Texte intégral
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, François Bayrou.
François Bayrou : Bonjour.
Q- Dominique de Villepin a présenté, hier, le "contrat première
embauche", destiné aux jeunes de moins de 26 ans, permettant,
selon lui, de faciliter leur première embauche. C'est une bonne
mesure, François Bayrou ?
R- Non. Pour moi, cela ne va pas dans la bonne direction, et vous
savez que je n'ai pas voté les ordonnances du "contrat nouvelle
embauche", déjà. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas en concentrant
la précarité sur les plus jeunes que l'on va résoudre les difficultés
qui se posent à eux. C'est revenir sur un engagement que le
premier ministre avait pris, la main sur le coeur, "promis juré", à la
tribune, où il avait dit : "jamais le contrat nouvelle embauche ne
sera élargi aux entreprises de plus de 20 salariés". Vous savez, les
entreprises moyennes et importantes. Et bien, là, on revient sur
cette promesse, et on met un place un contrat de précarité absolue
pour les jeunes. Or, il y a autant de situations d'emplois que de
jeunes et d'entreprises, et je trouve que cela ne va pas dans la
bonne direction.
Et enfin, deuxième réflexion : est-ce vraiment au Premier ministre
? Ça, c'est la France ! Vous savez que la place de l'Etat, en France,
est, selon moi, un des problèmes de la situation que nous vivons.
Est-ce vraiment au premier ministre d'inventer, comme cela, un
contrat de travail ? Selon moi, c'est aux partenaires sociaux. Selon
moi, l'Etat doit placer un cadre.
Q- Il n'y a pas grand chose qui se ferait si on remettait cela dans les
mains des partenaires sociaux, parce qu'ils ne sont pas d'accord.
R- Je ne le crois pas. La définition du contrat de travail, branche
par branche, selon les métiers, selon les entreprises : cette
définition devrait être remise, bien davantage, aux partenaires
sociaux. Cela ne doit pas être ainsi, en claquant du doigt, une
décision de l'Etat.
Cela ne veut pas dire que je suis en désaccord avec tout ce qui a
été dit hier. Il y a des choses que j'approuve. Par exemple, la
réflexion sur les heures supplémentaires. Parce qu'il faut, à tout
prix, rendre du pouvoir d'achat aux français qui, aujourd'hui, en
manquent désespérément. Mais je suis en désaccord avec ce
contrat de précarité pour les jeunes.
Q- On sent bien que l'UDF, que vous présidez, est souvent en
désaccord. Christian Blanc, député apparenté de votre groupe, a
même demandé, vendredi, dans "Le Monde", au chef de l'Etat, de
partir : "partez, monsieur le président !". Partagez-vous cet appel,
François Bayrou ?
R- Non. Je suis pour le respect des échéances, pour ma part. Et,
simplement, ce que nous voyons bien, c'est que nous sommes dans
une fin de cycle. Ce que Christian Blanc a voulu dire, c'est qu'on a
l'impression que les 18 mois qui viennent devant nous, vont être 18
mois entièrement consacrés, pour ce qui est du gouvernement, à
des guerres internes, et cela n'est pas très bon signe.
Q- En même temps, le gouvernement propose.
R- Pour ma part, je suis un républicain et je suis pour le respect
des échéances.
Q- Rentrée parlementaire, aujourd'hui. 174 députés de l'U.M.P ou
de l'UDF ont signé un manifeste contre l'adoption d'enfant par les
couples homosexuels. Et quand on regarde la liste, François Bayrou,
vous n'y êtes pas. Pourquoi ?
R- Parce que, pour deux raisons. La première est que je considère
que le rôle d'un député n'est pas de signer des manifestes, mais de
s'exprimer à la tribune, et de voter. Et la deuxième raison est que
je ne parle pas de ces sujets sous forme de manifeste, comme
cela, d'antagonisme, de porteur de pancarte ou de banderole, sous
forme de manifestation - même si c'est une manifestation par
écrit.
