Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Je tiens tout d'abord à remercier M. le Président Le Guen, Monsieur le Rapporteur Door et l'Assemblée nationale de me permettre de m'exprimer à nouveau devant vous pour vous présenter, comme je m'y étais engagé le 29 novembre dernier, le Plan gouvernemental actualisé de prévention et de lutte contre la grippe aviaire.
Les enseignements tirés de l'exercice national de juin dernier et de l'exercice européen de novembre, et l'évolution de la situation internationale, ont montré qu'il était nécessaire d'actualiser le plan de 2004 et de le rendre plus opérationnel :
- en se conformant aux niveaux d'alerte établis par l'OMS,
- en développant les mesures de prévention et de lutte contre l'épizootie,
- en renforçant les aspects de coordination nationale et internationale,
- en accentuant la nécessité d'un programme de formation, d'information, et de communication,
- et en faisant enfin un véritable outil de gestion de crise (tableau d'ensemble des mesures).
Et je veux rappeler ici qu'il ne s'agit en aucun cas d'un document figé qui ne souffrirait aucune modification. Bien au contraire, ce Plan pour être efficace et performant a pour vocation d'évoluer notamment en fonction de l'état des connaissances scientifiques et de nos capacités à améliorer son opérationnalité .
Les récents évènements de Turquie nous montrent que la menace doit être prise au sérieux et que nous devons nous préparer de manière adéquate. Une quinzaine de cas humains ont été diagnostiqués par les autorités turques dont 4 confirmés par l'OMS. Toutes ces personnes avaient été en contact très rapprochés avec des animaux infectés. Les grands froids qui sévissent dans la région, parce qu'ils favorisent la promiscuité entre les hommes et les animaux plus que dans les autres pays touchés, peuvent expliquer en partie une telle transmission et le nombre de cas observés. Mais, en tout état de cause, selon l'OMS, le virus H5N1 n'a pas muté et aucune contamination inter humaine n'a été constatée à ce jour.
I- PERMETTEZ MOI TOUT D'ABORD DE FAIRE UN POINT SUR LA SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE
1.1 Situation de l'épizootie H5N1 au 11 Janvier 2006 Depuis le début de l'épizootie en décembre 2003, 16 pays ont été touchés par l'épizootie :
- En Asie du sud-est : Cambodge, Chine, Corée du Sud, Indonésie, Japon, Laos, Malaisie, Mongolie, Thaïlande et Vietnam.
- En Asie centrale : Kazakhstan, Russie (Sibérie et région de Tula)
- Et enfin en Europe : Croatie, Roumanie, Ukraine et bien sûr la Turquie
Les foyers les plus récents ont été identifiés en Chine (11 provinces affectées), en Thaïlande, au Vietnam, en Indonésie, en Roumanie, en Croatie, en Russie (région de Tula et de Tambov, au sud de Moscou) et en Turquie, où une dizaine de provinces sur 81 sont touchés.
1.2 Situation des cas humain infectés par le H5N1 au 11 Janvier 2006
A ce jour, selon l'OMS, 147 cas humains de grippe H5N1 ont été identifiés, dont 78 mortels (cas confirmés biologiquement sur PCR ou isolement viral) . Les cas humains sont survenus en Asie (Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Indonésie et Chine), et depuis le début de cette année, en Turquie. Ce virus a provoqué plusieurs épisodes groupés de cas familiaux en Thaïlande, au Vietnam au Cambodge et, plus récemment, en Turquie. Mais à ce jour, je le répète, aucun cas avéré de transmission interhumaine n'a été mis en évidence. La contamination ayant eu pour origine des contacts avec des animaux malades ou morts, ou avec leurs déjections.
II- JE VOUDRAIS MAINTENANT VOUS PRESENTER LES PRINCIPALES EVOLUTIONS DU PLAN
La stratégie générale de ce plan s'inscrit dans la continuité du précédent , à savoir :
- Prévenir l'apparition et le développement de foyers de virus aviaire sur le territoire national en les détectant au plus tôt et en les éradiquant ;
- Freiner l'apparition et la diffusion sur le territoire national d'un nouveau virus adapté à l'homme, par des mesures de santé publique précoces et adaptées à chaque situation ;
- Organiser et adapter le système de santé (prise en charge ambulatoire proportionnée à l'état des malades -traitement à domicile et hospitalisation des formes graves)
- Mobiliser tous les établissements de santé au maximum de leurs capacités avec un circuit pour les patients grippés.
- Maintenir un approvisionnement en matériels médicaux et équipements de protection.
- Organiser la continuité de l'Etat et de la vie économique : action de proximité et de solidarité (personnes âgées dépendantes et isolées), maintien des activités essentielles pour la sécurité et la vie de la population (nourriture, eau, électricité...) et accompagner cette stratégie par un large effort de communication, d'information et de formation (afin de préparer le pays à la gestion de ce risque et de la crise).
Le phasage du plan
Conformément aux phases de l'OMS, la version actualisée de notre plan distingue 6 situations. De la situation 2 à la situation 5, on distingue deux possibilités, selon que les faits observés se produisent à l'étranger ou en France. A titre d'exemple, nous sommes actuellement en situation 3A, correspondant à des cas humains observés à l'étranger sans transmission interhumaine. L'observation en France d'une contamination humaine à partir de volailles infectés, nous ferait passer en situation 3B.
En situation 1, il ne circule chez l'animal aucun virus aviaire "hautement pathogène", c'est à dire occasionnant un risque substantiel de maladie humaine.
En situation 2, un tel virus hautement pathogène provoque une épizootie à l'étranger (situation 2A) ou en France (situation 2B).
Nous avons déjà évoqué la situation 3. C'est la contamination de l'animal à l'homme sans transmission inter humaine. 3A si ces cas sont à l'étranger ; 3B s'ils sont en France.
