Interview de M. Brice Hortefeux, ministre délégué des collectivités locales, dans "Le Figaro" du 10 janvier 2006, sur la réforme de la fonction publique locale.

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Pourquoi la réforme de la fonction publique territoriale est-elle restée bloquée si longtemps ?
Ce projet est en préparation depuis trois ans et a fait l'objet de huit versions différentes. Lorsque je suis arrivé au ministère, il était enseveli. Il fallait reprendre le dialogue avec un souci d'ouverture et une volonté de modernisation. Depuis, après avoir réglé juridiquement le transfert des 130000 fonctionnaires de l'Education nationale et de l'Equipement, j'ai reçu, en accord avec Dominique de Villepin, toutes les associations d'élus et repris le fil du dialogue avec les syndicats de fonctionnaires. Ils m'ont fait, chacun d'entre eux, des propositions d'amélioration. J'en ai tenu compte, tout en restant intransigeant sur l'équilibre général du texte. On a abouti à un projet de loi qui permet à la fonction publique territoriale être résolument à l?avant-garde du secteur public. Un signe: il a fait une unanimité inédite de la part des associations d'élus, toutes sensibilités poli- tiques confondues.
Quels seront les grands changements, pour l'employeur, pour l'agent, mais aussi pour le
contribuable ?
Les employeurs - mairies, départements et régions - pourront recruter plus facilement, grâce au développement des concours sur titre et à la prise en compte des acquis de l'expérience. Dans certains métiers où les besoins sont immenses, comme ceux liés à la petite enfance, la compétence et l'expérience pourront compter autant que les connaissances livresques.
Les fonctionnaires, de leur côté, bénéficieront de plus de formation professionnelle, de mobilité et de promotion interne. Avec tout cela, le contribuable sera gagnant : le personnel représente 50% du budget de fonctionnent communal, et sa meilleure gestion est forcément gage d'économies.
L'UMP, dont vous êtes secrétaire général délégué, réclame une réduction des effectifs de fonctionnaires. Votre projet de loi ne conduit-il pas à l'inverse ?
Il faut savoir que 38 % des fonctionnaires territoriaux, ainsi que la moitié des cadres, vont partir en retraite d'ici à 2012. Si on ne fait rien, les mairies, départements, et régions vont être décimées, et le service aux usagers ne pourra plus être assuré correcte- ment. Nous allons remettre de la performance et de l'efficacité dans les services publics de proximité. Pas forcément en recrutant toujours plus de fonctionnaires, mais en utilisant mieux les 1,7 million d'agents. C'est à rebours de ce qui se pratique depuis 1982, date des premières lois sur la décentralisation. Avec ce projet, le fonctionnaire territorial n'est pas un bouc émissaire, mais bien un partenaire responsabilisé.
Jacques Chirac a proposé, vendredi, que 50 % des économies réalisées à l'occasion des départs en retraite soient reversés aux fonctionnaires. Qu'en pensez-vous ? Le président de la République a eu raison. Il faut que les fonctionnaires puissent bénéficier d'un juste retour de leurs efforts. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs été le premier à suggérer l'application de cette méthode. Il faut désormais la concrétiser.