Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous retrouver, cette année encore, pour clore ces troisièmes Assises nationales du tourisme, qui constituent désormais notre grand rendez-vous annuel d'échanges, de dialogue et de réflexion sur les enjeux et l'avenir de l'économie touristique de notre pays.
Vous êtes toujours plus nombreux à avoir répondu à notre invitation. Je tiens à vous remercier, toutes et tous, pour cette fidélité et pour la grande qualité de vos travaux dans le cadre des trois tables rondes qui vous étaient proposées.
Fort heureusement, les années se suivent mais ne se ressemblent pas : après les orages de 2003 et la timide reprise de 2004, nous pouvons aujourd'hui nous réjouir d'un bilan positif pour 2005.
Malgré un démarrage tardif et un niveau de dépenses qui progresse peu, les vacanciers ont retrouvé le chemin des grandes régions touristiques françaises : Paris, la région Ile-de-France et la région PACA ont été les grands gagnants de l'été 2005.
Les clientèles étrangères, américaines, asiatiques et européennes sont également de retour. Leur présence, indispensable à la survie de notre hôtellerie haut-de-gamme, témoigne de la réussite de la nouvelle stratégie marketing mise en place par Maison de la France.
Je forme le v?u que l'embrasement de nos banlieues, qui a suscité une vive émotion à l'étranger et a pu parfois être exploitée de manière excessive par les médias étrangers, ne ternira pas ce bilan.
Il n'est pas dans mes habitudes de me satisfaire d'un résultat. Je ne peux toutefois négliger de souligner que nous avons assisté cette année à l'inversion d'une tendance au raccourcissement de la « haute saison » que beaucoup de professionnels déploraient à juste titre.
L'objectif que je m'était fixé d'une meilleure répartition des flux touristiques dans le temps et dans l'espace se concrétise : le ratio des 80/20 se rapproche désormais davantage des 60/40 (60% des touristes sur 40% du territoire) et l'été se prolonge au-delà de la rentrée des classes.
De nombreux chantiers restent ouverts néanmoins, nous en avons tous conscience et nous poursuivrons, dans les 18 mois qui nous séparent de l'échéance présidentielle, l'entreprise de modernisation de notre économie touristique que j'ai entrepris depuis mon arrivée.
Les thèmes retenus cette année pour ces Assises figurent naturellement au c?ur de mes préoccupations et les débats très enrichissants qu'ils ont suscité ont montré la pertinence de nos choix.
L'emploi constitue ainsi une priorité de tous les instants. Nous le savons, c'est dans le secteur de l'hôtellerie-restauration que la création d'emplois a été la plus forte en 2004. Mais le potentiel est loin d'être épuisé puisque les offres d'emplois non pourvues demeurent importantes.
Je me suis efforcé, depuis 3 ans, d'accompagner les mutations de notre économie touristique à tous les niveaux : en réformant nos outils d'analyse avec la constitution d'un pôle d'ingénierie plus performant autour d'ODIT France, né en janvier 2005.
En réactualisant la stratégie marketing de Maison de la France, dont on a vu qu'elle porte ses fruits. En mettant en ?uvre le Plan Qualité France pour répondre aux attentes plus pointues des touristes.
En simplifiant, enfin, grâce au décret qui vient juste d'être publié, l'organisation du CNT pour en faire un outil encore plus performant du dialogue entre tous les acteurs du tourisme.
Certains secteurs, comme les agences de voyage confrontées au passage à la Commission zéro, ont bénéficié d'un accompagnement pour réorienter leurs activités. Nos propositions de mieux vendre la France, de s'orienter davantage vers le réceptif ou les groupes sur mesure commencent à faire leur chemin.
Depuis quelques mois, j'ai également entrepris un double « Tour de France » : je parcours nos régions pour inciter nos partenaires socio-professionnels et institutionnels à utiliser les mesures du plan d'urgence pour l'emploi, en particulier le « contrat nouvelles embauches » qui leur offre une grande souplesse dans la gestion des effectifs.
J'ai également décidé d'aller à la rencontre de nos grandes entreprises pour évaluer les besoins, recueillir les propositions et relayer les attentes : le tourisme compte quelques « vaisseaux amiraux » qu'il convient de ne pas oublier, pour employer une image en accord avec la très belle exposition de « Star Wars » qui se tient dans une salle adjacente.
C'est ainsi que je me suis rendu à Disneyland Resort Paris, qui compte quelques 12 900 employés pour la présentation d'un programme de formation qualifiante pour professionnaliser la filière de l'accueil touristique.
Je compte me rendre prochainement dans d'autres grandes entreprises, privées ou publiques, comme ACCOR ou ADP pour prolonger cette immersion.
Enfin, parmi les priorités que je me suis fixées pour les prochains mois figure la formation.