En situation 4, il existe une transmission inter humaine limitée, due à un virus encore mal adapté à l'homme, qui provoque des cas humains groupés et limités géographiquement.
En Situation 5, ces foyers de cas humains groupés s'étendent géographiquement, et ne sont plus maîtrisables.
La Situation 6, c'est la situation « pandémique » à proprement parler. Elle correspond à une forte transmission interhumaine et une extension géographique rapide et massive.
Pour chaque situation, des objectifs sont définis, et renvoient à un choix de mesures à examiner et mettre en oeuvre au cas par cas. J'illustrerai ce propos en évoquant la situation turque un peu plus tard.
Ce plan présente aussi une évolution notable : il est pratique, facile d'utilisation opérationnelle par les acteurs concernés. Le tableau de synthèse des mesures, par exemple, qui figure à la fin du document, permet immédiatement à tous les décideurs d'identifier les différentes mesures proposées en fonction la situation dans laquelle on se trouve, et permet aussi d'anticiper sur les mesures à prendre en cas d'évolution.
En terme de contenu :
(1) Il détermine les structures interministérielles de gestion de crise en cas de franchissement d'un seuil critique (situation 4b ou 5a) ainsi que les principales chaînes opérationnelles. Une Cellule Interministérielle de Crise (CIC) à vocation décisionnelle est mise en place auprès du ministre chargé de l'action gouvernementale.
(2) Il présente l'aspect européen et international de la gestion de la crise. L'OMS assure la surveillance épidémiologique, l'analyse des données virologiques, et déclare les situations d'alerte sur ces bases. Elle coordonne l'assistance technique aux pays touchés, et la mobilisation de l'expertise internationale. C'est elle qui isolera la souche virale pandémique et la transmettra aux producteurs de vaccins. Elle constitue enfin, un stock d'intervention d'urgence notamment d'antiviraux. Au plan européen, la commission ne détient pas de compétences sanitaires, mais chaque état membre doit l'informer des mesures qu'il met en place.
(3) Il définit une stratégie de communication claire et transparente. Le succès du plan repose sur un lien de confiance à tisser entre les autorités et la population. La communication doit donc être pédagogique (sur les comportements à adopter) et informative (sur la préparation du pays et l'évolution de la situation). Le délégué interministériel réunit chaque semaine un comité de pilotage sur la communication pour travailler l'ensemble de ces aspects.
(4) Le plan présente les principes de l'action sanitaire. En période pandémique, il prévoit la répartition optimale des patients, l'objectif étant de soigner le plus possible à domicile ces malades afin de ne pas surcharger les hôpitaux réservés aux urgences les plus graves. Ce dispositif repose sur la mobilisation en première ligne des médecins libéraux, renforcés éventuellement par d'autres professionnels de santé, avec en cas de besoin un relais hospitalier sur régulation des SAMU-centres 15.
(5) La protection individuelle -j'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer en détail- repose en cas de pandémie, sur trois moyens de lutte :
1. les masques. On en distingue deux sortes : les masques de protection individuelle (FFP2 ) pour les professionnels en contact avec les malades, et les masques « anti-projection » portés par les malades pour protéger leur entourage.
2. les médicaments anti-viraux. Il en existe deux de la même famille, ayant approximativement le même niveau d'efficacité, mais se présentant sous une forme différente. Le Tamiflu© en gélules, et le Relenza© en spray (d'utilisation et de stockage plus complexes).
3. les vaccins. On en distingue deux. Le vaccin « prépandémique » fabriqué à partir du virus aviaire H5N1 actuel (donc non muté, non réassorti). Et le vaccin "pandémique" qui ne pourra être fabriqué qu'après isolement du virus une fois muté ou réassorti.
Enfin, des fiches techniques opérationnelles, qui seront présentées prochainement, complèteront le plan. Elles définiront précisément l'organisation des soins et la prise en charge des malades. Elles présenteront également les mesures logistiques à adopter dans chaque secteur d'activité en cas de pandémie qui pourrait avoir pour conséquence une désorganisation de la société.
III- JE VOUDRAIS ABORDER UNE UTILISATION CONCRETE DU PLAN, LIEE A LA SITUATION TURQUE
Depuis l'apparition des premiers cas humains à l'étranger nous sommes en situation 3A. La survenue de cas en Turquie ne modifie pas ce niveau d'alerte. Cependant, il est nécessaire de reprendre les mesures préconisées par le plan au niveau 3A pour intégrer le cas échéant ce nouveau pays dans les actions à mettre en oeuvre. (vous pourrez vous reporter à la page 32 du plan - qui sera en début d'après midi sur le site interministériel www.grippeaviaire.gouv.fr). Nous avons notamment :
- réalisé l'information réciproque des partenaires des ministères de la santé et de l'agriculture (mesure Org 13)
- réuni lundi matin la cellule d'aide à la décision du ministère de la santé (mesure Org 6)
- vérifié l'embargo mis en place depuis octobre 2005 sur les importations de volailles turques et produits dérivés (mesure Zoo 4)
- alerté notre poste diplomatique en s'assurant de la disponibilité locale en masques et antiviraux pour nos ressortissants ; en demandant de renforcer le recensement des résidants, l'information des touristes et résidants immatriculés, sur les mesures de protection, et la surveillance de l'évolution épizootique et sanitaire locale (anticipation de la mesure Fre 1)
- proposé à l'OMS, à l'OIE, à la Commission Européenne , l'envoi d'experts sur place (mesure Zoo 2)
- diffusé un message d'alerte et d'information aux services d'urgences, SAMU-Centres 15, aux Centres Nationaux de Référence grippe, et aux services médicaux des 13 aéroports disposant de liaisons avec la Turquie et aux 13 DDASS concernés (mesure Det 2)
- actualisé la mise en alerte des réseaux de surveillance GROG et sentinelles (mesure Det 3)
- informé la presse (notamment par un communiqué lundi)(mesures inf 1, Inf 2)
- veillé à l'information des voyageurs en partance et en provenance de Turquie, comme des autres pays ayant déclarés des cas de contaminations humaines (Thaïlande, Cambodge, Indonésie, Chine), dans les aéroports, par voie d'affichage et par la distribution de dépliants au soin des compagnies aériennes concernées (mesures Inf 11 et 12)
- demandé aux ministères des Transports et du Tourisme d'informer les compagnies aériennes et leur personnel naviguant, les autocaristes et les voyagistes ; cette réunion se tient aujourd'hui même au Ministère de la Santé à 17h00.
