Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur la coopération internationale en matière de lutte contre le sida, à Londres le 30 novembre 2005.

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Circonstance : Réunion européenne à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, à Londres (Royaume-Uni) le 30 novembre 2005

Texte intégral


Monsieur le Secrétaire d'Etat,
Mesdames et messieurs les ministres,
Mesdames et messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, afin d'apporter le soutien de la France à la déclaration commune de l'Union pour une génération sans sida, que nous adopterons tout à l'heure.
La France attache en effet une importance particulière à ce que la lutte contre la sida s'appuie sur les trois piliers que sont la prévention, les traitements et la recherche. Sans ces trois piliers indissociables, tous nos efforts sont condamnés à l'échec.
Sans prévention en effet, le nombre de personnes touchées continuera à croître, en menaçant l'équilibre de nos systèmes de santé puis de nos sociétés dans leur ensemble. Or, nous avons aujourd'hui la preuve que la prévention peut permettre la réduction de la prévalence de l'infection, quel que soit le degré de développement économique d'un pays, ou le mode de diffusion de l'infection. Dans tous les cas, les succès sont liés au respect des droits et de la responsabilité des personnes, et de la diversité des outils qui leur sont proposés : usage du préservatif, diminution du nombre de partenaires sexuels, recul de l'âge du premier rapport sexuel, mais aussi accès à des matériels d'injections stériles et aux traitements de substitution. Ces outils ont fait leur preuve, ils doivent être plus largement promus et diffusés.
Sans accès au traitement, ensuite, comment faire accepter le dépistage et la nécessité d'un suivi pour inciter à l'adoption de pratiques à moindre risque, pour soi comme pour les autres ?
Sans recherche, enfin, comment imaginer que nos outils actuels, préventifs ou thérapeutiques, suffiront à combattre un virus qui ne cesse d'évoluer, et une épidémie qui a montré sa capacité à utiliser toutes les failles des protections qu'on lui oppose ?
Une autre exigence est celle de la continuité dans notre engagement à combattre ce fléau : c'est grâce aux actions menées dans la durée que les comportements et les pratiques parviennent à évoluer.
A cet égard, de réels progrès ont été récemment enregistrés dans la mobilisation internationale contre la pandémie, comme en témoignent à la fois la Déclaration d'engagement de l'Assemblée générale des Nations unies en 2001, et les conclusions du Sommet du développement qui s'est tenu à New York en septembre dernier, avec l'appel lancé en faveur d'un accès universel au traitement en 2010.
Cet engagement politique s'est accompagné d'un engagement financier, qu'il soit national ou international, avec en particulier la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont la France est devenue cette année le premier contributeur.
Mais ces efforts sont encore insuffisants, en volume comme en prévisibilité. Pour que soient élaborés des programmes de prévention et de traitement qui soient à la hauteur des enjeux, il faut en effet leur assurer des financements qui soient suffisants, stables et prévisibles. Tel est l'objet de la Contribution de solidarité internationale sur les billets d'avion proposée par la France, avec le soutien de nombreux pays, et dont nous proposons que le bénéfice puisse, dans sa phase pilote, être affecté à la lutte contre le sida. Pour sa part, la France mettra en place ce nouvel outil de financement dès 2006.
Pour conclure, je voudrais insister sur la place qu'il nous faut donner à la jeunesse dans la lutte contre la pandémie. Car si la jeunesse est la première victime de l'infection, c'est aussi avec elle que nous avons l'espoir de faire reculer la maladie. Après-demain, à Bamako, c'est d'ailleurs cette jeunesse qui sera au centre des échanges de la rencontre Afrique-France à laquelle participeront de nombreux chefs d'Etat africains. Il s'agira de témoigner ainsi de l'attention que nous portons à cette jeunesse africaine, mais aussi du rôle central que nous souhaitons lui voir jouer dans ce combat collectif contre le sida.
Je vous remercie.(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 décembre 2005)