Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui à Paris pour ce grand dialogue, ce grand moment d'expression des paysans du Nord et des paysans du Sud.
Je me félicite de voir que vous êtes nombreux à avoir répondu présents à notre invitation et à avoir fait la démarche de venir à Paris pour prendre la parole, pour exprimer votre vision de l'agriculture à 15 jours de la Conférence de l'OMC à Hong Kong.
Fruit du partenariat entre les organisations agricoles françaises et africaines, cette conférence internationale sur l'agriculture est aussi l'occasion de célébrer les 30 ans de l'AFDI.
Au-delà des projets concrets de développement qui ont vu le jour grâce aux actions de l'AFDI, je crois que la plus belle réalisation de l'AFDI, c'est d'avoir su tisser des liens avec les paysans du Sud. Notre conférence, Hong Kong ? 15, est une expression forte de ce partenariat, de cette relation de confiance.
C'est avec un plaisir d'autant plus grand que je prends la parole aujourd'hui que cela me rappelle un moment fort de mon expérience de responsable agricole, du temps où j'étais Président du Comité des Jeunes Agriculteurs de la FIPA.
Il y a deux ans, j'ai eu en effet l'honneur de présider le Comité d'organisation du congrès mondial des jeunes agriculteurs, qui s'est tenu à Paris, et où certains d'entre vous ont pu participer.
Avec près de 600 jeunes agriculteurs venus des cinq continents et représentants plus de 100 pays, nous avons débattu pendant trois jours de l'avenir de notre métier et de l'orientation des politiques agricole et commerciale au niveau international.
Cette grande mobilisation avait permis d'aboutir à une déclaration commune qui pose les bases d'une politique agricole efficace et solidaire, fondée sur les prix, dont l'objectif premier est de permettre à tous les paysans du monde de vivre de leur métier. Cette déclaration s'inscrivait d'ailleurs dans la droite ligne de celle adoptée quelques semaines auparavant à Dakar.
En clôture de ce congrès, le Président de la République avait annoncé la création d'une fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde. Cette fondation, qui porte le nom de FARM, est un partenaire de notre conférence, avec lequel nous avons déjà pu débattre hier soir.
Aussi, je me réjouis qu'à quinze jours de la conférence ministérielle de l'OMC à Hong-Kong, les paysans prennent à nouveau la parole.
Il est indispensable que nous, responsables agricoles, exprimions haut et fort notre point de vue sur des sujets qui sont aussi déterminants pour l'avenir de notre métier, et donc pour le renouvellement des générations en agriculture.
Et c'est bien sur les grands enjeux agricoles et alimentaires mondiaux que nous allons débattre et échanger durant deux jours, avec au centre de nos discussions les trois thématiques suivantes :
- A quelles conditions la mondialisation profite t-elle aux pays en développement ?
- Qu'est ce que la souveraineté alimentaire ?
- L'Union européenne et les pays en développement sont-ils partenaires ou concurrents ?
Des questions qui sont au c?ur des discussions actuelles dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce, mais avec des réponses ou des débuts de réponse qui ne me semblent pas toujours aller dans la bonne direction.
Aujourd'hui, le commerce prend le pas sur l'alimentation ; alors que la vraie question, c'est comment améliorer la situation des 2 milliards de personnes qui sont en dans un état de sous alimentation chronique, et des 800 millions d'hommes et de femmes qui souffrent de la faim, au quotidien.
Sur ces 800 millions de personnes, n'oublions pas que les trois quarts sont des paysans, tellement appauvris par la baisse des prix agricoles qu'ils ne peuvent même plus produire pour nourrir leur famille.
A l'horizon 2050, avec une population mondiale qui pourrait atteindre 9 milliards d'habitants, la production agricole mondiale devrait être multipliée au moins par deux pour que les besoins alimentaires vitaux soient satisfaits.
Même si la mission première de l'agriculture, c'est bien de nourrir les Hommes, l'agriculture sera aussi amenée à relever d'autres défis, et notamment celui de l'énergie.
Une chose est donc sûre. Pour relever ces défis, nous avons besoin de tous les paysans, et donc de politiques agricoles qui permettent à tous les paysans de vivre de leur métier, de leur acte de production.
A la veille de l'ouverture de la conférence ministérielle de l'OMC, il est crucial de rappeler ces quelques évidences.
Et force est de constater, malheureusement, que pour l'heure, les propositions qui sont sur la table des négociations à l'OMC vont dans le sens d'une banalisation de l'agriculture.
En fait, au lieu d'aborder les questions stratégiques de la sécurité alimentaire et du développement, c'est la logique de l'affrontement entre blocs qui prévaut à l'OMC, avec l'agriculture comme monnaie d'échange.
Aujourd'hui, à mes yeux, ce qui est important, c'est de faire en sorte que Doha soit effectivement le cycle du développement.
Aussi, quand je lis la récente étude de la Banque Mondiale sur les soit disant bienfaits de la libéralisation des échanges agricoles, je me dis que notre analyse de la situation agricole mondiale est plutôt la bonne.
