Déclaration de M. François Goulard, ministre délégué à l'enseignement supérieur et à la recherche, sur la recherche dans la lutte contre le cancer et le rôle de l'Institut national du cancer dans la politique nationale de lutte contre le cancer, à l'Assemblée nationale le 5 octobre 2005.

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Circonstance : Toisièmes rencontres parlementaires sur le cancer à l'Assemblée nationale le 5 octobre 2005

Texte intégral

Je suis totalement d'accord avec les propos de M. Dubernard, et je ne suis pas choqué que la recherche ait été représentée, au sein de la table ronde qui y a été consacrée, par des industriels : nous savons qu'il n'existe pas de recherche publique sans recherche privée. J'ajoute que les grands pays de recherche sont aussi ceux où les industriels sont présents aux côtés d'une recherche publique ambitieuse. Il est totalement artificiel de distinguer les deux.
Je suis heureux d'être parmi vous pour débattre d'un sujet essentiel. Cette manifestation permet à la fois de tirer un premier bilan du Plan cancer, chantier prioritaire s'il en est, et de mener un travail de réflexion prospective capital pour éclairer cet enjeu de santé publique. Vous avez évoqué la prévention et le dépistage, l'organisation des soins et l'égalité d'accès à l'innovation thérapeutique. Je concentrerai mon propos, pour ma part, sur la recherche.
Il existe une place fondamentale pour la recherche dans la lutte contre le cancer. Un quart environ des progrès pouvant être réalisés en termes de mortalité due au cancer provient de la diminution de l'exposition de la population aux facteurs de risque connus (tabac, soleil?). Un second quart peut provenir du dépistage et de l'accès aux soins. La moitié des progrès réalisables en matière de mortalité peut donc être attendue de la recherche et de l'innovation.
Il existe d'abord une nécessité absolue de privilégier une approche pluridisciplinaire. Les axes de recherche sont nombreux et leur mise en ?uvre exige la pluridisciplinarité, que l'on constate de plus en plus dans les grands instituts. Force est de constater également qu'il existe un besoin de cohérence dans l'organisation de la recherche pour la lutte contre le cancer. Nous avons aussi besoin d'un regroupement de forces, afin de constituer des centres d'excellence jouissant d'une renommée et d'une visibilité internationales. Ces efforts de restructuration sont en cours, et notre dispositif s'articulera autour de trois éléments :
les acteurs de la recherche (laboratoires, centres de recherche et centres de soins) ;
le regroupement des acteurs en pôles régionaux, les cancéropôles, afin d'assurer un maillage du territoire capable de faire jouer les synergies (par exemple entre recherche clinique et recherche fondamentale) ;
l'Institut national du cancer, chargé de la coordination et de l'évaluation en matière de recherche et de soins.
L'INCa doit jouer un rôle pivot dans notre politique nationale de lutte contre le cancer, par un pilotage stratégique de la recherche en cancer, qui mette en ?uvre des interfaces entre disciplines, par des actions incitatives et par une action de coordination, tant au plan national (cancéropôles) qu'au plan international, où il représentera la France dans les instances chargées de ces questions.
L'INCa a lancé un premier appel à projets, selon une logique nouvelle à laquelle doivent s'accoutumer nos équipes de recherche. Le premier appel à projets a mis à contribution une centaine d'experts pour le lancement des projets (dont 20 % sont étrangers) et l'évaluation des réponses. Six appels à projets ont été lancés : les projets libres, la recherche clinique, les programmes post-doc, les projets SHS et la coordination France-Royaume-Uni. Environ 30 % des réponses ont fait l'objet d'une sélection positive. Notre ambition est d'augmenter rapidement l'ampleur du soutien financier aux projets menés au sein des cancéropôles, en s'appuyant sur les équipes des universités, de l'INSERM, du CEA?
Cette politique rejoint celle que nous mettons en ?uvre pour l'ensemble de la recherche dans notre pays : il s'agit d'un effort de coordination, notamment avec les pôles d'enseignement supérieur et la recherche. Il s'agit aussi d'un effort d'évaluation. Nos efforts portent également sur le financement, à travers des moyens nouveaux. Ainsi, en 2006-2007, 6 milliards d'euros de crédits nouveaux (qui se déclineront en moyens humains et matériels) seront consacrés à la recherche. Nous avons également ?uvré pour permettre de sensibles simplifications administratives, alors même que la vie quotidienne des chercheurs français est consacrée, pour une part relativement importante, aux tâches d'ordre administratif. Nous allons supprimer le contrôle financier a priori de tous les organismes de recherche, et en particulier des EPST, qui voient aujourd'hui toutes leurs décisions retardées par la nécessité de l'aval du contrôleur financier. S'y substituera un contrôle financier a posteriori. S'agissant du Code des marchés publics, qui complique et retarde les procédures, les dispositions les plus souples s'appliqueront désormais à tous les organismes de recherche.Source http://www.e-cancer.fr, le 2 janvier 2006