Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Tout d'abord je voudrais vous remercier pour votre présence en grand nombre ce matin, d'autant que c'est une heure assez inhabituelle pour une conférence de presse.
Dans quelques instants vont s'ouvrir les travaux du 3ème Forum de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire liés à la santé.
C'est pour moi un plaisir et un honneur d'accueillir à Paris les nombreuses personnalités et experts qui vont participer à cette réunion. Je tiens à saluer tout particulièrement les deux acteurs majeurs dans l'organisation de cette manifestation, M. Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale, et le docteur Jong-Wook Lee, directeur général de l'OMS. Je souhaite également remercier sincèrement Monsieur Abou Bakar Traoré, ministre de l'Economie et des Finances du Mali, pour avoir accepté de participer à cette conférence de presse à peine rentré de Washington.
Pendant ces deux jours, nous allons parler de santé dans les pays en développement.
Au Sommet du Millénaire il y a maintenant cinq ans, tous ensemble nous nous sommes fixés des objectifs et un calendrier. En 2015, nous devrons avoir réduit des deux tiers la mortalité infantile, des trois quarts la mortalité maternelle et avoir inversé la tendance en ce qui concerne le sida, la tuberculose, le paludisme et les principales maladies.
La première réunion du Forum à Genève en janvier 2004 a montré qu'au rythme où nous allions, de très nombreux pays n'avaient aucune chance d'atteindre ces objectifs dans cette échelle de temps. Les populations de ces pays ne verraient pas d'amélioration concrète de leur situation sanitaire avant très longtemps si nous - pays donateurs, agences multilatérale, pays en développement - ne changions pas notre façon de faire.
Il était nécessaire d'identifier les points critiques et les entraves au développement des systèmes de santé, en quelque sorte de bien établir le diagnostic de la situation et de tracer des pistes pour l'avenir. Le second Forum d'Abuja s'y est employé.
Aujourd'hui à Paris, nous terminons ce cycle de trois réunions pour définir les lignes d'action et les mesures concrètes à prendre.
Pour débattre de ces questions, dans un format qui se veut aussi informel que possible, sans "langue de bois" ni sujet tabou, plus de soixante délégations représentées à haut niveau ont répondu à l'invitation que M. Wolfowitz, le Dr Lee et moi-même leur avons adressée. Les directeurs exécutifs de l'UNICEF, de l'ONUSIDA, du Fonds mondial, de l'Alliance pour les vaccins et la vaccination, vingt ministres ou secrétaires d'Etat représentant l'ensemble des continents, le président de la Banque africaine de développement, les responsables des principales agences et fondations agissant dans le secteur de la coopération et du développement, entre autres, sont présents à Paris.
Je suis convaincu que l'importance des sujets qui vont être débattus et la qualité des participants au Forum vont nous permettre de trouver des réponses adaptées et novatrices et que nous saurons renforcer nos démarches communes.
Je suis convaincu, que lorsque je rencontre mes homologues ministres des Affaires étrangères, qu'un des grands enjeux de la diplomatie internationale aujourd'hui, reste et est plus que jamais les problèmes de santé. Les problèmes de santé dans le monde ne sont plus un problème technique, réservé à des techniciens, à des médecins ou à des humanitaires. Les problèmes de santé sont des problèmes diplomatiques au plus haut niveau, intéressant, devant intéresser les chefs d'Etat et de gouvernement et pas uniquement les agences multilatérales. C'est un des grands enjeux, encore plus important que l'enjeu de la diplomatie due à l'énergie. C'est moral, c'est éthique, mais au-delà, c'est un problème de respect de dignité des personnes dans le monde.
Je passe maintenant la parole au Dr Lee, directeur général de l'OMS pour un bref propos introductif.
Q - Juste un petit mot en vous disant que j'espérais que les discussions ne se concentreraient pas sur la grippe aviaire car je vous rappelle que cette grippe n'a jamais tué que 63 personnes en 3 ans alors que le temps de cette conférence, 70 femmes seront mortes en couche - tout le monde s'en fiche -, même chose pour 1.200 enfants de moins de 5 ans vivant en Afrique à cause de maladies que l'on sait tout à fait guérir, rougeole ou autre? S'occuper de ce qui pourra arriver dans l'avenir, c'est bien, mais, déjà, actuellement, il y a beaucoup de choses qu'il nous faudrait résoudre.