IV- EN CE QUI CONCERNE LA CONSTITUTION DE STOCKS DE MASQUES, DE MEDICAMENTS ANTIVIRAUX ET DE VACCINS.
Premièrement, la constitution de stocks de masques :
(a) En ce qui concerne les masques de protection individuelle pour les professionnels en contact avec les malades (dont les professionnels de santé : médecins, infirmières, kinésithérapeutes...).
Un premier stock de 397 conteneurs, soit 49,6 millions de masques a bien été livré dans 272 établissements de santé
Deux autres commandes correspondant à 148 millions de masques ont d'ores et déjà été passées
- 68.5 millions de masques sont en cours de livraison d'ici fin février 2006 (une vingtaine de millions sont déjà livrés)
- et 80 millions seront livrés de mars à fin mai 2006.
Au TOTAL, ce sont donc plus de 200 millions de masques qui ont été commandés pour le système de santé. [30 millions de masques l'ont également été pour les autres professionnels en possible contact de malades par les autres ministères dont 13 millions sont livrés et des commandes supplémentaires sont en cours]
Ces 200 millions représentent le tiers de la production mondiale annuelle, c'est pourquoi, une capacité nationale de production de masques est en cours de développement. Depuis le début du mois de janvier un premier atelier a débuté sa production dans le Nord ; avec une cadence de près de 3 masques par seconde ; 3 autres suivront dans le courant de l'année en Bretagne, en Midi-Pyrénées et en Rhône-alpes ; ainsi ce seront 140 millions de masques qui pourraient être produits en 2006, et 300 à 400 millions annuelles en 2007.
Ces masques sont destinés aux professionnels de santé hospitaliers et libéraux. Ils leur seront bien sûr délivrés gratuitement en cas de pandémie.
(b) En ce qui concerne les masques anti-projection destinés aux malades, initialement 500 millions ont été commandés. Là aussi, ils seront délivrés gratuitement en cas de pandémie.
Deuxièmement, la constitution de stocks de médicaments antiviraux :
13,8 millions de traitements antiviraux Tamiflu® ont été livrés à ce jour en plus des 200 000 traitements de Relenza®. J'ai souhaité porter ces réserves de médicaments anti-viraux à un niveau supérieur, pour traiter, dans l'attente des vaccins, les personnes qui pourraient être atteintes par la maladie ou y être directement exposées. Nous avons donc commandé 10 millions de traitements Tamiflu® supplémentaires et 9 millions de traitements Relenza®, qui seront livrés entre 2006 et 2007. Une partie du stock de Tamiflu® est en vrac, transformable en gélules en moins de deux mois par la Pharmacie centrale des Armées. La péremption de ces stocks de vrac est de 10 ans.
Avec ces 33 millions de traitements antiviraux, la couverture de 25 % de la population préconisée par l'OMS sera ainsi largement dépassée. Cela permettra de prévenir des risques de résistance, et d'être plus souple, plus adaptable dans les stratégies mises en oeuvre, en fonction des caractéristiques du virus et de la pandémie. Là encore, en cas de pandémie, les anti-viraux seront délivrés gratuitement.
Enfin concernant les vaccins, outre les 2 millions de doses de vaccin pré-pandémique H5N1 commandés en février 2005 (l'objectif était de mettre en oeuvre les processus de production afin de gagner un temps précieux en cas d'arrivée du nouveau virus), 40 millions de doses de vaccin pandémique à fabriquer ont été réservés en cas de crise sanitaire. Mais je souhaite aller au-delà, afin de réserver 62 millions de vaccins et assurer ainsi la vaccination de l'ensemble de nos concitoyen ; nous avons donc écrit à 5 laboratoires pharmaceutiques pour obtenir leurs propositions.
V- EN CE QUI CONCERNE LA GESTION INTERNATIONALE DE LA CRISE, LA PANDEMIE NE CONNAITRAIT PAS LES FRONTIERES. IL S'AGIT DONC D'AMPLIFIER NOTRE COORDINATION EUROPEENNE ET NOS INITIATIVES INTERNATIONALES
Tout d'abord, en ce qui concerne notre coordination européenne
La France a proposé lors du Conseil EPSCO du 9 Décembre 2005 que chaque état membre participe à la constitution d'un stock européen d'antiviraux pour aider les pays les plus démunis à lutter contre le début d'une pandémie. La constitution de ce stock reposerait sur la mise à disposition financière ou en nature de 1 à 3 % de l'objectif du stock d'antiviraux de chaque état membre pour couvrir 25 % de sa population (préconisation OMS).
Ensuite, en ce qui concerne nos initiatives internationales
Je représenterai la France à la conférence des donateurs, à Pékin le 18 janvier prochain.
Je concrétiserai l'engagement de la France à verser à elle seule 15 % des besoins immédiats de l'aide d'urgence demandée par les organisations internationales (12 millions de dollars soit 10 millions d'Euros répartis entre l'OMS, la FAO et l'OIE).
Nous ferons également des propositions d'aides sur le moyen terme.
