Texte intégral
Mes Chers Amis,
A quelques mois des élections locales de 2001 et un an et demi avant les échéances majeures de la Présidentielle et des législatives, nous avons rendu à nos concitoyens le moyen de servir leur foi dans la Nation : le RPF offre à tous les Français de bonne volonté un lieu de rassemblement, de militantisme et de conviction.
Nombreux étaient ceux qui doutaient, nombreux étaient ceux qui ironisaient, nombreux ont été ceux qui ont mis sac à terre ; plus nombreux ont été ceux qui ont construit, plus nombreux encore ont été ceux qui y ont cru, plus nombreux ont été ceux qui ont ignoré la fatigue.
Notre mouvement est aujourd'hui, malgré ses faiblesses de jeunesse, en ordre : ses instances fonctionnent, une nouvelle équipe autour du nouveau secrétaire général va donner plus de responsabilité à nos fédérations, va engager la formation des militants, va organiser les combats électoraux prochains.
Chacun sait aujourd'hui que ce mouvement est le vecteur de mon action et que ma seule ambition c'est celle de nos militants : défendre nos idées et organiser autour d'elles l'opposition au gouvernement socialiste. Notre mouvement est ouvert à tous ceux qui, parce qu'ils croient dans la Nation, savent que sa défense passe par la défaite de ceux qui l'ont ruinée, trahie, abandonnée.
Le drapeau national avait été jeté à terre, nous nous sommes rassemblés pour le relever et, à nouveau, le porter très haut. Le RPF cela sert à cela et à rien d'autre.
La preuve est aujourd'hui faite de la nécessité d'avoir un rassemblement puissant et organisé pour servir notre idée de la France, la preuve est faite que ce rassemblement est le vecteur indispensable de nos combats qui se prolongeront dans ma campagne pour l'élection présidentielle.
La preuve est aujourd'hui faite de notre influence, nous avons été les premiers à droite dans l'élection européenne, nous avons été les premiers dans le référendum sur le quinquennat car j'ai été le seul, nous avons été les seuls à faire campagne tandis que toute la classe politique se complaisait dans l'engourdissement généralisé. Qu'est-ce donc que ces partis politiques qui ne font plus de politique ? Qu'est ce donc que ces prétendus leaders qui restent chez eux au lieu de faire ce pour quoi ils sont payés : convaincre.
Mais voilà le cur du problème, pour convaincre, il faut des convictions et eux ils n'en ont pas, ils ne sont intéressés que par une seule chose : leur carrière, leur poste, leur confort. Et ainsi va la vie politique, loin des préoccupations des Français, ronronnante, conformiste et grise.
C'est bien contre cela que nous nous sommes insurgés, c'est bien pour remettre la conviction au centre de l'engagement politique, c'est autour d'un certain nombre de valeurs résumées par la Charte adoptée lors de notre congrès constitutif.
Les grands principes qui sont fixés par cette charte sont toujours valables, ils fixent le socle de nos convictions. Il faut l'approfondir, le décliner en propositions de gouvernement, le populariser par des actions militantes ciblées.
Nous ne nous battons pas pour des places ou pour le plaisir d'être entre nous, nous n'animons pas un club de nostalgiques, nous sommes une force de conquête du pouvoir pour que le gouvernement de demain renoue avec la fierté française.
La classe politique a abandonné les Français parce qu'elle a abandonné l'idée française. En proie à tous les conformismes post modernes, elle a honte de dire sa fierté de la France. " Tu renieras ta patrie et tu feras profession de foi mondialiste et européiste " voilà le credo du nouveau catéchisme des nouveaux bien pensants.
La conséquence de cet abandon est dramatiquement simple : notre société éclate, notre unité fait place à une addition de communautés, notre paix civile cède devant la peur, l'hostilité, l'affrontement. " Liberté, égalité, fraternité ", la fière devise s'efface devant le libertarisme, la discrimination et la méfiance généralisées.