Le tourisme ne doit pas être choisi par défaut.
Un groupe de travail a été constitué au Ministère avec les principaux intervenants universitaires pour montrer que les métiers du tourisme développent des compétences et réclament des qualités de plus en plus pointues.
Plusieurs projets sont en cours : la mise à disposition de chercheurs dédiés, l'organisation d'Universités d'été, l'ouverture des grandes manifestations professionnelles aux lycéens ou aux étudiants.
Les deux autres tables rondes aujourd'hui ont été consacrées au Littoral et au réchauffement climatique. Ce sont deux facettes différentes d'une problématique commune : celle du développement durable dont le tourisme doit être un des acteurs.
Les littoraux, par exemple, sont des espaces fragiles, leur équilibre est précaire. Et les élus savent que le capital touristique de leurs communes est aujourd'hui indissociable de leur capacité à préserver les espaces naturels.
Selon l'étude réalisée par l'institut Ipsos 2004 pour Maison de la France, 75% des touristes étrangers interrogés, et même 92% des allemands, considèrent la France comme attrayante pour la qualité de son environnement.
Le touriste en quête d'authenticité privilégie le contact avec la nature. Or, le développement de ce type de tourisme implique de maintenir une grande diversité de paysages et de patrimoine.
Les départements d'outre-mer sont particulièrement concernés car leur attractivité dépend, pour une large part, de la qualité de leurs écosystèmes et de leur capacité à les préserver.
C'est pourquoi l'écotourisme, qui se définit comme une forme de voyage responsable dans les espaces naturels, qui contribue à la protection de l'environnement et au bien-être des populations, s'adapte parfaitement aux situations de nos destinations d'Outre-Mer.
Mais ce qui est vrai pour les plages exotiques l'est tout autant pour celles plus sauvages de nos littoraux hexagonaux : c'est le message fort délivré par le Président de la République à l'occasion du 30ème anniversaire du Conservatoire du Littoral :
« c'est par la qualité globale de son accueil, qui comporte bien évidemment une dimension environnementale forte, que la France pourra maintenir son attractivité dans un contexte de concurrence sans cesse plus vive entre destinations ».
Dernier thème abordé, le changement climatique. C'était un thème ambitieux et novateur, à la hauteur de l'enjeu économique majeur du tourisme dans nos économies mondialisées.
Le réchauffement attendu en Europe d'ici à 70 ans, de 2 à 4° en moyenne selon les scénarios, aura des conséquences critiques pour les régions montagneuses et méditerranéennes.
Déjà, le manque d'enneigement se fait sentir dans les stations de moyenne montagne et dans les Alpes du Sud, ce qui implique de lourds investissements de substitution.
Plus globalement, cet atelier a permis de mettre en évidence l'impact majeur des flux touristiques sur l'environnement, en terme de consommation des ressources, d'altération de la biodiversité, de risque naturels.
Les grands opérateurs ont pris conscience de cet enjeu et mettent en place des stratégies de développement durable : il faut impérativement éduquer les touristes pour éviter ce paradoxe, qui voudrait que ce que nous allons chercher sur le lieu de nos vacances, nous le détruisions en y allant.
Voilà, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, quelques réflexions que je souhaitais vous livrer à l'issue de ces passionnants travaux. Il y a beaucoup d'autres sujets que je n'ai pas pu aborder ce soir, comme l'attractivité qui a fait l'objet de la table ronde de cet après-midi, le tourisme solidaire, la gestion du risque et de la responsabilité.
Le champ de nos préoccupations est vaste et le temps nous est compté. Je souhaiterais en conclusion vous faire part de ma détermination intacte en faveur d'un tourisme éthique.
C'est pourquoi, lors de la réunion des ministres européens du tourisme à Malte, j'ai proposé de mettre à l'ordre du jour des travaux communautaires la question de l'exploitation sexuelle des enfants dans le tourisme.
Si l'Union Européenne a pris des initiatives dans le passé, le sujet n'a plus été traité depuis plusieurs années. On estime pourtant que plus de 3 millions d'enfants, à travers le monde, en sont encore les victimes.
Je souhaiterais que nous réfléchissions à une charte européenne destinée à mobiliser et responsabiliser les professionnels européens du tourisme ? à l'image de ce que j'ai mis en place ces derniers mois en France.
J'aimerais aussi que nous puissions créer un cadre d'échanges entre nos administrations sur les bonnes pratiques de chacun de nos pays et sur le suivi de l'évolution de la question dans les principaux pays victimes de ce fléau.
Je sais que je peux compter sur votre soutien unanime dans ce combat et je vous en remercie par avance, comme je vous remercie pour votre participation à ces 3èmes Assises.
Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 25 novembre 2005)
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous retrouver, cette année encore, pour clore ces troisièmes Assises nationales du tourisme, qui constituent désormais notre grand rendez-vous annuel d'échanges, de dialogue et de réflexion sur les enjeux et l'avenir de l'économie touristique de notre pays.
Vous êtes toujours plus nombreux à avoir répondu à notre invitation. Je tiens à vous remercier, toutes et tous, pour cette fidélité et pour la grande qualité de vos travaux dans le cadre des trois tables rondes qui vous étaient proposées.
Fort heureusement, les années se suivent mais ne se ressemblent pas : après les orages de 2003 et la timide reprise de 2004, nous pouvons aujourd'hui nous réjouir d'un bilan positif pour 2005.
Malgré un démarrage tardif et un niveau de dépenses qui progresse peu, les vacanciers ont retrouvé le chemin des grandes régions touristiques françaises : Paris, la région Ile-de-France et la région PACA ont été les grands gagnants de l'été 2005.
Les clientèles étrangères, américaines, asiatiques et européennes sont également de retour. Leur présence, indispensable à la survie de notre hôtellerie haut-de-gamme, témoigne de la réussite de la nouvelle stratégie marketing mise en place par Maison de la France.
Je forme le v?u que l'embrasement de nos banlieues, qui a suscité une vive émotion à l'étranger et a pu parfois être exploitée de manière excessive par les médias étrangers, ne ternira pas ce bilan.
Il n'est pas dans mes habitudes de me satisfaire d'un résultat. Je ne peux toutefois négliger de souligner que nous avons assisté cette année à l'inversion d'une tendance au raccourcissement de la « haute saison » que beaucoup de professionnels déploraient à juste titre.
L'objectif que je m'était fixé d'une meilleure répartition des flux touristiques dans le temps et dans l'espace se concrétise : le ratio des 80/20 se rapproche désormais davantage des 60/40 (60% des touristes sur 40% du territoire) et l'été se prolonge au-delà de la rentrée des classes.
De nombreux chantiers restent ouverts néanmoins, nous en avons tous conscience et nous poursuivrons, dans les 18 mois qui nous séparent de l'échéance présidentielle, l'entreprise de modernisation de notre économie touristique que j'ai entrepris depuis mon arrivée.
Les thèmes retenus cette année pour ces Assises figurent naturellement au c?ur de mes préoccupations et les débats très enrichissants qu'ils ont suscité ont montré la pertinence de nos choix.
L'emploi constitue ainsi une priorité de tous les instants. Nous le savons, c'est dans le secteur de l'hôtellerie-restauration que la création d'emplois a été la plus forte en 2004. Mais le potentiel est loin d'être épuisé puisque les offres d'emplois non pourvues demeurent importantes.
Je me suis efforcé, depuis 3 ans, d'accompagner les mutations de notre économie touristique à tous les niveaux : en réformant nos outils d'analyse avec la constitution d'un pôle d'ingénierie plus performant autour d'ODIT France, né en janvier 2005.
En réactualisant la stratégie marketing de Maison de la France, dont on a vu qu'elle porte ses fruits. En mettant en ?uvre le Plan Qualité France pour répondre aux attentes plus pointues des touristes.
En simplifiant, enfin, grâce au décret qui vient juste d'être publié, l'organisation du CNT pour en faire un outil encore plus performant du dialogue entre tous les acteurs du tourisme.
Certains secteurs, comme les agences de voyage confrontées au passage à la Commission zéro, ont bénéficié d'un accompagnement pour réorienter leurs activités. Nos propositions de mieux vendre la France, de s'orienter davantage vers le réceptif ou les groupes sur mesure commencent à faire leur chemin.
Depuis quelques mois, j'ai également entrepris un double « Tour de France » : je parcours nos régions pour inciter nos partenaires socio-professionnels et institutionnels à utiliser les mesures du plan d'urgence pour l'emploi, en particulier le « contrat nouvelles embauches » qui leur offre une grande souplesse dans la gestion des effectifs.
J'ai également décidé d'aller à la rencontre de nos grandes entreprises pour évaluer les besoins, recueillir les propositions et relayer les attentes : le tourisme compte quelques « vaisseaux amiraux » qu'il convient de ne pas oublier, pour employer une image en accord avec la très belle exposition de « Star Wars » qui se tient dans une salle adjacente.
C'est ainsi que je me suis rendu à Disneyland Resort Paris, qui compte quelques 12 900 employés pour la présentation d'un programme de formation qualifiante pour professionnaliser la filière de l'accueil touristique.
Je compte me rendre prochainement dans d'autres grandes entreprises, privées ou publiques, comme ACCOR ou ADP pour prolonger cette immersion.
Enfin, parmi les priorités que je me suis fixées pour les prochains mois figure la formation.