Ma question concerne l'efficacité de l'aide. Je voudrais au passage saluer le dernier rapport de la Banque mondiale sur "Equité et Développement" qui est une véritable révolution du point de vue économique puisque, désormais, la Banque mondiale ne place plus l'équité comme un résultat du développement mais comme une condition du développement. Un seul exemple : vous naissez homme ou femme, dès le départ, vous avez une inégalité de chances qui se traduira naturellement par les inégalités en termes de scolarisation, de santé, d'inclusion dans la société et, à la fin, le fait que la moitié de l'humanité ne peut pas concourir au développement comme elle le devrait.
De ce point de vue, Monsieur le Ministre, je m'inquiète un peu des budgets qui sont consacrés au sida. Le sida est un énorme problème, il mérite beaucoup d'argent, mais, pour prendre le cas de la France, je me demande tout de même s'il n'est pas un peu disproportionné. L'Aide publique au développement de la France schématiquement, en matière de santé aujourd'hui, c'est deux tiers sur le sida. Je me demande si, tout de même, ce n'est pas un peu beaucoup ou plutôt pas assez pour les autres maladies.
De plus, ces sommes considérables, 225 millions d'euros cette année, 300 millions d'euros sont-elles bien utilisées justement, prenant en compte le souci en rapport avec la Banque mondiale, un souci social tout d'abord ? Excusez-moi, Monsieur le Ministre, vous l'avez dit vous-même, les problèmes de santé ne sont plus des problèmes simplement techniques. Là également, s'occupe-t-on bien, donne-t-on bien la priorité à des phénomènes comme la féminisation de la pandémie qui sont essentielles pour son endiguement, comme le demandent les ONG ?
Q - Les problèmes de santé sont aussi des problèmes de protection sociale. Le trait commun dans les pays sous-développés, c'est qu'il n'y a pas de système de protection sociale. Comment penser cela actuellement, à la lumière des crises des sociétés de protection sociale dans les pays développés ?
A l'OMS ou à la Banque mondiale et naturellement dans les pays en question, comme le Mali, y a-t-il une réflexion pour la mise en place d'un système de protection sociale qui protègerait la population et un système économique qui, à côté, assurera une rémunération convenable aux praticiens de la santé, médecins, pharmaciens etc. ? Y a-t-il une réflexion d'ensemble en matière de prévision, de construction d'un tel système ?
Q - Concernant les besoins en matière de santé, on parle de la réussite de pays qui ne sont pas présents, le Mozambique par exemple. Mais pour un pays comme le Mali qui est émergent, quels sont les efforts qui sont faits pour que ce pays rattrape ou atteigne les Objectifs du Millénaire, sachant que son budget santé (72 milliards de CFA donc environ 120 millions de dollars) ce budget est-il suffisant pour un pays comme le Mali ? Quels sont les besoins concrets d'un pays sahélien enclavé ?
Q - En continuité avec la question de la personne précédente, le problème de la fuite du personnel qualifié. On peut effectivement apporter de l'aide financièrement, on explique que l'une des conditions, c'est d'améliorer les systèmes de santé, cela ne commence-t-il pas par des mesures à prendre visant à maintenir et à aider les personnes formées et qualifiées à rester dans leur pays et à y exercer, plutôt que de rejoindre des pays développés qui ont des problèmes de démographie pour le personnel médical, infirmier, etc. ?
R - Avant de laisser répondre mes collègues à toutes vos questions, une réflexion.
Il est évident qu'il ne sert à rien de s'intéresser à une maladie particulière s'il n'y a pas, au départ, une réflexion sur le système de santé public, s'il n'y a pas, au départ, une organisation minimale sur le réseau d'infirmières ou sur les réseaux de quelques épidémiologistes qui sont, malheureusement, trop faiblement distribués dans les pays du Sud. S'il n'y a pas ces systèmes qui permettent une couverture de santé publique, il est sûr que l'on peut faire tous les très bons plans du monde à New York, à Washington ou à Paris, cela ne marchera pas. C'est donc tout le travail de mes voisins : parler de santé publique.
Dans ce pays, la France, il a fallu 30 ans avant que l'on emploie moralement le mot "santé publique". A l'époque, les enseignants de santé publique étaient considérés comme des moins que rien.