Cette étude démontre que dans une hypothèse de libéralisation totale des échanges agricoles, les revenus agricoles en Europe baisseraient de 26 % et dans le même temps, ceux des pays en développement augmenteraient de 3 %.
Mais si on y regarde de plus près, on constate que ce sont les revenus agricoles des pays comme le Brésil ou l'Argentine, considérés comme des pays en développement, qui augmenteraient de 30 %. Nul besoin d'être un grand mathématicien pour en déduire que ce sont les agricultures des pays les moins avancés, et notamment d'Afrique, qui seraient alors les plus pénalisées, avec des baisses de revenu comprises entre 30 % et 50 %.
C'est pourquoi je crois que le moment est venu de plaider pour une différenciation entre les pays en développement, en adaptant également le principe du traitement spécial et différencié.
Dans le même esprit, je pense que nous devrions mieux cibler nos efforts de diminution du soutien aux exportations, en regardant d'abord ce qui pourrait être fait en direction des pays les moins avancés.
Je rejoins là une proposition française qui avait été mise sur la table il y a quelques temps.
Quant aux relations entre l'Union européenne et les pays en développement, qui font l'objet de notre troisième séance de travail, j'estime là aussi qu'il faut s'attacher à valoriser les acquis, que ce soit les accords de Cotonou pour les ACP ou l'initiative « Tout sauf les armes » pour les PMA.
Et je crois qu'en matière de préférences accordées aux pays en développement, les autres grands pays industrialisés, et notamment les Etats-Unis, ne peuvent pas en dire autant.
Mesdames et Messieurs,
Vous le voyez, les sujets dont nous allons parler pendant deux jours sont bien au c?ur des négociations actuelles à l'OMC.
Aussi, je souhaite vivement que nos discussions permettent, non seulement de confronter nos points de vue, mais aussi de dégager une vision commune sur l'avenir de nos agricultures. Je suis intimement convaincu que les valeurs autour du métier d'agriculteur sont universelles, et qu'il faut nous unir et nous organiser pour faire avancer nos idées.
J'ai 33 ans, et plus de 20 ans de métier d'agriculteur devant moi. Je fais partie de cette génération qui connaîtra, très concrètement, les conséquences sur notre agriculture des négociations en cours à l'OMC.
Je crois en l'avenir de mon métier, et au renouvellement des générations en agriculture.
Alors, j'espère simplement que nos responsables politiques partagent ces mêmes convictions.
Je vous souhaite à tous une excellente conférence.
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui à Paris pour ce grand dialogue, ce grand moment d'expression des paysans du Nord et des paysans du Sud.
Je me félicite de voir que vous êtes nombreux à avoir répondu présents à notre invitation et à avoir fait la démarche de venir à Paris pour prendre la parole, pour exprimer votre vision de l'agriculture à 15 jours de la Conférence de l'OMC à Hong Kong.
Fruit du partenariat entre les organisations agricoles françaises et africaines, cette conférence internationale sur l'agriculture est aussi l'occasion de célébrer les 30 ans de l'AFDI.
Au-delà des projets concrets de développement qui ont vu le jour grâce aux actions de l'AFDI, je crois que la plus belle réalisation de l'AFDI, c'est d'avoir su tisser des liens avec les paysans du Sud. Notre conférence, Hong Kong ? 15, est une expression forte de ce partenariat, de cette relation de confiance.
C'est avec un plaisir d'autant plus grand que je prends la parole aujourd'hui que cela me rappelle un moment fort de mon expérience de responsable agricole, du temps où j'étais Président du Comité des Jeunes Agriculteurs de la FIPA.
Il y a deux ans, j'ai eu en effet l'honneur de présider le Comité d'organisation du congrès mondial des jeunes agriculteurs, qui s'est tenu à Paris, et où certains d'entre vous ont pu participer.
Avec près de 600 jeunes agriculteurs venus des cinq continents et représentants plus de 100 pays, nous avons débattu pendant trois jours de l'avenir de notre métier et de l'orientation des politiques agricole et commerciale au niveau international.
Cette grande mobilisation avait permis d'aboutir à une déclaration commune qui pose les bases d'une politique agricole efficace et solidaire, fondée sur les prix, dont l'objectif premier est de permettre à tous les paysans du monde de vivre de leur métier. Cette déclaration s'inscrivait d'ailleurs dans la droite ligne de celle adoptée quelques semaines auparavant à Dakar.
En clôture de ce congrès, le Président de la République avait annoncé la création d'une fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde. Cette fondation, qui porte le nom de FARM, est un partenaire de notre conférence, avec lequel nous avons déjà pu débattre hier soir.
Aussi, je me réjouis qu'à quinze jours de la conférence ministérielle de l'OMC à Hong-Kong, les paysans prennent à nouveau la parole.
Il est indispensable que nous, responsables agricoles, exprimions haut et fort notre point de vue sur des sujets qui sont aussi déterminants pour l'avenir de notre métier, et donc pour le renouvellement des générations en agriculture.