Devant cette implosion sociale, les politiques se réfugient soit dans des niches, soit dans la démagogie généralisée. Les partis et les candidats se multiplient comme les radios ou les chaînes de télévision : à chaque crémerie son crémier. Monsieur MADELIN sera le candidat des " jeunes quadras, start-up, branchés, sérieux, sans cravate " ; Monsieur BAYROU celui des " jeunes quadras, branchés, sérieux, avec cravate " ; Madame VOYNET celui des "jeunes quadras, branchés, cool, sans cravate" ; Monsieur HUE celui des nostalgiques de la classe ouvrière ; monsieur LE PEN celui des nostalgiques de toutes les nostalgies, etc. Messieurs JOSPIN et CHIRAC feront le même numéro de duettistes du rassemblement par la démagogie et chaque catégorie aura droit à sa petite promesse.
Dès lors, mes chers amis, vous l'aurez compris, il nous faut éviter un piège grossier : nous ne serons pas une crémerie de plus, nous n'avons pas vocation à être le rassemblement étroit des souverainistes sectaires, le souverainisme n'est qu'un moyen qui doit être ouvert sur le grand large de l'idée nationale.
Il serait tentant pour les plus paresseux de s'installer sur le créneau des nostalgiques de la Nation, de défendre bec et ongle un souverainisme de repli, d'oublier notre vocation fondamentale : le rassemblement.
Les Français attendent beaucoup plus de nous, ils veulent retrouver des politiques qui croient en la politique, ils veulent retrouver des élites qui aient un vrai contact avec leurs préoccupations, ils veulent retrouver un peu de bon sens, de dignité et de respect pour indiquer un chemin à une société qui a perdu toute boussole. " Le souverainisme, pour quoi faire ? ", c'est à cette question qu'il nous faut répondre car " le souverainisme pour le souverainisme " ce n'est qu'une parcelle de politique, ce n'est que la gestion des convaincus, c'est le contraire du rassemblement.
Nous devons réunir tous ceux qui font de la Nation une référence, des plus libéraux aux plus interventionnistes, des plus républicains aux plus monarchistes, des plus eurosceptiques aux plus euroconstructifs, car il n'y a pas une vérité de la Nation, il y a plusieurs vérités qui trouvent équilibre et synthèse dans la Nation.
La pire des erreurs serait de croire qu'il nous faut construire une doctrine souverainiste, que chaque question comporte une réponse unique, que chaque nuance affaiblit la force de conviction.
Je crois, au contraire, que ce qui doit nous guider n'est pas une doctrine introuvable, mais un idéal. Toujours dans mon combat politique, je me suis fait une certaine idée de l'homme et une certaine idée de la France. Je crois qu'il ne peut y avoir de citoyenneté sans nation, ni de liberté sans responsabilité. Je crois que le responsable politique doit être porteur d'une morale et qu'il doit inscrire la dignité humaine dans sa tradition nationale qui lui donne sens.
C'est parce que nous avons laissé se rompre l'équilibre entre liberté et responsabilité, entre droits et devoirs que nous sommes entrés dans une spirale libertaire qui porte atteinte aux fondements mêmes de notre civilisation.
Toute civilisation est mortelle et je crains que sans réaction de notre part, des tendances mortifères emportent la nôtre. Nous voulons rendre à la France sa souveraineté pour, à partir de ce sursaut national, gagner ce combat pour la civilisation.
La classe politique, peureuse par nature et par intérêt, n'ose évidemment pas regarder cette décadence en face et le mot même lui fait peur, il n'est pas moderne, pas politiquement correct, il dérange trop les habitudes qui ont transformé le citoyen actif en consommateur passif et le citoyen critique en suiveur de la pensée unique.
C'est pour cela que nous donnons tant d'importance à la notion de valeurs parce que croire dans la Nation, c'est croire qu'il existe des valeurs qui nous transcendent, elles ne sont pas des abstractions, elles sont des guides pour l'action politique quotidienne.