Vous rendez-vous compte, dans les pays du Sud ! Ce n'est que de cela dont nous parlons actuellement, c'est-à-dire, à la fois comme vous l'avez dit, de l'épidémiologie, où est-elle vraiment ? Je ne connais pas très bien aujourd'hui les réseaux sentinelles sur l'Afrique et quand j'ai vu ce qui s'est passé pour le Niger, quand je vois comment on a organisé l'affaire du Niger en juillet où sur les réseaux sentinelles, il nous manque des réseaux sentinelles. De plus, il y a aussi les statistiques. Où est le traitement statistique de tout cela ? Il n'y est pas.
Enfin, l'économie de santé, ce dont vous venez de parler l'un et l'autre. Permettez-moi de vous dire que l'économie de santé ne viendra qu'après la distribution du système de santé publique. Oui, une sécurité sociale, mais après avoir auparavant mis en place une santé publique. Le sujet que vous abordez sur le départ des cerveaux ou des gens formés, c'est évidemment parce qu'il n'y a pas de système de santé publique pour les accueillir.
Concernant la France, vous avez raison, il est temps pour nous de bien travailler sur la lisibilité et la visibilité de l'action de la France à l'étranger, en particulier sur les problèmes de santé et de formation. 4 ou 5 % seulement de l'aide au développement sont consacrés à la santé. Je pense qu'aujourd'hui, vu les problèmes de santé dans le monde, nous avons intérêt à calibrer les choses.
Ensuite, vous dites qu'il y a un déséquilibre. Oui et non. Sur le Fonds mondial, nous avons décidé d'être les premiers contributeurs au monde, c'est vrai et, en même temps, comment la France peut-elle s'intéresser à tous les sujets ? Mais j'ai compris ce que vous dites, je pense qu'il faut que nous réfléchissions à une agence dans laquelle il y aurait à la fois le public et le privé, que nous puissions calibrer un peu mieux à la fois la taille du ministère des Affaires étrangères au point de vue administratif, pour cet aspect des choses et il y a en même temps une question de lisibilité et de visibilité. Quand je vois ce qui se fait au Royaume-Uni, je me dis que le Quai d'Orsay devrait aussi avoir une réflexion sur la lisibilité et la visibilité de nos actions, j'aurai l'occasion d'en reparler(Source http://www,diplomatie,gouv,fr, le 24 novembre 2005)
Tout d'abord je voudrais vous remercier pour votre présence en grand nombre ce matin, d'autant que c'est une heure assez inhabituelle pour une conférence de presse.
Dans quelques instants vont s'ouvrir les travaux du 3ème Forum de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire liés à la santé.
C'est pour moi un plaisir et un honneur d'accueillir à Paris les nombreuses personnalités et experts qui vont participer à cette réunion. Je tiens à saluer tout particulièrement les deux acteurs majeurs dans l'organisation de cette manifestation, M. Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale, et le docteur Jong-Wook Lee, directeur général de l'OMS. Je souhaite également remercier sincèrement Monsieur Abou Bakar Traoré, ministre de l'Economie et des Finances du Mali, pour avoir accepté de participer à cette conférence de presse à peine rentré de Washington.
Pendant ces deux jours, nous allons parler de santé dans les pays en développement.
Au Sommet du Millénaire il y a maintenant cinq ans, tous ensemble nous nous sommes fixés des objectifs et un calendrier. En 2015, nous devrons avoir réduit des deux tiers la mortalité infantile, des trois quarts la mortalité maternelle et avoir inversé la tendance en ce qui concerne le sida, la tuberculose, le paludisme et les principales maladies.
La première réunion du Forum à Genève en janvier 2004 a montré qu'au rythme où nous allions, de très nombreux pays n'avaient aucune chance d'atteindre ces objectifs dans cette échelle de temps. Les populations de ces pays ne verraient pas d'amélioration concrète de leur situation sanitaire avant très longtemps si nous - pays donateurs, agences multilatérale, pays en développement - ne changions pas notre façon de faire.
Il était nécessaire d'identifier les points critiques et les entraves au développement des systèmes de santé, en quelque sorte de bien établir le diagnostic de la situation et de tracer des pistes pour l'avenir. Le second Forum d'Abuja s'y est employé.
Aujourd'hui à Paris, nous terminons ce cycle de trois réunions pour définir les lignes d'action et les mesures concrètes à prendre.
