Déclaration de M. Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales, sur les relations bilatérales entre la France et le Maroc et sur la coopération décentralisée, Skhirat le 27 janvier 2006.

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Circonstance : Ouverture du Forum civil de partenariat entre la France et le Maroc, à Skhirat (Maroc), le 27 janvier 2006

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Messieurs les co-Présidents du Forum,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Wali,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honoré d'ouvrir la première édition du Forum civil de partenariat en ce début d'année 2006 qui marque le 50ème anniversaire de l'indépendance du Maroc.
Ceux qui me connaissent bien savent tout l'attachement et l'intérêt que je porte au royaume du Maroc, mais connaissent aussi l'affection que je porte à son peuple, à son histoire et à sa civilisation.
J'ai accompagné le Premier Ministre, Dominique de Villepin, dans votre pays les 26 et 27 septembre derniers puis ai participé, le 7 novembre, au 50ème anniversaire de l'indépendance à Paris, au Palais-Bourbon, à l'invitation de mon ami ici présent, Medhi Qotbi, président du cercle d'amitié franco-marocaine.
C'est pour moi un vrai plaisir de me retrouver ici en votre compagnie, et je voudrais en profiter pour rendre hommage aux deux co-présidents, MM Abdel Ali Doumou et Jean Roatta, qui oeuvrent depuis plus d'un an pour faire de ce forum un moment fort de partage d'expériences et de savoir-faire.
Si l'histoire de nos deux pays a pu être ?'dense et multiforme'' par le passé, elle a toujours donné lieu à une fascination réciproque de nos deux peuples. C'est sans doute la raison pour laquelle depuis l'indépendance du Maroc, le 2 mars 1956, notre dialogue politique, nos échanges économiques et notre coopération culturelle, scientifique et technique se sont considérablement développés.
I. Notre coopération a déjà une histoire
Grâce aux lois de décentralisation de 1982 et à celle du 6 février 1992 relative à l'administration territoriale de la République, les collectivités françaises ont acquis une réelle autonomie en terme de coopération décentralisée.
Elles peuvent intervenir librement dans le cadre de leurs compétences et dans le respect des engagements internationaux de la France. Elles ont ainsi progressivement investi le champ de la coopération internationale.
Dans mon domaine de compétences qui recouvre l'action extérieure de ces collectivités, notre coopération s'est manifestée de manière concrète et réciproque lors de la tenue des Assises de Fès au début de l'année 2001.
Cette coopération, vous le savez, a franchi une étape supplémentaire en juillet 2004 à Paris lorsque nos deux chefs de gouvernement ont décidé d'instaurer un forum civil de partenariat comme outil à part entière de notre relation bilatérale.
A la demande du gouvernement marocain, la France s'est engagée dans un processus de transfert d'expériences et de savoir-faire qui s'est concrétisé, les 4 et 5 juillet 2004, par la signature d'un programme du Fonds de Solidarité-Prioritaire (FSP) destiné à accompagner la décentralisation marocaine.
Il s'agit d'un projet doté de 4,6 millions d'euros pour une durée de quatre ans. Son objectif principal est d'améliorer les conditions d'exercice par les collectivités marocaines des compétences qui leur sont dévolues par la loi.
La coopération décentralisée franco-marocaine enrichit, année après année, ce capital de dialogue, d'échange et de réalisations concrètes incomparable et, à ma connaissance, unique par son ampleur.
II. Où en sommes-nous aujourd'hui?
L'augmentation du nombre des coopérations avec le Maroc a été rapide et spectaculaire puisqu'on recense plus de quarante partenariats de coopération décentralisée qui s'exercent dans le cadre de jumelages ou d'accords de coopération. Sur les 22 régions françaises, 10 ont des accords de coopération avec autant de régions marocaines.
Permettez-moi d'illustrer mon propos en vous donnant trois exemples concrets de cette coopération en marche.
1) Dans le domaine de l'urbanisme, la commune de Clermont-Ferrand qui ne m'est pas indifférente, intervient dans un programme de requalification du quartier Hay-Essalam situé dans l'enceinte de la médina de Marrakech.
