Texte intégral
Chères amies, chers amis,
Ce dernier Conseil national de l'année 2005 conclue une année et une période
riche, mais avant tout studieuse et calme au sein des Verts. Je m'en félicite car
j'ai le sentiment que vous avons su construire un état d'esprit résolument tourné
vers l'intervention publique et la réflexion.
Il faut dire que la matière n'a pas manqué. Car la société bouge. Elle est traversée
par une réelle crise où chaque citoyen cherche les options politiques et les
réponses à ce que l'on doit bien appeler une crise de société.
Le gouvernement offre à ces citoyens la solution d'une société violente et divisée.
Violente car il répond aux problèmes sociaux et environnementaux par des
mesures libérales et répressives, destinées avant tout à satisfaire les intérêts
privés et les intérêts d'un électorat très conservarteur. Divisée car il dresse une
partie de la population contre une autre : la société de ceux qui ont contre ceux
qui n'ont rien. La société de ceux qui veulent que leurs petites affaires continuent
alors que le monde doit changer.
D'une certaine manière, cela a au moins le mérite de clarifier les choses. Oui,
décidément, la droite au gouvernement est une droite dure, libérale et répressive
et faisant peu de cas des vrais enjeux écologiques. Remettre la solidarité au c?ur
du projet politique et résoudre la crise environnementale en s'attaquant aux vraies
causes, c'est le projet des Verts. Il est à l'exact opposé de celui du gouvernement
actuel. Nous voulons qu'il soit celui de la gauche, et c'est là notre enjeu pour
l'année 2006.
En attendant, notre intervention publique pour dire notre opposition au
gouvernement et dire nos alternatives, elle est sur le terrain et elle est dans les
institutions où nous avons des élus.
Au moment même où je vous parle, Michel Bock et certains de nos parlementaires
nous représentent à la manifestation pour la défense du service public.
Ces services sont menacés. La logique de rentabilité fait ses ravages alors même
que l'effritement inexorable des services publics désertifie le monde rural et fait
exploser plusieurs quartiers délaissés dans les grands centres urbains. La
détermination du gouvernement à appliquer des dogmes libéraux à ce qu'il doit
pourtant garder dans le giron de l'Etat est suicidaire pour la cohésion sociale de
notre pays. C'est une fois de plus l'intérêt privé qui prévaut sur l'intérêt général.
Dernier exemple en date : la privatisation partielle d'EDF. Nous l'avons affirmé
clairement : nous restons contre cette privatisation partielle, voie vers la
privatisation totale.
L'énergie doit rester dans le giron de l'Etat qui doit en conserver la maîtrise. Nous
avions toutefois une particularité à gauche sur laquelle je tiens à insister
aujourd'hui encore. Si EDF doit rester public, EDF doit également admettre que
ses orientations soient sous l'autorité véritable de l'Etat : sécurité, choix des
filières et stratégie commerciale à l'étranger entre autres.
C'est bien parce que nous voulons sortir du nucléaire que nous voulons qu'EDF reste
dans le giron public. Nous voulons un service public de l'énergie sans nucléaire
avant tout.
Car, nous le savons, cette privatisation est faite pour financer la relance du
nucléaire avec l'EPR. Les décisions sont déjà prises, et depuis longtemps, sans
aucune concertation et dans un mépris total du débat public en cours. J'invite au
passage la commission particulière du débat public sur l'EPR a stoppé ses travaux
car de toute évidence, il ne sert à rien de débattre d'un projet qui est déjà
décidé, approuvé, et dont les commandes sont déjà passées. Voilà en tout cas
confirmé ce que nous savions déjà depuis plusieurs dizaines d'années : La politique
énergétique de la France est gérée au-dessus de la démocratie, sans débat, sans
concertation, sans transparence, par un Etat dans l'Etat qu'est EDF et la myriade
de groupes qui échappent depuis trop longtemps au contrôle des Français. Dans ce
débat sur la privatisation, c'est aussi tout cela que nous refusons et que nous
voulons voir changer.