Croire dans la Nation, c'est défendre sa pérennité, c'est donc placer l'impératif démographique au cur de toute politique. Personne ne regarde en face le suicide démographique que nous acceptons dans l'Europe entière, sans renouvellement des générations, notre continent va à sa perte, condamne son dynamisme, sa créativité, sa confiance dans l'avenir. Passifs à l'égard de ce déclin démographique, nos dirigeants le sont, dans un saisissant parallèle, tout autant à l'égard de l'immigration qui ne pourra être, dans un tel contexte, qu'une déferlante que personne ne pourra contrôler.
Ainsi si nous sommes pour une politique familiale ambitieuse et pour un contrôle vigilant de l'immigration par une politique de quotas, ce n'est pas par moralisme désuet ou par xénophobie frileuse, c'est parce que nous plaçons au-dessus de tout une certaine idée de la Nation.
Notre vision de la France concilie rigueur et ouverture, fermeté et générosité, intransigeance et indulgence. Notre modèle social doit permettre la réussite de tous ceux qui ont le sens de l'effort et de l'initiative quelle que soit leur origine. Notre politique extérieure croit qu'il existe une autre alternative pour les peuples que domination américaine ou misère. Notre conception de l'Etat affirme que l'Etat peut être fort sans étouffer l'initiative des individus.
L'action politique n'a de sens que dans notre conscience d'être un maillon dans une chaîne qui nous dépasse infiniment et qui nous fait une obligation morale de laisser à nos enfants un patrimoine collectif supérieur à celui que nous a légué nos aînés.
Cette humilité est la seule justification de notre orgueil, et c'était là la clef fondamentale de la personnalité du Général de Gaulle. Cela se traduit par une vertu publique aujourd'hui oubliée, qui s'appelle le courage.
Chaque problème qui se pose aux Français a une solution dont le prix est ce courage, donc cette prise de risque politique. Prenons quelques exemples.
La maladie de la vache folle crée une psychose dans l'opinion et menace de ruiner la filière bovine. Le courage c'est de regarder cette réalité en face et de dire, comme je l'ai fait, qu'il faut une réponse claire et de grande ampleur : généralisation des tests sur tous les animaux abattus destinés à l 'alimentation, interdiction de toutes les farines animales pour tous les animaux, remise en culture des jachères pour permettre la production des protéines végétales qui nous manquent. Au lieu d'opter pour ce plan d'ensemble, les dirigeants européens s'enlisent dans les demi-mesures qui trahissent leur incapacité et leur manque de vision.
La planète tout entière souffre de pollution et de sous-développement. La première est lourde de menaces pour la santé publique, le second accroît les misères des hommes et donc les fanatismes et les risques de guerre. Il n'y aura pas d'accès du plus grand nombre à l'aisance, sans augmentation de grande ampleur de la consommation d'énergie. Il faut donc résolument défendre les deux modes de production énergétique les plus propres : le solaire et le nucléaire. Nous avons démontré dans le colloque que nous avons organisé hier qu'il est possible de révolutionner la technologie nucléaire en adoptant l'accélérateur de particules, il faut résolument s'engager dans cette voie et les pseudo écologistes qui condamnent de façon péremptoire le nucléaire et pleurent sur la misère du tiers-monde sont des hypocrites, des inconscients ou des menteurs.
Notre société souffre d'un communautarisme rampant qui transforme nos quartiers, nos écoles, nos transports en autant de lieux de violence. Il faut retrouver le chemin du bon sens et de la fermeté. Le rôle du juge n'est pas de laisser les voyous en liberté, les droits de l'homme doivent protéger les plus faibles et non les plus arrogants, la mission du policier ou du professeur n'est pas de se faire insulter ou frapper. Pour nous une société est organisée et c'est la responsabilité du politique de faire fonctionner l'institution judiciaire au service de la paix civile et non pas de favoriser le pouvoir arbitraire du juge, au service de son interprétation personnelle du bien et du mal.