Pour débattre de ces questions, dans un format qui se veut aussi informel que possible, sans "langue de bois" ni sujet tabou, plus de soixante délégations représentées à haut niveau ont répondu à l'invitation que M. Wolfowitz, le Dr Lee et moi-même leur avons adressée. Les directeurs exécutifs de l'UNICEF, de l'ONUSIDA, du Fonds mondial, de l'Alliance pour les vaccins et la vaccination, vingt ministres ou secrétaires d'Etat représentant l'ensemble des continents, le président de la Banque africaine de développement, les responsables des principales agences et fondations agissant dans le secteur de la coopération et du développement, entre autres, sont présents à Paris.
Je suis convaincu que l'importance des sujets qui vont être débattus et la qualité des participants au Forum vont nous permettre de trouver des réponses adaptées et novatrices et que nous saurons renforcer nos démarches communes.
Je suis convaincu, que lorsque je rencontre mes homologues ministres des Affaires étrangères, qu'un des grands enjeux de la diplomatie internationale aujourd'hui, reste et est plus que jamais les problèmes de santé. Les problèmes de santé dans le monde ne sont plus un problème technique, réservé à des techniciens, à des médecins ou à des humanitaires. Les problèmes de santé sont des problèmes diplomatiques au plus haut niveau, intéressant, devant intéresser les chefs d'Etat et de gouvernement et pas uniquement les agences multilatérales. C'est un des grands enjeux, encore plus important que l'enjeu de la diplomatie due à l'énergie. C'est moral, c'est éthique, mais au-delà, c'est un problème de respect de dignité des personnes dans le monde.
Je passe maintenant la parole au Dr Lee, directeur général de l'OMS pour un bref propos introductif.
Q - Juste un petit mot en vous disant que j'espérais que les discussions ne se concentreraient pas sur la grippe aviaire car je vous rappelle que cette grippe n'a jamais tué que 63 personnes en 3 ans alors que le temps de cette conférence, 70 femmes seront mortes en couche - tout le monde s'en fiche -, même chose pour 1.200 enfants de moins de 5 ans vivant en Afrique à cause de maladies que l'on sait tout à fait guérir, rougeole ou autre? S'occuper de ce qui pourra arriver dans l'avenir, c'est bien, mais, déjà, actuellement, il y a beaucoup de choses qu'il nous faudrait résoudre.
Ma question concerne l'efficacité de l'aide. Je voudrais au passage saluer le dernier rapport de la Banque mondiale sur "Equité et Développement" qui est une véritable révolution du point de vue économique puisque, désormais, la Banque mondiale ne place plus l'équité comme un résultat du développement mais comme une condition du développement. Un seul exemple : vous naissez homme ou femme, dès le départ, vous avez une inégalité de chances qui se traduira naturellement par les inégalités en termes de scolarisation, de santé, d'inclusion dans la société et, à la fin, le fait que la moitié de l'humanité ne peut pas concourir au développement comme elle le devrait.
De ce point de vue, Monsieur le Ministre, je m'inquiète un peu des budgets qui sont consacrés au sida. Le sida est un énorme problème, il mérite beaucoup d'argent, mais, pour prendre le cas de la France, je me demande tout de même s'il n'est pas un peu disproportionné. L'Aide publique au développement de la France schématiquement, en matière de santé aujourd'hui, c'est deux tiers sur le sida. Je me demande si, tout de même, ce n'est pas un peu beaucoup ou plutôt pas assez pour les autres maladies.
De plus, ces sommes considérables, 225 millions d'euros cette année, 300 millions d'euros sont-elles bien utilisées justement, prenant en compte le souci en rapport avec la Banque mondiale, un souci social tout d'abord ? Excusez-moi, Monsieur le Ministre, vous l'avez dit vous-même, les problèmes de santé ne sont plus des problèmes simplement techniques. Là également, s'occupe-t-on bien, donne-t-on bien la priorité à des phénomènes comme la féminisation de la pandémie qui sont essentielles pour son endiguement, comme le demandent les ONG ?
Q - Les problèmes de santé sont aussi des problèmes de protection sociale. Le trait commun dans les pays sous-développés, c'est qu'il n'y a pas de système de protection sociale. Comment penser cela actuellement, à la lumière des crises des sociétés de protection sociale dans les pays développés ?
A l'OMS ou à la Banque mondiale et naturellement dans les pays en question, comme le Mali, y a-t-il une réflexion pour la mise en place d'un système de protection sociale qui protègerait la population et un système économique qui, à côté, assurera une rémunération convenable aux praticiens de la santé, médecins, pharmaciens etc. ? Y a-t-il une réflexion d'ensemble en matière de prévision, de construction d'un tel système ?