Lors de mon déplacement à la conférence des donateurs du 18 janvier, j'en profiterai pour me rendre à Phnom Penh au Cambodge, et pour rencontrer les 7 directeurs des Instituts Pasteur de la zone Asie : Le gouvernement français a en effet décidé de renforcer leurs moyens techniques :
- en finançant la construction d'un laboratoire de niveau de bio sécurité P3 au Cambodge.
- Et en finançant la création d'une vingtaine de postes de chercheurs et techniciens (HongKong, Phnom Penh, Shanghai) afin de renforcer la surveillance épidémiologique et favoriser la recherche et le développement d'outils diagnostics, de médicaments anti viraux et de candidats vaccins. Ainsi, cette aide supplémentaire de la France aux Instituts Pasteurs s'élèvera à 2,6 Millions d'euros.
VI- EN CE QUI CONCERNE LA COMMUNICATION, LA FORMATION ET L'INFORMATION.
En effet, la communication est, comme je l'ai déjà dit un volet capital de la gestion de crise, tant en amont que pendant celle-ci. Nous avons donc d'ores et déjà créé des outils de formation et d'information adaptés tant aux professionnels de santé qu'au grand public.
La stratégie de communication sur la grippe aviaire repose sur des principes de transparence, de réactivité et de continuité. Elle suppose également une gestion interministérielle de la formation comme de l'information afin de garantir sa cohérence et son efficacité. L'organisation de la communication se structure autour des acteurs interministériels que sont le Délégué Interministériel à la Lutte contre la Grippe Aviaire et le Service d'Information du Gouvernement. Chaque semaine, un comité de pilotage interministériel se réunit autour du DILGA et du SIG pour élaborer les outils de communication sur la grippe aviaire.
La communication sur la grippe aviaire a pour but d' informer la population sur ce qu'est une pandémie grippale d'origine aviaire, son évolution et les moyens de s'en prémunir. Elle est aujourd'hui mise en oeuvre à travers les outils suivants :
- La plateforme téléphonique Info'Grippe Aviaire - 0 825 302 302 à destination du grand public, des voyageurs et des médecins, (7j/7j - 8h-22h) Depuis sa création, elle a géré environ 5 000 appels
- La création par le SIG du site interministériel www.grippeaviaire.gouv.fr permettant la mise en ligne de l'ensemble des informations sur les volets "information" et "action du gouvernement" + information en continue de tous les ministères et des experts ad hoc
- Point presse bimensuels du DILGA sur l'état de la situation
- Modules vidéo, dépliants, affiches d'information et bandeaux défilant en anglais et en français à destination des voyageurs en provenance et destination des pays touchés (1,3 million d'exemplaires ont édités à ce jour), L'ensemble de ces documents sont consultables sur www.sante.gouv.fr.
Le Comité de pilotage Communication sur la grippe aviaire travaille aussi sur d'autres outils en cours d'élaboration et/ou de production : dépliant grand public en cas pandémie, avec pédagogie sur "les gestes barrières", rédaction des messages clés pour le grand public à la fois sur le volet animal et sur le volet humain. Elle doit également habituer la population à la préparation d'une gestion de crise et la préparer à la crise elle même, à travers les relais d'opinion et les exercices locaux d'entraînement à la grippe aviaire notamment. Cela nécessite aussi d'anticiper sur les outils et les dispositifs d'information afin d'en disposer sans délai en cas de crise : C'est pourquoi un marché public spécifique relatif "aux risques sanitaires liés à des événements exceptionnels" a été mis en place par l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé. Il vise à concevoir et mettre en oeuvre des dispositifs, des outils et des actions de communication Média et Hors Média pour la prévention des risques sanitaires tels que le SRAS, la grippe aviaire, la canicule.
La formation et l'information des professionnels de santé par le Ministère de la santé
L'objectif affiché de la stratégie de formation et d'information doit être d'intégrer les relais en amont de la stratégie de formation, afin que les outils leur soient adaptés, qu'ils puissent se les approprier et les "faire vivre". Cette méthode leur permet également d'être source de propositions pour l'amélioration constante du Plan gouvernemental.
C'est pourquoi j'ai débuté un premier cycle de rencontre avec les professionnels de santé. Suite à la diffusion de la brochure "Repères pour votre pratique professionnelle", une première réunion d'information a été organisée au ministère de la santé le 10 novembre dernier avec une partie des professionnels de santé pour poursuivre l'information et la formation. Une autre a été organisée le 5 décembre. Des rencontres ont eu lieu avec les professionnels de santé (12 Décembre 2005) et avec le Haut Comité de Défense Civile (20 Décembre 2005).
J'ai par ailleurs rencontré des médecins, pharmaciens, biologistes, infirmiers, kinésithérapeutes, hospitaliers à travers leurs divers représentants (syndicats, ordres, institutions hospitalières, unions professionnelles, présidents de CME). Chacune de ces rencontres a donné lieu à la création de groupes de contact. Il en existe 5 à ce jour " Prise en charge à domicile", "Recours aux Etablissements de santé", "Délivrance des produits et rôle des médecins et des pharmaciens", "Information et communication vers le grand public", "outils de formation".
Conclusion Le plan de mobilisation et les fiches techniques devront sans cesse être réactualisés.
Le plan grippe aviaire a naturellement vocation à être actualisé en fonction de l'évolution des connaissances médicales et de la situation internationale. Il faut être cependant conscient qu'un certain nombre de paramètres ne seront connus qu'au moment de la survenue de la pandémie, et que même si les efforts déjà réalisés sont considérables, la préparation à une telle éventualité devra toujours être complétée.
Pour mémoire
En cas de pandémie, l'Institut de Veille Sanitaire estime qu'en l'absence d'intervention et de préparation, le nombre de malades pourrait, au fil de plusieurs mois, s'élever en France de 9 à 21 millions et le nombre de décès de 91 000 à 212 000.source http://www.grippeaviaire.gouv.fr, le 20 février 2006
Mesdames et Messieurs les Députés,
Je tiens tout d'abord à remercier M. le Président Le Guen, Monsieur le Rapporteur Door et l'Assemblée nationale de me permettre de m'exprimer à nouveau devant vous pour vous présenter, comme je m'y étais engagé le 29 novembre dernier, le Plan gouvernemental actualisé de prévention et de lutte contre la grippe aviaire.