La difficulté de notre nouveau siècle est celle de toutes les époques de forte mutation, soit le destin collectif est laissé sans direction et il s'abandonne à toutes les contradictions du moment, soit le politique retrouve son sens premier, donne sens à l'intérêt général et, alors, il peut assurer la transition vers un avenir collectif maîtrisé.
C'est la même hésitation qui saisit l'Europe. Nous sommes pour une construction européenne harmonieuse et c'est pour cela que nous condamnons l'actuelle construction européenne qui s'enlise dans l'impuissance. D'ores et déjà la présidence française apparaît comme un échec car les dirigeants de notre pays n'ont pas une volonté claire pour l'Europe et ils n'osent, pas plus que les autres, dénoncer l'incroyable désordre institutionnel qui condamne ce beau projet à l'impuissance.
Cessons de mettre en uvre des procédures fédérales pour le simple plaisir de " faire européen ", donnons à la subsidiarité une vraie application en définissant le domaine réservé de chaque Etat et les domaines qui doivent être laissés à la coopération européenne. L'Europe des Nations, c'est tout simplement cela, plus d'Europe quand il le faut et que le citoyen le veut, plus de Nation quand l'intérêt des peuples le commande.
Mes chers amis, je suis persuadé que les Français attendent beaucoup de nous, car ils veulent que leur pays soit à nouveau dirigé alors que depuis un quart de siècle il n'est plus que géré. L'idée française est la seule qui puisse rassembler une majorité de gouvernement nouvelle qui garantisse à nos concitoyens la sécurité et la liberté.
Le RPF est l'instrument de cette reconquête nationale, il doit imposer le respect à nos adversaires comme à nos partenaires qui le redoutent également.
Chaque fois que l'on vous parle de place, de poste et de tactique électorale, répondez par des idées, des convictions et une stratégie pour la France. Vous devez rassembler et non pas exclure. Tous ceux qui ont mal à la France, et ils sont la majorité écrasante de notre peuple, sont les bienvenus au RPF, peu importe d'où ils viennent s'ils veulent, avec nous, rendre à l'idée nationale sa dignité et sa générosité.
Donnez vous même l'image de ce que nous sommes, sans complexe dans la défense de notre idéal face à toutes les subversions, sans frilosité dans notre capacité à comprendre le monde moderne. Nous ne refusons pas l'Europe, nous la voulons plus forte, plus indépendante, plus fière de sa civilisation. Nous ne refusons pas la mondialisation - comment pourrait-on refuser un fait ? - nous voulons la mettre au service de l'homme et faire gagner notre pays dans la compétition économique.
En effet, il n'y a pas de Nation fière d'elle-même sans prospérité économique et il n'y a pas d'Etat fort sans capacité à produire des richesses, donc sans liberté d'entreprendre. Nous sommes résolument de notre époque, tous ceux qui ont bien servi la France l'ont été d'ailleurs : l'affirmation capétienne coïncide avec la révolution économique et sociale du Moyen Age, les rois du 16 ème siècle ont porté la Renaissance, la Révolution et l'Empire ont appris la modernité au monde, le gaullisme a été précurseur, précurseur de la Résistance et de la défense de la liberté, précurseur de la décolonisation et de l'émancipation des peuples, précurseur de la régionalisation et de la participation.
Soyez sans complexe les défenseurs de la Nation, les combattants de la France ! Nous n'avons de leçon à recevoir de personne, et surtout pas des socialistes, en matière de liberté et d'humanisme.
Soyez offensifs, c'est ce que les Français attendent de l'opposition, nous allons engager la bataille sur notre terrain : celui des idées et des convictions.
Le second XX siècle a confirmé, dans le monde entier, la vanité des Empires et la vitalité des Nations , il nous faut être dans la vie politique française, cet espace de vérité, de lucidité et de bon sens et nous retrouverons la confiance des Français parce que nous avons confiance en la France !