Q- Et sur le fond, quelle est votre opinion ?
R- Je ne suis pas favorable à l'adoption par des couples
homosexuels, mais je n'en parle qu'avec une grande prudence, et
en faisant très attention. Autrement dit, avec respect, parce qu'il y
a, en France, beaucoup de parents qui élèvent des enfants en étant
homosexuels. En ayant, quelquefois, découvert leur homosexualité
après avoir été marié, après avoir eu des enfants, et je n'ai pas
envie d'une stigmatisation.
Et, deuxièmement, cette pétition dit : "il faut un homme et une
femme", et il y a beaucoup de gens qui ont adopté, et qui élèvent
des enfants célibataires. Et donc, je trouve que l'on ne doit pas
faire d'amalgame et de simplisme sur des sujets aussi lourds,
compliqués et qui entraînent tant et tant de soucis et, quelquefois,
de richesses humaines.
Q- Mais au bout de votre raisonnement, vous êtes tout de même
contre ?
R- Je ne suis pas favorable à l'adoption par les couples homosexuels.
Q- Gilles de Robien est le seul ministre UDF du gouvernement. Le
11 janvier dernier, il a dit - c'est passé un peu inaperçu : "moi, là,
aujourd'hui, je ne sais pour qui je voterai en 2007". Un ministre
UDF n'est pas sûr de voter pour le candidat UDF ?
R- Il se trouve, en effet, comme vous le savez, l'UDF n'est pas au
gouvernement.
Q- Et Gilles de Robien est à l'UDF !
R- Gilles de Robien est au gouvernement, comme vous le savez : on
a eu suffisamment d'explications.
Q- On n'en n'a jamais assez, François Bayrou !
R- Par un choix personnel qui n'est pas le choix de sa famille
politique. L'UDF a choisi de ne pas être au gouvernement, et Gilles
de Robien a pris une position différente. Gilles de Robien est
obsédé par le fait qu'il faut être dans la majorité ou dans
l'opposition. Et si vous acceptez cette question : majorité ou
opposition ? Alors, cela veut dire qu'il n'y a que deux réponses
politiques, en France : l'U.M.P et le P.S.
Or, il y a des millions de Français pour qui, être obligés au choix
entre l'U.M.P et le P.S, c'est une défaite en soi. Ils ne se
reconnaissent pas dans la démarche politique de ces deux partis
dominants dont ils trouvent qu'ils ne répondent pas - depuis 25 ans
qu'ils ont le pouvoir ensemble, simultanément ou alternativement -
aux besoins du pays.
Et c'est pourquoi, en tout cas, nous, traçons une voie nouvelle,
nous ouvrons une voie nouvelle. Et le congrès que nous allons avoir,
à Lyon, les 28 et les 29 janvier, est le congrès pour l'indépendance
de l'UDF. Précisément, pour n'être pas bloqués à l'intérieur de ces
camps, alliances qui, me semble-t-il, ne sont pas justes pour le
pays.
Q- Serez-vous le candidat à l'UDF, François Bayrou ?
R- Le jour où nous parlerons de l'élection présidentielle, Jean-Michel
Aphatie, je viendrai vous voir.
Q- Pourquoi ne peut-on pas le dire aujourd'hui que vous le serez ?
Tout le monde le sait !
R- Parce que ce n'est pas le temps, parce que ce n'est pas le
moment !
Q- Il faut attendre ?
R- Oui, ce n'est pas le moment. Nous avons une décision très
importante, un choix très important à faire qui va montrer que les
adhérents de l'UDF ont une volonté partagée. Pour moi, c'est cela,
aujourd'hui, qui est le plus important. Le temps de l'élection
présidentielle, je vous le promets, viendra !
François Bayrou, qui n'est pas candidat, aujourd'hui, à l'élection présidentielle, était, aujourd'hui, l'invité de RTL. Bonne journée !