Les enseignements tirés de l'exercice national de juin dernier et de l'exercice européen de novembre, et l'évolution de la situation internationale, ont montré qu'il était nécessaire d'actualiser le plan de 2004 et de le rendre plus opérationnel :
- en se conformant aux niveaux d'alerte établis par l'OMS,
- en développant les mesures de prévention et de lutte contre l'épizootie,
- en renforçant les aspects de coordination nationale et internationale,
- en accentuant la nécessité d'un programme de formation, d'information, et de communication,
- et en faisant enfin un véritable outil de gestion de crise (tableau d'ensemble des mesures).
Et je veux rappeler ici qu'il ne s'agit en aucun cas d'un document figé qui ne souffrirait aucune modification. Bien au contraire, ce Plan pour être efficace et performant a pour vocation d'évoluer notamment en fonction de l'état des connaissances scientifiques et de nos capacités à améliorer son opérationnalité .
Les récents évènements de Turquie nous montrent que la menace doit être prise au sérieux et que nous devons nous préparer de manière adéquate. Une quinzaine de cas humains ont été diagnostiqués par les autorités turques dont 4 confirmés par l'OMS. Toutes ces personnes avaient été en contact très rapprochés avec des animaux infectés. Les grands froids qui sévissent dans la région, parce qu'ils favorisent la promiscuité entre les hommes et les animaux plus que dans les autres pays touchés, peuvent expliquer en partie une telle transmission et le nombre de cas observés. Mais, en tout état de cause, selon l'OMS, le virus H5N1 n'a pas muté et aucune contamination inter humaine n'a été constatée à ce jour.
I- PERMETTEZ MOI TOUT D'ABORD DE FAIRE UN POINT SUR LA SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE
1.1 Situation de l'épizootie H5N1 au 11 Janvier 2006 Depuis le début de l'épizootie en décembre 2003, 16 pays ont été touchés par l'épizootie :
- En Asie du sud-est : Cambodge, Chine, Corée du Sud, Indonésie, Japon, Laos, Malaisie, Mongolie, Thaïlande et Vietnam.
- En Asie centrale : Kazakhstan, Russie (Sibérie et région de Tula)
- Et enfin en Europe : Croatie, Roumanie, Ukraine et bien sûr la Turquie
Les foyers les plus récents ont été identifiés en Chine (11 provinces affectées), en Thaïlande, au Vietnam, en Indonésie, en Roumanie, en Croatie, en Russie (région de Tula et de Tambov, au sud de Moscou) et en Turquie, où une dizaine de provinces sur 81 sont touchés.
1.2 Situation des cas humain infectés par le H5N1 au 11 Janvier 2006
A ce jour, selon l'OMS, 147 cas humains de grippe H5N1 ont été identifiés, dont 78 mortels (cas confirmés biologiquement sur PCR ou isolement viral) . Les cas humains sont survenus en Asie (Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Indonésie et Chine), et depuis le début de cette année, en Turquie. Ce virus a provoqué plusieurs épisodes groupés de cas familiaux en Thaïlande, au Vietnam au Cambodge et, plus récemment, en Turquie. Mais à ce jour, je le répète, aucun cas avéré de transmission interhumaine n'a été mis en évidence. La contamination ayant eu pour origine des contacts avec des animaux malades ou morts, ou avec leurs déjections.
II- JE VOUDRAIS MAINTENANT VOUS PRESENTER LES PRINCIPALES EVOLUTIONS DU PLAN
La stratégie générale de ce plan s'inscrit dans la continuité du précédent , à savoir :
- Prévenir l'apparition et le développement de foyers de virus aviaire sur le territoire national en les détectant au plus tôt et en les éradiquant ;
- Freiner l'apparition et la diffusion sur le territoire national d'un nouveau virus adapté à l'homme, par des mesures de santé publique précoces et adaptées à chaque situation ;
- Organiser et adapter le système de santé (prise en charge ambulatoire proportionnée à l'état des malades -traitement à domicile et hospitalisation des formes graves)
- Mobiliser tous les établissements de santé au maximum de leurs capacités avec un circuit pour les patients grippés.
- Maintenir un approvisionnement en matériels médicaux et équipements de protection.
- Organiser la continuité de l'Etat et de la vie économique : action de proximité et de solidarité (personnes âgées dépendantes et isolées), maintien des activités essentielles pour la sécurité et la vie de la population (nourriture, eau, électricité...) et accompagner cette stratégie par un large effort de communication, d'information et de formation (afin de préparer le pays à la gestion de ce risque et de la crise).
Le phasage du plan
Conformément aux phases de l'OMS, la version actualisée de notre plan distingue 6 situations. De la situation 2 à la situation 5, on distingue deux possibilités, selon que les faits observés se produisent à l'étranger ou en France. A titre d'exemple, nous sommes actuellement en situation 3A, correspondant à des cas humains observés à l'étranger sans transmission interhumaine. L'observation en France d'une contamination humaine à partir de volailles infectés, nous ferait passer en situation 3B.
En situation 1, il ne circule chez l'animal aucun virus aviaire "hautement pathogène", c'est à dire occasionnant un risque substantiel de maladie humaine.
En situation 2, un tel virus hautement pathogène provoque une épizootie à l'étranger (situation 2A) ou en France (situation 2B).
Nous avons déjà évoqué la situation 3. C'est la contamination de l'animal à l'homme sans transmission inter humaine. 3A si ces cas sont à l'étranger ; 3B s'ils sont en France.