(source http://www.rpfie.org, le 1 décembre 2000)
A quelques mois des élections locales de 2001 et un an et demi avant les échéances majeures de la Présidentielle et des législatives, nous avons rendu à nos concitoyens le moyen de servir leur foi dans la Nation : le RPF offre à tous les Français de bonne volonté un lieu de rassemblement, de militantisme et de conviction.
Nombreux étaient ceux qui doutaient, nombreux étaient ceux qui ironisaient, nombreux ont été ceux qui ont mis sac à terre ; plus nombreux ont été ceux qui ont construit, plus nombreux encore ont été ceux qui y ont cru, plus nombreux ont été ceux qui ont ignoré la fatigue.
Notre mouvement est aujourd'hui, malgré ses faiblesses de jeunesse, en ordre : ses instances fonctionnent, une nouvelle équipe autour du nouveau secrétaire général va donner plus de responsabilité à nos fédérations, va engager la formation des militants, va organiser les combats électoraux prochains.
Chacun sait aujourd'hui que ce mouvement est le vecteur de mon action et que ma seule ambition c'est celle de nos militants : défendre nos idées et organiser autour d'elles l'opposition au gouvernement socialiste. Notre mouvement est ouvert à tous ceux qui, parce qu'ils croient dans la Nation, savent que sa défense passe par la défaite de ceux qui l'ont ruinée, trahie, abandonnée.
Le drapeau national avait été jeté à terre, nous nous sommes rassemblés pour le relever et, à nouveau, le porter très haut. Le RPF cela sert à cela et à rien d'autre.
La preuve est aujourd'hui faite de la nécessité d'avoir un rassemblement puissant et organisé pour servir notre idée de la France, la preuve est faite que ce rassemblement est le vecteur indispensable de nos combats qui se prolongeront dans ma campagne pour l'élection présidentielle.
La preuve est aujourd'hui faite de notre influence, nous avons été les premiers à droite dans l'élection européenne, nous avons été les premiers dans le référendum sur le quinquennat car j'ai été le seul, nous avons été les seuls à faire campagne tandis que toute la classe politique se complaisait dans l'engourdissement généralisé. Qu'est-ce donc que ces partis politiques qui ne font plus de politique ? Qu'est ce donc que ces prétendus leaders qui restent chez eux au lieu de faire ce pour quoi ils sont payés : convaincre.
Mais voilà le cur du problème, pour convaincre, il faut des convictions et eux ils n'en ont pas, ils ne sont intéressés que par une seule chose : leur carrière, leur poste, leur confort. Et ainsi va la vie politique, loin des préoccupations des Français, ronronnante, conformiste et grise.
C'est bien contre cela que nous nous sommes insurgés, c'est bien pour remettre la conviction au centre de l'engagement politique, c'est autour d'un certain nombre de valeurs résumées par la Charte adoptée lors de notre congrès constitutif.
Les grands principes qui sont fixés par cette charte sont toujours valables, ils fixent le socle de nos convictions. Il faut l'approfondir, le décliner en propositions de gouvernement, le populariser par des actions militantes ciblées.
Nous ne nous battons pas pour des places ou pour le plaisir d'être entre nous, nous n'animons pas un club de nostalgiques, nous sommes une force de conquête du pouvoir pour que le gouvernement de demain renoue avec la fierté française.
La classe politique a abandonné les Français parce qu'elle a abandonné l'idée française. En proie à tous les conformismes post modernes, elle a honte de dire sa fierté de la France. " Tu renieras ta patrie et tu feras profession de foi mondialiste et européiste " voilà le credo du nouveau catéchisme des nouveaux bien pensants.
La conséquence de cet abandon est dramatiquement simple : notre société éclate, notre unité fait place à une addition de communautés, notre paix civile cède devant la peur, l'hostilité, l'affrontement. " Liberté, égalité, fraternité ", la fière devise s'efface devant le libertarisme, la discrimination et la méfiance généralisées.