Malheureusement, en européen convaincu que nous sommes, disons également
haut et fort que nous voulons que l'Europe cesse rapidement d'accompagner ce
mouvement de privatisation des services publics. Ainsi, la directive « service »,
autrement connue sous le célèbre nom de directive « Bolkestein » (Bolkestiin), et
non « Bolkenstein » comme certain le prononce... actuellement en débat au plan
européen, contient aujourd'hui des éléments parfaitement inacceptables. Ainsi, la
clause du « pays d'origine » doit être définitivement supprimée. Il faut aussi que
cette directive exclut de son champ les services publics, notamment la santé, la
culture, l'éducation, les services sociaux, les services d'information, les services
postaux, les services de l'énergie, les services de l'eau, et les services
environnementaux. Si nous voulons que les citoyens de ce pays retrouvent la
confiance qu'ils ont perdue dans l'Europe, il faut qu'elle démontre rapidement
qu'elle sait être protectrice et non qu'elle peut constituer un danger pour nos
droits élémentaires.
Face à cette actualité qui se manifeste cet après-midi dans la rue, je dois
également revenir sur un autre point qui a largement mobilisé nos énergies ces
dernières semaines. Je veux bien sûr parler de la crise dans plusieurs banlieues et
quartiers un peu partout en France.
C'est d'ailleurs sur ce sujet que le CE invite le CNIR à orienter son débat d'actualité
qui va suivre. Une motion a été écrite sur cette question spécifique. Le CE vous
présente également, en guise de motion que le CNIR pourrait reprendre à son
compte, la déclaration écrite à l'issue de la conférence que nous avions organisée
dimanche dernier, à l'Isle Saint Denis, chez notre ami et maire Michel Bourgain.
Cette conférence, regroupant une centaine d'élus et militants verts franciliens, a
échangé publiquement sur la situation depuis très longtemps dramatique dans ces
quartiers, et les solutions que les Verts préconisent.
Alors que les violences urbaines continuent de décroître, comme par provocation
pour rallumer le feu, le gouvernement vient de faire voter par sa majorité
parlementaire aux ordres, la prolongation de l'Etat d'urgence.
Ce conflit est social. Ces quartiers sont délaissés par l'Etat. Ce conflit et ces
violences n'ont rien à voir avec les origines, les cultures ou les religions de ses
habitants. La vision extrémiste du gouvernement qui en rajoute cette semaine
encore en mettant en cause la polygamie en dit long sur ses intentions réelles. Le
gouvernement n'a aucunement l'intention de résoudre cette question. Il cherche à
lui donner plus d'ampleur en poursuivant les provocations de toutes sortes. Il a fait
le choix de s'adresser à la frange la plus extrémiste des Français pour leur dire que
le coupable, c'est l'étranger. Refermons-nous, isolons-les, réprimons-les. Or,
quiconque vit et travaille dans ces quartiers sait que le mal-être de ces quartiers
puise ses racines dans l'injustice, les discriminations et l'humiliation. Nous
désapprouvons évidemment ces violences et les dégradations faites aux biens
publics, aux biens privés, aux outils de travail ou encore aux moyens de
déplacement publics. Mais ayant dit cela, nous ne résoudrions aucun problème si
nous nous contentions de tels propos. Le plus dramatique dans tout cela, c'est
qu'au plus haut niveau de l'Etat, il y a de l'amusement à manipuler les choses pour
de tristes enjeux politicien au pire sens du terme : la démagogie populiste. Selon
de bonnes vieilles recettes de droite, tout a été fait pour susciter les violences, et
dans la foulée, ce gouvernement incendiaire se pose en meilleur garant de l'ordre.
Les Verts ont affirmé dès les premiers instants notre opposition à l'unique réponse
répressive du gouvernement et encore plus à l'escalade vers l'Etat d'urgence qui a
suivi. Nous restons donc très vigilant. À tel point que nous avons mis en place au
siège national une permanence uniquement consacrée à cette question. Une ligne
téléphonique ouverte est à votre disposition : le 01 53 19 53 00, et une page de
notre site y est dédiée.
Permettez-moi d'aborder encore deux autres sujets. Ils illustrent parfaitement,
comme je le disais au sujet des services publics au début de mon intervention,
cette différence de lecture que nous avons entre intérêts privés et intérêt général
: Reach et les OGM.