En situation 4, il existe une transmission inter humaine limitée, due à un virus encore mal adapté à l'homme, qui provoque des cas humains groupés et limités géographiquement.
En Situation 5, ces foyers de cas humains groupés s'étendent géographiquement, et ne sont plus maîtrisables.
La Situation 6, c'est la situation « pandémique » à proprement parler. Elle correspond à une forte transmission interhumaine et une extension géographique rapide et massive.
Pour chaque situation, des objectifs sont définis, et renvoient à un choix de mesures à examiner et mettre en oeuvre au cas par cas. J'illustrerai ce propos en évoquant la situation turque un peu plus tard.
Ce plan présente aussi une évolution notable : il est pratique, facile d'utilisation opérationnelle par les acteurs concernés. Le tableau de synthèse des mesures, par exemple, qui figure à la fin du document, permet immédiatement à tous les décideurs d'identifier les différentes mesures proposées en fonction la situation dans laquelle on se trouve, et permet aussi d'anticiper sur les mesures à prendre en cas d'évolution.
En terme de contenu :
(1) Il détermine les structures interministérielles de gestion de crise en cas de franchissement d'un seuil critique (situation 4b ou 5a) ainsi que les principales chaînes opérationnelles. Une Cellule Interministérielle de Crise (CIC) à vocation décisionnelle est mise en place auprès du ministre chargé de l'action gouvernementale.
(2) Il présente l'aspect européen et international de la gestion de la crise. L'OMS assure la surveillance épidémiologique, l'analyse des données virologiques, et déclare les situations d'alerte sur ces bases. Elle coordonne l'assistance technique aux pays touchés, et la mobilisation de l'expertise internationale. C'est elle qui isolera la souche virale pandémique et la transmettra aux producteurs de vaccins. Elle constitue enfin, un stock d'intervention d'urgence notamment d'antiviraux. Au plan européen, la commission ne détient pas de compétences sanitaires, mais chaque état membre doit l'informer des mesures qu'il met en place.
(3) Il définit une stratégie de communication claire et transparente. Le succès du plan repose sur un lien de confiance à tisser entre les autorités et la population. La communication doit donc être pédagogique (sur les comportements à adopter) et informative (sur la préparation du pays et l'évolution de la situation). Le délégué interministériel réunit chaque semaine un comité de pilotage sur la communication pour travailler l'ensemble de ces aspects.
(4) Le plan présente les principes de l'action sanitaire. En période pandémique, il prévoit la répartition optimale des patients, l'objectif étant de soigner le plus possible à domicile ces malades afin de ne pas surcharger les hôpitaux réservés aux urgences les plus graves. Ce dispositif repose sur la mobilisation en première ligne des médecins libéraux, renforcés éventuellement par d'autres professionnels de santé, avec en cas de besoin un relais hospitalier sur régulation des SAMU-centres 15.
(5) La protection individuelle -j'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer en détail- repose en cas de pandémie, sur trois moyens de lutte :
1. les masques. On en distingue deux sortes : les masques de protection individuelle (FFP2 ) pour les professionnels en contact avec les malades, et les masques « anti-projection » portés par les malades pour protéger leur entourage.
2. les médicaments anti-viraux. Il en existe deux de la même famille, ayant approximativement le même niveau d'efficacité, mais se présentant sous une forme différente. Le Tamiflu© en gélules, et le Relenza© en spray (d'utilisation et de stockage plus complexes).
3. les vaccins. On en distingue deux. Le vaccin « prépandémique » fabriqué à partir du virus aviaire H5N1 actuel (donc non muté, non réassorti). Et le vaccin "pandémique" qui ne pourra être fabriqué qu'après isolement du virus une fois muté ou réassorti.
Enfin, des fiches techniques opérationnelles, qui seront présentées prochainement, complèteront le plan. Elles définiront précisément l'organisation des soins et la prise en charge des malades. Elles présenteront également les mesures logistiques à adopter dans chaque secteur d'activité en cas de pandémie qui pourrait avoir pour conséquence une désorganisation de la société.
III- JE VOUDRAIS ABORDER UNE UTILISATION CONCRETE DU PLAN, LIEE A LA SITUATION TURQUE
Depuis l'apparition des premiers cas humains à l'étranger nous sommes en situation 3A. La survenue de cas en Turquie ne modifie pas ce niveau d'alerte. Cependant, il est nécessaire de reprendre les mesures préconisées par le plan au niveau 3A pour intégrer le cas échéant ce nouveau pays dans les actions à mettre en oeuvre. (vous pourrez vous reporter à la page 32 du plan - qui sera en début d'après midi sur le site interministériel www.grippeaviaire.gouv.fr). Nous avons notamment :
- réalisé l'information réciproque des partenaires des ministères de la santé et de l'agriculture (mesure Org 13)
- réuni lundi matin la cellule d'aide à la décision du ministère de la santé (mesure Org 6)
- vérifié l'embargo mis en place depuis octobre 2005 sur les importations de volailles turques et produits dérivés (mesure Zoo 4)
- alerté notre poste diplomatique en s'assurant de la disponibilité locale en masques et antiviraux pour nos ressortissants ; en demandant de renforcer le recensement des résidants, l'information des touristes et résidants immatriculés, sur les mesures de protection, et la surveillance de l'évolution épizootique et sanitaire locale (anticipation de la mesure Fre 1)
- proposé à l'OMS, à l'OIE, à la Commission Européenne , l'envoi d'experts sur place (mesure Zoo 2)
- diffusé un message d'alerte et d'information aux services d'urgences, SAMU-Centres 15, aux Centres Nationaux de Référence grippe, et aux services médicaux des 13 aéroports disposant de liaisons avec la Turquie et aux 13 DDASS concernés (mesure Det 2)
- actualisé la mise en alerte des réseaux de surveillance GROG et sentinelles (mesure Det 3)
- informé la presse (notamment par un communiqué lundi)(mesures inf 1, Inf 2)
- veillé à l'information des voyageurs en partance et en provenance de Turquie, comme des autres pays ayant déclarés des cas de contaminations humaines (Thaïlande, Cambodge, Indonésie, Chine), dans les aéroports, par voie d'affichage et par la distribution de dépliants au soin des compagnies aériennes concernées (mesures Inf 11 et 12)
- demandé aux ministères des Transports et du Tourisme d'informer les compagnies aériennes et leur personnel naviguant, les autocaristes et les voyagistes ; cette réunion se tient aujourd'hui même au Ministère de la Santé à 17h00.