François Bayrou : Bonjour.
Q- Dominique de Villepin a présenté, hier, le "contrat première
embauche", destiné aux jeunes de moins de 26 ans, permettant,
selon lui, de faciliter leur première embauche. C'est une bonne
mesure, François Bayrou ?
R- Non. Pour moi, cela ne va pas dans la bonne direction, et vous
savez que je n'ai pas voté les ordonnances du "contrat nouvelle
embauche", déjà. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas en concentrant
la précarité sur les plus jeunes que l'on va résoudre les difficultés
qui se posent à eux. C'est revenir sur un engagement que le
premier ministre avait pris, la main sur le coeur, "promis juré", à la
tribune, où il avait dit : "jamais le contrat nouvelle embauche ne
sera élargi aux entreprises de plus de 20 salariés". Vous savez, les
entreprises moyennes et importantes. Et bien, là, on revient sur
cette promesse, et on met un place un contrat de précarité absolue
pour les jeunes. Or, il y a autant de situations d'emplois que de
jeunes et d'entreprises, et je trouve que cela ne va pas dans la
bonne direction.
Et enfin, deuxième réflexion : est-ce vraiment au Premier ministre
? Ça, c'est la France ! Vous savez que la place de l'Etat, en France,
est, selon moi, un des problèmes de la situation que nous vivons.
Est-ce vraiment au premier ministre d'inventer, comme cela, un
contrat de travail ? Selon moi, c'est aux partenaires sociaux. Selon
moi, l'Etat doit placer un cadre.
Q- Il n'y a pas grand chose qui se ferait si on remettait cela dans les
mains des partenaires sociaux, parce qu'ils ne sont pas d'accord.
R- Je ne le crois pas. La définition du contrat de travail, branche
par branche, selon les métiers, selon les entreprises : cette
définition devrait être remise, bien davantage, aux partenaires
sociaux. Cela ne doit pas être ainsi, en claquant du doigt, une
décision de l'Etat.
Cela ne veut pas dire que je suis en désaccord avec tout ce qui a
été dit hier. Il y a des choses que j'approuve. Par exemple, la
réflexion sur les heures supplémentaires. Parce qu'il faut, à tout
prix, rendre du pouvoir d'achat aux français qui, aujourd'hui, en
manquent désespérément. Mais je suis en désaccord avec ce
contrat de précarité pour les jeunes.
Q- On sent bien que l'UDF, que vous présidez, est souvent en
désaccord. Christian Blanc, député apparenté de votre groupe, a
même demandé, vendredi, dans "Le Monde", au chef de l'Etat, de
partir : "partez, monsieur le président !". Partagez-vous cet appel,
François Bayrou ?
R- Non. Je suis pour le respect des échéances, pour ma part. Et,
simplement, ce que nous voyons bien, c'est que nous sommes dans
une fin de cycle. Ce que Christian Blanc a voulu dire, c'est qu'on a
l'impression que les 18 mois qui viennent devant nous, vont être 18
mois entièrement consacrés, pour ce qui est du gouvernement, à
des guerres internes, et cela n'est pas très bon signe.
Q- En même temps, le gouvernement propose.
R- Pour ma part, je suis un républicain et je suis pour le respect
des échéances.
Q- Rentrée parlementaire, aujourd'hui. 174 députés de l'U.M.P ou
de l'UDF ont signé un manifeste contre l'adoption d'enfant par les
couples homosexuels. Et quand on regarde la liste, François Bayrou,
vous n'y êtes pas. Pourquoi ?
R- Parce que, pour deux raisons. La première est que je considère
que le rôle d'un député n'est pas de signer des manifestes, mais de
s'exprimer à la tribune, et de voter. Et la deuxième raison est que
je ne parle pas de ces sujets sous forme de manifeste, comme
cela, d'antagonisme, de porteur de pancarte ou de banderole, sous
forme de manifestation - même si c'est une manifestation par
écrit.