Reach tout d'abord. Il y a quelques jours, nous rencontrions le ministre de
l'industrie, François Loos, pour le questionner sur les intentions de la France dans
ce dossier. Ces propos presque rassurants ont malheureusement du être tempéré
par les informations contradictoires que nous recevions par ailleurs après cette
entrevue. Sans surprise, le gouvernement préfère revoir à la baisse ce règlement
européen qui ennuie tant les industriels de la chimie. Quelques coûts à éviter pour
les industriels valent bien plus que la santé de millions de personnes. Malgré la
grande mobilisation des Verts et de toutes les associations de protection de
l'environnement et des consommateurs, le projet Reach a été revu à la baisse au
Parlement européen, après un accord au sommet entre le PPE, les libéraux et le
Parti Socialiste européen. Résultat : deux fois moins de substance sera concernée
par les tests, les obligations des industriels seront moins strictes. Le pire est à
venir, puisque le Conseil des ministres est maintenant conduit à se prononcer, et
la seconde lecture au Parlement européen nécessitera d'autres majorités pour les
amendements qui, on peut le craindre réduira à peau de chagrin, ce règlement.
Je ne peux que m'amuser avec amertume des discours enflammés de ces grands
partis qui nous font la leçon en France sur leur nouvelle capacité à trouver des
réponses aux questions environnementales et de santé que nous posons. À droite
comme à gauche, tout le monde est écologiste. Je ne résiste pas à l'envie de vous
citer un passage du discours de Nicolas Sarkozy prononcé lors de la Convention
UMP sur l'écologie, il y a 1 mois de cela, convention où les Verts furent présentés
comme de dangereux diviseurs de la société française qui ont décidément la
mauvaise habitude de désigner les responsables des dégâts environnementaux. Je
cite donc : « Il n'est pas normal, dans une grande démocratie comme la nôtre,
que le secret continue de régir l'action de l'administration (...) Des erreurs comme
celle de l'amiante ne sont plus acceptables ». « Le nombre de cancers liés à
l'environnement est estimé à 20% (...). Il est vraisemblable » dit-il « que les
produits utilisés dans l'agriculture ont une influence nocive sur la santé des
agriculteurs. Sur tous ces points, nous avons des présomptions, des inquiétudes,
mais nous demeurons démunis de connaissances exactes ». Dès lors, Monsieur
Sarkozy, si vous vous sentez démunis de connaissances exactes, pourquoi tant de
frilosité sur un règlement européen qui a précisément l'ambition d'apporter les
connaissances nécessaires. Il est encore temps, avant le Conseil des ministres, de
remettre, pour une fois, de la cohérence entre les discours destinés aux médias et
les actes commis dans vos choix politiques. Ne soutenez pas, en tout cas, toute
remise en cause d'un des rares acquis du vote du Parlement européen jeudi
dernier, c'est-à-dire la substitution obligatoire des substances chimiques
dangereuses par des alternatives plus sûres quand celles-ci sont disponibles. Et si
vous êtes aussi sûr de vous en matière d'écologie, soutenez ce que tous les
écologistes demandent, : renforcez l'exigence de tests sur la sécurité pour
l'ensemble des substances chimiques concernées par REACH.
Je voudrais finir ce tour d'horizon non-exhaustif de l'actualité par un soutien
appuyé aux amis verts, faucheurs volontaires qui viennent d'être condamnés très
lourdement par le tribunal de Toulouse.
De la prison ferme pour José Bové, des peines de prison avec sursis pour Noël
Mamère, Gérard Onesta, Gilles Lemaire, Michel Daverat, Pierre Labeyrie et 2
autres militants écologistes, 100 000? de dommages et intérêts pour la
destruction symbolique par chacun d'un épi de mais.
Récemment encore, d'autres peines de prison avec sursis ont été délivrées à 11
militants écologistes pour arrachage de plants de betteraves OGM. Par ailleurs, 26
arrêtés municipaux pour interdire des cultures OGM en pleins champs ont été
annulés par le Tribunal Administratif de Limoges sur demande des Préfets.
La bataille est clairement politique. Les décisions judiciaires ne font que traduire
la volonté du gouvernement de faire sauter les derniers verrous existants pour
faciliter la diffusion massive des OGM dans l'agriculture, une voie des plus risquées
pour la santé publique et une dissémination avérée dans l'environnement,
contraire aux principes élémentaires de précaution défendus pourtant par le
Président de la République.
Développer les OGM n'est ni dans l'intérêt des agriculteurs, ni dans l'intérêt des
consommateurs, ni dans l'intérêt des pouvoirs publics, ni dans l'intérêt de
l'environnement. Ceci n'a d'intérêt que pour les industriels semenciers. C'est cela
que les faucheurs et les Verts disent et défendent.