IV- EN CE QUI CONCERNE LA CONSTITUTION DE STOCKS DE MASQUES, DE MEDICAMENTS ANTIVIRAUX ET DE VACCINS.
Premièrement, la constitution de stocks de masques :
(a) En ce qui concerne les masques de protection individuelle pour les professionnels en contact avec les malades (dont les professionnels de santé : médecins, infirmières, kinésithérapeutes...).
Un premier stock de 397 conteneurs, soit 49,6 millions de masques a bien été livré dans 272 établissements de santé
Deux autres commandes correspondant à 148 millions de masques ont d'ores et déjà été passées
- 68.5 millions de masques sont en cours de livraison d'ici fin février 2006 (une vingtaine de millions sont déjà livrés)
- et 80 millions seront livrés de mars à fin mai 2006.
Au TOTAL, ce sont donc plus de 200 millions de masques qui ont été commandés pour le système de santé. [30 millions de masques l'ont également été pour les autres professionnels en possible contact de malades par les autres ministères dont 13 millions sont livrés et des commandes supplémentaires sont en cours]
Ces 200 millions représentent le tiers de la production mondiale annuelle, c'est pourquoi, une capacité nationale de production de masques est en cours de développement. Depuis le début du mois de janvier un premier atelier a débuté sa production dans le Nord ; avec une cadence de près de 3 masques par seconde ; 3 autres suivront dans le courant de l'année en Bretagne, en Midi-Pyrénées et en Rhône-alpes ; ainsi ce seront 140 millions de masques qui pourraient être produits en 2006, et 300 à 400 millions annuelles en 2007.
Ces masques sont destinés aux professionnels de santé hospitaliers et libéraux. Ils leur seront bien sûr délivrés gratuitement en cas de pandémie.
(b) En ce qui concerne les masques anti-projection destinés aux malades, initialement 500 millions ont été commandés. Là aussi, ils seront délivrés gratuitement en cas de pandémie.
Deuxièmement, la constitution de stocks de médicaments antiviraux :
13,8 millions de traitements antiviraux Tamiflu® ont été livrés à ce jour en plus des 200 000 traitements de Relenza®. J'ai souhaité porter ces réserves de médicaments anti-viraux à un niveau supérieur, pour traiter, dans l'attente des vaccins, les personnes qui pourraient être atteintes par la maladie ou y être directement exposées. Nous avons donc commandé 10 millions de traitements Tamiflu® supplémentaires et 9 millions de traitements Relenza®, qui seront livrés entre 2006 et 2007. Une partie du stock de Tamiflu® est en vrac, transformable en gélules en moins de deux mois par la Pharmacie centrale des Armées. La péremption de ces stocks de vrac est de 10 ans.
Avec ces 33 millions de traitements antiviraux, la couverture de 25 % de la population préconisée par l'OMS sera ainsi largement dépassée. Cela permettra de prévenir des risques de résistance, et d'être plus souple, plus adaptable dans les stratégies mises en oeuvre, en fonction des caractéristiques du virus et de la pandémie. Là encore, en cas de pandémie, les anti-viraux seront délivrés gratuitement.
Enfin concernant les vaccins, outre les 2 millions de doses de vaccin pré-pandémique H5N1 commandés en février 2005 (l'objectif était de mettre en oeuvre les processus de production afin de gagner un temps précieux en cas d'arrivée du nouveau virus), 40 millions de doses de vaccin pandémique à fabriquer ont été réservés en cas de crise sanitaire. Mais je souhaite aller au-delà, afin de réserver 62 millions de vaccins et assurer ainsi la vaccination de l'ensemble de nos concitoyen ; nous avons donc écrit à 5 laboratoires pharmaceutiques pour obtenir leurs propositions.
V- EN CE QUI CONCERNE LA GESTION INTERNATIONALE DE LA CRISE, LA PANDEMIE NE CONNAITRAIT PAS LES FRONTIERES. IL S'AGIT DONC D'AMPLIFIER NOTRE COORDINATION EUROPEENNE ET NOS INITIATIVES INTERNATIONALES
Tout d'abord, en ce qui concerne notre coordination européenne
La France a proposé lors du Conseil EPSCO du 9 Décembre 2005 que chaque état membre participe à la constitution d'un stock européen d'antiviraux pour aider les pays les plus démunis à lutter contre le début d'une pandémie. La constitution de ce stock reposerait sur la mise à disposition financière ou en nature de 1 à 3 % de l'objectif du stock d'antiviraux de chaque état membre pour couvrir 25 % de sa population (préconisation OMS).
Ensuite, en ce qui concerne nos initiatives internationales
Je représenterai la France à la conférence des donateurs, à Pékin le 18 janvier prochain.
Je concrétiserai l'engagement de la France à verser à elle seule 15 % des besoins immédiats de l'aide d'urgence demandée par les organisations internationales (12 millions de dollars soit 10 millions d'Euros répartis entre l'OMS, la FAO et l'OIE).
Nous ferons également des propositions d'aides sur le moyen terme.