Et c'est bien sur les grands enjeux agricoles et alimentaires mondiaux que nous allons débattre et échanger durant deux jours, avec au centre de nos discussions les trois thématiques suivantes :
- A quelles conditions la mondialisation profite t-elle aux pays en développement ?
- Qu'est ce que la souveraineté alimentaire ?
- L'Union européenne et les pays en développement sont-ils partenaires ou concurrents ?
Des questions qui sont au c?ur des discussions actuelles dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce, mais avec des réponses ou des débuts de réponse qui ne me semblent pas toujours aller dans la bonne direction.
Aujourd'hui, le commerce prend le pas sur l'alimentation ; alors que la vraie question, c'est comment améliorer la situation des 2 milliards de personnes qui sont en dans un état de sous alimentation chronique, et des 800 millions d'hommes et de femmes qui souffrent de la faim, au quotidien.
Sur ces 800 millions de personnes, n'oublions pas que les trois quarts sont des paysans, tellement appauvris par la baisse des prix agricoles qu'ils ne peuvent même plus produire pour nourrir leur famille.
A l'horizon 2050, avec une population mondiale qui pourrait atteindre 9 milliards d'habitants, la production agricole mondiale devrait être multipliée au moins par deux pour que les besoins alimentaires vitaux soient satisfaits.
Même si la mission première de l'agriculture, c'est bien de nourrir les Hommes, l'agriculture sera aussi amenée à relever d'autres défis, et notamment celui de l'énergie.
Une chose est donc sûre. Pour relever ces défis, nous avons besoin de tous les paysans, et donc de politiques agricoles qui permettent à tous les paysans de vivre de leur métier, de leur acte de production.
A la veille de l'ouverture de la conférence ministérielle de l'OMC, il est crucial de rappeler ces quelques évidences.
Et force est de constater, malheureusement, que pour l'heure, les propositions qui sont sur la table des négociations à l'OMC vont dans le sens d'une banalisation de l'agriculture.
En fait, au lieu d'aborder les questions stratégiques de la sécurité alimentaire et du développement, c'est la logique de l'affrontement entre blocs qui prévaut à l'OMC, avec l'agriculture comme monnaie d'échange.
Aujourd'hui, à mes yeux, ce qui est important, c'est de faire en sorte que Doha soit effectivement le cycle du développement.
Aussi, quand je lis la récente étude de la Banque Mondiale sur les soit disant bienfaits de la libéralisation des échanges agricoles, je me dis que notre analyse de la situation agricole mondiale est plutôt la bonne.
Cette étude démontre que dans une hypothèse de libéralisation totale des échanges agricoles, les revenus agricoles en Europe baisseraient de 26 % et dans le même temps, ceux des pays en développement augmenteraient de 3 %.
Mais si on y regarde de plus près, on constate que ce sont les revenus agricoles des pays comme le Brésil ou l'Argentine, considérés comme des pays en développement, qui augmenteraient de 30 %. Nul besoin d'être un grand mathématicien pour en déduire que ce sont les agricultures des pays les moins avancés, et notamment d'Afrique, qui seraient alors les plus pénalisées, avec des baisses de revenu comprises entre 30 % et 50 %.
C'est pourquoi je crois que le moment est venu de plaider pour une différenciation entre les pays en développement, en adaptant également le principe du traitement spécial et différencié.
Dans le même esprit, je pense que nous devrions mieux cibler nos efforts de diminution du soutien aux exportations, en regardant d'abord ce qui pourrait être fait en direction des pays les moins avancés.
Je rejoins là une proposition française qui avait été mise sur la table il y a quelques temps.
Quant aux relations entre l'Union européenne et les pays en développement, qui font l'objet de notre troisième séance de travail, j'estime là aussi qu'il faut s'attacher à valoriser les acquis, que ce soit les accords de Cotonou pour les ACP ou l'initiative « Tout sauf les armes » pour les PMA.
Et je crois qu'en matière de préférences accordées aux pays en développement, les autres grands pays industrialisés, et notamment les Etats-Unis, ne peuvent pas en dire autant.
Mesdames et Messieurs,
Vous le voyez, les sujets dont nous allons parler pendant deux jours sont bien au c?ur des négociations actuelles à l'OMC.
Aussi, je souhaite vivement que nos discussions permettent, non seulement de confronter nos points de vue, mais aussi de dégager une vision commune sur l'avenir de nos agricultures. Je suis intimement convaincu que les valeurs autour du métier d'agriculteur sont universelles, et qu'il faut nous unir et nous organiser pour faire avancer nos idées.
J'ai 33 ans, et plus de 20 ans de métier d'agriculteur devant moi. Je fais partie de cette génération qui connaîtra, très concrètement, les conséquences sur notre agriculture des négociations en cours à l'OMC.
Je crois en l'avenir de mon métier, et au renouvellement des générations en agriculture.
Alors, j'espère simplement que nos responsables politiques partagent ces mêmes convictions.
Je vous souhaite à tous une excellente conférence.