Ces militants qui sont accusés et condamnés le sont pour nous, ils le sont pour
l'intérêt non compris de toute la société. Ils ont défendu l'intérêt général. La
France n'a pas encore traduit la directive européenne sur la coexistence. Qui est
dans l'illégalité ? Ces militants doivent également subir humainement ces
condamnations. Nous leur devons une pleine solidarité. Aujourd'hui, je vous
demanderais de manifester cette solidarité en les applaudissant.
Les 9 condamnés au nom de tous les comparants volontaires iront en cassation. Ils
l'ont décidé à l'unanimité ce matin. Il s'agit d'aller jusqu'au bout de la procédure
pour faire valoir nos droits. Il s'agit de porter le débat au niveau européen à la
Cours européenne des droits de l'homme de Strasbourg pour désenclaver le débat
de la seule justice française.
Pour conclure, je finirais mon propos en m'inquiétant de la dangereuse pente que
prennent toutes les formations politiques françaises aujourd'hui. La folie
présidentialiste transforme le paysage politique français en désastre aux yeux des
Français. Le personnel politique n'agit plus qu'en fonction des incidences que
peuvent avoir telles ou telles déclarations, ou telle ou telle action, sur les enjeux
de la présidentielle. Ce petit jeu est dangereux. L'opinion publique n'a que peu
d'estime pour la classe politique et le fossé se creuse. Nous sommes, que nous le
voulions ou non, associé à l'ensemble de cette classe politique. Nous avons notre
part de responsabilité dans ce formidable défi qui est de redonner le goût du
débat politique aux Français. C'est le projet politique et les idées qu'il faut mettre
en avant.
Si je dis cela, c'est parce que depuis 11 mois, notre parti a été épargné par cette
folie, et je fais le v?ux que cela perdure. Nous avons consacré toute notre
énergie à l'élaboration programmatique qui se conclura en janvier prochain. La
présidentielle est certes incontournable, et à l'approche de choix de personnes que
nous avons décidé d'aborder selon un calendrier et une méthode adoptés
posément, en début d'année 2005, je vous demanderai à tous de préserver cet
état d'esprit constructif et apaisé dans lequel nous avons réussi à faire la
différence dans le paysage politique actuel.
Je vous en remercie par avance.Je vous remercie de m'avoir écouté.
Ce dernier Conseil national de l'année 2005 conclue une année et une période
riche, mais avant tout studieuse et calme au sein des Verts. Je m'en félicite car
j'ai le sentiment que vous avons su construire un état d'esprit résolument tourné
vers l'intervention publique et la réflexion.
Il faut dire que la matière n'a pas manqué. Car la société bouge. Elle est traversée
par une réelle crise où chaque citoyen cherche les options politiques et les
réponses à ce que l'on doit bien appeler une crise de société.
Le gouvernement offre à ces citoyens la solution d'une société violente et divisée.
Violente car il répond aux problèmes sociaux et environnementaux par des
mesures libérales et répressives, destinées avant tout à satisfaire les intérêts
privés et les intérêts d'un électorat très conservarteur. Divisée car il dresse une
partie de la population contre une autre : la société de ceux qui ont contre ceux
qui n'ont rien. La société de ceux qui veulent que leurs petites affaires continuent
alors que le monde doit changer.
D'une certaine manière, cela a au moins le mérite de clarifier les choses. Oui,
décidément, la droite au gouvernement est une droite dure, libérale et répressive
et faisant peu de cas des vrais enjeux écologiques. Remettre la solidarité au c?ur
du projet politique et résoudre la crise environnementale en s'attaquant aux vraies
causes, c'est le projet des Verts. Il est à l'exact opposé de celui du gouvernement
actuel. Nous voulons qu'il soit celui de la gauche, et c'est là notre enjeu pour
l'année 2006.
En attendant, notre intervention publique pour dire notre opposition au
gouvernement et dire nos alternatives, elle est sur le terrain et elle est dans les
institutions où nous avons des élus.
Au moment même où je vous parle, Michel Bock et certains de nos parlementaires
nous représentent à la manifestation pour la défense du service public.
Ces services sont menacés. La logique de rentabilité fait ses ravages alors même
que l'effritement inexorable des services publics désertifie le monde rural et fait
exploser plusieurs quartiers délaissés dans les grands centres urbains. La
détermination du gouvernement à appliquer des dogmes libéraux à ce qu'il doit
pourtant garder dans le giron de l'Etat est suicidaire pour la cohésion sociale de
notre pays. C'est une fois de plus l'intérêt privé qui prévaut sur l'intérêt général.