Le tourisme ne doit pas être choisi par défaut.
Un groupe de travail a été constitué au Ministère avec les principaux intervenants universitaires pour montrer que les métiers du tourisme développent des compétences et réclament des qualités de plus en plus pointues.
Plusieurs projets sont en cours : la mise à disposition de chercheurs dédiés, l'organisation d'Universités d'été, l'ouverture des grandes manifestations professionnelles aux lycéens ou aux étudiants.
Les deux autres tables rondes aujourd'hui ont été consacrées au Littoral et au réchauffement climatique. Ce sont deux facettes différentes d'une problématique commune : celle du développement durable dont le tourisme doit être un des acteurs.
Les littoraux, par exemple, sont des espaces fragiles, leur équilibre est précaire. Et les élus savent que le capital touristique de leurs communes est aujourd'hui indissociable de leur capacité à préserver les espaces naturels.
Selon l'étude réalisée par l'institut Ipsos 2004 pour Maison de la France, 75% des touristes étrangers interrogés, et même 92% des allemands, considèrent la France comme attrayante pour la qualité de son environnement.
Le touriste en quête d'authenticité privilégie le contact avec la nature. Or, le développement de ce type de tourisme implique de maintenir une grande diversité de paysages et de patrimoine.
Les départements d'outre-mer sont particulièrement concernés car leur attractivité dépend, pour une large part, de la qualité de leurs écosystèmes et de leur capacité à les préserver.
C'est pourquoi l'écotourisme, qui se définit comme une forme de voyage responsable dans les espaces naturels, qui contribue à la protection de l'environnement et au bien-être des populations, s'adapte parfaitement aux situations de nos destinations d'Outre-Mer.
Mais ce qui est vrai pour les plages exotiques l'est tout autant pour celles plus sauvages de nos littoraux hexagonaux : c'est le message fort délivré par le Président de la République à l'occasion du 30ème anniversaire du Conservatoire du Littoral :
« c'est par la qualité globale de son accueil, qui comporte bien évidemment une dimension environnementale forte, que la France pourra maintenir son attractivité dans un contexte de concurrence sans cesse plus vive entre destinations ».
Dernier thème abordé, le changement climatique. C'était un thème ambitieux et novateur, à la hauteur de l'enjeu économique majeur du tourisme dans nos économies mondialisées.
Le réchauffement attendu en Europe d'ici à 70 ans, de 2 à 4° en moyenne selon les scénarios, aura des conséquences critiques pour les régions montagneuses et méditerranéennes.
Déjà, le manque d'enneigement se fait sentir dans les stations de moyenne montagne et dans les Alpes du Sud, ce qui implique de lourds investissements de substitution.
Plus globalement, cet atelier a permis de mettre en évidence l'impact majeur des flux touristiques sur l'environnement, en terme de consommation des ressources, d'altération de la biodiversité, de risque naturels.
Les grands opérateurs ont pris conscience de cet enjeu et mettent en place des stratégies de développement durable : il faut impérativement éduquer les touristes pour éviter ce paradoxe, qui voudrait que ce que nous allons chercher sur le lieu de nos vacances, nous le détruisions en y allant.
Voilà, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, quelques réflexions que je souhaitais vous livrer à l'issue de ces passionnants travaux. Il y a beaucoup d'autres sujets que je n'ai pas pu aborder ce soir, comme l'attractivité qui a fait l'objet de la table ronde de cet après-midi, le tourisme solidaire, la gestion du risque et de la responsabilité.
Le champ de nos préoccupations est vaste et le temps nous est compté. Je souhaiterais en conclusion vous faire part de ma détermination intacte en faveur d'un tourisme éthique.
C'est pourquoi, lors de la réunion des ministres européens du tourisme à Malte, j'ai proposé de mettre à l'ordre du jour des travaux communautaires la question de l'exploitation sexuelle des enfants dans le tourisme.
Si l'Union Européenne a pris des initiatives dans le passé, le sujet n'a plus été traité depuis plusieurs années. On estime pourtant que plus de 3 millions d'enfants, à travers le monde, en sont encore les victimes.
Je souhaiterais que nous réfléchissions à une charte européenne destinée à mobiliser et responsabiliser les professionnels européens du tourisme ? à l'image de ce que j'ai mis en place ces derniers mois en France.
J'aimerais aussi que nous puissions créer un cadre d'échanges entre nos administrations sur les bonnes pratiques de chacun de nos pays et sur le suivi de l'évolution de la question dans les principaux pays victimes de ce fléau.
Je sais que je peux compter sur votre soutien unanime dans ce combat et je vous en remercie par avance, comme je vous remercie pour votre participation à ces 3èmes Assises.
Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 25 novembre 2005)