Devant cette implosion sociale, les politiques se réfugient soit dans des niches, soit dans la démagogie généralisée. Les partis et les candidats se multiplient comme les radios ou les chaînes de télévision : à chaque crémerie son crémier. Monsieur MADELIN sera le candidat des " jeunes quadras, start-up, branchés, sérieux, sans cravate " ; Monsieur BAYROU celui des " jeunes quadras, branchés, sérieux, avec cravate " ; Madame VOYNET celui des "jeunes quadras, branchés, cool, sans cravate" ; Monsieur HUE celui des nostalgiques de la classe ouvrière ; monsieur LE PEN celui des nostalgiques de toutes les nostalgies, etc. Messieurs JOSPIN et CHIRAC feront le même numéro de duettistes du rassemblement par la démagogie et chaque catégorie aura droit à sa petite promesse.
Dès lors, mes chers amis, vous l'aurez compris, il nous faut éviter un piège grossier : nous ne serons pas une crémerie de plus, nous n'avons pas vocation à être le rassemblement étroit des souverainistes sectaires, le souverainisme n'est qu'un moyen qui doit être ouvert sur le grand large de l'idée nationale.
Il serait tentant pour les plus paresseux de s'installer sur le créneau des nostalgiques de la Nation, de défendre bec et ongle un souverainisme de repli, d'oublier notre vocation fondamentale : le rassemblement.
Les Français attendent beaucoup plus de nous, ils veulent retrouver des politiques qui croient en la politique, ils veulent retrouver des élites qui aient un vrai contact avec leurs préoccupations, ils veulent retrouver un peu de bon sens, de dignité et de respect pour indiquer un chemin à une société qui a perdu toute boussole. " Le souverainisme, pour quoi faire ? ", c'est à cette question qu'il nous faut répondre car " le souverainisme pour le souverainisme " ce n'est qu'une parcelle de politique, ce n'est que la gestion des convaincus, c'est le contraire du rassemblement.
Nous devons réunir tous ceux qui font de la Nation une référence, des plus libéraux aux plus interventionnistes, des plus républicains aux plus monarchistes, des plus eurosceptiques aux plus euroconstructifs, car il n'y a pas une vérité de la Nation, il y a plusieurs vérités qui trouvent équilibre et synthèse dans la Nation.
La pire des erreurs serait de croire qu'il nous faut construire une doctrine souverainiste, que chaque question comporte une réponse unique, que chaque nuance affaiblit la force de conviction.
Je crois, au contraire, que ce qui doit nous guider n'est pas une doctrine introuvable, mais un idéal. Toujours dans mon combat politique, je me suis fait une certaine idée de l'homme et une certaine idée de la France. Je crois qu'il ne peut y avoir de citoyenneté sans nation, ni de liberté sans responsabilité. Je crois que le responsable politique doit être porteur d'une morale et qu'il doit inscrire la dignité humaine dans sa tradition nationale qui lui donne sens.
C'est parce que nous avons laissé se rompre l'équilibre entre liberté et responsabilité, entre droits et devoirs que nous sommes entrés dans une spirale libertaire qui porte atteinte aux fondements mêmes de notre civilisation.
Toute civilisation est mortelle et je crains que sans réaction de notre part, des tendances mortifères emportent la nôtre. Nous voulons rendre à la France sa souveraineté pour, à partir de ce sursaut national, gagner ce combat pour la civilisation.
La classe politique, peureuse par nature et par intérêt, n'ose évidemment pas regarder cette décadence en face et le mot même lui fait peur, il n'est pas moderne, pas politiquement correct, il dérange trop les habitudes qui ont transformé le citoyen actif en consommateur passif et le citoyen critique en suiveur de la pensée unique.
C'est pour cela que nous donnons tant d'importance à la notion de valeurs parce que croire dans la Nation, c'est croire qu'il existe des valeurs qui nous transcendent, elles ne sont pas des abstractions, elles sont des guides pour l'action politique quotidienne.