Dernier exemple en date : la privatisation partielle d'EDF. Nous l'avons affirmé
clairement : nous restons contre cette privatisation partielle, voie vers la
privatisation totale.
L'énergie doit rester dans le giron de l'Etat qui doit en conserver la maîtrise. Nous
avions toutefois une particularité à gauche sur laquelle je tiens à insister
aujourd'hui encore. Si EDF doit rester public, EDF doit également admettre que
ses orientations soient sous l'autorité véritable de l'Etat : sécurité, choix des
filières et stratégie commerciale à l'étranger entre autres.
C'est bien parce que nous voulons sortir du nucléaire que nous voulons qu'EDF reste
dans le giron public. Nous voulons un service public de l'énergie sans nucléaire
avant tout.
Car, nous le savons, cette privatisation est faite pour financer la relance du
nucléaire avec l'EPR. Les décisions sont déjà prises, et depuis longtemps, sans
aucune concertation et dans un mépris total du débat public en cours. J'invite au
passage la commission particulière du débat public sur l'EPR a stoppé ses travaux
car de toute évidence, il ne sert à rien de débattre d'un projet qui est déjà
décidé, approuvé, et dont les commandes sont déjà passées. Voilà en tout cas
confirmé ce que nous savions déjà depuis plusieurs dizaines d'années : La politique
énergétique de la France est gérée au-dessus de la démocratie, sans débat, sans
concertation, sans transparence, par un Etat dans l'Etat qu'est EDF et la myriade
de groupes qui échappent depuis trop longtemps au contrôle des Français. Dans ce
débat sur la privatisation, c'est aussi tout cela que nous refusons et que nous
voulons voir changer.
Malheureusement, en européen convaincu que nous sommes, disons également
haut et fort que nous voulons que l'Europe cesse rapidement d'accompagner ce
mouvement de privatisation des services publics. Ainsi, la directive « service »,
autrement connue sous le célèbre nom de directive « Bolkestein » (Bolkestiin), et
non « Bolkenstein » comme certain le prononce... actuellement en débat au plan
européen, contient aujourd'hui des éléments parfaitement inacceptables. Ainsi, la
clause du « pays d'origine » doit être définitivement supprimée. Il faut aussi que
cette directive exclut de son champ les services publics, notamment la santé, la
culture, l'éducation, les services sociaux, les services d'information, les services
postaux, les services de l'énergie, les services de l'eau, et les services
environnementaux. Si nous voulons que les citoyens de ce pays retrouvent la
confiance qu'ils ont perdue dans l'Europe, il faut qu'elle démontre rapidement
qu'elle sait être protectrice et non qu'elle peut constituer un danger pour nos
droits élémentaires.
Face à cette actualité qui se manifeste cet après-midi dans la rue, je dois
également revenir sur un autre point qui a largement mobilisé nos énergies ces
dernières semaines. Je veux bien sûr parler de la crise dans plusieurs banlieues et
quartiers un peu partout en France.
C'est d'ailleurs sur ce sujet que le CE invite le CNIR à orienter son débat d'actualité
qui va suivre. Une motion a été écrite sur cette question spécifique. Le CE vous
présente également, en guise de motion que le CNIR pourrait reprendre à son
compte, la déclaration écrite à l'issue de la conférence que nous avions organisée
dimanche dernier, à l'Isle Saint Denis, chez notre ami et maire Michel Bourgain.
Cette conférence, regroupant une centaine d'élus et militants verts franciliens, a
échangé publiquement sur la situation depuis très longtemps dramatique dans ces
quartiers, et les solutions que les Verts préconisent.
Alors que les violences urbaines continuent de décroître, comme par provocation
pour rallumer le feu, le gouvernement vient de faire voter par sa majorité
parlementaire aux ordres, la prolongation de l'Etat d'urgence.