2) Dans le domaine de l'administration locale, des élus de la région de l'Oriental ont bénéficié de formations mises en place par la région Champagne-Ardenne sur des thématiques relatives aux fonctions de l'élu : les processus de préparation du budget, les méthodes d'instruction des dossiers, le rôle de l'élu, la préparation d'un schéma régional d'aménagement du territoire, la préparation du contrat de plan Etat-région.
3) Dans le domaine de l'éducation, la France accueille plus de 30.000 étudiants qui ont fait le choix de nos universités et de nos grandes écoles. Notre réseau d'instituts et d'alliances françaises est riche de dix implantations, et nos établissements scolaires répartis dans l'ensemble du royaume sont heureux de scolariser plus de 17.000 élèves qui font confiance à notre système éducatif.
A travers ces multiples partenariats, nous entendons appuyer le processus de décentralisation qui démarre au Maroc et qui s'intègre pleinement dans le programme d'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) conduit par M. Jettou, le Premier Ministre et souhaité par le Roi au printemps 2005.
III. Les nouvelles perspectives qu'offre ce Forum
J'attends du Forum civil de partenariat qu'il conforte ce processus, qu'il le rende mieux perceptible par nos concitoyens et qu'il l'amplifie.
- Ce qui peut changer grâce à ce forum, c'est la nature même du partenariat en faisant en sorte qu'il puisse se construire au plus près de la demande des populations marocaines et sur des questions prioritaires définies par les acteurs de terrain marocains et par les collectivités locales.
C'est, en effet, le meilleur moyen pour que les financements et les soutiens dans le domaine de la maîtrise d'ouvrage soient délivrés au bon endroit, au bon moment et avec le plus grand bénéfice.
- L'originalité de ce forum tient justement aux multiples facettes de sa mise en oeuvre puisque celle-ci repose sur l'implication et la mobilisation de tous les acteurs.
Ces acteurs, ce sont non seulement les acteurs institutionnels comme les ministères et les collectivités concernées, mais aussi les chefs d'entreprises, les universitaires ou encore les présidents d'associations qui constituent ce qu'il est d'usage d'appeler la société civile.
- Ce qui est nouveau encore dans ce forum, c'est qu'il mobilise aussi des partenaires très spécifiques comme plusieurs associations issues de l'immigration marocaine en France. Et là, permettez-moi de souligner ce point, qui est très important à mes yeux, car il illustre le caractère réciproque du partenariat franco-marocain que j'appelle de mes voeux.
- En effet, ce partenariat ne doit pas être à sens unique. Si les attentes sont précises du côté des collectivités marocaines, il me paraît tout aussi essentiel de relever les initiatives que les acteurs de la société civile marocaine sont en mesure de déployer à notre profit, et je suis convaincu que les échanges de vues qui vont démarrer dans quelques minutes confirmeront cet apport mutuel.
Je souhaite, en effet, que les quatre ateliers ainsi que la réflexion transversale sur la question éducative permettent d'établir un état des lieux lucide des coopérations et des pratiques observées à ce jour sur le terrain.
- Je souhaite, aussi, que dans chaque domaine, vous puissiez identifier les pistes de progrès et de renforcement des coopérations entre nos deux sociétés civiles ainsi que les conditions institutionnelles susceptibles d'ancrer ce rapprochement dans le long terme.
Nous savons tous que des rencontres comme celle d'aujourd'hui permettent de faire un point sur les outils que la coopération décentralisée au sens large peut apporter dans la gestion locale qu'il s'agisse de développement, d'économie sociale, de formation professionnelle, d'urbanisme ou de politique de la ville.
L'avantage de la coopération décentralisée élargie à la société civile est qu'elle est plus proche du terrain, plus proche des citoyens et des acteurs locaux, et donc en permanence adaptable.
Mesdames et Messieurs, permettez-moi de formuler, devant vous et avec vous, le voeu que ces journées d'échange et de dialogue contribuent à une intensification de cette coopération de proximité et à la réalisation d'actions concrètes et efficaces pour le plus grand bénéfice de nos deux peuples qui dans notre monde instable ont besoin de repères et de signaux afin de surmonter ces deux fléaux que sont les égoïsmes et les fanatismes.

Source http://www.interieur.gouv.fr, le 30 janvier 2006