Q - Concernant les besoins en matière de santé, on parle de la réussite de pays qui ne sont pas présents, le Mozambique par exemple. Mais pour un pays comme le Mali qui est émergent, quels sont les efforts qui sont faits pour que ce pays rattrape ou atteigne les Objectifs du Millénaire, sachant que son budget santé (72 milliards de CFA donc environ 120 millions de dollars) ce budget est-il suffisant pour un pays comme le Mali ? Quels sont les besoins concrets d'un pays sahélien enclavé ?
Q - En continuité avec la question de la personne précédente, le problème de la fuite du personnel qualifié. On peut effectivement apporter de l'aide financièrement, on explique que l'une des conditions, c'est d'améliorer les systèmes de santé, cela ne commence-t-il pas par des mesures à prendre visant à maintenir et à aider les personnes formées et qualifiées à rester dans leur pays et à y exercer, plutôt que de rejoindre des pays développés qui ont des problèmes de démographie pour le personnel médical, infirmier, etc. ?
R - Avant de laisser répondre mes collègues à toutes vos questions, une réflexion.
Il est évident qu'il ne sert à rien de s'intéresser à une maladie particulière s'il n'y a pas, au départ, une réflexion sur le système de santé public, s'il n'y a pas, au départ, une organisation minimale sur le réseau d'infirmières ou sur les réseaux de quelques épidémiologistes qui sont, malheureusement, trop faiblement distribués dans les pays du Sud. S'il n'y a pas ces systèmes qui permettent une couverture de santé publique, il est sûr que l'on peut faire tous les très bons plans du monde à New York, à Washington ou à Paris, cela ne marchera pas. C'est donc tout le travail de mes voisins : parler de santé publique.
Dans ce pays, la France, il a fallu 30 ans avant que l'on emploie moralement le mot "santé publique". A l'époque, les enseignants de santé publique étaient considérés comme des moins que rien.
Vous rendez-vous compte, dans les pays du Sud ! Ce n'est que de cela dont nous parlons actuellement, c'est-à-dire, à la fois comme vous l'avez dit, de l'épidémiologie, où est-elle vraiment ? Je ne connais pas très bien aujourd'hui les réseaux sentinelles sur l'Afrique et quand j'ai vu ce qui s'est passé pour le Niger, quand je vois comment on a organisé l'affaire du Niger en juillet où sur les réseaux sentinelles, il nous manque des réseaux sentinelles. De plus, il y a aussi les statistiques. Où est le traitement statistique de tout cela ? Il n'y est pas.
Enfin, l'économie de santé, ce dont vous venez de parler l'un et l'autre. Permettez-moi de vous dire que l'économie de santé ne viendra qu'après la distribution du système de santé publique. Oui, une sécurité sociale, mais après avoir auparavant mis en place une santé publique. Le sujet que vous abordez sur le départ des cerveaux ou des gens formés, c'est évidemment parce qu'il n'y a pas de système de santé publique pour les accueillir.
Concernant la France, vous avez raison, il est temps pour nous de bien travailler sur la lisibilité et la visibilité de l'action de la France à l'étranger, en particulier sur les problèmes de santé et de formation. 4 ou 5 % seulement de l'aide au développement sont consacrés à la santé. Je pense qu'aujourd'hui, vu les problèmes de santé dans le monde, nous avons intérêt à calibrer les choses.
Ensuite, vous dites qu'il y a un déséquilibre. Oui et non. Sur le Fonds mondial, nous avons décidé d'être les premiers contributeurs au monde, c'est vrai et, en même temps, comment la France peut-elle s'intéresser à tous les sujets ? Mais j'ai compris ce que vous dites, je pense qu'il faut que nous réfléchissions à une agence dans laquelle il y aurait à la fois le public et le privé, que nous puissions calibrer un peu mieux à la fois la taille du ministère des Affaires étrangères au point de vue administratif, pour cet aspect des choses et il y a en même temps une question de lisibilité et de visibilité. Quand je vois ce qui se fait au Royaume-Uni, je me dis que le Quai d'Orsay devrait aussi avoir une réflexion sur la lisibilité et la visibilité de nos actions, j'aurai l'occasion d'en reparler(Source http://www,diplomatie,gouv,fr, le 24 novembre 2005)