Ce conflit est social. Ces quartiers sont délaissés par l'Etat. Ce conflit et ces
violences n'ont rien à voir avec les origines, les cultures ou les religions de ses
habitants. La vision extrémiste du gouvernement qui en rajoute cette semaine
encore en mettant en cause la polygamie en dit long sur ses intentions réelles. Le
gouvernement n'a aucunement l'intention de résoudre cette question. Il cherche à
lui donner plus d'ampleur en poursuivant les provocations de toutes sortes. Il a fait
le choix de s'adresser à la frange la plus extrémiste des Français pour leur dire que
le coupable, c'est l'étranger. Refermons-nous, isolons-les, réprimons-les. Or,
quiconque vit et travaille dans ces quartiers sait que le mal-être de ces quartiers
puise ses racines dans l'injustice, les discriminations et l'humiliation. Nous
désapprouvons évidemment ces violences et les dégradations faites aux biens
publics, aux biens privés, aux outils de travail ou encore aux moyens de
déplacement publics. Mais ayant dit cela, nous ne résoudrions aucun problème si
nous nous contentions de tels propos. Le plus dramatique dans tout cela, c'est
qu'au plus haut niveau de l'Etat, il y a de l'amusement à manipuler les choses pour
de tristes enjeux politicien au pire sens du terme : la démagogie populiste. Selon
de bonnes vieilles recettes de droite, tout a été fait pour susciter les violences, et
dans la foulée, ce gouvernement incendiaire se pose en meilleur garant de l'ordre.
Les Verts ont affirmé dès les premiers instants notre opposition à l'unique réponse
répressive du gouvernement et encore plus à l'escalade vers l'Etat d'urgence qui a
suivi. Nous restons donc très vigilant. À tel point que nous avons mis en place au
siège national une permanence uniquement consacrée à cette question. Une ligne
téléphonique ouverte est à votre disposition : le 01 53 19 53 00, et une page de
notre site y est dédiée.
Permettez-moi d'aborder encore deux autres sujets. Ils illustrent parfaitement,
comme je le disais au sujet des services publics au début de mon intervention,
cette différence de lecture que nous avons entre intérêts privés et intérêt général
: Reach et les OGM.
Reach tout d'abord. Il y a quelques jours, nous rencontrions le ministre de
l'industrie, François Loos, pour le questionner sur les intentions de la France dans
ce dossier. Ces propos presque rassurants ont malheureusement du être tempéré
par les informations contradictoires que nous recevions par ailleurs après cette
entrevue. Sans surprise, le gouvernement préfère revoir à la baisse ce règlement
européen qui ennuie tant les industriels de la chimie. Quelques coûts à éviter pour
les industriels valent bien plus que la santé de millions de personnes. Malgré la
grande mobilisation des Verts et de toutes les associations de protection de
l'environnement et des consommateurs, le projet Reach a été revu à la baisse au
Parlement européen, après un accord au sommet entre le PPE, les libéraux et le
Parti Socialiste européen. Résultat : deux fois moins de substance sera concernée
par les tests, les obligations des industriels seront moins strictes. Le pire est à
venir, puisque le Conseil des ministres est maintenant conduit à se prononcer, et
la seconde lecture au Parlement européen nécessitera d'autres majorités pour les
amendements qui, on peut le craindre réduira à peau de chagrin, ce règlement.
Je ne peux que m'amuser avec amertume des discours enflammés de ces grands
partis qui nous font la leçon en France sur leur nouvelle capacité à trouver des
réponses aux questions environnementales et de santé que nous posons. À droite
comme à gauche, tout le monde est écologiste. Je ne résiste pas à l'envie de vous
citer un passage du discours de Nicolas Sarkozy prononcé lors de la Convention
UMP sur l'écologie, il y a 1 mois de cela, convention où les Verts furent présentés
comme de dangereux diviseurs de la société française qui ont décidément la
mauvaise habitude de désigner les responsables des dégâts environnementaux. Je
cite donc : « Il n'est pas normal, dans une grande démocratie comme la nôtre,
que le secret continue de régir l'action de l'administration (...) Des erreurs comme
celle de l'amiante ne sont plus acceptables ». « Le nombre de cancers liés à
l'environnement est estimé à 20% (...). Il est vraisemblable » dit-il « que les
produits utilisés dans l'agriculture ont une influence nocive sur la santé des
agriculteurs. Sur tous ces points, nous avons des présomptions, des inquiétudes,
mais nous demeurons démunis de connaissances exactes ». Dès lors, Monsieur
Sarkozy, si vous vous sentez démunis de connaissances exactes, pourquoi tant de
frilosité sur un règlement européen qui a précisément l'ambition d'apporter les
connaissances nécessaires. Il est encore temps, avant le Conseil des ministres, de
remettre, pour une fois, de la cohérence entre les discours destinés aux médias et
les actes commis dans vos choix politiques. Ne soutenez pas, en tout cas, toute
remise en cause d'un des rares acquis du vote du Parlement européen jeudi
dernier, c'est-à-dire la substitution obligatoire des substances chimiques
dangereuses par des alternatives plus sûres quand celles-ci sont disponibles. Et si
vous êtes aussi sûr de vous en matière d'écologie, soutenez ce que tous les
écologistes demandent, : renforcez l'exigence de tests sur la sécurité pour
l'ensemble des substances chimiques concernées par REACH.
