Texte intégral
Q - Vous êtes là pour reconstruire cette relation franco-polonaise qui a été pendant assez longtemps difficile ces dernières années ?
R - Je suis là pour dire à la Pologne que c'est un pays important de l'Union européenne avec lequel nous avons toujours eu de bonnes relations historiquement, mais qui se trouve depuis maintenant un an et demi dans la famille européenne. Donc, c'est un pays avec lequel nous voulons travailler. Nous avons bien travaillé ensemble en cours de l'année 2005 et en particulier je crois que la coopération franco-polonaise qui a été intense a permis de faciliter l'accord sur le budget. 2006 sera une année forte aussi pour les relations franco-polonaises puisqu'il y aura à la fois un sommet et un séminaire gouvernemental et que, de plus, le président de la République française a invité le président Kaczynski à venir en France.
Q - Quels sont les points d'entente entre les deux pays sur lesquels justement on peut fonder ce nouveau tandem dont parlent les Polonais ? Dans la presse polonaise il y a eu beaucoup d'articles consacrés à cette alliance entre la France et la Pologne concernant le budget en particulier, est-ce que ce tandem peut servir, être un moteur pour d'autres décisions concernant l'Europe ?
R - Je l'espère, il faut que nous parlions de tous les sujets européens. L'objectif n'est pas de faire l'Europe à deux ou d'exclure tel ou tel partenaire mais d'être une force de propositions si nous pouvons comme nous l'avons été sur le budget. Parlons ensemble de tous les grands sujets de l'avenir de l'Europe, aussi bien des institutions mais ce n'est pas le seul sujet, loin de là, que des politiques que l'Union doit mener pour être plus efficace et pour mieux répondre aux attentes des citoyens : l'énergie, l'éducation, la recherche. Et puis je pense qu'un pays comme la Pologne peut nous apporter aussi beaucoup dans nos réflexions pour ce que doit être la politique de voisinage de l'Union. Vous voyez que les thèmes ne manquent pas.
Q - Voilà pour la Pologne par exemple, le fait que l'Ukraine accède un jour à l'UE a été un point très important, les hommes politiques polonais se sont engagés activement dans la Révolution orange. Comment voyez-vous cette volonté du gouvernement polonais qui est en contradiction un peu avec ce que voudrait l'Union européenne puisqu'on ne parle que de voisinage pour l'instant ?
R - La politique de l'Union européenne aujourd'hui, en effet, est une politique qu'on appelle une politique de voisinage, alors en quoi cela consiste-t-il ? Il y a entre l'Ukraine et l'Union européenne un programme de travail qui s'appelle un plan d'action, et qui permet de définir ensemble sur quelles coopérations concrètes nous voulons travailler avec l'Ukraine. C'est ça qui est en route, c'est un programme de travail de plusieurs années, c'est ça qui correspond aux besoins d'aujourd'hui de l'Ukraine et à notre vision aussi de l'Union européenne. Je crois que c'est aussi la meilleure façon de soutenir l'objectif qui est le nôtre d'une Ukraine qui se réforme, d'une Ukraine qui se démocratise. Il y a encore un peu de chemin à faire, nous sommes là pour l'aider et le plan d'action a vocation à y aider.
Q - Que pensez-vous de l'idée de Nicolas Sarkozy de ce G6, de ce G5 qui s'élargit à G6 en incluant la Pologne ?
R - Dans certains domaines, et c'est le cas pour les questions de justice et de sécurité, il est utile de parler informellement avec les pays les plus importants de l'Union. Ça se faisait à 5 sur ces questions, la France a proposé, depuis plusieurs mois déjà, d'étendre ce groupe de 5 à un sixième pays fortement peuplé et important en Europe qui est la Pologne. Au-delà de cela, il faut réfléchir à ce que peut être le meilleur moyen de faire avancer l'Europe, c'est une Europe à 25 que nous construisons et nous voulons que ce soit l'Europe à 25 qui avance. Mais, pour ça, il faut souvent des forces d'impulsion, elles peuvent être diverses. Il y a bien sûr une vocation particulière du couple franco-allemand à être ce moteur de l'Europe mais, à partir d'une entente de deux pays, il faut pouvoir convaincre les autres et construire tous ensemble.
Q - Que pensez-vous de l'ouverture du marché aux Polonais justement dont vous parliez aussi dans l'interview de Gazeta Wyborcza ?
R - Je sais que c'est une demande importante de la plupart de nos nouveaux partenaires. La France, comme presque tous les autres pays de l'Union européenne, a fait application de dispositions transitoires avant d'ouvrir complètement son marché du travail. Mais je voudrais dire aussi que la prestation de services est libre depuis le 1er mai 2004, que la liberté de détachement est également pleinement reconnue à la Pologne et à nos neuf autres nouveaux partenaires. Reste une question qui se règle actuellement par le biais d'accords particuliers qui est celle qui concerne les salariés mais, d'ores et déjà, vous savez qu'il y a entre dix et quinze mille Polonais qui travaillent régulièrement en France et nous apprécions leur travail. Il faudra sans doute progresser au-delà, de façon je crois pragmatique par le biais d'un certain nombre d'accords correspondant à leur demande et à nos besoins.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2006