Croire dans la Nation, c'est défendre sa pérennité, c'est donc placer l'impératif démographique au cur de toute politique. Personne ne regarde en face le suicide démographique que nous acceptons dans l'Europe entière, sans renouvellement des générations, notre continent va à sa perte, condamne son dynamisme, sa créativité, sa confiance dans l'avenir. Passifs à l'égard de ce déclin démographique, nos dirigeants le sont, dans un saisissant parallèle, tout autant à l'égard de l'immigration qui ne pourra être, dans un tel contexte, qu'une déferlante que personne ne pourra contrôler.
Ainsi si nous sommes pour une politique familiale ambitieuse et pour un contrôle vigilant de l'immigration par une politique de quotas, ce n'est pas par moralisme désuet ou par xénophobie frileuse, c'est parce que nous plaçons au-dessus de tout une certaine idée de la Nation.
Notre vision de la France concilie rigueur et ouverture, fermeté et générosité, intransigeance et indulgence. Notre modèle social doit permettre la réussite de tous ceux qui ont le sens de l'effort et de l'initiative quelle que soit leur origine. Notre politique extérieure croit qu'il existe une autre alternative pour les peuples que domination américaine ou misère. Notre conception de l'Etat affirme que l'Etat peut être fort sans étouffer l'initiative des individus.
L'action politique n'a de sens que dans notre conscience d'être un maillon dans une chaîne qui nous dépasse infiniment et qui nous fait une obligation morale de laisser à nos enfants un patrimoine collectif supérieur à celui que nous a légué nos aînés.
Cette humilité est la seule justification de notre orgueil, et c'était là la clef fondamentale de la personnalité du Général de Gaulle. Cela se traduit par une vertu publique aujourd'hui oubliée, qui s'appelle le courage.
Chaque problème qui se pose aux Français a une solution dont le prix est ce courage, donc cette prise de risque politique. Prenons quelques exemples.
La maladie de la vache folle crée une psychose dans l'opinion et menace de ruiner la filière bovine. Le courage c'est de regarder cette réalité en face et de dire, comme je l'ai fait, qu'il faut une réponse claire et de grande ampleur : généralisation des tests sur tous les animaux abattus destinés à l 'alimentation, interdiction de toutes les farines animales pour tous les animaux, remise en culture des jachères pour permettre la production des protéines végétales qui nous manquent. Au lieu d'opter pour ce plan d'ensemble, les dirigeants européens s'enlisent dans les demi-mesures qui trahissent leur incapacité et leur manque de vision.
La planète tout entière souffre de pollution et de sous-développement. La première est lourde de menaces pour la santé publique, le second accroît les misères des hommes et donc les fanatismes et les risques de guerre. Il n'y aura pas d'accès du plus grand nombre à l'aisance, sans augmentation de grande ampleur de la consommation d'énergie. Il faut donc résolument défendre les deux modes de production énergétique les plus propres : le solaire et le nucléaire. Nous avons démontré dans le colloque que nous avons organisé hier qu'il est possible de révolutionner la technologie nucléaire en adoptant l'accélérateur de particules, il faut résolument s'engager dans cette voie et les pseudo écologistes qui condamnent de façon péremptoire le nucléaire et pleurent sur la misère du tiers-monde sont des hypocrites, des inconscients ou des menteurs.
Notre société souffre d'un communautarisme rampant qui transforme nos quartiers, nos écoles, nos transports en autant de lieux de violence. Il faut retrouver le chemin du bon sens et de la fermeté. Le rôle du juge n'est pas de laisser les voyous en liberté, les droits de l'homme doivent protéger les plus faibles et non les plus arrogants, la mission du policier ou du professeur n'est pas de se faire insulter ou frapper. Pour nous une société est organisée et c'est la responsabilité du politique de faire fonctionner l'institution judiciaire au service de la paix civile et non pas de favoriser le pouvoir arbitraire du juge, au service de son interprétation personnelle du bien et du mal.