Je voudrais finir ce tour d'horizon non-exhaustif de l'actualité par un soutien
appuyé aux amis verts, faucheurs volontaires qui viennent d'être condamnés très
lourdement par le tribunal de Toulouse.
De la prison ferme pour José Bové, des peines de prison avec sursis pour Noël
Mamère, Gérard Onesta, Gilles Lemaire, Michel Daverat, Pierre Labeyrie et 2
autres militants écologistes, 100 000? de dommages et intérêts pour la
destruction symbolique par chacun d'un épi de mais.
Récemment encore, d'autres peines de prison avec sursis ont été délivrées à 11
militants écologistes pour arrachage de plants de betteraves OGM. Par ailleurs, 26
arrêtés municipaux pour interdire des cultures OGM en pleins champs ont été
annulés par le Tribunal Administratif de Limoges sur demande des Préfets.
La bataille est clairement politique. Les décisions judiciaires ne font que traduire
la volonté du gouvernement de faire sauter les derniers verrous existants pour
faciliter la diffusion massive des OGM dans l'agriculture, une voie des plus risquées
pour la santé publique et une dissémination avérée dans l'environnement,
contraire aux principes élémentaires de précaution défendus pourtant par le
Président de la République.
Développer les OGM n'est ni dans l'intérêt des agriculteurs, ni dans l'intérêt des
consommateurs, ni dans l'intérêt des pouvoirs publics, ni dans l'intérêt de
l'environnement. Ceci n'a d'intérêt que pour les industriels semenciers. C'est cela
que les faucheurs et les Verts disent et défendent.
Ces militants qui sont accusés et condamnés le sont pour nous, ils le sont pour
l'intérêt non compris de toute la société. Ils ont défendu l'intérêt général. La
France n'a pas encore traduit la directive européenne sur la coexistence. Qui est
dans l'illégalité ? Ces militants doivent également subir humainement ces
condamnations. Nous leur devons une pleine solidarité. Aujourd'hui, je vous
demanderais de manifester cette solidarité en les applaudissant.
Les 9 condamnés au nom de tous les comparants volontaires iront en cassation. Ils
l'ont décidé à l'unanimité ce matin. Il s'agit d'aller jusqu'au bout de la procédure
pour faire valoir nos droits. Il s'agit de porter le débat au niveau européen à la
Cours européenne des droits de l'homme de Strasbourg pour désenclaver le débat
de la seule justice française.
Pour conclure, je finirais mon propos en m'inquiétant de la dangereuse pente que
prennent toutes les formations politiques françaises aujourd'hui. La folie
présidentialiste transforme le paysage politique français en désastre aux yeux des
Français. Le personnel politique n'agit plus qu'en fonction des incidences que
peuvent avoir telles ou telles déclarations, ou telle ou telle action, sur les enjeux
de la présidentielle. Ce petit jeu est dangereux. L'opinion publique n'a que peu
d'estime pour la classe politique et le fossé se creuse. Nous sommes, que nous le
voulions ou non, associé à l'ensemble de cette classe politique. Nous avons notre
part de responsabilité dans ce formidable défi qui est de redonner le goût du
débat politique aux Français. C'est le projet politique et les idées qu'il faut mettre
en avant.
Si je dis cela, c'est parce que depuis 11 mois, notre parti a été épargné par cette
folie, et je fais le v?ux que cela perdure. Nous avons consacré toute notre
énergie à l'élaboration programmatique qui se conclura en janvier prochain. La
présidentielle est certes incontournable, et à l'approche de choix de personnes que
nous avons décidé d'aborder selon un calendrier et une méthode adoptés
posément, en début d'année 2005, je vous demanderai à tous de préserver cet
état d'esprit constructif et apaisé dans lequel nous avons réussi à faire la
différence dans le paysage politique actuel.
Je vous en remercie par avance.Je vous remercie de m'avoir écouté.