Lors de mon déplacement à la conférence des donateurs du 18 janvier, j'en profiterai pour me rendre à Phnom Penh au Cambodge, et pour rencontrer les 7 directeurs des Instituts Pasteur de la zone Asie : Le gouvernement français a en effet décidé de renforcer leurs moyens techniques :
- en finançant la construction d'un laboratoire de niveau de bio sécurité P3 au Cambodge.
- Et en finançant la création d'une vingtaine de postes de chercheurs et techniciens (HongKong, Phnom Penh, Shanghai) afin de renforcer la surveillance épidémiologique et favoriser la recherche et le développement d'outils diagnostics, de médicaments anti viraux et de candidats vaccins. Ainsi, cette aide supplémentaire de la France aux Instituts Pasteurs s'élèvera à 2,6 Millions d'euros.
VI- EN CE QUI CONCERNE LA COMMUNICATION, LA FORMATION ET L'INFORMATION.
En effet, la communication est, comme je l'ai déjà dit un volet capital de la gestion de crise, tant en amont que pendant celle-ci. Nous avons donc d'ores et déjà créé des outils de formation et d'information adaptés tant aux professionnels de santé qu'au grand public.
La stratégie de communication sur la grippe aviaire repose sur des principes de transparence, de réactivité et de continuité. Elle suppose également une gestion interministérielle de la formation comme de l'information afin de garantir sa cohérence et son efficacité. L'organisation de la communication se structure autour des acteurs interministériels que sont le Délégué Interministériel à la Lutte contre la Grippe Aviaire et le Service d'Information du Gouvernement. Chaque semaine, un comité de pilotage interministériel se réunit autour du DILGA et du SIG pour élaborer les outils de communication sur la grippe aviaire.
La communication sur la grippe aviaire a pour but d' informer la population sur ce qu'est une pandémie grippale d'origine aviaire, son évolution et les moyens de s'en prémunir. Elle est aujourd'hui mise en oeuvre à travers les outils suivants :
- La plateforme téléphonique Info'Grippe Aviaire - 0 825 302 302 à destination du grand public, des voyageurs et des médecins, (7j/7j - 8h-22h) Depuis sa création, elle a géré environ 5 000 appels
- La création par le SIG du site interministériel www.grippeaviaire.gouv.fr permettant la mise en ligne de l'ensemble des informations sur les volets "information" et "action du gouvernement" + information en continue de tous les ministères et des experts ad hoc
- Point presse bimensuels du DILGA sur l'état de la situation
- Modules vidéo, dépliants, affiches d'information et bandeaux défilant en anglais et en français à destination des voyageurs en provenance et destination des pays touchés (1,3 million d'exemplaires ont édités à ce jour), L'ensemble de ces documents sont consultables sur www.sante.gouv.fr.
Le Comité de pilotage Communication sur la grippe aviaire travaille aussi sur d'autres outils en cours d'élaboration et/ou de production : dépliant grand public en cas pandémie, avec pédagogie sur "les gestes barrières", rédaction des messages clés pour le grand public à la fois sur le volet animal et sur le volet humain. Elle doit également habituer la population à la préparation d'une gestion de crise et la préparer à la crise elle même, à travers les relais d'opinion et les exercices locaux d'entraînement à la grippe aviaire notamment. Cela nécessite aussi d'anticiper sur les outils et les dispositifs d'information afin d'en disposer sans délai en cas de crise : C'est pourquoi un marché public spécifique relatif "aux risques sanitaires liés à des événements exceptionnels" a été mis en place par l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé. Il vise à concevoir et mettre en oeuvre des dispositifs, des outils et des actions de communication Média et Hors Média pour la prévention des risques sanitaires tels que le SRAS, la grippe aviaire, la canicule.
La formation et l'information des professionnels de santé par le Ministère de la santé
L'objectif affiché de la stratégie de formation et d'information doit être d'intégrer les relais en amont de la stratégie de formation, afin que les outils leur soient adaptés, qu'ils puissent se les approprier et les "faire vivre". Cette méthode leur permet également d'être source de propositions pour l'amélioration constante du Plan gouvernemental.
C'est pourquoi j'ai débuté un premier cycle de rencontre avec les professionnels de santé. Suite à la diffusion de la brochure "Repères pour votre pratique professionnelle", une première réunion d'information a été organisée au ministère de la santé le 10 novembre dernier avec une partie des professionnels de santé pour poursuivre l'information et la formation. Une autre a été organisée le 5 décembre. Des rencontres ont eu lieu avec les professionnels de santé (12 Décembre 2005) et avec le Haut Comité de Défense Civile (20 Décembre 2005).
J'ai par ailleurs rencontré des médecins, pharmaciens, biologistes, infirmiers, kinésithérapeutes, hospitaliers à travers leurs divers représentants (syndicats, ordres, institutions hospitalières, unions professionnelles, présidents de CME). Chacune de ces rencontres a donné lieu à la création de groupes de contact. Il en existe 5 à ce jour " Prise en charge à domicile", "Recours aux Etablissements de santé", "Délivrance des produits et rôle des médecins et des pharmaciens", "Information et communication vers le grand public", "outils de formation".
Conclusion Le plan de mobilisation et les fiches techniques devront sans cesse être réactualisés.
Le plan grippe aviaire a naturellement vocation à être actualisé en fonction de l'évolution des connaissances médicales et de la situation internationale. Il faut être cependant conscient qu'un certain nombre de paramètres ne seront connus qu'au moment de la survenue de la pandémie, et que même si les efforts déjà réalisés sont considérables, la préparation à une telle éventualité devra toujours être complétée.
Pour mémoire
En cas de pandémie, l'Institut de Veille Sanitaire estime qu'en l'absence d'intervention et de préparation, le nombre de malades pourrait, au fil de plusieurs mois, s'élever en France de 9 à 21 millions et le nombre de décès de 91 000 à 212 000.source http://www.grippeaviaire.gouv.fr, le 20 février 2006