptée.
En juin prochain, se dérouleront les élections européennes. Les points que je viens dévoquer font partie des enjeux de cette consultation. Comment pourrait-on parler dEurope et faire limpasse sur la culture ?
LEurope est faite de femmes et dhommes fiers de leur richissime héritage culturel, mais que le doute vient parfois saisir. La construction européenne serait bancale faute de réponses à ces interrogations.
Soyez assurés que je memploierai au cours des prochains mois à apporter ma contribution à ce débat vital.
Et puis, comment pourrais-je my soustraire, il y a lan 2000 et ses célébrations. Jai récemment entrouvert quelques portes sur ce que sera la nuit du 31 décembre au 1er janvier prochains. Là encore (nous allons décidément nous voir souvent ces temps-ci et je men réjouis), je vous donne rendez-vous à la semaine prochaine pour le lancement du voyage de 2000 jeunes de 20 ans sur les routes dEurope.
Les fêtes qui seront organisées ne peuvent à elles seules résoudre les questions dinsécurité qui préoccupent, à juste titre, les citoyens et les responsables politiques. Je suis cependant convaincue que leur préparation, qui concernera un très grand nombre de personnes et de jeunes notamment, sera une occasion exceptionnelle de prise de conscience du monde où nous vivons et de lavenir que nous souhaitons construire.
Chers amis,
Je vous le disais dentrée : votre métier est parmi les plus beaux du monde. Il est essentiel, parce quil est indispensable à la vitalité de la démocratie. Mais son exercice est difficile. Et cette difficulté nest pas seulement dordre intellectuel.
Chaque jour, certains de vos confrères continuent de payer, de leur liberté et de leur vie, leur volonté de savoir et dinformer. Si je me suis réjouie, avec vous, de la libération le 30 décembre dernier de Ruth Simon, de lAgence France Presse, après une longue détention en Erythrée, je reste très préoccupée par le sort de ceux qui sont emprisonnés, comme me préoccupe limpossibilité dans laquelle vous vous trouvez de pouvoir travailler normalement dans de nombreux pays.
Je tiens à assurer vos organisations professionnelles, et plus particulièrement Reporters sans frontières, de mon complet soutien et de ma disponibilité pour les aider dans leur tâche.
Me permettez-vous, pour conclure, dajouter à mes voeux de plein épanouissement professionnel ceux que je formule pour chacun dentre vous, dans sa vie personnelle.
Bonne, très bonne année 1999.
(Source http://www.culture.gouv.fr)