Q- Et sur le fond, quelle est votre opinion ?
R- Je ne suis pas favorable à l'adoption par des couples
homosexuels, mais je n'en parle qu'avec une grande prudence, et
en faisant très attention. Autrement dit, avec respect, parce qu'il y
a, en France, beaucoup de parents qui élèvent des enfants en étant
homosexuels. En ayant, quelquefois, découvert leur homosexualité
après avoir été marié, après avoir eu des enfants, et je n'ai pas
envie d'une stigmatisation.
Et, deuxièmement, cette pétition dit : "il faut un homme et une
femme", et il y a beaucoup de gens qui ont adopté, et qui élèvent
des enfants célibataires. Et donc, je trouve que l'on ne doit pas
faire d'amalgame et de simplisme sur des sujets aussi lourds,
compliqués et qui entraînent tant et tant de soucis et, quelquefois,
de richesses humaines.
Q- Mais au bout de votre raisonnement, vous êtes tout de même
contre ?
R- Je ne suis pas favorable à l'adoption par les couples homosexuels.
Q- Gilles de Robien est le seul ministre UDF du gouvernement. Le
11 janvier dernier, il a dit - c'est passé un peu inaperçu : "moi, là,
aujourd'hui, je ne sais pour qui je voterai en 2007". Un ministre
UDF n'est pas sûr de voter pour le candidat UDF ?
R- Il se trouve, en effet, comme vous le savez, l'UDF n'est pas au
gouvernement.
Q- Et Gilles de Robien est à l'UDF !
R- Gilles de Robien est au gouvernement, comme vous le savez : on
a eu suffisamment d'explications.
Q- On n'en n'a jamais assez, François Bayrou !
R- Par un choix personnel qui n'est pas le choix de sa famille
politique. L'UDF a choisi de ne pas être au gouvernement, et Gilles
de Robien a pris une position différente. Gilles de Robien est
obsédé par le fait qu'il faut être dans la majorité ou dans
l'opposition. Et si vous acceptez cette question : majorité ou
opposition ? Alors, cela veut dire qu'il n'y a que deux réponses
politiques, en France : l'U.M.P et le P.S.
Or, il y a des millions de Français pour qui, être obligés au choix
entre l'U.M.P et le P.S, c'est une défaite en soi. Ils ne se
reconnaissent pas dans la démarche politique de ces deux partis
dominants dont ils trouvent qu'ils ne répondent pas - depuis 25 ans
qu'ils ont le pouvoir ensemble, simultanément ou alternativement -
aux besoins du pays.
Et c'est pourquoi, en tout cas, nous, traçons une voie nouvelle,
nous ouvrons une voie nouvelle. Et le congrès que nous allons avoir,
à Lyon, les 28 et les 29 janvier, est le congrès pour l'indépendance
de l'UDF. Précisément, pour n'être pas bloqués à l'intérieur de ces
camps, alliances qui, me semble-t-il, ne sont pas justes pour le
pays.
Q- Serez-vous le candidat à l'UDF, François Bayrou ?
R- Le jour où nous parlerons de l'élection présidentielle, Jean-Michel
Aphatie, je viendrai vous voir.
Q- Pourquoi ne peut-on pas le dire aujourd'hui que vous le serez ?
Tout le monde le sait !
R- Parce que ce n'est pas le temps, parce que ce n'est pas le
moment !
Q- Il faut attendre ?
R- Oui, ce n'est pas le moment. Nous avons une décision très
importante, un choix très important à faire qui va montrer que les
adhérents de l'UDF ont une volonté partagée. Pour moi, c'est cela,
aujourd'hui, qui est le plus important. Le temps de l'élection
présidentielle, je vous le promets, viendra !
François Bayrou, qui n'est pas candidat, aujourd'hui, à l'élection présidentielle, était, aujourd'hui, l'invité de RTL. Bonne journée !