La difficulté de notre nouveau siècle est celle de toutes les époques de forte mutation, soit le destin collectif est laissé sans direction et il s'abandonne à toutes les contradictions du moment, soit le politique retrouve son sens premier, donne sens à l'intérêt général et, alors, il peut assurer la transition vers un avenir collectif maîtrisé.
C'est la même hésitation qui saisit l'Europe. Nous sommes pour une construction européenne harmonieuse et c'est pour cela que nous condamnons l'actuelle construction européenne qui s'enlise dans l'impuissance. D'ores et déjà la présidence française apparaît comme un échec car les dirigeants de notre pays n'ont pas une volonté claire pour l'Europe et ils n'osent, pas plus que les autres, dénoncer l'incroyable désordre institutionnel qui condamne ce beau projet à l'impuissance.
Cessons de mettre en uvre des procédures fédérales pour le simple plaisir de " faire européen ", donnons à la subsidiarité une vraie application en définissant le domaine réservé de chaque Etat et les domaines qui doivent être laissés à la coopération européenne. L'Europe des Nations, c'est tout simplement cela, plus d'Europe quand il le faut et que le citoyen le veut, plus de Nation quand l'intérêt des peuples le commande.
Mes chers amis, je suis persuadé que les Français attendent beaucoup de nous, car ils veulent que leur pays soit à nouveau dirigé alors que depuis un quart de siècle il n'est plus que géré. L'idée française est la seule qui puisse rassembler une majorité de gouvernement nouvelle qui garantisse à nos concitoyens la sécurité et la liberté.
Le RPF est l'instrument de cette reconquête nationale, il doit imposer le respect à nos adversaires comme à nos partenaires qui le redoutent également.
Chaque fois que l'on vous parle de place, de poste et de tactique électorale, répondez par des idées, des convictions et une stratégie pour la France. Vous devez rassembler et non pas exclure. Tous ceux qui ont mal à la France, et ils sont la majorité écrasante de notre peuple, sont les bienvenus au RPF, peu importe d'où ils viennent s'ils veulent, avec nous, rendre à l'idée nationale sa dignité et sa générosité.
Donnez vous même l'image de ce que nous sommes, sans complexe dans la défense de notre idéal face à toutes les subversions, sans frilosité dans notre capacité à comprendre le monde moderne. Nous ne refusons pas l'Europe, nous la voulons plus forte, plus indépendante, plus fière de sa civilisation. Nous ne refusons pas la mondialisation - comment pourrait-on refuser un fait ? - nous voulons la mettre au service de l'homme et faire gagner notre pays dans la compétition économique.
En effet, il n'y a pas de Nation fière d'elle-même sans prospérité économique et il n'y a pas d'Etat fort sans capacité à produire des richesses, donc sans liberté d'entreprendre. Nous sommes résolument de notre époque, tous ceux qui ont bien servi la France l'ont été d'ailleurs : l'affirmation capétienne coïncide avec la révolution économique et sociale du Moyen Age, les rois du 16 ème siècle ont porté la Renaissance, la Révolution et l'Empire ont appris la modernité au monde, le gaullisme a été précurseur, précurseur de la Résistance et de la défense de la liberté, précurseur de la décolonisation et de l'émancipation des peuples, précurseur de la régionalisation et de la participation.
Soyez sans complexe les défenseurs de la Nation, les combattants de la France ! Nous n'avons de leçon à recevoir de personne, et surtout pas des socialistes, en matière de liberté et d'humanisme.
Soyez offensifs, c'est ce que les Français attendent de l'opposition, nous allons engager la bataille sur notre terrain : celui des idées et des convictions.
Le second XX siècle a confirmé, dans le monde entier, la vanité des Empires et la vitalité des Nations , il nous faut être dans la vie politique française, cet espace de vérité, de lucidité et de bon sens et nous retrouverons la confiance des Français parce que nous avons confiance en la France !
(source http://www.rpfie.org, le 1 décembre 2000)